Pour comprendre la lutte de classe : la méthode marxiste et non l'empirisme

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Depuis plus d'un an et demi, le prolétariat mondial - et notamment celui d'Europe occidentale - a repris le chemin des affrontements de classe qu'il avait momentanément abandonné en 1981 lors de la dé­faite concrétisée par l'état de guerre en Pologne. Cette reprise est maintenant reconnue par la plupart des groupes politiques du milieu révolutionnaire, mais cette reconnaissance a souvent été tardive. En effet, il a fallu l'accumulation de toute une série de mouvements en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne notamment, pour que des groupes comme "Battaglia Comunista" ([1]) ou la "Communi'st Workers' Orga­nisation" ([2]) reconnaissent enfin un nouveau surgissement des combats de classe après le repli des an­nées 1981-82. Quant à certains groupes comme "L'association pour la Communauté Humaine Mondiale" ([3]) (anciennement "Groupe Volonté Communiste") qui avaient éprouvé les plus grandes difficultés à reconnaî­tre le recul et la défaite de 1981, ils sont tout aussi incapables de reconnaître aujourd'hui la reprise des luttes. Pour sa part le CCI a été parmi les premiers à mettre en évidence cette reprise, de même qu'il avait été capable en 1981 de rendre compte du recul. Ce constat n'a pas pour but de vanter les mé­rites de notre organisation en faisant ressortir les faiblesses des autres organisations du milieu com­muniste. Nous avons, à de nombreuses reprises, fait la preuve que nous ne concevons pas nos rapports avec celles-ci en termes de "fottenti" et "fottuti" ([4]) suivant les termes de 1'ex-"Programma Comunista" c'est-à-dire en termes de concurrence et de rivalité. Ce qui nous intéresse au premier chef, c'est la plus grande clarté parmi les groupes révolutionnaires afin que l'influence qu'ils exercent et exerceront dans 1'ensemble du prolétariat soit la plus positive possible, qu'elle corresponde pleinement aux tâches pour lesquelles celui-ci les a fait surgir en son sein : être un facteur actif dans le développement de sa prise de conscience. Le but de cet article est donc de poursuivre le travail que nous avions entre­pris dans le n.39 de la Revue Internationale ("Quelle méthode pour comprendre la reprise des luttes ouvrières ?") : mettre en évidence le cadre qui seul permet de rendre compte de 1'évolution présente des combats de classe et d'en tracer les perspectives. En d'autres termes, dégager une série d'éléments d'analyse indispensables aux organisations communistes pour être à la hauteur de leurs responsabilités dans la classe, éléments que beaucoup d'organisations repoussent avec obstination ou n'acceptent que du bout des lèvres.

Bien avant la formation du CCI en 1975, les groupes qui allaient le constituer ont basé leur plateforme et leur analyse générale de la période historique actuelle sur deux éléments essentiels (outre, évidemment, la revendication d'une série d'acquis programmatiques qui étaient le patrimoine commun de la gauche communiste issue de la 3ème Internationale dégénérescente) ([5]) :

-          la reconnaissance du caractère décadent depuis la 1ère guerre mondiale du mode de production capitaliste;

-          la reconnaissance du cours historique ouvert par l'entrée du capitalisme dans une nouvelle crise aiguë à la fin des années 60, non comme un cours à la guerre généralisée semblable à celui des années 30, mais comme un cours aux affrontements de classe généralisés.

Depuis sa constitution, le CCI -comme il revient de le faire à toute organisation révolutionnaire vivante- a poursuivi l'élaboration de ses analyses et a notamment mis en évidence les trois éléments suivants :

-   le fait que la révolution prolétarienne ne pou­vant, à l'image des révolutions bourgeoises, se dérouler à des moments différents entre les divers pays, serait le résultat d'un processus de généra­lisation mondiale des luttes ouvrières, processus pour lequel les conditions présentes de développe­ment d'une crise générale et irrémédiable de l'économie capitaliste étaient bien plus favora­bles que celles - données par la guerre impérialiste- qui avaient présidé au surgissement de la vague révolutionnaire de 1917-23. ([6])

-   l'importance décisive des pays centraux du capi­talisme, et particulièrement ceux d'Europe occi­dentale, dans ce processus de généralisation mon­diale des combats de classe ([7]).

-   l'utilisation dès la fin des années 70 par la bourgeoisie des pays avancés de la carte de la "gauche dans l'opposition" destinée, à travers un langage "radical", à saboter de l'intérieur les combats de classe que l'aggravation inexorable de la crise fait et fera de plus en plus surgir. ([8])

Pour le CCI, l'élaboration de ces analyses n'est nullement un "luxe", une façon "d'être incapable d'affronter la raison d'être de son existence et de son activité, d'être forcé de développer une vie irréelle tournant autour de débats 'nominalistes ' [?] et scholastiques... de rationaliser son inertie" carme le prétend le CWO dans "Workers' Voice" n°17. Au contraire, c'est ce qui a permis à notre organisation d'évaluer correctement le rap­port de forces entre les classes - condition élé­mentaire d'une intervention correcte au sein du prolétariat - comme nous allons le mettre en évi­dence.

L'ANALYSE DE LA DECADENCE DU CAPITALISME

Tout comme le CCI, les différents groupes évo­qués ("Battaglia", CWO et "Volonté Communiste") se réclament de cette analyse (contrairement au cou­rant bordiguiste "pur" qui, pour sa part, rejette ce qui constituait pourtant une position essentielle de l'Internationale Communiste). Cependant, il ne suffit pas d'admettre que depuis la première guerre mondiale le capitalisme est entré dans sa phase de décadence pour en dégager automatiquement toutes les implications. Celles-ci sont nombreuses et ont été examinées à de multiples reprises par notre organisation, notamment dans l'article de la Revue Internationale n°23 : "La lutte du proléta­riat dans li décadence du capitalisme". Nous n’évoquerons ici que les plus utiles pour compren­dre l'évolution du rapport de forces entre les classes ces cinq dernières années :

-  les cours en dents de scie des luttes ouvriè­res ;

-  l'utilisation de la répression par la bour­geoisie ;

-   le rôle du syndicalisme ;

a- Le cours en dents de scie des luttes ouvrières.

Depuis qu'il a été magistralement décrit par Marx dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, ce cours en dents de scie de la lutte du prolétariat a souvent été mis en évidence par les révolution­naires, notamment par Rosa Luxemburg dans son dernier article ("L'ordre règne à Berlin ! "). Il "est lié au fait que, contrairement aux autres classes révolutionnaires du passé, la classe ou­vrière ne dispose d'aucune assise économique dans la société Ses seules forces étant sa conscience et son organisation constamment menacées par la pres­sion de la société bourgeoise, chacun de ses faux pas ne se traduit pas par un simple coup d'arrêt de son mouvement mais par un reflux qui vient ter­rasser 1'une et 1'autre et la plonge dans la démoralisation et 1'atomisation.

Ce phénomène est encore accentué par 1'entrée du capitalisme dans sa phase de décadence dans la­quelle la classe ouvrière ne peut plus se donner d'organisation permanente basée sur la défense de ses intérêts comme classe exploitée comme pou­vaient 1'être les syndicats au siècle dernier." (Revue Internationale n°8, décembre 1976, "La si­tuation politique  internationale", point 25).

C'est armé de cette vision que le CCI a pu rendre compte du surgissement historique du prolétariat à la fin des années 60 après plus de 40 ans de con­tre-révolution. Il n'a pas considéré que cette re­prise devait s'exprimer par un développement con­tinu des luttes ouvrières mais par une succession de vagues de luttes (1968-74, 1978-80, 1983-?) at­teignant chacune un point plus élevé mais entre­coupées par des périodes de recul. Chaque fois que s'annonçait une nouvelle vague de combats ouvriers le CCI (ou, avant sa formation, les groupes qui allaient le constituer) l'a reconnue rapidement : -"Internationalismo" (seul groupe existant à l'é­poque) des; Janvier 68 (cf. l'article du n°8 cité dans la Revue Internationale n°40,"10 ans du CCI")

-  la "Revue Internationale" n°17 (2ème trimestre 1979), "Longwy, Denain : nous montrent le chemin" où l'on peut lire : "On commettrait une lourde er­reur si on voyait dans ces affrontements simulta­nés fin 78 en RFA, début 79 en Grande-Bretagne, Espagne, Brésil] de simples escarmouches prolon­geant la vague de luttes de 1968-73. Nous devons savoir reconnaître dans cette simultanéité et cet­ te combativité les premiers signes d'un mouvement plus vaste, en train de mûrir... Cette reprise de la lutte de classe, ces symptômes d'une nouvelle vague de combats, nous la voyons se dérouler sous nos yeux."

-   la "Revue Internationale" n°36 (1er trimestre 84), "Conflits inter-impérialistes, lutte de clas­se : l'histoire s'accélère", qui écrit : "... après un creux réel au lendemain de la défai­te en Pologne, les grèves qui se déroulent depuis quelques mois en Europe sont significatives d'une reprise des combats de classe ; elles viennent confirmer que le prolétariat, loin d'être vaincu, garde intact son potentiel de combativité et qu'il est prêt à s'exprimer avec ampleur." (article écrit en décembre 83).

De la même façon, lorsque se précisait un recul de la lutte de classe, notre organisation n'a pas eu peur de le relever tant à la suite de la pre­mière vague qu'à la suite de la deuxième.

Ainsi, dès le 1er Congrès du CCI en janvier 76, il était constaté que "Une accalmie s'est momentanément installée sur le champ de bataille de clas­se pendant laquelle le prolétariat assimile les leçons de sa lutte récente..." ("Rapport sur la situation internationale", Revue Internationale n°5, p.27), idée qui était précisée quelques mois après en ces termes : "... si contrairement aux années 30 la perspective générale n'est pas guerre impéria­liste mais guerre de classe, il faut constater que la situation présente se distingue par 1'exis­tence d'un grand décalage entre le niveau de la crise économique et politique et le niveau de la lutte de classe... Ce n'est donc pas seulement de stagnation de la lutte de classe dont il faut parler mais bien d'un repli de celle-ci..." (Revue Internationale n°8, "La situation politique inter­nationale", point 23).

De même en 1981, alors que se poursuivaient en Pologne les affrontements de classe, le CCI rele­vait déjà le rétablissement par le capitalisme po­lonais d'une "situation longtemps compromise. Non sur le plan économique : la situation est pire que jamais. . . mais sur le plan politique. Sur le plan de son aptitude à imposer aux prolétaires des conditions de misère bien pires qu'en août 80 sans que ceux-ci soient capables d'y opposer une ripos­te à la hauteur des grèves de cette époque.

Cette reconstitution des forces de la bourgeoi­sie n'a pu se faire que par un recul progressif de la classe ouvrière. Ce recul était normal et pré­visible. Il ne pouvait en être autrement après le haut niveau des luttes du mois d'août 80 et en l'absence d'un développement significatif de la lutte de classe dans les autres pays." (Révolution Internationale n°89, "Pologne : la nécessité de la lutte dans les autres pays", 30/8/81).

Cette analyse allait être explicitée après le coup de force de décembre 81 dans les termes sui­vants : "Avec l'instauration de l'état de guerre en Pologne, le prolétariat a subi une défaite ; il serait illusoire et même dangereux de se le ca­cher. Seuls des aveugles ou des inconscients peu­vent  prétendre le contraire. . .

C'est... fondamentalement une défaite parce que ce coup de force atteint le prolétariat de tous les pays sous forme de démoralisation et surtout d'une réelle désorientât ion, d'un déboussolement certain face aux campagnes déchaînées par la bour­geoisie depuis le 13 décembre 81 et prenant le re­lais de celles d'avant cette date.

Cette défaite, le prolétariat mondial 1 'a subie dès lors que le capitalisme, d'une façon concer­tée, est parvenu à isoler le prolétariat de Polo­gne du reste du prolétariat mondial, à l'enfermer idéologiquement dans le cadre de ses frontières de bloc (...) et nationales (...) ; dès lors qu'il est parvenu, grâce à tous les moyens dont il dis­pose, à faire des ouvriers des autres pays des SPECTATEURS, inquiets, certes, mais PASSIFS, à les détourner de la seule forme que peut avoir la so­lidarité de classe : la généralisation de leurs luttes dans tous les pays. . ." (Revue Internationa­le n°29, "Après la répression en Pologne, perspec­tives des luttes de classe mondiales"/ 12/3/82).

Parce que le CCI avait fait sien un des ensei­gnements classiques du marxisme, enseignement qu'il avait complété à la lumière des conditions créées par la décadence du capitalisme, il a pu s'éviter l'aveuglement qui a frappé d'autres grou­pes révolutionnaires. Il a pu comprendre notamment que les combats de Pologne n'étaient qu'un des en­gagements parmi le grand nombre qui sera encore nécessaire à la classe ouvrière avant qu'elle ne livre l'assaut décisif contre la forteresse capitaliste. C'est ce que n'avait pas compris par exemple le CWO qui, durant 1'été 81, alors que le mouvement reculait (comme le CCI l'avait constaté) a appelé en 1ère page de son journal Workers ' Voice (n°4) les ouvriers de Pologne à "la Révolution maintenant ! ". Heureusement que les ouvriers polonais ne lisaient pas Workers ' Voice : ils n'auraient certes pas été assez fous pour suivre le CWO mais, par contre, ils auraient pensé avoir à faire à des provocateurs de la police.

Moins aberrante et ridicule, mais tout aussi grave, a été l'erreur commise par un groupe comme "Volonté Communiste" qui, un an après le coup de force du 13 décembre 81, pouvait écrire :

"Le coup de Jaruzelski est la conséquence directe de la radicalisation des luttes à partir de 1'été 1981, et aussi de 1'incapacité de Solidarnosc à se structurer  en   véritable   syndicat de branche."

"Aujourd'hui, non seulement Jaruzelski , et 'son état de siège' n'ont pas résolu la question de la crise économique, mais on assiste à une radicali­sation  du mouvement."

"Au lieu du pourrissement tant attendu, c'est la dynamique de lutte qui a continué. A la pointe du combat, les travailleurs polonais sont engagés dans ce qui n'est qu'un moment du 'bras de fer entre prolétariat et bourgeoisie'." (Révolution Sociale ! n°14, décembre 82).

De façon évidente, un tel aveuglement devant une réalité qui était devenue de plus en plus criante ne peut s'expliquer que par un refus délibéré d'admettre que la classe ouvrière pouvait subir une défaite. Pour un marxiste, aussi dramatique que soit, une telle constatation (surtout quand il s'agit de défaites comme celles des années 20 qui plongent la classe dans une effroyable contre-révolution), elle doit s'imposer à chaque fois que le prolétariat subit un revers parce qu'il sait bien que "la révolution est la seule forme de guer­re'  - c'est encore une des lois de son développement   - où la victoire finale  ne saurait être obte­nue que  par  une série de 'défaites '". (Rosa Luxemburg,  "L'ordre règne à Berlin !", 14 janvier 1919).

Par contre, quand on manque de confiance dans la classe ouvrière, comme c'est le cas lorsqu'on est imbibé d'idéologie petite-bourgeoise à l'image du "Groupe Volonté Communiste", on craint d'admettre que le prolétariat puisse être défait, même de fa­çon partielle, car on s'imagine qu'il ne pourra pas s'en relever. Ainsi une surestimation du ni­veau des luttes à un moment donné n'est nullement contradictoire avec une sous-estimation de la for­ce réelle de la classe ouvrière, c'en est même le complément inévitable. C'est ce qu'ont démontré les éléments de "Volonté Communiste" qui, dans nos réunions publiques (leur publication qui était pa­rue de façon mensuelle durant la période de recul ayant cessé de paraître quelques mois avant la re­prise des luttes) affichent le plus noir scepticisme sur les potentialités des luttes présentes ([9]) . C'est ce qu'a démontré également le CWO qui, après ses accès , d'enthousiasme d'août 82, a eu plusieurs trains de retard en compagnie de son or­ganisation soeur "Battaglia Comunista" avant de reconnaître la reprise.

Mais il convient de relever une autre idée con­tenue dans l'article de Révolution Sociale : "Le coup de Jaruzelski est la conséquence directe de la radicalisation des luttes à partir de 1'été 81". Elle fait la preuve que ce groupe (comme di­vers autres) n'a pas compris la question de la ré­pression dans la période historique actuelle.

b- L'utilisation de la répression par la bourgeoisie.

Tirant les enseignements de la défaite de 1981 nous écrivions : "Le coup du 13 décembre, sa pré­paration et ses suites sont une victoire de la bourgeoisie. . . Cet exemple illustre une fois de plus que, dans la décadence du capitalisme, la bourgeoisie n'affronte pas le prolétariat de la même façon qu'au siècle dernier. A cette époque les défaites infligées au prolétariat, les répres­sions sanglantes, ne lui laissaient pas d’ambiguï­té sur qui étaient ses amis et ses ennemis : ce fut notamment le cas lors de la Commune de Paris et même de la Révolution de 1905 qui, tout en an­nonçant déjà les combats de ce siècle (la grève de masse et les conseils ouvriers) comportait encore des caractéristiques propres au siècle dernier (notamment quant aux méthodes de la bourgeoisie). Aujourd'hui par contre, la bourgeoisie ne déchaîne la répression ouverte qu'à la suite de toute une préparation idéologique- dans laquelle la gauche et les syndicats jouent un rôle décisif, et qui est destiné tant à affaiblir les capacités de défense du prolétariat qu'à 1 'empêcher de tirer tous les enseignements nécessaires de la répression". (Revue Internationale n°29, "Après la répression en Pologne...").

Ce n'était là nullement une "découverte tardive" après coup, puisqu'en mars 81, on pouvait lire dans un tract du CCI en langue polonaise :

"Il serait catastrophique pour les ouvriers de Po­logne de croire que la passivité peut leur éviter la répression. Si 1'Etat a été contraint de recu­ler, il n'a nullement renoncé à imposer de nouveau à la société sa chape de plomb. S'il s'abstient aujourd'hui d'user de la répression violente, com­me il le fit par le passé, c'est qu'il craint une mobilisation ouvrière  immédiate. Mais  si   la  classe ouvrière renonce à lutter chaque fois que 1'Etat tente de porter une nouvelle atteinte à ses inté­rêts, alors la voie sera ouverte à la démobilisa­tion et à la répression "

Il importe donc que les révolutionnaires soient clairs sur les armes qu'emploie la bourgeoisie contre la classe ouvrière. Si leur rôle n'est ja­mais d'appeler à l'aventure dans des affrontements prématurés, ils doivent insister sur l'importance de la mobilisation de classe, de l'extension des luttes, comme meilleure prévention contre le dan­ger d'une répression brutale. C'est ce que n'a­vaient pas compris ni le CWO ni "Volonté Communis­te", et qui explique notamment que ce dernier groupe n'ait reconnu la défaite ouvrière qu'avec deux ans de retard, s'imaginant que si la répres­sion s'était déchaînée en Pologne c'est parce que Solidarnosc était complètement débordé. Cela mon­tre aussi qu'il importe d'avoir les idées claires sur le rôle et la façon de faire du syndicalisme dans la période actuelle.

c- Le rôle du syndicalisme.

Dans la période de décadence du capitalisme, les syndicats sont devenus un des instruments essen­tiels de la bourgeoisie pour encadrer le proléta­riat et étouffer ses luttes. Cela, tous les grou­pes qui se situent sur un terrain de classe l'ont compris. Mais encore faut-il avoir pleinement assi­milé ce que cela signifie. En particulier, l'ana­lyse insuffisante faite par le courant bordiguiste de la question syndicale est en bonne partie res­ponsable de son incapacité à reconnaître 1'impor­tance des mouvements comme celui de Pologne en Août 80. En effet, alors que dans la période de décadence du capitalisme : "L'impossibilité d'amé­liorations durables pour la classe ouvrière lui interdit la constitution d'une organisation spéci­fique, permanente, basée sur la défense de ses in­térêts  économiques.

La lutte prolétarienne tend à dépasser le cadre strictement économique pour devenir sociale, s'affrontant directement à l'Etat, se politisant et exigeant la participation massive de la clas­se. . .

Un tel type de lutte, propre à la période de dé­cadence, ne peut se préparer d'avance sur le plan organisationnel. Les luttes explosent spontanément et tendent à se généraliser." (Revue Internationa­le n°23, 4ème trimestre 80, "La lutte du prolétariat dans la décadence du capitalisme").

Ce courant ne pouvait se faire à l'idée d'un tel surgissement spontané des luttes. Pour que celles-ci aient une certaine ampleur, il fallait qu'exis­te au préalable une organisation de la classe, que se manifeste d'abord un "associationnisme ouvrier" (suivant ses propres termes). De même qu'en 1968 en France, ce courant avait complètement sous-estimé le mouvement (avant d'appeler les 10 mil­lions d'ouvriers en grève à se ranger derrière son drapeau !), il n'a su reconnaître l'importance des combats de Pologne qu'avec un retard considérable.

Ce manque de clarté sur la question syndicale se retrouve chez "Volonté Communiste" lorsque ce groupe écrit : "Dans le système capitaliste démo­cratique, le syndicat est un intermédiaire opé­rant entre les travailleurs et l'Etat. Dans un système capitaliste d'Etat, quand se pose d'emblée l'affrontement entre les prolétaires et l'Etat, le syndicat est une forme inopérante et donc un obs­tacle immédiat à la lutte contre le pouvoir capi­taliste." (Révolution Sociale!" n°14).

Il est clair qu'avec une telle vision du syndi­cat, tant dans les pays de l'ouest ("intermédiaire entre les travailleurs et l'Etat" et non organe de l'Etat dédié à l'encadrement des travailleurs) que dans les pays de l'Est ("forme inopérante" alors qu'on a pu constater l'extraordinaire efficacité de Solidarnosc contre la lutte de classe), un tel groupe ne pouvait comprendre :

-   que le renforcement de Solidarnosc en 1981 en Pologne signifiait un affaiblissement de la clas­se ;

-   que toute l'offensive syndicale en occident de cette même période (radicalisation dès la fin des années 70, campagnes menées autour de la Pologne) allait peser sur le prolétariat de cette partie du monde ;

-   que l'affaiblissement continu, ces dernières an­nées, de l'influence des syndicats, le phénomène de désyndicalisation général dans les pays occi­dentaux, était une des prémisses de la reprise ac­tuelle des luttes.

L'incompréhension des implications de la déca­dence du capitalisme (quand ce n'est pas le rejet de cette analyse) sur les conditions de la lutte de classe, peut avoir un effet catastrophique sur les positions programmatiques (questions nationa­le, parlementaire, syndicale, du frontisme) mena­çant la survie-même d'une organisation comme ins­trument de la classe ouvrière (cas de la dégéné­rescence opportuniste de l'Internationale Commu­niste, plus récemment décomposition de "Programma Comunista" et évolution vers le gauchisme de son héritier "Combat"). '

Cela situe toute 1'importance de développer l'analyse la plus claire possible sur cette ques­tion comme le CCI s'y est toujours attaché depuis ses origines (notamment dans sa plateforme et avec sa brochure sur La décadence du capitalisme). Mais la clarté sur l'autre point qui était à la base de la constitution du CCI, l'analyse du cours histo­rique, revêt également une importance considéra­ble.

L'ANALYSE  DU  COURS  HISTORIQUE

Nous avons suffisamment consacré d'articles de cette revue à cette question (notamment un rapport au 3ème Congrès de CCI dans la Revue (ï^TB^et une polémique avec les thèses du 5ème congrès de "Battaglia Comunista" dans la revue n°36) pour qu'il ne soit pas nécessaire d'y revenir longuement ici, sinon pour signaler l'incroyable légèreté avec laquelle certains groupes traitent de cette question. C'est ainsi qu'on peut lire dans Workers'Voice n°17 en réponse à nos analyses : "Le CWO a démontré que le cours historique ne peut être appréhendé que dialectiquement (souligné par le CWO) comme menant à la fois vers la guerre et vers la révolution". La dialectique a vraiment bon dos ! Après l'utili­sation magistrale qu'en a fait Marx dans toute son oeuvre pour rendre compte de la nature contradic­toire des processus sociaux (et en premier lieu pour constater que "L'histoire est 1 'histoire de la lutte de classe" ), ses épigones au petit pied et à l'esprit un peu faible en ont fait un cache-sexe pour tenter de dissimuler les contradictions et 1'incohérence de leur pensée.

L'organisation soeur de CWO,"Battaglia Comu­nista", ne fait pas preuve de la même stupide pré­tention pour énoncer la même idée :"on ne peut pas se prononcer sur le cours historique". Elle témoi­gne même d'une rare humilité dans les thèses de son 5ème Congrès (Prometeo n°7, juin 1983) : "L'effondrement général de 1'économie se traduit de façon immédiate par 1'alternative : guerre ou révolution. Mais la guerre elle-même en marquant un virage en soi catastrophique dans la crise du capitalisme et un brusque bouleversement dans les échafaudages superstructurels du système, ouvre les possibilités de   l'effondrement de ceux-ci et donc 1'ouverture, au sein même de la guerre, d'une situation révolutionnaire et de la possibilité d'affirmation du parti communiste. Les facteurs qui déterminent 1'éclatement social, au sein duquel le parti trouvera les conditions de sa croissance ra­pide et de son affirmation, que ce soit dans la pé­riode qui précède le conflit, pendant le conflit, ou immédiatement après celui-ci, ne sont pas quantifiables. On ne peut donc pas déterminer a priori à quel moment un tel éclatement aura lieu (exemple polonais)".

Quelle avant-garde qui ne sait même pas dire à sa classe si nous allons vers la guerre mondiale ou vers la révolution ! En tout cas, la Gauche italienne dont se réclament le CWO et "Battaglia" aurait eu bonne mine si, face aux événements d'Espagne en 36, elle avait dit : "Il faut appré­hender la situation de façon 'dialectique' : comme les facteurs de la situation ne sont pas 'quantifiables', nous disons tout net aux ouvriers : nous allons soit vers la guerre mondiale, soit vers la révolution, soit vers les deux en même temps !". Avec une telle démarche, c'est la fraction toute entière, et non seulement sa minorité, qui se se­rait laissée enrôler dans les brigades anti-fas­cistes ([10]).

Nous laissons de côté ici la question de la pos­sibilité d'un surgissement de la révolution dans ou à la suite d'une 3ème guerre mondiale qui est de nouveau traitée dans l'article "La guerre dans le capitalisme"de ce même n°. Par contre, on peut dire qu'avec une vision qui ne permet pas de voir que nous allons vers des affrontements de classe généralisés avant qu'éventuellement -si le prolé­tariat y est défait- le capitalisme puisse déchaî­ner une guerre mondiale, une vision qui considère qu'aujourd'hui "le prolétariat est fatigué et déçu" (Prometeo n°7), il n'est pas surprenant que "Battaglia Comunista" n'ait constaté la reprise actuelle des luttes qu'avec huit mois de retard,en avril 84 (Battaglia Comunista n°6), et encore sous forme d'interrogation : "La paix sociale se rompt-elle  ?".

En effet, pour interpréter les luttes de l'au­tomne 83 comme les premières d'une reprise généra­le, il fallait avoir compris que, dans le cours historique actuel aux affrontements de classe, l'accélération de l'histoire provoquée par l'ag­gravation considérable de la crise dans les années '80 -les "années de vérité"- allait se traduire par une durée de plus en plus courte des moments de ^recul.

De même, il faut constater que la "dialectique" à la sauce CWO n'est certainement pas étrangè­re à la bourde énorme commise en été 81 à propos de la Pologne. Bourde qui s'explique également par l'incompréhension totale de deux questions analy­sées* par le CCI.

LA GENERALISATION MONDIALE DES LUTTES ET LE ROLE DU PROLETARIAT D'EUROPE OCCIDENTALE

En effet, si nous avons pu comprendre le recul qui s'était opéré en Pologne, c'est -comme nous l'avons vu plus haut- que le rapport de forces en­tre les classes dans ce pays était très largement déterminé par le rapport de forces à l'échelle internationale et notamment dans les métropoles industrielles d'occident. L'idée que la révolution fut possible en Pologne alors que dans ces concen­trations le prolétariat restait passif, indique qu'on avait perdu de vue des enseignements du marxisme vieux de plus d'un siècle :

"La Révolution communiste... ne sera pas une révo­lution purement nationale ; elle se produira en même temps dans tous les pays civilisés, c'est-à-dire tout au moins en Angleterre, en Amérique, en France et  en Allemagne".(Engels, "Principes du communisme", 1847).

C'est sur cette base que le CCI, suite aux com­bats de Pologne, a développé son analyse sur "la généralisation mondiale de la lutte de classe" (Revue Internationale n°26) et sur "le prolétariat d'Europe occidentale au coeur de la généralisation de la lutte de classe, critique de la théorie du 'maillon le plus faible'" (R.Int.n°31) suivant la­quelle : "Tant que les mouvements importants de la classe ne toucheront que des pays de la périphérie du capitalisme (comme ce fut le cas en Pologne) et  même si la bourgeoisie locale est complètement dé­bordée, la Sainte-Alliance de toutes les bour­geoisies du monde, avec à leur tête les plus puissantes, sera en mesure d'établir un cordon sanitaire tant économique que politique, idéologique et même militaire, autour des secteurs proléta­riens concernés. Ce n'est qu'au moment où la lutte prolétarienne touchera le coeur économique et po­litique du dispositif capitaliste... que cette lutte donnera le signal de 1'embrasement révolu­tionnaire mondial... Ce coeur et ce cerveau du monde capitaliste, 1'histoire 1'a situé depuis des siècles en Europe occidentale... 1'épicentre du séisme révolutionnaire à venir se trouve placé dans le coeur industriel de 1'Europe occidentale où sont réunies les conditions optimales de la prise de conscience et de la capacité de combat révolutionnaire de la classe, ce qui confère au prolétariat de cette zone un rôle d'avant-garde du prolétariat mondial".

Evidemment, le CWO avec sa dialectique de café du commerce n'a que mépris pour une telle perspec­tive : "Le CWO a aussi démontré que, bien que les révolutions prolétariennes ne puissent réussir dans n'importe quel pays isolément, les premiers surgissements de la classe ouvrière peuvent venir des pays sous-développés tout comme des pays avancés, et que les communistes doivent être prêts pour les deux possibilités". Workers'Voice n°17). En 1981, le CWO était prêt à toutes les possibilités, même à la révolution en Pologne. Ce qu'il a donc "démontré" de façon convaincante, c'est l'inadéquation de son cadre d'analyse. Cette vision du CCI, si elle lui avait permis de comprendre le recul des luttes et la défaite du prolétariat en 81, lui a également permis de relativiser l'importance de la défaite subie par le prolétar­iat en Pologne et donc du recul qui allait la suivre : "Pour cruelle qu'elle soit, la défaite subie par le prolétariat à la suite de ses  combats en Pologne n'est que partielle. Par contre le il gros des troupes, celui qui est basé dans les énormes concentrations industrielles d'occident, et notamment en Allemagne, n'est pas encore entré dans la bataille:" (Revue Internationale n°29, "Après la répression en Pologne...").

De même, parmi les éléments qui nous ont fait reconnaître toute 1'importance de la grève du sec­teur public en Belgique de septembre 83 comme an­nonciatrice de la reprise des combats et comme "le mouvement de lutte ouvrière le plus important de­puis les combats de Pologne 80", nous avons signa­lé notamment (Revue Internationale n°36) :

"- le fait que ce mouvement a touché un des pays les plus industrialisés du monde, de plus vieux capitalisme, situé en plein coeur des énormes con­centrations prolétariennes d'Europe occidentale ;

-   la dynamique qui s'est exprimée au démarrage du mouvement : surgissement spontané des luttes qui a pris de court et a débordé les syndicats ; tendan­ce à 1'extension ; dépassement des clivages commu­nautaires et linguistiques ;

-   le fait que ce mouvement prend place dans un contexte international de surgissement sporadique mais significatif de la combativité ouvrière"

Mais cette présentation des analyses indispensa­bles à la compréhension de la période présente, serait incomplète si on ne parlait pas d'une des questions essentielles à laquelle est confronté aujourd'hui le prolétariat.

LA STRATEGIE BOURGEOISE DE LA GAUCHE  DANS L'OPPOSITION

Pour le CWO, notre analyse sur cette question "est pure scholastique comme toutes les autres, donnant 1'illusion d'une clarification et détour­ nant 1 'organisation des vraies questions de la po­litique révolutionnaire" (ibid.).

Pour sa part, "Volonté Communiste" se hérisse à l'idée que la bourgeoisie pourrait avoir une stra­tégie contre la classe ouvrière : "Se vautrant dans le sang, la bourgeoisie fait de plus en plus preuve de cécité historique et ne peut qu 'essayer de colmater des brèches ouvertes dans son système par le développement de contradictions devenues insurmontables depuis 1'entrée en décadence im­puissante et instable, elle se débat désormais, a la différence du 19ème siècle, dans des convul­sions permanentes : d'où, au delà des pesanteurs institutionnelles de tel ou tel Etat, le seul mode de gouvernement réel est la fuite en avant, l'em­pirisme le plus total à tous les niveaux" (Révolution Sociale 1 n°16, "Critique du CCI").

Mais si ces deux groupes et beaucoup d'autres avaient compris cette question, ils auraient su :

-    comprendre l'efficacité de cette nouvelle carte jouée par la bourgeoisie à la fin des années 70 et qui porte une très grande responsabilité dans le déboussolement du prolétariat au début des années 80, tant, d'ailleurs, en occident qu'en Pologne ; cela leur aurait permis de s'éviter de dire pas mal de bêtises sur les potentialités des luttes en 81-82 ;

-    prévoir, qu'une fois passé l'effet de surprise provoqué par la nouveauté de cette carte, son ef­ficacité allait commencer à s'émousser, ce qui al­lait permettre la reprise des luttes à la mi-83, reprise qu'ils n'ont pas su voir, sinon avec pas mal de retard ;- ne pas se laisser aveugler par l'omniprésence des syndicats dans les luttes actuelles (qui leur font sous-estimer leur importance) qui sont une composante majeure de la carte de la "gauche dans l'opposition" puisque : "Dans les pays avancés d'occident et notamment en Europe de l'ouest, le prolétariat ne pourra déployer pleinement la grève de masse qu'à l'issue de toute une série de com­bats, d'explosions violentes, d'avancées et de re­culs au cours desquels il démasquera progressive­ment tous les mensonges de la gauche dans 1'op­position, du syndicat et du syndicalisme de base"-("Résolution sur la situation internationale" du 5ème Congrès du CCI, Revue Internationale n°35).

Comme l'écrivait Marx : "C'est dans la pratique que l'homme prouve la vérité, c'est-à-dire  la réa­lité et  la puissance de sa pensée". ("Thèses sur Feuerbach").

Malheureusement, c'est bien souvent complètement à l'envers que les groupes révolutionnaires com­prennent cette phrase. Lorsque la réalité s'obstine à contredire leurs analyses, ils ne se sentent pas concernés et continuent, comme si de rien n'était à maintenir leur erreurs et leurs confusions en essayant, à grand renfort de "dialectique", de faire rentrer de force les faits dans un cadre où ils n'ont pas de place.

Par contre, quand cela les arrange, ils donnent à la phrase de Marx un sens que celui-ci aurait rejeté avec vigueur et mépris : la glorification de l'empirisme. Car derrière toutes les phrases du CWO contre les "débats scholastiques" ou les hypo­ thèses multiples de "Battaglia", ce n'est pas au­tre chose que l'empirisme que nous trouvons, cet empirisme que Lénine - dont se réclament à cors et à cris ces organisations- raillait chez les écono­mistes du début du siècle : "En effet, quelle at­titude prétentieuse et quelle exagération de 1'élément conscient : résoudre théoriquement les questions par avance, afin de convaincre ensuite du bien-fondé de cette solution, 1 'organisation, le parti  et  la masse".("Que Faire ?").

Le CWO et "Battaglia" ne cessent de répéter qu'ils constituent l'avant-garde, le guide du pro­létariat. C'est dans la pratique et non en paroles qu'ils le démontreront. Mais pour cela, ils auront besoin de troquer leur empirisme contre la méthode marxiste ; sinon, ne sachant pas apprécier le rap­port de forces entre les classes, identifier les armes de l'ennemi, ils ne pourront "guider" le prolétariat que vers la défaite.

F.M. 3/3/85



[1] "Battaglia  Comunista", CasellaPostale 1753, 20100 MILANO, ITALIE

[2] CWO, PO Box 145, Head Post Office, Glasgow, GRANDE-BRETAGNE

[3] BP 30316, 75767 PARIS CEDEX 16,FRANCE

[4] Revue Internationale n. 16 :"2ème Conférence Internationale des Groupes de la Gauche Communiste".

[5] Revue Internationale n.40 : "10 ans du CCI : quelques enseignements".

[6] Revue Internationale n.26 : "Les conditions historiques de la généralisation de la lutte de  la classe ouvrière".

[7] Revue internationale n.31"Le prolétariat d'Europe occidentale au centre de la généralisation de la lutte de classe"

[8] Revue internationale n.31"Le prolétariat d'Europe occidentale au centre de la généralisation de la lutte de classe"

[9] Ces mêmes éléments avaient évidemment crié au défaitisme lorsque nous avions mis en évidence le recul des luttes en 81 et  82.

[10] Voir sur  cette question les articles de la Revue Internationale n°4, n°6 et n°7 et notre brochure "La  Gauche Communiste d'Italie".

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