Soumis par ICConline le
Nous diffusons ci-dessous un article publié pour la première fois en juillet 1970 dans le journal Révolution internationale n°4 et réalisé par le groupe éponyme, groupe qui deviendra en 1975 la section en France du Courant Communiste International.
Le sommaire du journal présentait cet article ainsi : "La théorie est une des armes principales du prolétariat, car elle est la condition d’une révolution consciente".
"Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports forme ; la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s'élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. A un certain degré de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en collision avec les rapports de production existants, ou avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors, et qui n'en sont que l'expression juridique. Hier encore formes de développement des forces productives, ces conditions se changent en de lourdes entraves.
Alors commence une ère de révolution sociale. Le changement dans les fondations économiques s'accompagne d'un bouleversement plus ou moins rapide dans tout cet énorme édifice. Quand on considère ce bouleversement il faut toujours distinguer deux ordres de choses. Il y a le bouleversement matériel des conditions de production économique. On doit le constater dans l'esprit de rigueur des sciences naturelles. Mais il y a aussi les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques, philosophiques, bref les formes idéologiques, dans lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le poussent jusqu'au bout." (Karl Marx, Critique de l'Économie politique, Avant-propos, trad. Rubel et Evrard, La Pléiade, Œuvres, t. 1, p. 272.)1
Si en dernière instance, c’est la forme d’organisation qui détermine l’ensemble de la société, les formes idéologiques jouent un rôle fondamental dans le maintient de cette première. En effet, dans la mesure où toutes les formes économiques ayant existé jusqu’à ce jour ont été et sont encore basées sur la division de la société en classes sociales aux intérêts antagonistes, la classe qui bénéficie de ces rapports de production, c’est-à-dire la classe exploiteuse, a besoin, pour imposer et maintenir son existence face aux classes exploitées, d’étendre sa domination à l’ensemble de la vie sociale. Cette domination s’exerce principalement dans le domaine politique pas sa main-mise sur le pouvoir d’État, c’est-à-dire la violence organisée. Elle s’exerce également dans les domaines juridiques, religieux, philosophiques et artistiques par l’élaboration de lois, mythes et systèmes de pensée, qui ont tous pour objet de justifier l’ordre social existant et de le faire accepter par les classes opprimées.
Chaque fois qu’une classe s’est attaquée à une forme d’organisation sociale, c’est-à-dire en premier lieu à une forme donnée des rapports de production, elle a dû étendre son offensive aux domaines politique et idéologique à travers lesquels la classe exploiteuse maintenait sa domination. Son affirmation comme classe dominante s’est accompagnée de l’élaboration de sa propre conception du monde opposée à la conception de la classe à renverser.
Ceci fut déjà valable pour la bourgeoisie : à l’époque où le mode de production capitaliste commençait à se développer aux dépends du mode de production féodal, elle a éprouvé le besoin d’étendre sa maîtrise du monde au domaine politique (révolution bourgeoise) mais simultanément ou même avant, aux différentes branches de la pensée : artistique (Renaissance), philosophique (Voltaire, Rousseau, Kant, Hegel….) et scientifique. Son incursion dans cette dernière branche a établi une distinction entre deux domaines :
Les sciences de la nature dans lesquelles la plus grande rigueur est nécessaire à la bourgeoisie car elles sont la condition même du développement de la technique et des forces productives.
Les "sciences sociales" et en particulier l’économie politique dont le développement se heurte à la mystification qu’elles sont chargées de perpétuer pour masquer la réalité de l’exploitation capitaliste. Les économistes bourgeois (Smith, Ricardo…) font œuvre révolutionnaire quand ils démontrent la supériorité du mode de production capitaliste sur le mode de production féodal mais leurs travaux perdent leur rigueur scientifique dès qu’ils se proposent de démontrer qu’il ne peut exister de meilleur mode de production que le capitaliste, ou plutôt que celui-ci est le mode "naturel" de production.
A l’instar des autres classes révolutionnaires, le prolétariat tend à travers sa lutte contre le capital, à définir sa propre conception du monde. Mais dans la mesure où le projet révolutionnaire prolétarien ne se propose pas d’instaurer une nouvelle exploitation de l’homme par l’homme mais au contraire l’abolition de toute exploitation, il peut et doit se passer de toute mystification. Il étend par conséquent la rigueur scientifique, que la bourgeoisie utilisait seulement dans la connaissance de la nature, au domaine de la critique de la société et principalement de l’économie politique.
C’est justement parce qu’ils se plaçaient du point de vue du prolétariat dans leur critique du capitalisme que les socialistes scientifiques (Marx, Engels…) ont pu en démasquer la nature profonde et les contradictions fondamentales. Puisqu’il n'a pas besoin de mentir aux autres classes et par conséquent de se mentir à lui-même, le prolétariat est la première classe révolutionnaire de l’histoire qui puisse s’élever à une compréhension claire et non mystifiée des moyens et des buts de sa lutte, qui puisse faire de sa théorie un instrument fondamental de son émancipation.
A la différence de la bourgeoisie qui a pu développer, à l’intérieur même du cadre de la société féodale, les bases matérielles économiques de sa domination, le prolétariat ne dispose dans la société bourgeoise d’aucune base matérielle de son futur pouvoir. Il n’existe à l’heure actuelle, dans le monde capitaliste, aucune organisation, aucun pays2 successible de servir de point d’appui au prolétariat pour un assaut contre l’édifice capitaliste.
La seule force matérielle du prolétariat est, outre son nombre, sa capacité à s’organiser de façon autonome au cœur même des lieux de production dans les moments de lutte révolutionnaire. Mais jusqu’à présent l’échec des différentes tentatives révolutionnaires a conduit à l’écrasement de ces organes de lutte : les conseils ouvriers, et chaque défaite prolétarienne a permis au capital de renforcer sa sur-exploitation et sa domination idéologique. Le seul acquis de ces luttes est donc d’ordre théorique : l’expérience des défaites du prolétariat d’hier permettra à celui d’aujourd’hui de ne pas commettre les mêmes erreurs, à condition seulement qu’il prenne connaissance de cette expérience.
Cet acquis ne peut à aucun prix être perdu : le rôle des révolutionnaires est donc de se l’approprier et de le traduire en activité révolutionnaire consciente dans l’actuelle lutte de classe.
La révolution prolétarienne est la première révolution de l’histoire qui réalise l’émancipation totale de l’homme de ses contraintes économiques, qui permet à l’humanité de "sortir du règne de la nécessité pour entrer dans celui de la liberté" (Engels, Anti-During). Dans la société sans classes, la satisfaction des besoins des hommes ne sera plus soumise aux lois aveugles de l’économie marchande : la production de valeurs d’échange dont le capitalisme a fait une loi universelle, aura disparu au bénéfice de la production de valeurs d’usage, ce qui signifie que l’activité productive et, par suite, l’ensemble des activités sociales des hommes deviendront des actes conscients.
L’édification de cette société et l’affrontement révolutionnaire qui l’aura permise ne pourront donc être que des activités conscientes.
En définitive, aussi bien l’absence de base matérielle actuelle pour le futur pouvoir prolétarien que le contenu même du projet révolutionnaire montrent que, non seulement le prolétariat pourra faire de sa théorie un instrument fondamental de son émancipation, mais que la condition sine qua non de cette dernière est justement qu’il formule et s’assimile au maximum sa théorie révolutionnaire.
Le rôle des révolutionnaires est donc, non seulement de s’approprier l’acquis théorique des luttes passées, mais encore de contribuer de façon décisive à l’élaboration du projet révolutionnaire prolétarien et, dans la mesure où toute la classe doit participer à la révolution et par conséquent faire sienne la théorie révolutionnaire, ils doivent la diffuser au maximum de leurs possibilités.
Contrairement à ce que pensaient Kautsky et Lénine, la conscience révolutionnaire n’apparaît pas en dehors et indépendamment des luttes prolétariennes, dans le cerveau d’un certain nombre d’intellectuels d’origine bourgeoise, dont la tâche serait d’introduire cette conscience à l’intérieur de la classe ouvrière, capable seulement par elle-même d’atteindre une "conscience trade-unioniste".
Ce qui rend le prolétariat révolutionnaire ce n’est pas l’intervention avisée du parti porteur de la "conscience de classe", c’est la place qu’il occupe dans les rapports capitalistes de production, place qui en fait l’ennemi irréconciliable de la classe des détenteurs des moyens de production, des exploiteurs. Le socialisme n’est pas une construction théorique élaborée en dehors de la lutte de classes par quelques spécialistes détenteurs de la Science, il est le but vers lequel tend de façon inéluctable toute lutte prolétarienne conséquente3. Ce qui a permis de donner pendant une longue période une apparence de rigueur aux idées de Kautsky et de Lénine ; c’est le fait que le but socialiste impliqué par la lutte prolétarienne, n’est pas immédiatement reconnu par ceux qui mènent cette lutte. Ce n’est que devant l’incapacité croissante du capital de satisfaire les exigences des travailleurs que ceux-ci prennent progressivement conscience de la nécessité du renversement de l’ordre existant, de la suppression du capitalisme et donc de l’édification de la société sur de nouvelles bases.
Le fait que des hommes comme Babeuf, Marx, Engels, etc., aient pu effectivement, grâce à leur situation culturelle privilégiée, appréhender et formuler explicitement les buts et les implications de la lutte qui se déroulait sous leurs yeux, et ceci avant que ce but n’apparaisse clairement aux protagonistes de celle-ci, ne signifie nullement qu’ils aient "inventé" le socialisme.
Cette conception est le vestige d’une époque de creux révolutionnaire (1871-1905) et de l’immaturité du mouvement ouvrier russe au début du siècle, vestige canonisé par la réussite momentanée de la Révolution d’Octobre 1917 et entretenus par la contre-révolution qui l’a suivie.
La dénonciation de cette conception n’implique cependant pas l’adoption de la conception symétrique dans laquelle on fait surgir de la conception révolutionnarisme de l’expérience parcellaire et individuelle de tel ou tel ouvrier dans telle ou telle usine. La conscience révolutionnaire s’élabore dans la classe et non dans une entreprise. En ce sens, le révolutionnaire qui milite pour la propagation de ses idées dans une usine (par exemple sur les Conseils ouvriers) n’apporte pas une conscience extérieure puisque celle-ci n’est que le résultat de l’expérience de la classe (qui est une) en d’autres lieux ou à d’autres époques.
Dans une telle conception, la conscience de classe est comprise comme somme des consciences des individus la composant ; alors qu’elle est en fait conscience collective, conséquence et facteur d’une lutte pour la défense d’intérêts communs à l’ensemble des membres de la classe.
La théorie révolutionnaire n’est pas produite de façon immédiate et empirique par les luttes sociales au fur et à mesure qu’elles se développent à une époque et en un lieu donnés. L’échelle qui lui convient est obligatoirement celle de l’histoire du mouvement ouvrier international. En d’autres termes, les révolutionnaires ne peuvent élaborer leurs positions politiques uniquement à partir de la simple participation aux luttes de leur époque ; la compréhension du sens de celles-ci implique la connaissance du cadre historique dans lequel elles s’inscrivent, donc de l’expérience des luttes passées de la classe.
Le décalage qui peut exister entre les conceptions d’un groupe révolutionnaire et la pratique de la classe à un moment donné de sa lutte, ne signifie pas forcément que ces conceptions soient fausses, il peut aussi indiquer que l’activité révolutionnaire de la classe n’a pas encore atteint le niveau de ses expériences antérieures.
Le fait que dans le prochain mouvement révolutionnaire la classe ouvrière devra, pour vaincre, dépasser le niveau de conscience atteint lors du mouvement précédent, implique donc la disparition à terme de ce décalage.
Le mouvement révolutionnaire se développe à l’intérieur de la société d’exploitation. Les individus ou groupes qui participent ne peuvent échapper à cette réalité. Ainsi, le fait qu’à l’heure actuelle, la plupart des groupes révolutionnaires soient composés en majorité "d’intellectuels" n’est pas en soi aberrant ou tragique, c’est le simple reflet de la situation qui prévaut dans la société de classe : à savoir l’opposition entre travail manuel et travail intellectuel et l’existence de privilèges qui sont attachés à ce dernier. Les révolutionnaires devront surtout veiller à ce que ne s’établissent pas dans leur organisation des rapports hiérarchiques de soumission des "manuels" aux "intellectuels", ou à ce que ces derniers ne se livrent à l’attitude opposée qui consiste à abdiquer toute opposition critique à l’égard des membres ouvriers de cette organisation.
Cela dit, on ne peut considérer comme définitif ce rôle particulier joué par certains intellectuels à une époque comme la nôtre. L’extension et l’approfondissement du mouvement révolutionnaire, l’entrée sur la scène de l’histoire des masses prolétariennes, de même qu’ils permettront la jonction entre la théorie et la pratique, aboliront, avec les autres vestiges du vieux monde, cette tare.
La théorie ne sera plus le privilège d’une minorité composée essentiellement d’intellectuels, elle sera vécue et élaborée par les masses.
C’est entre autre par la connaissance d’un tel fait que pêche la théorie léniniste de la conscience et de l’organisation.
Traiter de "léninistes" ou "d’aspirants bureaucrates" ceux qui insistent sur le besoin de théorie est une aberration. De telles accusations nourrissent leur mauvaise foi dans la méconnaissance des idées suivantes :
1. Les conceptions de Lénine ne se distinguent pas de celles des révolutionnaires de son époque par le rattachement exceptionnel à la théorie : les écrits de Rosa Luxemburg, Mehring, Pannekoek, sont là pour le confirmer.
2. L’essentiel du pouvoir qu’exercent les dirigeants des bureaucraties pseudo-révolutionnaires sur leurs militants de base provient de l’imposition à ces derniers de toutes sortes "d’activités pratiques" (collages d’affiches, distributions de tracts, ventes militantes, etc.) et de la non-extension à l’ensemble des membres de l’organisation de la réflexion théorique.
3. Une des armes essentielles pour lutter contre les conceptions bureaucratiques est la mise à nu de leur incohérence théorique. Refuser de "faire de la théorie", c’est objectivement laisser le champ libre à ces conceptions.
Souvent les détracteurs de la théorie prônent comme moyen de lutte l’accomplissement "d’actes exemplaires" ; leur opposition aux conceptions léninistes les conduit alors à se replacer – la cohérence en moins – dans le cadre de ces mêmes conceptions pour lesquelles une minorité d’individus "entraîne" la grande masse amorphe.
Les partisans de la "pratique pure", vierge de toute théorie, se mentent à eux-mêmes comme ils mentent aux autres puisque leur conception même de la lutte est déjà une théorie, primaire il est vrai, de la révolution.
Alors qu’ils présentent la théorie comme un danger qui menace le mouvement ouvrier, ils ne se rendent pas compte du fait que ce sont leurs actes irréfléchis – puisque en principe exempts de toute théorie – qui risquent d’être dangereux ; tout acte illégal n’est pas forcément bon pour la révolution. Leur mépris de la théorie masque donc un mépris de la pratique.
La négation de la nécessité de la théorie est généralement le fait d’intellectuels : leur révolte contre l’oppression du savoir bourgeois déborde sur une négation du savoir lui-même.
Au contraire quand il se révolte contre l’exploitation et les institutions qui assurent le maintient de celle-ci, l’ouvrier éprouve le besoin de comprendre la situation qu’il se propose de changer : pour lui la connaissance et la réflexion théorique sont une nécessité immédiate de sa lutte, comme ils sont un premier pas vers une émancipation de sa soumission que lui impose le Capital.
L’actuel mépris pour la théorie qui se manifeste dans un certain nombre de milieux "gauchistes" provient essentiellement de la nature petite-bourgeoise de la plupart des luttes violentes qui ont jusqu’à présent secoué la société4 (étudiants, paysans, commerçants) ; luttes qui malgré les difficultés qu’elles peuvent créer à la bourgeoisie ne portent en elles aucunes perspectives historiques et ne peuvent par conséquent reconnaître de projet révolutionnaire propre. Suscité par l’absence de perspective, le désespoir et l’impatience de ces couches sociales se manifestent par des actes plus ou moins violents, quelques fois de caractère terroriste mais toujours minoritaires qui en fin de compte ne font pas avancer la condition fondamentale de la révolution communiste, la prise de conscience de la seule classe aujourd’hui révolutionnaire : le prolétariat.
Le fait que la théorie ne soit pas encore ressentie comme un besoin urgent de l’actuel lutte de classe est la marque des limites et des faiblesses que celle-ci (malgré un renouveau indiscutable) connaît encore après cinquante années de contre-révolution.
Ce fait traduit ainsi la domination que continue d’exercer l’idéologie bourgeoise – malgré sa décomposition actuelle – sur le prolétariat et dont les détracteurs de la théorie sont les agents objectifs, bien qu’inconscients.
Cinquante ans de défaite et d’apathie du mouvement ouvrier ont pratiquement anéanti tout développement de la théorie révolutionnaire : toutes les tentatives qui ont été faites pendant cette période se sont épuisées pour n’avoir pu être confrontées à une pratique.
Sortant de cette sombre période, le nouveau mouvement révolutionnaire qui aujourd’hui se dessine se voit donc confronté dès ses premiers pas, à un besoin immense de mise à jour de la théorie.
Parmi les tâches essentielles qui se présentent actuellement, on peut citer, de façon non limitative, les suivantes :
Compréhension du sens des luttes actuelles, indissociable d’une étude du capitalisme mondial.
Critique sans concessions des expériences révolutionnaires passées, ainsi que des conceptions idéologiques erronées qui y sont attachées (léninisme, anarcho-syndicalisme).
Critique des organisations présentes se réclamant de la révolution socialiste, de leurs programmes, de leurs formes d’organisation et d’action et étude de pourquoi de leur existence.
Réflexion sur le problème de l’organisation des révolutionnaires, tel qu’il s’est posé et tel qu’il se pose aujourd’hui et sur celui des nouvelles formes de lutte.
Ébauche du programme socialiste (c’est-à-dire de l’ensemble des mesures que devra prendre le pouvoir révolutionnaire) dont les expériences passées et les nouvelles caractéristiques de la société peuvent déjà donner quelques traits ; ce dernier travail, la formulation du projet révolutionnaire prolétarien, étant en fait celui qui rend possible tous les autres.
J.Fé (juillet 1970)
1 Nous ne reproduisons pas cette citation de Marx afin de nous retrancher derrière une quelconque "vérité révélée" et couper ainsi court à toute discussion. Mais puisque nous partageons ces mêmes idées, que nous en aurons besoin pour la suite du texte et que Marx leur a donné dans ce passage une formulation particulièrement claire et succincte, nous avons pensé qu’il valait mieux citer directement cet extrait en en indiquant l’origine, plutôt que de dire la même chose en d’autres termes qui eussent sans doute été plus lourds et plus confus.
2 Il y a longtemps que les révolutionnaires ont reconnu dans les syndicats des instruments de l’État bourgeois, et dans les pays "socialistes", des pays où le capitalisme loin d’être aboli, exerce une exploitation qui n’a rien à envier à celle des capitalismes libéraux.
3 "Les conceptions théoriques des communistes ne reposent nullement sur des idées, des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde. Elles ne sont que l'expression générale des conditions réelles d'une lutte de classes existante, d'un mouvement historique qui s'opère sous nos yeux." Marx et Engels, le Manifeste Communiste, 1848.
4 Voir l’article sur le mouvement étudiant dans RI ancienne série n°3.