Quelques leçons sur un an de lutte de classe en Espagne

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Nous présentons ici trois textes de réflexion sur les dernières expériences de mobilisation survenues récemment en Espagne : l’anniversaire du 15-M (le mouvement des Indignés a été marqué par une mobilisation très forte le 15 mai 2011 qui a donné ce nom) et la grève des mineurs. Ce qui ressort de cet ensemble de textes, c’est son caractère international.

En premier, nous publions un article de notre section en Grande-Bretagne qui prend position sur ces deux mobilisations en réponse à des débats qu’il y a eu sur le forum de langue anglaise libcom.

Ensuite, il y a un camarade qui collabore régulièrement avec nous et qui nous fait part ici de ses propres réflexions sur la grève des mineurs.

Enfin, nous publions un bref commentaire de notre part sur ces réflexions.

Ce caractère international correspond à celui de la lutte du prolétariat, qui est une classe dont les intérêts sont communs dans tous les pays. Ce caractère mondial a l’avantage d’une vision plus large, une vision qui donne une perspective aux événements face à l'étroitesse du prisme national qui, par définition, et frappé de myopie.

1. Espagne : comment pouvons-nous répondre aux attaques dans une économie aux abois ?1

La classe ouvrière en Espagne subit des mesures d’austérité particulièrement dures dans un contexte de crise économique profonde, ce qui fait augmenter la tension sociale. Les luttes qu’il y a eu en 2011 comme réponse à la crise ont servi d’inspiration pour bien d’autres mouvements. Dans le cas du mouvement du 15-M, il a été influencé par le printemps arabe et, à son tour, il a inspiré des luttes en Grèce et aux États-Unis, par exemple. L’anniversaire du 15-M a coïncidé dans le temps avec le début de la grève des 8000 mineurs au nord de l’Espagne contre un important retrait des aides publiques au secteur minier, ce qui, en plus d’en finir avec l’activité minière, menacerait quelque 40 000 emplois indirects dépendants de celle-là, dans un pays comptant 24 % de chômeurs, dont la moitié des jeunes de moins de 25 ans. Cet article veut contribuer au débat sur les leçons qu’on peut tirer de l’anniversaire du 15-M et de la grève dans les mines.

Les difficultés pour lutter avec l’épée de Damoclès du licenciement sur nos têtes

Les mineurs d’Espagne, surtout ceux de la région des Asturies, ont une longue tradition de lutte, avec des épisodes remarquables tels que l’insurrection de 1934 ou les grèves de 1962 ; ce n’est donc pas une surprise que leur détermination à riposter à l’attaque en se mettant en grève le 31 mai. Leur courage dans la lutte est remarquable : l’installation des barricades sur les routes, l’utilisation d’armes improvisées pour repousser les attaques de la Garde Civile qui faisait tout pour lever les blocages, des ripostes aux arrestations, aux charges et aux tabassages. Tout cela a soulevé des sympathies de la part de plein de gens, comme cela a été le cas des participants au forum libcom2 et au site Web de la Tendance Communiste Internationaliste3.

Cette situation rappelle celle de la grève des mineurs au Royaume-Uni des années 1984 et 85, lorsque ce secteur si combatif, profondément respecté et dans un certain sens porteur d’espoir pour l’ensemble de la classe ouvrière, s’est lancé dans une grève courageuse et dure, avec d'innombrables affrontements contre la police pour se défendre d’une répression qui avait atteint des sommets de brutalité. De la même manière que les mineurs espagnols maintenant, ils firent face aux plans de fermeture de beaucoup de mines à une époque de fort chômage. La lutte s’est achevée par une défaite qui a pesé énormément sur la classe ouvrière de Grande Bretagne pendant les deux décennies suivantes.

Dans le débat sur le site libcom, “Fingers Malone” signale les difficultés de la situation à laquelle font face les mineurs espagnols à cause des caractéristiques d’une attaque qui signifie ni plus ni moins la fermeture de cette industrie : « la grève en elle-même ne les mène nulle part », ce qui expliquerait les autres moyens mis en place par les mineurs tels que les barrages de routes et les occupations des mines. Mais, est-ce que ces actions font avancer la lutte de manière efficace ? À notre avis, le problème n’est pas le fait que la grève par elle-même ne soit pas suffisante, mais le fait de se lancer dans la grève seuls, isolés des autres secteurs de la classe ouvrière, ce qui met les mineurs dans une position de faiblesse face au pouvoir (médiatique, économique, politique, répressif) de l’État, les amenant probablement à la défaite. La grève générale dans les contrées minières le 18 juin dernier, organisée par les syndicats (CO et SOMA-UGT) et soutenue par la gauche, n’a pas du tout servi à briser l’isolement des mineurs, cantonnés dans les régions touchées par les réductions des subventions. Et leur revendication d’un « plan charbon » en Espagne, ressemblant à celle des mineurs britanniques de l’époque « coal not dole » (“charbon oui, chômage non ”), ne va déboucher que sur un isolement accru de la grève.

Dans ce sens, le slogan « On n’est pas indignés, on en a plein le cul »4 ne fait réellement qu’exprimer les limites de leur lutte, basée sur l’illusion seln laquelle leur force seule, en tant que mineurs, serait suffisante pour faire face à l’État. D’une certaine manière, les mineurs se voient eux-mêmes comme l’expression d’une position plus radicale que celle des “Indignés”, qui a été une des luttes les plus importantes de l’an dernier, non pas seulement en Espagne, mais au niveau international. Donc, malgré leur grande combativité et leur longue tradition de lutte au sein de la classe ouvrière, l’isolement des mineurs est une faiblesse qui pourrait entraîner un revers important pour la lutte de classe dans son ensemble.

Un an après, que reste-t-il du 15-M ?

Malgré les énormes difficultés qu’affronte la bourgeoisie pour gérer la situation économique, on ne doit jamais sous-estimer l’expérience qu’elle possède dans sa lutte contre la classe ouvrière, tel qu’on a pu le voir clairement lors des manœuvres comme celle de l’isolement des mineurs ou la dernière grève syndicale du 29 mars5, suivie tout de suite par l’annonce des coupes budgétaires allant jusqu’à 2 milliards d’euros.

La “célébration” de l’anniversaire du 15-M en est un autre exemple : une parodie des événements d’il y a un an écrite pour effacer ou du moins caricaturer les mobilisations de 2011, justement au moment où nous avons besoin de réfléchir, de débattre et de digérer les enseignements de cette expérience. Cette année-ci les mobilisations ont été appelées par toute sorte d’organisations gauchistes et syndicales et non pas par des assemblées qui n’existent plus, qui ont mis en avant des positions démocratiques et réformistes “citoyennes”, loin de toute vision de classe.

Les fausses alternatives offertes par la droite gouvernementale et la gauche se complètent à la perfection. Au PP la menace de répression contre le mouvement, l’accusant d’être un sous-marin du PSOE. De son côté, le PSOE, qu’il y a un an essayait de déformer la signification du mouvement en le traitant de petit-bourgeois, marginal et sans perspectives, maintenant l’encense comme étant une grande réussite, avec un grand avenir dans la société. La bourgeoisie dénigre toujours le mouvement réel, pour après le glorifier lorsqu’elle a réussi à le transformer en coquille vide et en souvenirs inoffensifs.

Il y a eu foule lors des manifestations de l’anniversaire du 15-M, mais pas autant que lors des moments les plus chauds du mouvement en juin, juillet ou octobre de l’an dernier. Des assemblées sont réapparues à Madrid, Barcelone, Séville, Valence, Alicante et ailleurs. Mais, malgré le fait que les assemblées ont été reçues avec intérêt et curiosité le samedi soir, elles ont été peu à peu abandonnées sans que le mouvement ait la moindre force pour résister au contrôle des organisations gauchistes ; les gens ont préféré partir. Il y a eu, cependant, quelques signes de caractère prolétarien : la participation massive des jeunes, une ambiance solidaire et ouverte, et quelques contribuions intéressantes au débat. À Madrid a eu lieu un débat très intéressant sur la santé ; on y a entendu des expressions dans le sens de ce que nous avons appelé « l’aile prolétarienne du mouvement », même si c’était bien moins important que l’an dernier. Le mouvement, en général, n’a pas pu briser les chaînes imposées par la bourgeoisie, et s’est maintenu comme une caricature du mouvement originel du 15-M, rappelant d’avantage une joyeuse randonnée de week-end qu’autre chose.

Perspectives pour la classe ouvrière

Les mouvements sociaux qui se sont produits en 2011 ont été une expérience très importante pour la classe ouvrière par leur dimension internationale, par l’occupation des rues, par l’existence des assemblées comme cœur du mouvement6. En Espagne, il y a eu des mobilisations massives dans le secteur éducatif à Madrid et Barcelone, dans la santé à Barcelone, chez les étudiants à Valence. La grève syndicale du 29 mars et celles des mineurs sont aussi des expériences sur lesquelles nous devons tous réfléchir.

À la suite de toutes ces expériences, nos camarades en Espagne disent qu’on a la sensation que le mouvement est en train de réfléchir sur lui même, de revenir sur ses faiblesses et les difficultés pour développer une lutte capable de riposter à la gravité de la situation et au niveau des attaques. Ce processus de réflexion est absolument essentiel dans la préparation du terrain pour le développement d’un mouvement plus large et plus profond capable de mettre en question le système capitaliste lui-même.

Voilà des idées qui se rependent de plus en plus : le capitalisme est un système en faillite, sans avenir ; après cinq années de crise, la classe dominante n’a pas la moindre réponse pour y remédier, il faut changer ce système. Lors d’une assemblée à Valence, par exemple, une femme a mis en avant des idées que par ailleurs le CCI a défendues concernant le mouvement du 15-M : celui-ci a un versant révolutionnaire et un autre réformiste, et c’est le premier qu’il faut renforcer. Mais il y a aussi une recherche de la riposte et de l’action immédiates, qui peut déboucher sur des propositions stériles pour ne pas dire ridicules parfois, comme l’idée selon laquelle si tous les clients de la banque nationalisée Bankia retiraient leur argent « cela ferait du mal au capitalisme ».

Ainsi, en même temps que l’on met en avant l’idée de remplacer le capitalisme, il y a la difficulté pour trouver comment le faire, et aussi l’espoir que la faillite du système pourrait être réversible. C’est ici que la gauche et l’extrême-gauche interviennent pour mettre en avant toutes sortes de “solutions” pour reformer le capitalisme, telles que plus d’impôts pour les riches, l’élimination de la corruption, les nationalisations, etc. En fait, la plupart de ces propositions sont aussi défendues par le centre et la droite.

Il est crucial de ne pas tomber dans ce piège des prétendues alternatives réformistes. Il est tout aussi important que le mépris vis-à-vis des politiciens en général, et vis-à-vis des mensonges de la gauche en particulier, ne nous amène pas à une espèce d’enfermement dans des groupes locaux isolés, méfiants vis-à-vis de tout ce qui dépasse leurs limites géographiques. Ce ne sera qu’en dépassant ces pièges que nous pourrons faire avancer la réflexion sur la crise du capitalisme, sur la nécessité de le détruire et sur comment la classe prolétarienne peut avancer dans sa lutte. Tout cela est essentiel pour préparer les luttes futures.

Alex (30 juin 2012 )

 

2. Quelques réflexions rapides sur le conflit des mineurs et la situation actuelle

La lutte des mineurs n’est pas, comme certains secteurs ont voulu la faire passer, une lutte décisive ou exemplaire pour le reste du prolétariat, dont la défaite signifierait un pas en arrière important pour l’ensemble du mouvement ouvrier. Les caractéristiques des mineurs sont aujourd’hui très spécifiques et minoritaires : c’est un secteur avec une très grande tradition de lutte et capacité de mobilisation, conscient de ses intérêts sectoriels, avec une forte présence et contrôle syndicaux, et très identifié aux zones géographiques où cette activité se déroule. D’un autre côté ce qui prédomine autant en Espagne qu’internationalement c’est tout le contraire : destruction des liens sociaux au travail et dans les quartiers, très peu de mémoire ou de tradition des méthodes prolétariennes de lutte (assemblées, solidarité, auto-organisation), manque croissant de protection sociale face aux objectifs du capital et de son État, contrats temporaires, précarité, chômage massif.

L’idée selon laquelle la combativité d’un seul secteur (aussi combatif soit-il, tel que le secteur minier) peut faire reculer la bourgeoisie dans l’état actuel de la crise capitaliste est un piège. Seule la lutte massive de larges secteurs du prolétariat peut y arriver.

La présentation de la part de la gauche et des syndicats des mineurs comme “des héros solitaires de la classe ouvrière” est encore un autre piège qui ne fait qu’approfondir encore plus l’isolement de ceux-ci par rapport aux autres secteurs. Les syndicats et la gauche (avec leurs appendices “radicaux” derrière) font tout leur possible pour isoler les mineurs pour qu’ils s’usent dans des actions stériles (“la marche noire”) médiatisées et bien contrôlées.

Discuter sur la rentabilité ou les aides au secteur minier n’est pas une question qui doive occuper les prolétaires. L’économie capitaliste a toujours été peu ou prou orientée par l’État, pour différentes raisons. Ce qui doit nous préoccuper c’est le fait que nous sommes tous soumis au même joug, que nous avons tous le même ennemi : le système capitaliste. L’avenir des mineurs est le même que celui de la majorité : précarité, chômage, misère, émigration. Pour lutter contre tout cela, les mineurs ne doivent plus le faire en tant que mineurs, mais en tant que prolétaires avec le reste de la classe ouvrière.

Quel développement, quel résultat prévisible, quels enseignements tirer du conflit mineur ? Il y a un forum sur Internet qui résume tout cela très bien : « Toujours plus de la même chose. CO et UGT proposent une marche sur Madrid, où les mineurs seront reçus comme des héros, convenablement isolés de la lutte de classes... avec ça, oui, mille anecdotes de voyage dont on tirera des reportages, des chroniques, des vidéos sur youtube, etc., etc. Dispersion syndicale et démocratique bien organisée, usure... et l’État toujours droit dans ses bottes.

Les mineurs, isolés et démocratiquement bien orientés, ceci dit toujours bien en rogne, seront (une fois encore) défaits.

Avec la revendication sectorielle des fonds pour les mines, il y a peu de probabilités pour que d’autres ouvrier(e)s se sentent impliqué(e)s et partie prenante.

Et c’est pareil que cet isolement s’exprime pacifiquement ou avec de la violence. Si là où on dit mineurs, on met une autre catégorie d’ouvriers, on se rendra compte que la défaite s’est produite une fois après l’autre. Le capital et son État se renforcent, deviennent de plus en plus durs. Ils laissent les énergies s’épuiser journée après journée d’action inefficace, contrôlées de près ou de loin par les syndicats démocratiques TOUT LE TEMPS QU’IL FAUDRA..., et, à la fin, spectacle à Madrid, et des "nous avons fait tout ce qu’on a pu", "nous sommes à bout", "épuisement et accablement généraux chez les travailleurs".... et, enfin, tous en car pour rentrer à la maison, et CO et UGT des héros incompris dont "les propositions logiques et sensées" n’ont pas été écoutées par le Ministre et l’administration..7, « Avec des pétards et ce genre d’affrontement on n’établit pas un nouveau rapport de forces avec le capital. SEULEMENT EN ÉTENDANT les conflits avec des méthodes et des revendications de classe anticapitalistes, EN Y INTÉGRANT le plus grand nombre possible de prolétaires actifs ou au chômage, de retraités, on pourra établir ce rapport de forces favorable.

Pour cela l’indépendance organisationnelle et politique de la classe ouvrière est nécessaire, et non pas ce suivisme des projets bourgeois démocratiques. "Sauver le charbon", "sauver les mines", "défendre les Asturies" et d’autres mot d’ordre de ce genre ce n’est ni plus ni moins que défendre les intérêts patronaux, de sorte que ceux-ci pourront continuer à se développer et à se maintenir en licenciant et en exploitant les ouvriers, avec ou sans aides, avec ou sans petits drapeaux asturiens ou léonais, etc.

La Garde Civile et la Police nationale sont là pour faire leur affaire, elles ont un grand effectif bien entraîné et bien équipé. Elles ne craignent pas ce genre d’affrontement, ce que la bourgeoisie craint c’est l’extension, la généralisation des luttes et que celles-ci se déroulent en dehors du moule du syndicalisme et de la gauche démocratique.

Les activismes gauchistes ce sont des ripostes sans lendemain, ne font que satisfaire la soif activiste ponctuelle de ceux qui les pratiquent et leur entourage. Tout ça ne va nulle part. Ce ne sont pas là des opinions, ce sont des FAITS VÉRIFIÉS À RÉPÉTITION. »8

Bref : l’isolement et les méthodes syndicales de lutte nous amènent à la défaite, chez les mineurs comme ailleurs. La prévisible défaite (au-delà de quelque manigance possible entre les syndicats et le gouvernement pour calmer les esprits) pourra sans doute être utilisée par le gouvernement pour se donner une image de fermeté, du genre même les mineurs ne peuvent pas arrêter les mesures prises contre les conditions de vie et de travail que le capital exige. Cependant, le cours vers des luttes prolétariennes importantes est toujours ouvert : une économie capitaliste qui tombe en lambeaux avec ce nouvel épisode de crise après des années où elle s’est maintenue grâce à une demande fictive de la dette des États, des banques, des entreprises et des particuliers ; une usure de l’appareil politique et syndical de la bourgeoisie ; et la dégradation brutale des conditions de vie et de travail de larges secteurs de la classe travailleuse, une classe qui a de moins en moins à perdre face à un présent et un futur de chômage, de précarité et de déshumanisation.

Le mouvement du 15-M, du moins tant qu’il a eu quelque chose d'un vrai mouvement, a eu beaucoup de faiblesses et d’illusions, a été très hétérogène et pour cela médiatisé. Mais son importance ne réside pas tant dans son existence même (un mouvement condamné à disparaître depuis le début) mais dans deux phénomènes qui ont surgi avec lui : le premier, c’est la concrétisation physique dans la rue de l’explosion du ras-le-bol, “d’indignation” et de la volonté de lutter, ce qui jusqu’alors était diffus ou ruminé chacun dans son coin, et qui a rendu visible le fait que “lutter c’est possible” ; et, en deuxième lieu, la réapparition historique des assemblées massives comme outil de rassemblement, de solidarité, de discussion et de décision face à l’atomisation et la dispersion, au chacun pour soi, à la précarité et au chômage. Lors des luttes futures, ces éléments, améliorés et dépassés, seront de la plus grande importance.

Compañero, juillet 2012

 

3. Bref commentaire du CCI

Nous partageons pleinement les réflexions du camarade. Nous voudrions faire tout simplement une incise qui, à notre avis, n’invalide pas du tout son analyse, mais qui est une donnée importante dont il faudra tenir compte pour le futur. Tout laissait penser que la manifestation du 11 juillet à Madrid9 avait été pensée comme un genre d’enterrement de la lutte, comme une exhibition du “splendide isolement” des mineurs, qui devraient se contenter de la “solidarité” de quelques personnages de “la culture” et pas grand-chose de plus. Mais, au contraire, l’inquiétude existante a fait que bien plus de monde que prévu est venu à la manifestation en soutien aux mineurs. Un autre facteur a joué. Le même jour où les mineurs étaient à Madrid, Rajoy10, pensant que tout était bien ficelé, a annoncé les dernières violentes mesures d’attaques aux conditions de tous les travailleurs. Ceci a enflammé les esprits et a fait que beaucoup de travailleurs -des fonctionnaires spécialement- se soient présentés spontanément à la manifestation des mineurs et que certains bus de ceux-ci aient retardé leur départ pour rester avec les fonctionnaires et d’autres groupes d’ouvriers à la gare d’Atocha et d’autres lieux de la manifestation. Globalement, les syndicats sont arrivés à contrôler la situation et les mineurs sont rentrés chez eux. Mais c’est un signe fort de jusqu’à quel point la situation est tendue.

CCI

 

4 Références anatomiques mises à part ça correspond plus ou moins à « No estamos indignados, estamos hasta los cojones » [NdR]

6 Lire le tract international du CCI « 2011 : de l’indignation à l’espoir », https://fr.internationalism.org/ri431/2011_de_l_indignation_a_l_espoir.html

9 Jour de l’arrivée dans la capitale espagnole de la « marche noire » des mineurs venant à pied des contrées minières du Nord de l’Espagne. [NdT]

10 Chef du gouvernement espagnol (droite) [NdT]

 

Rubrique: 

Lutte de classe