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LA TRANSFORMATION DU TRAVAIL
SELON LES REVOLUTIONNAIRES DE LA FIN DU 19e SIECLE
Dans le dernier article de cette série, nous avons montré comment les socialistes authentiques de la fin du 19e siècle envisageaient la façon dont la future société communiste s'attaquerait à certains des problèmes sociaux les plus pressants de l'humanité : les rapports entre hommes et femmes, et entre l'humanité et la nature dont elle a surgi. Dans ce numéro, nous examinons comment les révolutionnaires de la fin du 19e siècle prévoyaient la plus cruciale de toutes les transformations, la transformation du « travail inutile » en « travail utile » c'est-à-dire le dépassement pratique du travail aliéné. Ce faisant nous répondons à l'accusation que ces visions du socialisme représentaient une rechute dans l'utopisme pré-marxiste.
Dans un Londres du futur, bien des choses ont été démantelées puis rétablies ailleurs: on peut aller de Kensington à Trafalgar Square par un chemin boisé. Mais certains édifices familiers sont toujours là : les vieilles Houses of Parliament, principalement utilisées aujourd'hui pour engranger du fumier, et le British Museum qui conserve encore la plupart de ses anciennes fonctions. C'est là que William Guest, voyageur dans le temps du 19e siècle, a rencontré le vieux Hammond, un ancien bibliothécaire ayant une connaissance approfondie de l'histoire et donc bien placé pour expliquer le fonctionnement d'une société communiste instaurée depuis plusieurs siècles. Après avoir discuté plusieurs aspects de « l'administration des choses », ils en arrivent à la question du travail :
« "L'homme du 19e siècle dirait qu'il existe un désir naturel de procréer et d'avoir des enfants, et un désir naturel de ne pas travailler. "
"Oui, oui" dit Hammond'je connais ces vieilles platitudes - totalement fausses ; et qui n'ont en fait aucun sens pour nous. Fourier dont tout le monde se moquait, comprenait bien mieux la question. "
'Pourquoi cela n’ a-t-il aucun sens pour vous ?"demandais-je.
II répondit: 'parce que cela implique que tout travail est souffrance, et nous sommes si loin de le penser, comme tu l'as peut-être remarqué, que, comme nous ne sommes pas à court de richesses, il y a une sorte de peur qui se développe chez nous d'être un jour à court de travail. C'est un plaisir que nous avons peur de perdre, pas un fardeau. "
"Oui", dis-je, j'ai noté cela et je voulais te poser des questions là-dessus aussi. Mais auparavant, que veux-tu dire en positif quand tu affirmes la notion de plaisir dans le travail chez vous ?"
"Ceci que tout travail est maintenant un plaisir; soit à cause de l'espoir dans lequel il est accompli, de gagner en honneur et en richesses, ce qui provoque une excitation agréable même si le travail lui-même ne l'est pas ; soit parce qu'il est devenu une habitude plaisante comme c'est le cas avec ce que tu peux appeler le travail mécanique ; et finalement (et la plus grande partie de notre travail est dans ce cas) parce qu'il y a un plaisir sensuel conscient dans le travail lui-même ; c'est à dire qu'il est fait par des artistes. "
"Je vois", dis-je. 'Peux-tu maintenant nie dire comment vous êtes arrivés à cette condition heureuse ? Car, pour parler simplement, ce changement par rapport aux conditions du vieux monde me semble bien plus grand et bien plus important que tous les autres changements dont tu mas parlé concernant le crime, la politique, la propriété, le mariage. "
"Tu as raison" , me dit-il. "En fait on peut même dire que c'est ce changement qui a rendu possible tous les autres. Quel est l'objet de la révolution ? Certainement le bonheur des gens. La révolution ayant opéré son changement, comment peut-on empêcher la contre-révolution de s'établir sinon e» rendant les gens heureux ? Quoi ! Attendrons-nous la paix et la stabilité du malheur ?... Et le bonheur sans travail quotidien heureux est impossible. " u
C'est ainsi que William Morris, dans son roman visionnaire Nouvelles de nulle part ([1]), cherche à décrire l'attitude qui pourrait exister envers le travail dans me société communiste développée. La forme poétique de sa description ne doit pas nous aveugler car il ne fait que défendre ici un postulat fondamental du marxisme. Comme on l'a montré dans de précédents articles de cette série ([2]), le marxisme commence par la compréhension que le travail est » l'acte d'autogenèse de l’homme » comme l'écrit Marx dans les Manuscrits économiques et philosophiques où il porte cette découverte au crédit de Hegel, même si ce dernier l'a faite de façon formelle et abstraite. En 1876, Engels utilisait les découvertes les plus récentes en anthropologie et confirmait que « le travail a créé l’homme lui-même » ([3]). La puissance du cerveau humain, la dextérité de la main humaine, le langage, et la conscience spécifiquement humaine de soi et du monde sont nés du processus de fabrication des outils et de transformation de l'environnement extérieur ; bref, du travail qui constitue l'acte d'un être social travaillant collectivement. Cette approche dialectique des origines humaines que seule une classe travailleuse peut défendre de façon cohérente, s'oppose à la fois à la vision idéaliste (l'humanité en tant que produit d'un être supranaturel extérieur, ou de ses propres pouvoirs intellectuels conçus séparément de sa pratique), et à la vision matérialiste vulgaire qui réduit l'intelligence humaine à des facteurs purement mécaniques (la taille du cerveau par exemple).
Mais Marx a aussi critiqué Hegel parce qu' « il ne voit que le côté positif du travail, non son côté négatif. Le travail est le devenir pour soi de l’homme à l'intérieur de l'aliénation, ou bien en tant qu'être aliéné » ([4]). Dans des conditions de pénurie matérielle, et en particulier de domination de classe, le travail qui crée et reproduit l'homme, a aussi eu pour résultat que les pouvoirs propres de l'homme échappent à son contrôle et le dominent. Engels confirme encore ce point de vue dans « La part jouée par le travail », montrant que, malgré la capacité, unique, de l'homme à donner un but à son action et la planifier, les conditions matérielles dans lesquelles il a travaillé jusqu’ici, ont amené à des résultats très différents de ce qu'il prévoyait. Dans ce texte, Engels traite la dimension de l'aliénation quand il se réfère aux catastrophes écologiques des civilisations passées mais aussi à l'émergence de la religion, « ce reflet fantastique des choses humaines dans l'esprit humain ».
L'aliénation de l’homme envers lui-même se situe d'abord et avant tout dans la sphère où il se crée lui-même, la sphère du travail. Le dépassement de l'aliénation du travail constitue donc la clé du dépassement de toutes les aliénations qui tourmentent l'humanité, et il ne peut y avoir de transformation réelle des rapports sociaux - que ce soit la création de nouveaux rapports entre les sexes, ou une nouvelle dynamique entre 1’homme et la nature - sans transformation du travail aliéné en une activité créative agréable. Le vieil Hammond se situe donc aux côtés de Marx -qui lui aussi défendait Fourier sur cette question - quand il insiste sur le fait qu'il n'y a pas de bonheur possible sans travail quotidien heureux.
Le communisme n'est pas l’ « anti-travail »
Certaines sectes modernistes, comme le Groupe Communiste Internationaliste qui aime étaler sa connaissance de Marx, ont utilisé la critique du travail aliéné pour en déduire que le communisme signifie non seulement l'abolition du travail salarié - dernière forme du travail aliéné dans l'histoire - mais aussi celle du travail tout court. De telles attitudes envers le travail sont typiques de la petite-bourgeoise qui se désintègre et des éléments déclassés qui considèrent les ouvriers comme de simples esclaves et pensent que le « refus » individuel « du travail » constitue un acte révolutionnaire. De tels points de vue ont en fait toujours été utilisés pour discréditer le communisme. Bebel a répondu à cette accusation dans La femme et le socialisme quand il souligne que le véritable point de départ de la transformation socialiste n'est pas l'abolition immédiate du travail, mais l'obligation universelle de travailler :
« La société une fois en possession de tous les moyens de production, niais la satisfaction des besoins n'étant possible qu'avec l'apport d'un travail correspondant, et nul être valide et capable de travailler n'avant le droit de demander qu'un autre travaille pour lui, la première loi, la loi fondamentale de la société socialisée, est que l'égalité dans le travail doit s'imposer à tous, sans distinction de sexe. L'allégation de certains de nos adversaires malveillants qui prétendent que les socialistes ne veulent pas travailler et cherchent même autant que possible à supprimer le travail - ce qui est un non-sens -, se retourne contre eux-mêmes. Il ne peut y avoir de paresseux que là où d'autres travaillent pour eux. Ce bel état de choses existe à l’ heure actuelle, et même presque exclusivement, au profit des adversaires les plus acharnés des socialistes. Ces derniers posent en principe : "Qui ne travaille pas ne doit pas manger". Mais le travail ne doit pas être du travail seul, c'est-à dire de la simple dépense d'activité : il doit être aussi du travail utile et productif. La société nouvelle demande donc que chacun prenne une fonction donnée, industrielle, professionnelle ou agricole, qui lui permette d'aider à créer la quantité de produits nécessaires à la satisfaction des besoins courants. Pas de jouissance sans travail, pas de travail sans jouissance. » ([5])
De ce que dit Bebel, il découle que, dans les premières étapes de la révolution, l'obligation universelle du travail contient un élément de contrainte. Le prolétariat au pouvoir comptera certainement d'abord et avant tout sur l'enthousiasme et la participation active de la masse de la classe ouvrière qui sera la première à voir qu'elle ne peut se débarrasser de l'esclavage salarié que si elle est prête à travailler en commun pour produire et distribuer les biens vitaux. Dans cette phase du processus révolutionnaire, le travail trouve déjà sa contrepartie en ce qu'il est immédiatement vu comme socialement utile - du travail pour un bienfait commun réel et observable et non pour les besoins inhumains du marché et du profit. Dans ces circonstances, même le travail le plus dur prend un caractère libérateur et humain puisque « dans l'utilisation et la jouissance que tu as de mon produit, j'aurais la satisfaction immédiate et la connaissance que par mon travail, j'ai gratifié un besoin humain... Dans 1’ expression individuelle de nia propre vie, j'aurais provoqué l'expression immédiate de ta vie, et ainsi, dans mon activité individuelle, j'aurais directement confirmé et réalisé ma nature authentique, ma nature humaine, communautaire. » ([6])
Néanmoins, ce soulèvement politique et social gigantesque requerra inévitablement d'abord de très grands sacrifices, et les seuls sentiments ne suffiront pas à convaincre ceux qui sont habitués à l'oisiveté et à vivre du labeur des autres, de se soumettre volontairement à la rigueur et à la discipline du travail associé. L'utilisation de la contrainte économique - celui qui ne travaille pas, ne mange pas - constitue donc une arme nécessaire de la dictature du prolétariat. Ce n'est que dans une société socialiste plus développée qu'il deviendra clair et évident pour tout le monde que c'est dans l'intérêt de chaque individu de prendre pleinement sa pari à la production sociale.
En même temps, ce n'est pas du tout le but du mouvement communiste d'en rester à un stade où la seule contrepartie du travail est qu'il bénéficie à quelqu'un d'autre. S'il ne devient pas un plaisir en lui-même, la contre-révolution s'établira, et les sacrifices volontaires du prolétariat à la cause commune, deviendront des sacrifices pour une cause étrangère - comme en témoigne la tragédie de la défaite de la révolution russe. C'est pourquoi Bebel ajoute, immédiatement après le passage cité ci-dessus :
« Mais, dès lors que tous sont astreints au travail, toits ont aussi le même intérêt à réaliser dans celui-ci trois conditions : I ° qu'il soit modéré, ne surmène personne et ne s'étende pas trop en durée ; 2° qu'il soit aussi agréable et aussi varié que possible ; 3° qu'il soit rémunérateur autant qu'il se pourra, car de là dépend la mesure du bienêtre. » ([7])
William Morris donne une définition à trois volets très similaire quand il fait la distinction entre le « travail utile « et le « labeur inutile »:
« Alors quelle est la différence entre eux ? Celle-ci : l’une contient l'espoir, l'autre non... Quelle est pour Pions la nature de l'espoir qui fait, lorsqu'il est présent dans le travail, que ce dernier en vaut la peine ?
Je pense qu'il contient trois aspects : l'espoir de repos, l'espoir du produit, l'espoir du plaisir dans le travail lui-même ; et aussi l'espoir de tout ça avec une certaine abondance et de bonne qualité ; assez de repos et un produit assez bon pour que ça vaille le coup de l'avoir; un produit qui vaut la peine pour quelqu'un qui n'est ni un fou, ni un ascète ; assez de plaisir pour que chacun le ressente en travaillant. » ([8])
L'espoir de repos
Dans la définition par Morris du travail utile qu'on vient de citer et dans les trois conditions de Bebel pour que le travail soit agréable, l'élément de repos, de loisir et de détente, est élaboré très concrètement : ils insistent sur la possibilité de réduire la journée de travail à une fraction de ce qu'elle était alors (et est toujours). C'est parce que, face à une société capitaliste qui vole les meilleures heures, les meilleurs jours et les meilleures années de la vie de l'ouvrier, les révolutionnaires ont le devoir élémentaire de démontrer que le développement même de la machine capitaliste a rendu ce vol historiquement injustifiable. C'est aussi le thème de la brochure sardonique de Paul Lafargue Le droit à la paresse, publiée en 1883. A l'époque, il était déjà plus qu'évident qu'une des contradictions les plus frappantes dans le développement de la technologie du capitalisme, c'était que tout en créant la possibilité de libérer l'ouvrier des pénibles labeurs, il ne semblait être utilisé que pour l'exploiter plus intensivement que jamais. La raison en était simple : sous le capitalisme, la technologie n'est pas développée au bénéfice de l’humanité, mais pour les besoins du capital :
«Notre époque a inventé des machines qui seraient apparues comme des rêves fous aux hommes des temps passés, et de ces machines, nous n’avons pas encore fait usage.
Elles s’appellent des machines qui "économisent du travail" - une formule communément utilisée et qui indique ce qu'on attend d'elles ; mais nous n'obtenons pas ce que trous attendons. Ce qu'elles font véritablement, c'est de ramener le travailleur qualifié au rang d'ouvrier non qualifié, d'accroître la masse de "l'armée de réserve du travail" - c'est-à-dire d'accroître la précarité de la vie des ouvriers et d'intensifier le travail de ceux qui servent les machines (comme les esclaves servent leurs maîtres). C'est ça qu'elles font en fait, tout en accumulant les profits des employeurs du travail, ou en forçant ceux-ci à dépenser ces profits dans une guerre commerciale féroce entre eux. Dans une vraie société, ces miracles d'ingéniosité seraient utilisés pour la première fois pour diminuer le temps passé dans un travail déplaisant qui pourrait, grâce à eux, être si réduit qu'il pèse à peine sur chaque individu. De plus, toutes ces machines seraient certainement très améliorées une fois que la question ne serait plus que les améliorations 'paient" l'individu, mais bénéficient à la communauté. » ([9])
Dans le même ordre d'idées, Bebel cite les calculs des scientifiques bourgeois contemporains qui montrent qu'avec la technologie existant déjà à son époque, la journée de travail pouvait être réduite à une heure et demie par jour! Bebel était particulièrement optimiste sur les possibilités qu'ouvrait le développement de la technologie dans cette période d’expansion capitaliste sensationnelle. Mais cet optimisme n'était pas une apologie en blanc du progrès capitaliste. Ecrivant sur l'énorme potentiel contenu dans l'application de l'électricité, il défendait aussi que « cette force naturelle n'atteindra son maximum d'utilisation et d'application que dans la société socialisée » ([10]). Même si aujourd'hui le capitalisme a « électrifié » la plus grande part (bien que pas la totalité) de la planète, on saisit la pleine signification de l'application de Bebel quand un peu plus loin, il remarque que « tous nos cours d'eau, le flux et le reflux de la mer, le vent, la lumière du soleil, convenablement utilisés fournissent d'innombrables chevaux-vapeurs» ([11]). Les méthodes que le capitalisme a adoptées pour fournir l'électricité -brûler du pétrole et l'énergie nucléaire ont amené de nombreux effets secondaires nuisibles, notamment sous forme de pollution, tandis que les besoins du profit ont amené à négliger le « nettoyage » ainsi que des sources plus abondantes telles que le vent, les marées et le soleil.
Mais pour ces socialistes, la réduction du temps de travail n'était pas seulement le résultat de l'utilisation rationnelle des machines. Elle était également rendue possible par l'élimination du gigantesque gaspillage de force de travail, inhérent au mode de production capitaliste. Dès 1845, Engels dans l'un des ses « Discours d'Eberfeld » a attiré l'attention là-dessus, montrant la façon dont le capitalisme ne pouvait éviter de gaspiller les ressources humaines puisqu'il emploie des hommes d'affaires et des intermédiaires financiers, des policiers, des gardiens de prison pour s'occuper des crimes qu'il engendre inévitablement chez les pauvres, des soldats et des marins pour mener ses guerres, et par dessus tout par le chômage forcé de millions de travailleurs à qui l'accès à tout travail productif est fermé à cause des mécanismes de la crise économique. Les socialistes de la fin du 19e siècle n'étaient pas moins frappés par ce gaspillage et montraient le lien entre le dépassement de celui-ci et la fin de l'exploitation du prolétariat:
« Telles que sont les choses aujourd'hui, entre le gaspillage de force de travail dans la simple oisiveté, et son gaspillage dans le travail improductif, il est clair que le monde civilisé n'est pris en charge que par une petite partie de sa population ; si tout le monde travaillait pour lui, la part de travail que chacun devrait accomplir, serait bien plus petite avec un niveau de vie sur le pied de ce que les gens bien et raffinés pensent aujourd'hui désirable. » ([12])
De tels sentiments sont plus vrais que jamais aujourd'hui, dans un capitalisme décadent où la production improductive (armement, bureaucratie, publicité, spéculation, drogue, etc.) a atteint des proportions sans précédent et où le chômage massif est devenu un fait permanent de la vie, tandis que la journée de travail est, pour la majorité des ouvriers actifs, plus longue qu'elle ne l'était pour leurs ancêtres victoriens. De telles contradictions offrent la preuve la plus frappante de l'absurdité qu'est devenu le capitalisme et donc de la nécessité de la révolution communiste.
L'espoir de plaisir dans le travail lui-même
Décrivant les plaisirs du travail à son visiteur du 19e siècle, le vieil Hammond n'a pas beaucoup insisté sur le besoin de repos et de loisir, et pourtant le sous-titre du roman est « Une époque de repos ». Evidemment, après plusieurs générations, la séparation rigide entre « le temps libre » et « le temps de travail » a été dépassée comme Marx l'a prévu. Car le but de la révolution n'est pas seulement de libérer les êtres humains du travail désagréable: « le travail doit aussi être rendu agréable » comme le dit Bebel. Il élabore alors certaines conditions pour que ce soit le cas, et sur chaque point Morris s'en fait l'écho.
La première condition est que le travail se déroule dans un environnement agréable:
« Pour cela, il faut construire de beaux ateliers, installés d'une façon pratique, mettre le plus possible d’ ouvrier à l’abri de tout danger, supprimer les odeurs désagréables, les vapeurs, la fumée, en un mot tout ce qui peut causer du malaise ou de la fatigue.
Au début, la société nouvelle produira avec ses anciennes ressources et le vieil outillage dont elle aura pris possession. Mais, si perfectionnés qu'ils paraissent , ceux-ci seront insuffisants pour le nouvel ordre de choses. Un grand nombre d'ateliers, de machines, d'outils disséminés et à tous égards insuffisants, depuis les plus primitifs jusqu'aux plus perfectionnés, ne seront plus en rapport ni avec le nombre des individus qui demanderont du travail, ni avec ce qu'ils exigeront d'agrément et de commodité.
Ce qui s'impose donc de la manière la plus urgente, c'est la création d'un grand nombre d'ateliers vastes, bien éclairés, bien aérés, installés de la façon la plus parfaite, et bien décorés. L'art, la science, l'imagination, l'habileté manuelle trouveront ainsi un vaste champ ouvert à leur activité. Tous les métiers qui ont trait à la construction des machines, à la fabrication des outils, à l'architecture, tous ceux qui touchent à l'aménagement intérieur pourront se donner largement carrière. » ([13])
Pour Morris, l'activité productive pourrait avoir lieu dans toutes sortes d'environnement, mais il défend qu'une certaine sorte de système d'usine « offrirait des occasions à une vie sociale pleine et ardente entourée de beaucoup de plaisirs. Les usines pourraient aussi être (les centres d'activité intellectuelle » où « le travail pourrait varier de la culture de lu campagne environnante pour la nourriture jusqu'à l'étude et à la pratique de l art et de la science ». Naturellement, Morris se préoccupe aussi du fait que ces usines du futur ne soient pas seulement propres et non polluées, mais également des constructions esthétiques en elles-mêmes : « en commençant parfaire de leurs usines des constructions et des ateliers décents et convenables comme leurs maisons, ils arriveront infailliblement à en faire non pas quelque chose de négativement bien, de simplement inoffensif mais quelque chose de beau, de sorte que le glorieux art de l'architecture, aujourd'hui anéanti par l'avidité commerciale, renaîtra et fleurira. » ([14])
L'usine est souvent décrite dans la tradition marxiste connue un véritable enfer sur terre. Et ceci n'est pas seulement vrai de celles qu'il est respectable d'abhorrer - celles des jours sombres et lointains de la « révolution industrielle » dont les excès sont admis - mais également de l'usine moderne à l'époque de la démocratie et de l’Etat-providence. Mais pour le marxisme, l'usine est plus que cela : c'est le lieu où les travailleurs associés se retrouvent, travaillent ensemble, luttent ensemble, et elle constitue donc une indication sur les possibilités de l'association communiste du futur. En conséquence, à l'encontre du préjugé anarchiste contre l'usine en tant que telle, les marxistes de la fin du 19e siècle avaient tout-à-fait raison d'envisager une usine du futur, transformée en centre l’apprentissage, d'expérimentation et de création.
Pour que ce soit possible, il est évident que l’ancienne division capitaliste du travail, sa manière de réduire quasiment tous les travaux à une routine répétitive qui engourdit l'esprit, doivent être supprimées aussi vite que possible. « Contraindre un homme à accomplir, jour après jour, la même tâche, sans aucun espoir d y échapper ou de changer, ne signifie rien d'autre que de faire de sa vie une prison de tourment. » ([15]) Aussi nos écrivains socialistes, suivant une fois encore Marx, insistent sur le fait que le travail soit varié, qu'il change et ne soit plus paralysé par la séparation rigide entre l'activité mentale et l'activité physique. Mais la variété qu'ils proposaient - basée sur l'acquisition de différentes qualifications, sur un équilibre approprié entre l'activité intellectuelle et l'exercice physique - constituait bien plus qu'une simple négation de la sur spécialisation capitaliste, plus qu'une simple distraction vis-à-vis de l'ennui de cette dernière. Elle voulait dire le développement d'une nouvelle sorte d'activité humaine dans le sens plein, qui soit en fin de compte conforme aux besoins les plus profonds du genre humain:
« Le besoin de liberté dans le choix et le changement d'occupation est profondément enraciné dans la nature humaine. Il en est d'un travail donné, tournant chaque jour dans le même cercle, comme d'un mets dont le retour constant, régulier, sans changement, finit par le faire paraître répugnant ; l'activité s'émousse et s'endort. L'homme accomplit machinalement sa tâche, sans entrain et sans goût. Et pourtant il existe chez tout homme une foule d'aptitudes et d'instincts qu'il suffit d'éveiller et de développer pour produire les plus beaux résultats et pour faire de lui un homme vraiment complet. La socialisation de la société fournit largement l'occasion de satisfaire ce besoin de variété dans le travail. » ([16])
Cette variété n'a rien de commun avec la recherche frénétique de l'innovation pour elle-même qui est de plus en plus devenue le sceau de la culture capitaliste décadente. Elle est fondée sur le rythme humain de la vie où le temps disponible est devenu la mesure de la richesse: « nous avons maintenant trouvé ce que nous voulons, de sorte que nous ne faisons pas plus que ce que nous voulons ; et comme nous n avons plus un tas de choses inutiles à faire, nous avons le temps et les moyens de prendre plaisir en les faisant. »([17])
Travailler avec entrain et dans la joie ; le réveil des aptitudes et des désirs réprimés. Bref, comme le dit Morris, le travail connue activité consciemment sensuelle.
Morris n'avait pas lu les Manuscrits économiques et philosophiques de Marx, mais la façon dont il utilise cette formule montre que le mouvement révolutionnaire de la fin du 19e siècle était familier de la conception de l'activité humaine libre que Marx avait développée dans ses premiers écrits. Il connaissait par exemple le fait que Marx avait soutenu l'insistance de Fourier selon laquelle le travail, pour être digne des êtres humains, devait se baser sur une « attirance passionnelle », ce qui est certainement une autre façon de parler de l' « Eros » que Freud a ultérieurement approfondi.
Freud a une fois remarqué que l'homme primitif « rendait son travail agréable en le traitant, pour ainsi dire, comme un équivalent et un substitut des activités sexuelles. » ([18]) En d'autres termes, dans les premières formes de communisme primitif, le travail n'était pas encore devenu ce qu’Hegel a défini dans La phénoménologie de l'esprit comme « le désir réprimé et contenu ». En termes marxistes, l'aliénation du travail ne commence pas vraiment avant l'avènement de la société de classe. Le communisme du futur réalise donc un retour généralisé à des tonnes érotiques, sensuelles du travail qui, dans les sociétés de classe, ont généralement constitué le privilège de l'élite artistique.
En même temps, dans les Grundrisse, Marx critique l'idée de Fourier selon laquelle le travail puisse devenir un jeu, dans le sens d'un « simple plaisir et d'un simple amusement » . C'est parce que le communisme scientifique a compris que l’utopisme est toujours dominé par une fixation sur le passé. Un homme ne peut pas redevenir un enfant comme le note Marx dans le même écrit. Mais il poursuit en soulignant que l’homme peut et doit retrouver la spontanéité de l'enfance ; l'adulte qui travaille et prévoit le futur, doit apprendre à réintégrer le lien érotique de l'enfant au monde. L'éveil des sens, décrit dans les Manuscrits économiques et politiques, nécessite un retour au royaume perdu du jeu, mais celui qui y retourne ne s'y perd plus connue le font les enfants, car il a maintenant acquis la maîtrise consciente de l'être humain social pleinement développé.
Un point de vue utopique ?
On ne peut aller plus loin dans l'examen de la vision du socialisme élaborée à la fin du 19e siècle par les révolutionnaires sans poser la question : leur travail acharné pour décrire la société du futur n'était-elle pas simplement une nouvelle variété d'utopisme, une sorte de réalisation de désirs sans lien avec le mouvement réel de l'histoire ?
Dans le précédent article de cette série, nous avons examiné l'accusation portée contre Bebel par les féministes - selon laquelle sa démarche était vraiment utopique car elle ne réussissait pas à faire le lien entre le futur socialiste où l'oppression des femmes a disparu ainsi que toutes les autres formes d'oppression et d'exploitation, avec la lutte contre cette oppression dans la société actuelle. Nous ne pouvons pas non plus ignorer que le sous-titre des Nouvelles de nulle part de Morris est « une romance utopique ». Néanmoins, nous avons rejeté cette accusation, au moins sous la forme où les féministes la formulent. La plupart des formes de gauchisme qui sont toujours occupées à dissimuler le fait que leur vision du socialisme n'est pas autre chose qu'une resucée de l'exploitation d'aujourd'hui, partagent l'idée que toute tentative de décrire autrement le communisme qu'en ternies négatifs relève de l’utopisme. Evidemment, il est vrai que les communistes ne doivent pas répéter l'erreur de Fourier qui établissait pour chaque jour et même heure après heure des prescriptions sur ce que serait la société du futur et la vie future. Mais, comme Bordiga l’a fait remarquer, la véritable différence entre le socialisme utopique et le socialisme scientifique ne réside pas tant dans le refus de ce dernier de décrire et de définir le communisme, mais dans sa reconnaissance que la nouvelle société ne peut venir que du développement d'un mouvement réel, d'une lutte sociale réelle qui a déjà lieu au cœur de la société bourgeoise. Alors que les utopistes rêvaient à « des recettes pour les marmites de l'avenir » et faisaient appel à des philanthropes bénévoles pour qu'ils fournissent la cuisine et les cuisiniers, les communistes révolutionnaires avaient identifié dans le prolétariat la seule force capable de faire éclore la nouvelle société en menant sa lutte inévitable contre l'exploitation capitaliste à ses conclusions logiques.
De toutes façons, les féministes n'ont pas le droit de juger les socialistes du 19e siècle car pour elles, « le mouvement réel » qui conduit à la transformation révolutionnaire n'est pas du tout un mouvement de classe, mais une alliance amorphe et interclassiste qui ne peut que servir à éloigner le prolétariat de son propre terrain de lutte. En ce sens, il n'y a pas du tout d'utopisme chez Morris ou chez Bebel, ni dans les partis social-démocrates en général, parce qu'ils basaient tout leur travail sur la claire reconnaissance que ce serait la classe ouvrière et aucune autre force sociale qui serait contrainte, par sa propre nature historique, à renverser les rapports capitalistes de production.
Et pourtant le problème subsiste car, dans cette période d'apogée du développement capitaliste, de sonnet qui précédait la descente, les contours de ce renversement révolutionnaire commençaient à s'estomper. Les socialistes de la fin du 19e siècle étaient certainement capables de voir les potentialités communistes que révélait la gigantesque croissance du capitalisme, mais comme cette croissance repoussait de l'horizon visible l'action révolutionnaire de la classe, il devenait de plus en plus difficile de voir continent les luttes défensives existantes de la classe pourraient mûrir en un assaut à vaste échelle contre le capital.
Il est vrai que la Commune de Paris n'était pas très loin derrière et les partis socialistes continuaient à la commémorer chaque année. Les formes organisationnelles que Bebel envisageait pour la société nouvelle étaient certainement influencées par l'expérience de la Commune et quand Morris, dans Nouvelles de nulle part, décrit la transition de la vieille société à la nouvelle, il n’hésite pas à la dépeindre comme le résultat d'une guerre civile, violente. Le fait reste cependant que les leçons de la Commune s'estompèrent vite, et que tout en contenant beaucoup d'élaborations sur le futur socialiste, le grand livre de Bebel apporte peu de clarifications sur la façon dont la classe ouvrière prendrait le pouvoir, ni sur les phases initiales de la confrontation révolutionnaire avec le capital. Comme l'a noté Victor Serge, durant cette période, une vision « idyllique » de la révolution socialiste a commencé à avoir prise sur le mouvement ouvrier:
« On pouvait, à la fin du siècle dernier, cultiver le grand rêve d'une transformation sociale idyllique. De généreux esprits s'y adonnèrent, dédaignant ou déformant la science de Marx. La révolution sociale, ils la rêvèrent comme l'expropriation à peu près indolore d'une infime minorité de ploutocrates. Et pourquoi le prolétariat magnanime, brisant les vieux glaives et les fusils modernes, n'accorderait-il pas une indemnité à ses exploiteurs de la veille dépossédés ? Les derniers riches s'éteindraient paisiblement, oisifs, entourés d'un mépris railleur. L'expropriation des trésors accumulés par le capitalisme, jointe à la réorganisation rationnelle de la production, procurerait sur l'heure à la société entière l'aisance et la sécurité. Toutes les idéologies ouvrières d'avant-guerre sont plus ou moins pénétrées de ces idées fausses. Le mythe radical du progrès les domine. Les impérialismes cependant mettaient au point leurs artilleries. Dans la 2e Internationale, une poignée de marxistes révolutionnaires discernaient seuls les grandes lignes du développement historique... »([19])
Cette vision trop optimiste a pris différentes tonnes. En Allemagne où le parti social-démocrate est devenu un parti de masse avec une présence aux commandes non seulement des syndicats, mais aussi du parlement et des conseils locaux, cette notion du pouvoir tombant tel un fruit mûr dans les mains d'un mouvement qui avait déjà établi ses bases organisationnelles au sein de l'ancien système, a de plus en plus prévalu. On voyait de moins en moins la révolution comme la vieille taupe qui surgit à la surface, l'acte d'une classe hors-la-loi qui doit abattre toutes les institutions existantes et créer une nouvelle forme de pouvoir, et on la concevait de plus en plus contrite la culmination d'un patient travail de construction, de consolidation et de démarchage électoral au sein des institutions politiques et sociales existantes. Et comme nous le verrous quand nous examinerons l'évolution de cette conception dans les travaux de Karl Kautsky, il n'y avait pas un mur de Chine s'élevant entre cette vision « orthodoxe » et la vision ouvertement révisionniste de Bernstein et de ses adeptes, puisque, si le communisme pouvait advenir à travers l'accumulation graduelle de forces dans le cadre du capitalisme, il pouvait ne pas y avoir besoin de renversement révolutionnaire final.
En Grande-Bretagne, où le réformisme à tout crin, « rien que » du syndicalisme et du crétinisme parlementaire, avait, de toutes façons, été plus endémique dans le mouvement ouvrier, la réaction de révolutionnaires tels que Morris était plutôt de se retirer dans un sectarisme puriste considérant avec dédain la lutte pour les « palliatifs » et insistant à tout moment sur le fait que le socialisme constituait la seule réponse aux problèmes du prolétariat. Mais puisqu'ils rejetaient la lutte défensive, tout ce qui restait à faire, c'était de prêcher le socialisme : « Je dis que pour nous, faire des socialistes constitue la tâche du jour, et aujourd7tui, je ne pense pas que noms puissions faire quoi que ce soit d'autre qui soit utile » ([20]) comme si la conscience révolutionnaire allait se développer dans la société simplement par le fait que la logique des arguments socialistes gagnerait de plus en plus d'individus. En fait, vers la fin de sa vie, Morris commença à repenser ses réserves concernant la lutte pour des réformes, car l'incapacité de sa Ligue socialiste à traiter de cette question avait joué un rôle dans sa disparition, mais la vision sectaire continua de peser lourdement sur le mouvement révolutionnaire en Grande Bretagne. Le parti socialiste de Grande Bretagne, stérile depuis sa naissance même, en 1903, est une incarnation classique de cette tendance.
L'utopisme surgit dans le mouvement ouvrier quand le lien entre les luttes quotidiennes de la classe et la société communiste future disparaît de la vue. Mais nous ne pouvons pas le reprocher trop durement aux révolutionnaires de cette époque. C'étaient avant tout les conditions objectives de la fin du 19e siècle qui interféraient dans leur vision. Dans la période qui a suivi, période où le capitalisme a commencé sa descente, les changements de ces conditions objectives et, surtout, des méthodes et des formes de la lutte de classe, ont permis aux meilleurs éléments du mouvement social-démocrate de voir plus clairement la perspective. Dans les prochains articles de cette série, nous examinerons donc les débats qui ont animé les partis social-démocrates dans les années 1900, et en particulier après la révolution russe de 1905 - débats qui ne devaient pas tant se centrer sur le but ultime à obtenir, que sur les moyens d'y parvenir.
CDW.
WILLIAM MORRIS MILITANT REVOLUTIONNAIRE
William Morris avait beaucoup de faiblesses politiques. Son rejet du Parlement contrite moyen de la révolution socialiste était aussi accompagné d'un refus d'appliquer une quelconque tactique d'intervention dans l'arène parlementaire, ce qui était encore à l'ordre du jour à l'époque pour les partis ouvriers. En effet, le manque de clarté de la Ligue socialiste sur le problème des luttes immédiates de la classe ouvrière amena celle-ci dans une impasse sectaire, qui la rendit complètement vulnérable aux intrigues destructrices des anarchistes qui y entrèrent et bientôt l'enterrèrent, plus qu'aidés en cela par l'Etat bourgeois.
Néanmoins, quand la Ligue s'était constituée, résultat d'une scission avec la Fédération social-démocrate menée par le pseudo-socialiste Hyndmann, elle avait été soutenue par Engels comme un pas en avant dans le développement d'un courant marxiste sérieux en Grande-Bretagne, et aussi comme un moment dans la formation d'un parti de classe. Et c'est cet aspect du socialisme de Morris que la bourgeoisie s'efforce le plus de cacher. Là il est évident que la tentative de réduire Morris à un « artiste socialiste », un promoteur inoffensif de fart dans les masses, est elle-même loin d'être inoffensive. Car Morris le socialiste n'était pas un rêveur isolé, mais un militant qui rompit courageusement avec ses origines de classe et donna volontairement les dix dernières armées de sa vie au travail difficile de construire une organisation révolutionnaire dans le prolétariat britannique. Et pas seulement en Grande-Bretagne, la Ligue socialiste se considérait elle-même comme une partie d'un mouvement prolétarien international qui donna naissance à la 2e Internationale en 1889.
En son temps, le dévouement de Morris à la cause du socialisme a été ridiculisé par la bourgeoisie qui le traitait d’hypocrite, d'idiot et de traître. Aujourd'hui la classe dominante est encore plus déterminée à prouver que l'engagement de sa vie pour la révolution communiste est pure folie. Mais les révolutionnaires « idiots », les organisations communistes «folles », sont les seuls qui peuvent défendre, et ont le droit de critiquer l'héritage politique de William Morris.
Amos,.
Extrait de World Révolution n°195.
[1] Citations traduites de l'anglais par nous. A propos de William Morris, voir l'encart à la fin de cet article.
[2] Voir Revue Internationale n° 70 et 75
[3] « La part jouée par le travail dans la transition du singe à l'homme ».
[4] Manuscrits économiques et philosophiques, Ed. La Pléiade, Tome II, page 126.
[5] La femme dans le passé, le présent et l'avenir, Collection Ressources, page 254.
[6] Extraits de Elements of political economy de James Mill, par Marx. Traduit de l'anglais par nous
[7] Ibid. note 5.
[8] Ibid. note 1
[9] Nous citons ce passage en partie pour réfuter l'accusation souvent reprise selon laquelleMorris était « contre la technologie »,ce qui fut soulevé dès 1902 par Kautsky dans son livre La révolution sociale. Morris pensait certainement que la société socialiste verrait un retour à beaucoup de caractéristiques et de plaisirs de la production artisanale, mais c'était pour lui un choix rendu possible du fait que les machines avancées libéreraient substantiellement les producteurs des formes répétitives et inattractives du travail.
[10] Ibid note 5, page 267.
[11] Ibid.
[12] Ibid note 9.
[13] Ibid note 5, page 262.
[14] Ibid note 9.
[15] Ibid.
[16] Ibid note 5, page 268.
[17] Ibid note 1
[18] Introduction à la psychanalyse
[19] Ce que tout révolutionnaire doit savoir de /arépression, Petite collection Maspéro, page 96
[20] Where as we now »Commonweal, 15 novembre 1890. traduit de l'anglais par nous.