Les ambiguïtés sur les «partisans» dans la constitution du parti communiste internationaliste en Italie

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LETTRE DE BATTAGLIA COMUNISTA

Chers camarades,

Nous avons lu dans le numéro de septembre de votre journal le passage suivant ([1]) :

"A vrai dire, les révolutionnaires alias les "métaphysiciens impuissants" ne seront qu'à demi surpris des offres de service discipliné des bordiguistes au front unique. C'est avec un précédent bagage antifasciste que l'actuel PCI s'est formé. Les premiers à rejoindre les rangs viennent des groupes de "partisans' italiens", ensuite ceux du Comité antifasciste de Bruxelles, puis des éléments de l'ancienne minorité de la Gauche favorables à ce qu'ils estimaient pouvoir être une "véritable lutte de classe" face à Franco. Par contre, la Gauche Communiste en France et en Belgique est restée de façon intransigeante sur les bases affirmées par la Gauche Communiste Internationale. Pendant la Seconde guerre, ses appels ne sont pas allés vers les antifascistes "sincères" ou "ouvriers", mais ils se sont adressés au prolétariat mondial, l'appelant à transformer la guerre impérialiste en guerre civile, excluant par avance tout geste pouvant être interprété comme un appui critique à la démocratie."

Ce passage est extrait de l'article "Honnêtes propositions d'hymen frontiste du PCI, polémique contre une des habituelles escapades frontiste de Programma Comunista (Le Prolétaire) en France".

Nous n'entendons pas entrer ici dans le cœur d'une polémique qui ne nous concerne pas et sur laquelle nous avons déjà clairement défini notre position. Nous entendons plutôt demander une profonde rectification des graves affirmations contenues dans le passage cité, affirmations que nous n'hésitons pas à qualifier d'entièrement et complètement fausses, sans que nous sachions si elles ont été dictées par le manque de connaissance ou par le laisser-aller politique. Il est vrai que Programma Comunista (les bordiguistes) s'est mis en dehors du Partito Comunista Internazionalis­ta qui à Turin "en 1943 a tenu sa première convention et où s'étaient rassemblés à ce moment-­là ces mêmes camarades qui aujourd'hui ruminent de nouveau ce frontisme (antifasciste et syndical) depuis longtemps digéré par la Gauche révolutionnaire". Mais il est tout aussi vrai que le P. C. Internazionalista a continué d'être en Italie la seule force qui défende avec sérieux et de façon conséquente tout ce que la gauche avait fait de mieux dans sa tâche de tirer les leçons et les conclusions de la première vague révolutionnaire ouverte par la révolution en Russie et close au sein de la Troisième Internationale. Que par ailleurs les "programmistes" se réclament par commodité de ce même patrimoine d'élaboration et de lutte pour le renier dans la pratique politique, c'est une affaire qui nous concerne seulement à cause de la confusion que cela engendre même dans les avant-gardes ouvrières.

Et ce Partito Comunista Internazionalista fondé en 43 qui connut la convention de Turin, le congrès de Florence de 1948 et celui de Milan en 1952 n'a pas tout à fait un bagage simplement "antifasciste". Les camarades qui l'ont constitué provenaient de cette Gauche qui avait la première dénoncé, aussi bien en Italie qu'à l'étranger, la politique contre révolutionnaire du bloc démocratique (comprenant les partis staliniens et trotskistes) et avait été la première et la seule à agir au sein des luttes ouvrières dans les rangs mêmes des Partisans, appelant le prolétariat contre le capitalisme quel que soit le régime dont il se recouvre.

Les camarades, que RI voudrait faire passer pour des "résistants", étaient ces militants révolutionnaires qui faisaient un travail de pénétration dans les rangs des Partisans pour y diffuser les principes et la tactique du mouvement révolutionnaire et qui, pour cet engagement, sont même allés jusqu'à payer de leur vie. Devons-nous rappeler aux camarades de Révolution Internationale les figures d'Acquaviva et d'Atti? Et bien, ces deux camarades vilement assassinés sur ordre des chefs staliniens (les mêmes démocrates d'aujourd'hui), étaient des cadres du Partito Comunista Internazionalista et c'est aussi au fait de leur héroïque conduite révolutionnaire que le Partito Comunista Internazionalista a pu et peut se présenter avec toutes ses cartes en règle.

En ce qui concerne les camarades qui pendant la période de la guerre d'Espagne décidèrent d'abandonner la fraction de la Gauche Italienne pour se lancer dans une aventure en dehors de toute position de classe, rappelons que les événements d'Espagne qui ne faisaient que confirmer les positions de la Gauche, leur ont servi de leçon pour les faire rentrer de nouveau dans le sillon de la gauche révo1ution­naire. Le Comité antifasciste de Bruxelles dans la personne de Vercesi, qui au moment de la constitution du P.C.Int., pense devoir y adhérer, maintient ses propres positions bâtardes jusqu'au moment où le parti rendant le tribut nécessaire à la clarté se sépare des branches mortes du bordiguisme.

Ce que nous affirmons est confirmé par des documents qui existent et que les camarades de Révolution Internationale ont à leur disposition mais semblent ne pas avoir lu. Le premier cahier internationaliste avec tous les documents "d'époque" montre quelle fut la politique du P.C.Int. et de quel "frontisme" il se réclamait (unité des travailleurs contre la guerre et contre ses agents fascistes et démocrates), chose tout à fait différente du frontisme d'organisations qui est aujour­d'hui défendu par les programmistes.

En demandant que soit faite cette nécessaire rectification, au moment même où RI se place sur le terrain de la discussion avec les forces révolutionnaires et se déclare disponible pour l'initiative internationale de notre Parti, nous souhaitons que tous les révolutionnaires sachent mener un sérieux examen critique des positions sur les principaux problèmes politiques de la classe ouvrière aujourd’hui, en se documentant avec le sérieux propre précisément aux révolutionnaires, lorsqu’il s'agit de revenir (et c'est là quelque ­chose qui est toujours nécessaire) sur les erreurs du passé.

Saluts communistes

Pour l'exécutif du P.C.Int., Damen

REPONSE DU C. C. I.

Nous n'étions pas peu surpris de recevoir et de lire votre lettre imprégnée d'une sainte indignation, c'est le moins qu'on puisse dire. De quoi s'agit-il exactement ? Il s'agit d'un article publié dans le numéro 29 de Révolution Internationale du mois de septembre, article dirigé contre le PCI bordiguiste dans lequel nous mettions en relief l'opportunisme profond qui ronge cette organisation notamment pour ce qui concerne sa tendance de plus en plus accentuée vers le "frontisme". Le bordiguisme reconstitué en Parti à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, nous offre une image frappante d'une dégénérescence d'un courant autrefois communiste de gauche, sur toutes les questions qui se sont posées au mouvement ouvrier depuis la faillite de la 3eme Internationale : fonction du Parti, moment historique de sa constitution ; nature et fonction des syndicats aujourd’hui, programme de revendications transitoires ; électoralisme ; question de la libération nationale ; frontisme. Sur toutes ces questions, le bordiguisme converti en Parti, n'a fait qu'emprunter une voie qui l'éloigne de plus en plus des positions communistes et le rapproche chaque jour plus du trotskisme. Cette régression politique semble être la seule "invariance" dans l'évolution du bordiguis­me et tout groupe vraiment révolutionnaire ne peut manquer de se heurter à lui et de le combattre implacablement. C'est ce qu'avait fait Révolution Internationale dans l'article incriminé.

Comment se fait-il alors que les attaques dirigées contre le bordiguisme aient atteint Battaglia Comunista qui s'en plaint et proteste, ce qui nous a valu cette lettre ? A croire que les balles ont malencontreusement ricoché. Mais ricoché sur quoi?

En premier lieu, cela vient du fait qu'il existe en Italie au moins quatre groupes qui se nomment PCI, tous les quatre provenant du même Parti initial, se réclamant de la même continuité, de la même "invariance", de la même tradition et de la même plate-forme initiale dont chacun se revendique comme le seul, le vrai et légitime, l'unique héritier. Il est certainement dommage que, par un excès d'amour propre et souci d'authenticité, ces groupes, en maintenant le même nom, ne font qu'entretenir une confusion. Nous n'y sommes pour rien et ne pouvons que le regretter. A cela, il faut ajouter que, hors d'Italie, et surtout en France, c'est le groupe bordiguiste (Progranna Comunista) qui est connu comme le PCI et, quoi qu'en pense Battaglia, cela ne semble pas complètement illogique. S'il ne nous appartient pas de donner des attestations de légitimité, il nous semble cependant que c'est aller vite en besogne que de considérer le bordiguisme comme un courant qui n'a fait que "traverser" la Gauche Italienne, comme veut le faire accroire la lettre. Quelle que soit sa régression aujourd'hui, personne ne peut ignorer ou nier que, durant 25 années, le bordiguisme se confond complètement avec ce qu'on connaît comme la Gauche Italienne. Cela est non seulement vrai pour la fraction abstentionniste de Bordiga, et son journal Il Soviet dans les années 20, mais est encore attesté par le fait que la Plate-forme, présentée par la gauche au Congrès de Lyon en 1926 et qui servira de base à son exclusion du PC, porte expressément le titre : "Plate-forme de la Gauche (Bordiguiste)".

Quoi qu'il en soit, personne ne pouvait se tromper sur l'adresse à qui notre article était destiné. Aucune équivoque ne peut subsister car nous avions de plus pris la précaution de souligner en toutes lettres dans le sous-titre : "Un PCI (Programme Communiste) frontiste". Quant au passage que vous citez et qui semble tellement vous irriter, remarquons qu'il était non seulement de notre droit mais politiquement tout à fait logique de nous demander si cette dégénérescence du bordiguisme n'est qu'un fait du hasard, ou s'il ne faut pas en chercher les germes et les trouver déjà dans le passé, dans les conditions politiques mêmes dans lesquelles s'est constitué ce Parti. Ce qui vous gêne est que l'histoire de la constitution de ce Parti se trouve être également votre propre histoire. Aussi, vous essayez de minimiser cette unité de responsabilité, cette unité tout court existant à l'origine de ce Parti, en marquant une distinction à faire selon vous dès le début, entre les uns et les autres, en écrivant :

"Il est vrai que Programma Comunista (les bordiguistes) s'est mis en dehors du Partito Comunista Internazionalis­ta qui à Turin "en 1943 a tenu sa première convention et où s'étaient rassemblés à ce moment-­là ces mêmes camarades (…)".

"… jusqu'au moment où le parti rendant le tribut nécessaire à la clarté se sépare des branches mortes du bordiguisme".

En d'autres termes : à la constitution du PCI, il y avait nous et eux ; ce qui était bon, c'était nous, le mauvais, c'était eux. En admettant qu'il en fut ainsi, cela ne change rien au fait que ce "mauvais" y était, qu'il constituait un élément fondamental et unitaire dans le moment de la constitution du Parti et que personne n'a rien trouvé à y redire ni n'a élevé la moindre critique, parce que lancés tous ensemble dans une course précipitée de construction d'un Parti, on ne prit pas le temps (sans parler déjà d'un examen sérieux du moment de la constitution du Parti) de regarder de plus près avec qui on entreprenait cette construction et de quelles positions et activités ceux-ci se réclamaient.

De ne l'avoir pas vu et compris au moment même peut à la rigueur être une explication, en aucun cas une justification, et encore moins a posteriori. C'est pourquoi nous ne comprenons pas vos protestations quand nous ne faisons que rappeler tout simplement les faits et leur signification à nos yeux.

Battaglia Comunista nous demande une "profonde rectification des graves affirmations contenues dans le passage cité", en ajoutant, "affirmations que nous n'hésitons pas à qualifier d'entièrement et complètement fausses". En fait de rectification, nous nous voyons plutôt obligés de nous expliquer et d'apporter des précisions qui fondent nos affirmations et qui sont, quoiqu'en pense Bat­taglia Comunista loin d'être "entièrement et complètement fausses". Tout d'abord, une chose doit être claire : nous n'avons jamais dit que le PCI -fondé en 1943 - avait "tout à fait un bagage simplement 'antifasciste'". Si telle avait été notre appréciation, nous l'aurions dit et nous aurions eu à son égard une attitude politique en conséquence, c'est-à-dire de dénonciation pure et simple comme envers les trotskistes, et non celle de la confrontation, ce qui est tout à fait différent, même si cette confrontation est parfois violente. Nous ne disons pas que les positions du PCI étaient "simplement" antifascistes, mais que dans le Parti, on avait laissé droit de cité (et cela jusque dans la direction) à des éléments qui se réclamaient ouvertement d'expériences (les leurs) frontistes et antifascistes. Ce que nous voulons mettre en évidence, c'est qu'à côté des affirmations de positions de classe, le PCI laissait subsister des ambiguïtés, tant du point de vue du regroupement des éléments que de celui des formulations. Tout se passait comme si en fermant la porte, on laissait à tout hasard la fenêtre entrouverte. Il ne faut pas nous faire dire ce que nous ne disons pas, mais nous entendons défendre tout ce que nous disons. Aussi nous souscrivons pleinement à ce qu'écrivait Internationalisme n°36 en juillet 1948 :

'Tout comme après la Conférence de 1945, nous estimons qu'en son sein (le PCI) sont rassemblés un grand nombre de militants révolutionnaires sains, et de ce fait, cette organisation ne peut être considérée comme perdue d'avance pour le prolétariat".

Internationalisme n'aurait certainement pas parlé ainsi d'un groupe simplement antifasciste, mais cela ne diminue en rien les "graves affirmations" critiques qu'il portait contre les "ambiguïtés" et les erreurs du PCI que les vicissitudes ultérieures de ce Parti, ses crises, et ses scissions, ont depuis amplement justifiées.

Ces ambiguïtés et erreurs, nous les trouvons dans le fait même de la constitution du Parti. Le Parti ne se constitue pas à n'importe quel moment. La Gauche Communiste de France avait raison en s'appuyant sur les critiques pertinentes portées par "Bilan" contre la proclamation de la 4eme Internationale de Trotski, de critiquer énergiquement la constitution du P.C.I. Un tel Parti constitué dans une période de réaction et de défaite de la classe porte non seulement des marques de volontarisme et d'artificiel mais doit nécessairement contenir des "flous" et des ambiguïtés politiques. Jamais, à notre connaissance, le P.C.I. (que vous soyez les seuls ou non à continuer) n'a répondu à cette critique, préférant, dans son enthousiasme de la constitution, l'ignorer dans un silence dédaigneux, en même temps qu'il ouvrait les portes à des éléments politiquement douteux.

Nous trouvons ces ambiguïtés dans la Plate-forme Politique du P.C.I. publiée en français en mai 1946. Faut-il insister sur le fait que durant la guerre et surtout vers la fin de celle-ci, les questions sur l'attitude des révolutionnaires face à la guerre, la Résistance partisane, la mystification antifasciste et autres "libérations" prenaient une acuité particulière, exigeant la plus grande clarté et intransigeance ? Parlant de ces activités et tout en condamnant la Résistance dans son ensemble, la Plate-forme écrit :

"Les éléments effectifs de l'action clandestine qui a été développée contre le régime fasciste ont été et sont des réactions spontanées et informes de groupements prolétariens et de rares intellectuels désintéressés ainsi que l'action et l'organisation que tout Etat et toute armée créent et alimentent aux arrières de l'ennemi." (Plate-forme, p. 19, § 7).

Tout le paragraphe 7, où est traitée la question des Partisans, s'efforce d'habiliter l'idée que ce mouvement a un double fondement : l'un d'origine prolétarienne, l'autre émanant des Etats et armées adversaires. Et pour mieux faire valoir encore le caractère de "réactions spontanées et informes de groupements prolétariens" on ira jusqu'à minimiser le poids de l'autre : "Ces chefaillons politiques qui sont apparus comme des mouches du coche n'ayant eu qu'une influence minime dans cette action" (ibid.). Comment ne pas sentir toute l'ambiguïté de cet autre passage de ce même paragraphe :

"En réalité le réseau que les partis bourgeois et pseudo-prolétariens ont constitué dans la période clandestine, n'avait pas du tout comme but l'insurrection partisane nationale et démocratique, mais seulement la création d'un appareil destiné à immobiliser tout mouvement révolutionnaire, qui aurait pu se déterminer au moment de l'effondrement de la défense fasciste et allemande." (Ibid.)

Cette insistance à vouloir distinguer et opposer "l'insurrection partisane nationale et démocratique" à la recherche d'"d'immobiliser tout mouvement révolutionnaire" recouvre nettement la première distinction faite sur l'origine et caractère doubles du mouvement Partisan et mène logiquement à la reconnaissance d'un possible mouvement "antifasciste prolétarien" sincère, démocratique et tout, en opposition à un faux antifascisme bourgeois.

C'est voiler à peine le lien "naturel" qu'on établit ainsi entre le prolétariat et les Partisans, et ce léger voile disparaîtra complètement quand on écrira:

"Ces mouvements (des Partisans) qui n'ont pas une orientation politique suffisante (sic !) expriment tout au plus la tendance de groupes prolétariens locaux à s'organiser et à s'armer pour conquérir et conserver le contrôle des situations locales et donc du pouvoir." (p. 2, § 18)

Le mouvement de Partisans n'est plus dénoncé pour ce qu'il est, la mobilisation des ouvriers pour la guerre impérialiste, mais devient une tendance de groupes prolétariens pour conquérir le pouvoir local, mais, malheureusement... "avec une orientation politique insuffisante"… !

Quand on pense que ce sont là des textes extraits de la Plate-forme, c'est-à-dire, le document de fondement, écrit avec la plus grande attention et par les membres les plus autorisés, on peut s'imaginer aisément quelles diatribes antifascistes se trouvaient dans la presse locale du P.C.I., dans le Sud surtout, qui se trouvait isolé et coupé du centre qui était dans le Nord ([2]).

Avec une telle définition, on ne peut s'étonner qu'on en soit arrivé à prendre la défense de ces luttes :

"En ce qui concerne la lutte partisane et patriotique contre les Allemands et les fascistes, le Parti dénonce la manœuvre de la bourgeoisie internationale et nationale qui, avec sa propagande pour la renaissance d'un militarisme d'Etat officiel (propagande vide de sens) (sic) vise à dissoudre et à liquider les organisations volontaires de cette lutte, qui, dans beaucoup de pays ont déjà été attaquées par la répression armée."

On nous demandait une "rectification profonde de graves affirmations". Nous sommes absolument d'accord et convaincus que ces rectifications sont nécessaires et s'imposent. La seule question est de savoir qui doit rectifier quoi ? Est-ce à nous de rectifier de fausses accusations d'antifascisme ? Ou est-­ce à Battaglia de rectifier des postulats et des formulations plus qu'ambiguës de la Plate-forme, base de constitution du P.C.I. ?

Comment le P.C.I. pouvait-il prendre la défense de l'organisation Partisane contre la menace de leur dissolution par l'Etat ? Les Partisans étaient l'organisation armée dans laquelle la bourgeoisie mobilisait les ouvriers de l'arrière pour la guerre impérialiste au nom de l'antifascisme et de la libération nationale. Cela ne semble pas tellement évident pour le P.C.I. qui voit dans cette organisation de Partisans patriotique et antifasciste quelque chose d'autre, "une réaction spontanée de groupements prolétariens" - d'où sa politique pleine de sollicitudes à son égard :

"Face à ces tendances qui constituent un fait historique de premier ordre... le Parti met en évidence que la tactique prolétarienne exige en premier lieu que les éléments les plus combatifs et les plus résolus trouvent finalement (!) la position politique et l'organisation qui leur permettra - après avoir longtemps donné leur sang pour la cause des autres - de se battre enfin et seulement pour leur propre cause." (Ibid.).

Qu'on ne s'y trompe pas. Il ne s'agit pas pour le P.C.I. d'éléments ouvriers égarés et entraînés dans une organisation capitaliste que le prolétariat en premier ordre doit détruire, mais donc d'une organisation ouvrière, "un fait historique de premier ordre", ayant une "orientation politique insuffisante", qu'on doit défendre contre la manœuvre de la bourgeoisie qui veut la dissoudre, avec qui il peut y avoir un dialogue, un terrain fertile pour la révolution et dans les rangs de laquelle on va pénétrer pour porter les positions communistes.

On pense nous confondre en nous disant que les militants du P.C.I. dans les rangs des Partisans n'allaient pas pour faire œuvre de "résistants" mais pour "diffuser les principes et la tactique du mouvement révolutionnaire". Soit. Mais pour faire la propagande orale ou écrite, on ne demande pas aux révolutionnaires l'adhésion dans une organisation contre révolutionnaire. Ce genre de pénétration est la tactique de ceux qui vont faire du "noyautage tactique" que nous n'apprécions pas outre mesure et que nous préférons laisser aux trotskistes. Mais cela n'explique pas encore pourquoi, précisément, dans les rangs des Partisans... et non pas dans les Partis P.S. ou P.C., par exemple ? Cela ressemble bien plus à la tactique d"'entrisme" des trotskistes et n'a rien de commun avec les positions révolutionnaires de la Fraction Italienne de la Gauche Communiste. Que ce soit de leur propre chef (ou sur décision du Parti) que le Parti ait accepté que "des cadres du Parti" adhèrent à l'organisation de Partisans, c'est là une "tactique" plus qu'étrange et que nous ne pouvons qualifier que de collaboration politique. Les Partisans, ne l'oublions pas, est une organisation contre révolutionnaire de la pire espèce, créée pendant la guerre en vue de perpétuer le massacre des ouvriers; c'est une organisation militaire, basée sur le "volontariat" (tout comme les S.S.) et, à ce titre, n'offre aucun terrain propice de diffusion de principes et tactiques révolutionnaires, ce qui la distingue de l'armée, dans laquelle les ouvriers sont mobilisés de force ([3]). Le fait que cette organisation de guerre avait des allures "populaires" et sur sa façade "l'antifascisme", ne justifiait nullement la politique de pénétration et l'envoi de cadres de la part d'un Parti révolutionnaire. Si le P.C.I. l'a fait, c'est que lui-même était dans la confusion et, en plus, pris dans son "activisme", il a commis une terrible légèreté en laissant aller, ou, pire encore, en envoyant des militants dans ce repaire contre révolutionnaire militaire où ils ne pouvaient que se faire assassiner. D'une telle erreur, il n'y a vraiment pas de quoi se vanter ([4]).

Nous ne connaissons pas le détail des circonstances dans lesquelles furent assassinés, sur ordre des staliniens, les camarades Acquaviva et Atti. Mais leur fin tragique, loin d'apporter la preuve de la justesse de votre politique de participation, ne fait que nous renforcer dans notre conviction. Beaucoup de trotskistes en France et ailleurs ont perdu leur vie dans des circonstances analogues ; cela ne prouve nullement que la politique de participation qu'ils pratiquaient était révolutionnaire

Après tout ce que nous venons de voir, aucun doute n'est possible sur l'ambiguïté de la position du P.C.I. au moment de sa constitution concernant la question de la Résistance antifasciste et Partisane - et ceci devra peser sur l'évolution ultérieure de l'organisation. Pour confirmer nos dires, il suffit de citer l'intervention de Danielis ([5]) au Congrès du P.C.I. à Florence (6-9 mai 1948) :

"Une chose doit être claire pour tout le monde : le Parti a subi l'expérience grave d'un facile élargissement de son influence politique - due à un non moins facile activisme - non en profondeur (car difficile) mais en surface. Je dois faire part d'une expérience personnelle qui servira de mise en garde face au danger d'une facile influence du Parti sur certaines couches, de masses, conséquence automatique d'une non moins facile formation théorique des cadres. Je me trouvais comme représentant du Parti à Turin, dans les derniers mois de la guerre. La Fédération était numériquement forte, avec des éléments très activistes, des tas de jeunes, de nombreuses réunions,­ des tracts, le journal, un Bulletin, des contacts avec les usines ; des discussions internes qui prenaient toujours un ton extrémiste dans les divergences sur la guerre en général ou la guerre de Partisans en particulier ; des contacts avec des éléments déserteurs. La position face à la guerre était claire : aucune participation à la guerre,  refus de la discipline militaire de la part d'éléments qui se proclamaient internationalistes. On devait donc penser qu'aucun inscrit au Parti n'aurait accepté les directives du "Comité de Libération Nationale". Or, le 25 avril au matin (date de la "libération" de Turin), toute la Fédération de Turin était en armes pour participer au couronnement d'un massacre de 6 années, et quelques camarades de la province -encadrés militairement et disciplinés ­entraient à Turin pour participer à la classe à l'homme. Moi-même, qui aurais dû déclarer dissoute l'organisation, je trouvais un moyen de compromis et fis voter un ordre du jour dans lequel les camarades s'engageaient à participer au mouvement individuellement. Le Parti n'existait pas ; il s'était volatilisé."

Ce témoignage public d'un vieux militant responsable et formé par une longue expérience de la Fraction Italienne à l'étranger est éloquent et dramatique à la fois. Ainsi, ce n'est pas le Parti qui pénétrait dans les rangs de Partisans pour diffuser les principes et la tactique révolutionnaires, mais c'était bel et bien l'esprit de Partisans qui pénétrait dans le parti et gangrenait ces militants. Le fait que le P.C.I. ne se soit jamais livré à un débat critique approfondi sur ce sujet, que pour des raisons de prestige prévalant, le Parti ait préféré se réfugier dans le silence, entraînant, comme nous le verrons, d'autres "silences", explique bien des incidences le long de son histoire, la survivance de ces ambiguïtés et leur développement même, dans l'ensemble des groupes dans lesquels il s'est divisé.

Cette ambiguïté concernant la question de Partisans, nous la retrouverons à chaque pas dans les groupes issus du PCI originel, et cela non seulement chez les bordiguistes (Programma) avec leur soutien des mouvements de libération nationale dans les pays sous-développés. Nous la retrouvons dans le Bulletin International publié en français au début des années 60, fait en commun par News and Letters, Munis et Batta­glia Comunista, où, dans un article d'un camarade italien, on essaie de montrer à l'aide de la théorie du "cas particulier" que les Partisans en Italie avaient quelque chose de différent des autres résistances dans les autres pays, et donc justifiait un traitement particulier. Les traces de cette position ambiguë, nous les retrouvons encore jusque dans la lettre présente de Battaglia Comunista quand elle parle "d'agir au sein des luttes ouvrières et dans les rangs mêmes des Partisans".

Selon la lettre de Battaglia, les camarades de la minorité de la fraction italienne allèrent en Espagne "en dehors de toute position de classe", à l'encontre des militants du PCI qui, eux, "faisaient un travail de pénétration dans les rangs des Partisans pour y diffuser les principes et la tactique du mouvement révolutionnaire". Mais est-ce que les camarades de Battaglia Co­munista pensent que les militants de la minorité sont allés en Espagne pour "défendre la démocratie républicaine contre le fascisme" ? Eux aussi, en allant en Espagne, tout comme ceux du P.C.I. dans les rangs des Partisans, voulaient aller pour diffuser dans les files des principes et la tactique du mouvement révolutionnaire", pour la Dictature du Prolétariat, pour le Communisme. Pourquoi celle de la minorité a été une "aventure" et celle du P.C.I. un acte d'héroïsme ? Une simple question, et qui ne trouve certes pas sa réponse dans l'affirmation toute gratuite que les évènements "leur ont servi (à la minorité) de leçon pour les faire rentrer dans le sillon de la gauche révolutionnaire". Cette minorité exclue de la fraction, en 36 va se regrouper dans l'Union Communiste, qui défend les mêmes positions, et va y rester jusqu'à la dispersion de ce groupe pendant la guerre. Il n'a jamais plus été question de retour de ces militants à la Gauche Communiste, jusqu'au moment de la dissolution de la fraction et l'intégration de ses militants dans le P.C.I. (fin 45). Il n'a jamais été question de "leçon", ni de rejet de position, ni de condamnation de leur participation à la guerre antifasciste d'Espagne de la part de ces camarades. C'est tout simplement l'euphorie et la confusion de la constitution du parti "avec Bordiga" qui ont incité ces camarades, y compris les quelques camarades français survivants de l'ancienne Union Communiste, à le rejoindre, et cela sous l'instigation directe de Vercesi, devenu entre temps dirigeant du parti et son représentant en dehors d'Italie. Le Parti en Italie ne leur a pas demandé de comptes, non pas par ignorance – de vieux camarades de la fraction comme Danielis, Lecce, Luciano, Butta, Vercesi et tant d'autres ne pouvaient pas ignorer cette minorité que neuf ans avant ils ont eux-mêmes exclue - mais parce que le moment n'était pas à "de vieilles querelles" ; la reconstitution du Parti effaçait tout. Ce parti qui n'était pas trop regardant sur l'agissement des Partisans présents dans ses propres militants ne pouvait se montrer rigoureux envers cette minorité pour son activité dans un passé déjà lointain et lui ouvrait "naturellement" ses portes, faisant d'elle, dans le silence, l'assise de la section française du nouveau Parti.

Les choses ne vont pas mieux pour ce qui concerne les explications sur le Comité Antifasciste de Bruxelles et son promoteur Vercesi. A ce sujet la lettre dit :"Le Comité antifasciste de Bruxelles dans la personne de Vercesi, qui au moment de la constitution du PCI pense devoir y adhérer, maintient ses propres positions bâtardes jusqu'au moment le Parti, rendant le tribut nécessaire à la clarté, se sépare des branches mortes du bordiguisme". Qu'en termes galants ces choses là sont dites ! Il - Vercesi - pense devoir y adhérer !!?? Et le Parti, qu'en pense-t­-il ? Ou est-ce que le Parti est une société de bridge où adhère qui veut bien y penser ? Ver­cesi n'était pas le premier venu. C'est un vieux militant de la Gauche Italienne des années 20 -et principal porte-parole de la Gauche Italienne dans l'émigration. Il est l'âme de la Fraction, et principal rédacteur de Bilan. Son œuvre militante et ses mérites révolutionnaires sont énormes, de même que son influence. C'est pourquoi la lutte au sein de la Fraction à la veille de la guerre comme durant celle-ci contre les positions de plus en plus aberrantes de Vercesi avait une grande importance.

L'annonce de la constitution d'un Comité Antifasciste italien à Bruxelles les derniers mois de la guerre, avec Vercesi - au nom de la Fraction - à sa tête devait provoquer une violente réprobation parmi les éléments et groupes révolutionnaires en France. La fraction regroupée en France - avec l'accord du Groupe Français de la Gauche Communiste - a réagi en excluant Vercesi de la Fraction, quelques mois avant de connaître la constitution du Parti en Italie et qu'elle ne proclame sa propre dissolution. Ce qui rendait plus grave le comportement politique de Vercesi, c'est qu'il entraînait derrière lui les camarades italiens de Bruxelles et la majorité de la Fraction Belge. C'est dans cette situation que quelques mois après, Vercesi se rend en Italie où il obtient ces nouvelles investitures de dirigeant du nouveau Parti et sa représentation à l'étranger. Le Parti ne pouvait pas ne pas connaître ces évènements parce que, non seulement une bonne partie des camarades responsables de la Fraction dissoute venaient de retourner en Italie, mais surtout parce que le Groupe Français de la Gauche Communiste posait ces débats publiquement dans sa revue Internationalisme et multipliait ses lettres directes et lettres ouvertes au P.C.I. et aux autres fractions de la Gauche Communiste, dans lesquelles il critiquait et condamnait tous ces agissements. Mise à part la Fraction Belge, le P.C.I. s'enfermait dans un épais silence pour finalement, pour toute réponse, ne reconnaître en France que la Fraction nouvellement constituée par le même Vercesi sur la base et le concours de l'ancienne minorité, écartant ainsi le groupe Internationalisme et ses questions gênantes. Il fallait attendre pas moins que 1948 pour que le Parti se décide à rompre le silence, et dans une brève et laconique résolution se prononce contre le Comité Antifasciste de Bruxelles sans même mentionner nominalement celui qui reste un de ses dirigeants : Vercesi. La politique du silence, c'est la politique du maintien de l'ambiguïté. Et il fallait encore 5 années supplémentaires pour que, comme dit la lettre, "le Parti, rendant le tribut nécessaire à la clarté, se sépare des branches mortes du bordiguisme".

Il n'est pas dans notre intention de faire un historique du P.C.Int. Si nous nous sommes arrêtés longuement sur la Plate-forme et la question des Partisans, c'est parce que c'était à l'époque la question clé. Nous nous sommes peu arrêtés sur l'intégration de la minorité de la Fraction qui a participé à la guerre d'Espagne, ainsi que celle des tenants du Comité Antifasciste de Bruxelles, quoique les implications politiques de ces derniers soient de la plus haute importance, car ce que nous voulions n'était pas une condamnation ad hoc, mais simplement corroborer nos dires qu'à la base de la constitution du P.C.Int. se trouvent de graves ambiguïtés qui font de celui-ci une régression politique par rapport aux positions de la Fraction d'avant-guerre et de Bilan. Tout en se maintenant globalement sur un terrain de classe, le P.C.Int. n'est pas parvenu à se dégager des vieilles positions erronées de l'Internationale Communiste comme sur la question des syndicats et de la participation aux campagnes électorales. L'évolution ultérieure du P.C.Int. et la dislocation en plusieurs groupes qui s'en est suivie prouvent son échec. L'apport de la Gauche Italienne est considérable et ses travaux théoriques politiques appartiennent au patrimoine de l'histoire du mouvement révolutionnaire du prolétariat. Mais, comme pour la Gauche Allemande ou la Gauche Hollandaise, tout indique l'épuisement depuis longtemps de ce que fut la Gauche Italienne traditionnelle. C'est là une constatation d'une rupture de la continuité organique. Le terrible cours de la contre révolution, sa profondeur et sa longue durée, ont eu raison physiquement et organiquement de l'I.C. en faillite. La Fraction se voulait comme un pont entre le Parti d'hier et celui de demain. Cela ne s'est pas réalisé. La constitution du P.C.Int. se voulait être le pôle du nouveau mouvement révolutionnaire. Et la période, et ses propres insuffisances et ambiguïtés ne l'ont pas permis. Il a échoué et apparaît plus comme une survivance du passé que comme un nouveau point de départ. ([6])

Avec la réapparition de la crise historique qui ébranle les fondements du système capitaliste, avec la reprise de la lutte des ouvriers dans tous les pays, ne pouvait manquer le resurgissement de nouveaux groupes révolutionnaires, exprimant la nécessité et la possibilité d'un regroupement des révolutionnaires. Il faut cesser de se réclamer d'une vague et douteuse continuité organique et de vouloir la ressusciter artificiellement. Il importe de s'atteler sérieusement a la tâche de regroupement, de créer un pôle de regroupement des révolutionnaires. C'est la tâche de l'heure.

Mais ce regroupement, pour remplir vraiment sa fonction et être apte à l'assumer pleinement, ne peut se réaliser qu'à partir et sur les bases de critères politiques précis, d'une cohérence et d'orientations claires, fruit des expériences du mouvement ouvrier et de ses principes théoriques. C'est là un effort à poursuivre méthodiquement avec le plus grand sérieux. Il faut se garder de la facilité comme disait Danielis, en convoquant des conférences sur la base vague d'une dénonciation de tel ou tel tournant des Partis "Communistes" d'Europe. Cela serait mettre en avant le souci du plus grand nombre aux dépens de critères politiques seuls aptes à constituer un fondement solide et donner une vraie signification à un regroupement révolutionnaire. Sur ce point encore, l'expérience de la constitution du P.C.Int. peut nous servir de leçon édifiante.

Fermement attaché à l'idée de la nécessité de contact et de regroupement des révolutionnaires, le C.C.I. encouragera et participera activement à toute tentative dans ce sens. C'est pourquoi il a répondu positivement à l'initiative de Battaglia d'une Conférence Internationale de groupes révolutionnaires, tout en mettant en garde contre l'absence de critères politiques, ce qui permet l'invitation de groupes tels que les trotskistes, modernistes de l'Union Ouvrière, ou mao-trotskistes du Combat Communiste, dont nous ne voyons pas la place dans une conférence de communistes.

On nous a demandé une "rectification". Nous venons de la faire, un peu longue peut-être, mais assez claire espérons-nous. C'est justement parce que nous restons plus que jamais convaincus de la nécessité de discussion entre les groupes qui se réclament du communisme que nous pensons que ces discussions ne seront vraiment fécondes que dans la plus grande clarté sur les positions politiques, dans le présent comme dans le passé.

Dans l'attente de vos nouvelles, et avec nos salutations communistes.

 

Le COURANT COMMUNISTE INTERNATIONAL - 30/11/76


[1] RI n°29.

[2] Nous avons pu prendre connaissance de ces journaux, mais nous ne pouvons malheureusement pas en citer des passages, ne les ayant pas à notre disposition. Le Parti certainement pourrait les republier... ?

[3] Les Partisans se sont constitués directement sous le contrôle des Alliés et, sur place, sous le contrôle du Parti Communiste et du Parti Socialiste.

[4] De façon générale, nous n'aimons pas beaucoup le ton vantard concernant les camarades qui ont constitué le P.C.I., et qui provenaient de cette Gauche qui "avait été la première et la seule à agir au sein de luttes ouvrières et dans les rangs mêmes des Partisans appelant le prolétariat à la lutte contre le capitalisme, quel que soit le régime dont il se recouvre."  Premièrement, il et difficile de ne pas être la "première" quand on est la "seule". Deuxièmement, cette Gauche n'était pas la "seule". D'autres groupes existaient comme les Conseillistes hollandais et américains, le R.K.D., les C.R., etc., qui défendaient les positions de classe contre le capitalisme et contre la guerre. Troisièmement, si on veut parler de participation jusque dans les rangs des Partisans, cette partie de la Gauche italienne qui s'est laissée entraîner n'aura sûrement pas trop souffert d'isolement, étant en bonne compagnie avec toutes sortes de groupes, des trotskistes aux anarchistes.

[5] Danielis était un militant actif de la Fraction Italienne en France et est retourné en Italie à la veille de la guerre.

[6] Il suffit de rappeler l'absence totale de différents groupes se réclamant du P.C.Int. lors des luttes de la FIAT et de Pirelli de l'automne chaud en 1969 en Italie, complètement surpris par les évènements, pour s'en convaincre. Ne parlons pas du ridicule appel des bordiguistes appelant, par une petite affiche écrite à la main, collée sur les murs de l'université, les 12 millions d'ouvriers en grève à se mettre derrière le drapeau du Parti... en mai 1968 en France.

 

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