Polémique : Face aux bouleversements à l'Est, une avant-garde en retard

Afficher une version adaptée à l'édition sur imprimante

L'effondrement du bloc de l'Est est l'événement historique le plus important :

  • depuis les accords de Yalta en 1945, qui établissaient la division et le partage du monde entre deux blocs impérialistes antagonistes dominés respectivement par les USA et l'URSS ;
  • depuis la reprise de la lutte de classe à partir de 1968, mettant fin aux noires années de la contre-révolu­tion qui régnait depuis la fin des années 1920.

Un événement d'une telle importance est une épreuve, un test déterminant, pour les organisations révolu­tionnaires et le milieu prolétarien dans son ensemble. Il n'est pas un simple révélateur de la clarté ou de la confusion des organisations politiques, il a des implications extrêmement concrètes. De leur capacité à y répondre clairement dépend non seulement leur propre avenir politique mais aussi la capacité de la classe à s'orienter dans la tempête de l'histoire.

L'activité des révolutionnaires n'est pas gratuite, elle a des conséquences pratiques pour la vie de la classe. La capacité de développer une intervention claire contribue au renfor­cement de la conscience dans la classe, et l'inverse aussi est vrai, l'impuissance à intervenir, la confusion des organisa­tions prolétariennes, constituent des entraves à la dyna­mique révolutionnaire dont la classe est porteuse.

Face au séisme économique, politique et social qui ravage les pays du pacte de Varsovie depuis l'été 1989, comment le milieu politique prolétarien et les organisations révolution­naires qui le constituent ont réagi ? Comment les événe­ments ont été compris ? Quelle intervention a été faite ? Ce ne sont pas là des questions secondaires et des prétextes à des polémiques stériles, ce sont des questions essentielles qui influencent très concrètement les perspectives du futur.

Le retard du milieu politique face à de l'importance des événements [1]

Le PCI, Battaglia Comunista commence une prise de posi­tion évolutive durant l'automne 1989, mais il faut attendre la nouvelle année pour que paraissent les premières prises de position de la CWO, du PCI-Programme Communiste, Le prolétaire, et du FOR, fin février 1990, paraissent deux textes de débat interne de la FECCI sur la situation dans les pays de l'Est, mais il faudra attendre avril pour voir paraître sa publication : Perspective internationaliste, n° 16, datée de l'hiver ! Avec le printemps, les petites sectes retrouvent un peu de vigueur et publient enfin des prises de position. Communisme ou civilisation, Union prolétarienne, le GCI, Mouvement communiste pour la formation du parti mondial, sortent de leur léthargie. De longs mois se sont écoulés jusqu'à la fin de l'année 1989 durant lesquels, en dehors des prises de position du CCI, les prolétaires dési­reux de se clarifier et de connaître le point de vue des groupes révolutionnaires n'avaient à se mettre sous la dent qu'un maigre numéro de BC et du Prolétaire. Lorsque le CCI publie dans la Revue internationale n° 61, une polé­mique écrite fin février [2], celle-ci ne peut traiter que des positions de trois organisations: le BIPR qui regroupe la CWO et BC, le PCI Le prolétaire et le FOR, pourtant, six mois se sont écoulés depuis les premiers événements mar­quants et significatifs.

Certes, l'effondrement d'un bloc impérialiste sous les coups de la crise économique mondiale n'a pas de précédent dans l'histoire du capitalisme, la situation est historiquement nouvelle, et donc difficile à analyser. Cependant, indépen­damment même du contenu des positions développées, ce retard traduit avant tout une incroyable sous-estimation de l'importance des événements et du rôle des révolution­naires. La passivité des organisations politiques qui envi­ronnent le CCI face à l'implosion du bloc de l'Est et aux interrogations nécessaires qu'un tel fait soulève au sein de la classe ouvrière en dit long sur l'état de décrépitude poli­tique dans lequel elles s'enfoncent.

Ce n'est certes pas un hasard si les organisations qui ont réagi le plus rapidement sont celles qui se rattachent par leur histoire le plus clairement aux traditions communistes des Gauches, et particulièrement de la Gauche italienne, celles qui, dans la durée, ont déjà montré une relative soli­dité. Elles constituent les pôles politiques et historiques du milieu prolétarien. Les petites sectes qui gravitent autour, produits des multiples scissions, fondamentalement, n'expriment pas de points de vue si originaux ou nouveaux qu'ils puissent justifier leur existence séparée. Pour se dis­tinguer, elles ne peuvent que, soit de "découverte" en "découverte", s'enfoncer dans la confusion et le néant, soit singer de manière caricaturale et stérile les positions classi­quement en débat au sein du milieu révolutionnaire.

Dans cet article polémique, nous privilégions donc d'abord le BIPR, qui, en dehors du CCI, reste le principal pôle de regroupement, et les groupes bordiguistes, car même si ce courant s'est effondré en tant que pôle de regroupement, il n'en reste pas moins un pôle politique important des débats au sein du milieu révolutionnaire. Pour autant, nous essaye­rons de ne pas négliger les prises de position des groupes "parasites" tels la FECCI, Communisme pu Civilisation, et même celles du GCI, dont on peut raisonnablement se demander s'il a encore le bout d'un doigt de pied au sein du camp prolétarien. La liste, évidemment, n'est pas exhaus­tive. Ces derniers groupes traduisent, le plus souvent de manière outrancière, les faiblesses qui s'expriment au sein du milieu prolétarien et sont un révélateur de la logique où mènent les confusions véhiculées par les groupes les plus sérieux.

Face aux bouleversements intervenus dans les pays de l'Est, dans l'ensemble, toutes les organisations révolutionnaires ont su afficher clairement à un niveau théorique général deux positions de base qui, le plus souvent, à défaut même d'analyse de la situation, ont fait office de première prise de position :

  • l'affirmation de la nature capitaliste de l'URSS et des pays satellites ;
  • la dénonciation du danger que constituent pour la classe ouvrière les illusions démocratiques.

La clarté sur ces deux principes de base qui fondent l'existence et l'unité du milieu politique prolétarien est bien le moins qu'on pouvait attendre de la part d'organisations révolutionnaires. Mais, sorti de là, c'est une confusion cacophonique qui règne quant à l'analyse des événements. Le retard dans la prise de position de la plupart des groupes du camp révolutionnaire n'est pas un simple retard pratique, une incapacité à bouleverser le rythme douillet des échéances des publications pour faire face aux événe­ments historiques qui le nécessitent, c'est un retard à reconnaître l'évidence de la réalité, à simplement constater les faits et en premier lieu l'effondrement et l'éclatement du bloc de l'Est.

En octobre 1989, "BC voit l’empire oriental encore solidement sous la botte russe", en décembre 1989, elle écrit : "L'URSS doit s'ouvrir aux technologies occidentales et le Comecon doit faire de même, non -comme le pensent certains- dans un processus de désintégration du bloc de l'Est et de désengagement total de l'URSS des pays d'Europe, mais pour faciliter, en revitalisait les économies du Comecon, la reprise de l'économie soviétique". Ce n'est qu'en janvier 1990 qu'apparaît une première prise de position claire du BIPR dans Workers'Voice, la publication de la CWO : ces "événe­ments d'une importance historique mondiale" signifient "l’amorce d’un effondrement de l'ordre mondial créé vers la fin de la 1e  guerre mondiale" et ouvrent une période de "reformation de blocs impérialistes".

Les deux principaux groupes de la diaspora bordiguiste vont montrer plus de rapidité de réflexe que le BIPR. Dans son numéro de septembre 1989, 77 Programma comunista envi­sage la désagrégation du pacte de Varsovie et la possibilité de nouvelles alliances, comme le fait au même moment Il Partito comunista. Cependant, ces prises de position posées comme hypothèses né sont pas dépourvues d'ambiguïtés. Ainsi, en France Le Prolétaire peut encore écrire que "l'URSS est peut-être affaiblie, mais elle est encore comptable du maintien de l'ordre dans sa zone d'influence".

En janvier, le FOR annonce timidement, sans autre déve­loppement, qu"'on peut considérer que le bloc stalinien est vaincu".

La FECCI, au printemps 1990, nous offre deux positions. Celle majoritaire, position officielle de cette organisation, ne voit dans les événements de l'Est qu'"une tentative de l'équipe Gorbatchev de réunir progressivement toutes les conditions qui permettraient à l'Etat russe de mener une réelle contre-offensive dirigée contre l'Ouest". La minorité, plus lucide, note que la situation échappe au contrôle de la direction soviétique et que les réformes ne font qu'aggraver la débâcle du bloc russe.

Pour Communisme ou Civilisation, qui publie sur le sujet un texte dans le n° 5 de la Revue internationale du Mouvement communiste, "l'importance historique des événements en cours tient en premier lieu à leur situation géographique" ! Et après un long pensum académique où une multitude d'hypothèses de toutes sortes sont envisagées, aucune prise de position claire ne se dégage : en fait, en Europe de l'Est, c'est à une simple crise de restructuration à laquelle nous assisterions.

Quant au GCI et à son avatar le Mouvement communiste pour la formation du Parti communiste mondial dont les publications nous parviennent au printemps, l'effondrement du bloc de l'Est n'est même pas envisagé ; il s'agirait pour eux de simples manoeuvres de restructuration pour faire face à la crise et surtout à la lutte de classe.

On le voit, les organisations du milieu prolétarien ont mis des mois à mesurer la signification des événements et le plus souvent, l'ambiguïté subsiste, la porte reste ouverte à l'illusion d'une possible reprise en main par l'URSS de son ex-bloc. Six mois après le début des événements, le BIPR ne voit que l’"amorce" d'un processus alors que l'URSS a fondamentalement déjà perdu tout contrôle sur son glacis est-européen. Quant aux sectes parasites, elles n'ont pour ainsi dire rien vu. Solidarnosc a gagné les élections en Pologne durant l'été, avec l'automne, le mur de Berlin est tombé, les partis staliniens ont été jetés hors du pouvoir en Tchécoslovaquie et en Hongrie, Ceaucescu a été mis à bas en Roumanie tandis qu'en URSS même, l'agitation du Cau­case et des pays baltes ont montré la perte de maîtrise du pouvoir central et la dynamique d'éclatement qu'implique le "réveil des nationalités", mais, face à tout cela, le milieu politique révolutionnaire a été comme frappé de léthargie. Cela manifeste un incroyable aveuglement face à la simple réalité des faits. Ce qu'un simple pisse-copie de la presse bourgeoise ne pouvait que constater : l'effondrement du bloc russe, nos docteurs en théorie marxiste engoncés dans un conservatisme peureux refusaient de le voir. Le manque de réflexe politique qui a sévi dans le milieu prolétarien ces derniers mois est la manifestation des faiblesses profondes qui le marquent. Incapable ces dernières années d'intervenir avec détermination dans les luttes de la classe ouvrière, qu'elle ne reconnaissait pas, une grande partie du milieu prolétarien s'est avérée impuissante à faire face à la brutale accélération de l'histoire de ces derniers mois. Enfermée dans un repli frileux tout au long de la décennie 80, elle est restée sourde, aveugle et muette. Une telle situation ne peut s'éterniser. Même si elles se réclament de la classe ouvrière, des organisations qui sont incapables d'assumer leur rôle ne sont d'aucune utilité pour celle-ci et deviennent au contraire des entraves. Elles perdent leur raison d'être.

Quand on voit avec quelle difficulté les organisations du milieu politique ont ouvert les yeux à la réalité, pourtant de plus en plus aveuglante au fur et à mesure des mois qui s'écoulaient, de l'effondrement du bloc russe, on peut déjà avoir une idée de la confusion des analyses qui vont être développées et du déboussolement politique qui règne. Il ne s'agit pas ici de reprendre en détail tous les avatars théo­riques que les groupes politiques révolutionnaires ont pu élaborer, plusieurs numéros de la Revue internationale du CCI n'y suffiraient pas. Nous nous attacherons avant tout à cerner les implications des prises de position du milieu sur deux plans : la crise économique et la lutte de classe. Nous verrons ensuite quelles ont été les implications de tout cela, sur la vie même du milieu prolétarien.

La crise économique a l'origine de l'effondrement du bloc de l'est : une sous-estimation générale

Toutes les organisations du milieu prolétarien voient bien la crise économique à l'origine des bouleversements qui secouent l'Europe de l'Est, à l'exception du FOR, qui n'y fait aucune référence conformément à sa position surréa­liste selon laquelle il n'y a pas de crise économique du capitalisme aujourd'hui. Cependant, au-delà de cette péti­tion de principe, l'appréciation même de la profondeur de la crise et de sa nature détermine la compréhension des événements actuels et cette appréciation varie profondé­ment d'un groupe à l'autre.

BC, en octobre, écrit: "Dans les pays à capitalisme avancé d'Occident, la crise s'est surtout manifestée dans les années 70. Plus récemment, la même crise du processus d'accumulation du capital a explosé dans les pays 'commu­nistes' moins avancés." C'est-à-dire que BC ne voit pas la crise ouverte du capital dans les pays de l'Est avant les années 1980. Et dans la période antérieure, il n'y avait donc pas de "crise du processus d'accumulation du capital" en Europe de l'Est ? Le capital russe était-il en pleine expan­sion comme le prétendait la propagande stalinienne ? En fait, BC sous-estimait profondément la crise chronique et congénitale qui durait depuis des décennies. Dans ce même article, BC continue :

"L'effondrement des marchés de la périphérie du capitalisme, par exemple l'Amérique latine, a créé de nouveaux problèmes d'insolvabilité à la rémunération du capital (...). Les nou­velles opportunités qui s'ouvrent à l'est de l'Europe peuvent représenter une soupape de sécurité par Rapport à ce besoin d'investissement (...) Si ce large processus de collaboration Est-Ouest vient à se concrétiser, ce sera une bouffée d'oxygène pour le capitalisme international." On le voit, ce n'est pas seulement la crise à l'Est que BC sous-estime, c'est aussi la crise en Occident. Où ce dernier trouvera-t-il ces nouveaux crédits nécessaires à la reconstruction des économies rava­gées des pays de l'Est ? Simplement pour remettre à niveau l'économie de l'Allemagne de l'Est, la RFA se prépare à investir plusieurs milliers de milliards de marks sans être sûre du résultat et, pour se les procurer, elle devra se transformer de principal prêteur sur le marché mondial après le Japon qu'elle était jusque là, en gros emprunteur, accélérant encore la crise du crédit de l'Occident. On peut imaginer les sommes colossales qu'il faudrait pour sortir l'ensemble de l’ex-bloc de l'Est de la catastrophe économique dans laquelle il n'a cessé de s'enfoncer depuis sa naissance : l'économie mondiale à bout de souffle n'a pas les moyens de cette politique, un nouveau plan Marshall n'est pas à l'ordre du jour. Mais surtout, en quoi les éco­nomies sinistrées d'Europe de l'Est seraient-elles plus solvables que celles d'Amérique latine alors qu'elles sont déjà comme la Pologne et la Hongrie incapables de rembourser les emprunts qu'elles ont contractés depuis des années ? En fait, BC ne voit pas que l'effondrement du bloc de l'Est, une décennie après l'effondrement économique des pays du "tiers-monde", vient marquer un nouveau pas en avant de l'économie capitaliste mondiale dans sa crise mortelle. L'analyse du BIPR va à l'envers de la réalité. Et là où il y a un enfoncement dramatique dans la crise, il y voit une perspective pour le capitalisme de trouver une nouvelle "bouffée d'oxygène", un moyen de freiner la dégradation économique ! Il est logique qu'avec une telle vision, BC surestime la capacité de manoeuvre de la bourgeoisie russe et puisse envisager une restructuration possible de l'économie du bloc de l'Est, sous la houlette de Gorbatchev et avec l'appui de l'Occident.

Le PCI-Programme communiste reconnaît la crise écono­mique comme étant à l'origine de l'effondrement du pacte de Varsovie. Cependant, dans une polémique avec le CCI publiée dans Le Prolétaire d'avril 1989, il trahit sa sous-estimation profonde et traditionnelle de la gravité de la crise économique : "L'extralucide CCI développe en effet une analyse effarante selon laquelle les événements actuels seraient rien moins qu'un 'effondrement du capitalisme' à l'Est ! D'ailleurs, pour faire bonne mesure, le numéro de mars de RI nous apprend que c'est toute l'économie mondiale qui s'effondre." Bien évidemment, le CCI ne prétend pas, comme voudrait le faire croire le PCI, qu'en Europe de l'Est, les rapports de production capitalistes auraient dis­paru mais, avec cette mauvaise polémique, le PCI montre sa propre sous-estimation de la crise économique et nie d'une phrase la réalité de la catastrophe qui submerge le monde et qui plonge la majorité de la population mondiale dans une misère économique sans fond. Le PCI-Programme Communiste croit-il vraiment que nous sommes encore dans les crises cycliques du 19e siècle ou reconnaît-il que la crise économique présente, qu'il a mis des années à voir, est une crise mortelle qui ne peut se traduire que par une catastrophe mondiale toujours plus large avec des pans entiers de l'économie capitaliste qui s'effondrent effective­ment. Le PCI, qui, autrefois nous accusait d'indifférentisme, est toujours myope face à la crise économique ; fondamentalement, il la voit à peine et surtout il ne la comprend tou­jours pas.

Les petites sectes académistes se sont souvent fait une spé­cialité de longues analyses économiques ennuyeuses et d'innovations théoriques pseudo-marxistes.

Il faut un long pensum insipide à Communisme ou Civilisa­tion pour rester aveugle à l'évidence de la crise économique ouverte : il en est toujours à attendre "l'éclatement d'une nouvelle crise cyclique du MPC (on suppose qu'il doit s'agir du mode de production capitaliste) dans les années 1990 à l'échelle mondiale". Pour lui, les bouleversements actuels en Europe de l'Est sont l'expression du fait que "le plein passage de la société soviétique au stade du capitalisme le plus développé ne pouvait se faire sans une crise profonde, comme c'est le cas". Autrement dit, la présente crise est une simple, crise de restructuration, de croissance, d'un capitalisme en plein développement !

La FECCI, qui, depuis des années, glose sur une "nouvelle" théorie du développement du capitalisme d'Etat comme produit du passage du capital de la domination formelle à la domination réelle, est tout d'un coup devenue muette sur cette élucubration de ses têtes savantes. Ce point, il y a peu si fondamental qu'il justifiait une diatribe enflammée de la FECCI contre le CCI, accusé de "stérilité théorique", de "dogmatisme", tout d'un coup n'est plus d'actualité face à la crise dans les pays de l'Est. Comprenne qui pourra ![3]

La sous-estimation de la profondeur de la crise et les incompréhensions sur sa nature sont une constante des organisations prolétariennes. De là résultent des incompré­hensions majeures sur la nature des événements qui se développent aujourd'hui. Ce n'est que devant la pression insistante des faits que certains groupes commencent seu­lement à se résigner à l'évidence de l'effondrement du bloc impérialiste de rEst sous le poids de la crise économique. Mais la signification profonde d'un tel événement, la situa­tion qui l'a rendu possible, la dynamique qui l'a déterminé échappent totalement à leur entendement. Alors qu'il y a un blocage de la situation historique, que le rapport de forces entre les classes ne permet ni à la bourgeoisie de fuir en avant dans la guerre impérialiste généralisée, ni au pro­létariat d'imposer à court terme la solution de la révolution prolétarienne, la société capitaliste est entrée dans une phase de pourrissement sur pied, de décomposition. Les effets de la crise économique prennent une dimension qua­litative nouvelle. L'effondrement du bloc russe est la mani­festation éclatante de la réalité du développement de ce processus de décomposition qui se manifeste à des degrés et sous des formes diverses sur l'ensemble de la planète [4].

Mais la myopie politique qui rend déjà bien difficile à ces groupes le discernement de l'évidence pourtant criante des bouleversements dans l'Est, les laisse au surplus bien inca­pables d'en comprendre la raison et d'en saisir toute la dimension. Les errements sur la crise et ses implications, qui ont grandement contribué à paralyser le milieu face aux récents événements, annoncent des incompréhensions encore plus grandes par rapport aux bouleversements importants encore à venir.

Des organisations révolutionnaires incapables d'identifier la lutte de classe

Face aux luttes ouvrières qui se sont développées depuis 1983 au coeur des pays capitalistes les plus avancés, dans son ensemble, en dehors du CCI, le milieu prolétarien a fait la fine bouche. Le CCI a alors été accusé de surestimer la lutte de classe. Dans son numéro d'avril, BC accuse encore le CCI de se fier "plus à ses désirs qu'à la réalité" car, dit-elle, ces mouvements "n'ont rien produit d'autre que des luttes revendicatives qui n'ont jamais été capables de se généraliser". Il est vrai que, pour BC, ces luttes revendicatives n'ont pas grande signification puisque, selon elle, nous sommes toujours dans une période de contre-révolution, suivant en cela la position de tous les groupes bordiguistes issus des diverses scissions du PCI depuis son origine à la fin de la guerre.

BC qui est incapable de reconnaître la lutte de classe quand il l'a devant les yeux et par conséquent encore plus inca­pable d'y intervenir concrètement, par contre va s'empresser de l'imaginer là où elle n'est pas. Dans les évé­nements de Roumanie en décembre 1989, BC voit une "authentique insurrection populaire" et précise :

"Toutes les conditions objectives et presque toutes les condi­tions subjectives étaient réunies pour que l'insurrection puisse se transformer en véritable révolution sociale, mais l'absence d'une force politique authentiquement de classe a laissé le champ libre justement aux forces qui étaient pour le maintien des rapports de production de classe. "

Cette position a déjà été critiquée dans notre polémique publiée dans la Revue internationale, n° 61, et a provoqué une réponse de BC qui persiste et signe dans son numéro d'avril 1990, mais précise en même temps :

"Nous ne pensions pas qu'il pouvait surgir des doutes sur le fait que l'insurrection est comprise comme conséquence de la crise et qu'elle est qualifiée de populaire et pas de socialiste ou de prolétarienne. "

Visiblement BC ne comprend pas, ou ne veut pas com­prendre le débat. Le simple usage du terme "insurrection" dans un tel contexte ne peut que semer la confusion et le fait d'y adjoindre "populaire" en rajoute encore. Dans le monde capitaliste présent, seul le prolétariat est la classe capable de mener une insurrection, c'est-à-dire la destruc­tion de l'Etat bourgeois en place. Pour cela, la première condition est son existence en tant que classe qui se bat et s'organise sur son terrain. Ce n'est évidemment pas le cas en Roumanie. Les ouvriers sont atomisés, dilués dans le mécontentement de toutes les couches de la population qui a été utilisé par une fraction de l'appareil d'Etat pour ren­verser Ceausescu. La mise en scène médiatique de la "révolution" roumaine a été un vulgaire coup d'État. Dans cette situation où les ouvriers ont été dilués dans le mou­vement "populaire", c'est-à-dire où le prolétariat comme classe a été absent, BC voit "presque toutes les conditions subjectives pour que l'insurrection puisse se transformer en révolution sociale" ! Dans cette situation d'extrême faiblesse de la classe ouvrière, BC aperçoit au contraire une force grandiose.

Toutes les dénonciations du poison démocratique que le BIPR peut faire à longueur de page deviennent lettre morte si cette organisation est incapable d'en voir les effets dévastateurs comme élément diluant de la conscience de classe dans le concret, et croit discerner le mécontentement ouvrier dans le triomphe de la mystification démocratique.

Dans cette ornière que BC a commencé à creuser, la FECCI est déjà bien engagée. Elle qui, comme le BIPR, avait il y a un an des visions du côté de la Chine et croyait voir la colère ouvrière prête à se manifester, aujourd'hui affirme que : "Les illusions actuelles, l'entrée du prolétariat roumain dans la danse macabre de la lutte pour la démocra­tie, ne doivent pas éclipser le potentiel de combativité pour des revendications de classe qui est pourtant celui du proléta­riat roumain." La FECCI se console comme elle peut, mais elle manifeste ainsi ses propres illusions quant aux poten­tialités ouvrières qui subsistent dans l'immédiat après un tel débauchage démocratique.

Le FOR dans un article intitulé : "Une insurrection pas une révolution" distingue en Roumanie "la présence des ouvriers en armes" et précise que "les prolétaires y ont rapidement abandonné la direction aux 'spécialistes' de la confiscation du pouvoir". Pour le FOR, le prolétariat a "largement contri­bué à mettre en oeuvre" les changements à l'Est. Evidem­ment, le FOR qui ne voit rien de la crise économique doit bien aller chercher ailleurs son explication.

La porte que BC ouvre à la confusion, le Mouvement com­muniste et le GCI vont s'empresser de la franchir. Le pre­mier va intituler sa longue brochure entièrement consacrée à la Roumanie, alors que rien n'est dit sur la situation glo­bale du bloc de l'Est : "Roumanie : entre restructuration de l'Etat et poussées insurrectionnelles prolétariennes" ; et le second va publier un "Appel à la solidarité avec la révolu­tion roumaine" ! Cela se passe de commentaire.

Il faut signaler et porter au crédit du PCI-Programme com­muniste que celui-ci n'est pas tombé dans le piège roumain, notant clairement que, dans les pays de l'Est, "la classe ouvrière ne s'est pas manifestée en tant que classe, pour ses intérêts propres" et qu'en Roumanie, "les combats se sont déroulés entre fractions de l'appareil d'Etat, et non contre cet appareil lui-même". De même, le PCI-Il Partito comunista de Florence pose clairement que la lutte de classe dans les pays de l'Est a été, pour le moment, submergée par l'orgie populiste, nationaliste et démocratique et que "le mouvement roumain a été tout sauf une révolution populaire". Cependant, ces défenseurs du bordiguisme, s'ils sont encore capables de dénoncer et d'identifier le mensonge démocratique, s'ils n'ont pas encore complètement dilapidé leur héritage politique de la Gauche italienne, comme le prou­vent leurs prises de position sur la situation en Europe de l'Est, sont toujours incapables de reconnaître la lutte de classe quand eue se développe réellement au coeur des pays industrialisés. Comme BC, les groupes issus du bordiguisme analysent la période actuelle comme étant celle de la contre-révolution.

Le tableau est éloquent. Une des caractéristiques majeures de ces organisations politiques est leur incapacité à reconnaître la lutte de classe, à l'identifier. Ne la voyant pas là où elle se développe et l'imaginant là où elle n'est pas. Ce déboussolement profond prive évidemment tous ces groupes de la capacité de mener une intervention claire au sein de la classe. Alors que la classe dominante met à profit l'effondrement du bloc de l'Est pour lancer une offensive idéologique massive pour la défense de la démocratie, offensive devant laquelle succombe le prolétariat des pays est-européens, de nombreux groupes voient dans cette situation le développement de potentialités ouvrières. Une telle inversion de la réalité traduit une très grave incompré­hension non seulement de la situation mondiale, mais aussi de la nature même de la lutte ouvrière. Tous ces groupes, après avoir fait durant les années 1980 la fine bouche devant les luttes dans les pays développés (qui, malgré toutes les difficultés et les pièges auxquels elles furent expo­sées, n'en sont pas moins restées ancrées sur leur terrain de classe), préfèrent aujourd'hui chercher la preuve de la combativité du prolétariat dans des expressions du mécon­tentement général où le prolétariat en tant que classe est absent et qui se mènent, pour des objectifs qui ne sont pas les siens, derrière le drapeau de la "démocratie", comme en Chine ou en Roumanie.

Dans de telles conditions, il est bien difficile de demander à ces organisations du milieu prolétarien qui, pour la plupart, n'ont rien vu du développement de la lutte de classe ces dernières années ou, du moins, l'ont toujours profondément sous-estimé, de comprendre quelque chose aux effets de l'effondrement du bloc russe et de l'intense campagne démocratique actuelle sur le prolétariat. Le déboussole­ment présent de celui-ci face à ces grands bouleversements historiques se traduit dans un recul de la conscience dans la classe [5]. Mais comment comprendre un recul quand on n'a pas vu d'avancée ? Comment comprendre le dévelop­pement en dents de scie de la lutte de classe quand on pose que nous sommes toujours dans une période de contre-révolution ?

La faiblesse politique du milieu trouve sa concrétisation dans le poids renforceé du sectarisme

Dans le numéro précédent de la Revue internationale, nous notions : "Si on considère que le BIPR est le second principal pôle du milieu politique international, le désarroi de BC face au 'vent de l'Est' est une triste indication des faiblesses plus générales du milieu." Malheureusement, le développement des prises de position, ces derniers mois, ne font que confirmer ce constat qui n'est pas pour nous surprendre. Depuis des années, le CCI met en garde au travers de ses polémiques les groupes du milieu contre les confusions dangereuses qui les traversent, mais comme ces groupes sont restés aveugles à la lutte de classe, à l'effondrement du bloc de l'Est, au recul présent, à l'évidence des faits qui se déroulent pourtant devant leur nez, ils sont aussi restés sourds à nos appels [6]. En conséquence, ils sont restés muets sur le plan de l'intervention, s'enfonçant toujours plus dans une impuissance inquiétante, mise on ne peut plus clairement en relief ces derniers mois.

Mais ce n'est pas seulement sur le plan de leurs analyses que ces organisations ont échoué à être, par rapport aux éléments avancés de la classe à la recherche d'un cadre cohérent de compréhension de la situation présente, un facteur de clarification. Leur attitude, traditionnellement marquée par le poids du sectarisme, parallèlement au développement de la confusion, a été marquée ces derniers mois par une dégradation.

Là encore, Battaglia comunista, qui nous avait habitués à beaucoup mieux, s'illustre tristement. L'intervention d'un camarade du CCI à une réunion publique de BC, dans laquelle celui-ci met en lumière la gaffe monumentale du BIPR face aux événements en Roumanie, en affirmant sim­plement que ce qui a eu lieu est un vulgaire "coup d'Etat", est le prétexte à un raidissement de camarades de BC qui, en colère, menacent dans ces conditions de refuser doréna­vant la vente habituelle de nos publications dans le cadre de ses réunions ouvertes. Le fait que dans la publication en France du CCI -Révolution internationale n° 151- nous ayons fait référence à cette poussée de sectarisme va pro­voquer l'ire de BC qui a adressé une "circulaire" incendiaire "à tous les groupes et contacts à l'échelle internationale'' pour dénoncer "les mensonges du CCI" et "la nature désormais objectivement de brigand de l'activité du CCI" et conclure : "Tandis que nous défions le CCI de continuer au-delà cette campagne diffamatoire basée sur le mensonge et sur la calomnie, afin d'éviter des réactions plus graves, nous invitons tous ceux au courant des faits à en tirer les conclusions politiques nécessaires dans l'évaluation de cette organisation." Une telle réaction, hors de toute proportion, puisque le prétexte officiel en est une intervention d'un de nos mili­tants dans une discussion à une réunion de BC, traduit en fait l'embarras grandissant de ce groupe face à nos critiques.

Le sectarisme qui pèse lourdement dans le milieu politique est l'expression de l'incapacité à débattre, à confronter les analyses et les positions. La réaction de BC est dans la continuité de son attitude sectaire et opportuniste, lorsqu'elle avait mis fin aux Conférences des groupes de la Gauche communiste, en 1980. Le sectarisme a toujours fait bon ménage avec l'opportunisme. Au même moment où BC envoie cette circulaire ridicule dans tout le milieu, le BIPR, dont elle constitue le groupe principal, signe une adresse commune sur la situation dans les pays de l'Est avec des petits groupes comme le Gruppe Internationalistische Komunismen (Autriche) ou Comunismo (Mexique) dont le contenu traduit plus des concessions opportunistes que la recherche de la clarté. BC est pour le regroupement des révolutionnaires, mais sans le CCI. Cette attitude de concurrence ridicule mène tout droit au pire des opportunismes et accroît la confusion des débats dans le milieu.

L'ostracisme qui frappe le CCI de la part des anciens groupes du milieu politique, et des multiples sectes qui le parasitent, n'est pas, comme on l'a vu, contradictoire avec l'opportunisme le plus plat sur la question du regroupement des forces révolutionnaires. La FECCI, ces dernières années a été une parfaite illustration de ce fait : dans le même temps où eue abreuvait le CCI d'insanités, elle se lançait dans une dynamique de pseudo-conférences avec des groupes aussi hétérogènes que Communisme ou Civilisation, Union prolétarienne, Jalons, A Contre-Courant et des individus isolés. Les sectes se payaient leur conférence, on peut imaginer ce que cela a pu donner, pas grand chose, tout aux plus de nouvelles sectes. Aujourd'hui, la FECCI a entamé un nouveau flirt avec le Communist Bulletin Group, groupe dont la naissance s'était déroulée sous les auspices d'un acte de brigandage envers le CCI un vrai, cette fois, pas comme ceux, imaginaires, que BC prête au CCI. La FECCI tourne en ridicule l'idée même de regroupement mais, malheureusement, cette organisation s'est aussi sin­gularisée par la bêtise méchante, la mauvaise foi et l'aveuglement haineux de ses polémiques et, ce faisant, c'est toute l'activité révolutionnaire qui est dénaturée.

Les événements dans les pays de l'Est se sont traduits pour la FECCI par une aggravation de son déboussolement et de son irresponsabilité. La FECCI, la vision obscurcie par son aigreur, a vu dans nos prises de position sur l'effondrement du bloc russe une négation de l’"impérialisme" et "un aban­don du cadre marxiste de la décadence." La FECCI n'en est pas à un faux débat près, c'est ce qui lui sert de raison d'existence. Combien de temps lui faudra-t-il pour simple­ment reconnaître la réalité de l'effondrement du bloc de l'Est ? A ce moment-là, la FECCI pourra-t-elle reconnaître la validité des positions du CCI ? En tirera-t-elle les conclu­sions par rapport à son attitude présente ?

Les organisations bordiguistes ne reconnaissent pas l'existence d'un milieu politique et pour chacune d'entre elles, il n'y a qu'un seul parti, elle-même: Le sectarisme est là théorisé et justifié. Cependant, le PCI-Programme com­muniste, semble quelque peu tirer les leçons de sa crise pas­sée et commence à publier des polémiques avec d'autres groupes du milieu politique. Ainsi, le CCI a eu droit à une réponse polémique dans Le Prolétaire, sa publication en France. A quoi réagit le PCI ? Au fait que nous ayons salué sa prise de position correcte ! Et il précise : "Ce qui nous importe dans cette note c'est de réfuter le plus clairement pos­sible l’idée que notre position serait analogue à celle du CCI" Que cette organisation se rassure, le fait que nous recon­naissons la relative clarté de sa prise de position par rap­port aux événements de l'Est ne nous fait pas oublier ce qui nous sépare d'elle, mais le PCI a-t-il atteint un tel niveau de gangrène sectaire que même la reconnaissance sur un point de la validité de ses positions lui soit si complètement insupportable ? Peut-être le rappel de ce que nous concluions à son propos dans l'article de la précédente Revue internationale, consacré au milieu politique, le rassu­rera dans ce cas : "La réponse relativement saine du Prolé­taire aux événements de l'Est prouve qu'il y a encore une vie prolétarienne dans cet organisme. Mais nous ne pensons pas que ceci représente réellement un nouveau regain de vie : c'est l'antipathie 'classique' des bordiguistes vis-à-vis des illusions démocratiques, plus qu'un réexamen critique des bases op­portunistes de leur politique, qui leur a permis de défendre une position de classe sur cette question. "

Un des constats des plus inquiétants qu'il faut tirer, c'est l'incapacité de ces organisations, face à des faits nouveaux, de reconsidérer leur cadre de compréhension, de l'enrichir pour s'élever à la compréhension de ce qui a changé. En fait, l'accélération historique a mis en lumière l'incroyable conservatisme qui sévit dans le milieu. Le sectarisme qui s'est développé à l'occasion des polémiques à propos du "vent d'Est" est le corollaire de ce conservatisme. Inca­pables de reconnaître l'actuel processus de décomposition sociale, considéré comme un "gadget" du CCI, ces organi­sations sont évidemment bien incapables d'en identifier les manifestations dans la vie du milieu prolétarien, dans leur propre vie et donc de s'en défendre. La dégradation des relations entre les principales organisations ces dernières années en est pourtant une expression très claire.

Dans ces conditions il n'est pas même question de dévelop­per dans cet article à propos de l'intervention qu'ont menée ces groupes par rapport au séisme qui secoue l'Europe de l'Est. Aucun autre groupe que le CCI n'a su briser la rou­tine pour simplement accélérer ses publications ou publier des suppléments. Le déboussolement politique et la sclé­rose sectaire ont rendu ces organisations impuissantes à intervenir. Dabs la situation présente de désarroi où l'a plongée le "vent d'Est", accentuée par l'offensive de la pro­pagande bourgeoise, la classe ouvrière subit un recul dans sa conscience, et ce ne sont pas les lumières apportées par la majorité des groupes révolutionnaires qui lui auront été d'une grande utilité pour sortir de cette passe difficile.

Le développement du cours historique impose au milieu un irrésistible processus de décantation. La clarification que ce processus implique, dans la situation présente de dégrada­tion des relations entre les groupes prolétariens, n'arrive pas à se faire par la confrontation claire et volontaire des positions. Elle doit néanmoins se faire, et dans ces condi­tions elle ne peut que tendre à prendre la forme d'une crise de plus en plus forte des organisations qui, à l'accélération de l'histoire répondent par le développement de la confu­sion, posant ainsi la question de leur survie politique. La clarification qui ne parvient pas à se faire par le débat risque de s'imposer par le vide. Tels sont les enjeux du débat présent pour les organisations politiques révolutionnaires.

JJ, 31mai l990


[1] Dans cet article seront souvent utilisés les sigles des organisations, ce qui donne:

- Parti communiste internationaliste (PCint) et ses publications Battaglia Comunista (BC) et Prometeo

- Comunist workers' organisation (CWO) et sa publication Workers Voice - Bureau international pour le parti révolutionnaire (BIPR), publication Communist Review, regroupement des deux précédentes organisations.

- Parti communiste international (PCI), publications Programme commu­niste et Le Prolétaire

- Ferment ouvrier révolutionnaire (FOR), publications Alarme et l’Arme de la critique

- Fraction externe du Courant  communiste international   (FECCI), publication Perspective internationaliste

-Groupe communiste internationaliste (GCI)

[2] Revue Internationale n°61. « Le vent d’Est et la réponse des révolutionnaires ».

[3] Voir sur cette question : "La domination réelle" du capital et les réelles confusions du milieu politique", Revue internationale, n° 60.

[4] Voir sur cette question : "La décomposition du capitalisme", Revue internationale n° 57, et l'article de ce numéro.

[5] Voir "Des difficultés accrues pour le prolétariat", Revue internationale, n°60.

[6] Voir "Le milieu politique depuis 1968", Revue internationale, n° 53-54-56.

 

Courants politiques: 

Heritage de la Gauche Communiste: