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Au mois de septembre, après 48h de grève, la direction de General Motors et le syndicat UAW ont passé un accord, qui, sans aucun doute, servira de modèle aux autres secteurs de l'industrie ; il va entraîner des dépenses et des sacrifices supplémentaires pour les ouvriers et pour les retraités en remettant en cause toute leur couverture sociale. L'UAW se révèle encore une fois un partenaire accompli pour la mise en œuvre de mesures d'austérité qui vont faire baisser le niveau de vie des ouvriers et vont servir les intérêts du capital national en préservant l'industrie automobile du naufrage au détriment des intérêts de la classe ouvrière. Le même scénario s'est reproduit peu de temps après, début octobre chez Chrysler, suite à une grève qui a duré 6 heures.
L'élément nouveau présent dans le contrat de la GM est la création d'une association (VEBA) à laquelle les employés peuvent cotiser, s'ils le souhaitent, pour bénéficier d'une couverture sociale -une sorte de mutuelle ("health care trust") qui assurerait un programme de couverture sociale et qui serait gérée par le syndicat. L'accord passé allègerait ainsi la GM d'une dette estimée à 55 milliards de dollars, étalée sur les 80 prochaines années pour assurer une couverture sociale aux employés et aux retraités. Ce trust endosserait 70% de la dette, soit 38,5 milliards en liquide, valeurs boursières et autres actifs. Selon le New York Times, l'équilibre de la dette de 55 milliards proviendra des "gains sur investissements". En d'autres termes, cet accord permet à la GM de se décharger entièrement du programme de couverture médicale, très coûteux pour elle, sur le syndicat ; tout l'avenir du programme repose entièrement sur l'aptitude de l'entreprise à faire des profits. Si elle échoue, le programme de couverture médicale s'effondre aussi. Le syndicat se positionne clairement et fermement, et ce, pour une longue période, du côté de la GM pour que celle-ci réalise des profits aux dépens des ouvriers.
Le syndicat a annoncé qu'il avait obtenu la garantie que la couverture médicale ne serait pas touchée pendant deux ans -la durée exacte que mettront les autorités fédérales à revoir les détails et à autoriser la création de la VEBA ; ce sera alors au syndicat d'assumer les coupes dans la couverture médicale afin d'assurer l'avenir du programme. Le syndicat a obtenu un autre accord important : la garantie que GM maintiendrait la force de travail à un niveau de 73 000 employés, ce qui, initialement, a été compris comme la garantie d'un travail à tous les ouvriers. Mais il s'est avéré très vite que la compagnie promettait simplement de maintenir une force de travail "équivalente" à l'actuel niveau des 73 000 ouvriers. Cela ne garantit pas du tout que tous les ouvriers actuels garderont leur travail. La compagnie peut fermer des usines et elle le fera (pour l'instant le nombre d'usines et leurs localisations n'est pas annoncé), elle emploiera des intérimaires qui se verront dans l'obligation de devenir membre du syndicat UAW. Ainsi, le syndicat est assuré de recevoir 73 000 cotisations, peu importe le nombre d'ouvriers actuels qui seront licenciés ou forcés de prendre une retraite anticipée. Le contrat d'une durée de quatre ans arrivera à terme en 2011 et prévoit de donner aux ouvriers une somme forfaitaire de 3000 dollars lorsque cet accord sera signé par les représentants syndicaux, puis une somme additionnelle durant les trois dernières années. Mais, quoi qu'il en soit, aucune augmentation du salaire horaire n'est prévue.
Et pour comble, cet accord impose aussi une double échelle de salaires, condamnant les ouvriers les plus jeunes et les intérimaires nouvellement embauchés à faire exactement le même travail que les travailleurs réguliers de l'entreprise à des salaires nettement inférieurs. Cela donne encore plus de motivation à l'entreprise pour pousser dehors les ouvriers les plus anciens. Cela divise les ouvriers en les mobilisant sur des fausses questions de conflits de génération, dressant les jeunes contre les vieux, tournant ainsi le dos à la courageuse position prise par les ouvriers des transports du New York en décembre 2005, qui ont combattu pour leurs enfants et les générations futures l'imposition d'un système de double échelle avec des salaires différents selon les générations.
Une fois de plus, les syndicats se révèlent être une arme dressée contre les ouvriers pour la défense du capitalisme.
JG (13 octobre 2007)