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Les projets du gouvernement américain de mettre en place un système de défense anti-missiles en Pologne et une base de radars en République tchèque ont relancé récemment un climat d'hostilité entre les Etats-Unis et la Russie. Ainsi, le président russe avait pu déclarer à la veille du G8 en Allemagne début juin : «Si le potentiel nucléaire américain s'étend sur le territoire européen, nous devrons nous donner de nouvelles cibles en Europe.» Les petites phrases ont alors fusé, Bush critiquant l'état des libertés en Russie et Poutine comparant l'Amérique au «3e Reich».
Evidemment, le souvenir de la Guerre froide est revenu dans toutes les têtes, cette période où les ex-blocs de l'Ouest et de l'Est se tenaient prêts à en découdre à coups de bombes nucléaires. La menace de la destruction de régions, voire de pays entiers, sans compter toutes les conséquences "collatérales" et secondaires à de tels événements, étaient alors une réelle éventualité. La course aux armements, qui faisait rage entre les deux superpuissances de l'époque, était justifiée au nom d'un "équilibre de la terreur", prétendue "garantie de la paix", alors qu'en fait une véritable épée de Damoclès était suspendue au-dessus de l'humanité.
Mais avec l'effondrement du bloc de l'Est en 1989, puis de l'URSS l'année suivante, la situation change : le bloc américain se délite et la Russie revoit brutalement à la baisse ses prétentions impérialistes. La bourgeoisie en profite alors pour nous débiter de grandes phrases sur l'avènement d'un "nouvel ordre mondial", de "paix". Ces déclarations mensongères feront long feu, la "nouvelle période" s'ouvrant très symboliquement dès 1991 par... la guerre du Golfe. Toute la période des années 1990, puis des années 2000, sera marquée en effet par une aggravation et une explosion des tensions guerrières sur des zones de plus en plus larges du globe, sans espoir d'amélioration. De nouvelles puissances nucléaires apparaissent comme le Pakistan, l'Iran et la Corée du Nord, tandis que d'autres, comme la Chine et l'Inde, renforcent leurs capacités destructrices. N'étant plus bridés par la discipline de bloc, les appétits impérialistes se révèlent partout, le "chacun pour soi" devient la règle. La remise en cause des prétentions des Etats-Unis à rester le gendarme du monde s'est donc généralisée sur tous les continents.
Aussi, il est évident que la course aux armes de destruction massive ne s'est pas ralentie mais s'est accélérée et que le monde capitaliste de l'après-1989 est devenu plus dangereux que jamais. Les Etats-Unis n'ont pas cessé de moderniser et sophistiquer leur armement, sous prétexte de se "défendre" contre les éventuelles attaques des Etats-voyous. Ainsi, la justification officielle du projet de défense anti-missile est la prétendue menace que font peser sur les Etats-Unis les missiles à longue portée de l'Iran et de la Corée du Nord. Il est clair qu'il s'agit d'un faux prétexte car ces deux pays n'ont aucunement la capacité de mettre en danger Washington. Ce bouclier est de toute évidence bien plus destiné à asseoir les positions stratégiques américaines sur l'Europe et à tenir en respect en particulier la Chine et la Russie. Les États-Unis poussent ainsi à sa mise en œuvre aujourd'hui, alors que Moscou s'est engagé dans une modernisation de sa capacité nucléaire qui doit lui permettre d'ici à 2015 de disposer des moyens offensifs et défensifs nécessaires pour contrecarrer une éventuelle attaque aérospatiale.
Face à cette montée des tensions américano-russes, l'Europe réagit évidemment non pas de façon unie, mais en ordre dispersé, chaque pays défendant ses propres intérêts. D'importantes frictions sont apparues en effet au sein de l'Union européenne, la Grande-Bretagne soutenant pleinement le projet américain, la France essayant mollement de s'y opposer, tandis que l'Allemagne, qui n'y adhère pas, joue la carte de l'apaisement.
Malgré le "happy end" médiatique de juillet entre les deux présidents russe et américain réunis au ranch de Bush, toutes les conditions sont réunies pour une nouvelle phase de la course aux armements nucléaires et d'accélération des tensions impérialistes, avec tous les risques d'escalade et de dérapage qui les accompagnent.
C'est la seule perspective qu'offrent les dirigeants de la planète et leur système capitaliste décomposé.
Mulan (5 juillet)