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La mobilisation des étudiants contre le CPE a montré qu’il n’y a rien à attendre de la démocratie. Avec elle c’est… "cause toujours".
Le slogan de Raffarin "Ce n’est pas la rue qui gouverne" apparaît, en effet, de plus en plus comme la véritable devise de la République.
Dans la foulée, avec la bouillabaisse Clearstream, c’est toute la puanteur des us et coutumes des nobles représentants de cette même démocratie bourgeoise qui remonte à la surface.
Décidément, voilà des réalités bien crues dont se serait volontiers passé la classe dominante.
Ainsi, l’hebdomadaire Marianne, par la voix de son maître à penser Jean-François Kahn, joue les Cassandre et alerte ses congénères : c’est "la République qui prend tous les coups".
"Trop c’est trop… il faut voler au secours de la démocratie"… et de ses apparences trompeuses. Pour cela, qui d’autre que Marianne en personne, ou plutôt en la personne de son Saint Jean-François Kahn qui ne s’est pas fait prier pour jouer les apôtres de la régénérescence démocratique de la nation.
Dans son édito du n°473 de Marianne, Monsieur Kahn semble poser, de prime abord, une question pour le moins décapante : "Face à la déliquescence de notre démocratie. Rupture ou révolution ?"
Qu’on se rassure tout de suite, le drapeau de Marianne n’a pas changé de couleur, le bleu et le blanc précèdent toujours le rouge. En fait, le citoyen Jean-François Kahn cherche avant tout à capter les interrogations qui commencent à poindre autour de la nature de ce système afin de mieux les enfermer à nouveau dans l’impasse démocratique. Ainsi Monsieur K. appelle solennellement à "la refondation d’un projet révolutionnaire humaniste" dont l’objectif serait "de restaurer la démocratie et de rétablir la république dans notre pays." Le contraire aurait été étonnant !
Ce brave citoyen, qui a visiblement compris que le ridicule n’a jamais tué personne, nous explique que la "révolution", qu’il appelle de ses vœux, pour "une société radicalement neuve" doit se nourrir "de la sève de la continuité nationale". Voilà qui est parfait, du "radicalement neuf" dans "la continuité nationale". Bref, une autre société pourvu que ce soit la même… Merci, Monsieur Kahn !
Le discours est archi connu, c’est celui que nous refourgue depuis quelques années la gauche "alter mondialiste" et qui veut nous faire croire que le meilleur "projet révolutionnaire" pour "réinventer l’avenir", c’est de "réinventer la démocratie " dans le cadre du système capitaliste !
Ce qui est sûr, c’est qu’en fin de compte il s’agit du meilleur projet pour embobiner les ouvriers et les empêcher de remettre en cause l’ordre capitaliste établi.
La démocratie "pure", "authentique", "régénérée" ou "réinventée" n’est qu’une grosse supercherie. Même dans une version produite par Walt Disney, il est hors de question pour la bourgeoisie d’accepter d’obéir à la majorité que compose la masse de ceux qu’elle exploite. Derrière les contes de fées républicains, il y aura toujours la réalité d’un gouvernement de la bourgeoisie, par la bourgeoisie et pour la bourgeoisie. En 1919, Lénine disait déjà que "… la plus démocratique des républiques bourgeoises ne saurait être autre chose qu’une machine à opprimer la classe ouvrière…".
C’est pourquoi, bien loin des projets frelatés de Marianne, seul le renversement de l’Etat capitaliste par la révolution prolétarienne mondiale porte l’avenir, celui de l’émancipation de l’humanité.
Jude (23 mai)