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Les attaques que le gouvernement et l'ensemble de la bourgeoisie française mènent en particulier contre les jeunes générations ouvrières à travers le contrat nouvelle embauche (CNE) ou le contrat première embauche (CPE) sont accompagnées d'une intense propagande idéologique.
Que les sirènes de la bourgeoisie persuadent les uns qu'il s'agit d'une "chance", d'une "occasion à saisir" ou qu'elles poussent les autres derrière les partis de gauche et les syndicats dans de stériles journées d'action défouloirs (comme celles du 7 février ou du 7 mars) en leur faisant miroiter l'illusion d'une autre gestion possible du capitalisme, tout cela n'est que de la propagande. La classe dominante tente de profiter ainsi du fait que les jeunes générations de prolétaires n'ont aucune expérience concrète de la lutte ouvrière, contrairement à leurs aînés qui ont mené le combat dans les années 1980.
L'objectif est de tenter d'empêcher ces jeunes prolétaires de développer leur réflexion en profondeur, d'entrevoir une remise en cause du système capitaliste. Cela, en dévoyant leur réactions soit sur le terrain de la "débrouille" individualiste, soit sur celui de "la mobilisation citoyenne" où la bourgeoisie les empêche de prendre conscience de leurs conditions de prolétaires. Toute cette entreprise mystificatrice est non seulement destinée à diviser au maximum les jeunes prolétaires entre eux, à les déboussoler ; mais surtout, à les cloisonner, les isoler du reste de la classe ouvrière et à créer un fossé entre les générations ouvrières en tentant de faire apparaître le CNE ou le CPE comme un problème spécifique "pour les jeunes".
La bourgeoisie masque ainsi que des attaques comme le CNE et le CPE préparent une généralisation de la précarité à l'ensemble de la classe ouvrière. Le gouvernement Villepin a d'ailleurs annoncé la couleur en dévoilant son projet d'étendre les mêmes dispositions à tous les contrats de travail d'ici l'été prochain. Il s'agit donc d'empêcher la classe ouvrière dans son ensemble de prendre conscience que cette attaque est un révélateur de la faillite du système capitaliste.
C'est pourquoi se battre contre la précarisation croissante de l'emploi n'est nullement un combat réservé "aux jeunes". Il concerne au contraire toute la classe ouvrière.
La bourgeoisie prend ainsi les devants pour éviter une mobilisation massive contre le CNE ou le CPE. Elle tente de dévoyer et d'enrayer le sentiment spontané de sympathie dont bénéficient les jeunes générations ouvrières face à cette nouvelle attaque. L'assassinat barbare et crapuleux d'un jeune homme d'origine juive par une bande de voyous sans scrupules a constitué du pain bénit pour toute la classe politique bourgeoise afin de lancer une gigantesque campagne médiatique. Le but principal de ce battage est de jeter l'opprobre et le discrédit sur la partie de la classe ouvrière la plus déshéritée mais aussi la plus fragilisée et sans doute la moins consciente. Ainsi, les jeunes de banlieue, dont une grande partie sont d'origine immigrée, sont montrés du doigt comme un foyer potentiel de criminels racistes et antisémites. Par ailleurs, la bourgeoisie ne s'est pas privée d'évoquer le spectre des émeutes de novembre dernier et les voitures cramées. Le message est clair : ces jeunes ne sont pas que des "pauvres victimes" de la misère, du chômage, de la précarité, ils peuvent être non seulement des vandales mais aussi des bourreaux en puissance. Ainsi, cette odieuse propagande est destinée d'abord à diviser davantage les prolétaires entre eux mais plus largement à marginaliser et isoler davantage les enfants des cités de banlieue du reste de la classe ouvrière. Nous développons par ailleurs (voir article en page 2) les autres aspects idéologiques de cette campagne qui visent tous à saper la conscience des ouvriers et à paralyser l'expression de toute solidarité de classe.
Cependant, la classe ouvrière a les moyens de réagir. Lors de la grève des transports publics à New York en décembre dernier, par exemple, alors que l'attaque sur les retraites ne visait explicitement que ceux qui seraient embauchés dans le futur, nous avons déjà évoqué et salué la capacité des ouvriers de refuser une telle manœuvre de division (voir RI n°365). La grève a été largement suivie car la plupart des prolétaires avaient pleinement conscience que se battre pour l'avenir de leurs enfants, pour les générations à venir, faisait partie de leur combat de classe. Ce sont de telles manifestations de solidarité qui sont aujourd'hui une nécessité pour développer le combat de classe. C'est aussi la responsabilité des prolétaires les plus expérimentés de ne pas laisser leurs jeunes camarades isolés face aux attaques de la bourgeoisie et de ne pas se laisser piéger et diviser par ses manœuvres idéologiques. La seule réponse possible est dans le développement des luttes massives, toutes générations, tous secteurs de la classe ouvrière confondus.
W (25 février)