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"Après la baffe électorale des élections régionales, à la tonalité clairement anti-libérale, la droite n'en demeure pas moins résolue à faire passer son programme de démolition sociale (...) Dans ces conditions, il est clair que les prochaines élections européennes devront enfoncer le clou : le gouvernement C.R.S. (Chirac, Raffarin, Sarkozy) et sa politique libérale n'ont plus la moindre légitimité. Par la rue et par les urnes, ils doivent être chassés" (Bulletin de la Fédération des Bouches-du-Rhône de la Ligue Communiste Révolutionnaire). Sur la même longueur d'onde, Lutte Ouvrière déclare dans son n° 1867 : "A coup sûr, les élections européennes offrent une nouvelle occasion de désavouer la politique de ce gouvernement à plat ventre devant le grand patronat et le Medef et qui, après avoir amputé les retraites, s'attaque à l'assurance maladie, au droit de se soigner convenablement. Ce serait dommage de ne pas se saisir de l'occasion." (Editorial d'Arlette Laguiller).
Au moment où le gouvernement concocte des
mesures draconiennes avec la collaboration des syndicats pour démanteler
la protection sociale, alors qu'il est nécessaire que les ouvriers
se mobilisent, se rassemblent, s'organisent pour lutter face à
cette nouvelle attaque, les organisations trotskistes LO/LCR invitent
les prolétaires …à aller "massivement"
déposer leur bulletin de vote dans l'isoloir, le 13 juin aux
élections européennes pour sanctionner une deuxième
fois le gouvernement. Les trotskistes entretiennent ainsi l'illusion,
comme aux régionales, que c'est dans les urnes que la riposte
ouvrière peut s'exprimer. Il est pourtant manifeste que le résultat
des élections régionales n'a en rien permis d'améliorer
le sort des ouvriers comme il n'a en rien permis de ralentir les attaques
de la bourgeoisie. Le sens réel de la contribution des trotskistes
est qu'ils sont les fers de lance d'une vaste campagne idéologique
orchestrée par la bourgeoisie autour des élections européennes
qui vise à détourner au maximum les ouvriers du chemin
de la lutte de classe.
"L'autre raison de faire campagne dans ces élections européennes
est de pouvoir y dire ce que personne d'autre ne dira, que nous sommes
partisans de l'unification de l'Europe, justement parce que nous sommes
internationalistes, communistes", déclare LO dans son n°
1865. C'est le même discours de fond que tient aussi la LCR :
"Nous ne sommes pas opposés à l'idée d'une
organisation des peuples à l'échelle européenne,
ni même à l'échelle mondiale".
Les Etats-Unis d'Europe ? L'unité européenne au nom de
l'Internationalisme prolétarien et du Communisme ? Quelle mystification ! Cela
n'a jamais été le point de vue de l'internationalisme
prolétarien et des communistes puisqu'il est clair pour eux que
seule la lutte de la classe ouvrière à l'échelle
internationale peut venir à bout du capitalisme et de ses divisions
nationales. "Prolétaires de tous les pays, unissez vous"
pour renverser le capitalisme disait le Manifeste communiste dès
1848 parce que précisément la classe ouvrière n'a
pas de patrie ni de frontières à défendre fussent-elle
dans le cadre d'un regroupement ou d'une coalition d'Etats. Après
l'altermondialisme, les trotskistes appellent à construire "une
autre Europe". Pas l'Europe des capitalistes, mais "l'Europe
sociale", "l'Europe des travailleurs", proclament-ils.
Pour la classe ouvrière, il ne s'agit pas de construire "une
Europe des travailleurs" mais de renverser le capitalisme, d'abolir
les frontières, de détruire les rapports d'exploitation
à l'échelle mondiale, et cela ne se fera certainement
pas par les urnes. La propagande des trotskistes en faveur de l'unité
européenne a une toute autre fonction. "Les travailleurs,
la population, ont intérêt à une Europe unie, sans
frontières entre les peuples, aussi large que possible. Mais
cette Europe ne pourra être sociale ni être véritablement
unifiée que si elle est débarrassée de la dictature
des groupes financiers". (Editorial d'Arlette Laguiller, dans LO
du 14 mai, intitulé "Pour une Europe unie, débarrassée
de la dictature des financiers"). Ce n'est donc pas du système
d'exploitation capitaliste qu'il faut se débarrasser mais simplement
"de la dictature des groupes financiers" qui, selon LO, "serait
responsable du chômage, des bas salaires, des retraites amputées
et de l'assurance maladie menacée". Ce n'est donc pas ce
système d'exploitation qui doit être détruit, mais
les méchants patrons, les abominables représentants du
capital financier et leurs larbins gouvernementaux qui doivent être
chassés. "Pour une Europe libre : muselons le Capital",
réclame encore LO dans une de ses affiches électorales.
Les soi-disant mesures sociales que vante et préconise LO ne
sont en fait que de la poudre aux yeux qui reviennent à chercher
à persuader la classe ouvrière qu'elle n'a pas intérêt
à détruire le capitalisme par ses luttes pour instaurer
le communisme, mais plutôt voter pour changer l'équipe
gouvernementale et entretenir la mystification européenne pour
tenter de les persuader encore mieux de rester sur le terrain électoral
de la bourgeoisie. Ils n'hésitent même pas à transposer
le fonctionnement des assemblées générales ouvrières
ou des conseils ouvriers sur le parlement européen bourgeois
en réclamant "des députés européens
élus et révocables à tout moment" (LO n°1866
du 7 mai). On ne saurait jeter davantage de confusion dans les consciences
ouvrières. Cela revient à chercher à crédibiliser
le vieux mythe d'une Europe unie, de la construction européenne
de la bourgeoisie aux yeux des ouvriers. Si les trotskistes sont aujourd'hui
aux avants-postes de la mystification bourgeoise, tout ce barouf ne
sert qu'à une chose, à appâter un maximum d'ouvriers
pour les pousser une fois de plus vers les urnes de la bourgeoisie.
Les trotskistes se trouvent ainsi en première ligne de la propagande
bourgeoise en alimentant le mythe de la construction de l'unité
européenne, en cherchant à dénaturer dans la conscience
des ouvriers les principes internationalistes. Mais en fait, le mythe
qu'ils entretiennent sur la construction européenne s'inscrit
directement dans une logique de concurrence impérialiste des
Etats européens avec les Etats-Unis d'Amérique. Les trotskistes
contribuent à enfermer les ouvriers dans le cadre bourgeois,
celui des frontières, des élections, de la démocratie,
derrière les partis de gauche et les syndicats. Ce faisant, ils
s'érigent contre le développement de la lutte de classe
et contribuent à paralyser les réactions ouvrières
contre les attaques de la bourgeoisie.