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Jour après jour, la liste des morts et des blessés s'allonge en Israël et dans les territoires occupés.
Dans cette partie du monde qui a déjà connu cinq guerres ouvertes depuis la fin de la seconde boucherie mondiale (sans compter toutes les opérations militaires en temps de "paix"), une nouvelle guerre est en train de couver et qui, sans qu'elle ait commencé officiellement, a déjà tué des centaines de personnes, particulièrement des jeunes et des adolescents.
Officiellement, tout le monde parle de "paix", aussi bien les dirigeants israéliens que ceux de l'Autorité palestinienne de même que tous les gouvernements des pays les plus développés, qu'ils soient européens ou américains.
Dans les faits, malgré toutes les conférences qu'on a vues se succéder depuis l'été dernier (conférence de Camp David, dans la résidence de vacances de Clinton, au mois de juillet, rencontre de Paris le 4 octobre, conférence de Charm El-Cheikh à la mi-octobre), la situation n'a cessé d'empirer depuis la fin septembre : pierres, attentats à la bombe, lynchages de Palestiniens contre des Israéliens, balles réelles de ces derniers contre les manifestants palestiniens, roquettes et tirs d'artillerie contre les populations civiles.
Suivant les pays et la couleur des gouvernements, on nous engage à prendre fait et cause pour l'un ou l'autre camp en présence :
- "Il faut défendre Israël contre la menace de tous ces arabes fanatiques qui encerclent ce pays."
- "Il faut soutenir la juste cause palestinienne contre les exactions israéliennes."
Mais à aucun moment, personne ne pose la véritable question : où se trouvent les intérêts de la classe ouvrière, celle d'Israël, juive ou arabe, celle de Palestine, celle des autres pays du monde ?
Au Moyen-Orient, la guerre n'a pas de fin
Le 20e siècle a ét&ea;cle a été un siècle de guerres, les guerres les plus atroces de l'histoire humaine, et jamais aucune d'entre elles n'a servi les intérêts des ouvriers. Toujours ces derniers ont été appelés à aller se faire tuer par millions pour les intérêts de leurs exploiteurs, au nom de la défense de "la patrie", de "la civilisation", de "la démocratie", voire de "la patrie socialiste" (comme certains présentaient l'URSS de Staline et du goulag).
Et après ces guerres terribles, particulièrement après la Seconde Guerre mondiale, on a encore demandé à ceux qui avaient survécu d'accepter de nouveaux sacrifices pour reconstruire l'économie "nationale" c'est-à-dire capitaliste.
Aujourd'hui, il y a une nouvelle guerre au Moyen-Orient, même si elle n'est pas officiellement déclarée.
De chaque côté, les cliques dirigeantes appellent les ouvriers à "défendre la patrie", qu'elle soit juive ou palestinienne. Ces ouvriers juifs qui en Israël sont exploités par des capitalistes juifs, ces ouvriers palestiniens qui sont exploités par des capitalistes juifs ou par des capitalistes arabes (et souvent de façon bien plus féroce que par les capitalistes juifs puisque, dans les entreprises palestiniennes, le droit du travail est encore celui de l'ancien empire ottoman).
Les ouvriers juifs ont déjà payé un lourd tribu à la folie guerrière de la bourgeoisie au cours des cinq guerres qu'ils ont subies depuis 1948. Sitôt sortis des camps de concentration et des ghettos d'une Europe ravagée par la guerre mondiale, les grand-parents de ceux qui aujourd'hui portent l'uniforme de Tsahal avaient été entraînés dans la guerre entre Israël et les pays arabes. Puis leurs parents avaient payé le prix du sang dans les guerres de 67, 73 et 82. Ces soldats ne sont pas d'affreuses brutes qui ne pensent qu'à tuer des enfants palestiniens. Ce sont de jeunes appel&eacut jeunes appelés, ouvriers pour la plupart, crevant de trouille et de dégoût qu'on oblige à faire la police et dont on bourre le crâne sur la "barbarie" des Arabes.
Les ouvriers palestiniens aussi ont déjà payé de façon horrible le prix du sang. Chassés de chez eux en 1948 par la guerre voulue par leurs dirigeants, ils ont passé la plus grande partie de leur vie dans des camps de concentration, enrôlés de gré ou de force à l'adolescence dans les milices du Fatah et autres FPLP ou Hamas. Leurs plus grands massacreurs ne sont d'ailleurs pas les armées d'Israël mais celles des pays où ils étaient parqués, comme la Jordanie et le Liban : en septembre 1970 (le "septembre noir"), le "petit roi" Hussein les extermine en masse, au point que certains d'entre eux vont se réfugier en Israël pour échapper à la mort ; en septembre 1982, ce sont des milices arabes (certes chrétiennes et alliées à Israël) qui les massacrent dans les camps de Sabra et Chatila, à Beyrouth.
Nationalisme et religion, des poisons pour les exploités
Aujourd'hui, au nom de la "Patrie palestinienne", on veut mobiliser à nouveau les ouvriers arabes contre les Israéliens, c'est-à-dire, en majorité, des ouvriers israéliens, de même qu'on demande à ces derniers de se faire tuer pour la défense de la "terre promise", Eretz Israël.
Des deux côtés coulent de façon répugnante les flots de propagande nationaliste, une propagande abrutissante destinée à transformer des êtres humains en bêtes féroces. Les bourgeoisies israélienne et arabes n'ont cessé de l'attiser depuis plus d'un demi-siècle. Aux ouvriers israéliens et arabes, on n'a cess&eacs, on n'a cessé de répéter qu'ils devaient défendre la terre de leurs ancêtres. Chez les premiers on a développé, à travers une militarisation systématique de la société, une psychose d'encerclement afin d'en faire de "bons soldats". Chez les seconds on a ancré le désir d'en découdre avec Israël afin de retrouver un foyer. Et pour ce faire, les dirigeants des pays arabes dans lesquels ils étaient réfugiés les ont maintenus pendant des dizaines d'années dans des camps de concentration, avec des conditions de vie insupportables, au lieu de les laisser s'intégrer dans la société de ces pays.
Le nationalisme est une des pires idéologies que la bourgeoisie ait inventées. C'est l'idéologie qui lui permet de masquer l'antagonisme entre exploiteurs et exploités, de les rassembler tous derrière un même drapeau pour lequel les exploités vont se faire tuer au service des exploiteurs, pour la défense des intérêts de classe et des privilèges de ces derniers.
Et pour couronner le tout, il s'y ajoute dans cette guerre le poison de la propagande religieuse, celle qui permet de créer les fanatismes les plus déments. Les juifs sont appelés à défendre avec leur sang le mur des lamentations du Temple de Salomon. Les musulmans doivent donner leur vie pour la mosquée d'Omar et les lieux saints de l'Islam. A ceux qui en refusent l'idée, ce qui se passe aujourd'hui en Israël et en Palestine confirme bien que la religion est "l'opium du peuple" comme le disaient les révolutionnaires au siècle dernier. La religion a pour but de consoler les exploités et les opprimés. A ceux pour qui la vie sur terre est un enfer, on raconte qu'ils seront heureux après leur mort à condition qu'ils sachent gagner leur salut. Et ce salut, on leur échange contre les sacrifices, la soumission, voire contre l'abandon de leur vie au service de la "guerre sainte".
Qu'à la fin du vingtième siècle, les idéologies et les superstitions remontant à l'antiquité ou au Moyen-Age soient e Moyen-Age soient encore abondamment agitées pour entraîner des êtres humains au sacrifice de leur vie en dit long sur l'état de barbarie dans lequel replonge le Moyen-Orient, en même temps que beaucoup d'autres parties du monde.
Les grandes puissances responsables de la guerre
Quant aux pays "développés", aux "grandes démocraties" qui aujourd'hui se penchent avec une compassion affectée sur un Moyen-Orient emporté par la fièvre guerrière, les Etats-Unis et les pays de l'Union européenne notamment, il faut dénoncer leur hypocrisie répugnante.
Ce sont les dirigeants de ces mêmes puissances qui ont créé la situation infernale dans laquelle meurent aus laquelle meurent aujourd'hui par centaines, et demain, peut-être par milliers, les exploités de cette région.
Ce sont les bourgeoisies européennes, et particulièrement la bourgeoisie anglaise avec sa "déclaration Balfour" de 1917 qui, afin de diviser pour mieux régner, ont permis la constitution d'un "foyer juif" en Palestine, favorisant ainsi les utopies chauvines du sionisme. Ce sont ces mêmes bourgeoisies qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale qu'elles venaient de remporter, se sont arrangées pour acheminer vers la Palestine des centaines de milliers de juifs d'Europe centrale sortis des camps ou errant loin de leur région d'origine. Cela leur permettait de n'avoir pas à les recueillir dans leur pays.
Ce sont ces mêmes bourgeoisies, anglaise et française d'abord, puis la bourgeoisie américaine qui ont armé jusqu'aux dents l'Etat d'Israël afin de lui attribuer le rôle de fer de lance du bloc occidental dans cette région lors de la guerre froide, alors que l'URSSde, alors que l'URSS, de son côté, armait le plus possible ses alliés arabes. Sans ces grands "parrains", les guerres de 1956, 67, 73 et 82 n'auraient pas pu avoir lieu.
Avec l'effondrement de l'URSS et du bloc russe on nous avait promis une nouvelle "ère de paix". Ce mensonge avait été immédiatement démenti par la guerre du Golfe en 1991. Mais à la suite de celle-ci, l'illusion d'une paix possible avait été déversée par les discours des hommes politiques et avait fait la une des journaux. C'était le temps de la conférence de Madrid en octobre 1991 et de la "paix d'Oslo" signé à la Maison Blanche en septembre 1993.
Mais il n'y a pas de paix possible dans le capitalisme. Déjà, les horribles massacres en Yougoslavie nous le démontraient au même moment. Quant au Moyen-Orient, la paix voulait dire une "Pax americana", une présence encore plus pesante de la puissance américaine dans la région, ce que ne voulaient ce que ne voulaient pas d'autres bourgeoisies que la fin de la menace soviétique incitait à affirmer leurs propres ambitions impérialistes.
Aujourd'hui, toutes ces bourgeoisies affirment vouloir la paix. Ce qu'elles veulent surtout c'est mettre un pied ou renforcer leur position au Moyen-Orient, une des zones les plus convoitées du monde de par son importance économique et stratégique.
Pour mettre fin à la guerre, il faut renverser le capitalisme
C'est pour cela que dans le conflit entre Israël et la Palestine, on retrouve les Etats-Unis comme parrain du premier pays alors que d'autres puissances, telle la France (comme on l'a vu lors de la rencontre de Paris au début octobre), se rangent derrière les positions palestinie positions palestiniennes.
Aujourd'hui encore, même avec la disparition de l'URSS, les grandes puissances viennent mettre de l'huile sur le feu, comme elles l'ont fait abondamment pendant près de 10 ans en Yougoslavie.
C'est pour cela que les ouvriers de ces pays, des "grandes démocraties", dont les dirigeants n'ont à la bouche que les mots "paix" et "droits de l'homme" doivent refuser de prendre partie pour un camp bourgeois ou pour l'autre. En particulier, ils doivent refuser de se laisser berner par les discours des partis qui se réclament de la classe ouvrière, les partis de gauche et d'extrême gauche qui leurs demandent de manifester leur "solidarité avec les masses palestiniennes" en quête de leur droit à une "patrie". La patrie palestinienne ne sera jamais qu'un Etat bourgeois au service de la classe exploiteuse et opprimant ces mêmes masses, avec des flics et des prisons. La solidarité des ouvriers des pays capitalistes les plus avancées ne va pas aux "palestiniensx "palestiniens" comme elle ne va pas aux "israéliens", parmi lesquels on trouve des exploiteurs et des exploités. Elle va aux ouvriers et chômeurs d'Israël et de Palestine, qui d'ailleurs mènent des luttes contre leurs exploiteurs malgré tout le bourrage de crâne dont ils sont victimes, comme elle va aux ouvriers de tous les autres pays du monde. Et la meilleure solidarité qu'ils puissent leur apporter ne consiste certainement pas à encourager leurs illusions nationalistes.
Cette solidarité passe avant tout par le développement de leur combat contre le système capitaliste responsable de toutes les guerres, un combat contre leur propre bourgeoisie.
Au Moyen-Orient, comme dans beaucoup d'autres régions du monde ravagées aujourd'hui pas la guerre, il n'y a pas de "juste paix" possible sous le capitalisme. Même si la crise actuelle ne débouche pas sur une guerre ouverte, même si les différents protagonistes arrivent à s'entendre cette fois-ci, cette régci, cette région restera une poudrière toujours prête à exploser.
La paix, la classe ouvrière devra la conquérir en renversant le capitalisme à l'échelle mondiale ce qui passe aujourd'hui même par un développement de ses luttes sur son terrain de classe, contre les attaques économiques de plus en plus dures que lui assène un système plongé dans une crise insurmontable.
Contre le nationalisme, contre les guerres dans lesquelles veulent vous entraîner vos exploiteurs,
Prolétaires de tous les pays, unissez vous !