Dans l’interminable liste des anniversaires macabres viennent de prendre place, le 11 juillet dernier, les 10 ans du massacre de Srebrenica, perpétrés au cours de la guerre dans les Balkans de 1991-1996.
Lors de ce conflit, les principales puissances impérialistes régleront leurs comptes par cliques slaves interposées afin de défendre leurs intérêts nationaux respectifs. Ainsi, l’Allemagne, pour s’ouvrir un accès aux ports dalmates de la côte adriatique, allumera la mèche de l’explosion yougoslave en soutenant les indépendantistes slovènes et croates. De leur côté, la France et la Grande-Bretagne appuieront le verrou serbe afin d’endiguer la percée allemande. Les Etats-Unis, quant à eux, dans ce contexte de remise en cause de leur statut de première puissance, s’inviteront dans cette foire d’empoigne par l’intermédiaire de la Bosnie puis de la Croatie (cf. RI n°248). Ainsi, les rivalités entre grands requins impérialistes feront à nouveau exploser la poudrière des Balkans qui conduira, entre autres, au massacre de Srebrenica dont le degré de barbarie donne à lui seul un aperçu des horreurs subies par les populations civiles tout au long de cette guerre.
Suite à la prise de l’enclave de Srebrenica par l’armée serbe du général Mladic, près de 8000 Bosniaques seront exécutés à la mitrailleuse en 5 jours, du 13 au 17 juillet 1995 !
Outre l’aspect massif de cette boucherie, reste le plus frappant. Ce concentré de barbarie s’est produit dans une "zone de sécurité" protégée par 450 casques bleus néerlandais, sous commandement franco-britannique, mandatés par le symbole même de la défense des droits de l’homme et de la civilisation, l’ONU et sa "communauté internationale".
Le malaise est à ce point perceptible que diverses missions d’enquête parlementaire, comme en Hollande ou en France, ont été constituées juste après le conflit afin de fournir les éléments d’explication nécessaire… à la déculpabilisation des grandes puissances, cela va sans dire.
Ainsi, le récent rapport du NIOD (institut hollandais de documentation militaire) rejette toute responsabilité des Pays-Bas et de leurs alliés. De même, pour les parlementaires français, la passivité manifeste de la Forpronu (force armée de l’ONU) n’est que le fruit "d’une chaîne de commandement et des procédures lourdes et complexes" ainsi que "des carences dans le renseignement". Bref, c’est l’éternelle rengaine des candides : "on ne pouvait pas savoir" ou "nous l’avons su mais trop tard".
Alors, tout en nous promettant de faire mieux la prochaine fois, les grandes nations démocratiques dans un élan de contrition hypocrite, lors des journées de commémorations organisées à Srebrenica au mois de juillet, ont versé leurs larmes de caïmans pour "rendre hommages aux victimes innocentes" (pour reprendre les termes du ministre britannique Jack Straw). Et pour compléter le concert cynique de la bourgeoisie, le ministre français des affaires étrangères, Douste-Blazy, a solennellement affirmé que le génocide bosniaque "est une plaie ouverte sur le flanc de l’Europe qui nous impose le devoir de mémoire et l’exigence du souvenir." Or, si l’on se souvient bien, le duo des bouchers serbes, Mladic-Karadzic, n’est certainement pas le seul coupable de l’élimination des poches de Srebrenica et Zepa.
Les grandes puissances en ouvrant les portes de Srebrenica aux troupes serbes du Drina Corps, ont pris une part de responsabilité incontestable dans les assassinats de masse qui vont suivre. C’est un véritable massacre sur ordonnance qui a été organisé. En effet, depuis 1993, Srebrenica est une zone de sécurité désarmée en échange de la protection de l’ONU. Cependant, lorsque sonne la charge serbe du 6/7 juillet, la Forpronu refuse de redonner leurs armes aux Bosniaques au nom de l’accord de démilitarisation. Quant aux casques bleus, ils n’opposeront aucune résistance à la progression serbe. D’ailleurs, Mladic avait pu être largement rassuré de ce côté par le général français Janvier lors de leur rencontre à Zvornik le 4 juin 1995. D’après Franck Westerman, un proche collaborateur de Janvier, deux militaires français dont Bertrand de La Presle aurait avalisé, sur ordre du président Chirac, ces négociations garantissant la non-agression aérienne des troupes serbes.
En conclusion, l’écrasement de Srebrenica n’a pas été le résultat d’une malheureuse indifférence. Les contorsions ridicules des parlementaires français dans leur rapport d’information sont ici pour le moins édifiantes : "Srebrenica n’est pas tombée contre la volonté des gouvernements occidentaux qui, pour autant, n’ont pas voulu la chute de Srebrenica".
Le fait est que tout au long des attaques menées par les serbes, les troupes de la Forpronu, dirigées par les français et les britanniques, ont fait preuve d’une "impuissance" plus que complice avec leur allié en coulisse, la Serbie. Ce n’est pas par fantaisie que Mitterrand disait "Moi vivant, on ne fera pas la guerre aux Serbes".
La prise de l’enclave bosniaque était bien une chute planifiée. Mais cela n’empêche pas la bourgeoisie, confite d’hypocrisie et les mains encore rouge des massacres, de nous soutenir que les conséquences atroces pour les civils bosniaques étaient imprévisibles. C’est là encore un mensonge éhonté. Dès 1993, l’ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine, dans l’ambiance de pogrom des nationalismes serbe et bosniaque, se souvient avoir intitulé une série de télégrammes adressés au Quai d’Orsay "chronique d’un nettoyage ethnique annoncé". Aussi, en juin 1995, les services secrets de plusieurs pays avaient notés la concentration du Drina Coprs au sud de Srebrenica et la présence des hommes d’Arkan, chef paramilitaire, connu comme spécialiste des opérations d’épuration ethnique.
Malgré ces éléments, aucun plan d’évacuation de la population en cas d’attaque serbe ne sera proposé par nos défenseurs patentés de la paix et des droits de l’homme.
Quant le génocide commence, il n’y a plus aucune sorte de "mystère" sur les intentions de Mladic. D’autant que les massacres ont lieu sous le nez des forces armées de l’ONU. Pourtant, là encore, aucune évacuation ne sera prévue pour la poche de Zepa nettoyée juste après celle de Srebrenica. Ainsi, d'après un télégramme envoyé le 12 juillet 1995 par une représentation diplomatique auprès des organisations humanitaires : "Le HCR et le CICR n’entendent pas participer ou organiser l’évacuation de la population qui s’inscrit dans la politique bosno-serbe de "nettoyage ethnique", sauf si le gouvernement bosniaque leur en fait expressément la demande et à la condition que les civils de Zepa souhaitent quitter les villages de l’enclave." (cf. le rapport d’information des députés français)
Finalement, ce sont bien les grandes puissances capitalistes,
à travers leurs sanglantes rivalités impérialistes qui ont encouragé les
opérations de "nettoyage" et de "purification ethnique"
pratiquées par les cliques nationalistes rivales sur le terrain.
La Shoah, les bombardements de Dresde et de Hambourg, ceux d’Hiroshima et de Nagasaki ont aussi été commémorés cette année avec le même cynisme (cf. Revue Internationale n°121). En chaque occasion, la bourgeoisie a jeté un voile idéologique hypocrite pour tenter de masquer les responsabilités directes des grandes démocraties dans ces crimes et ces horreurs ainsi que sur la barbarie de son système.
Ce ne sont nullement des reliques du passé mais l’expression même de l’avenir que le capitalisme nous réserve tant que la classe ouvrière n'aura pas entrepris de le renverser et de le détruire.
Azel (28 juillet)
Le 17 août dernier a commencé, à grands renforts de publicité, le retrait israélien de la bande de Gaza. Pour l'occasion, les médias bourgeois nous ont abreuvés de reportages. Aux Palestiniens en liesse étaient opposés des colons israéliens effondrés de devoir quitter leurs lieux d’habitation. Malgré des intérêts impérialistes et guerriers différents, le message que veut faire passer la bourgeoisie des grandes puissances est clair : "C’est un pas vers la paix."
Le plan de désengagement de la bande de Gaza est l’œuvre du premier ministre israélien, le général Ariel Sharon. Celui-ci ne cesse de recevoir des louanges et des félicitations de la part de toutes les grandes capitales du monde : de Bush à Schröder, de Chirac à Blair. Chacun cache ses propres intérêts impérialistes derrière des discours hypocrites sur la paix. De fait, rien ne pourrait freiner la politique israélienne en matière de retrait de la bande de Gaza. L’aile la plus radicale du Likoud, les extrémistes religieux et même Netanyahou qui vient de démissionner du gouvernement Sharon pour exprimer ses divergences, n’étaient en mesure de l’empêcher. Car contrairement à ce qu’affiche publiquement la bourgeoisie, le retrait de la bande de Gaza correspond au mieux aux intérêts guerriers de l’impérialisme israélien.
Le désengagement israélien sur cette minuscule bande de terre que représente Gaza, où vivent parqués plus d'un million et demi de Palestiniens, concerne le départ de 7000 colons. L’Etat israélien payait extrêmement cher jusqu’à présent, en termes économiques et militaires, sa présence sur un petit morceau de territoire qui ne possède pas d’intérêts stratégiques particuliers. De fait, le retrait va simplement transformer la bande de Gaza en une immense prison. Dans la plus grande des misères et dans un chaos généralisé, ce sont dorénavant les différentes fractions armées bourgeoises palestiniennes y compris, l’Autorité palestinienne en pleine crise, ainsi que le Hamas, qui vont y faire régner leur loi. Quant à l’armée israélienne, elle y interviendra si nécessaire, gardant ce territoire sous haute surveillance. La population de Gaza ne peut que se retrouver plongée dans des conditions de vie toujours plus effroyables. Instabilité, violences, révoltes et désespoir vont encore gagner du terrain, faisant le lit du radicalisme religieux et du terrorisme.
Ce pseudo-pas vers la paix du capitalisme, se traduit dans la
politique de la "terre brûlée" qui consiste à tout détruire avant de
se retirer : habitations, cultures, irrigations etc….
La fuite en avant impérialiste de l’Etat d’Israël
L’objectif essentiel du plan de retrait de Sharon a pour destinée, sous couvert de paix et de bonne volonté israélienne dont le retrait de la bande de Gaza serait une concrétisation historique, de masquer l’offensive que cet Etat mène en Cisjordanie. En vingt cinq ans, le rythme d’augmentation de la population israélienne dans les territoires occupés a plus que triplé, atteignant actuellement environ 250 000 personnes. Le nombre d’Israéliens qui se sont installés dans des quartiers construits sur le territoire municipal annexé de Jérusalem-Est, a été multiplié par cinq depuis la même époque, pour monter à plus de 200 000 aujourd’hui. Mais ce rythme s’est particulièrement accéléré au cours de la dernière période. Le Gouch Etzyon est ainsi le premier bloc que le gouvernement Sharon essaie de placer du bon côté de la clôture de séparation. Depuis, les villes de Kafr Abbouch et Naplouse au Nord, en passant par Jérusalem Ouest et Est, jusqu’à Hébron et Rihiya au sud, la Cisjordanie est aujourd’hui recouverte de murs censés protéger, en les séparant, les populations israélienne et palestinienne. Tout ceci, n’est qu’un mensonge, ayant pour objet de cacher la réalité de la politique expansionniste de l’Etat d’Israël. Tout en reconnaissant à la demande expresse de l’administration Bush l’existence de "centres israéliens de population" en Cisjordanie, cela permettait à Sharon d’affirmer ouvertement le réel sens de sa politique : "Le gouvernement fera tout pour renforcer le contrôle israélien sur tout le territoire destiné à être intégré à l’Etat d’Israël, dans le cas d’un accord diplomatique…". Encore aujourd’hui, derrière l’écran de fumée idéologique du retrait de Gaza, dans l’implantation de Bata-Illit, en Cisjordanie, ce sont quelques 640 unités de logements qui viennent d’obtenir un permis de construire, tandis qu’en Gival Tal, une petite colonie proche d’Alfei Menaske, ce ne sont pas moins de 1000 unités qui sont en chantier. (Courrier international, 28/07/05). La bourgeoisie israélienne, dans son offensive impérialiste, se doit nécessairement de contrôler la Cisjordanie, quelles que soient par ailleurs les conséquences en terme de développement du chaos et de la barbarie. La Cisjordanie s’avère être une plaque tournante géostratégique de première importance. Cette région est en effet frontalière avec la Jordanie, mais surtout avec le Liban et la Syrie. La confrontation impérialiste permanente entre la Syrie et Israël place donc la Cisjordanie au centre d’enjeux vitaux, que la montée des tensions entre l’Iran, Israël et les Etats-Unis ne fait qu’exacerber.
De son côté, la bourgeoisie palestinienne, même au sein d’une Autorité particulièrement affaiblie et plus divisée que jamais depuis la mort de son leader historique Arafat, ne peut que réagir de plus en plus violemment pour défendre ses propres intérêts. Les mouvements les plus radicaux de la bourgeoisie palestinienne, tels le Hamas, par delà les discours idéologiques apaisants de circonstance, vont être poussés eux-mêmes dans une fuite en avant guerrière. La Cisjordanie aujourd’hui est une véritable poudrière, où populations israélienne et palestinienne maintenant séparées par des murs et des barbelés, seront exposées au même développement de la misère, aux explosions de frustration et de colère, creusant le lit du radicalisme et du terrorisme le plus aveugle. La Cisjordanie, transformée en gigantesque ghetto abritant une population désespérée, encore beaucoup plus nombreuse et privée de tout que dans la bande de Gaza, est vouée à s'enfoncer dans un chaos sanglant.
Un pas de plus dans la décomposition
Au Moyen-Orient, la montée de la guerre et du chaos s’accélère, et les discours sur la paix tenus par les grandes métropoles capitalistes et les bourgeoisies israélienne comme palestinienne ne pourront rien y changer. L’hypocrisie de la politique des bourgeoisies locales ne peut que provoquer une accélération de la décomposition dans toute la région. Le prolétariat n’a rien à attendre des mensonges de la bourgeoisie sur la paix. Dans le capitalisme, il ne peut exister que la paix des tombes. Les poisons nationalistes et religieux qui prolifèrent tout particulièrement dans cette région, que ce soit du côté palestinien ou israélien ne peuvent conduire qu’à l’enfoncement dans une barbarie croissante.
Tino (24 août)
« Dirigeants du monde », « terroristes internationaux » :
Ils sont tous responsables du massacre des ouvriers.
Qui sont les premières victimes des attentats terroristes dans le centre de Londres le 7 juillet 2005 ? Comme à New York en 2001 et à Madrid en 2004, les bombes visaient délibérément les ouvriers, les gens qui s'entassent dans les métros et les bus pour aller au travail. Al Qaida qui revendique la responsabilité de ce meurtre de masse, dit qu'elle a voulu venger "les massacres perpétrés en Irak par l'armée britannique". Mais la boucherie sans fin que subit la population irakienne,n'est pas la faute de la classe laborieuse de Grande Bretagne ; ce sont les classes dominantes de Grande Bretagne, d'Amérique qui en sont responsables - sans parler des terroristes de la soi-disant 'Résistance' qui sont quotidiennement impliqués dans le massacre d'ouvriers et de civils innocents à Bagdad et dans les autres villes. Pendant ce temps, les architectes de la guerre en Irak, les Bush et les Blair, restent sains et saufs ; pire encore, les atrocités commises par les terroristes leur fournissent le prétexte idéal pour lancer de nouvelles aventures militaires, tout comme ils l'ont fait en Afghanistan et en Irak après le 11 septembre.
Tout cela est dans la logique de la guerre impérialiste : des guerres menées dans l'intérêt de la classe capitaliste, des guerres pour la domination de la planète. La grande majorité des victimes de ces guerres, ce sont les exploités, les opprimés, les esclaves salariés du capital. La logique de la guerre impérialiste excite la haine nationale et raciale, fait, de populations entières, "l'ennemi" à insulter, à attaquer et à abattre. Elle monte les ouvriers les uns contre les autres et les empêche de défendre leurs intérêts communs. Pire, elle appelle les ouvriers à rallier le drapeau national et l'Etat national, à marcher de plein gré à la guerre en défense d'intérêts qui ne sont pas les leurs, mais ceux de leurs exploiteurs.
Dans sa déclaration sur les attentats de Londres depuis la réunion des riches et des puissants au Sommet du G8, Blair a dit : "Il est important cependant que ceux qui sont engagés sur la voie du terrorisme sachent que notre détermination à défendre nos valeurs et notre mode de vie est plus grande que leur détermination à semer la mort et la destruction chez une population innocente".
La vérité, c'est que les valeurs de Blair et celles de Ben Laden sont exactement les mêmes. Ils sont aussi prêts l'un que l'autre à semer la mort et la destruction chez une population innocente pour défendre leurs intérêts sordides. La seule différence, c'est que Blair est un grand gangster impérialiste et Ben Laden un petit. Nous devons rejeter totalement tous ceux qui nous demandent de choisir un camp contre un autre.
Toutes les déclarations de solidarité avec les victimes des attentats de Londres proclamées par 'les dirigeants du monde' sont de la pure hypocrisie. Le système social qu'ils dirigent depuis le siècle dernier, a anéanti des dizaines de millions d'êtres humains dans deux guerres mondiales barbares et des conflits sans nombre, de la Corée au Golfe, du Vietnam à la Palestine. Et contrairement aux illusions que sèment Geldof, Bono et autres organisateurs de concerts humanitaires, ils dirigent un système qui, par sa nature même, ne peut pas "make poverty history", jeter la pauvreté aux poubelles de l'histoire, mais condamne au contraire les populations par centaines de millions à une misère croissante et empoisonne tous les jours la planète pour défendre ses profits. La solidarité que veulent les dirigeants du monde est une fausse solidarité, l'unité nationale entre les classes qui leur permettra de déchaîner de nouvelles guerres dans le futur.
La seule véritable solidarité est la solidarité internationale de la classe ouvrière, fondée sur les intérêts communs des exploités de tous les pays. Une solidarité qui dépasse toutes les divisions raciales et religieuses et qui est la seule force capable de s'opposer à la logique capitaliste du militarisme et de la guerre.
L'histoire a montré la puissance d'une telle solidarité : en 1917-18, quand les mutineries et les révolutions en Russie et en Allemagne ont mis fin au carnage de la Première Guerre mondiale. Et l'histoire a aussi montré le prix terrible que la classe ouvrière a dû payer quand cette solidarité a été à nouveau remplacée par la haine nationale et la loyauté à la classe dominante : l'holocauste de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, le capitalisme répand à nouveau la guerre sur la planète. Si nous voulons l'arrêter de nous engloutir dans le chaos et la destruction, nous devons rejeter tous les appels patriotiques de nos dirigeants, lutter pour défendre nos intérêts en tant qu'ouvriers et nous unir contre cette société mourante qui ne peut rien nous offrit que l'horreur et la mort à une échelle toujours grandissante.
(Courant communiste international, 7 juillet 2005)
Pendant trois semaines en juillet, le monde a tremblé face à une vague d'attentats meurtriers d'une fréquence sans précédent, de Londres à Charm El-Cheikh et en Turquie. A ceux-là s’ajoutent les bombes explosant quotidiennement en Irak, en Afghanistan, au Liban ou au Bengladesh. Les Etats et leurs gouvernements cherchent à nous faire croire qu'ils combattent le terrorisme et qu'ils sont capables de protéger les populations des attentats. Quels mensonges !
Le terrorisme est une expression de la barbarie guerrière du capitalisme
Les Etats ne combattent pas le terrorisme. Ce sont eux qui le sécrètent et le font prospérer. Ce sont de plus en plus clairement tous les Etats, grands ou petits, qui commanditent, infiltrent, manipulent, utilisent les fractions, groupes et nébuleuses terroristes partout dans le monde pour défendre ou faire valoir leurs sordides intérêts. Le terrorisme est aujourd'hui devenu une arme de plus en plus fréquemment utilisée dans la guerre ouverte ou larvée que se livrent les bourgeoisies du monde entier. Rappelons que Ben Laden et le groupe Al Qaida eux-mêmes ont été formés à l'école américaine de la CIA dans les années 1980 pour organiser la résistance à l'occupation des troupes russes en Afghanistan. Nombre de dirigeants politiques bourgeois aujourd'hui présentés comme respectables, de Begin à Arafat en passant par Gerry Adams, sont d'anciens chefs terroristes.
Ce phénomène constitue un pur produit du capitalisme pourrissant, une des manifestations les plus criantes de la barbarie de la société capitaliste. L'Etat bourgeois profite des sentiments d'insécurité permanente, de peur et d'impuissance suscités par de tels actes dans les populations pour se présenter comme le seul rempart possible contre la montée du terrorisme. Rien n'est plus faux ! La classe ouvrière ne peut que se sentir directement interpellée, indignée et révoltée par ces attentats parce que souvent, comme à New York en 2001, à Madrid en 2004 ou à Londres cette année, ce sont des prolétaires qui se rendent sur leur lieu de travail qui sont les principales victimes de ces actes barbares. Mais la solidarité envers les victimes de ces attentats de la part de leurs frères de classe face au terrorisme ne passe nullement par l'union nationale avec la bourgeoisie mais au contraire par le refus catégorique de cette union sacrée. L'Etat nous demande de resserrer les rangs autour de sa défense et de la démocratie dans un même élan d'union nationale. On ne peut lui faire aucune confiance pour protéger les populations du terrorisme. Ce sont les gouvernements, en tant que fauteurs de guerre, qui sont responsables de ce déchaînement d'horreurs qu'ils sont bien incapables d'enrayer. Plus la bourgeoisie déclare ouvertement la guerre au terrorisme, plus se multiplient les attentats, plus les grandes puissances se vautrent dans le sang et la boue et précipitent les populations dans un engrenage sans limites de violence, de guerre et de représailles. Les seules mesures concrètes que puissent adopter la bourgeoisie au nom de l'anti-terrorisme, c'est la mise en place des différents plans Vigipirate ou ses équivalents, destinés à faire accepter un brutal renforcement de l'appareil répressif et permettant surtout la multiplication des moyens de contrôle et de surveillance de la population.
A quoi servent les campagnes anti-terroristes de la bourgeoisie ?
Les campagnes anti-terroristes actuelles ont permis de justifier avant tout un renforcement sans précédent de l’appareil répressif. La situation en Grande-Bretagne en constitue une illustration édifiante. L’exemple le plus flagrant a été l’assassinat d’un jeune Brésilien dans le métro londonien avec l’autorisation donnée à la police de tirer à vue sur tout suspect (voir article page 4). La bourgeoisie anglaise a rapidement compris que la classe ouvrière n’était pas prête à se ranger derrière les intérêts de l'Etat bourgeois au nom de "l'anti-terrorisme". Elle s'est bien gardée d'appeler à des manifestations monstres comme celles organisées en avril 2004 contre le terrorisme dans les rues de Madrid et de toute l'Espagne après les attentats en gare d'Atocha. C’est d'ailleurs probablement elle-même qui a organisé une seconde série "ratée" d'attentats, qui avait tout d'un simulacre, précisément dans le but de relancer le message de la mobilisation nationale et pour mieux faire passer aux yeux des prolétaires les méthodes de quadrillage et de surveillance policière.
Malgré cela, la classe ouvrière a démontré qu'elle ne se laissait pas intimider. La grève d'un millier de salariés à l'aéroport d'Heathrow en Grande-Bretagne en solidarité avec 670 de leurs frères de classe brutalement attaqués et menacés de licenciement à côté d'eux en est une preuve irréfutable . En dépit de la pression policière existante, cette lutte a clairement démontré que ce qui est en jeu pour les prolétaires n'est pas le maintien de l'ordre bourgeois et sa terreur mais la défense de ses intérêts de classe face aux attaques qu'ils subissent. Et c'est justement le développement de ses luttes qui est à l'ordre du jour. Cette reprise des luttes ouvrières face à la mise en œuvre parallèle des moyens policiers montre justement quel est le véritable objectif de tout ce déploiement policier. La préoccupation essentielle de la bourgeoisie n’est nullement la chasse aux terroristes. Elle sait par contre qu'avec l'aggravation de la crise économique mondiale, elle va devoir imposer des attaques de plus en plus féroces au prolétariat et faire face à un développement à l'échelle internationale des luttes de résistance de la classe ouvrière à ces attaques.
La lutte de classe est le seul moyen de combattre la terreur capitaliste
Il n'existe pas de solution-miracle, immédiate, qui permette du jour au lendemain d'empêcher les attentats terroristes, pas plus que la guerre impérialiste de se déchaîner sur la planète. Une seule classe a la possibilité de s'opposer à terme à la montée en puissance du terrorisme, de la guerre et de la barbarie, c'est le prolétariat à travers le développement de ses luttes de résistance aux attaques de la bourgeoisie sur son terrain de classe. Le véritable enjeu qui menace l'ordre bourgeois, c'est qu'à travers le développement de la lutte de classe, la classe ouvrière est amenée à prendre conscience du lien existant entre les attaques qu'elle subit avec la guerre et le terrorisme qui débouche sur la remise en cause du système capitaliste dans son ensemble et sur la nécessité de sa destruction.
Et c'est seulement à travers le renversement du système capitaliste et de ses rapports d'exploitation que la classe ouvrière peut y parvenir. Les méthodes et les moyens d'action du prolétariat qui reposent sur la conscience et la solidarité de classe, sur le caractère collectif, unitaire, internationaliste de ses luttes sont radicalement opposées et antagoniques à ceux du terrorisme.
La classe ouvrière en Grande-Bretagne a démontré la capacité des prolétaires à affirmer leur réponse au chantage de la bourgeoisie à travers leur solidarité sur un terrain de classe face aux licenciements et aux attaques du capitalisme. C'est de cet exemple que les prolétaires de tous les pays doivent s'inspirer. C'est en menant leur combat de classe sur un terrain de résistance et de solidarité face aux attaques économiques qu'ils subissent, qu'ils pourront opposer une alternative et une perspective à l'impasse et à la barbarie guerrière du monde capitaliste qui menace la survie de l'humanité toute entière.
Non à l'union nationale, oui à la solidarité de classe !
Wim (24 août)
La multiplication des accidents d'avion (6 en 2 mois, 330 morts…) cet été ne sont nullement imputables à une quelconque loi des séries, à la fatalité comme le prétendent chaque fois les médias, pas plus qu'à des erreurs humaines comme le concluent la plupart des commissions d'enquête ordonnancées par la suite. Le véritable responsable de ces catastrophes, c'est le système capitaliste et sa loi du profit qui, au péril de la vie des passagers, pousse à faire voyager de plus en plus de monde à bord de véritables cercueils volants, pour faire baisser au maximum les coûts de revient. Alors que les aéroports comme les compagnies aériennes sont confrontés à un trafic aérien de plus en plus intense et embouteillé, deux seuls impératifs : économiser sur le personnel comme sur le matériel et rentabiliser à tout prix face aux concurrents. La fuite en avant dans une concurrence démentielle entre les compagnies aériennes, les tours-opérateurs, les aéroports s'est encore exacerbée avec le succès de la formule publicitaire du voyage à bas prix à bord de vols charters. Impossible de respecter les normes de sécurité les plus élémentaires ou d'effectuer des contrôles sérieux quand la majorité de la flotte aérienne est désormais composée de vieux coucous dont l'âge, l'état ou le nombre d'heures de vol exigerait une mise à la casse immédiate et provoquerait instantanément la faillite de pratiquement toutes les compagnies aériennes. D'ailleurs, les rapports alarmants sur l'état du parc des charters dans les aéroports sont systématiquement enterrés. Par exemple, le MD-82 de la West Caribbean qui s'est écrasé au Venezuela effectuait régulièrement jusqu'à douze vols quotidiens ([1] [10])...
Il ne faut pas se faire la moindre illusion. Tant que le capitalisme existera, de telles catastrophes meurtrières ne pourront qu'être de plus en plus fréquentes.
[1] [11] L'Etat français a par ailleurs dans ces circonstances illustré tout le cynisme de la bourgeoisie en allant jusqu'à faire payer le voyage et la prise en charge des familles des victimes martiniquaises de la catastrophe pour aller reconnaître les corps de leurs proches par les habitants des communes et les collectivités locales, sans débourser d'autre frais que le déplacement officiel de Chirac aux obsèques…
Nous publions ci-dessous le courrier d'une lectrice auquel nous apportons notre soutien et qu'il n'est pas nécessaire de commenter.
Chers camarades,
Voici une petite contribution concernant mes impressions quant au brevet des collèges.
En effet, en tant qu’enseignante, j’ai été de surveillance pour l’épreuve d’histoire – géographie – éducation-civique du brevet en juin. J’ai donc découvert en même temps que nos chères têtes blondes la cuvée 2005… et quelle cuvée ! 1 doigt de documents triés, 2 doigts de questions orientées, 3 doigts de réflexion dirigée, saupoudrez le tout de quelques graines de démocratisme… et vous obtiendrez la délicieuse liqueur de fleur de brevet !
Tout le sujet puait l’hypocrisie et la manipulation. L’Etat prétend développer à travers son école la réflexion, l’esprit critique et la compréhension du monde, mais c’est une belle mascarade. Voyez plutôt. ([1] [13])
Le sujet d’histoire concernait "les années De Gaulle". Ici, les élèves, des gamins de 14-15 ans, n’avaient pas le choix, ils devaient glorifier la France : "vous montrerez que les années De Gaulle sont une période d’affirmation de la puissance française au niveau national et international".
Tout d’abord, les documents balançaient des extraits de discours de De Gaulle pour mieux nous convaincre de la véracité de la thèse à défendre : "aujourd’hui, (le) poids et (le) rayonnement (de la France) sont reconnus partout dans l’univers", "nous sommes à présent en plein essor de prospérité et de progrès social".
Ensuite, l’une des principales preuves de la puissance retrouvée était la modernisation de l’armée française avec "la première bombe atomique française (qui) explose au Sahara" en 1960 et le "lancement du Redoutable, premier sous-marin nucléaire français lanceur d’engins" en 1967 !
Enfin, et surtout, la toute nouvelle émancipation de l’impérialisme français était pointée du doigt au travers "le retrait de la France du commandement militaire intégré de l’OTAN" (qui, comme chacun sait, est sous la domination américaine) en 1966 et la fermeture des "bases militaires américaines sur le territoire français" un an plus tard. Ici on ne fait qu’effleurer du bout de la plume l’anti-américanisme si présent aujourd’hui, mais cette allusion très lourde de sens ne vise qu’à enrôler un peu plus derrière le drapeau tricolore et à justifier la politique actuelle. Et ce d’autant plus que le dernier document présentait le rapprochement franco-germanique au travers la visite du général De Gaulle au chancelier Adenauer en 1962 parmi une foule brandissant des banderoles "vive l’Europe unie", "pour une Europe fédérée".
Comme nous sommes en démocratie, nos chérubins ont eu le choix : sujet d’histoire ou géographie. Donc s’ils ne voulaient pas crier "Vive la France", la bourgeoisie leur laissait l’alternative de chanter "A bas les Etats-Unis". Le titre du sujet de géographie donnait en effet le ton : "Les Etats-Unis, une super-puissance contestée".
Sans jamais critiquer ouvertement les Etats-Unis, les questions, les documents distillaient insidieusement un sentiment anti-américain, faisant ainsi écho à la propagande partout présente dans les journaux, à la télévision, etc. On demandait effectivement aux élèves de démontrer la suprématie militaire, économique et culturelle… mais les textes choisis étaient acerbes : "A l’exception de 2 ou 3 industries cinématographiques qui résistent encore (l’Inde et la France, par exemple), Hollywood exerce une domination absolue sur le cinéma mondial – donc "sur nos rêves et dans nos têtes", dit-on en Europe." Le but était clair : faire ressentir une aversion pour cet Etat.
Mais le plus écoeurant a été le cynisme avec lequel ont été abordés les évènements du 11 septembre : pas une seule fois n’ont été évoqués les 2000 morts, pas une seule fois n’a été critiquée l’atrocité du terrorisme. Au contraire, en demandant aux élèves "Comment la puissance américaine a-t-elle été contestée le 11 septembre 2001 ?", l’idée insinuée n’était autre que du type, vulgairement parlant, "bien fait pour leur gueule" ! Ce sentiment était renforcé par la caricature de Plantu illustrant la question qui montre l’Oncle Sam, dont les jambes sont le World Trade Center, attaqué par deux boeing.
Le choix des sujets était donc un faux choix :
chauvinisme français ou anti-américanisme. Le résultat est le même, c’est la
défense des intérêts impérialistes français.
Le troisième sujet, obligatoire pour tous celui-là, est venu enfoncer le clou encore un peu plus. A travers une discipline entièrement consacrée à l’idéologie bourgeoise, l’éducation-civique, la classe dominante endoctrine les enfants de la classe ouvrière. Elle leur a imposé de démontrer que "l’engagement du citoyen dans la vie politique, associative et syndicale permet une vie sociale plus solidaire" ! Les documents martelaient sans cesse le même message : "les associations donnent aux citoyens l’occasion d’entreprendre autrement pour d’autres motifs que la stricte recherche du profit", "les associations permettent de créer de telles solidarités", "la défense de l’esprit civique conduit à inciter au geste fondamental d’insérer un bulletin dans une urne", etc. Il fallait leur faire entrer dans le crâne que ce système, même s’il n’est pas parfait, permet de lutter pour une vie plus juste, sans "racisme", sans "misère", avec des vacances pour tous grâce au Secours Populaire !
Tout cet endoctrinement martelé à ces jeunes cerveaux pour être sûr qu’ils n’iront pas réfléchir plus loin est écoeurant. J’en avais la nausée. Je ne pouvais même pas leur expliquer que le nationalisme et le démocratisme ne mènent à rien. La manipulation était grossière mais maligne, aucune discussion ne faisant jamais suite à ces examens et la critique de toute façon difficile sous peine d’être accusé de prosélytisme.
La question à se poser reste : pourquoi un tel acharnement propagandiste ? La réponse est simple : les enfants du prolétariat, futurs ouvriers eux-mêmes, vivent dans un monde de plus en plus barbare où la guerre et la misère deviennent des horreurs quotidiennes. La noirceur et l’incertitude du futur promis pas le capitalisme ne peuvent qu’engendrer chez ces jeunes un questionnement (à l’image des manifestations lycéennes de l’hiver dernier). La bourgeoisie s’empresse donc d’apporter ses réponses, de dévoyer la réflexion vers ses impasses : le chauvinisme et la démocratie.
Fraternellement.
Lily.
[1] [14] Toutes les citations sont extraites de l’épreuve d’histoire – géographie (J1) et éducation civique du diplôme national du brevet, série collège, options LV2 et technologie, session 2005.
Après la victoire du Non au référendum, le gouvernement avait lancé la promesse de s'attaquer en priorité au problème de l'emploi et du chômage. Dans la bouche de la bourgeoisie, cela ne pouvait signifier qu’une chose : une nouvelle attaque en règle contre les chômeurs et contre l'ensemble de la classe ouvrière. Aujourd'hui, les "100 jours" que s'était donnés de Villepin pour régler la question arrivent à leur terme. Et la bourgeoisie aura largement profitée des vacances d’été pour faire passer en urgence (et par voie d’ordonnance) sa série de nouvelles mesures anti ouvrières.
Une attaque contre les chômeurs
Chirac avait déjà donné le sens de l'action du gouvernement lors de la Garden Party du 14 juillet à l'Elysée : "Il y a trop de Français qui ne sont pas incités ou encouragés par des procédures adaptées à prendre des emplois." Autrement dit, les ouvriers réduits au chômage seraient des fainéants et des tire-au-flanc qu'il faudrait inciter à travailler...
Donc, le gouvernement s'est engagé plus résolument encore que ses prédécesseurs, de droite comme de gauche, à les éliminer purement et simplement des listes de l'ANPE et à supprimer leurs allocations. Ainsi, l'accès aux indemnité-chômage va diminuer de façon drastique, sous prétexte de "pousser à la recherche d'emploi" : moins 20% de l'allocation après un premier refus de l'emploi "sans motif légitime", 50% au deuxième, puis suppression totale pour "absence d'actes positifs de recherche d'emploi". Par la mise en oeuvre de ces directives, le gouvernement prétend "abolir l'assistanat" qui ronge la société française, portant en réalité un coup violent sur les chômeurs, en faisant baisser à la fois le coût qu'ils représentent et les chiffres officiels du chômage.
Les trois millions d'ouvriers au chômage qui existent officiellement en France vont donc être mis en demeure de choisir entre le travail à n'importe quelles conditions et n'importe quel salaire ou la disparition dans le néant avec la pire misère. Et ils seront nombreux à subir inexorablement la seconde "solution". Ainsi, officiellement, seulement 215 000 emplois ne trouvent pas preneurs sur l'ensemble du marché du travail, ce qui ne représente qu'un emploi environ pour cinq chômeurs ; mais, de plus, l'ANPE estime elle-même qu'en réalité ce chiffre se réduirait à 97 000 du fait que les employeurs ne déclarent pas leurs embauches à celle-ci. On mesure là l'énormité de l'hypocrisie et des mensonges gouvernementaux.
Pour mettre en évidence l'efficacité d'une accélération de son action "pour défendre l'emploi", le gouvernement s'est vanté de la baisse du chômage de 1,4% fin juin. Et il s'avère en effet que cette diminution est la conséquence de la "mise à jour" des fichiers de l'ANPE, c'est-à-dire de la radiation de nombreux chômeurs.
Pour le premier ministre de Villepin, le contrat nouvelle embauche (CNE) repose sur un "équilibre fondamental", celui de "plus de souplesse pour l'employeur les deux premières années, plus de garanties pour le salarié en cas de rupture". Il est clair que c'est tout bénéfice pour les employeurs, pour lesquels la "ristourne" est évidente : virer à volonté le personnel, directement en fonction des besoins du marché, sans préavis, sans justification aucune, et faire peser en permanence sur la tête des ouvriers la menace du licenciement afin d'avoir une main d'oeuvre plus corvéable et docile. Comme le disait un chef d'entreprise : "Le CNE nous permet de minimiser les risques si le projet ne marche pas. Rompre un contrat en CDI est plus compliqué." (Le Monde du 10 août 2005)
La seule "garantie" pour les jeunes salariés embauchés dans le cadre d'un CNE sera à coup sûr d'être exploités sans merci.
Voilà donc une des armes de choc que le gouvernement a sorties de son chapeau et dont il s'est empressé de faire accélérer la mise en oeuvre avant même septembre, contrairement à ce qui était prévu initialement. Loin de régler la question de l'emploi et du chômage, elle va accentuer la précarité des conditions de vie et de travail d'une partie mais aussi de toute la classe ouvrière. Ainsi, pendant le dernier trimestre 2004, 3 recrutements sur 4 ont été effectués en CDD, ce qui est révélateur de cette tendance que le CNE va encore venir alourdir.
De plus, la création du CNE, liée aux mesures sur les chômeurs pour leur faire accepter n'importe quoi sous peine de radiation, vient ajouter à la pression grandissante qui existe dans tous les secteurs et pour tous les âges à la baisse des salaires.
Dans le contexte de concurrence internationale qui fait rage, il s'agit de faire payer la crise économique aux prolétaires et de leur imposer les exigences d'un capital national aux prises avec la guerre commerciale.
La "riposte" des syndicats : une mascarade pour mieux faire passer les attaques anti-ouvrières
Les syndicats nous parlent de journées d'action pour "fêter l'anniversaire des 100 jours" à la rentrée. Quelle foutaise ! Pendant l'été, les mesures gouvernementales sont allègrement passées, devant des syndicats sans réaction, et qui parlent à présent de "rentrée chaude" et de "riposte unitaire". Mais si, d'un côté, ils ont laissé se mettre en place les attaques de fond dans le silence le plus complet, ils ne sont pas restés inactifs sur le terrain, face à de nombreuses grèves qui se sont déroulées cet été et dans tous les secteurs.
Chez Bata, à La Poste, dans certains centres de tri, chez Michelin, chez Nestlé, Virgin, Pizza Hut, dans le transport aérien, chez les cheminots d'Effia (entreprise privée employant des cheminots pour la SNCF), à FR3, chez les saisonniers agricoles, etc., partout, face à la lutte, les syndicats se sont efforcés d'enfermer les ouvriers dans le cadre du corporatisme de boîte le plus étroit, pour mieux faire passer les multiples attaques dont les ouvriers sont l'objet. Licenciements, fermetures d'usines, baisses des salaires, ils n'ont eu de cesse de canaliser la colère dans le secteur et d'isoler les ouvriers pour mieux briser la lutte et surtout empêcher la prise de conscience que c'est partout que la classe ouvrière est attaquée.
Face à l'offensive que la bourgeoisie, en France comme ailleurs, est contrainte de mener avec violence et avec une force qui ne peut que s'accroître, les ouvriers ne peuvent nullement compter sur les syndicats pour se défendre et pour mettre en avant les besoins vitaux d’extension et d’unité de la lutte ; au contraire, leur boulot, c’est de la saboter, de l'éparpiller en divisant et en affaiblissant la classe ouvrière. Ce sont les ouvriers eux-mêmes qui peuvent développer cette riposte, en prenant conscience de leurs propres forces, en sortant de l'isolement que leur imposent les syndicats et en allant chercher la solidarité avec leurs frères de classe qui subissent les mêmes attaques. La classe ouvrière en a les moyens : les ouvriers de l'aéroport d'Heathrow qui se sont mis en grève en solidarité avec des ouvriers d'un autre secteur ont encore montré cette capacité et cette nécessité qui se fait de plus en plus jour dans les rangs des prolétaires. Mais pour cela, il ne faut pas faire confiance aux syndicats et les rejeter, car ce sont les premiers ennemis de la solidarité ouvrière et du développement de ses forces.
KW (25 août)
La bourgeoisie démocratique prépare ses escadrons de la mort.
Vendredi 22 juillet, à 10 heures du matin, des policiers ont abattu froidement, de 5 balles de révolver tirées à bout portant, Jean-Charles de Menezes, un électricien brésilien de 27 ans. Le crime de ce jeune ouvrier, qui lui a valu cette exécution sommaire : se trouver au mauvais endroit au mauvais moment et, peut être (car on peut toujours douter de la version officielle), d'avoir pris la fuite devant un groupe de policiers menaçants qui l'avaient pris pour quelqu'un d'autre. Cela ne s'est pas passé dans une favela de Rio de Janeiro et les policiers flingueurs n'appartiennent pas aux "escadrons de la mort" qui, au Brésil et dans beaucoup d'autres pays du tiers-monde, ont carte blanche des autorités pour "nettoyer" les "asociaux" (petits délinquants ou opposants politiques). Cela s'est passé à Londres, la capitale du "pays le plus démocratique du monde" et les flics en question sont des "bobbies", connus dans le monde entier pour leur bonhomie, fonctionnaires de la police la plus prestigieuse du monde, Scotland Yard.
Évidemment, ce crime a provoqué une certaine émotion parmi les porte-parole de la classe bourgeoise : le Financial Times parle du "virage potentiellement dangereux" pris par les forces de sécurité. Évidemment, le chef de la police de Londres, Sir Ian Blair, a "regretté" cette "bavure" et a présenté ses condoléances à la famille de la victime. Évidemment, une enquête est ouverte pour "établir la vérité". Il est même possible qu'un ou deux policiers soient sanctionnés pour ne pas avoir su faire la différence entre un brésilien catholique et un pakistanais musulman. Mais les véritables responsables du crime, ce ne sont pas les porte-flingue qui ont appuyé sur la gâchette. S'ils ont assassiné le jeune Jean-Charles, c'est qu'ils avaient reçu l'ordre de "tirer pour tuer".
Les explications ne manquent pas, marquées de toute la subtile hypocrisie qui caractérise la classe régnante britannique. D’après Sir Ian Blair, "Il n’y a là rien de gratuit, pas la moindre légèreté. Il n’y a pas de politique de ‘tirer pour tuer’, il y a une politique de ‘tirer pour tuer pour protéger’" ([1] [17]) Son prédécesseur, John Stevens, qui n’a plus besoin de pratiquer la langue de bois, avait annoncé la couleur il y a quelques mois : "Il n'y a qu'un seul moyen sûr de stopper un kamikaze déterminé à accomplir sa mission : lui brûler la cervelle sur le champ et totalement. Cela signifie viser la tête avec une puissance dévastatrice, le tuer immédiatement." ([2] [18]) Mais il n'y a pas que les flics pour tenir un tel discours ; c'est le très "gauchiste" maire de Londres, Ken Livingstone, qui justifie l'assassinat en ces termes : "Si vous avez affaire à un kamikaze potentiel, qui peut déclencher des explosifs, la politique qui s'applique est celle du 'tirer pour tuer'".([3] [19])
Il ne faut pas s'y tromper, l'argument du "kamikaze déterminé à accomplir sa mission" n'est qu'un prétexte fallacieux : quand les troupes britanniques flinguaient des irlandais innocents qu'elles avaient pris pour des terroristes, ce n'est pas parce que les vrais terroristes de l'IRA étaient des kamikazes (d'ailleurs, l'Église catholique réprouve le suicide). En réalité, pour l'État capitaliste, en Grande-Bretagne et dans tous les pays "démocratiques", les actes terroristes, comme ceux du 7 et du 21 juillet à Londres, sont toujours l'occasion de renforcer les mesures de répression, d'avancer dans la mise en oeuvre de méthodes qui sont celles des régimes "totalitaires" et surtout d'habituer la population à ces méthodes. C'est ce qui s'est passé par exemple après le 11 septembre 2001 aux États-Unis ou en France après les attentats de 1995 attribués aux "Groupes Islamistes Armés" algériens. Pour la propagande officielle de la classe dominante il faut choisir : soit accepter une présence de plus en plus étouffante de la police dans tous les moments et tous les lieux de notre vie, soit "faire le jeu du terrorisme".
Aujourd'hui, en Grande-Bretagne, cette toute puissance de la police atteint un de ses points extrêmes : les flics ont non seulement le droit mais l'ordre de tuer toute personne qui leur paraît "suspecte" pour peu que celle-ci n'obéisse pas immédiatement à leurs injonctions. Et cela au pays qui a inventé "l'Habeas Corpus", c'est-à-dire l'interdiction des arrestations arbitraires, dès 1679. Traditionnellement, en Grande-Bretagne, comme dans tous les pays "démocratiques", on ne pouvait pas mettre en prison une personne sans la présenter rapidement à un juge. Aujourd’hui, dans ce pays, il y a déjà des personnes enfermées à la prison de Belmarsh (près de Londres) et qui sont détenues sans procès. Maintenant, elles peuvent être tirées à vue dans la rue ! ([4] [20])
Pour l'heure, ceux qui sont officiellement visés, ce sont les "terroristes kamikazes". Mais ce serait une terrible erreur de croire que la bourgeoisie, la classe qui dirige la société, en restera là. L'histoire a démontré à de nombreuses reprises que lorsque cette classe se sent menacée, elle n'hésite pas à fouler au pieds ses grands principes "démocratiques". Dans le passé, ces principes avaient été un instrument de son combat contre l'arbitraire et la domination de l'aristocratie. Ensuite, lorsqu'elle dominait elle-même sans partage et sans menace la société, elle avait pu les conserver comme ornements, en particulier pour tromper les masses exploitées et leur faire accepter l'exploitation. Ainsi, au 19e siècle, la bourgeoise anglaise toute-puissante pouvait se payer le luxe de laisser entrer en Grande-Bretagne les réfugiés politiques des révolutions vaincues du Continent qui étaient chassés de tous les autres pays, comme les ouvriers français victimes de l'écrasement de la Commune de Paris de 1871.
Aujourd'hui, ce n'est pas le "terrorisme islamiste" qui menace la bourgeoise. Les principales victimes de ce terrorisme criminel, ce sont les ouvriers et les employés qui prennent le métro pour se rendre à leur travail où qui travaillaient dans les bureaux des Twin Towers. De plus, le "terrorisme", grâce à l'horreur légitime qu'il inspire dans la population, a constitué un excellent prétexte à tout une série d'États pour justifier leurs aventures impérialistes en Afghanistan et en Irak.
Non, la seule force dans la société qui puisse menacer la bourgeoisie est la classe ouvrière. Pour le moment, les combats ouvriers sont encore loin d'ébranler l'ordre bourgeois, mais la classe dominante sait parfaitement que la crise insurmontable de son système et les attaques toujours plus violentes qu'elle sera conduite à porter contre les prolétaires pousseront de plus en plus ces derniers à engager des combats de grande ampleur jusqu'à menacer le pouvoir des exploiteurs. Alors, ce ne sont pas les "terroristes" qui se feront tirer comme des lapins, mais les ouvriers les plus combatifs et les éléments révolutionnaires, les communistes (qui seront alors traités de terroristes). ([5] [21]) Et sans "Habeas Corpus".
Ce ne sont pas là des spéculations ou des prédictions tirées d'une boule de cristal. C'est ainsi qu'a toujours agi la bourgeoise lorsque ses intérêts vitaux étaient menacés. Le traitement habituellement réservé aux populations colonisées ou du tiers-monde par la bourgeoisie de TOUS les pays "démocratiques", elle l'applique aussi aux prolétaires de ces pays quand ils se révoltent contre leur exploitation. Ainsi, en 1919, dans une Allemagne gouvernée alors par le parti Social-Démocrate, c'est-à-dire le parti de Gerhard Schröder, cousin du Labour de Tony Blair, on a massacré par milliers les ouvriers qui, à la suite de la révolution de 1917 en Russie, s'étaient dressé contre l'ordre bourgeois. Quant aux révolutionnaires comme Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, ils ont été assassinés par les militaires qui les avaient arrêtés sous prétexte qu'ils avaient "tenté de fuir".
L'ignoble assassinat du 22 juillet à la station Stockwell ne doit pas seulement être dénoncé. Cela, les pleureuses habituelles qui geignent à chaque "atteinte aux droits démocratiques" sont capables de le faire aussi. Il doit surtout servir aux prolétaires de Grande-Bretagne et de tous les pays à comprendre la véritable nature et les véritables méthodes de leur ennemi de classe, la bourgeoisie. Ce sont des "escadrons de la mort" que la bourgeoisie prépare dès aujourd'hui, partout dans le monde, et que les prolétaires devront affronter demain.
Courant communiste international (24 juillet 2005)
[1] [22] Guardian.co.uk, 24 juillet
[2] [23] News of the World Sunday du 6 mars 2005 page 13, "Oubliez les droits de l’homme, chassez les fanatiques"
[3] [24] News24.com, 22 juillet
[4] [25] Grâce aux "lois spéciales" comme celles qui ont été utilisées pendant des années en Irlande du Nord.
[5] [26] En France, au moment des grandes grèves de l’automne 1995, le ministre de l’intérieur, Charles Pasqua, avait déjà comparé les ouvriers en grève aux "terroristes" qui avaient fait sauter une bombe dans le métro parisien quelques mois auparavant.
Links
[1] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/37/grande-bretagne
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/luttes-classe
[3] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/lutte-proletarienne
[4] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/50/etats-unis
[5] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/decadence
[6] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/question-nationale
[7] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/terrorisme
[8] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/decadence-du-capitalisme
[9] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/guerre
[10] https://fr.internationalism.org/ri360/accidents.htm#_ftn1
[11] https://fr.internationalism.org/ri360/accidents.htm#_ftnref1
[12] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/decomposition
[13] https://fr.internationalism.org/ri360/brevet.htm#_ftn1
[14] https://fr.internationalism.org/ri360/brevet.htm#_ftnref1
[15] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/lutte-classe-france
[16] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/question-syndicale
[17] https://fr.internationalism.org/ri360/londres.htm#_ftn1
[18] https://fr.internationalism.org/ri360/londres.htm#_ftn2
[19] https://fr.internationalism.org/ri360/londres.htm#_ftn3
[20] https://fr.internationalism.org/ri360/londres.htm#_ftn4
[21] https://fr.internationalism.org/ri360/londres.htm#_ftn5
[22] https://fr.internationalism.org/ri360/londres.htm#_ftnref1
[23] https://fr.internationalism.org/ri360/londres.htm#_ftnref2
[24] https://fr.internationalism.org/ri360/londres.htm#_ftnref3
[25] https://fr.internationalism.org/ri360/londres.htm#_ftnref4
[26] https://fr.internationalism.org/ri360/londres.htm#_ftnref5