“Ce sont les plus grandes manifestations de salariés depuis une vingtaine d’années”, a déclaré triomphalement le secrétaire général de la CFDT, Chérèque, en évoquant les quelque 200 cortèges organisés le 29 janvier dernier en France, à l’appel de huit centrales syndicales. De fait, cette journée de grève (avec un taux de grévistes allant souvent de 35 à 60 % dans certains secteurs, notamment, dans l’éducation nationale) et de manifestations ont mis dans la rue en France entre 1 million (selon la préfecture de police) et 2,5 millions de personnes (selon le syndicat CGT). Une fois de plus, la réalité se situe vraisemblablement entre les deux.
Cette mobilisation importante a démontré clairement l’accumulation d’un ras-le-bol, d’une exaspération, d’une colère face à la détérioration générale des conditions de vie et de travail. Elle est le révélateur d’une inquiétude profonde face à la crise et à l’avenir que réserve le capitalisme. Elle démontrait aussi une réelle combativité. Cela faisait très longtemps que salariés du secteur public et du secteur privé ne s’étaient pas retrouvés ensemble sur le pavé ; de plus, toutes les générations ouvrières étaient présentes : lycéens, étudiants, salariés, retraités. Dans le secteur privé surtout, beaucoup déclaraient participer à une manifestation pour la première fois. Y compris dans des professions jusqu’ici qualifiées de “représentantes des classes moyennes” par les médias telles que des ingénieurs, des informaticiens, des cadres commerciaux, des employés de banque… Tous se sentent attaqués de la même façon au niveau de la baisse du pouvoir d’achat, de la précarité de l’emploi, des conditions de travail de plus en plus insupportables, de l’inquiétude par rapport à l’avenir de leurs enfants ; tous sont en train de ressentir dans leur chair la faillite ouverte du capitalisme. On pourrait s’étonner que l’ensemble des syndicats, professionnels du sabotage et de la division des luttes depuis des lustres aient appelé ensemble à un tel rassemblement unitaire. Cela n’a pourtant rien de mystérieux : ils ne pouvaient pas faire autrement que de prendre les devants de la montée grandissante de la colère sociale pour occuper le terrain sous peine de se discréditer et de se déconsidérer totalement aux yeux des salariés. Cela fait des mois que la crise s’aggrave, que la grogne sociale s’exprime et qu’elle s’accentue de jour en jour sans que la gauche et les syndicats ne lèvent le petit doigt. S’ils le font aujourd’hui, c’est qu’ils sont poussés par la nécessité. Comme l’exprimait un article du Monde daté du 25 novembre , “Hôpitaux, universités, école, justice : les foyers de tension sont nombreux. Attisés à la fois par la crise économique qui bouche l’horizon et par la montée d’un anti-sarkozysme qui se nourrit de toutes sortes d’ingrédients (…) Les syndicats en sont conscients. Ils vont tenter de canaliser le mécontentement au cours d’une journée d’action le 29 janvier.” Un article de Marianne du 24 janvier, intitulé “Ca sent la poudre”, allait dans le même sens en rapportant les propos d’un conseiller de l’Elysée constatant que “les centrales syndicales ont bordé l’événement : “c’est une seule journée, n’est ce pas ? Une vraie grève, c’est quand on ne sait pas comment ça s’arrête”. Mais le chroniqueur de Marianne, plus lucide ajoutait : “Le matin du 30 janvier, veut-on se persuader, les trains et les métros circuleront de nouveau, les salariés reprendront le chemin du boulot, les lycéens celui de leurs cours, et la vie reprendra son chemin, comme si de rien n’était. Mais en matière sociale, il est difficile de déterminer d’où vient le coup de grisou…” “Canaliser le mécontentement”, “border le terrain social”, c’est précisément le boulot pour lequel la bourgeoisie finance les syndicats, et c’est ce qu’ils ont fait pour pouvoir poursuivre leur sabotage des luttes dans le futur. Alors qu’il y avait déjà une multitude de grèves avant cette journée de manifestation, elles ont continué dans certaines entreprises “comme si de rien n’était”, revenant à leur cloisonnement et à leur isolement initiaux entretenus par les syndicats (Faurecia, Renault Sandouville, et toutes les usines où ont été annoncés des plans de licenciements ou des fermetures de sites).
Ainsi, cette journée a permis aux syndicats de tenter de redorer leur blason à peu de frais, son succès étant présenté par les médias comme le produit de l’unité syndicale. Sachant que leur journée d’action était populaire auprès de plus de 70 % des sondés, ils se sont gardés de paralyser totalement les transports notamment en région parisienne (même si le RER ne circulait pratiquement pas et si dans certaines villes comme Marseille, le métro ne fonctionnait pas) pour ne pas la rendre impopulaire tout en saucissonnant comme d’habitude les cortèges par syndicats, par entreprises et par corporations.
Cette journée d’action n’a permis qu’une chose : laisser échapper un peu de vapeur pour empêcher la cocotte-minute sociale d’exploser de façon incontrôlée. Et pour cela, les syndicats avaient un défouloir tout trouvé faisant l’unanimité : l’anti-sarkozysme. Le slogan le plus populaire dans les manifs étant cette invective : “casse-toi, pauv’con !” Et cela a permis aussi aux ténors du PS, de reprendre place dans les cortèges de manifestants.
Le succès syndical du 29 janvier n’est pourtant qu’un gigantesque trompe-l’œil. L’ampleur de cette mobilisation dans une période où il est devenu plus difficile et plus coûteux de se mobiliser est non seulement révélateur d’un malaise profond mais d’une maturation réelle. A la télévision, un manifestant à Clermont-Ferrand déclarait “Le système a atteint ses limites”, et les nombreuses discussions au cours de ces manifestations qu’ont pu avoir les militants du CCI ont démontré l’existence d’une soif de discussion et qu’une réflexion en profondeur sur l’impasse du capitalisme est à l’œuvre au sein de la classe ouvrière.
Wim (30 janvier)
Après
le fragile cessez-le-feu décrété le 18 janvier, le bilan, qui ne
cesse de s’alourdir, de trois semaines de combats entre l’armée
israélienne et le Hamas (1),
de bombardements et de raids aériens est terrible. Environ
1300 Palestiniens sont morts, dont les deux tiers sont des
civils, et près de 4400 blessés sont pour la plupart
handicapés à vie. Les femmes et les enfants forment 43 % des
victimes. Les infrastructures, les terres cultivées, les maisons et
les bâtiments collectifs ont été entièrement détruits, laissant
la population survivante dans un état de dénuement bien pire encore
que celui déjà catastrophique qui existait avant ce nouvel épisode
sanglant du conflit israélo-palestinien. Pour donner une idée du
déluge de fer et de feu qui s’est abattu, plus d’un million de
tonnes de bombes et d’explosifs (2)
a été déversé sur les 360 km² de la bande de Gaza, soit environ
5 kg de bombes au m².
Dans cette opération “Plomb durci”
contre le Hamas, 2400 maisons d’habitation ont été rasées et,
dans leur rage destructrice, les Forces d’occupation israéliennes
ont attaqué quasi-systématiquement les ambulances et les véhicules
des services de secours. Des centaines d’ateliers et de commerces
ont été détruits, ainsi que deux immeubles abritant les misérables
soins médicaux auxquels peuvent avoir accès les habitants de Gaza.
Bien sûr, toutes les grandes puissances, qu’elles soutiennent Israël de façon inconditionnelle comme les États-Unis, ou en faisant des ronds de jambe comme la France, n’ont cessé et ne cessent “d’espérer” une issue “pacifique” au conflit et accourent aujourd’hui pour “venir en aide” à la population. George Mitchell. Le “monsieur Moyen-Orient” désigné par Obama affirmait à Jérusalem après avoir rencontré la veille en Cisjordanie le président palestinien Mahmoud Abbas, l’engagement de la nouvelle administration américaine “à rechercher activement et résolument une paix durable entre Israël et les Palestiniens ainsi qu’entre Israël et ses autres voisins arabes”. Et, pour montrer toute sa bonne volonté, Washington débloquait 20 millions de dollars pour financer l’aide humanitaire d’urgence dans la bande de Gaza, tandis qu’Obama exprimait tout récemment “sa profonde préoccupation sur les récentes pertes de vies humaines et souffrances substantielles à Gaza”. Belle hypocrisie de la part de ce nouveau président qui, malgré ses multiples critiques et contre-propositions sur la politique économique et guerrière de Bush et en Irak, avait gardé jusque-là une neutralité bienveillante vis-à-vis du soutien américain à l’attaque israélienne, parce qu’il n’y avait comme par hasard sur ce dossier qu’un “seul président” qui devait s’exprimer.
De son côté, l’ONU, qui s’est avérée d’une impuissance toujours drapée de sa dignité “diplomatique”, a “lancé un appel” le 29 janvier visant à collecter 613 millions de dollars pour aider les habitants de Gaza “à se remettre” de trois semaines de bombardements israéliens.
Quant à l’Union européenne, qui avait suspendu son aide lors de l’élection du Hamas en 2007 mais dorénavant plus divisée que jamais sur les questions palestinienne et du Hamas, elle s’est contentée d’appeler Israël à faciliter l’accès des convois humanitaires vers la bande de Gaza et demandé que le délai d’accès au territoire pour les travailleurs humanitaires soit réduit de 5 à 2 jours.
Carrefour de l’Orient et de l’Occident, le Moyen-Orient n’a cessé depuis des siècles d’être l’enjeu de puissances dominantes. Ce n’est pas dans le cadre d’un tel article que nous pourrons résumer cette histoire d’une région tiraillée en tous sens par les appétits des unes et des autres. Cependant, c’est avec l’effondrement de l’Empire ottoman durant et suite à la Première Guerre mondiale que cette région devient le théâtre d’affrontements sans cesse plus violents, sans cesse plus meurtriers. Et tout “l’honneur” en revient aux grandes puissances victorieuses de ce premier holocauste et en particulier à la Grande-Bretagne qui, avec la déclaration du ministre Balfour de 1916, déclarait ouverte la possibilité de création d’un État juif en Palestine, pour s’assurer le soutien des Juifs d’une Amérique qui devait entrer en guerre, tout en soutenant en sous-main les agitateurs et nationalistes palestiniens de tous bords. La politique hypocrite de la Grande-Bretagne a en l’occurrence fait de nombreux émules car, depuis l’entre-deux guerres et bien plus encore depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale puis avec l’apparition des blocs de l’Est et de l’Ouest, toutes les grandes puissances se sont servies des différentes fractions juives, arabes ou palestiniennes pour tenter de placer leurs propres pions dans la région.
La situation d’horreur permanente que connaît les habitants de Gaza, pris entre les feux des deux cliques du Hamas ou du Fatah, comme aussi ceux de Cisjordanie, même si c’est dans une moindre mesure pour le moment, est le résultat de cette politique des grandes puissances. Celles-ci, prenant en otage de leurs dissensions permanentes et grandissantes les populations palestiniennes et israéliennes, n’ont pas cessé de s’en servir comme d’une masse avec laquelle elles manœuvrent avec le pire cynisme, les contenant soigneusement dans la haine de “l’ennemi” juif ou arabe, exacerbant comme seuls les médias bourgeois savent le faire le fanatisme pro-palestinien mais aussi celui du nationalisme juif, et de faire de ces “fous de Dieu” d’un côté ou de l’autre des robots façonnés pour tuer.
Les derniers évènements sont une monstrueuse redite de la guerre que se livrent depuis plus de cinquante ans Israéliens et Palestiniens, mais aussi et surtout de la guerre sans fin que se mènent les bourgeoisies les plus puissantes du monde pour le contrôle de la région, avec en tête les États-Unis contre leurs nombreux rivaux, car les enjeux dépassent même ceux de Gaza et de la Cisjordanie. Washington a donc soutenu sans réserve l’attaque israélienne, d’abord parce que Tel-Aviv est son principal allié dans la région, l’un ayant besoin de l’autre. Mais aussi parce que les derniers évènements lui ont permis de revenir en force en tant que médiateur principal du problème israélo-palestinien. Il s’agit aussi d’évincer de la région les puissances européennes qui tentent de s’y immiscer, comme en particulier la France.
Mais ce ne sont pas que les ronds de jambe d’un Sarkozy, pourtant prêt à se prosterner pour la “bonne cause” devant le grand manitou américain, posant en grand faiseur de paix auprès de l’Egypte, qui ont été ridiculisés par la politique américaine, mais aussi l’ensemble des pays européens et arabes. L’Egypte elle-même, de façon générale interlocuteur privilégié des relations israélo-palestiniennes, a été totalement mise de côté et c’est entre Tsipi Livni et Obama que l’accord de cessez-le-feu a été gagné, sur l’engagement des États-Unis de sécuriser la frontière entre Israël et la bande de Gaza et du contrôle de la frontière entre le sud de la province et l'Égypte.
Exit l’Union européenne, exit l’ONU, exit le fameux et débile “quartet” qui prétend régir et intervenir dans la crise israélo-palestinienne, car il reviendra désormais à l’OTAN, et donc à l’Amérique, de revenir en tant que chef d’orchestre de la partition mortelle qui se joue dans les territoires palestiniens.
Avec ce cessez-le-feu, les États-Unis d’Obama n’ont nullement de soudaines intentions pacifistes et encore moins un intérêt quelconque pour la population palestinienne ; ils cherchent simplement à préserver un minimum de calme dans la région dans la perspective du retrait partiel de l’armée américaine en Irak. Il ne fait aucun doute qu’Obama n’aura aucun état d’âme à conclure des accords avec Nétanyahou, “l’extrémiste” raciste, pour faire valoir les intérêt américains quand cela sera nécessaire.
Quelle que soit leur couleur, les dirigeants capitalistes n’œuvrent jamais que pour les intérêts de leur classe, la bourgeoisie. Derrière les paroles hypocrites de paix et de prospérité à venir, la barbarie guerrière impérialiste et l’exploitation du prolétariat sont leurs seuls mode d’existence.
Mulan (30 janvier 2009)
1) Le Hamas est un peu pour Israël le Ben Laden des États-Unis ; car malgré l’opposition radicale à la reconnaissance de l’État d’Israël par le Hamas, on sait que ce dernier a été financé par le Mossad dans les années 1970 et 1980 afin d’affaiblir le Fatah de Yassez Arafat, alors que le mouvement s’appelait “Les Frères musulmans”, et qu’au moment de sa radicalisation anti-Israël à la fin des années 1980 et surtout dès 1993, il servait les intérêts de la clique Nétanyahou opposée aux accords d’Oslo et au Fatah ainsi qu’à la constitution d’un État palestinien.
2) On sait de plus par le témoignage de médecins norvégiens que les bombardements ont été l’occasion de tester des armes chimiques au phosphore, aux séquelles irréversibles, notamment sur les enfants.
Après l’agitation des lycéens et des étudiants de novembre-décembre 2008 en Italie, en Espagne, en Allemagne ou en France, après surtout le formidable mouvement social animé par des jeunes étudiants prolétarisés en Grèce (1), la Belgique, l’Islande, les pays baltes et la Bulgarie ont connu à leur tour, en janvier 2009, des mouvements sociaux. La bourgeoisie exprime d’ailleurs ouvertement la crainte que de tels mouvements, à mesure que la crise s’approfondit, ne gagnent l’Europe toute entière, tel le socialiste Laurent Fabius pour qui “ce que l’on voit en Grèce n’est pas du tout malheureusement hors du champ de ce qui peut arriver en France. Quand vous avez une telle dépression économique, une telle désespérance sociale, il suffit qu’il y ait une allumette qui se mette là-dedans et tout part.” Et de plus en plus, ces explosions sociales sporadiques ne se limitent pas aux jeunes générations mais gagnent peu à peu le cœur de la classe ouvrière.
Dans ce pays, tout au long du mois de janvier, de multiples grèves ont frappé le secteur des transports. En France, si la classe ouvrière n’en a pas entendu parlé c’est que le black-out médiatique a été presque total.
Pour protester contre un nouveau règlement sur les permutations de service, une grève sauvage a éclaté le 20 janvier à Bruxelles chez les chauffeurs de bus de la STIB. Lors de l’assemblée générale, les chauffeurs de bus ont exigé “une augmentation de salaire et une amélioration des conditions de travail”. Aucune organisation syndicale n’a reconnu le mouvement et la direction n’a donc pas voulu engager de négociations avec les grévistes. Ceux-ci ont quant à eux refusé dans un premier temps le dialogue avec les permanents syndicaux, permanents syndicaux qui ont discrètement organisé de soi-disant “assemblées générales” entre eux et les “délégués du personnel”. Par ces négociations secrètes, ils ont réussi à éteindre le mouvement en promettant une table ronde sur les salaires avec la direction… d’ici quelques semaines. Parallèlement, le 21, les chauffeurs de bus d’une autre compagnie ont arrêté le travail pendant 24 heures dans les dépôts de Jemeppe (Seraing) et de Robermont (Liège), après une agression au cocktail Molotov contre un chauffeur. Le 22 janvier, à la suite de deux autres agressions, une large majorité des chauffeurs du dépôt TEC de Mons-Bassin ont décidé de se mettre à leur tour en grève.
Depuis le début de l’hiver, c’est l’Islande (313 000 habitants) déclarée “en faillite” qui paie le plus durement la crise économique (2). Chaque jour, 200 personnes en moyenne perdent leur emploi et de plus en plus de gens sont confrontés à la menace de perdre aussi leur logement. Depuis plus de 2 mois, les mouvements de colère se manifestent avec des rassemblements hebdomadaires dans un parc de Reykjavík. Les premières protestations exigeaient que le gouvernement “brise le silence” concernant la situation économique réelle puis ont réclamé la démission du gouvernement et la tenue d’élections anticipées, sous la houlette de l’opposition parlementaire. Toutefois, cet encadrement et ces revendications purement “démocratiques” ont tendu à se fissurer et ont surgi des expressions plus “radicales”, mettant en cause la responsabilité du système capitaliste, notamment chez des éléments anarchistes. Jusque-là, le capitalisme semblait être un mot tabou parmi les manifestants. Fin octobre, les drapeaux de deux banques islandaises ont été brûlés. Le 8 novembre, lors d’une grande manifestation dans le centre de la capitale, exigeant une fois de plus la démission du gouvernement, un élément anarchiste est monté sur le toit du parlement, où il a accroché le drapeau de Bónus, le supermarché le moins cher de l’Islande. Ce drapeau jaune avec un cochon rose dessus a fait scander par les manifestants “Le gouvernement est un sale porc bon marché !” mais surtout une centaine de manifestants ont réussi en solidarité à aider l’homme-au-drapeau à descendre du toit et à éviter son arrestation par la police. Toutefois, cet élément a été reconnu et arrêté une semaine après. Le lendemain, au cours de la manifestation qui a réuni 10 000 personnes, 500 personnes se sont massées en face du commissariat de police, pour exiger que l’homme soit libéré. Après quelques échauffourées avec la police anti-émeutes qui a fait usage de gaz lacrymogènes, l’homme a été finalement libéré et a été acclamé à sa sortie de prison. Aux discours nationalistes des dirigeants politiques et syndicaux, le 1er décembre (jour de la fête nationale), des éléments ont opposé le slogan : “Non au nationalisme ! Solidarité internationale !” Malgré la proclamation d’élections anticipées au printemps prochain, la démission du ministre du Commerce puis du gouvernement tout entier le 26 janvier, tension et colère ne semblent toutefois pas devoir s’apaiser de sitôt.
D’autres émeutes ont eu lieu en Lettonie, en Lituanie et en Bulgarie, où la population a manifesté contre les difficultés économiques, les réformes de leur gouvernement et la corruption. Après avoir enregistré une croissance soutenue ces dernières années, les pays baltes plongent désormais dans la récession. La Lettonie et la Lituanie viennent de connaître les plus importantes manifestations de rue depuis 1991. Thorbjorn Becker, le directeur de l’Institut de Stockholm pour la transition économique (SITE), observe que “Les gens se retrouvent sans emploi et voient leurs revenus chuter cette année. On va régulièrement assister à des incidents de ce genre.” À Riga, quelque 10 000 personnes se sont rassemblées le 17 janvier aux abords du Parlement letton. Le 20 janvier, plus de 100 personnes ont été arrêtées et quelque 40 autres blessées au cours de nouvelles manifestations. Ce pays balte a les plus mauvais résultats économiques de toute l’Union européenne, son taux de chômage ayant grimpé de 1 % au cours du seul mois de décembre. Là encore, la pression ne paraît pas devoir retomber. «Nous ne sommes qu’au début des protestations», a prédit Nils Muiznieks, politologue de l’université de Lettonie. De violents affrontements se sont produits, notamment en Lituanie où la police est intervenue sans ménagement le 17 janvier à Vilnius devant le Parlement suite à la décision du gouvernement d’augmenter les impôts. Une quinzaine de personnes ont été blessées et plus de 80 autres arrêtées. Le 15 janvier, de violents affrontements avaient fait des dizaines de blessés en Bulgarie. Dans les trois pays, des rassemblements pacifiques se sont terminés dans la violence pendant plusieurs heures. La crise économique fait des ravages dans d’autres pays d’Europe de l’Est, particulièrement en Hongrie, en Ukraine et en Roumanie. La monnaie roumaine a ainsi perdu 17% de sa valeur en un an. La réduction des dépenses sociales en Estonie pourrait aussi provoquer des protestations dans cet autre pays balte. Les experts parlent d’une contagion possible à toute l’Europe, en particulier aux anciens pays de bloc de l’Est.
L’Europe n’est pas le seul continent touché. Depuis le 20 janvier, le département français de la Guadeloupe vit au rythme de la grève générale initiée par un collectif d’une cinquantaine d’organisations syndicales, politiques et culturelles qui, au nom de la lutte “contre la vie chère”, a établi un programme de 120 revendications. Les 115 stations-service de l’île, des écoles, des magasins et centres commerciaux sont fermés. Des services publics ne sont plus assurés, du ramassage des ordures aux transports routiers de voyageurs. Le cahier de revendications du “Collectif contre l’exploitation outrancière “ réclame notamment “un relèvement immédiat et conséquent d’au moins 200 euros des bas salaires, des retraites et des minima sociaux”, celui du SMIC et “des salaires du secteur privé, des traitements de la fonction publique, du minimum vieillesse, des minima sociaux”, “un salaire minimum guadeloupéen calculé sur le coût réel de la vie en Guadeloupe”, une “baisse significative de toutes les taxes et marges sur les produits de première nécessité et les transports” et “des taux de la taxe sur les carburants”, la “suppression de la taxation des produits locaux”, le “gel des loyers pour une période indéterminée”, “l’arrêt des saisies immobilières des propriétés des guadeloupéens et la restitution des biens”… Tous les syndicats encadrent ce mouvement de colère ainsi que le PC guadeloupéen, les Verts, et les associations de “carnavaliers” identitaires. Les uns et les autres utilisent la chute vertigineuse du pouvoir d’achat, la poussée du chômage qui touche plus de 20% de la population locale et l’angoisse de l’avenir face à la crise économique mondiale, pour noyer la colère et la dévoyer vers des revendications corporatistes et insulaires. Toutefois, ce mouvement menace de faire tâche d’huile dans les Antilles et une grève générale similaire est d’ores et déjà programmée par les syndicats de Martinique pour le 4 février (3).
L’avenir de la lutte de classe dépend de la prise en charge consciente de ses luttes par la classe ouvrière elle-même.
1) Voir Revue internationale no 136 “Les révoltes de la jeunesse en Grèce confirment le développement de la lutte de classe [5]”.
2) De très nombreux articles et commentaires sur la situation des ouvriers en Islande sont disponibles sur le forum de discussion de la CNT-AIT Caen dans la rubrique “Foutoir mondial”, sous le titre “Révoltes en Islande”.
3) La bourgeoisie n’hésite pas à utiliser la misère et la colère croissante pour les manipuler à ses propres fins ou dans ses luttes pour le pouvoir entre ses fractions. Les massacres récents de Madagascar en est un exemple tragique. Le maire d’Antananarivo Andry Rajoelina a appelé à une grève générale pour renverser son rival, accusé de corruption et d’autoritarisme, le président malgache Marc Ravalomanana. Ces manifestations rassemblant jusqu’à 10 000 personnes ont rapidement dégénéré en sanglantes émeutes, faisant plus de 80 morts ou davantage en 36 heures (un journaliste de l’Express a avancé le bilan de 102 tués) dans des conditions particulièrement atroces : la plupart sont mortes écrasées sous des sacs de riz ou brûlées vives dans les magasins saccagés ; des corps mutilés et souvent calcinés, ont été apportés dans les morgues de la capitale.
Pendant la trêve des confiseurs, plusieurs faits divers ont marqué l’actualité en France. Le 24 décembre, un enfant de 3 ans est décédé à l’hôpital Saint-Vincent de Paul à Paris, victime de l’erreur d’une infirmière qui a administré du chlorure de magnésium dans sa perfusion. L’infirmière est immédiatement mise en examen et inculpée pour homicide involontaire. Quelques jours plus tard, c’est un homme de 57 ans qui, après plusieurs heures d’attente, est décédé d’un arrêt cardiaque, faute de pouvoir trouver un lit dans un service d’urgence de la région parisienne.
Pour la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, ces incidents ne sont bien sûr nullement le résultat de l’incurie croissante des hôpitaux publics confrontés à la baisse des effectifs, à la fermeture des lits et à la dégradation croissante des conditions de travail du personnel hospitalier. Ces décès ont été immédiatement attribués par les pouvoirs publics à un problème de “désorganisation” dans le fonctionnement administratif des hôpitaux. S’il y a eu un problème d’effectifs, c’est parce que les infirmières veulent toutes prendre leurs congés pendant les fêtes de Noël, au détriment de l’intérêt des patients (alors qu’on sait que cette période est propice aux épidémies hivernales).
Ce n’est pas tout à fait le même son de cloche qu’on a entendu de la bouche de l’urgentiste Patrice Pelloux qui dénonce ainsi le manque de moyens : “Avec les restrictions budgétaires, les établissements ferment les lits les jours fériés pour maintenir tant bien que mal leur budget. Ce qui fait qu’à Noël, alors qu’on est en pleine épidémie de gastro-entérite et de grippe, on n’arrive plus à hospitaliser les malades” (cité par Libération du 30 décembre).
La mauvaise foi de Madame Bachelot est d’autant plus évidente que chacun sait que le “plan hôpital 2012” de dix milliards d’euros et programmé sur 5 ans ne vise nullement à donner des moyens supplémentaires à l’hôpital public : il s’agit essentiellement de financer les opérations immobilières permettant la fermeture de services et d’établissements hospitaliers afin d’en améliorer la “compétitivité”. On sait aussi que des dizaines d’hôpitaux publics qui ont refusé de fermer leur maternité et leur service de chirurgie ont vu leurs projets de modernisation refusés. On sait enfin que ce plan prévoit la fermeture de lits avec des suppressions massives d’emplois d’infirmières, d’ouvriers, de personnels administratifs et de médecins. Les départs en retraites ne seront pas remplacés et face à la pénurie d’infirmières, l’État français avait déjà été obligé d’embaucher des infirmières espagnoles sous-payées et des intérimaires pour pallier aux situations les plus critiques.
Ce n’est d’ailleurs un secret pour personne que la profession d’infirmière est elle-même en pleine crise. Suite au décès de cet enfant de 3 ans à la veille de Noël, une infirmière des urgences pédiatriques de l’hôpital Robert-Debré à Paris exprimait ainsi son ras-le-bol : “J’en ai marre. J’ai trois enfants. Je rentre toujours hyper-fatiguée. Avant, on avait des grosses journées les week-ends. Maintenant, c’est toute la semaine. On passe la journée à courir dans tous les sens. On est moins disponible pour les gens. On va plus vite. Quand il y a beaucoup de monde, on passe et on jette un œil à la file, pour vérifier qu’un bébé n’est pas en train de s’étouffer dans son maxi-cosy”. Et un médecin affirmait également : “On manque de temps. Les infirmières démissionnent les unes après les autres. Celles qui restent sont épuisées. Cet hiver, on a une trentaine de lits de moins que l’hiver dernier. Il y a des enfants plein les couloirs (…) J’accepte encore de travailler pour dix euros de l’heure. Mais je vais me lasser. On n’a plus de vie personnelle. Ici, il y a un taux de divorce inimaginable” (cité par Libération du 2 janvier).
La faillite de l’hôpital public, les coupes claires dans les budgets de la santé ne sont qu’un révélateur supplémentaire de la fin de l’État providence. Elles signent la faillite de l’économie capitaliste. L’incapacité croissante de la bourgeoisie à subvenir aux besoins de santé de ceux qu’elle exploite, de même que l’aggravation catastrophique des conditions de travail du personnel hospitalier, ne peut qu’accroître la colère dans ce secteur comme dans tous les secteurs de la classe ouvrière. Ce n’est pas la mauvaise “organisation” des services hospitaliers qui tuent les malades. C’est le capitalisme en crise qui est le seul responsable des “erreurs humaines” !
Sofiane
Un rectificatif doit être apporté à l’article ci-dessous. Celui-ci s’appuyait sur des sources erronées d’information recueillies sur Internet sans vérification préalable. L’article se référait à un article de Charlie Hebdo. Or, cet article ne datait pas de 2008 mais du 27 octobre 2004 et le ministre de la Fonction publique dont les propos tenus à la même époque étaient rapportés n’était pas l’actuel ministre de la Fonction publique Eric Woerth, mais un de ses prédécesseurs, Renaud Dutreil. Cette précision apportée, le cynisme et le mépris affichés par l’Etat-patron vis-à-vis de ses salariés ont été pleinement confirmés par les actes et plus seulement en paroles par les suppressions d’emploi pleuvant toujours plus dru chaque année dans la fonction publique et par toutes les attaques dégradant à toute vitesse les conditions de vie et de travail des prolétaires dans les services administratifs. Dutreil en a rêvé, le gouvernement actuel l’a fait.
Les propos du ministre de la Fonction publique, Woerth, tenus lors d’une réunion de la Fondation Concorde le mercredi 20 octobre et rapportés par Charlie-Hebdo, indiquent quelles attaques nous attendent encore dans les mois à venir et révèlent au passage tout le mépris des grands bourgeois pour les travailleurs :
• “Les retraités de la fonction publique ne rendent plus de services à la nation. Ces gens-là sont inutiles, mais continuent de peser très lourdement. La pension d’un retraité, c’est presque 75 % du coût d’un fonctionnaire présent. Il faudra résoudre ce problème.”
• “Il y a 1400 corps. 900 corps vivants, 500 corps morts [rires], comme par exemple l’administration des télécoms. Je vais les remplacer par cinq filières professionnelles (…) Parce que les corps abritent des emplois inutiles.”
• “C’est sur l’Éducation nationale que doit peser l’effort principal de réduction des effectifs de la fonction publique. Sur le 1,2 million de fonctionnaires de l’Éducation nationale, 800 000 sont des enseignants. (…) Il faudra faire un grand audit.”
• “Le problème que nous avons en France, c’est que les gens sont contents des services publics. L’hôpital fonctionne bien (sic !) , l’école fonctionne bien (re-sic !), la police fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours, expliquer que nous sommes à deux doigts d’une crise majeure.”
Et Charlie-Hebdo de finir par ce commentaire : "Il admet dans ses propos que les Français sont satisfaits de la qualité du service public rendu par les fonctionnaires, quels qu’ils soient. C’est bien en les fragilisant de l’intérieur (sous-effectifs, baisse d’investissements, etc.) qu’il compte rendre les services publics impopulaires auprès des populations. Une impopularité qui lui servira de prétexte pour les privatisations à venir. Alors que ce sont bien les attaques à l’œuvre depuis de nombreuses années qui dégradent la qualité des services publics”.
Seul le refus de nous laisser diviser en secteur privé ou public, en corporations, en col bleu et en col blanc… pourra nous permettre de résister unis et solidaires contre toutes ces attaques !
En décembre, l’occupation d’une usine durant six jours par les employés de l’entreprise “Republic Window and Door” de Chicago, dans l’Illinois, a représenté l’épisode le plus fort de ces dernières années de la lutte de la classe ouvrière américaine. Même l’euphorie de l’élection d’Obama avec ses promesses de “changement” n’a pu éviter que la colère ouvrière ne se transforme en lutte de résistance des ouvriers contre l’aggravation de la crise économique et contre les attaques sur leur niveau de vie.
A la lumière des campagnes des médias qui ont célébré et glorifié l’occupation de cette entreprise, il est important d’être clairs sur la signification réelle de ces événements. Le New York Times a amplifié la médiatisation avec un éditorial qui déclarait “la victoire du travail vient au milieu de signes de mécontentement grandissant alors que les licenciements s’étendent”. Le Times soutenait plus loin que les ouvriers de l’usine “étaient devenus les symboles nationaux du mécontentement ouvrier en plein dans les plans de licenciements qui affectent le pays” (1). Mais le Times n’avait raison qu’à moitié. Oui, la lutte a démontré que la combativité ouvrière grandit pour résister à la vague de licenciements actuelle. Mais il n’y a pas eu de “victoire des ouvriers” comme le présentent les politiciens, les gauchistes et les médias. La combativité des ouvriers est évidente. Selon les articles de presse, l’idée de l’occupation de l’usine est venue de la méfiance des ouvriers envers le risque que l’entreprise ne déménage les machines et son équipement (sans savoir à ce moment-là que la compagnie avait pris la décision de fermer l’usine et de la sacrifier au profit de Echo Windows LLC à Red Oak, en Iowa, où les salaires et les coûts de production sont beaucoup plus bas). Le 2 décembre, la direction annonçait que tous les ouvriers seraient mis à la porte dans les trois jours sans aucune indemnité de licenciement et aucun paiement des jours de congés. Ensuite, elle déclarait que leur assurance médicale ne serait plus prise en charge par l’entreprise. Les ouvriers ont riposté par une décision unanime d’occuper l’usine, risquant des arrestations potentielles. Les ouvriers organisèrent leur occupation par roulement d’équipes, maintenant des conditions sanitaires et d’ordre, bannissant l’alcool et les drogues, et commencèrent à attirer immédiatement l’intérêt des médias. Lorsque les ouvriers de base parlèrent aux médias, il fut tout de suite évident que leur lutte était un combat contre les licenciements et pour sauvegarder leur boulot et leurs moyens de faire vivre leurs familles. Un ouvrier disait : “Je travaille ici depuis trente ans et je dois me battre pour nourrir ma famille.” Un autre déclarait que sa femme allait donner naissance à leur troisième enfant, mais qu’il n’avait plus à présent de couverture sociale-maladie.
Comme en 2005 lorsqu’une grande partie de la classe ouvrière avait soutenu la lutte des travailleurs du transport à New York (2), les ouvriers de Chicago et dans le pays ont répondu en manifestant une forte solidarité. Des gens sont venus à l’usine pour apporter de la nourriture et de l’argent ; tout le monde a compris qu’il s’agissait d’un combat exemplaire pour lutter contre l’ensemble des licenciements. Ceux d’United Electrical, du syndicat des ouvriers des machines et des radios (Radio and Machine Workers Union), un petit syndicat indépendant (35 000 membres au niveau du pays) et non-affilié à l’AFL-CIO (qui en avait été exclu au plus fort de la guerre froide à cause de ses liens avec le parti communiste stalinien), est rapidement venu pour tenter de dévoyer la lutte contre les licenciements sur le terrain de la légalité bourgeoise. Au lieu de s’opposer à la fermeture de l’usine et aux licenciements, ce syndicat demandait l’accord de l’entreprise avec une loi nationale qui exige que les ouvriers reçoivent une indemnité de licenciement et le paiement des jours de congés cumulés en cas de fermeture d’entreprise – environ 3500 dollars par personne. La gauche et des célébrités politiques comme le révérend Jesse Jackson et des élus du congrès comme de la ville, sont à leur tour rapidement montés au créneau, rendant visite aux ouvriers de l’usine et appelant aussi au paiement de ces indemnités. Les leaders politiques se sont empressés d’intervenir localement de peur que le mouvement ne s’étende. Même le futur nouveau président Obama a “soutenu la lutte des ouvriers de l’usine” en insistant pour que l’argent qui leur était “dû” leur soit donné.
Au bout de six jours, c’est précisément la “victoire” qui a été célébrée par la gauche et les médias : les banques à l’origine de la réorganisation de l’entreprise ont été d’accord pour que les ouvriers touchent leurs 3500 dollars. Évidemment, c’est mieux que rien d’avoir cet argent, mais il aura vite disparu des poches des ouvriers qui resteront sans emploi et sans couverture médicale. Les ouvriers qui ont occupé l’usine étaient clairs sur leur volonté de garder leur travail. En revanche, faire dérailler les luttes a été le rôle principal qu’ont joué les syndicats pour le compte du capitalisme d’État. Le principal boulot des syndicats est de court-circuiter toute possibilité de politisation et de généralisation de la lutte ouvrière, de bloquer la dynamique des ouvriers vers une compréhension consciente que le capitalisme n’a aucun futur à offrir. Ce qui s’est passé à Chicago est à mettre en parallèle avec ce qui s’est passé lors des grèves dans les usines automobiles dans les années 1930. Lors de ces grèves, les ouvriers se sont battus pour des augmentations de salaire et pour améliorer leurs conditions de travail, mais le syndicat United Auto Workers avait dévoyé la lutte dans un combat pour la reconnaissance du syndicat. Dans les années 1970, de jeunes ouvriers employés par la division Western Electric de Bell System ont cherché à résister à des licenciements massifs, pour s’entendre dire que le syndicat ne s’était préparé à se battre que pour leur permettre de toucher leurs indemnités en plusieurs chèques afin de diminuer le coût des impôts. Il est facile pour les syndicats de “gagner” de telles victoires illusoires, qui au bout du compte laissent toujours les ouvriers sans travail et face à un avenir dévasté. Ce n’est pas un phénomène propre aux États-Unis. Par exemple, des luttes récentes avec occupations d’usine pour des paiements d’indemnités de licenciements ont eu lieu en Chine, avec l’aggravation de la crise économique.
La glorification par les médias et les gauchistes des occupations d’usine est encore un autre aspect de la défaite. Il est vrai que les occupations d’usine expriment la combativité : une volonté des ouvriers de résister et de recourir à des actions “illégales”. Cependant, l’expérience historique de la classe ouvrière, depuis le mouvement des occupations d’usine des années 1920 en Italie et 1968 en France, démontre que ces occupations quand elles engendrent l’enfermement et l’isolement sont un piège. L’arme la plus vitale pour la classe ouvrière est d’étendre ses luttes à d’autres lieux de travail et d’autres usines, de généraliser les luttes autant que possible, en envoyant des délégations ailleurs, en organisant des meetings de masse et des manifestations pour tirer tous les ouvriers dans la lutte. D’un “soutien” passif avec des expressions de sympathie et des contributions financières, la solidarité se transforme alors en solidarité active avec des luttes qui se rejoignent. Les occupations d’usine permettent au contraire aux syndicats, ces agents de la classe dominante, d’enfermer les ouvriers combatifs dans l’usine et de les isoler des autres ouvriers. Il est clair qu’il y a eu une solidarité immense envers les ouvriers de Chicago. Plutôt que de rester enfermés dans les usines, les ouvriers de Republic auraient dû aller d’usine en usine dans la région de Chicago, envoyer des délégations sur d’autres lieux de travail en appelant à rejoindre la lutte et exiger l’arrêt des licenciements et des fermetures d’usine. Une telle lutte ne sera jamais saluée ou célébrée par les médias, les syndicats, les politiciens de gauche, ou le président élu. Elle sera au contraire dénoncée car elle représente une menace envers l’ordre capitaliste.
La terrible situation dans laquelle se trouve aujourd’hui la classe ouvrière doit faire rejeter toute idée d’état de grâce pour le régime d’Obama, toute illusion que “quelque chose de bon” pourrait venir de la nouvelle administration. Il nécessite le développement de la lutte de classe.
J. Grevin (15 décembre 2008)
Traduit d’Internationalism, organe du CCI aux États-Unis
1) http ://www.nytimes.com/2008/12/13/us/13factory.html [8]
2) NDT : Il s’agit de la lutte des ouvriers du métro de New York relatée dans notre presse dans l’article : “Grèves dans les transports à New York : Aux Etats-Unis aussi, la lutte de classe se développe [9]”.
“L’ensemble de la classe ouvrière, dans tous les pays, tous les secteurs, toutes les entreprises, vit aujourd’hui avec cette inquiétude obsédante : comment échapper à la menace du chômage ? Quel avenir la société actuelle réserve-t-elle à nos enfants ? Que peut-on faire pour sortir de cette situation ?” Telles étaient en 2004 les questions introductives à notre manifeste « Le capitalisme n’a pas de solution au chômage ». Aujourd’hui, alors que la crise du capitalisme connaît une aggravation sans précédent depuis les années 1930, un chômage d’une massivité inédite depuis lors commence à se propager au sein du prolétariat mondial tel une sombre pandémie. Un rapide état des lieux permet de se faire une idée de l’ampleur du phénomène (1).
• États-Unis : début 2008, le taux officiel de chômage était de 5 %, alors que le taux réel atteignait 13,1 %. L’économie américaine ayant perdu 2,6 millions d’emplois en 2008, le taux officiel a atteint 7,2 % en décembre, soit plus de 11 millions de chômeurs recensés.
• Japon : on comptait fin septembre 2,71 millions de chômeurs, soit 0,7 % de plus en un an.
• Zone Euro : le taux de chômage devrait augmenter de près de trois points, passant de 7,5 % en 2008 à 9,3 % en 2009 et à 10,2 % en 2010.
• Allemagne : le taux de chômage a progressé au mois de décembre, à 7,4 %, et pourrait atteindre 8,1 % en 2010. La première économie européenne comptait 3,1 millions de chômeurs en décembre, et pourrait en compter de 200 000 à 400 000 de plus dans un an.
• Royaume-Uni : le nombre de chômeurs atteignait 1,8 million de personnes à la fin 2008. 600 000 personnes pourraient perdre leur emploi cette année ; la barre des 3 millions de chômeurs devrait être franchie d’ici à 2010 ! Le taux de chômage (au sens du BIT) atteint désormais 6 % ; une montée à 8,5 % est prévue pour 2009.
• France : fin 2007, le nombre officiel de chômeurs était inférieur à 2 millions soit moins de 7 % de la population active. Mais le nombre réel dépassait alors les 5,4 millions soit plus de 19 % de la population active (l’Expansion no 726, janvier 2008). En novembre 2008, on dénombrait officiellement 2 068 500 chômeurs, soit un taux de chômage de 7,3 %, en hausse de 8,5 % sur un an. Il devrait atteindre 9,8 % en 2009, 10,6 % en 2010.
• Italie : le taux de chômage était de 6,7 % fin 2008, il devrait atteindre 8,7 % en 2010. Le nombre de chômeurs était de 1,679 million fin septembre.
• Espagne : le taux de chômage a fortement augmenté au quatrième trimestre 2008, s’établissant à 13,9 %, et atteindrait 15,9 % en 2009 et 18,7 % en 2010. L’Espagne compte désormais plus de 3,2 millions de chômeurs, un chiffre qui a pratiquement doublé en moins de deux ans !
• A l’échelle mondiale : “Les estimations préliminaires du BIT sont que le chômage mondial pourrait augmenter de 20 millions atteignant plus de 210 millions de chômeurs en 2009” (Juan Somavia, directeur général du BIT, devant le conseil des chefs de secrétariat de l’ONU à New York en octobre 2008).
Pourquoi une telle hausse du chômage ? Comme le soulignait notre Manifeste, “Face à la guerre commerciale à laquelle se livrent tous les requins capitalistes qui se disputent les parts de plus en plus restreintes du marché mondial, toutes les bourgeoisies nationales sont obligées de “rationaliser” leur production. Pour cela, elles doivent fermer des usines, augmenter la productivité du travail, diminuer les effectifs, accélérer les cadences, baisser les salaires. […] la crise mondiale et le chômage massif qu’elle engendre ne sont ni cycliques, ni conjoncturels, comme le prétendent les économistes bourgeois. Ils sont la manifestation la plus évidente de l’impasse, de la faillite historique du mode de production capitaliste.”
Le capitalisme n’a pas de solution au chômage !
Une seule issue : la lutte unie de tous les ouvriers !
DM
1) Sauf mention contraire, tous les chiffres présentés sont les chiffres officiels (donc très largement sous-estimés, surtout en ce qui concerne la montée du chômage à venir en 2009 et 2010). et issus du journal économique les Echos.
Voici une déclaration nationaliste et va-t-en-guerre de la pire espèce qui appelle à la “Résistance palestinienne”, à la “coordination” des “différents bras armés”, salue les valeurs de “sacrifices” des “enfants” et crie “Gloire aux martyres” :
“Nous saluons notre peuple, nous saluons notre peuple aguerris. Aujourd’hui le peuple palestinien écrit une page de gloire. Ses sacrifices exigent la loyauté et la responsabilité, et une réponse a la nécessité urgente de consolider la Résistance (…) La résistance palestinienne continue (…) avec la participation de toutes les organisations et bras armés. Dans ces temps de sang et de sacrifices, il n’est pas suffisant de répéter des mots, il faut des faits concrets (…) Aux enfants de notre peuple aguerri, aujourd’hui que vous écrivez les pages les plus valeureuses de résistance et de sacrifice, nous appelons à : Mener à bien la coordination, sur le terrain, au moyen d’un poste de commandement unique entre les différents bras armés sans exception, (…). Salut à notre peuple aguerris ! Gloire aux martyrs ! Victoire à la résistance !”
Qui peut-il bien publier un tel appel à la haine ? Le Hamas ? Une association pro-palestinienne ? Non ! La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) (1) relookée depuis peu en NPA (Nouveau parti anticapitaliste) !
Naturellement, les hécatombes d’hommes, de femmes et d’enfants innocents sont purement insupportables. Et il est indéniable que la bourgeoisie israélienne a les mains couvertes de sang. Mais il ne faut pas s’y tromper, derrière les protestations des officines trotskistes contre les massacres à Gaza se cache en réalité la même idéologie nationaliste que celle de l’Etat israélien, cette idéologie qui partout engendre et justifie les guerres. En effet, pour Lutte ouvrière (LO) par exemple, “on ne peut pas renvoyer dos à dos les Palestiniens et le gouvernement israélien. On ne peut pas tirer un trait d’égalité entre un peuple opprimé, privé d’existence nationale depuis des dizaines d’années, et ses oppresseurs, qui imposent un blocus criminel, insupportable, à toute une population enfermée dans la bande de Gaza. Le gouvernement israélien dit répondre aux menaces du Hamas. Mais outre le fait que ce n’est pas le Hamas qui a rompu la trêve, outre le fait que ses armes sont infiniment moins destructrices que celles de l’armée israélienne, la guerre se fait ici plus contre les civils que contre cette organisation (…) La guerre, elle se mène contre le peuple palestinien plus que contre une organisation, nationaliste et religieuse, dont il n’a rien de bon à attendre. Elle se mène pour le briser, pour l’empêcher d’avoir un pays au lieu d’une prison. C’est pour cela que, quels que soient les dirigeants qu’ils se sont choisis pour le moment - et encore dans quelle mesure ? - il faut soutenir le droit des Palestiniens à disposer d’eux-mêmes (2)”. Tout est là ! Par un tour de passe-passe terminologique, la guerre ne se déroule plus entre deux nations capitalistes qui utilisent leur population comme chair à canon, mais entre “le gouvernement israélien” et “le peuple palestinien”. Certes LO avoue que “le peuple palestinien” “n’a rien de bon à attendre” du Hamas, mais elle souligne surtout que “ce n’est pas le Hamas qui a rompu la trêve” et que “ses armes sont infiniment moins destructrices que celles de l’armée israélienne”. Et que signifient concrètement ces derniers mots “quels que soient les dirigeants qu’ils se sont choisis pour le moment, (…) il faut soutenir le droit des Palestiniens à disposer d’eux-mêmes” si ce n’est le “droit” pour les ouvriers vivant en Palestine d’être exploités et terrorisés par des oppresseurs locaux, tels que ces chiens sanglants du Hamas ?
Lors de chaque conflit, LO et la LCR distinguent deux camps, celui des nations impérialistes et celui des nations victimes et opprimées. C’est au nom de cette théorie que dans les guerres qui ensanglantent la planète depuis plus d’un demi-siècle, ces organisations ont successivement pris parti pour l’Indochine, l’Algérie, le Vietnam, l’Irak, la Serbie, la Tchétchénie, le Liban (et son Hezbollah) et aujourd’hui la Palestine (3) ! Peu importe aux yeux de ces va-t-en-guerre trotskistes si la bourgeoisie palestinienne via le Hamas, et autres chapelles nationalistes comme le Fatah, prend en otage la population pour en faire des boucliers humains. Au nom de la “libération nationale”, le petit gangster a toujours raison face au gros ! Aujourd’hui, du fait que l’Etat d’Israël se comporte comme une brute sanguinaire, parquant militairement les populations palestiniennes dans un véritable camp de la mort pour les bombarder, tout cela autoriserait, selon ces gauchistes, à soutenir la bourgeoisie palestinienne dans ses velléités guerrières et à bénir ses roquettes ! LO et la LCR n’ont d’ailleurs pas hésité à participer aux manifestations pro-palestinienne de fin décembre et début janvier (4) et à reprendre en chœur le slogan nationaliste et belliqueux : “Palestine vivra ! Palestine vaincra !” (5).
Contrairement à cette idéologie trotskiste qui ne peut s’empêcher de lier un prolétaire à un territoire, nous devons dénoncer toute idée de soutien à une nation. Petits ou grands, quel que soit leur degré d’armement, tous les Etats sont impérialistes. Toute l’histoire nous montre que les petites nations sont autant capables que les grandes puissances, non seulement d’exploiter sauvagement et brutalement les prolétaires, mais aussi de les envoyer se faire massacrer sur les fronts pour en faire de “glorieux martyrs”. Les prolétaires de Palestine ou d’Israël n’ont rien à gagner dans cette boucherie, dans la confrontation entre gangsters bourgeois. C’est dans la lutte avec leurs frères de classe dans le monde qu’ils pourront mettre fin à la barbarie. “Cette folie, cet enfer sanglant cesseront du jour où les ouvriers (...) se tendront une main fraternelle, couvrant à la fois le chœur bestial des fauteurs de guerre impérialistes et le rauque hurlement des hyènes capitalistes en poussant le vieil et puissant cri de guerre du travail : prolétaires de tous les pays, unissez-vous !” (R. Luxemburg, Brochure de Junius). A bas la guerre ! A bas le capitalisme !
WH (17 janvier)
1) Déclaration publiée sans le moindre commentaire par la LCR sous le titre “Déclaration des forces politiques de la gauche palestinienne” le 1er janvier.
2) LO no 2111 du 16 janvier 2009.
3) LO va même jusqu’à soutenir le droit, pour des nations jugées “opprimées” comme l’Iran ou la Corée du Nord face aux Etats Unis, de posséder la bombe atomique ! Lire notre article et l’article de LO “Contre les essais nucléaires français... et contre le pacifisme !” de Lutte de classe no 15, septembre-octobre 1995.
4) Pour ceux qui n’ont pu assister à ce sinistre spectacle, une vidéo de la manifestation du 3 janvier à Paris est disponible sur le site de la LCR.
5) Le NPA a d’ailleurs fait officiellement sien ce slogan en en faisant même un intertitre de l’un de ses tracts lors de la manifestation du 29 janvier. Bref, au NPA, rien de nouveau !
Cet article a été publié sur le site Internet israélien d’Indymedia et sur Libcom.org. Il a été écrit par un camarade en Israël qui, bien qu’il fasse partie d’une extrême minorité, a senti le besoin de répondre à la fièvre guerrière patriotique répandue en Israël et en Palestine avec la vague d’assaut israélienne sur Gaza. La décision de publier cette prise de position a été en partie le résultat de l’encouragement d’un certain nombre de correspondants sur Libcom (y compris des membres du collectif Libcom, le CCI et le groupe de la gauche communiste turque, EKS). C’est une contribution modeste mais significative de l’émergence d’une opposition réelle au nationalisme le plus pernicieux qui domine actuellement le Moyen-Orient.
World Revolution – organe du CCI en Grande-Bretagne (10 janvier 2009)
La plupart des gens en Israël se rappelleront d’une chose à propos de la manifestation du samedi 3 janvier 2009 1 : que les organisateurs se sont rendus à la Cour Suprême afin de s’assurer qu’ils pouvaient montrer un drapeau palestinien.
Maintenant, je ne suis pas contre celui qui peut arborer n’importe quel drapeau ou n’importe quand. Mais il faut se demander quel objectif a servi ce drapeau palestinien (de l’ex-OLP).
Cette manifestation était censée arrêter l’attaque sur Gaza. Que vient faire le drapeau palestinien avec cela ? On répondra : « Eh bien, il représente le soutien à la résistance palestinienne. » Après se pose la question suivante : quelle résistance palestinienne ? Les Palestiniens les plus sensibles de Gaza aimeraient mieux quitter l’enfer des bombardements, et non pas "résister" en étant bombardés. Qu’est-ce que cela signifie d’ailleurs de "résister" en étant bombardés ? Lever la main contre les envahisseurs ?
Ce drapeau représente le nationalisme palestinien, de la même façon que le drapeau israélien représente le nationalisme israélien. Maintenant, la plupart des lecteurs de ce site web associeraient probablement le nationalisme israélien avec la violence, l’oppression, qui recouvre la domination des capitalistes sur notre pays. Pourquoi la même chose ne s’appliquerait-elle pas au nationalisme palestinien ?
Au moment où nous parlons, les Palestiniens de Cisjordanie sont brutalement opprimés et bâillonnés, des Palestiniens qui veulent protester contre cette même guerre. Pourquoi ? Parce que l’Autorité Palestinienne n’entend pas les critiques, et ne bougera pas de sa seule raison d’être, en tant que sous-traitant du contrôle d’Israël sur les territoires occupés.
Ce sont ces mêmes dirigeants du Hamas, qui aujourd’hui enregistrent des messages de résistance à “leur” peuple, cachés dans des bunkers et des maisons sécurisées, qui refusaient il y a quelques mois de payer les enseignants, brisant les syndicats 2, tuant des Palestiniens innocents dans leurs combats de rue contre leurs concurrents du Fatah, et tirant des roquettes sur des cibles civiles au hasard, au lieu des prétendues tentatives d’améliorer les conditions de vie des Palestiniens au travail et au chômage.
Pendant que nous protestons contre le bombardement brutal de Gaza par le nationalisme israélien, nous devons nous souvenir que le nationalisme palestinien est simplement moins puissant, pas moins brutal. Hélas, cet épisode du drapeau aux mains du nationalisme sert d’objectif idéologique, rendant plus facile le dévoiement de l’opposition au gouvernement en un soutien automatique pour « l’ennemi ».
Bien sûr, cyniquement, il y aurait une bonne raison pour expliquer ce fiasco. Cette manifestation du 3 janvier, organisée par le front Hadash 3 du Parti Communiste Israélien, a été programmée à la veille du lancement officiel de la campagne électorale de ce parti. Et le Hadash a besoin de flatter sa base nationaliste palestinienne au sein de la Ligne Verte 4 pour maintenir son poids électoral dans les prochaines élections contre les Nationalistes Séculaires (Al-Tajmua) et le Mouvement Islamiste. Et cela, à nouveau, joue au profit du nationalisme, et en définitive, au profit des capitalistes.
Tout cela ne peut avoir pour résultat que l’enfermement dans un cycle répétitif de violence, qui ne prendra fin que lorsque nous prendrons conscience que ces nationalismes sont là pour obscurcir notre jugement et nous empêcher de voir le vrai problème, c’est-à-dire que nous sommes envoyés pour tuer et nous faire tuer, et nous faire concurrence au service de gens qui ne servent pas nos intérêts, mais les leurs. Et cela vaut à la fois pour les Israéliens et les Palestiniens. Tranchons le nœud gordien du nationalisme, et nous serons sur la voie d’avoir des vies meilleures pour tous.
(La version Indymedia de cet article possède à la fin un lien avec l’article du CCI sur Gaza )
1 Le 3 janvier, une manifestation contre l’offensive sur Gaza a eu lieu à Tel-Aviv en Israël à l’appel de Gush Shalom, principale organisation pacifiste israélienne, et vingt autres organisations gauchistes ainsi que des anarchistes et le Parti Communiste Israélien. 10 000 personnes étaient présentes, ce qui semble très significatif d’une montée importante d’un refus de la guerre dans la population israélienne. Afin de mieux détourner les préoccupations anti-guerre des manifestants vers l’exaltation du nationalisme, les organisateurs avaient demandé à la Haute Cour de Justice de rendre légal le drapeau palestinien et donc sa présence dans la manifestation (NDT).
2 Sans ôter toute sa valeur à la défense de l’internationalisme du camarade, il faut préciser que, pour nous, les syndicats sont devenus partout des organes de la bourgeoisie, et que leur répression dans le micro-État palestinien est liée à des luttes sanglantes entre fractions bourgeoises. Le Hamas est d’ailleurs une fraction bourgeoise particulièrement obscurantiste et bornée, incapable d’utiliser les armes les plus sophistiquées et efficaces de la classe dominante contre le prolétariat, à savoir : la démocratie, le parlementarisme, la pseudo-liberté de la presse et… les syndicats. C’est pourquoi, effectivement, le Hamas a brisé et écrasé les syndicats.
3 Le Hadash, Front Démocratique pour la Paix et l'Egalité, anciennement Rakah, est un avatar du Parti Communiste Israélien dont l’action est principalement dirigée vers la population arabe israélienne, à forte proportion ouvrière, qu’il pousse à l’embrigadement dans le nationalisme pro-palestinien et à la défense d’un Etat palestinien.
4 Le terme de « Ligne Verte » se réfère à la délimitation du tracé des frontières d’Israël vis-à-vis de certains de ses États voisins (Syrie, Jordanie, et Égypte) datant de l'armistice de 1949, à la fin de la guerre israélo-arabe de 1948 (NDT, source Wikipedia).
Ces prises de position proviennent des camarades du groupe Démocratie communiste luxemburgiste, du camarade Marcos (États-Unis – République dominicaine) ainsi que de deux autres camarades 1.
Face à la barbarie guerrière qui se déchaîne contre les travailleurs et la population de Gaza, ces contributions sont un défi aux clameurs dominantes qui veulent nous faire choisir notre camp parmi les divers représentants de la barbarie capitaliste : ceux qui se disent « de gauche » nous appellent à soutenir le Hamas et cette fausse entité qu’ils appellent « peuple palestinien » 2, pendant que les gouvernements de l’UE appellent au soutien d’Israël et dénoncent le Hamas pour avoir « rompu la trêve » et autres fariboles.
On ne peut comprendre les événements en limitant l’analyse aux seuls protagonistes, mais il est nécessaire de les situer dans l’engrenage infernal qui les entraîne et en fait des agents de barbarie et de destruction. Cet engrenage est le capitalisme mondial auquel ils participent tous, tant l'État israélien et ses terrifiantes armes de destruction que la fraction bourgeoise réunie autour du Hamas et ses missiles « maison ».
Il s’agit d’une guerre à mort qui prend en otage tant la population du pays rival que celle du pays lui-même. C’est avec le cynisme le plus abject qu’Israël proclame qu’il ne veut frapper que le Hamas, mais cela ne l’empêche pas de commettre un génocide horrible sur les travailleurs et la population de Gaza. Tout en faisant de ses « citoyens » les prisonniers et les otages de son affrontement sanguinaire avec l'État israélien, le Hamas prend pour cible de ses missiles la population civile de ce pays.
Nous ne pouvons soutenir aucun des protagonistes de cet engrenage, que ce soit le « plus faible », le « plus gentil », celui qui a le plus grand « soutien populaire » ou qui prétend avoir l’idéologie la « plus progressiste ». Ces critères nous entraîneraient dans l’engrenage de mort propre au capitalisme mondial et nous ne pourrions jamais en sortir. On ne peut prendre parti que pour la lutte internationaliste, pour le mouvement indépendant du prolétariat qui s’oppose à tous les États, tous les gouvernements et toutes les fractions de la bourgeoisie.
Contre le génocide du peuple palestinien à Gaza, une seule solution : l’unité des travailleurs par-dessus les frontières !
Unité des travailleurs palestiniens et israéliens. Même si certains pensent que les intérêts de ces derniers sont irréversiblement liés aux intérêts de leur « État », ils n’en sont pas moins des prolétaires. Il leur est difficile de parvenir à un niveau internationaliste de conscience de classe, nous le savons, mais depuis quand la révolution prolétarienne est-elle facile ? Pense-t-on qu’il n’existe pas de fausses illusions parmi les travailleurs européens, américains ou du tiers-monde quant à « leur » État ou « leurs » dirigeants ?
L'État sioniste est particulièrement criminel et couvert de sang, il est l’expression des contradictions du système impérialiste. Il faut soutenir toutes les initiatives qui peuvent surgir en Israël contre la barbarie de l'État (même si elles sont embryonnaires et fragiles), telles que le mouvement d’objection de conscience au sein de l’armée israélienne. Soyons clairs : en dernière instance, les révolutionnaires ne soutiennent aucun État capitaliste, que ce soit Israël ou n’importe quel autre.
Les « dirigeants » du peuple palestinien se sont montrés incapables d’apporter une solution à « leur » peuple. Le terrorisme aveugle ne sert que de prétexte à Israël pour enfermer les Palestiniens dans un ghetto. Les attentats et la répression étatiques font partie d’une dialectique absurde qui s’autoalimente. Ils ne sont qu’une fraction de la bourgeoisie armée de sinistres armes idéologiques et diplomatiques. Souvenons-nous du Fatah, qui perdit le soutien d’une grande partie de « son » peuple à cause de sa corruption éhontée, son despotisme et son incapacité à créer une alternative crédible. Rappelons qu’il fut aussi l’instrument de l’impérialisme russe à l’époque des blocs et des gouvernements arabes corrompus.
Par ailleurs, les intégristes tels que le Hamas ou le Hezbollah n’hésitent pas à envoyer à une mort certaine les jeunes opprimés au nom d’une nauséabonde cause « islamiste », répressive et oppressive en particulier pour les travailleurs et les femmes, les homosexuels et les minorités ethniques, comme en Iran.
A bas le sionisme !
A bas l’intégrisme « islamiste » !
A bas l’impérialisme complice !
Si tu veux lutter pour la paix, lutte pour le socialisme !
Démocratie communiste (Réseau luxemburgiste international)
luxemburgism.forumr.net/forum.htm
Prolétaires de tous les pays, unissons-nous !
Il s’agit de l’affrontement entre deux bourgeoisies rivales et non pas entre travailleurs en Palestine et travailleurs en Israël. La véritable unité devrait être entre travailleurs. Il ne s’agit pas de les appeler à participer à la guerre, il ne faut pas se focaliser contre l'État d’Israël ou contre le Hamas ou le Hezbollah, aucun d’entre eux ne représente les intérêts des travailleurs. Exalter le nationalisme bourgeois est une grossière erreur, le mot d’ordre classique des gauchistes toujours en recherche d’une cause à soutenir, et il est aussi faux et mensonger de se cacher derrière l’anti-impérialisme et la soi-disant libération nationale. Tout aussi criminels sont le Hamas, le Hezbollah, l'État d’Israël et les sionistes.
Y a-t-il des gouvernements populaires et révolutionnaires ? Quel gouvernement ou quel État projette une société nouvelle et l’élimination de celle-ci ? Aucun État n’est révolutionnaire ni populaire, ils sont au contraire tous contre-révolutionnaires. Qu’est donc le peuple palestinien ? Les travailleurs, le Hamas et le Hezbollah unis dans un même conglomérat, ou les démunis de cette région du monde ? Les Nations unies ne sont qu’un centre de gouvernements bourgeois et de conspirateurs, les travailleurs du monde ne peuvent compter sur leurs ennemis et oppresseurs, pas plus que sur les organismes de la classe dominante, ils ne peuvent compter que sur l’unité des travailleurs partout dans le monde. L’impérialisme, ce ne sont pas que les États-Unis, c’est le conglomérat de tous les pays du monde. L’impérialisme n’est pas un pays particulier, c’est une loi inhérente à un système économique, le capitalisme. Le sionisme n’est que du nationalisme bourgeois, une de ses facettes, similaire en tous points avec ce que défendent tous les patriotismes et les luttes de libération nationale. Ces appels de la gauche ne précisent pas qu’ils sont aussi destinés aux gouvernements bourgeois dans le monde. Il semble que l’histoire n’a rien appris à la gauche du capital.
La partie de la classe ouvrière qui se trouve des deux côtés de la Bande de Gaza est la seule victime du terrorisme capitaliste déchaîné ces derniers jours dans la région par le sionisme. Les familles ouvrières victimes de ce conflit ne doivent pas se laisser entraîner à prendre position pour un des belligérants, mais au contraire doivent hisser la bannière prolétarienne du défaitisme révolutionnaire contre leur propre bourgeoisie des deux côtés du front guerrier pour combattre l’ennemi commun, le capitalisme décadent et le lourd fardeau de l’islamisme et du judaïsme millénaires. C’est la seule issue à la barbarie capitaliste au Moyen-Orient.
Ces gauchistes ne comprennent rien, ils ne font que soutenir le Hamas et le Hezbollah. Je n’ai pas vu le moindre appel à l’unité entre ouvriers israéliens et palestiniens. Messieurs, la question n’est pas de soutenir le Hezbollah ou Israël, les ouvriers du monde entier doivent s’unir contre leur ennemi de classe. L’ouvrier en Palestine a les mêmes intérêts que l’ouvrier en Israël. On assiste à une guerre entre deux fractions nationales du capital.
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
1 Des documents intéressants pour une réflexion sur ce que sont tant le sionisme que l’islamisme peuvent se trouver dans les textes que nous avons publié dans la Revue internationale no 117, « Conflits impérialistes au Moyen-Orient : l’utilisation du sionisme pour diviser la classe ouvrière [12]» et no 109, « Le renouveau de l’islamisme, un symptôme de la décomposition des rapports capitalistes [13] ».
2 Son représentant actuel, le gouvernement du Fatah en Cisjordanie, collabore sans vergogne avec l’Etat d’Israël quant au massacre qu’il est en train de perpétrer.
Ce texte est la traduction d’un article publié sur notre site en langue espagnole par Acción proletaria, section du CCI en Espagne.
un camarade a posté deux commentaires sur notre site à propos de l’article paru en français et en espagnol “Sabotage des lignes SNCF : des actes stériles instrumentalisés par la bourgeoisie contre la classe ouvrière” (1).
Ce camarade appelle à la solidarité pour les personnes arrêtées par l’État français, en affirmant : “Le plus étonnant c’est que le CCI, qui d’habitude condamne avec force l’appareil de gauche du capital, dans le cas présent a dit exactement la même chose que le leader principal de la gauche capitaliste française, Besancenot, qui, de suite, de même que le CCI, a déclaré que le sabotage n’est pas une méthode de la lutte ouvrière et a condamné ces militants prolétariens qui combattent si sincèrement le capitalisme. Enfin… Quelle coïncidence, le CCI et Besancenot sont du même avis ! J’espère que vous réfléchirez à votre position ! Salutations.” Et “J’espère que vous ne le prendrez pas mal, c’est un appel dans de bons termes pour que vous réfléchissiez sur la grande similitude de votre condamnation de ces actes (publiée en français) avec les mots prononcés par Besancenot et par les syndicats, qui pour être bien vus par leurs chefs bourgeois ont déclaré juste ce que ceux-ci voulaient, c’est-à-dire qu’on criminalise ceux qui (indépendamment du fait que nous soyons d’accord avec leurs tactiques ou pas) méprisent et combattent sincèrement cette société d’exploitation”. Ces deux commentaires ont provoqué un débat très animé.
Nous sommes d’accord avec le camarade (2) concernant la dénonciation claire qu’il fait du terrorisme d’Etat : la bourgeoisie “tend à élargir sa définition du “terrorisme” à la moindre action qui rompt avec l’ordre démocratique” et il dénonce le fait qu’en faisant cela, elle prétend “occulter la nature fondamentalement terroriste de sa domination, en assimilant exclusivement le terrorisme aux réactions violentes du prolétariat, en faisant l’amalgame délibéré entre les actions qui se placent sur le terrain de classe et celles qui appartiennent à des terrains a-classistes, réformistes, religieux, de libération nationale, etc.”.
En réalité, l’inculpation des jeunes mêlés à cette histoire est un montage de l’État avec l’objectif de développer une campagne idéologique contre tout ce qu’en France on appelle “l’ultra-gauche”. Ce n’est pas la première fois qu’on monte ce genre de campagnes dirigées contre “tous ceux qui ne s’insèrent pas dans le jeu démocratique”. Il y a quelques années, on a monté des campagnes “anti-révisionnistes” avec lesquelles on a essayé de décrédibiliser spécifiquement la Gauche communiste, en assimilant les révisionnistes (ces fractions d’extrême-droite de la bourgeoisie qui nient l’existence des chambres à gaz durant la Seconde Guerre mondiale) avec les internationalistes qui dénonçaient les deux factions – la démocratique et la fasciste- pour ce qu’elles étaient : capitalistes et impérialistes.
Il faut dénoncer la répression qui s’abat sur les jeunes inculpés, qui n’ont peut-être rien à voir avec les actes dont ils sont accusés, des actes, il faudrait ajouter, qu’on ne doit pas confondre avec le terrorisme, puisqu’ils ne mettent nullement en danger la vie des passagers. Tout cela sent le montage de l’Etat, bien mal bricolé par ailleurs. Ne pas dénoncer est une chose, accepter et soutenir en est une autre bien différente ! Il peut arriver que des prolétaires exaspérés et désespérés s’impliquent dans des actes individuels ou minoritaires de sabotage. En aucune manière, nous ne les condamnerons.
Mais il convient de ne pas mélanger les choses : ne pas les condamner ne veut absolument pas dire accepter les méthodes qu’ils préconisent. Ces méthodes basées sur des actes individuels ou minoritaires de sabotage ne servent ni à développer la conscience de la classe ouvrière, ni à contribuer au développement de sa lutte. Bien au contraire, elles les affaiblissent toutes les deux. C’est pour cela que nous devons mettre en garde la classe ouvrière sur de telles méthodes qui, non seulement ne participent en rien en son combat mais qui, en plus, peuvent conduire des ouvriers à s’exposer de manière inutile à la répression (3). Quand, d’une façon anonyme, se produit un sabotage ou un acte de violence contre une institution du capital (une bombe jetée sur un édifice public, attentat contre un représentant du système, etc.), on se demande toujours qui peut en être l’auteur : s’agit-il d’un groupe qui se revendique sincèrement de la lutte pour la destruction du capitalisme, ou bien ne s’agit-il pas d’un provocateur de la police ou même d’un groupe d’extrême-droite ? (4) Ces interrogations viennent du fait que ce genre de méthodes peut être indifféremment utilisé par des classes très différentes – prolétariat, bourgeoisie, petite-bourgeoisie – et par les tendances politiques les plus dissemblables.
Par contre, ce genre de question ne se pose pas quand on se trouve face à des actions telles que des grèves pour des revendications de classe, des assemblées générales, des tentatives d’extension et d’unification des mouvements de lutte etc. Devant de telles actions, pas de doute : il s’agit bien d’actions du prolétariat qui vont dans le sens de la défense de ses intérêts de classe. Ce type d’actions – quelles que soient leurs faiblesses et limites – favorisent le développement de la conscience de la classe ouvrière, sa confiance en elle-même, ses sentiments de solidarité et ne peuvent servir les intérêts de la bourgeoisie. Par contre, les actions du premier type ne favorisent en rien la confiance en lui-même du prolétariat. Et comment pourraient-elles la favoriser si ces actions présupposent qu’une minorité clandestine remplace la classe dans la tâche de lutter contre le capital ?
Un autre argument du camarade réside dans le fait que les termes de notre critique à ces méthodes de sabotage pourraient ressembler à ceux employés par Besancenot. Cet argument amène à une série de considérations qui sont en lien avec l’origine des partis de gauche et d’extrême-gauche et au rôle qui est le leur aujourd’hui face à la classe ouvrière. La capacité de ces partis à tromper et à avoir de l’influence dans la classe ouvrière et le fait qu’ils soient sur ce plan bien plus efficaces que leurs congénères de droite, vient du fait que leurs lointaines origines se trouvent dans le mouvement ouvrier et qu’à un moment donné de leur existence ils constituèrent une véritable avant-garde de la classe ouvrière. Mais par la suite, ils ont fini par dégénérer, trahir et enfin devenir des rouages de l’État capitaliste. Appuyés sur ces lointaines origines, ils conservent dans leurs discours une série de thèmes et de références qui font partie du patrimoine de la classe ouvrière. Est-ce que nous devons renoncer à ce patrimoine parce que ces organisations bourgeoises se le sont appropriés et que leur intérêt est de l’utiliser bassement pour semer la confusion dans les rangs des prolétaires ? Ce serait une erreur totale. Il est évident que nous ne pouvons pas renoncer à la perspective du socialisme parce que l’extrême-gauche parle aussi de “socialisme”. Si ces partis n’arrêtent pas de parler “d’unité de la classe ouvrière”, ce n’est pas une raison pour renoncer à une lutte sincère et concrète pour cette unité. Et aussi le prolétariat a une longue expérience sur les provocations policières contre sa lutte, une expérience qui fait partie du patrimoine de son combat historique et que ses mouvements actuels doivent impérativement se réapproprier pour le futur. Le fait que les partis de gauche ou d’extrême gauche parlent de “provocation policière” ne peut pas empêcher les révolutionnaires actuels de dire qu’elle existe et de défendre contre elle les positions classiques du mouvement ouvrier.
Pour le camarade “étant donné que la classe ouvrière n’est pas encore capable de comprendre ces actions et que, grâce aux média bourgeois, elle perçoit ses propres frères de classe qui affrontent l’État-capital comme des “délinquants”, des “vandales”, des “terroristes”, parce qu’elle est contaminée jusqu’à la moelle de l’idéologie citoyenne, alors on condamne ceux qui osent agir pour que les “ouvriers-citoyens” ne prennent pas peur et puissent ainsi rejoindre nos mobilisations si bien cadrées”.
Si on a bien compris une telle allégation, notre interlocuteur croit que pour pouvoir organiser des “grands mouvements de masse”, nous proposerions de ne pas “effrayer” les ouvriers les plus arriérés, contaminés par l’idéologie citoyenne et, par conséquent, nous rejetterions les actions violentes de ceux qui “s’affrontent au capital”. Les mouvements de masse du prolétariat ne sont pas le résultat de la convocation d’une poignée de révolutionnaires (5). Les mouvements de masse du prolétariat sont le produit d’un processus historique dans lequel interviennent à la fois le développement des conditions objectives (en particulier, la crise économique) et la maturation subjective du prolétariat (la conscience de classe). Et justement, dans cette contribution que nous pouvons et devons faire en vue de cette maturation subjective, il y a un élément crucial : le rejet des méthodes qui prônent des actions violentes minoritaires. Parce que de telles méthodes ne font que fomenter la passivité et la délégation de la lutte collective entre les mains d’un groupe de “héros anonymes”, de “sauveurs bien-intentionnés” qui vont en faire voir de toutes les couleurs au capital. Et en même temps, elles génèrent un sentiment d’impuissance et de frustration, parce que n’importe qui ayant un peu de jugeote peut parfaitement comprendre que de telles “audaces” ne “représentent pas plus qu’une piqûre de moustique sur une peau d’éléphant” (6).
Nous sommes pleinement conscients que la lutte de classe et l’affrontement avec l’État ne sont en rien pacifiques et qu’elles exposent la classe ouvrière et ses minorités révolutionnaires aux coups de la répression. Cette violence fait inévitablement partie du processus révolutionnaire. Dans leur développement, les luttes de la classe ouvrière prennent des mesures de riposte à la violence de l’État bourgeois, répliquent à sa terreur et sa répression avec la violence de classe du prolétariat (7).
La violence ne se limite pas aux affrontements avec la police, aux actions d’attaque contre la circulation de marchandises, aux blocages de la production, à l’attaque contre les institutions de la propriété privée (banques, automobiles de luxe, etc.). Ce serait là une vision très restrictive et totalement superficielle. Rosa Luxemburg met en avant dans Grève de masse, parti et syndicats (partie IV) que “A la différence de la police qui par révolution entend simplement la bataille de rue et la bagarre, c’est-à-dire le “désordre”, le socialisme scientifique voit d’abord dans la révolution un bouleversement interne profond des rapports de classe”. Pour le prolétariat, la question de la violence est une question politique : elle consiste à savoir comment établir un rapport de forces favorable contre la bourgeoisie et son État de telle sorte qu’il lui permette de résister à ses attaques et ainsi passer à l’offensive vers sa destruction définitive. La violence du capital et de son État se concrétise dans les mitraillages, l’usage des gaz lacrymogènes, les prisons, les procès et les chambres de torture, mais il existe une violence bien plus nuisible et pernicieuse qui est bien plus efficace pour la défense des intérêts du capital : c’est l’attentat permanent que la société capitaliste exécute et exerce contre l’unité et la solidarité de la classe ouvrière, le bombardement sans répit qu’elle lance de partout où elle peut alimenter les divisions, l’atomisation, la concurrence, la passivité et le sentiment de culpabilité. L’État démocratique, sans pour autant renoncer, loin s’en faut, à la violence physique et à la terreur la plus cynique, est un expert dans le développement de cette violence insidieuse et profondément destructrice.
Le premier pas pour affronter ces deux types de violence, ce sont les tentatives conscientes pour briser l’atomisation, sortir de la passivité, du “chacun pour sa pomme”, pour dépasser l’isolement et la division, développer la solidarité ouvrière en brisant les prisons de l’entreprise, du secteur, de la nationalité, de la race etc., de débattre largement et sans barrières sur les nécessités et les problèmes de la lutte générale.
Tout cela peut paraître trop “pacifique”, très “ordonné” et “contrôlé” à ceux qui identifient unilatéralement la “lutte” avec le désordre et la bagarre physique et ne sont pas capables de comprendre le potentiel contenu dans les mouvements authentiques du prolétariat. Ses mouvements collectifs, le développement de sa capacité pour les organiser en affrontant le contrôle des syndicats et autres institutions de l’État, sont la violence la plus efficace contre la domination capitaliste.
CCI (18 décembre 2008)
1) Cet article publié en français et en espagnol sur notre site a provoqué toute une discussion très animée dans les deux langues. Les messages auxquels cet article fait référence sont en espagnol, mais ils recoupent beaucoup de questions en discussion sur notre site en français.
Voir : "Sabotage des lignes SNCF : des actes stériles instrumentalisés par la bourgeoisie contre la classe ouvrière [14]".
2) Il s’agit ici de la version courte de notre réponse, la suite [15] est disponible sur notre site web en français et en espagnol.
3) Il est important de comprendre que les actes de sabotage, de violence minoritaire etc., prêtent facilement le flanc à l’infiltration des services de l’État, qui peuvent même les fomenter avec le but de les utiliser contre la classe ouvrière ou ses minorités révolutionnaires. Mettre en évidence ce problème ne signifie pas dénoncer ou culpabiliser des personnes qui s’impliquent honnêtement dans ce genre de pratique. Nous dénonçons le coupable, l’État bourgeois et ses officines, et non pas la victime.
4) Citons parmi de nombreux exemples, ce qui est arrivé en Italie durant les années 70. Il y a eu beaucoup d’attentats qui ont été immédiatement attribués par l’État, sa police et sa justice, mais aussi par la presse, aux anarchistes, alors qu’en fait, plus tard, il a été démontré qu’ils avaient été commis par des éléments d’extrême-droite souvent en connivence avec des officines de l‘État.
5) De la même façon que la tâche des éléments les plus avancés de la classe ouvrière n’est pas du tout de la réveiller à coup d’actes d’héroïsme individuel, leur tâche n’est pas non plus de s’autoproclamer ses organisateurs et dirigeants.
6) Ce camarade dit : “je n’arrive pas à comprendre que vous [CCI] affirmiez à plusieurs reprises que ces actions sont célébrées par l’appareil de gauche du capital, alors que [les partis de gauche] sont les premiers non seulement à condamner mais encore à montrer du doigt et à livrer leurs propres camarades qui rejettent les processions moutonnières et pacifistes convoquées par les syndicats et les partis de gauche”. En fait, ces deux attitudes ne sont pas contradictoires. En prenant l’exemple des syndicats : ceux-ci organisent parfois des manif-processions, mais il leur arrive, selon les besoins du sabotage de la lutte ouvrière, d’organiser des manifestations violentes d’affrontement avec la police, de destruction de vitrines etc. La manifestation – procession pacifiste est utilisée pour enterrer une lutte, tandis que la manifestation – affrontement est utilisée pour dévoyer la lutte, par le biais du dit affrontement, dans l’isolement. Par ailleurs, les chefaillons syndicaux sont souvent passablement cyniques : d’un coté ils poussent les ouvriers vers des actions désespérées et de l’autre ce sont eux les premiers à les dénoncer à la police, même quand ils appartiennent à leur syndicat. Il y a là-dessus beaucoup d’exemples.
Comme résultat du surgissement, au niveau international, de minorités révolutionnaires, un noyau de discussion s’est formé en république Dominicaine qui, parmi ses activités, a organisé une réunion publique à laquelle le CCI a été invité afin de présenter ses positions qu’il défend de même que ses analyses et ses analyses la crise actuelle du capitalisme.
La réunion s’est caractérisée par une confrontation des idées dans une ambiance de confiance, de respect et d’attention envers tous ceux qui se sont exprimés.
Un des points qui a été soulevé par différents participants était en relation avec le gouvernement de Chavez. Il a été demandé comment le CCI caractérisait le “processus révolutionnaire en Amérique du Sud”, particulièrement au Venezuela considéré par certains comme “la pointe de la révolution en Amérique latine et de la révolution mondiale” et jusqu’où débouchait ce processus. Avant la réponse du CCI, un participant a affirmé que ce gouvernement n’était ni marxiste, ni socialiste, ni révolutionnaire parce qu’il continue à exploiter les travailleurs et était un gouvernement qui ne provenait pas d’une révolution mais du conflit électoral bourgeois. Il a été dit qu’effectivement, le gouvernement de Chavez, de même que tous ceux qui accompagnent le prétendu “socialisme du xxie siècle” comme celui d’Evo Morales, de Correa, etc., représentait les intérêts d’une fraction de la bourgeoisie et qu’ils se disent “socialistes” pour maintenir les travailleurs derrière la défense des intérêts de cette fraction de la classe exploiteuse. Et que, y compris au Venezuela, les travailleurs commençaient à se rendre compte que ce régime était contre le prolétariat puisqu’il a réprimé des grèves et n’a pas rempli les promesses d’améliorer leur situation.
De plus, il a été précisé que les expropriations n’étaient pas un indicateur du socialisme, contrairement à ce qu’a affirmé un participant, mais que celles-ci ont été réalisées suivant les nécessités de la bourgeoisie pour augmenter ou tenter de maintenir ses bénéfices (1).
La défense du régime chaviste s’est aussi exprimée sur la base du fait que c’était “un exemple de lutte opposée à l’impérialisme yankee et comme partie du processus bolivarien”. Il a été rappelé que, depuis le début du xxe siècle, tous les pays, qu’ils soient petits ou faibles, étaient impérialistes. Le combat contre Bush n’est que l’expression de luttes inter-impérialistes dans lesquelles chaque bourgeoisie défend ses intérêts régionaux ou nationaux. De cette manière, les alliances momentanées entre les gouvernements impérialistes du Venezuela, de la Bolivie, de l'Équateur, du Nicaragua, de Cuba, etc., sont des formes d’intérêts capitalistes et en aucune manière ne bénéficient aux exploités, mais au contraire, les enrôlent dans la défense des intérêts de leurs propres exploiteurs.
Un autre camarade a insisté sur le fait qu’au Venezuela il n’y avait pas de période de transition vers le communisme, mais que c’était un régime totalement capitaliste qui s’est couvert d’une phraséologie radicale et prolétarienne pour attirer les ouvriers parce que la classe ouvrière reconnaît le socialisme comme lui appartenant et est à la recherche d’une réelle perspective prolétarienne.
Un des participants est intervenu en réaffirmant la position du CCI sur les prétendus pays socialistes, face à la défense de l’Union soviétique, de Cuba et de ses “conquêtes sociales” exprimée par d’autres participants. La défense de ces pays comme socialistes était basée sur l’argument suivant lequel le socialisme ne pouvait se développer du fait de la pression des États-Unis et le caractère révolutionnaire de l’Union soviétique par le fait que, dans la Seconde Guerre mondiale, elle était contre le fascisme. Le camarade a signalé que le socialisme dans un seul pays n’est pas possible, ni dans un groupe de pays, mais que pour que la révolution triomphe, celle-ci doit être mondiale. C’est pour cela que du fait de la défaite de la vague révolutionnaire de 1917-23, en Union soviétique ou en Chine, il n’y a pas eu de socialisme mais un capitalisme d’État et à Cuba il n’y a jamais eu de révolution prolétarienne mais un changement de fraction bourgeoise au pouvoir. Dans ces pays, n’ont pas été abolis la loi de la valeur, le capital, ni le travail salarié et l’exploitation. Un jeune participant a donné des chiffres qui montraient clairement le terrible degré d’exploitation auquel sont soumis les travailleurs en Chine remettant en question le prétendu caractère socialiste de ce pays. D’autre part, la participation de l’URSS à la guerre montre non pas son caractère socialiste mais impérialiste, puisque la défense de la “patrie socialiste” ou de la démocratie étaient de fausses alternatives face au fascisme qui attachaient le prolétariat aux intérêts de sa bourgeoisie dans la boucherie impérialiste. Un autre camarade a rappelé comment des milliers de travailleurs ont été massacrés dans les deux camps, y compris parmi les Allemands, en montrant comment dans les guerres impérialistes, on appelle les ouvriers à se massacrer entre eux pour défendre des intérêts qui ne sont pas les leurs.
Sur ce thème également, il y a eu beaucoup d’inquiétude. Bien que pour certains, il était clair que la participation parlementaire n’était plus une forme de lutte de la classe ouvrière, d’autres ont mis en avant des doutes sur ce point, avec comme argument que Lénine, dans ses œuvres, appelait à participer au parlement. Un participant a répondu que si pendant l’ascendance du capitalisme, on pouvait utiliser cette tribune pour lutter pour des réformes, l’entrée du capitalisme dans sa période de décadence rendait impossible des améliorations durables et pour cela tant le parlement que les syndicats ont perdu leur fonction et se sont convertis en appendices du capital lui-même comme l’a montré, par exemple, le fait que les syndicats se sont mis à la queue du mouvement révolutionnaire en 1917 et que, peu de temps après, ce sont les syndicats qui se sont chargés d’enrôler les ouvriers dans la préparation de la guerre impérialiste.
Plusieurs camarades ont manifesté leur intérêt à connaître comment se développe l’unité de la classe ouvrière, “comment l’organiser”, comment faire pour que les travailleurs identifient les syndicats comme leurs ennemis ?…Il a été rappelé comme difficultés l’absence de lutte dans cette région et la peur des licenciements. Il y avait des participants qui ont parlé du caractère conscient de la révolution, qu’il ne s’agissait pas d’organiser la classe mais de contribuer à étendre la conscience du prolétariat, que le développement de l’unité et de la conscience est un processus difficile, d’affrontements aux forces et à l’idéologie de la bourgeoisie qui se développe d’abord à travers des luttes pour des augmentations de salaire, contre les licenciements, etc., au sein desquelles les révolutionnaires ont un rôle important à jouer en tirant les leçons aussi bien des victoires que des défaites.
A partir de là, a été mise en avant une interrogation sur le parti. Un assistant a demandé : “Pourquoi former un autre parti de gauche s’il y a déjà plusieurs partis communistes ?” Il a été affirmé qu’il ne faut pas confondre les partis de la bourgeoisie qui s’autoproclament socialistes et communistes avec le véritable parti du prolétariat qui devra être formé dans le futur quand les luttes des travailleurs seront en plein essor et auront atteint un certain degré de développement.
Un participant a exprimé sa satisfaction d’entendre parler de la prise du pouvoir par le prolétariat, de la dictature du prolétariat, de la révolution communiste, de socialisme et de communisme avec une connotation réellement marxiste, différente de ce qui est diffusé par la bourgeoisie et qui prétend effacer la véritable signification de ces concepts ; et il s’est prononcé en faveur de la reconstruction de l’Internationale communiste.
Le caractère prolétarien de la réunion s’est confirmé quand un jeune a proposé de signer un communiqué dénonçant la guerre Israël-Palestine qui dans ces moments avait déjà fait des ravages dans la bande de Gaza. C’est une proposition que nous avons saluée fortement. Cette proposition a ouvert un tour de table dans lequel a été rappelée la position prolétarienne face aux guerres impérialistes. On ne pouvait dénoncer la guerre en condamnant seulement un camp, dans ce cas l’impérialisme israélien, contre le “peuple de Palestine”, parce qu’il est l’allié de l’impérialisme américain, mais il s’agissait de condamner la guerre comme guerre impérialiste, où la bourgeoisie palestinienne aussi a la responsabilité du massacre de centaines de personnes parmi les couches exploitées. Il a été affirmé que seule la lutte du prolétariat pourra mettre fin à la barbarie guerrière comme cela avait été démontré quand la vague révolutionnaire avait mis fin à la Première Guerre mondiale. Bien que la lutte du prolétariat soit pour un monde sans guerres, elle n’est pas pacifiste au sens où elle n’est pas une lutte qui cherche la paix dans le capitalisme, ce qui est impossible, puisque dans la phase de décadence du capitalisme, c’est le mode de vie du capitalisme, la paix se conçoit seulement à travers la destruction du capitalisme.
Plusieurs des participants ont exprimé l’importance qu’a eue pour eux cette réunion et la nécessité de continuer à compter sur ces espaces de réflexion. Nous saluons l’effort des camarades qui ont organisé cet événement, mais surtout l’esprit militant qui les a poussés à offrir les conditions pour la réalisation d’une réunion qui a été un exemple vivant d’une des armes dont dispose la classe ouvrière pour développer sa conscience, son unité et sa lutte : des débats les plus larges possibles où se manifeste la culture du débat, la sincérité, l’esprit de réflexion, la confiance, le respect et la solidarité.
Nous répétons aux camarades de république Dominicaine ce que nous avons dit aux camarades du Pérou : “Les camarades qui ont pris cette grande initiative ne sont pas seuls. Dans d’autres pays se développent des initiatives similaires. Progressivement, est en train de se forger un milieu internationaliste qui s’oriente vers une discussion et une collaboration internationale qui contribue à la meilleure arme du prolétariat : son unité et sa conscience a l’échelle mondiale” (2).
CCI, janvier 2009
1) Comme l’expropriation pétrolière qui a été réalisée au Mexique pour bénéficier aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale.
2) Voir sur notre site en espagnol “Reunión pública en Perú de la CCI: un debate proletario apasionado y apasionante [19]”,
Links
[1] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/luttes-classe
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/57/israel
[3] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/58/palestine
[4] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/guerre
[5] https://fr.internationalism.org/rint136/les_revoltes_de_la_jeunesse_en_grece_confirme_le_developpement_de_la_lutte_de_classe.html
[6] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/situation-sociale-france
[7] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/crise-economique
[8] http://www.nytimes.com/2008/12/13/us/13factory.html
[9] https://fr.internationalism.org/ri365/new-york.htm
[10] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/50/etats-unis
[11] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/trotskysme
[12] https://fr.internationalism.org/french/rint/117_conflits.htm
[13] https://fr.internationalism.org/french/rint/109_religion.html
[14] https://fr.internationalism.org/en/icconline/2008/sabotages_sncf_des_actes_steriles_instrumentalises_par_la_bourgeoisie_contre_la_classe_ouvriere.html
[15] https://fr.internationalism.org/icconline/2009/debat_sur_la_violence_2.html
[16] https://fr.internationalism.org/french/rint/14-terrorisme
[17] https://fr.internationalism.org/french/rint/15_reso_terrorisme
[18] https://fr.internationalism.org/en/tag/7/287/terrorisme
[19] https://es.internationalism.org/node/2385
[20] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/reunions-publiques
[21] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/52/amerique-centrale-et-du-sud