Commeaux Etats-Unis, dans le reste de l’Europe et partout dans le monde,les prolétaires en France subissent de plein fouet les ravages dudéchaînement de la crise et sont les premières victimes duplongeon dans la récession de “l’économie réelle”.
Ladéferlante a déjà commencé : ralentissement de la productiondans tous les secteurs, avalanche de faillites dans les PME,fermetures d’usines dans tous les secteurs et chez tous les grandsgroupes, pas un jour ne se passe sans l’annonce de nouveaux plansde licenciements. Le secteur du bâtiment accuse en priorité le coupde la crise : avec plus de suppressions d’emplois en 4 moisqu’en 4 ans, déjà des charrettes de licenciements sont annoncéeschez deux des plus importants promoteurs, Nexity et Kaufman&Broad,tandis que 180 000 salariés sont menacés de chômage dans lesecteur du bâtiment et des travaux publics en raison de la baisse dela construction de logements neufs : en 2008, les mises enchantier pourraient être inférieures de 90 000 à celles de 2007.En Ile-de-France, les investissements immobiliers ont chuté de 64 %au cours des 9 premiers mois par rapport à la même période en2007. Les banques et les assurances sont évidemment également enpremière ligne avec des dizaines de milliers de suppressionsd’emplois en perspective. Mais cela ne s’arrête pas là. C’estmaintenant le secteur de l’automobile qui se trouve au cœur de latourmente : tous les constructeurs ont annoncé une baisse de 20à 30 % de leur production, Renault, PSA Citroën, Ford ontannoncé la mise au chômage technique de leurs salariés pourplusieurs semaines, voire plusieurs mois (alors que leur salairen’est plus versé qu’à 70 %) et certaines usines comme Fordà Blanquefort en Gironde pourraient ne jamais réouvrir. Toutes lesentreprises sous-traitantes sont menacées de délocalisation commel’équipementier Tyco Electronics à Pontoise. Et tous les nombreuxintérimaires utilisés dans la métallurgie sont mis à la porte dujour au lendemain. 9000 suppressions d’emploi ont été d’ores etdéjà annoncées en France d’ici la fin de l’année dans lesecteur automobile. Le même marasme frappe ce qui reste de lasidérurgie dans toute l’Europe : à Dunkerque, Arcelor vientd’annoncer la fermeture provisoire de ses hauts-fourneaux.Saint-Gobain a annoncé l’été dernier la suppression de 4000emplois en 2008 dans le monde, Hewlett Packard 6000. Dim ferme sadernière usine en France, à Autun, pour concentrer sa production enRoumanie. Yahoo se prépare à supprimer 1300 emplois (10 % deses effectifs). L’agence de voyage Wasteels vient d’êtredéclarée en cessation de paiement. La CAMIF vient de déposer sonbilan, laissant un millier de salariés sur le carreau, 672suppressions d’emplois (avec fermeture de 81 magasins) sont prévuesà la Redoute, et d’autres sociétés de ventes par correspondancedevraient suivre. Les prochains chiffres du chômage devraientpulvériser l’annonce des 41 300 chômeurs supplémentaires dumois d’août. Et ce n’est qu’un début !
Parallèlement,l’Etat poursuit et intensifie ses attaques tous azimuts dans lesecteur public : de la réforme de l’Education nationale parle ministre Darcos à celle du secteur hospitalier par RoselyneBachelot en passant par la loi sur la mobilité des fonctionnaires duministre Woerth, la privatisation de la Poste ou la réforme destribunaux par Rachida Dati, les coups et les suppressions d’emploispleuvent.
Danscette situation, la bourgeoisie mise sur ses auxiliaires les plusprécieux, les syndicats, pour étouffer et stériliser le ras-le-bolet la colère croissante des salariés. Ils se partagent le travailpour diviser et saboter toute velléité de mobilisation massive :tous les syndicats déploient de plus belle une stratégied’éparpillement des luttes pour pousser les ouvriers vers desimpasses et finalement dans la démoralisation la plus totale.
Cettestratégie de dispersion se traduit par une multiplication demobilisations syndicales isolées les unes des autres par entreprise,par branches, par secteur.
Le2 octobre : l’intersyndicale de la branche hospitalière aappelé à une manifestation rassemblant 300 travailleurs deshôpitaux parisiens (sans appel à la grève) devant le siège del’AP-HP face au projet de loi pour résorber les déficit deshôpitaux publics et a réitéré une action du même style le 24octobre.
Le7 octobre : l’initiative d’une journée d’actioninterprofessionnelle lancée par la CGT est très vite transforméeen une mobilisation pour une vague “journée d’action syndicalemondiale pour le travail décent” appelée par la CSI à laquellese sont associées CFDT, CFE-CGC, FSU, Solidaires et UNSA, et lemouvement est peu suivi. FO, qui ne s’était pas associée à cettejournée, a continué à jouer cavalier seul en regroupant 6000personnes à Paris le 23 octobre dans une grève nationale desfonctionnaires.
Unegrève de 55 minutes contre la dégradation des conditions de travaila été simultanément organisée les 9, 10 et 13 octobre dans lesCaisses d’allocations familiales sur 3 sites différents dans leseul département du Val-de-Marne.
Lessalariés du Centre national de la météo à Toulouse se sont mis engrève le 13 octobre contre un plan qui prévoit 131 suppressions depostes en 3 ans et à plus long terme prévoit la fermeture de 70sites sur 115 en 2017, 500 suppressions d’emplois et la mutation dupersonnel lors de la fermeture progressive des différents sites.Dans le nuit du 14 au 15 octobre, les CRS investissaient les locaux àla demande de la direction pour favoriser l’entrée des personnesappelées “les notifiées”, c’est-à-dire les équipesd’astreinte assurant le service minimum de la météo, etchargeaient les grévistes, faisant 3 blessés.
Le16, dans une AG rassemblant de 300 à 400 personnes, à l’ambiancetendue après la violence des CRS, l’intersyndicale polarisait ladiscussion sur la question d’un blocage total ou partiel du site.Elle poussait d’autant plus les salariés dans un sentimentd’impuissance que d’un côté de la grille se tenaient unecinquantaine de personnes qui formaient le piquet de grève et del’autre côté, à l’extérieur, la majorité des participants del’AG, grévistes et non grévistes, attendaient le résultat desnégociations de la direction et de l’intersyndicale tandis qu’à500 mètres du site, 6 fourgons de CRS se tenaient prêts àintervenir, prenant les ouvriers dans la nasse de l’isolement etd’un lent pourrissement de la lutte.
Ceclimat d’isolement et de démoralisation répandu par le contrôlecadenassé des luttes favorise le développement d’actes désespéréscomme celui mis en avant le mois dernier par des ouvriers de lafonderie Helvicast aux Ponts-de-Cé près d’Angers, sous-traitantede PSA. Après plusieurs plans de licenciements au cours de cesdernières années (6 rachats de l’entreprise en 10 ans !) et unenouvelle annonce de licenciements concernant 18 d’entre eux,et après 12 jours de grève, une cinquantaine de salariésretranchés dans l’usine, exaspérés et “déterminés à allerjusqu’au bout” ont mis le feu à leur usine le 23 septembredernier, tout en menaçant de la faire sauter en entassant devantcelle-ci une pyramide de pièces en aluminium dont la base étaitfaite de bouteilles de gaz et de bidons d’essence. L’incendie apu toutefois être maîtrisé sans se propager à d’autres produitsinflammables ni faire de victimes corporelles. Après cette actiond’éclat tout aussi dangereuse que stérile, la reprise du travaila été votée et le black-out est retombé sur le sort de cesouvriers.
Malgrécela, le ras-le-bol et la combativité s’affirment partout.
L’appelà la grève dans les écoles primaires parisiennes a ainsi étélargement suivi (à 35 %, selon le rectorat) le jeudi 16octobre.
Lemême jour, les retraités ont défilé nombreux à Paris pourexprimer leur colère et réclamer une revalorisation de leurspensions.
Le17 octobre, une grève et un rassemblement ont regroupé un millierde salariés devant les grands magasins parisiens aux GaleriesLafayette (GL) contre l’allongement des horaires de travail et lafermeture à 21 heures au lieu de 20 heures entre le 8 octobre au 23décembre, la multiplication des nocturnes jusqu’à 22 heures et unprojet de travail le dimanche et au Printemps voisin où des mesuressimilaires sont imposées. Au Printemps, les syndicats avaient tentéde limiter la protestation à défiler dans les rayons du magasin etnon à l’extérieur pour mieux les isoler. Et s’ils ont reconduitla grève le 22 octobre, c’était cette fois à des heuresdifférentes, à 10 heures devant le Printemps et à 12 heuresdevant les GL.
Lessyndicats, CGT en tête, multiplient les actions, tantôt baladantles ouvriers dans des zones d’activités industrielles excentréescomme à Sandouville, tantôt les entraînant dans des actionsspectaculaires sans lendemain. Ainsi, des travailleurs del’automobile de Ford, Renault-Sandouville, de GeneralMotors-Strasbourg, de Renault-Lardy, sont venus défouler leur colèreau salon mondial de l’automobile en 2 vagues le 4 puis 10 octobre.
Le19 octobre, environ 80 000 personnes (enseignants, RASED-Réseauxd’aides spécialisées pour les élèves en difficulté dont 3000postes sont supprimés sur 9000, parents d’élèves, étudiants,lycéens) ont participé à la manifestation nationale à Paris faceaux coupes budgétaires dans l’Education nationale, entraînant lasuppression de 13 500 postes à la rentrée 2009 contre 11 200 en2008 ainsi que la “réforme de l’Education nationale”. Unenouvelle grève syndicale est envisagée le 20 novembre.
Ala Poste, des grèves sporadiques et isolées se poursuiventlocalement après la journée de “mobilisation” du 23 septembre.
Letravail de sape et de division des syndicats est complété par unpartage du travail : le secrétaire national de la CFDT,Chérèque, est venu déclarer sur Canal +, en pleine tempêteboursière, que ce n’était pas le moment de faire grève et qu’ilfallait réaliser “une union nationale” derrière Sarkozy face àla crise, tandis que la CGT multiplie les actions chacun dans soncoin, dans son atelier, son entreprise, son secteur en martelant lediscours suivant : “On lance des appels à la lutte mais onn’est pas suivis, la classe ouvrière ne veut pas se battre”.
Deplus, les syndicats ont entrepris de mener une vaste campagneidéologique qui se trouvait déjà au cœur de la manifestation del’Education nationale du 19 octobre : “Des sous il y en apuisqu’on balance des milliards pour sauver les banques quispéculent alors qu’il n’y a rien pour les salariés et qu’onréduit le budget, notamment pour l’Education nationale”. Enfait, les syndicats tentent de masquer et de nier la réalité et laprofondeur de la crise capitaliste mondiale en cherchant à faireprendre pour argent comptant aux yeux des prolétaires les effetsd’annonce du gouvernement alors que, sur les deux milliards d’eurospromis par l’Etat, la plupart sont une simple garantie, censéedissuader les banques d’étaler leurs faiblesses et de créer ainsiun nouveau vent de panique. L’avenir promis aux prolétaires esttout autre : flambée du chômage, nouvelles attaques surl’indemnisation du chômage, sur les pensions de retraite et ce quireste de couverture sociale est menacé partout, nouvelle baisse desindemnités du chômage, pression accrue sur tous les salaires,paupérisation croissante, généralisation de la précarité,pression fiscale accrue sur les ménages, etc.
L’associationEntreprises & Personnel qui regroupe plus de 150 directeursdes ressources humaines et “experts sociaux” vient de publier sonrapport annuel intitulé “La déchirure”, où tout ce beau mondetire la sonnette d’alarme sur la détérioration du “climatsocial”, comme le rapporte le journal financier les Echos du7 octobre 2008 : ils estiment que, dans les prochains mois,“toutes les composantes d’une crise sociale risquent d’êtreprésentes”, notamment “la faible adhésion de l’opinionau pouvoir en place et l’absence d’alternative politiquecrédible, la multiplication des situations personnelles difficiles,la montée de la conflictualité dans les entreprises contraintes àla rigueur et la contestation rampante dans le secteur publicaccompagné d’une crise mondiale qui va dramatiser le climat socialet restreindre les marges d’action du gouvernement”. Ilspréconisent que “l’exécutif doit renouer coûte que coûtela relation de confiance qui commençait à s’établir avec lessyndicats dont la coopération sera décisive en cas de crise ouverteaussi bien pour élaborer des réponses communes que pour canaliserla colère des salariés”. On ne saurait être plus clair.Enfin, ce même rapport signale que l’Etat et les employeursdoivent prendre au sérieux la remontée des conflits sociaux “tantl’exaspération est perceptible chez toutes les catégories desalariés que cette grogne n’entraîneront pas forcément unemultiplication des grèves mais pourront prendre la forme pluspernicieuse d’un désengagement silencieux, voire d’autres formesde grève froide”.
Pourque cette “grève froide” débouche sur un véritable rapport deforce entre les classes, les prolétaires ne peuvent compter que sureux-mêmes et prendre conscience que la défense commune et unitairede leurs intérêts ne passe nullement par les syndicats qui lespousseront toujours dans le piège de l’enfermement et ducloisonnement pour les décourager et les démoraliser. C’est parla solidarité qu’ils sont capables de mettre en œuvre à traversl’extension la plus large de leur lutte, qu’ils peuvent freinerles attaques de la bourgeoisie, comme ils l’ont prouvé notammentdans la lutte contre le CPE au printemps 2006.
W(25 octobre)
Nous publions ci-après une intervention sur la question de l'unité et de la solidarité qui est apparue dans un forum de discussion de la CNT-AIT. Cette intervention est particulièrement importante car elle touche à des aspects essentiels et historiques de la lutte de la classe ouvrière.
Face à la violence du capitalisme, devant la répression tous azimuts organisée par le pouvoir, mais aussi pour soutenir des luttes qui seront inéluctablement de plus en plus dures et qui connaîtront tous les moments difficiles que l'on peut imaginer, la "question de l'unité" va se trouver posée, y compris dans nos propres rangs. Or, la soulever dans ces termes, c'est évidemment orienter la réponse, c'est l'enfermer dans une fausse évidence.
Déjà,
sous la bannière de l'antisarkozysme, commencent à paraître des
appels à l'unité. Même ceux qui sont issus d'un syndicalisme
qui se voudrait apolitique ont un goût de déjà vu politicien et,
en cela, ces textes sont les précurseurs des manœuvres à venir.
Ainsi, dans l'appel du Comité national de "Solidaires" en date
du 7 février 2008 ... peut-on lire qu'"il s'agit de
construire au niveau national un mouvement d'ampleur contre la
politique de Sarkozy et Fillon".
Elaborées par des
états-majors proches de l'opposition politicienne, ces
déclarations, malgré leur dureté de ton, sonnent comme une
invitation à rejoindre une opposition possible et raisonnable. En
suggérant, comme une autre fausse évidence, que d'abord et avant
tout il faut en finir avec ce gouvernement et qu'ensuite et ensuite
seulement on verra bien, ils participent finalement à la
mystification générale qui depuis 2002 nous a conduit là où nous
en sommes. Historiquement d'ailleurs, ce genre de discours a
toujours été la voie royale de processus qui, constitués en
réaction à une situation, font rentrer dans un moule toutes les
volontés de contestation.
Refuser
de s'inscrire dans un manichéisme aussi simplet, refuser de se
situer uniquement "pour" ou "contre" Sarko, refuser ce "tous
ensemble" présenté comme "la" solution, c'est s'exposer à
un rejet violent : "Vous faites le jeu du pouvoir", nous
crache-t-on déjà à la figure. Vraiment ? Voyons ça de plus
près.
Tout d'abord, Sarkozy n'est pas "le pouvoir", tout
le pouvoir ; c'est simplement le quidam qui, en ce moment, dans
un petit pays du monde, est l'incarnation du pouvoir politique. Que
son agitation soit franchement nuisible et exécrable, point de
doute. Mais que le véritable pouvoir soit ailleurs, point de doute
non plus. Au fond, et tout le monde le sait, il est entre les mains
de ceux qui détiennent, ici et ailleurs, le capital. Il est prêt à
remplacer un petit président par un autre, plus respectable ou plus
bouffon, selon ses intérêts.
Deuxièmement, si nous revendiquons le débat, la discussion, et bien sûr aussi la critique dans toute sa force, sa permanence et sa vivacité, ce qu'on nous oppose ici est d'un tout autre ordre et a un tout autre sens. Ce rejet injurieux de la différence est l'indice que ces appels à l'unité ne s'inscrivent pas seulement dans une perspective d'action unitaire mais bien dans une pensée unique. Il est l'aveu que toute divergence est conçue comme dangereuse. Or, faut-il rappeler qu'une communauté humaine qui ne tolère aucune différence, ça s'appelle une société autoritaire, quand ce n'est pas purement et simplement une dictature ? Faut-il rappeler que "demain" se prépare "aujourd'hui" ? Aussi, plutôt que de participer, sous le prétexte éculé "d'urgence", au énième replâtrage de la société actuelle, nous préférons quant à nous poser les prémices de l'humanité libre à laquelle nous aspirons.
Les
périodes de tension comme celles que nous vivons sont porteuses de
conflits dans les lieux de production, elles sont propices à un
renouvellement des formes de lutte et, avec elles, des modes de
pensée. Elles ouvrent potentiellement sur un réveil de "l'utopie"
dans la classe exploitée, sur l'émergence de nouvelles
perspectives.
Cette bio-diversité sociale émergente, les
cartels institutionnels qui appellent à l'unité n'aspirent qu'à
la stériliser. Ils ne perdent pas de vue que leur véritable
fonction sera de ramener tout le monde au bercail de la routine
capitaliste une fois les escarmouches finies. Car au fond, ce que les
dirigeants de la pensée unitaire craignent sûrement plus que
Sarkozy, c'est une révolution.
Or, face à l'oppression
générale que nous vivons, tous ceux qui ont besoin de solidarité
sont ou peuvent devenir des révolutionnaires, tous ceux qui sont
solidaires des victimes de ce système, sont ou peuvent devenir des
révolutionnaires. C'est pourquoi si l'unité participe de
l'intégration au système, la solidarité appartient au processus
révolutionnaire. Elle est en fait la véritable condition d'une
démarche collective, un acte basique de l'existence que tout le
monde peut pratiquer à son niveau et qui respecte l'autonomie de
pensée et d'action de chacun, individu ou entité collective. Elle
dépasse les organisations politiques et syndicales, c'est pourquoi
celles-ci veulent toujours la scléroser dans des termes d'unité
et de frontisme.
En conséquence, nous appelons, en ce qui nous
concerne, non à l'unité mais à la solidarité. Nous appelons
chacun à garder son autonomie de pensée, d'expression et
d'action. Nous appelons à la solidarité avec ceux qui subissent
la répression que nous partagions ou pas leur point de vue, que nous
pensions ou pas que leur tactique est erronée. Qu'ils soient
militants syndicaux passant à l'action directe, qu'ils soient
citoyens pris en flagrant délit de protection d'enfants, qu'ils
soient présentés par les médias de la mouvance anarcho-autonome
comme "détenteurs de fumigènes", ils sont tous, à leur façon,
des résistants. Résistants à l'esclavage salarié, résistants
aux rafles, résistants à la résignation. En tant que tels, ils ont
notre sympathie, c'est certain. Mais ce n'est pas pour autant que
nous scellerons des alliances politiques, citoyennes ou syndicales
avec leurs mouvements respectifs, ou que nous nous priverons de tirer
des bilans critiques de telle ou telle position idéologique ou
stratégie. Et cela parce que, bien au-delà de la problématique de
la répression, ce qui est posé, de façon concrète, c'est la
nécessité d'un autre futur."
Tout d'abord, nous saluons avec enthousiasme cet appel à la solidarité envers tous ceux qui sont les victimes de la violence du capitalisme, appel qui s'inscrit pleinement dans un contexte mondial de reprise des combats de classe où tend à s'exprimer à nouveau et de façon croissante ses composantes essentielles : la solidarité et l'unité de la classe ouvrière.
Les camarades qui ont écrit ce texte soulignent leur rejet de "l'unité" pour un "antisarkozisme" à tous crins, "unité" qui est devenue une sorte de condition sine qua non pour construire une opposition à la politique gouvernementale actuelle. Ils insistent avec raison sur le fait que cet "antisarkozisme" serait rassembleur de forces pour un changement, quelles que soient les options politiques en faveur de celui-ci, et que cela oblitère totalement le fait que Sarkozy n'est jamais que le pantin de la bourgeoisie dans son ensemble. Nous soutenons avec force cette position, car elle s'inscrit de façon claire contre toute la propagande qui tend à montrer Sarkozy en bouc émissaire ubuesque de la situation que connaît la classe ouvrière aujourd'hui. Comme le disent les camarades, le président en exercice de la "République française" est certes particulièrement "exécrable", il n'est cependant jamais que le "quidam qui (...) est l'incarnation du pouvoir politique".
En cela, il est vrai que les appels à "l'unité" contre sa politique font le lit de toutes les compromissions avec la gauche, les gauchistes et les syndicats, toutes forces politiques qui ont largement prouvé leur participation ouverte au sabotage des intérêts ouvriers.
Cependant, les camarades en viennent dans leur logique à opposer la question de l'unité de la classe ouvrière à celle de la solidarité. En ce qui nous concerne, il n'y a pas de dissociation entre les deux, ce sont deux aspects de la lutte ouvrière qui se posent dans le mouvement concret du prolétariat et dans sa nature de classe.
Ainsi, c'est en solidarité avec les grèves des ouvriers anglais qu'est née l'idée, puis la constitution, d'une organisation internationale ouvrière (qui prit jour avec la Première Internationale, Association internationale des travailleurs) dès la seconde moitié du xixe siècle. Cette solidarité internationale active ne pouvait pas prendre corps sans la conscience dans les rangs prolétariens d'une unité de ses intérêts, au-delà des corporations, et bien au-delà de leur appartenance "nationale". C'est pour cela que le mot d'ordre du Manifeste communiste de 1848, mot d'ordre qui n'a jamais cessé d'être d'actualité depuis 160 ans, reste et restera encore jusqu'à l'avènement du communisme : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !"
Evidemment, les forces réactionnaires de la bourgeoisie, qu'elles soient de droite, de gauche, syndicalistes, avec un verbiage plus ou moins révolutionnaires, ne cessent de nous rebattre les oreilles "d'unité" mais aussi de "solidarité". Ainsi, le syndicat "Solidarité" a été le principal maître d'œuvre du sabotage et de l'isolement international des luttes ouvrières en Pologne en 1980, permettant de livrer les prolétaires pieds et poings liés à la répression menée par le général Jaruzelski en décembre 1981.
La bourgeoisie et ses médias salissent et dénaturent tout ce qui a trait aux principes de ce qui est humain. Et ils font encore mieux, avec le soutien des menteurs "de gauche" et gauchistes, pour ce qui est de "l'unité" et de la "solidarité" ouvrière, pour instiller en nous l'idée qu'être "solidaires" n'est qu'un acte passager, ou en-dehors de toute idée de classe, et qu'être "unis", c'est pour des intérêts particuliers et particularistes, opposés à la solidarité.
En ce qui nous concerne, nous combattons, comme les camarades le disent, "pour la nécessité d'un autre futur", mais la possibilité de cet autre futur ne peut être basée que sur la mise en œuvre d'un combat qui fait de la solidarité une arme pour la construction d'une unité de tous les prolétaires. La solidarité fait nécessairement naître une unité réelle dans la lutte et dans la défense de nos intérêts, solidarité et unité qui prendront corps, ensemble, dans la conscience de changer ce monde pourrissant pour en construire un autre : la société communiste mondiale.
E (25 octobre)
Après avoir célébré la défaite du "communisme" lors de l'effondrement du bloc de l'Est au début des années 1990, la bourgeoisie, gauchistes en tête, célèbre aujourd'hui la défaite du libéralisme. "Place au capitalisme équitable !", semble nous dire la classe dominante : le capitalisme pour la prospérité, l'intervention de l'État pour la justice sociale. Mensonge ! L'État n'a jamais été absent de l'économie, bien au contraire ! Son intervention massive aujourd'hui n'est que la manifestation de la panique de la bourgeoisie face à la débâcle de son système. Ce qui attend la classe ouvrière, c'est encore plus d'attaques et de misère, plus de chômage et de coupes dans les budgets sociaux, au nom de la crise du capitalisme, qu'aucun sauvetage, aussi massif soit-il, ne pourra sortir de sa spirale mortelle. Ce n'est pas en confiant son sort à l'État que le prolétariat pourra répondre aux assauts de la crise, mais bien en développant ses luttes de façon la plus large possible. Il n'est pas d'autre réponse à l'accélération de la crise et à la gravité de la situation mondiale.
Sarkozy proclame aujourd'hui que "le capitalisme doit se refondre sur des bases éthiques". Madame Merkel insulte les spéculateurs. Zapatero pointe d'un doigt accusateur les "fondamentalistes du marché" qui prétendent que celui-ci se régule tout seul sans intervention de l'État. Tous nous disent que cette crise implique la mort du capitalisme "néolibéral" et que l'espoir aujourd'hui se tourne vers un "autre capitalisme", débarrassé des requins financiers et spéculateurs qui auraient poussé comme des champignons sous prétexte de "dérégulation", "d'inhibition de l'État", de primauté de l'intérêt privé sur "l'intérêt public", etc. À les entendre, ce n'est pas le capitalisme qui s'effondrerait, mais une forme particulière de capitalisme. Les groupes de la gauche du capital (staliniens, trotskistes, altermondialistes...) exultent en proclamant : "Les faits nous donnent raison. Les dérives néolibérales ont provoqué ces désastres !" Ils proclament que la solution passe par "le socialisme", un socialisme qui consisterait en ce que l'État remette à leur place "les capitalistes" au bénéfice du "peuple" et des "petites gens".
Ces explications sont-elles valables ? Un "autre capitalisme" est-il possible ? L'intervention bienfaitrice de l'État pourrait-elle porter remède au capitalisme en crise ? Nous allons tenter d'apporter des éléments de réponse à ces questions d'une actualité brûlante. Il faut cependant au préalable éclaircir une question fondamentale : le socialisme est-il l'État ?
Le socialisme véritable défendu par le marxisme et les révolutionnaires tout au long de l'histoire du mouvement ouvrier n'a rien à voir avec l'État. Le socialisme est même la négation de l'État. L'édification d'une société socialiste exige en premier lieu la destruction de l'État dans tous les pays.
L'intervention de l'État pour réguler l'économie, pour la mettre au "service des citoyens", etc., n'a donc rien à voir avec le socialisme. L'État ne sera jamais "au service de tous les citoyens". L'État est un organe de la classe dominante et est structuré, organisé et configuré pour défendre la, classe dominante et maintenir son système de production. L'État le "plus démocratique du monde" n'en sera pas moins un État au service de la bourgeoisie, qui défendra, bec et ongles, le système de production capitaliste. En outre, l'intervention spécifique de l'État sur le terrain économique n'a pas d'autre objectif que celui de préserver les intérêts généraux de la reproduction du capitalisme et de la classe capitaliste.
Tout au long du xxe siècle, avec l'entrée du capitalisme dans sa phase de décadence (1), l'État a été son principal rempart face à l'exacerbation de ses contradictions sociales, guerrières et économiques. Les xxe et xxie siècles se caractérisent par la tendance universelle au capitalisme d'État. Cette tendance existe dans tous les pays, quels que soient leurs régimes politiques. On trouve essentiellement deux voies de réalisation du capitalisme d'État :
- l'étatisation plus ou moins complète de l'économie (c'est celle qui existait en Russie et existe encore en Chine, à Cuba, en Corée du Nord...) ;
- la combinaison entre la bureaucratie étatique et la grande bourgeoisie privée (comme aux États-Unis ou en Espagne, par exemple).
Dans les deux cas, c'est toujours l'État qui contrôle l'économie. Le premier affiche ouvertement sa propriété d'une grande partie des moyens de production et services. Le second intervient dans l'économie à travers une série de mécanismes indirects : impôts, fiscalité, achats aux entreprises (2), fixation des taux d'intérêt interbancaires, régulation des prix, normes de comptabilité, agences étatiques de concertation, d'inspection, d'investissements (3), etc.
Après une relative période de prospérité de 1945 à 1967, le capitalisme mondial est retombé dans des crises récurrentes, les épisodes convulsifs se sont succédés comme des séismes qui mettaient l'économie mondiale au bord de l'abîme. Les différentes étapes de la crise qui se sont succédées tout au long des dernières quarante années sont le produit d'une surproduction chronique et de la concurrence exacerbée. Les États ont tenté de combattre ses effets en usant de palliatifs, le principal d'entre eux étant bien sûr l'endettement. Les États les plus forts ont aussi repoussé les conséquences les plus néfastes en "exportant" les pires effets sur les pays les plus faibles (4).
Il ne faut pas nous raconter d'histoires sur "l'initiative privée" qu'encouragerait le "néolibéralisme" : ses mécanismes ne sont pas nés spontanément du marché mais ont été le fruit et la conséquence d'une politique économique étatique dans le but de juguler l'inflation. Elle n'a fait que la reporter mais en payant le prix fort : par d'obscurs mécanismes financiers, les dettes se sont transformées en créances spéculatives à haut niveau d'intérêt, rapportant dans un premier temps de juteux bénéfices mais dont il fallait se débarrasser le plus tôt possible car, tôt ou tard, personne ne pourrait plus les payer...
La crise actuelle peut être assimilée à un gigantesque champ de mines. La première à exploser fut la crise des subprimes durant l'été 2007 et on aurait pu croire à première vue que les choses allaient rentrer dans l'ordre, moyennant le versement de quelques milliards. N'en avait-il pas toujours été ainsi ? Mais l'effondrement des institutions bancaires depuis fin décembre a été la nouvelle mine qui a fait exploser toutes ces illusions. L'été 2008 a été vertigineux avec une succession de faillites de banques aux États-Unis et en Grande- Bretagne. Nous en arrivons au mois d'octobre 2008 et une autre des illusions avec lesquelles les bourgeoisies comptaient apaiser nos préoccupations vient de partir en fumée : ils disaient que les problèmes étaient immenses aux États-Unis mais que l'économie européenne n'avait rien à craindre. Soit. Mais les mines commencent à présent à exploser aussi dans l'économie européenne en commençant par son État le plus puissant, l'Allemagne, qui contemple sans réagir l'effondrement de sa principale banque hypothécaire.
Cet aphorisme est une fausse consolation. Les épisodes précédents de la crise avaient pu être "résolus" par les banques centrales en déboursant quelques milliards de dollars (une centaine lors de la crise des "Tigres" asiatiques en 1998). Les États ont aujourd'hui investi 3 000 milliards de dollars depuis un an et demi et ils ne voient toujours pas d'issue.
Par ailleurs, les pires effets de la crise avaient jusqu'ici été circonscrits à quelques pays (Sud-Est asiatique, Mexique et Argentine, Russie), alors qu'aujourd'hui l'épicentre où se concentrent les pires effets se trouve précisément dans les pays centraux : États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne... et irradient forcément le reste du monde.
Ensuite, les épisodes précédents, en général et à l'exception de celui de la fin des années 1970, étaient de courte durée et il suffisait de 6 mois à un an pour apercevoir le "bout du tunnel". Cela fait un an et demi que nous sommes dans cette crise et on n'aperçoit pas la moindre lueur. Au contraire, chaque jour, la crise est plus grave et la débâcle plus profonde !
Enfin, cette crise va laisser le système bancaire mondial très affaibli. Le mécanisme du crédit se retrouve paralysé à cause de la méfiance généralisée, personne ne sachant vraiment si les "actifs" présentés par les banques (et les entreprises) dans leurs bilans ne sont pas de l'esbroufe. Le capitalisme d'État "libéral" ne peut fonctionner s'il n'a pas des banques fortes et solides, l'économie capitaliste s'est à présent tellement accrochée à la drogue de l'endettement que si le système du crédit s'avère incapable d'apporter un flux d'argent abondant, la production sera paralysée. Le robinet du crédit est fermé malgré les sommes énormes allouées aux banques centrales par les gouvernements. Personne ne voit clairement comment va pouvoir se rétablir un système percé de toutes parts et qui perd ces organes vitaux - les banques - les uns après les autres. La course folle entre les États européens pour voir lequel pouvait donner le plus de garanties aux dépôts bancaires est une sinistre augure qui ne révèle que la recherche désespérée de fonds. Cette surenchère de "garanties" révèle précisément que rien n'est garanti !
Les choses sont donc claires : le capitalisme connaît aujourd'hui sa crise économique la plus grave. L'histoire vient de s'accélérer brutalement. Après 40 années d'un développement de la crise lent et heurté, ce système est en train de plonger dans une récession épouvantable et extrêmement profonde dont il ne se relèvera pas indemne. Mais surtout, dès maintenant, les conditions de vie de milliards de personnes se trouvent durement et durablement affectées. Le chômage frappe de nombreux foyers, 600 000 en moins d'un an en Espagne, 180 000 au mois d'août 2008 aux États-Unis. L'inflation frappe les produits alimentaires de base et la famine ravage les pays les plus pauvres à une vitesse vertigineuse depuis un an. Les coupes salariales, les arrêts partiels de production avec les attaques qui en découlent, les risques qui pèsent sur les pensions de retraite... Il ne fait pas le moindre doute que cette crise va avoir des répercussions d'une brutalité inouïe.
Le capitalisme ne va pas jeter l'éponge. Jamais une classe exploiteuse n'a reconnu la réalité de son échec et n'a cédé son pouvoir de son plein gré. Mais nous constatons qu'après plus de cent ans de catastrophes et de convulsions, toutes les politiques économiques avec lesquelles l'État capitaliste a tenté de résoudre ses problèmes non seulement ont échoué, mais elles ont en plus aggravé les problèmes. Nous n'avons rien à attendre des prétendues "nouvelles solutions" que va trouver le capitalisme pour "sortir de la crise". Nous pouvons être certains qu'elles nous coûteront surtout toujours davantage de souffrances, de misère et nous devons nous préparer à connaître de nouvelles convulsions encore plus violentes.
C'est pourquoi il est utopique de se fier à ce qu'on nous présentera comme une "sortie" de la crise du capitalisme. Il n'y en a pas. Et c'est le système entier qui est incapable de masquer sa faillite. Être réaliste, c'est participer à ce que le prolétariat reprenne confiance en lui, reprenne confiance en la force que peut lui donner sa lutte comme classe et construise patiemment par ses luttes, par ses débats, par son effort d'auto-organisation, la force sociale qui lui permettra de s'ériger en alternative révolutionnaire face à la société actuelle afin de renverser ce système pourrissant.
CCI (8 octobre)
Les interventions actuelles “anti-libérales” de Bush, de Sarkozy ou des autres dirigeants des grandes puissances économiques, notamment en Europe, qu’ils soient de droite ou de gauche, déclarent la guerre au “capitalisme sauvage” et vouloir “moraliser le capitalisme”. Ces déclarations semblent sortir tout droit d’un discours écrit par Besancenot, le porte-parole emblématique du tout “Nouveau Parti Anticapitaliste” (ex-candidat à la présidentielle et leader de la “Ligue Communiste Révolutionnaire” (LCR). Contrairement aux apparences, il n’y a là rien d’étonnant. Ce que proposent la LCR et tous les gauchistes coïncide parfaitement avec la forme particulière de capitalisme prônée par nos dirigeants où l’Etat ne manipule plus l’économie dans l’ombre (comme dans le ‘néo-libéralisme’) mais de façon directe et ouverte. Et c’est justement, pour la bourgeoisie, cette intervention plus directe de l’Etat dans l’économie qui est la mieux adaptée au moment présent de crise pour d’abord soutenir, et ensuite réglementer le capitalisme. Dans la bouche de Sarkozy, toutes ces recettes étatistes apparaissent directement pour ce qu’elles sont : des adaptations faites par la bourgeoisie pour la bourgeoisie. Mais ce sont les mêmes recettes qui sortent depuis des lustres des lèvres de Besancenot, Laguiller et autres dirigeants gauchistes. La seule différence, c’est qu’ils prétendent qu’elles seraient mises au service du peuple ou des prolétaires. Exproprier ou nationaliser les entreprises qui licencient alors qu’elles font du profit, comme le réclament les dirigeants du NPA ou de LO, procède de la même logique capitaliste que ceux qui à la tête de l’Etat prétendent vouloir mettre le système bancaire ou les entreprises sous la tutelle ouverte de l’Etat, quitte à déclarer vouloir mettre un terme aux agissements des “spéculateurs”, des “patrons-voyous” ou ceux qui s’approprient des “parachutes dorés” comme si tous les capitalistes, étatisés ou pas, n’agissaient pas selon les mêmes rouages de l’exploitation féroce des prolétaires et de la recherche effrénée du profit !
Cette réalité de la domination universelle d’un capitalisme d’Etat dirigiste qui sort aujourd’hui de l’ombre vient révéler d’autant plus fortement le caractère mensonger et manipulateur des recettes que défendent, sous couvert de “communisme”, “socialisme”, “révolution”, ou “anticapitalisme” tous les partis et organisations gauchistes dans le monde.
Cela démontre que “l’anticapitalisme” à la sauce Besancenot et consorts n’a rien de révolutionnaire mais, bien au contraire, relève d’une pure mystification qui s’inscrit parfaitement dans la défense du capital.
1) La Première Guerre mondiale (1914) met un point final au caractère progressiste du capitalisme et détermine sa transformation en système qui ne charrie plus que des guerres, des crises et la barbarie sans fin. Voir la Revue internationale no 134 [5].
2) Pour s'en faire une idée, aux États-Unis, présentés comme la Mecque du néolibéralisme, l'État est le principal client des entreprises et les entreprises d'informatique sont obligées d'envoyer au Pentagone une copie des programmes qu'elles créent et des composants de hardware qu'elles fabriquent.
3) C'est un conte de fées que de dire que l'économie américaine est dérégulée, que son État est inhibé, etc. : la Bourse est contrôlée par une agence fédérale spécifique, la banque est régulée par le SEC, la Réserve fédérale détermine la politique économique à travers des mécanismes comme les taux d'intérêt.
4) Dans la série d'articles "30 ans de crise capitaliste" publiée dans les nos 96 [6], 97 [7] et 98 [8] de la Revue internationale, nous analysons les techniques et méthodes avec lesquelles le capitalisme d'État a accompagné cette chute dans l'abîme pour la ralentir, parvenant à ce qu'elle évolue par paliers successifs.
Nous avons reçu du Pérou et nous publions ci-dessous une prise de position sur le "Sommet social alternatif" organisé par les syndicats, la gauche et quelques groupes libertaires, en réponse au Ve sommet UE-Amérique latine et Caraïbes du 16 mai à Lima.
Nous saluons ce texte qui dénonce, très justement, les "orgies mercantiles" que sont les sommets organisés par la bourgeoisie mondiale et qui ne sont que le théâtre des luttes impérialistes les plus sordides. Il met aussi à nu la nature bourgeoise des sommets alternatifs "de gauche" qui prétendent être une réponse aux plans des capitalistes. En réalité, cette fausse alternative au capitalisme, ce prétendu socialisme, ne prétend être, comme disent les camarades, qu'un capitalisme "à visage humain". C'est donc un faux socialisme, un "socialisme bourgeois", comme le dénonçait déjà le Manifeste communiste :
"Une partie de la bourgeoisie cherche à porter remède aux anomalies sociales, afin de consolider la société bourgeoise.
"Dans cette catégorie, se rangent les économistes, les philanthropes, les humanitaires, les gens qui s'occupent d'améliorer le sort de la classe ouvrière, d'organiser la bienfaisance, de protéger les animaux, de fonder des sociétés de tempérance, bref, les réformateurs en chambre de tout acabit...
"Les socialistes bourgeois veulent les conditions de vie de la société moderne sans les luttes et les dangers qui en découlent fatalement. Ils veulent la société actuelle, mais expurgée des éléments qui la révolutionnent et la dissolvent. Ils veulent la bourgeoisie sans le prolétariat...
"Une autre forme de socialisme, moins systématique, mais plus pratique, essaya de dégoûter les ouvriers de tout mouvement révolutionnaire, en leur démontrant que ce n'était pas telle ou telle transformation politique, mais seulement une transformation des conditions de la vie matérielle, des rapports économiques, qui pouvait leur profiter. Notez que, par transformation des conditions de la vie matérielle, ce socialisme n'entend aucunement l'abolition du régime de production bourgeois, laquelle n'est possible que par la révolution, mais uniquement la réalisation de réformes administratives sur la base même de la production bourgeoise, réformes qui, par conséquent, ne changent rien aux rapports du capital et du salariat et ne font, tout au plus, que diminuer pour la bourgeoisie les frais de sa domination et alléger le budget de l'Etat...
"Car le socialisme bourgeois tient tout entier dans cette affirmation que les bourgeois sont des bourgeois - dans l'intérêt de la classe ouvrière." (Marx-Engels, le Manifeste communiste)
(Courant communiste international)
Une fois de plus, nous sommes les témoins d'une réunion des grands pontes du capitalisme latino-américain avec leurs pairs européens et asiatiques (ALCUE- APEC), et ce spectacle d'orgie mercantile entraîne aussi sa réponse alternative avec le "Sommet des peuples", faite par toute la gauche du capital (ONG, syndicats, fronts communs, partis politiques, libertaires, etc.), qui prétend être l'alternative populaire, la voix des exclus. Notre groupe dénonce tous ces bourgeois philanthropes, ces philistins, pour ce qu'ils ont toujours voulu représenter, c'est-à-dire le bon côté de la bourgeoisie à la recherche d'un capitalisme à visage humain, qui ne vise en rien à détruire ce système putréfié mais plutôt à l'améliorer ou le réformer afin de le rendre acceptable aux prolétaires. Voyons d'ailleurs point par point ce qui se dissimule derrière les thèmes de cette première réunion.
Comme si le capital avait quelque chose de nouveau (en ajoutant le terme néo) ! Ce que nous voyons aujourd'hui, c'est le capitalisme de toujours, le même système imposé il y a plus de 500 ans, assassin, exploiteur et barbare. Avec ces jeux sur les mots, les sommets sociaux (et toute la social-démocratie) veulent faire croire à un capitalisme à visage humain, sans mauvais côté. Ils dissimulent, ce faisant, que tout capital implique une exploitation de travailleurs, une plus-value, des profits et par conséquent la division de la société en deux classes antagoniques (bourgeoisie et prolétariat). Qu'il soit privé ou étatique, le capitalisme est un seul et même système qui utilise l'exploitation pour se reproduire.
Ces messieurs les philanthropes ne cherchent pas à détruire ce système pourrissant. Ils veulent une Amérique latine transformée en bloc capitaliste capable d'être compétitif, qui puisse traiter d'égal à égal avec les autres. Le Sommet des peuples et tous ceux qui le soutiennent veulent que tous, des chefs d'entreprises aux travailleurs latino-américains, nous oublions les différences de classes pour entrer ensemble dans la concurrence impérialiste, pour conquérir des marchés et réaliser des profits, comme tout bloc bourgeois ; bien évidemment, tout ceci reste dans le cadre de notre exploitation, celle des prolétaires.
Ils cherchent à créer des organisations, et des mouvements alternatifs dont l'objectif serait de sauver cet ordre bourgeois qui s'effondre par pans entiers. Ils tentent pour cela d'embobiner notre classe avec des propositions du type "assemblées constituantes", totalement opposées à l'organisation du prolétariat en classe, pour nous conduire sur la voie réactionnaire de la défense de la démocratie et affaiblir la lutte révolutionnaire. Le "bolivarisme", la "pensée autochtone latino-américaine", "l'indigénisme" et autres pièges idéologiques utilisés par les marionnettes Chávez, Correa, Evo, Lugo, Humala, avec lesquels le capitalisme tente de procéder à un lifting sur sa vieille et horrible gueule, sont du même tonneau.
Les sociaux-démocrates, en bons charlatans, rejettent en mentant et falsifiant la responsabilité du désastre climatique sur quelques mauvaises entreprises transnationales, poussant le ridicule jusqu'à proposer de créer un Tribunal des peuples chargé de les juger. Ils dissimulent la vérité : le destructeur de l'environnement n'est autre que le mode de production capitaliste, c'est-à-dire le système basé sur la production de marchandises et la génération de profits. Tant qu'on ne détruira pas cette logique criminelle, le réchauffement de la planète se poursuivra, avec la hausse du prix des aliments, la destruction des écosystèmes, la famine mondiale, etc. Aucun stupide "procès", aucune "exploitation rationnelle", aucun "contrôle démocratique des peuples" ne peuvent arrêter la barbarie sauvage dans laquelle plonge chaque jour davantage le capital, qui se moque de tout type de règlement ou "d'appel à la conscience" du style Greenpeace ou Forum social mondial.
C'est la position philanthropique typique consistant à "défendre" l'Indien tout en niant sa condition d'exploité, sa classe. En ce sens, elle revendique le "droit à la terre" c'est-à-dire le droit à être propriétaire, chef d'entreprise. La défense des droits (économiques, culturels et sociaux) revendiquée par ces canailles est la défense de l'individu entravé dans les filets du capital, pulvérisé et séparé de ses frères exploités comme lui, atomisé comme unité marchande, nié comme classe et comme prolétaire ennemi du capital. La bourgeoisie essaie de calmer les contradictions et les intérêts antagoniques entre les classes pour freiner toute tentative de lutte révolutionnaire.
C'est-à-dire la défense de l'emploi, du travail salarié, de l'esclavage du prolétariat et du droit des capitalistes de nous exploiter dans ses entreprises. Ces capitalistes vont plus loin : ils proposent la création de travail comme moyen de contrôle des migrations vers les villes pour que celles-ci n'explosent pas à cause de la surpopulation de prolétaires insatisfaits qui peuvent se soulever et devenir incontrôlables. Le syndicalisme, en bon partenaire des capitalistes, est lui aussi revendiqué par le Sommet social, pour son rôle historique de médiateur au service du capital et d'éternel traître contre les luttes prolétariennes qui tentent de détruire le capitalisme.
Le but est de démontrer à l'Etat bourgeois que les mouvements sociaux sont démocratiques et pacifiques, respectueux de la paix sociale (c'est-à-dire qu'ils prônent la conciliation entre les exploités et les exploiteurs), qu'ils ne sont pas un danger pour le capitalisme et que par conséquent l'actuelle vague de répression menée par le gouvernement "apriste" (1) est injustifiée.
Les capitalistes d'ALC-UE et d'APEC peuvent faire confiance au Sommet social, car c'est l'aile gauche de la bourgeoisie mondiale. Tout leur spectacle populaire fait de débats sociaux, de drapeaux, d'affiches et de mobilisations n'exige et ne revendique rien d'autre que les mots d'ordre révisionnistes, opportunistes et sociaux-démocrates : un commerce équitable, davantage de citoyenneté, de l'écologisme, le respect des droits humains bourgeois, etc. Rien dans ce paquet philanthropique bourgeois ne nie le capitalisme, tout aspire au contraire à "l'améliorer" et à le maintenir en vie.
La seule issue pour notre classe est la destruction du mode de production capitaliste et l'instauration de la dictature prolétarienne, des nécessités humaines.
Aucun sommet ou anti-sommet n'est opposé au capitalisme !
Destruction
du
mode de production capitaliste !
Le
communisme
est notre objectif !
Des
prolétaires internationalistes
[email protected] [10]
1) L'APRA (Alianza Popular Revolucionaria Americana) est le plus ancien parti politique péruvien fondé par Víctor Raúl Haya de la Torre en 1921 sur une base idéologique du nationalisme "anti-yankee" et partisan d'un Front commun américano-indien en Amérique latine. Il est l'actuel parti gouvernemental dirigé par le président Alan Garcia Perez déjà au pouvoir entre 1995 et 2000 et revenu à la tête de l'Etat depuis les élections de 2006. Ce parti est traditionnellement situé dans la mouvance social-démocrate. Il mène depuis des années une lutte farouche envers les groupes terroristes (comme les maoïstes du Sentier lumineux) ou gauchistes.
Nous publions ci-dessous des extraits du compte-rendu d’une réunion organisée par des contacts du CCI et qui s’est tenue à Paris le 23 mars à Paris. Ce compte-rendu a été réalisé par quelques-uns de ces contacts eux-mêmes. Deux questions ont été débattues, “La religion est-elle l’opium du peuple ?” et “Le capitalisme peut-il surmonter ses crises ?”. Mais, pour des raisons de place, ces extraits ne traiteront que de la première question en débat.
Sur une invitation du CCI, les contacts de l’organisation et les militants ont partagé une journée de réflexion autour de deux questions choisies par les participants dans une liste proposée.
Après avoir pris ensemble un bon petit déjeuner (…), les participants ont entamé la réflexion sur la première question : la religion est-elle l’opium du peuple ? Quelle attitude adopter face à elle ? Un participant a introduit le sujet par un court exposé. La discussion qui suivit fut très dynamique dans un climat très chaleureux et fraternel. Un camarade a souligné le fait que les interventions allaient toutes dans le même sens : la clarification, qu’il ne s’agissait nullement pour les participants de se faire valoir par des interventions pompeuses mais simplement de répondre aux questions soulevées par le débat. L’ensemble de la salle semblait enchantée par la discussion qui fut très instructive tant au niveau de la qualité du débat que sur le fond. (…)
Certains camarades plus anciens en politique (…) ont rappelé que ce thème ne faisait pas partie des discussions politiques auxquelles ils étaient accoutumés. Une camarade a même déclaré : “C’est la première fois depuis que je connais le CCI qu’on discute de la religion.” (…)
Nous avons dans un premier temps tenté de comprendre l’origine des croyances religieuses et les raisons de leur recrudescence aujourd’hui. La discussion a permis de mettre en évidence que l’homme a développé une pensée mystique afin de faire face à l’inconnu d’une vie et d’un environnement en mouvement constant. Les camarades ont également montré que la religion en tant que telle permet de cristalliser les peurs et les ambitions des hommes face aux sociétés de classes de plus en plus effrayantes dans leur période de décadence. “On assiste à une perte de perspective, donc les populations cherchent à se rassurer face à l’impasse dans laquelle elles se trouvent”. Une camarade a précisé à ce propos qu’“il ne faut pas oublier tout ce qui est ésotérique qui participe à ce sentiment de croyance à l’irrationnel. On ne sait plus où est le réel et où est le rêve. Certains enfants ne font plus de différence entre la télévision et la réalité. C’est une conséquence de la décomposition”.
Etant dans la phase de décomposition de la société capitaliste, nous voyons les religions vivre une seconde jeunesse. En effet, la discussion a mis en évidence un fait qui n’avait pas été soulevé dans l’exposé : “Comme aujourd’hui il n’y a plus de valeurs, on se réfugie dans la religion”. (…) Plusieurs interventions ont précisé que la situation n’est pas homogène partout dans le monde et à toute époque. “L’ascendance marque un recul de la religion ; la décadence du capitalisme montre une remontée de la religion”. C’est dans ce cadre que certains camarades ont montré le lien très important qui existe entre la religion, la morale, l’Etat et le mode de production. Un camarade a d’ailleurs montré qu’“il y a alors une sorte de recours à la religion [dans la période d’ascendance du capitalisme] avec l’idée de créer quelque chose d’idéal. On assiste à un retour du religieux vers 1830 en France, car la bourgeoisie en a besoin pour contrôler la classe ouvrière, mais aussi pour justifier son propre mode de domination et justifier la déchéance d’un mode de domination qui devait être parfait !”.
Ainsi la discussion a mis en évidence que la religion est non seulement un refuge pour les hommes mais qu’elle est également un outil que le capitalisme a finalement intégré pour maintenir son mode de domination par la division et la mystification. “Les antagonismes d’ordre politiques ou de classe ont de tout temps été recouverts du drap religieux (guerres de religions entre protestants et catholiques, etc.) Derrière, il y avait d’autres enjeux. La religion était l’habillage. Aujourd’hui : c’est pareil avec Bush.”
Alors face à la montée de l’influence de la religion, comment réagir ? La religion est-elle un frein à la lutte de classe ? Une camarade a rappelé l’épisode de 1905, où les manifestations ouvrières avaient à leur tête le pope Gapone, comme point de départ pour tenter de répondre à cette question : “Ces formes idéologiques qui ont un poids réel n’ont pas empêché la première vague révolutionnaire de l’histoire et la création des soviets. C’était un exemple pour montrer que, quel que soit le poids de ces religions, l’Homme pourra faire quand même la révolution et pourra aller au-delà de ça”.
Un camarade sceptique face à cet argument a montré que “… Par rapport à 1905, il faut faire attention, car il y a une évolution historique. Il y a une évolution des rapports ouvriers et des rapports de pouvoir (…), la situation n’est donc pas la même qu’en 1905. Aujourd’hui, on ne peut pas envisager un militantisme allant de pair avec la religion, même si c’était possible il y a cent ans”. Ce à quoi un autre camarade a répondu que “si aujourd’hui la bourgeoisie peut utiliser la religion pour dévoyer la classe ouvrière du combat de classe comme le pope devant les ouvriers en 1905, elle le fera à nouveau (elle le fait déjà avec le Hamas). Les camarades ont rappelé que dès le départ, les marxistes étaient très critiques à l’égard de la religion : Marx la considérant comme le soupir de la créature opprimée”.
Un camarade a d’ailleurs expliqué qu’il ne s’agit pas d’appliquer à l’égard de la religion “une tolérance aveugle” mais bien la méthode marxiste qui vise et à comprendre et à critiquer de manière à avancer. Plusieurs camarades ont ainsi dénoncé l’attitude d’anarchistes bouffeurs de curés qui s’acharnent à condamner la religion de façon abstraite comme le montre l’exemple donné par un camarade : “Bakounine qui critiquait Marx parce qu’il était juif, donc tout ce qu’il disait était empreint de juiverie.”
Ce qui s’oppose clairement à l’attitude des marxistes comme le montre une camarade en rappelant le témoignage “d’une Russe qui a appartenu au Parti bolchevique rendant compte d’une expérience, en 1912, en Italie du Sud. C’est une période très importante d’effervescence des associations ouvrières. A l’issue de ces meetings ouvriers, un maçon très croyant, non gréviste, non socialiste, s’est fait abattre par la milice. Quand des ouvriers meurent ainsi, il y a un petit discours en hommage au gréviste mort. Mais là, il y a eu une grève générale, avec aussi un grand office religieux. Fallait-il laisser le curé du village rendre un dernier hommage ? Sa réponse : oui (contrairement à l’avis de beaucoup de socialistes). Le lendemain, la presse a salué le respect des socialistes pour le culte”.
Ainsi un camarade explique que “ce qui ressort de la discussion : c’est l’Homme qui fait la religion, c’est l’Homme qui est aliéné et qui ne s’est pas trouvé. C’est pourquoi, le combat contre la religion s’inscrit dans une lutte plus globale contre la société. Donc on ne peut que rejeter la vision anarchiste (rejet total de la religion). Les anarchistes posent la question de la religion comme une question de la raison pure. Les marxistes, eux, posent la question sur le plan matérialiste.” Il a été montré que les révolutionnaires dès 1917 étaient très clairs sur cette question : attaquer la religion de front serait vain et irait à l’encontre des buts de ces derniers.
Grâce à de nombreux exemples donnés par les intervenants telles que celui des femmes ouvrières qui, pour pouvoir discuter avec des femmes musulmanes, acceptaient de porter le voile en Russie en 1917, il est apparu très clairement que réprimer les croyants ou les attaquer dans leur foi n’était en aucune manière une façon pertinente de régler cette question et de faire avancer la lutte de classe. C’est bien de l’inverse dont il s’agit : c’est grâce au développement de la lutte des classes que la réflexion peut se libérer de toute emprise mystique : “Il faut donner des réponses aux gens, donner de vraies perspectives plutôt que de démolir les fausses réponses”. C’est en changeant la société, en combattant les causes des croyances que la religion sera de moins en moins présente dans la vie et la pensée humaine.
En fin de discussion, nous sommes revenus sur la question de l’utilité de la religion dans le capitalisme. Une camarade explique qu’“il faut faire attention quand on parle de la religion. Parfois, certains camarades font des raccourcis en disant que la bourgeoisie maintient la religion pour mystifier la classe ouvrière. Mais la bourgeoisie a aussi besoin de se mystifier elle-même. Elle l’a intégrée et conservée, elle a besoin aussi de justifier l’écran de fumée qu’elle crée”.
(…)
A la fin de cette discussion restaient de nouvelles questions auxquelles nous n’avons pas eu le temps de répondre : “Est-ce que le renforcement de la religion n’est pas une réaction à la montée de la lutte de classe ?”, “la question des différences entre les religions. La question des différences entre extrémistes kamikazes et croyants. La question de : quelle attitude adopter face à cela.” (…)
Enfin pour conclure ce petit bilan, nous tenons à revenir sur la forme du débat choisie pour cette journée. Après les exposés, les participants ont choisi un présidium chargé de prendre les tours de parole et de faire attention à l’heure. Quelques jeunes peu habitués à débattre dans un cadre se sont questionnés quant à l’efficacité du tour de parole. Ils reconnaissent que parfois ils avaient envie d’intervenir pour répondre à l’intervention en cours mais comme il fallait attendre cela leur paraissait ne plus valoir la peine. (…) De manière générale, ils se sont sentis plus libres de s’exprimer que dans les réunions publiques (…).
Voici un extrait de la synthèse du dernier tour de table : “Ce tour de table a été très riche à l’image du débat : plein d’interventions qui ont soulevé beaucoup de questions qui partaient dans tous les sens au départ. (…) Pas de sentiment de jugement, de langue de bois. (…) Nous avons évoqué la nécessité de s’adapter à celui auquel on s’adresse. C’est une des qualités des révolutionnaires. On est parti de préoccupations concrètes. (…) Ce qui compte c’est l’unité. C’est un pas énorme pour la clarification de la conscience !” (…) L’ensemble des participants souhaitaient réitérer cette expérience fort enrichissante.
Des sympathisants du CCI.
Links
[1] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/lutte-classe-france
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/luttes-classe
[3] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/correspondance-dautres-groupes
[4] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/lanarchisme-internationaliste
[5] https://fr.internationalism.org/content/quelle-methode-scientifique-comprendre-lordre-social-existant-conditions-et-moyens-son
[6] https://fr.internationalism.org/rinte96/crise2.htm
[7] https://fr.internationalism.org/rinte97/crise.htm
[8] https://fr.internationalism.org/french/rint/98_crise_30ans
[9] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/crise-economique
[10] mailto:[email protected]
[11] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/forums-sociaux
[12] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/reunions-publiques