La grèvedes travailleurs des transports (SNCF et RATP) qui s’est terminéele 22 novembre (et s’est déroulée simultanémentavec la lutte des étudiants contre la loi “d’autonomie desuniversités” visant à accentuer les inégalitésentre les enfants de la classe ouvrière et ceux de labourgeoisie) constitue la première riposte significative de laclasse ouvrière en France contre les attaques du gouvernementSarkozy/Fillon/Pécresse et consorts. Le démantèlementdes régimes spéciaux des retraites n’étaitqu’un début puisque le gouvernement a annoncéclairement que la perspective était à l’allongementde la durée des cotisations pour tous. En ce sens, et lapresse était assez claire aussi là-dessus, il étaitde première importance pour la bourgeoisie de réussir àfaire passer cette première attaque sous peine de compromettrela réussite de toutes les suivantes. C’est pour cela que lestravailleurs des transports ont rejeté la réforme enexigeant non seulement le maintien de leurs régimes spéciauxmais aussi l’abolition de ce “privilège” qui ne peut quemettre les travailleurs en concurrence les uns avec les autres. Lemot d’ordre des cheminots et travailleurs de la RATP étaitdonc : “37,5 annuités POUR TOUS !”
L’attaquecontre les régimes spéciaux a fait l’objet d’unconsensus de toutes les forces du capital. Le PS ne s’en estd’ailleurs pas caché : il a clairement affirméqu’il était favorable à la réforme. La seule“divergence” avec le gouvernement portait sur la forme (commentla faire passer ?) et non pas sur le fond. Pour faire passercette attaque et préparer le terrain à celles qui vontvenir, la bourgeoisie se devait de monter une gigantesque manœuvrepour casser les reins de la classe ouvrière et lui fairecomprendre que “lutter ne sert à rien”. Et pour fairemieux passer ce message, la classe dominante s’est donnéeégalement comme objectif d’effacer dans la conscience desprolétaires les leçons de la lutte des jeunesgénérations contre le CPE au printemps 2006.
Labourgeoisie savait que ce passage en force allait se heurter àla résistance de la classe ouvrière. Cela s’estconfirmé lors de la journée d’action du 18 octobre(utilisée par le gouvernement et les syndicats pour “prendrela température”) où s’est manifestée unetrès forte combativité : taux record departicipation à la grève des transports et, malgrécelle-ci, participation importante des travailleurs de tous lessecteurs aux manifestations. A pied, en vélo ou en utilisantle “co-voiturage”, il fallait montrer le refus des mesures dugouvernement.
Pour brisercette combativité, la bourgeoisie s’y est prise en deuxtemps.
Face àla volonté des travailleurs de poursuivre la grèveaprès la journée du 18 octobre, la CGT a freinédes quatre fers et a dit : “Une journée et pas plus”,en programmant une deuxième journée d’action pour le13 novembre. L’objectif du 18 octobre était de “lâcherun peu de vapeur” pour éviter l’explosion de lacocotte-minute. De ce fait, la grève du 13 novembre, malgréson fort taux de participation, a été moins suivie quecelle du 18 octobre.
Pour casserles reins de la classe ouvrière et empêcher ses luttesfutures, la bourgeoisie a utilisé une stratégieclassique (qui avait fait la preuve de son efficacité dans lesannées 1980 et 1990) : elle a “choisi” un secteurcible pour développer sa manœuvre, celui des transports etnotamment la SNCF. Un secteur numériquement assez minoritaireet dont la grève ne peut que créer une gêne pourles autres travailleurs (les “usagers”). L’objectif viséétait de rendre la grève des transports impopulaireafin de monter les “usagers” contre les grévistes, diviserla classe ouvrière, briser la solidarité au sein decelle-ci, empêcher toute tentative d’élargissement dela lutte et culpabiliser les grévistes. La deuxièmeraison pour laquelle la bourgeoisie a décidé d’attaquerspécifiquement les secteurs disposant d’un “régimespécial” c’est que, dans ces derniers, les syndicats (etnotamment la CGT) sont particulièrement forts, permettantainsi de garantir un plus grand contrôle de la combativitéet d’éviter tout “débordement”. Enfin, latroisième raison justifiant le choix de ces secteur “cibles”résidait dans le fait qu’ils sont traditionnellement marquéspar un fort esprit corporatiste (notamment à la SNCF) qui atoujours été alimenté par les syndicats.
Labourgeoisie devait jouer “très serré” car elle aporté des attaques de façon simultanée contretous le secteurs de la classe ouvrière (franchises médicales,loi Hortefeux, loi sur “l’autonomie” des universités,régimes spéciaux des retraites, augmentation des prix,suppressions de postes dans la fonction publique et notamment dansl’Éducation nationale, etc.). La classe dominante s’estdonc préparée à faire face au danger d’unesimultanéité des luttes dans plusieurs secteurs. Enparticulier, les étudiants étaient déjàmobilisés lorsque les travailleurs des transports sont entrésen lutte.
La manœuvrede division et de saucissonnage des luttes devait donc se déroulersuivant un calendrier très précis :
- Lajournée d’action des fonctionnaires du 20 novembre avaitcomme objectif non seulement d’être une “soupape desécurité” face au mécontentement qui montedans leurs rangs mais aussi de servir de journée d’enterrementde la grève des cheminots et des travailleurs de la RATP ;des “funérailles nationales” en quelque sorte ;
- Ilfallait que chaque syndicat joue sa propre partition dans ce concert.Dans un premier temps, jusqu’à la journée du 18octobre, il fallait donner un sentiment de “force” aux cheminotsen jouant la carte de l’unité de tous les syndicats. Aprèscette journée, les syndicats ont commencé àabattre les cartes de la division. C’est à la FGAAC(syndicat strictement corporatiste de conducteurs) qu’il revient defaire le premier pas : elle signe avec la direction un accordséparé au bénéfice des seuls conducteurset appelle à la reprise du travail. Il s’agit de semer lazizanie parmi les cheminots. Dans certains dépôts, lesautres conducteurs explosent : “les autonomes nous ontlâchés !”. Ce premier coup bas a étéévidemment très bien relayé par les médias ;
- Ledeuxième coup est porté à la veille de la grèvequi a démarré le 13 novembre. Alors que les cheminotset les travailleurs de la RATP commencent à comprendre lamanœuvre de division (et exigent “37,5 annuités pourTOUS” !), Bernard Thibault, secrétaire généralde la CGT annonce qu’il renonce à une négociationglobale de tous les secteurs concernés par les régimesspéciaux et propose de négocier entreprise parentreprise. Ce mauvais coup ne peut qu’affaiblir la riposte descheminots ;
- Letroisième acte peut alors se dérouler : le frontsyndical se désunit, notamment avec l’appel à lareprise du travail lancée par la CFDT mais aussi avec leclivage entre la CGT, majoritaire, qui accepte (sans le claironner)le principe du passage aux 40 annuités et les syndicats“radicaux”, Sud et FO, qui continuent d’exiger le retrait decette mesure. En même temps, Fillon, le premier ministre,affirme qu’il est hors de question qu’il recule sur les 40annuités tout en posant comme préalable àl’ouverture des négociations la reprise du travail. Cettepolitique de maître chanteur n’est pas nouvelle : lesgrévistes sont appelés à d’abord déposerles armes (et accepter la “loi du plus fort”) avant de “négocier”quelques miettes. C’est inacceptable pour les travailleurs en luttemais cela va permettre aux syndicats de présenter “l’ouverturedes négociations” comme une première victoire. C’estlà un “grand classique” du partage des tâches entrepatrons et syndicats. En réalité, les dés sontpipés à l’avance puisque syndicats et patronatn’attendent pas les “négociations” officielles pourdiscuter en permanence dans le dos des travailleurs : il s’agitnotamment pour les syndicats de rendre compte aux patrons de la“température” afin de définir ensemble dans quelsens il faut manœuvrer. Lors de cette dernière lutte, cesmanœuvres se sont vues comme le nez au milieu de la figure, au pointqu’elles ont été relatées en détail parcertains organes de la presse bourgeoise !1
C’estpourquoi l’ouverture des “négociations” reportéeau 21 novembre, après la journée de grève de lafonction publique, était totalement bidon. Si la CGT et legouvernement avaient repoussé le début des discussionsofficielles, c’était non seulement pour que cette journéed’action puisse servir d’enterrement à la grève destraminots parisiens et des cheminots mais aussi pour “faire durer”le mouvement afin de le “pourrir” en montant les ouvriers les unscontre les autres, tout cela sur fond de campagne médiatiquede criminalisation des grévistes afin de rendre la grèveimpopulaire.
De cettetable des “négociations”, la CGT en sort en annonçantdes “avancées importantes” avec la mise en placed’un “calendrier de négociations” jusqu’au… 20décembre. Prévoir de faire durer celles-ci pendant unmois, c’est donner le signal de la reprise du travail : lescheminots ne sont évidemment pas disposés àpoursuivre leur mouvement 4 semaines supplémentaires. La CGT,syndicat majoritaire chez les cheminots, annonce qu’elle “laisse”les assemblées “décider elles-mêmes”. Ellen’appelle pas officiellement à la reprise du travail maisc’est tout comme.2
De leurcôté, Sud et FO appellent, dans un premier temps àpoursuivre le mouvement dans la mesure où la revendicationprincipale, le maintien des 37,5 annuités, n’a pas étésatisfaite.
Mais lareprise se fera progressivement dépôt par dépôtpour la SNCF et ligne par ligne pour la RATP.
Cetteopposition entre syndicats “modérés” et syndicats“radicaux” n’a rien de nouveau ni d’improvisé. C’estune vieille tactique qui s’est révéléeefficace dans toutes les luttes ouvrières depuis la fin desannées 1960. Une tactique qui avait étéexpérimentée déjà en 1968 (et dont le“vieux sage” Chirac, ainsi que l’ex-maoïste Kouchner, sesouviennent parfaitement). Ainsi à la fin du mouvement de laclasse ouvrière de 1968, la CGT, majoritaire, a déjàjoué le rôle du “modéré” en appelant àla reprise du travail. Et c’est à la CFDT (!), minoritaire,qu’il est revenu de jouer celui du “radical” en s’opposant àla reprise. L’expérience des ouvriers de la vieillegénération montre que ce n’est pas parce qu’unsyndicat est plus “radical” qu’il ne participe pas auxmanœuvres de division et de sabotage. Ce n’est pas parce qu’onest “jusqu’au boutiste” qu’on défend les intérêtsde la classe ouvrière. Car ce qui fait la force des ouvriers,ce ne sont pas des mouvements minoritaires prolongés danslesquels on perd inutilement son énergie et énormémentd’argent, tout en renforçant la division (entre ceux quitravaillent et ceux qui ne travaillent pas) et la rancœur de ceuxqui se sont battus avec le sentiment que les autres les ont “lâchés”.La force de la classe ouvrière, c’est d’abord et avanttout son unité. C’est la massivité etl’extension du mouvement et non pas l’enfermement jusqu’auboutiste d’une minorité (qui peut conduire certains ouvriersà des réactions de désespoir, telles que lesabotage de l’outil de production, ouvrant la porte à descampagnes de criminalisation des grévistes). Dans tous lessecteurs, du public comme du privé (de même que chez lesétudiants), les prolétaires seront nécessairementamenés à comprendre que le “radicalisme” desyndicats minoritaires qui préconisent des actions isoléesn’en fait pas plus des “vrais défenseurs” de la classeouvrière que les appels à la reprise des grandescentrales les plus influentes.
Cettegigantesque manœuvre visant à casser les reins de la classeouvrière a été couronnée par laplanification de la manifestation-enterrement du 20 novembre qui arassemblé 750 000 travailleurs. La stratégie desdirections syndicales a consisté à appeler lestravailleurs de la fonction publique à descendre dans la rue(notamment pour protester contre la réduction des effectifs etla perte du pouvoir d’achat) tout en sabotant leur mobilisation.Ainsi, les syndicats ont lancé des appels à participerà cette manifestation dans des tracts qui sont arrivéssur les lieux de travail … après le 20 novembre ! Dansla plupart des hôpitaux, ils ne se sont même pas donnésla peine d’indiquer l’heure et le lieu du rendez-vous. Poursavoir si cette manifestation avait bien lieu comme prévu, ilfallait se débrouiller pour aller chercher les informations(sur Internet, dans les journaux ou par le bouche à oreille).Pourquoi un tel sabotage ? Parce que le “thermomètre”indiquait que la température dans la fonction publique avaitmonté. La grève des cheminots et des travailleurs de laRATP, loin d’être impopulaire (malgré toutes lescampagnes diffusées à la télé) gagnait aucontraire de plus en plus la sympathie de nombreux “usagers”. Lesmédias et le gouvernement (avec ses déclarations deplus en plus “musclées”, relayées par les proposridicules des présidents d’université accusant lesétudiants grévistes d’être des “Khmersrouges”) en ont un peu trop fait. Plus le gouvernement brandissaitle bâton contre les grévistes, plus la grèvesuscitait de la sympathie (et même le sentiment qu’il fallaitêtre “solidaires” et ne pas se laisser “entuber par lesmanipulations des médias à la solde de Sarkozy”).D’autre part, les contorsions de Thibault étaient siévidentes qu’il passait partout pour le grand “collabo”de service, le “traître”3.Si les syndicats ont dû saboter la mobilisation desfonctionnaires, c’est pour éviter que tous les secteurs dela fonction publique ne se retrouvent côte à côteet unis dans la rue. Par contre, tous les syndicats de la policenationale avaient mobilisé un maximum leurs troupes4 :le 20 novembre, c’était la première fois qu’onvoyait autant de flics manifester dans Paris5.De plus, les directions syndicales (qui ont organisé cettemanifestation avec la préfecture de police) avaient pris soinde placer le cortège des flics en plein milieu de lamanifestation. Ainsi, beaucoup de travailleurs et d’étudiantsqui ne voulaient pas défiler derrière les forces derépression avaient préféré ne pas sejoindre à cette mascarade et étaient restés surles trottoirs. En particulier, c’était un bon moyen pourdissuader les étudiants, qu’on avait de plus obligésde faire le pied de grue pendant trois heures sous la pluie, de fairela “jonction” avec les salariés.
Lors de sonintervention télévisée du 29 novembre,“l’omniprésident” Sarkozy a rendu “hommage àtous les partenaires sociaux”, saluant TOUS les syndicats pour“leur sens des responsabilités” et précisantqu’il “avait besoin d’eux pour réformer”6(ou, dit plus clairement, qu’il avait besoin d’eux pour mener àbien toutes les attaques prévues pour 2008). Il savait de quoiil parlait et, pour une fois, nous ne dirons pas qu’il mentait.
La grèvedes travailleurs des transports, en ce mois de novembre 2007, estvenue confirmer une nouvelle fois ce que les révolutionnairesaffirment depuis de nombreuses décennies : TOUS lessyndicats sont des organes de défense des intérêtsnon pas de la classe ouvrière, mais de la bourgeoisie.
Sofiane (30novembre)
1 Voir notamment Mariannen° 553, “Pourquoi Sarkozy veut sauver la CGT”.Chérèque, le patron de la CFDT, a lui-même vendula mèche : “Ily a une forme de coproduction entre le gouvernement et la CGT pourmontrer ses muscles”.C’est vrai que ses propres troupes acceptaient mal qu’il aitjoué le rôle du “traître”.
2 Une des raisons pour lesquellesle mouvement a pu être “suspendu” (comme le dit BernardThibault), réside dans le fait que la CGT a “négocié”des “avancées” sur la pénibilité du travailpermettant de gagner quelques miettes : des augmentations desalaires en fin de carrière (cela ne mange pas de pain :d’ici là, tout le monde sait que les salaires et le pouvoird’achat vont encore baisser !). Encore une grosse arnaquepour justifier la reprise et tenter de sauver les meubles car labourgeoisie a encore besoin de la CGT. Si le gouvernement n’avaitpas prévu de “lâcher” cette aumône, le patronde la CGT n’aurait pas pu claironner : “ily a eu des avancées”.Et cette obole avait également été discutéeà l’avance, à travers les coups de téléphonedestinés à mettre au point et ajuster les mesurespermettant à la CGT de continuer à faire son travailde sape. Ainsi, bien avant la rencontre entre la CGT et legouvernement, Thibault avait déjà annoncé lareprise. Ce qui montre bien que les annonces faites par les patronset le gouvernement dans les “négociations” n’étaientque du pipeau !
3 D’autant que des délégationsd’étudiants sont allées un peu partout àParis comme en province faire ce qu’ils appelaient la “jonction”avec les salariés pour qu’il y ait une “convergencedes luttes”.
4 En effet, les étudiantsn’ont envoyé aucune délégation dans lescommissariats et les autres services du ministère del’Intérieur pour faire la “jonction” avec les flics carils ont pu se rendre compte par eux-mêmes que lesfonctionnaires de la police ne sont pas de leur côté.
5 Même le syndicat dedroite “Alliance”, proche de l’UMP (et qui avait entonnéLa Marseillaiseau début de la manifestation) était massivementprésent aux côtés du syndicat UNSA (proche duPS).
6 Toutes ces citations sontdisponibles sur lemonde.fr.
Après une lutte massive de plus d’une semaine, les cheminots et les travailleurs de la RATP ont repris le travail alors que, pour sa part, le mouvement étudiant semble prendre fin. Pourtant, le gouvernement n’a reculé sur aucun point important. Toutes les attaques sont maintenues et Sarkozy a même annoncé dans son discours présidentiel du 29 novembre que le rythme des réformes (c’est-à-dire des attaques) allait s’accélérer en 2008.
Est-ce pour autant une victoire de la bourgeoisie ? Certainement pas ! La reprise du travail à la SNCF et à la RATP de même que la tendance vers le “retour au calme” dans les universités est une victoire à la Pyrrhus de la classe dominante. L’ordre de la matraque, du chantage, de l’intimidation et du mensonge organisé a dévoilé au grand jour le vrai visage de la démocratie bourgeoise : celui de la terreur implacable du capital. Si l’Etat n’a pas reculé ni sur la réforme des régimes spéciaux ni sur la LRU, c’est au prix fort d’un discrédit croissant de ses principales institutions, notamment les médias et surtout les syndicats, dont il n’a pas encore mesuré les conséquences.
Les travailleurs et les étudiants doivent se regrouper et discuter ensemble et avec d’autres ouvriers d’autres secteurs pour mieux comprendre quelle est la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Des liens ont déjà été tissés, il faut les élargir et les resserrer. Il faut échanger et partager les expériences, il faut en discuter collectivement afin d’en tirer toutes les leçons et préparer les luttes à venir.
D’abord, la classe ouvrière doit tirer un premier enseignement de la lutte des cheminots : si le gouvernement a été obligé de céder quelques miettes aux cheminots, c’est parce que ces derniers se sont battus. Mais là n’est pas l’essentiel : les miettes concédées par la bourgeoisie, de toutes façons, seront reprises plus tard. La pire défaite aurait été de ne pas se mobiliser : dans le lutte de classe entre bourgeoisie et prolétariat, la première victoire pour les travailleurs, c’est la lutte elle-même, c’est le refus d’accepter la loi du capital, c’est faire l’expérience de la solidarité des exploités face à toutes les tentatives de les diviser entreprise par entreprise, secteur par secteur. Malgré leurs difficultés, les cheminots (de même que les étudiants en lutte contre la LRU) se sont battus avec un courage remarquable. En revendiquant “37,5 annuités pour tous”, ils ont montré que la solidarité de la classe exploitée est le seul chemin qui puisse ouvrir une perspective pour les luttes futures. La grève des cheminots a permis que s’exprime de façon croissante l’idée de la nécessité de lutter tous unis. C’est ce que le mouvement des étudiants a exprimé en manifestant sa solidarité avec les cheminots (comme l’a révélé leur plateforme revendicative dans laquelle était inscrite non seulement le retrait de la LRU mais aussi le rejet de toutes les attaques du gouvernement). L’idée que les différents secteurs de la classe ouvrière doivent se soutenir mutuellement est quelque chose qui avait été apprise par les jeunes générations dans la lutte du printemps 2006 contre le CPE1. C’est ce qui s’est illustré aussi dans le fait que c’est parmi les jeunes cheminots qu’on a rencontré le plus la volonté de se défaire du corporatisme qui pèse sur leurs aînés.
Ensuite, en obligeant la classe dominante à déployer à grande échelle son arsenal syndical, ils ont contribué à dévoiler au grand jour que les syndicats sont des organes de maintien de l’ordre capitaliste (même s’il existe encore beaucoup d’illusions sur la possibilité de réformer les syndicats). C’est bien ce dont témoigne le taux de désyndicalisation massive qui touche d’ores et déjà plusieurs secteurs de la fonction publique et la méfiance croissante envers les syndicats. La fuite sans gloire de Chérèque lors de la manifestation du 20 novembre face aux ouvriers le stigmatisant comme “traître”, les apostrophes essuyées par le patron de la CGT au même endroit : “Thibault vendu ! Ce n’est pas toi qui diriges, c’est nous !” ou le lendemain de la part de syndiqués de la CGT : “on va faire tomber Thibault”2 ne sont que la partie émergée d’un mécontentement profond des travailleurs envers les organes qui prétendent les défendre.
Enfin, les cheminots et les ouvriers de la RATP ont été capables de déjouer le piège du pourrissement et de l’isolement où cherchaient à les enfermer les syndicats “jusqu’auboutistes” comme Sud ou FO en ne votant pas dans les AG la reconduction de la grève.
Voici quelques leçons immédiates mais essentielles de la lutte qui vient de se dérouler. Mais ce simple constat soulève des questions bien plus larges et profondes auxquelles la classe ouvrière doit, par le débat collectif, essayer de trouver des réponses :
Face à la trahison des syndicats, l’alternative est-elle de virer les bureaucraties pourries, ou de s’affilier à des syndicats plus “radicaux” et moins directement liés au patronat ou encore de construire de nouveaux syndicats “de combat” ?
Le “radicalisme”, le caractère très “combatif” d’un syndicat ou l’honnêteté de ses délégués n’a jamais été une preuve que c’est un organe de défense des ouvriers.
Ce qui nous importe aujourd’hui, ce n’est pas de reconstruire de nouveaux syndicats, mais d’abord de comprendre quels moyens nous devons nous donner pour construire un rapport de forces en faveur de la classe ouvrière face à la bourgeoisie.
Vouloir rénover la vieille coquille syndicale ou construire de nouveaux syndicats plus combatifs avec des permanents moins corrompus, plus honnêtes (qui deviendront un jour, comme Thibault, des spécialistes de la “négociation” et de la magouille) est une pure illusion et un piège dans lequel il ne faut pas tomber. Toutes les luttes ouvrières du passé ont montré que depuis 1914 les syndicats ont été définitivement intégrés à l’appareil d’État de la bourgeoisie.
L’idéologie syndicaliste est basée sur l’illusion que le capitalisme est :
ce qui veut dire que les ouvriers ne pourront jamais en finir avec l’exploitation. L’idéologie syndicaliste est en réalité une idéologie fataliste, de capitulation et de soumission à la loi féroce du capital.
Aujourd’hui de plus en plus d’ouvriers sont en train de prendre conscience qu’il ne faut plus s’en remettre à des spécialistes de la “négociation” secrète pour diriger leurs luttes. C’est l’ensemble des travailleurs mobilisés qui doit décider de la conduite du mouvement. Les assemblées générales dirigées par les syndicats se contentent de faire voter pour ou contre la reconduite de la grève sans aucun réel débat préalable. Et une fois que l’AG est terminée, ce sont les syndicats qui s’occupent de tout sans aucun contrôle des grévistes.
Les AG ne doivent pas être une simple chambre d’enregistrement de la reprise ou non du travail. Ce sont les organes de la prise en main collective de la lutte par les travailleurs eux-mêmes. Cela veut dire que :
Bref, les AG doivent être des hauts lieux de “politisation”, n’en déplaise à Monsieur Thibault.
Dans le cas des transports, le blocage total des trains, des métros ou des bus devient un certain obstacle à l’élargissement de la lutte. En effet, ce blocage total peut favoriser le jeu de la bourgeoisie visant à monter les travailleurs les uns contre les autres en déchaînant ses campagnes sur la “prise en otage des usagers”. De plus, ce blocage total des transports limite la mobilité des travailleurs qui ne peuvent se déplacer pour apporter leur solidarité aux grévistes (en se rendants à leurs AG ou en participant aux manifestations) et rend difficile le déplacement des délégations de grévistes vers les autres entreprises. En fait, le blocage total favorise l’enfermement dans le corporatisme et l’isolement. Les luttes ouvrières les plus avancées n’ont jamais conduit au blocage des transports, au contraire. Lors de la grève de masse des ouvriers de Pologne en août 1980, tous les transports fonctionnaient gratuitement. L’argument que mettent toujours en avant les syndicats, c’est que la gratuité des transports est “illégale”. Mais les ouvriers savent très bien que l’opposition aux lois de l’exploitation capitaliste est toujours “illégale” car les lois de la classe dominante sont faites par et pour le capital, par et pour ceux qu’il exploite. Les sanctions au nom du respect de la “légalité” font partie de la répression des luttes ouvrières, de même que les licenciements. Les menaces de répression n’ont pas empêché la classe ouvrière de lutter pour défendre ses conditions de vie face aux empiétements du capital. C’est grâce aux combats des premières générations de prolétaires que les ouvriers d’aujourd’hui ont pu obtenir une baisse de la durée de la journée de travail, des augmentations de salaires, des congés hebdomadaires, une amélioration de leur condition de logement, le droit d’association, la liberté d’expression, etc. Le gouvernement britannique a adopté une loi rendant toute grève de solidarité illégale. Cela n’a pas empêché, pendant l’été 2005, les bagagistes de l’aéroport de Londres de se mettre en grève en solidarité avec les ouvriers des entreprises de restauration de l’aéroport d’Heathrow licenciés massivement3.
Le meilleur moyen d’éviter la répression, c’est la plus grande unité et solidarité possible. La véritable force de la classe ouvrière, c’est sa solidarité face aux attaques du capital. Plus la classe ouvrière courbera l’échine et cédera à l’intimidation, plus la bourgeoisie aura les mains libres pour attaquer et réprimer. Parce que la classe ouvrière est la seule force de la société qui puisse ouvrir une perspective pour l’ensemble de l’humanité, cette solidarité contre l’oppression capitaliste n’est pas “négociable”. Comme l’ont mis en avant les ouvriers de Pologne en 1980, si la bourgeoisie touche à un seul cheveu des grévistes, les autres secteurs doivent immédiatement se mettre en grève et ne pas accepter la répression.
La lutte des travailleurs des transports et des étudiants en France a donc constitué une avancée significative pour le prolétariat : elle a ouvert le chemin vers une tendance croissante à la politisation des luttes de la classe ouvrière. En particulier, elle a constitué une expérience riche d’enseignements pour les jeunes générations de la classe ouvrière qui vont se retrouver bientôt sur le marché saturé du travail. Face à l’aggravation des attaques de la bourgeoisie, ces jeunes générations n’auront pas d’autre choix que de reprendre le flambeau des combats menés par les générations de prolétaires qui les ont précédées.
Pour pouvoir mener à bien ces luttes futures, la classe ouvrière doit avant tout continuer à prendre confiance en elle-même, en ses propres forces et en sa capacité bien réelle (et maintes fois prouvée par l’histoire) à prendre en main sa lutte et son destin. Elle peut et doit avoir confiance dans la perspective historique que portent ses combats : celle de l’abolition de l’exploitation et de l’oppression bestiale du capitalisme en vue de la construction d’une nouvelle société.
Ce chemin n’est pas aisé. Il est fait d’avancées et de reculs. Cela avait déjà été mis en évidence dès le milieu du 19e siècle :
Abel (30 novembre)
2 Propos rapportés par Marianne n° 553.
3 Lire nos articles sur cette lutte sur notre site web : www.internationalism.org [3]
La grande presse nationale1 s’en émeut : Lutte Ouvrière (LO), symbole français du radicalisme révolutionnaire, forteresse vertueuse et intransigeante, défendant la pureté de son programme trotskiste, à l’image de son icône virginale, l’indéfectible Arlette, LO donc, s’apprête à conclure des accords avec le PCF et le PS, et l’a même déjà fait, en vue des prochaines élections municipales. « Une première pour l’organisation trotskiste, jusqu’ici prompte à fustiger la gauche ‘qui trahit’ » énonce Le Monde du 28 novembre. A Aubervilliers ou à La Courneuve, les accords sont pris avec les maires PCF sortants de ces communes de la « banlieue rouge » de Paris. « Ils ont même accepté l’hypothèse d’une fusion de liste avec le PS au second tour » constate le maire de La Courneuve (ibid.). Il en est de même par exemple à Saint-Brieuc où les cadres locaux de LO ont écrit dans le même sens aux édiles du PS avec la bénédiction de la direction nationale.
Lutte Ouvrière ne cache pas ces accords. Au contraire, elle les justifie : d’un côté, il s’agit « de ne pas nuire au PCF là où le PS veut lui prendre la mairie » (ibid.), d’un autre côté, LO, « ne [veut] pas que, dans la situation politique actuelle [ses] listes puissent nuire aux listes de gauche » (LO du 22 novembre) et opte donc de soutenir le PS quand il est menacé par l’UMP. Mais tout cela ne serait, pour l’organisation trotskiste qu’un « fait mineur » (ibid.). Car : « L’élection de Sarkozy et son offensive générale contre les travailleurs ont changé la donne » cherche à expliquer Georges Kaldy de la direction de LO (ibid.). En réalité, tout cela n’est que du baratin : quelle que soit la “donne”, LO a toujours su servir de « roue de secours » à la gauche.
Ainsi, LO n’a pas tort sur un point. En effet, n’en déplaise aux journaleux toujours à l’affût d’un scoop, ce n’est effectivement vraiment pas la première fois que LO va draguer le PCF et le PS à l’approche d’élections. Passons sur les désormais classiques appels à voter Mitterrand en 1974 et en 1981 et le plus récent vibrant soutien d’Arlette à Ségolène Royal, et penchons nous plutôt sur d’autres faits moins connus : en 1988, LO propose une alliance au PCF pour les élections législatives (qui avait encore à l’époque de beaux restes !) ; en 1995 LO et le PCF font liste commune dans trois villes aux municipales, parmi lesquelles Sochaux, bastion ouvrier de l’est. En 2004, LO se réjouit de la victoire de la gauche aux élections régionales en clamant bien fort : « beaucoup se sont dit que la droite est pire que la gauche. C’est vrai ! » (LO du 26 mars 2004).
Certes, tout cela peut paraître contradictoire avec ce que peut proclamer parfois LO à propos de la gauche, comme « la complète intégration de la social-démocratie au pouvoir d’État de la bourgeoisie » ou l’affirmation selon laquelle « le stalinisme a déformé et vidé de sens la plupart des objectifs du mouvement ouvrier » (Lutte de Classe n°101, décembre 2006-janvier 2007). De même, que croire quand cette organisation raconte que « ni LO ni la LCR ne sont des partis électoralistes, même s’ils se présentent aux élections. Car ils ne cherchent aucune place dans l’appareil d’État, qui ne peut être qu’au service de la bourgeoisie » (LO du 26 mars 2004) alors qu’elle déclare par ailleurs avec le même aplomb : « Gérer une municipalité ne nous gène pas » (Le Monde du 28 novembre) ?
Comment se fier à ce que prétend LO ? C’est justement sur le jeu des apparences et du double langage que LO fonde sa précieuse participation à la mystification électorale en apportant sa caution radicale au reste de la bourgeoisie. Et ce, à chaque élection, sans - jamais trahir.
G (29 novembre)
1 1 Le Parisien, Libération et Le Monde notamment.
Leporte-parole de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), Olivier Besancenot, le pimpant postier au visage poupin, a le vent enpoupe. Et pour cause, un peu à la manière de Sarkozy,on le voit partout : avec les cheminots en grève, auxcôtés des étudiants, dans les manifs, lesmeetings, les banlieues et surtout sur les plateaux des télés.Alliant le simplisme démagogique et la rouerie politique, ilproclame à tout va qu’il suffit de taxer les grossesfortunes du patronat et de prendre l’argent dans la poche descapitalistes pour instaurer plus de justice sociale avec son fameuxslogan électoral, « Nosvies valent plus que leurs profits »,tout comme il vante la démocratie et l’illusion d’uncapitalisme à visage humain. Dans son éclectisme et sa volonté de ratisser large, etsurtout à portée des jeunes générationsqu’il rêve de conquérir, outre flatter l’engouementpour le romanesque « Che », notre pétulantGavroche en peau de lapin ne recule devant aucun moyen de racolageet met volontiers en avant un autre héros digne de BD ou demangas : le turbulent super-président vénézuélienChavez, « terreur des Amériques »,apôtre de « la nouvelle révolutionbolivarienne du 21esiècle ».
Mais, dansson zèle de matamore, le dictateur populiste Chavez quimultiplie les rodomontades et les gesticulations sur la scèneinternationale, s’est octroyé le rôle de « médiateur »dans « l’affaire » de la députéefranco-colombienne Ingrid Betancourt, otage des guérilleroscolombiens des FARC depuis six ans. Et c’est à ce titrequ’il était reçu en grandes pompes à l’Elyséepar un Sarkozy souriant, faisant ami-ami avec lui et lui tapotantostensiblement l’épaule sous l’œil des caméras dumonde entier.
Patatras! Voilà qui mettait à mal la crédibilitéde notre grand pourfendeur du “sarkozysme” ! Ce copinageintempestif et cette connivence affichée entre un de sesmodèles et Sarkozy, son “pire ennemi”, venait lui couperl’herbe sous les pieds. Il déclarait alors avec embarras :“Je ne suis pas le facteur duchavisme”, tout en cherchant àjustifier, en toute mauvaise foi , ses éloges envers Chavez enaffirmant notamment : « L’argentdu pétrole qu’il ne donne plus aux Américains, il leplace désormais au service des Vénézuéliens ».Cet argument est pourtant totalement démenti par la réalité :la population vénézuélienne continue de creverde faim et de misère (voir notre article sur notre site web :“le ‘socialisme” à la Chavez: l’art de redistribuer lamisère”).
Dequoi éprouver de sérieux doutes sur lavedette-caméléon de la LCR quand elle brigueambitieusement à son tour pour l’an prochain de devenir le« lider maximo »1d’un « nouveau parti », d’une « véritableopposition de gauche anticapitaliste ».
W (29novembre)
1Référence au maître de Che Guevara; le “grandchef” Fidel Castro, autre “pote” de Chavez.
Début novembre, Istanbul recevait la deuxième réunion des pays voisins de l’Irak, auxquels s’étaient adjoints les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU et les représentants des pays du G8. Cette rencontre faisait suite à celle des 3 et 4 mai derniers où le “Pacte international pour l’Irak” avait été lancé à Charm el-Cheikh pour construire la “stabilité” de l’Irak. On se doute bien que tout ce beau monde, qui ne cesse d’afficher ses divisions et dont les intérêts sont toujours plus opposés (en particulier les grandes puissances, c’est-à-dire celles-là mêmes qui ont œuvré à l’ouverture d’un des pires chaos de l’histoire), va s’atteler à la noble tâche de “stabiliser” l’Irak. En réalité, il s’agit d’une de ces énièmes rencontres de la “paix” dans lesquelles ne s’expriment que les rapports de forces et les oppositions impérialistes et d’où ne sortent que des “résolutions” débouchant à plus ou moins court terme sur l’aggravation de la barbarie guerrière. Ainsi, alors que l’Irak menace d’exploser de toutes parts, résultat de l’invasion américaine auquel s’additionnent les pressions exercées par la Syrie et surtout l’Iran, la Turquie est venue en rajouter une couche en menaçant d’intervenir militairement au Kurdistan irakien, contre les attaques du PKK qui avaient récemment enlevés douze soldats turcs.
Le discours et le comportement musclé de l’Etat turc en direction de la population kurde n’est pas une nouveauté. C’est en fait depuis la création en 1920 par les alliés d’un Kurdistan autonome que la Turquie revendique ses “droits” sur une population kurde qu’elle n’a jamais reconnue et qu’elle appelle officiellement “turque des montagnes”. Pour les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, une telle création, accompagnée d’autres nombreuses mesures, participait de parachever le dépeçage de l’empire ottoman par un démantèlement en règle de la puissance turque, qui payait par la même occasion son alliance avec l’Allemagne.
L’Etat kurde envisagé ne verra cependant jamais le jour et toute cette région va rester une zone permanente de déstabilisation et de conflits, les grandes puissances tout comme les puissances régionales, Irak, Syrie, Turquie et Iran, se servant des différentes cliques kurdes au gré de leurs besoins respectifs.
Ainsi, le PKK (Parti des “Travailleurs” Kurdes d’Abdullah Öcalan, apparu dans une région où la classe ouvrière est quasi-inexistante) apparaît à la fin des années 1970 et vient à point nommé servir les intérêts de l’URSS en semant le désordre dans une région que dominent les Etats-Unis et le bloc occidental, qui soutient de son côté le PDK (Parti Démocratique du Kurdistan) de Moustafa Barzani. Le PKK, considéré comme “terroriste” par les Etats-Unis et l’Europe, va aussi bien servir les intérêts russes que ceux de l’Iran de Khomeiny qui sera pendant des années sa base arrière, en particulier pendant la guerre Irak-Iran entre 1980 et 1988.
Si les difficultés que le PKK occasionne à la Turquie sont bien réelles, elles sont par là-même l'occasion, le prétexte tout trouvé pour justifier les interventions militaires turques et l’affirmation de sa volonté de domination sur la population kurde, soumise aux raids destructeurs de l’armée.
En proclamant ses intentions d’investir la région autonome kurde irakienne, l’Etat turc passe à une autre dimension de ses appétits impérialistes. Il ne s’agit plus seulement de contrôler les Kurdes établis en Turquie mais d’avancer des pions au-delà de ses propres frontières. Cela n’est pas nouveau. Déjà, au printemps 2003, sous couvert de l’intervention militaire américaine en Irak, le gouvernement avait établi un plan d’invasion militaire du nord du pays, pour son propre compte. Ce n’est que sous la pression de Washington qu’Ankara avait au dernier moment abandonné cette perspective. Et, retour de bâton, le gouvernement turc avait refusé aux Etats-Unis l’utilisation de ses bases militaires et le stationnement des troupes américaines sur son territoire, contrairement à la Guerre du Golfe de 1990-1991, et empêchant l’éventuelle ouverture d’un second front au Nord de l’Irak.
Ce changement d’attitude de la Turquie, jusqu’alors alliée quasi-inconditionnelle des Etats-Unis, est symptomatique de l’affaiblissement de la première puissance mondiale sur l’arène internationale et de l’exacerbation des tensions impérialistes qui poussent cet Etat à s’affirmer plus haut et fort comme une puissance régionale qui doit compter.
Mais une telle situation est aussi significative de la montée considérable du chacun pour soi et de la folie guerrière irrationnelle du capitalisme. Envahir la région autonome du Kurdistan irakien ne reviendrait en effet qu’à créer un foyer de chaos supplémentaire, dans une des rares régions d’Irak encore à peu près stable. C’est en s’appuyant sur cette peur du chaos que la Turquie exerce son chantage sur les Etats-Unis, et fait monter les enchères en jouant ainsi contre eux un rapprochement avec une Union européenne qui lui fait en bonne partie les yeux doux. Cependant, même si la Turquie n’intervient pas au Kurdistan irakien, les soldats turcs ayant été libérés sous la pression américaine1, et d’autant que l’hiver interdit les opérations militaires dans les montagnes qu’occupe le PKK, cette perspective à plus long terme n’est pas impossible. Et cette menace brandie par l’Etat turc nous éclaire encore mieux sur l’avenir monstrueux qui attend l’Irak et les difficultés des Etats-Unis à organiser leur retrait d’un pays qui n’aura plus d’autre perspective que la curée générale de tous ses “voisins” et des “grandes puissances”.
Il faut le réaffirmer avec force : le capitalisme, c’est le chaos et la guerre, sans autre futur que la barbarie généralisée.
Wilma (30 novembre)
1 Ce qui en dit long une fois encore sur ces groupes terroristes et leurs accointances avec les Etats, dont ceux qui prétendent mener la “guerre contre le terrorisme”.
Mi-novembre,tandis que les ouvriers à Dubaï retournaient au travailaprès une révolte spontanée et massive, lapresse et les journaux télévisés faisaient leurUne avecune information de « toute première importance »…le prince et milliardaire Al-Walid Ibn Talal, neveu du roi Abdallah,s’était acheté un Airbus A380 pour son usagepersonnel !
Pas un motsur ce mouvement de grève massif ! Pas un mot pourévoquer la rébellion ouverte de ces centaines demilliers d’ouvriers surexploités ! La bourgeoisie aentouré une nouvelle fois une lutte du prolétariat desa chape de plomb médiatique et internationale, suivant labonne vieille méthode du black-out.
Dubaïest devenu en quelques années une sorte d’immense chantierpermanent sur lequel poussent, comme des champignons, des gratte-cieltous plus invraisemblables les uns que les autres. Cet Émiratest l’un des symboles, pour la bourgeoisie, du « miracleéconomique » de l’Orient et du Moyen-Orient. Maisderrière la vitrine se cache une toute autre réalité :non pas celle des touristes et des hommes d’affaires, mais celle dela classe ouvrière suant sang et eau pour bâtir ces« rêves d’architectures ».
Sur lemillion d’habitants de cet Émirat, près de 80% sontdes ouvriers d’origine étrangère, en majoritéindiens mais aussi pakistanais, bangladais et depuis peu… chinois.Ils sont, paraît-il, plus corvéables encore que lestravailleurs d’origine arabe ! Et en effet, de la main-d’œuvrecorvéable à merci, il en faut pour pouvoir fairefonctionner les nombreux chantiers de la ville 24h/24h et… pourpresque rien ! Les ouvriers gagnent l’équivalent de 100à 150 euros par mois. Ils construisent ces palaces ou cestours prestigieuses mais, eux, dorment dans des cabanons àplusieurs par chambre et en plein désert. Ils s’y rendentdans des bétaillères appelées bus. Tout ceci,bien sûr, sans soins médicaux, ni retraites, cela vasans dire… Et pour brider toute initiative de lutte, l’employeurconserve les passeports... au cas où… Naturellement, rienn’est prévu pour les familles qui doivent rester dans lepays d’origine. Les travailleurs ne peuvent rejoindre leur femme etleurs enfants que tous les 2 ou 3 ans tant il leur est difficiled’épargner pour l’argent du voyage.
Mais on nepeut pas indéfiniment et impunément se servir d’êtreshumains comme on se sert de serpillières !
Lorsde l’été 2006, les ouvriers de Dubaï avaientdéjà démontré leur capacité àrentrer massivement et collectivement en lutte1.Malgré la répression qui s’en était suivie,ils ont aujourd’hui à nouveau osé se dresser contreleurs exploiteurs et tortionnaires. Mieux encore, à traversces dernières luttes, ils ont montré leur courage, leurextraordinaire combativité, leur capacité àdévelopper la solidarité, à s’unir pour luttercontre cette vie de misère, à refuser l’esclavage.Comme leurs frères de classe en Égypte2,ils ont bravé le pouvoir établi malgré lesrisques encourus. Car dans les Émirats, les grèves sontinterdites et la sanction est immédiate : retrait dupermis de travail, expulsion sur le champ et bannissement àvie !
Etpourtant,ne supportant plus de ne plus être payés depuisplusieurs mois, «le samedi 27octobre, plus de 4000 ouvriers du bâtiment sont descendus dansla rue, ont bloqué des routes d’accès à lazone industrielle de Jebel Ali et ont jeté des pierres sur lesvoitures de police. Ils demandaient davantage de bus pour les amenersur les lieux de travail, des logements moins surpeuplés etdes salaires leur permettant de vivre dignement. »(CourrierInternational du 2 novembre 2007). Sereconnaissant dans cette lutte massive, des milliers d’ouvriersd’autres entreprises se sont joints aux grévistes.
Sanssurprise, la bourgeoisie et son État ont alors réagiviolemment. Avec des canons à eau, les forces anti-émeutesont dispersé les manifestants qui s’en étaient priségalement à des voitures des forces de l’ordre.« Dénonçant ‘uncomportement barbare’, le ministèredu Travail leur a donné à choisir entre la reprise dutravail et l’abrogation de leurs contrats, le bannissement àvie du pays et la privation de leurs indemnités de fin deservice » (LeMaroc.org).Malgré cette répressionpolicière et ces menaces du gouvernement, le mouvement degrève a continué de s’étendre à troisautres zones à Dubaï, prouvant l’ampleur de lacombativité de cette partie du prolétariat mondial.Suivant une dépêche de l’AssociatedPress du 5 novembre, il y a eu jusqu’à400 000 ouvriers en grève !
Les menacesde sanction et de répression ont été immédiatessous prétexte que quelques voitures de police ont étécaillassées : inadmissible pour l’ordre bourgeois !Mais de quel coté se trouve réellement la pire desviolences ? La réponse est évidente : du cotéde ceux qui transforment la vie quotidienne de centaines de milliersd’ouvriers en un véritable enfer.
ADubaï, le prolétariat a montré sa force et sadétermination à ne pas se laisser malmener. Labourgeoisie a même dû faire mine momentanément dereculer, abandonnant ponctuellement sa tactique exclusivementrépressive. Ainsi, après avoir annoncél’expulsion des 4000 travailleurs asiatiques à l’originedu mouvement, « le ton étaitplutôt à l’apaisement le mercredi »(AFP). La massivité de cette lutte a eu de quoi « faireplier le gouvernement de DubaÏ qui a ordonné auxministres et aux entreprises de construction de revoir les salaireset d’envisager la création d’un salaire minimum »…officiellement, évidemment. Dans la réalité, labourgeoisie va continuer de cogner. Les sanctions contre les meneurssemblent être maintenues. Et nul doute que la bourgeoisiecontinuera à exercer d’une main de fer son ignoblesurexploitation sur cette partie de la classe ouvrière.
Néanmoins,même face à ce prolétariat démuni, sansexpérience de lutte, la classe dominante doit tenir compte decette montée de la combativité. C’est pourquoi elleessaye d’ajouter une corde à son arc : en plus de larépression, elle voudrait aussi étoffer sonencadrement idéologique. En ce sens, sa premièremanœuvre fut aussi caricaturale qu’inefficace. En effet, devant lamultiplication des conflits au cours de ces deux dernièresannées, « les autorités ont crééau sein de la police une commission chargée des questionsouvrières et mis à la disposition des ouvriers unnuméro de téléphone gratuit pour faire étatde leurs plaintes, la plupart ayant trait au non-paiement dessalaires. » (Le Berry.fr). Il est difficile defaire plus provocateur. Faire ses doléances directement auxforces de répression, autant monter directement dans uncharter ! Par contre, beaucoup plus adroite est la volontédu gouvernement de former des syndicats dans les entreprises pourservir de pare-feu, de « l’intérieur »,aux luttes à venir.
La questionn’est pas la perspective de la lutte dans un Etat en modèleréduit comme Dubaï, mais bien en quoi cette lutteparticipe d’un mouvement beaucoup plus large : la lutteinternationale de la classe ouvrière. « Lesprolétaires n’ont pas de patrie »proclamaient dès 1848 Marx et Engels dans Le Manifestecommuniste. Les luttes actuelles des prolétaires sontreliées à la même chaîne de l’exploitationcapitaliste. C’est aussi une chaîne de solidarité dansle même combat. De l’Inde à Dubaïen passant par la Chine, l’Egypte, le Moyen-Orient, le continentafricain ou l’Amérique latine, comme dans les pays d’Europeet de l’Amérique du Nord, la classe ouvrièredéveloppe son combat. Ce caractère international de lalutte de classe exprime une combativité exemplaire et contientdes éléments de solidarité qui permettent unemassivité grandissante de la lutte. C’est un formidableencouragement pour que les prolétaires du monde entier et enparticulier ceux des pays développés et surtoutd’Europe développent leurs luttes. Car c’est à cesderniers, dont l’expérience de la lutte est la plus forte etla plus ancienne, que revient la tâche de montrer que laperspective est le renversement de ce système d’exploitation,de faire partager son expérience historique accumulée,de montrer en pratique comment prendre en mains et organiser lesluttes, de montrer pourquoi il n’est pas possible de faireconfiance aux syndicats et aux forces de gauche pour cela.
C’estpour éviter ce partage des expériences et la prise deconscience qui en découle que la bourgeoisie et ses médiasaux ordres font tout pour que les nouvelles des luttes qui sedéroulent aux quatre coins du monde ne circulent pas àl’échelle internationale. Les luttes de Dubaï etd’ailleurs sont en effet la preuve vivante que partout la classeouvrière subit les effets dévastateurs de la criseéconomique et surtout que, partout, elle redresseprogressivement la tête, elle développe sa combativité,sa solidarité et sa conscience.
Map (18novembre)
2 Lirenotre article sur les luttes en Égypte [9] , RévolutionInternationale n° 384de novembre 2007.
Toutaugmente ! La flambée des prix de l’énergiealourdit les factures de chauffage et renchérit le coûtdes déplacements domicile-travail. Le prix des produits depremière nécessité, comme le pain et le lait,explose littéralement. Au supermarché, le mêmebudget remplit de moins en moins le chariot ! Tout augmente…sauf les salaires.
« Leproblème est universel. Pour la première foispeut-être, que l’on habite un pays riche ou pauvre, on parlela même langue : les Italiens s’inquiètent duprix des pâtes, les Guatémaltèques de celui de lagalette de maïs, les Français et les Sénégalaisde celui du pain. »1Le prix du porc, la viande la plus consommée en Chine, apresque doublé en un an, tandis que s’envolent les cours desautres produits agricoles comme la volaille et les œufs. Au Japon,dépendant à 60% de produits importés, la flambéedes prix touche presque tous les aliments.
Pourla bourgeoisie, l’explication principale résiderait dans…une trop bonne santé de l’économie asiatique :« La diminution de laproduction (aggravée par la sécheresse et le boom dubiogazole, entre autres) et l’augmentation de la demande (provenantsurtout de pays émergents comme l’Inde et la Chine, désireuxd’imiter le mode alimentaire occidentale) ont alors entraînéune flambée de prix tout aussi extraordinairequ’inattendue. »2Bref, un problème ordinaire dedéséquilibre entre l’offre et la demande !
Pureintox ! Les hausses de prix découlent directement de lacrise économique. Elles constituent le premier contrecoup, surles conditions de vie de la classe ouvrière mondiale, de lacrise des désormais célèbres subprimes3qui a débuté cet été aux Etats-Unis, .Pour faire face au « trounoir » des dettes du marchéaméricain, toutes les banques centrales n’ont eu pour seuleréponse que d’injecter massivement de l’argent àbas coût (en prêtant aux spéculateurs avec destaux très faibles), espérant ainsi limiter la contagionet les dégâts à court terme. Mais cette politiquen’est même pas un cautère sur une jambe de bois ;elle est une énième fuite en avant dans l’endettement4qui ne fait, en réalité, qu’alimenter et aggraverencore la crise elle-même. En déversant une immensemasse de monnaie sur les banques menacées de faillite et lesbourses, à coups de centaines de milliards de dollars, labourgeoisie, les banques centrales n’ont fait que relancer uneprofonde spirale inflationniste au niveau international5.
Maispourquoi ce « processus inflationniste »touche-t-il particulièrement les matières premièreset les denrées alimentaires de base, indispensables àdes millions d’êtres humains ? La réponse est àl’image de ce système en putréfaction :inhumaine. « Les matièrespremières attirent les spéculateurs, qui alimentent lahausse en cherchant, après la crise de l’immobilieraméricain cet été, des débouchésporteurs sur d’autres marchés. »6.Ainsi « l’exubéranceirrationnelle » de laflambée des carburants s’explique par les investissementsspéculatifs « qui sesont retirés de certains marchés (actions, obligations,monnaies) pour se rabattre sur les ‘commodities’,notamment le pétrole. »7Même chose concernant les céréales : aprèsle krach d’août, « Goldman-Sachset Marc Faber, suivis de pratiquement tous les groupes despéculateurs, conseillent d’investir sur les marchésagricoles, avec des instruments de levier pour pouvoir jouerplusieurs fois sa mise. »8Pour sauver leur capital, tous ces vautours n’hésitent pas àse transformer en véritables affameurs ! Comme l’avoueavec un cynisme sans bornes l’un d’entre eux, « sinous vivons un ralentissement mondial, ça n’affectera pasles produits agricoles car les gens mangent quand même »9 !
L’ONUestime que « nous allonsperdre du terrain face à la faim. »10Doux euphémisme ! Dans les82 pays les plus pauvres, où les dépenses alimentairesreprésentent couramment 60 à 90% du budget, la hausseattendue du blé de 20% condamne à la famine pure etsimple – et donc à la mort – toute une partie de lapopulation ! Depuis 2006, au Mexique, au Yémen, auBrésil, au Burkina Faso, ou encore au Maroc, des émeutesde la faim ont déjà éclaté. En Chine,« la valse des étiquettesremet en question l’amélioration des conditionsd’existence. »11Dans les pays occidentaux, se nourrir correctement devient un luxe.En France, quand la consommation d’environ 400 grammes de fruits etde légumes (préconisée par l’OMS) par personneet par jour représente entre 5 et 12% du SMIC, il est clairque de nombreux ouvriers ne seront plus en mesure de faire face àla satisfaction des besoins les plus élémentaires.
Alire la presse, il est clair que le spectre du krach de 1929 et de laGrande Dépression hante toute la bourgeoisie, avec uneangoisse : « Va-t-onvers un nouveau 1929 ? ».
Il est vraiqu’hier et aujourd’hui présentent des analogies : lesbourses qui vacillent et dont les mouvements de yoyo masquent mal lachute ; les montagnes de dettes qui se révèlentinsolvables, la crise de confiance entre les banques qui,toutes, multiplient les pertes ; la panique des petitsépargnants formant devant leur banque d’interminables queuespour retirer leurs économies, aux Etats-Unis, en Allemagne eten Angleterre ; la perspective pour toute une partie de laclasse ouvrière aux Etats-Unis de se retrouver du jour aulendemain privée à la fois de toit et d’emploi.
En1929, le krach de la Bourse de New York, le célèbre« jeudi noir »(24 octobre 1929), a inauguré la première criseéconomique majeure du capitalisme en déclin, la GrandeDépression des années 1930. Cet effondrement révélala crise de surproduction de marchandises chronique dans la phase dedécadence du capitalisme. Cette crise de 1929 a pris la formed’un effondrement complet qui a marqué les mémoiresparce que la bourgeoisie a appliqué les vieilles recettes quiavaient prouvé leur efficacité lors des crises… du19e siècle (c’est à dire quand le capitalisme étaitencore en plein développement, en période d’ascendance)mais qui là, non seulement restèrent sans effets, maisjouèrent un rôle aggravant dans la nouvelle situationhistorique (la décadence du capitalisme). Concrètement,la restriction par la Banque Fédérale américainede la quantité de monnaie sur le marché a eu pourconséquence la faillite de la plupart des banques, le recul ducrédit et un coup de frein énorme sur l’activitééconomique. Les mesures protectionnistes en faveur del’économie nationale, bientôt imitées partout,ont eu pour conséquence la fragmentation de l’économiemondiale, le blocage du commerce international et, finalement, unrecul encore plus grand de la production.
Depuis lacrise des années 1930, si la bourgeoisie n’a pas trouvéde réelle solution à la crise économiquehistorique de son système12,elle s’est par contre adaptée à cet état decrise permanente, en parvenant à l’étaler dans letemps. En quelque sorte, son vaisseau continue de sombrer, mais pluslentement. Elle a ainsi compris comment utiliser les mécanismesétatiques pour faire face aux crises financières enjouant sur les taux d’intérêts et l’injection deliquidités dans le système bancaire. C’est pourquoila crise économique actuelle qui fait rage depuis 1968, n’apas pris la forme de l’effondrement brutal de 1929. Le déclina été plus graduel. La crise a titubé d’unerécession à l’autre, encore plus grave et plusétendue, passant d’une pseudo-reprise à l’autre,plus brève et plus limitée encore. Celissage de la crise dans une spirale descendante a permis à labourgeoisie de nier l’existence même de la crise et de lafaillite de son système, mais au prix d’une surcharge dusystème capitaliste sous des montagnes de dettes et del’accumulation de contradictions de plus en plus dangereuses pourle capitalisme. La fragilisation extrême du systèmefinancier mondial témoigne de l’usure de tous ces palliatifsutilisés par la bourgeoisie.
Lacrise actuelle n’engendrera donc certainement pas un arrêtbrutal de l’économie comme en 1929. Pourtant, à biendes égards, elle est encore plus grave et profonde. Dans lesannées 1930, aux Etats-Unis, lorsque le NewDeal inaugure le programme de relancede l’économie pour tenter de faire face à sa crise desurproduction, le financement de l’ensemble des mesures àcrédit par des emprunts d’Etat ne représente qu’unepart infime du revenu national annuel (l’équivalent de moinsde trois mois de dépenses militaires lors de la Seconde Guerremondiale) ! Aujourd’hui, la dette américaine atteintdéjà 400% de son PNB ! La certitude de certainsmilieux capitalistes « que la‘Très Grande Dépression US(…) va avoir des conséquencessans commune mesure avec la crise de 1929,(…) même si 1929 reste ledernier point de comparaison possible dans l’histoire moderne »13témoigne de l’inquiétudede la bourgeoisie ! La crise de 2007 a un impact directementmondial. « Commela contagion à l’économie réelle est déjàen cours non seulement aux Etats-Unis mais également surl’ensemble de la planète, c’est désormaisl’effondrement des marchés immobiliers britannique, françaiset espagnol qui est au programme de cette fin d’année 2007,tandis que l’Asie, la Chine et le Japon vont devoir faire facesimultanément à la chute de leurs exportations vers lemarché américain et à la baisse rapide de lavaleur de tous les actifs en dollars US (devise US comme bons dutrésor, actions d’entreprises US, etc.) »14
Cetteperspective d’une sévère récession assortied’une poussée de l’inflation va se traduire par unedégradation brutale des conditions de vie et d’exploitationpour la classe ouvrière partout dans le monde et unepaupérisation croissante irréversible. Malgrétoutes les promesses des politicards de tous bords, le capitalisme,ayant épuisé ses palliatifs, est aujourd’huiincapable de trouver la moindre porte de sortie et de masquer safaillite ouverte. La seule perspective qu’il puisse offrir àl’humanité, c’est encore et toujours plus de misère.L’avenir, l’espoir et le salut de l’humanitéappartiennent à la lutte de la classe ouvrière !
Scott (26novembre)
1 LeMonde du17 octobre 2007.
2 LaRepublica,cité par CourrierInternational n°888.
3Subprimes :crédits hypothécaires à risques.
4 Aprèsl’éclatement de la bulle spéculative Internet en2000-2001 et face au risque d’un plongeon brutal dans larécession, l’État américain a, àl’époque, délibérément et consciemmentcréé de toute pièce une nouvelle bulle poursoutenir la consommation, la bulle immobilière, ensystématisant les prêts aux ménages américainsles plus pauvres. Il aura suffit de quelques années pour quecelle-ci éclate à son tour, avec des risques bien plusgrands encore pour l’économie mondiale (lire notre article« Lacrise immobilière, un symptôme de la crise ducapitalisme »sur notre site web : internationalism.org).
5 « Lamasse de l’argent circulant est déterminée par lasomme des prix des marchandises (pour une valeur constante de lamonnaie), et cette somme des prix par la masse des marchandises encirculation. »(Engels, Surle capital)L’augmentation de la quantité de monnaie en circulationsans augmentation de la production de marchandises constitue unedévaluation ; les prix (expression monétaire dela valeur) doivent donc augmenter dans la même proportion pourexprimer la valeur des marchandises, qui, elle, ne change pas.
6Libération,2 novembre 2007.
7 LeMonde,20 octobre 2007.
8Nouvelle solidarité,3 septembre 2007.
9Bloomberg,19 aoüt 2007.
10 J.Sheeran, directrice exécutive du programme alimentairemondial des Nations Unies.
11Nanfang Zhoumo,journal de Canton.
12 Etpour cause, puisqu’il n’en existe nulle autre que la destructiondu capitalisme !
13GlobalEurope Anticipation,bulletin
n°17.
14 Id.
Le dimanche 25 novembre, à Villiers-le-Bel, dans unebanlieue au nord de Paris, deux adolescents sont morts dans unecollision entre leur minimoto et une voiture de police. Aussitôt,ce drame a déclenché une vague de violences faisantpenser à celles de l'automne 2005. Des centaines de jeunesde la commune et des villes environnantes ont laissé éclaterleur haine contre les forces de répression d'abord, maisaussi contre tout ce qui pouvait représenter à leursyeux, de près ou de loin, l'Etat ou ses institutions. Lebilan témoigne de l'importance de cette déflagrationdestructrice : 120 policiers blessés dont quatregrièvement, ce à quoi il faut ajouter une écolematernelle et une bibliothèque brûlées ainsi quedes centaines de voitures.
Même si ces émeutes n'ont duré que deuxjours, la violence fut beaucoup plus importante qu'en 2005. Cettefois-ci, des coups de feu ont été tirés contrela police.
Comment des gamins de 14, 15 ou 16 ans peuvent ainsi êtreemportés par une telle rage destructrice ? La réponseest simple : ce système les a broyés. C'esttoute une partie de la jeunesse qui, dans les cités-ghettos,est complètement déboussolée, sans repèreautre que la haine du flic et du « système ».Et comment pourrait-il en être autrement ? Ce mondecapitaliste ne leur offre aucune autre perspective que le chômageet la galère des petits boulots précaires etsous-payés, avec, en prime, pour beaucoup d'entre eux, desvexations permanentes à propos de la couleur de leur peau.Leur quotidien est sinistre : s'il n'y a pas de boulot, il ya des flics, partout. Les contrôles sont de plus en plusfréquents et violents. Les gardes à vue se multiplient,pour rien, pour un délit de faciès, pour un regard detravers...
Néanmoins, il faut être clair. Si la violence de cesjeunes est liée à leur désespoir, si elle est unproduit de l'inhumanité de cette sociétéd'exploitation, elle n'en reste pas moins un coup porté enpremier lieu à la classe ouvrière.
D'abord, ce sont leurs parents, leurs grands frères etleurs grandes sœurs qui sont souvent les premières victimesde ces explosions de violence. A qui appartiennent les voituresbrûlées ? Qui est privé le matin du bus,parti en fumé dans la nuit, pour aller au boulot ?Certainement pas la grande bourgeoisie qui copine avec Sarkozy !
Ensuite, ce sont leurs petits frères et leurs petites sœursqui se retrouvent terrorisés, marqués par la vision deleur école incendiée, détruite.
Enfin et surtout, de tels actes ont toujours constitué leprétexte parfait pour renforcer encore et partoutl'Etat-policier. Au nom de la sécurité, de laprotection des « travailleurs », l'Etatutilise chaque fois ce genre d'émeutes pour fliquerdavantage... les travailleurs. C'est d'ailleurs ce que s'estempressé d'annoncer Sarkozy dans son discours présidentieldu 29 novembre.
Ce système d'exploitation est en pleine décomposition.Il ne peut plus offrir que ce genre de spirale infernale : auxjeunes sans avenir et victimes d'une répression permanente,le capitalisme proposera toujours moins d'avenir et toujours plusde répression !
Seule la classe ouvrière peut proposer une véritableperspective1(à cette jeunesse comme à l'ensemble de l'humanité),en opposant à ce pourrissement sur pied de la sociétéses propres valeurs : l'unité et la solidaritéde tous les exploités !
Pawel (1er décembre)
1Pour une analyse plusapprofondie sur la nature des violences émeutières,lire notamment notre article :« Emeutes sociales : Argentine 2001, France 2005, ...Seule la lutte de classe du prolétariat est porteused'avenir [11] ».
Comme nousl’avons déjà dénoncé dans notre presse,l’attaque que subissent les ouvriers de la RATP, de la SNCF ou EDFcontre les régimes spéciaux de retraites n’est qu’unepremière étape des attaques contre les conditions devie de la classe ouvrière. Demain, ce sera au tour de tous lesouvriers de voir leur régime de retraite remis en cause. Enmême temps, les attaques contre la protection sociale sontmises en place avec les franchises sur le remboursement desmédicaments.
Lesétudiants en lutte l’ont bien compris et c’estpourquoi ils ont élargi leurs revendications, non seulement auretrait de la loi de réforme des universités, maisaussi à la défense des régimes spéciauxet au retrait des franchises médicales.
Le spectrede la lutte contre le CPE est réapparu durant quelquessemaines et les syndicats tant ouvriers qu’étudiants ontfait tout leur possible pour qu’une telle dynamique ne puisse pass’enclencher à nouveau, dynamique capable de donner uneperspective au combat de toute la classe ouvrière en Francemais aussi à l’échelle internationale.
Nosinterventions, partout où nos forces nous l’ont permis, dansles assemblées générales (AG) ouvrièreset dans les universités, ont toujours soulignél’importance de la solidarité et de l’unité de tousles secteurs de la classe ouvrière, ce qui a rencontrésouvent le soutien et la sympathie de beaucoup d’ouvriers etd’étudiants. C’est ainsi qu’en province un groupe dejeunes étudiants 1 est venu discuter avec nos camarades et nous a transmis un écritde leur propre expérience du sabotage syndical.
Ce que cescamarades ont vécu dans la lutte est révélateurdu mépris de ces prétendues « organisationsouvrières » pour le mouvement lui-même. Laseule chose qui compte pour elles est que ce mouvement n’échappepas à leur contrôle et qu’il ne puisse pas constituerune véritable force autonome qui permettrait aux ouvriers etaux étudiants de développer une véritablesolidarité et une confiance accrue dans leur lutte commune.
Nous avonssoutenu dans l’AG la proposition de ces camarades d’envoyer unedélégation étudiante la plus large possible auxAG des cheminots. Cette proposition a été votéepar l’assemblée étudiante. Mais déjà,le présidium, autoproclamé, a fait savoir qu’iln’était pas possible d’aller massivement aux AG descheminots, en prétextant les nombreuses actions à menersimultanément. Au final, ce ne sont donc que trois étudiantsqui ont reçu mandat de l’AG pour cette délégation :un militant de l’AGET-FSE, un militant de la JCR et « uneindépendante », comme l’écrivent lescamarades. Eux-mêmes s’étaient présentésau vote de l’AG pour constituer la délégation mais,n’étant pas connus face aux figures syndicales présentesdans l’AG, ils n’avaient aucune chance d’être mandatés.
Maislaissons la parole à ces camarades :
« Noussommes quand même allés aux AG des cheminots, d’unepart parce que nous y étions invités par des camaradesde la gare, d’autre part parce que nous voulions écouter lesinterventions de nos délégués. Mais nous n’avonspas pu les entendre. Nous sommes allés à quatre desassemblées générales et nous ne les avons pastrouvées. Nous avons demandé aux camarades de Sud-Railet à d’autres s’ils les avaient vus dans les autresassemblées générales. Ilsn’y étaient pas. End’autres termes, les délégués étudiants,élus en assemblées générales, n’ont pasrespecté leur mandat. Nous sommes allés le soir aucomité de lutte pour demander pourquoi nos déléguésn’étaient pas venus aux assemblées généralesdes cheminots. Un membre de l’AGET-FSE nous a répondu queles délégués ne savaient nioù ni quand étaientces AG....
Ily eut un précédent. Le 18 octobre, je fus moi aussidélégué étudiant auprès des AG decheminots. Il y avait cinq autres délégués.Personne n’était là au début de l’AG, saufmoi. Seulement deux autres délégués sont arrivésquand l’AG se finissait. A la deuxième AG, j’étaisà nouveau le seul délégué présent.Aucun autre délégué n’avait respectéson mandat. Et là aussi, on nous a dit qu’on n’avait pasles renseignements !
Celafait plus de huit jours que se tiennent des assembléesgénérales de cheminots. Nous ne pouvons pas croire quedes organisations comme l’AGET-FSE et la JCR sont incapablesd’ouvrir leur carnet d’adresses pour trouver le numéro detéléphone d’un syndicat. Nous qui venons àpeine de nous organiser, nous avons pu le faire ! »
Pris lamain dans le sac (un sac à main rempli de magouilles et demanœuvres !), l’AGET-FSE n’a rien trouvé de mieuxque de reprocher aux camarades d’avoir pris des initiatives,prétendument au nom des AG étudiantes. C’est en leurnom propre que ces camarades sont allés aux assembléesgénérales des cheminots, où ils ont étébien accueillis et ont pu prendre la parole, proposant aux cheminotsde venir dans les AG étudiantes (ce qui a étéfait), proposant une distribution de tracts commune au métro.
Comme ledisent ces camarades :
« Alorsque ces opérations ont été des succès,qu’elles ont enfin pu concrétiser le rapprochement desétudiants et des cheminots, on nous reproche d’avoir pristrop d’initiatives, d’avoir outrepassé l’assembléegénérale ! En allant aux assemblées généralesdes cheminots, nous n’avons fait qu’appliquer la décisionvotée depuis bien longtemps par les assembléesétudiantes : se rapprocher des travailleurs. Et en tant quecommunistes, c’est notre devoir de travailler de toutes nos forcespour l’unité pratique de la lutte ! Tout ce que nousavons fait, nous l’avons faitau vu et au sude l’assemblée générale. Nous ne lui avonsrien caché. Ceux qui voulaient participer à nos actionsl’ont fait, ceux qui ne voulaient pasne l’ont pas fait. Nousn’avons jamais rien imposé à l’AG.Seulement nous sommes indépendantsdes organisations qui dirigent actuellement le mouvement.»
Lasolidarité naissante entre ouvriers et étudiants, lefait que des retraités non-cheminots ou des travailleursd’autres secteurs aient pu prendre parfois la parole dans des AG decheminots, tout cela montre les avancées de cette lutte :le combat des cheminots n’est pas leur combat mais celui de laclasse ouvrière, qu’elle soit encore sur les bancs de la facou qu’elle soit retraitée. Cela, les syndicats ne peuventpas l’accepter et ont tout fait pour que de telles manifestationsde solidarité ne se propagent pas plus largement.
Le 22novembre, les camarades ont participé à lamanifestation étudiante dans les rues de Toulouse.Laissons-leur encore la parole :
« Anotre AG, Y. a appelé les étudiants à participerà l’assemblée générale à laMédiathèque, à 15h30, lieu de rassemblement decheminots, électriciens et gaziers. Malheureusement, la CGT ajugé bon d’avancer le rassemblement et de saboter toutetentative d’assemblée générale. Avait-elle étéréellement organisée et par qui ? Toujours est-il quela CGT n’a pas attendu les étudiants et qu’ils se sontbarrés vite fait. Lorsque les étudiants, accompagnésde lycéens, sont arrivés, nous les avons appelésà rejoindre les travailleurs, mais le service d’ordre desétudiants nous a rembarré. De l’autre côté,la CGT a décidé de lever le camp, d’autant plus quecertains travailleurs faisaient des gestes amicaux vers les étudiantset leur demandaient de venir. La manifestation des étudiantsest passée à 50 mètres de la manifestation destravailleurs » !
La force dela lutte, c’est la lutte elle-même. Ces quelques élémentsrapportés ci-dessus nous le montrent. D’un côté,un mouvement qui commence à poser dans la pratique lanécessité de la solidarité dans la lutte de tousles ouvriers, des étudiants jusqu’aux retraités. Dansla continuité de luttes comme le CPE en France, seule l’unitéla plus large des ouvriers peut permettre de constituer unrapport de force capable de faire reculer la bourgeoisie dans sesplans d’austérité et de misère qu’elle nousréserve. Face à cela, la bourgeoisie et son Etat ontmis en place leurs syndicats et les organisations gauchistes commeles JCR. Ces quelques exemples montrent que cette perspective est enmarche. Une importante victoire pour la classe ouvrièresera de reconnaître quels sont ses véritables ennemis.C’est ce qu’elle a commencé à faire dans cettelutte.
RI(29 novembre)
1Un membre de ce groupe se dit trotskiste bien que ne faisantpas partie d’aucune organisation et ils signent leurs écrits« Descommunistes : branche Marx, Lénine, Trotsky ».
Nous publions ci-dessous un courrier qui nous a été adressé par un étudiant de l’université de Caen qui a assisté à une assemblée générale pourrie de sa faculté. Ce courrier constitue un témoignage vivant de la façon dont les syndicats ont tenté de verrouiller les universités en enfermant les étudiants dans une lutte spécifique, isolée de toute la classe ouvrière. Il fait la preuve que les syndicats, dans les universités comme dans les entreprises, se dévoilent de plus en plus clairement comme des chiens de garde de l’ordre capitaliste.
“Chers camarades,
J’ai assisté ce matin au spectacle effrayant de l’assemblée générale de l’université de Caen. La seule organisation des débats suffit à donner la mesure du sabotage syndicale. Je précise d’abord qu’il m’était possible de déterminer l’appartenance, ou non, d’un intervenant à une organisation syndicale, non pas parce qu’il annonçait qu’il en faisait partie mais parce qu’une personne, membre du PCF, m’informait de qui était syndicaliste et de qui ne l’était pas.
La présidence, constituée de trois personnes, était entièrement aux mains de syndicalistes et n’était nullement soumise à un vote de désignation, et encore moins à un vote de destitution. C’est-à-dire que nous avions en face de nous des syndicalistes sans aucune légitimité. Il en allait bien sûr de même des commissions. Il faut noter cependant qu’une seule commission a demandé un mystérieux “vote de confiance” qui portait sur des individus qui ne se sont pas présentés, et ce, avant même que soient prises les décisions de l’AG. Les débats étaient monopolisés quasi-exclusivement par des syndicalistes, notamment ceux de la FSU, et lorsque nous demandions la parole, la présidence nous rétorquait que, je cite, ‘les listes de prise de parole sont closes’, sauf bien entendu lorsque l’un de ses amis syndicalistes demandait la parole. Me voilà dans ce contexte à proposer l’envoi de délégations massives dans les entreprises pour nous solidariser avec les luttes actuelles des travailleurs et ne pas nous isoler. L’assemblée fût d’ailleurs plutôt convaincue par ma proposition puisque de nombreux applaudissements (interdits par la présidence) conclurent mon propos. Mais, chose incroyable, à la fin de l’AG ma proposition n’a même pas été soumise au vote. Et lorsque je pris la parole, au milieu de la cacophonie, pour protester, un syndicaliste m’apostropha brutalement pour me signaler que l’AG n’avait, je cite encore, ‘pas à voter ce genre d’action’ et quand je lui dis que finalement, on passait ‘ma proposition sous le tapis’, voici ce qu’il répondit (tenez-vous bien à votre écran1) : ‘Oui!’
Voilà le récit du triste spectacle dont je voulais vous faire part. Excusez la lourdeur de mon style, et peut-être, les quelques fautes d’orthographes. Le temps malheureusement me manque et ma colère empêche toute concentration.
Fraternellement,
V (Caen, le 8 novembre)”.
Links
[1] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/lutte-classe-france
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/luttes-classe
[3] http://www.internationalism.org
[4] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/vie-bourgeoisie-france
[5] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/trotskysme
[6] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/54/venezuela
[7] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/56/moyen-orient
[8] https://fr.internationalism.org/ri370/dubai.html
[9] https://fr.internationalism.org/ri384/luttes_en_egypte_une_expression_de_la_solidarite_et_de_la_combativite_ouvrieres.html
[10] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/crise-economique
[11] https://fr.internationalism.org/rint124/edito_emeutes_banlieues.htm
[12] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/situation-sociale-france