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Révolution Internationale n° 374 - décembre 2006

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Face aux fermetures d'usine, aux suppressions de postes, aux baisses de salaire... une seule réponse : la solidarité ouvrière

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Aujourd’hui, tous les ouvriers sont confrontés à la dégradation continue de leurs conditions de vie. Cette réalité incontestable, la bourgeoisie tente malgré tout de la dissimuler, ne reculant pour cela devant aucun mensonge ni devant aucun stratagème pour faire diversion.

A quoi sert le cirque électoral ?

Les élections présidentielles n’auront lieu qu’au mois de mai, et pourtant elles saturent déjà l’espace médiatique depuis plusieurs mois. Sarkozy et Royal s’étalent à la Une de tous les magazines. Pas moyen d’y échapper ! Et pour relancer en permanence l’intérêt du show électoral, la bourgeoisie n’hésite pas à tirer sur les grosses ficelles en maintenant un suspens haletant…"Alors ? candidat ou pas ?" C’est ce battage assourdissant auquel nous avons eu droit autour de l’investiture de Madame Royal. Maintenant, c’est au tour de l’UMP d’entretenir le"suspense" : Sarkozy sera-t-il confronté à une concurrence "démocratique" au sein de son parti ? Michèle Alliot-Marie va-t-elle "oser" se présenter ? Jacques Chirac remettra-t-il le couvert ? Evidemment, le PCF et l’extrême-gauche occupent aussi la scène avec leurs discussions et leurs négociations pour un candidat unitaire de la "cause anti-libérale". Et pour renforcer encore ce bourrage de crâne, les guest-stars façon José Bové ou Nicolas Hulot posent un jour, pour retirer le lendemain, leur projet de candidature.

La bourgeoisie pilonne sa propagande, ne laissant pas une seule seconde souffler les ouvriers afin d’éviter à tout prix qu’ils aient le temps de réfléchir. En focalisant ainsi tous ses médias sur le cirque électoral, elle espère détourner l’attention des préoccupations réelles des prolétaires : les charrettes de licenciements, les fermetures d’usines, la baisse des salaires, la hausse des prix et l’inaccessibilité au logement. La bourgeoisie peut bien crier sur tous les toits que"tout va bien", que le pouvoir d’achat est en hausse et que "les Français sont moins pauvres qu’il y a dix ans" 1 [1], tous ces mensonges sont trop gros pour être crédibles. Le cinglant zéro pointé pour la croissance économique du troisième trimestre en France révèle la profondeur réelle de la crise. D’ailleurs, en regardant de plus près les derniers chiffres de l’INSEE publiés à grand renfort de publicité, on s’aperçoit que, malgré tous les traficotages statistiques, le nombre de Rmistes ne cesse de croître et que les personnes vivant sous le seuil de pauvreté (moins de 788 euros par mois) sont 100 000 de plus chaque année.

Des attaques toujours plus fortes contre la classe ouvrière

Comment pourrait-il en être autrement ? Tous les secteurs de la classe ouvrière, mois après mois, sont touchés de plein fouet par une pluie incessante d’attaques.

Dans le privé, depuis la rentrée, les annonces de "restructurations" (comme ils disent) accompagnées de leurs cortèges de licenciements et de reclassements bidons se multiplient. La fermeture de l’usine Thomé-Génot dans les Ardennes, jette 300 salariées à la rue. Le groupe pharmaceutique, Sanofi-Aventis, supprime 500 postes ; pour Valéo, dans la Somme, ce sera 130 postes en moins et 150 intérimaires n’auront pas de renouvellement de contrat ; pour Delphimétal, ces suppressions concernent 300 emplois et 792 postes pour le cablo-opérateur Noos. Les ouvriers du textile ont essuyé quant à eux une véritable rafale : Well perd 300 emplois, Aubade 180 et Arena 169. Et dans certaines branches, c’est en milliers que l’on compte : chez Peugeot et Citroën, 10 000 emplois seront supprimés d’ici fin 2006 (non renouvellement des contrats temporaires et non remplacement des départs à la retraite) ; dans l’industrie du verre, 7000 emplois sont menacés et des dizaines de milliers de suppression d’emplois sont programmées à La Poste et chez Orange (France-Télécom). Même Airbus, cette industrie de pointe, fleuron de l’économie nationale, est en pleine déconfiture. Les chiffres sont encore inconnus, mais ce n’est pas une fantaisie de dire que les victimes se compteront en dizaines de milliers (les 1000 CDD non reconduits dès à présent n’étant qu’un avant-goût de l’attaque qui se prépare). L’ampleur de la saignée ne peut même plus être dissimulée par la presse. Des titres du genre "Des milliers d’emplois perdus cette année" ou encore "Industrie : Les plans sociaux se multiplient en 2006 en France" 2 [2] s’étalent ainsi dans les journaux.

Le secteur public n’est évidemment pas épargné. Par exemple, à la SNCF, uniquement pour le fret, 7000 postes ont déjà été supprimés ces trois dernières années et cette "réorganisation" se poursuit, notamment au nom de la flexibilité. 35 000 emplois seront supprimés dans la Fonction publique (dont 8500 postes d’enseignants à la rentrée 2007), conséquence du non remplacement des départs à la retraite et de la baisse des recrutements par concours, ce qui implique une surcharge de travail pour ceux qui restent. C’est en fait dans toutes les administrations, dans tous les services que les effectifs fondent comme neige au soleil par ce système ou par la non reconduction des contrats précaires.

Ne pouvant cacher totalement l’ampleur de ces attaques, la bourgeoisie se fait forte de promesses électorales. En votant pour tel ou tel candidat, elle nous le jure la main sur le cœur, l’économie nationale se redressera : car tantôt pour la droite, elle sera plus compétitive, tantôt pour la gauche, elle sera gérée de façon plus humaine. Mais une nouvelle fois, tous ces mensonges ne tiennent pas si l’on jette un simple coup d’œil au delà des frontières. Partout sur la planète, quel que soit le gouvernement, qu’il soit de gauche ou de droite, le même constat, les mêmes attaques. Volkswagen, après avoir supprimé plus de 20 000 emplois en Allemagne, vient d’annoncer la suppression de 4000 postes en Belgique, 10 000 en comptant les sous-traitants. En Espagne, Renault a mis 1300 ouvriers au chômage technique, ce qui implique dans la réalité une menace directe pour 5000 emplois (équipementiers et autres sous-traitants ). Le groupe d’aluminium Alcoa va supprimer 6700 emplois dans le monde, notamment au Mexique et au Portugal. Les déboires d’Airbus impliquent aussi des dizaines de milliers de licenciements supplémentaires en Allemagne. Une liste complète des licenciements annoncés serait interminable. Mais déjà ce bref tour d’horizon révèle la faillite du système capitaliste et son incapacité à sortir de la crise.

Les syndicats, spécialistes de la division et de l’éparpillement des luttes

Face à toutes ces attaques, le battage médiatique autour des prochaines élections ne peut suffire à dévoyer le mécontentement et la réflexion. La colère et la combativité au sein de toute la classe ouvrière ne font que croître. Dans ce contexte, l’expérience de la lutte des étudiants contre le CPE fait peur à la bourgeoisie. Il est hors de question pour elle que se renouvelle un tel mouvement porteur d’unité, de solidarité et de confiance pour toute la classe ouvrière, pour tous les travailleurs. Ses chiens de gardes, les syndicats, déploient donc une immense énergie pour saucissonner les luttes, pour isoler la riposte des ouvriers usine par usine, entreprise par entreprise, secteur par secteur.

Ainsi, les journées d’actions par branche se multiplient : grève nationale le 14 octobre pour la métallurgie, le 8 novembre pour la SNCF, le14 novembre pour La Poste et le même jour mais séparément pour le ministère des finances, le 21 novembre pour le secteur de la recherche. Et quand des ouvriers sont touchés par les"restructurations" et les fermetures d’usines ou réclament des augmentations de salaire, tout est fait pour enfermer ceux-ci dans leur usine par des occupations parfois de plusieurs semaines ou les isoler dans des actions coups de poing. Dans les Ardennes, par exemple, confrontés à la fermeture de Thomé-Génot, les syndicats ont maintenu la colère des 300 salariés dans les murs de l’usine (exception faite pour une journée-défouloir"Ardennes mortes"), durant des semaines - alors que toutes les autres usines du département sont menacées de fermeture d’ici 2008. A l’usine Alstom-Belfort, la grève d’une cinquantaine d’ouvriers partie des ateliers de machines électriques depuis le 13 novembre pour réclamer une augmentation de 150 euros sur le salaire de base et une prime de fin d’année de 1000 euros a été rapidement canalisée par les syndicats qui ont poussé les ouvriers à rester repliés dans l’usine. Ce que Libération du 24 novembre résume en une formule édifiante :"C’est une grève en vase clos". Car le but des manœuvres syndicales est de diviser les ouvriers, de les cloisonner entre eux, d’éparpiller leur riposte, d’épuiser leur combativité et d’écarter ainsi tout risque d’unification de leur luttes. A ce titre, la manifestation des pompiers civils professionnels du mardi 21 novembre pour la défense de leurs retraites et l’octroi d’une prime supplémentaire de risque est très révélatrice. Devant des conditions de travail de plus en plus intolérables et la baisse continuelle du salaire réel, ces travailleurs sont animés d’une grande combativité. Ils subissent ce que subit toute la classe ouvrière. Pourtant, c’est bien une journée d’action nationale particulière, avec des revendications spécifiques, qui fut organisée par les syndicats. Pire, ces forces d’encadrement ont organisé un véritable piège en appelant à manifester près du pont d’Austerlitz à Paris alors que les forces de l’ordre très nombreuses bloquaient tous les accès vers le centre de la capitale et obligeaient les manifestants à se replier vers les boulevards extérieurs. Tout a été fait pour que les pompiers très remontés se retrouvent coincés face à des CRS chauffés eux aussi à blanc. Le but était clair : créer des affrontements, des explosions de violence. La bourgeoisie a pu ainsi faire tourner en boucle sur les écrans de télévision les images de ces pompiers jetant tout ce qui leur tombait sous la main contre les flics dans une véritable bataille rangée. Là encore, il s’agissait de diviser la classe ouvrière, de l’effrayer, de la décourager d’entrer en lutte et surtout l’empêcher d’exprimer tout sentiment de solidarité. Chaque fois, les syndicats sabotent les luttes en les conduisant vers des pièges et des impasses en poussant les ouvriers vers l’isolement le plus complet dans l’usine, dans le cadre le plus corporatiste possible ou vers le déchaînement de la violence la plus aveugle. Toutes ces manœuvres visent à faire obstacle au besoins les plus vitaux de la lutte : la mise en œuvre de son extension et de la solidarité.

Il n’y a aucune illusion à se faire ni sur les élections, ni sur les syndicats qui sont des rouages du maintien de l’exploitation capitaliste au service de la classe exploiteuse et de son Etat. Devant la massivité des attaques, la prise en main des luttes par les travailleurs eux-mêmes est la seule réponse possible pour pouvoir affirmer, développer et unir leurs forces dans un même combat de classe !


Régis (25 novembre)

1 [3] Le Monde du 23 novembre 2006.

2 [4] Le Parisien du 24 novembre 2006.

Récent et en cours: 

  • Crise économique [5]
  • Luttes de classe [6]

Proche-Orient : une région plus que jamais dévastée par les massacres impérialistes

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Alors que la guerre qui vient de secouer le Liban est à peine terminée, après le retrait des troupes israéliennes, ce pays est à nouveau menacé de sombrer dans une nouvelle phase de chaos.

Le Liban replongé dans la tourmente impérialiste

L’assassinat du ministre chrétien de l’industrie Pierre Gemayel (sixième dirigeant politique assassiné depuis un an) plonge un peu plus ce pays dans l’anarchie et le déchirement. Ses obsèques ont permis à des centaines de milliers de personnes d’exprimer leur colère contre la tutelle syrienne. Sous l’influence directe d’autres puissances, le fossé se creuse toujours un peu plus entre les communautés, Chrétiens et Sunnites se retrouvant très momentanément alliés contre les Chiites. Depuis l’échec de l’invasion israélienne, le poids politique du Hezbollah, pro-syrien et soutenu également par l’Iran, s’est considérablement renforcé au Liban. Ce petit pays du Proche-Orient cristallise à lui seul toutes les tensions impérialistes qui traversent l’ensemble de la région. Le drame libanais, comme l’ensemble du développement des tensions impérialistes dans le monde, est directement déterminé par l’affaiblissement croissant de la première puissance mondiale, les Etats-Unis. De ce fait, l’Etat d’Israël, principal allié de l’Oncle Sam dans toute la région du Moyen-Orient, ne peut lui-même qu’étaler au grand jour ses propres faiblesses. Par contrecoup, l’Iran s’affirme toujours davantage comme une puissance régionale aux appétits féroces. Son influence en Irak, comme au Liban aux côtés de la Syrie, ne pourra laisser les Etats-Unis et Israël sans réaction. Et ceci d’autant plus que les autres impérialismes, français et italien notamment, sous couvert d’intervention pour maintenir la paix au Liban, se sont précipités militairement sur le terrain afin d’y défendre leurs sordides intérêts. Le niveau de tensions qui se développe entre la France et Israël s’est affiché au grand jour récemment lorsque des avions de combat israéliens ont survolé le Sud-Liban. Les forces armées françaises ont réagi immédiatement en disposant leurs batteries anti-aériennes en position de tir.

Face à cette accumulation de tensions impérialistes, il ne pourra plus y avoir dans ce pays, devenu quasiment ingouvernable, de période de stabilité. Cette situation de guerre permanente et de chaos est celle qui se répand inexorablement dans tout le Moyen-Orient.

A Gaza, un nouvel enfoncement dans la barbarie et le chaos

Depuis un mois, les territoires palestiniens de la bande de Gaza font de nouveau la une des médias bourgeois. Chaque jour qui passe y connaît son lot de violence et de tueries. Cette population déjà réduite à la misère la plus extrême (plus de 70% de la population se trouve au chômage) vit en permanence la peur au ventre et sa seule préoccupation est de tenter de survivre au quotidien.

Au début du mois de novembre, de nouvelles roquettes tirées depuis les territoires palestiniens de la bande de Gaza se sont abattues dans le Sud d’Israël, touchant plus particulièrement à la mi-novembre la ville de Sderot. En réponse à cette attaque, le ministre de la défense Amir Péretz a donné l’ordre à l’armée israélienne de développer une offensive aérienne et terrestre dans les territoire de la bande de Gaza. Les raids de l’aviation israélienne commencés au début du mois se sont alors multipliés. Dans la seule nuit du 15 au 16 novembre, cinq raids aériens ont été menés sur des maisons supposées abriter des militants du Hamas, dans les camps de réfugiés de Jabalia et Chatti ainsi qu’à Rafah. La bourgeoisie israélienne n’a eu aucun scrupule à proclamer cyniquement vouloir mener des opérations ponctuelles et des liquidations ciblées en bombardant des maisons en pleine agglomération. A Beit Hanoun, en un seul bombardement aérien, ce sont 19 civils palestiniens qui ont été tués. Ces raids n’épargnent évidemment personne, ni femmes, ni enfants, ni vieillards.

La bourgeoisie, quelle que soit sa nationalité, se moque éperdument des souffrances qu’elle provoque avec une violence redoublée, pour défendre ses sordides intérêts impérialistes. Quelle différence peut-il y avoir entre les attaques terroristes aveugles, perpétrées par des Palestiniens kamikazes fanatisés par la branche armée du Hamas et les raids aériens israéliens aveugles et meurtriers ? En réalité, il n’y en a aucune : chaque bourgeoisie ne fait qu’utiliser, au mépris de toute vie humaine, les moyens dont elle dispose, au mieux de ses intérêts de clique impérialiste. De ce fait, ce conflit israélo-palestinien ne peut que s’enfoncer dans la barbarie. Le retrait de l’armée israélienne de la bande de Gaza en septembre 2005, après 38 ans d’occupation militaire, ne signifiait en rien un retour au calme et encore moins une possibilité d’aller vers la paix. Depuis un an, la violence n’a fait que se développer pour connaître pendant ce mois de novembre une nouvelle accélération brutale. La dernière déclaration du ministre de la défense Amir Peretz donne le ton de ce qui va se passer dans les semaines à venir, lorsqu’il demande à l’état- major de l’armée israélienne de plancher "sur de nouvelles initiatives agressives dans la bande de Gaza." (cité par Courrier international du 17 novembre). Tandis que son collègue aux infrastructures, le travailliste Binyamin Ben Eliezer avance de son côté : "Il faut les poursuivre nuit et jour. Nous leur ferons voir ce qu’est la dissuasion. Si les tirs ne s’arrêtent pas, ils [les responsables du Hamas] n’auront pas de répit, à commencer par le premier ministre, Ismail Haniyeh, jusqu’au dernier des siens." (Idem)

Toutes les bourgeoisies sont responsables du chaos

L’Etat d’Israël, après son échec au Liban, est entraîné comme les Etats-Unis dans un processus d’affaiblissement irréversible. Cet affaiblissement du leadership américain et de son allié israélien ne peut qu’encourager toutes les autres puissances impérialistes, des plus grandes aux plus petites, à s’impliquer dans les conflits. La multiplication des affrontements au sein de l’ONU en témoigne. Ainsi, les Etats-Unis ont posé leur veto à la résolution soutenue par les membres du Conseil de Sécurité et proposée par le Qatar, et condamnant entre autres les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza. De même, "l’initiative de paix" pour le Proche-Orient prise par la France et l’Espagne a été également immédiatement refusée par Israël et froidement accueillie par Washington.

Le Liban est un enjeu de la mêlée à laquelle se livrent ces bourgeoisies à travers le conflit israélo-palestinien pour défendre leurs intérêts particuliers. Au-delà du Liban lui-même, tous ces "défenseurs de la paix" ne font en définitive que chercher à déstabiliser leurs rivaux et à pousser les fractions rivales locales à s’entre-déchirer dans la région comme dans l’ensemble du Moyen-Orient, où ils ne font qu’attiser la guerre et le chaos.


Tino (25 novembre)


Géographique: 

  • Moyen Orient [7]

Licenciements à Volkswagen en Belgique : un exemple du sale boulot des syndicats

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Hier encore, patrons, gouvernement et syndicats affirmaient en chœur aux travailleurs de Volkswagen : si vous acceptez plus de flexibilité et une accélération des cadences, vos emplois seront sauvegardés. On voit aujourd’hui ce que valent ces belles promesses : 4000 licenciements directs et 8 à 10 000 licenciements indirects.

L’impasse de l’économie de marché

Depuis plusieurs jours, à coups d’émissions en direct et d’éditions spéciales, les médias bourgeois étalent tout le désarroi des travailleurs de VW jetés à la rue comme de vulgaires Kleenex. Le message que la bourgeoisie veut faire passer est clair : c’est triste et regrettable mais il n’y a rien à faire, ce sont les lois de l’économie et les conséquences de la mondialisation. Cela ne sert à rien d’opposer une résistance, car la logique de la concurrence capitaliste s’imposera de toute façon. La seule manière de s’en sortir est d’être plus compétitif et donc d’accepter encore plus de sacrifices, demandés par nos exploiteurs dans l’intérêt de la sauvegarde de l’économie nationale.

Mais ces " lois de l’économie de marché", ce sont les lois du capitalisme, leurs lois à eux : patronat et gouvernements. Des lois qui conduisent à un cycle sans fin de licenciements, de délocalisations, et de baisses des salaires. Des lois qui imposent aux ouvriers des pays industrialisés un rythme de travail et une flexibilité insupportables, et à leurs frères de classe des pays " émergents " des conditions de travail inhumaines.Quant à la solidarité qui nous est demandée avec le patronat et le gouvernement de " notre pays ", c’est la garantie de devoir encore subir plus de plans d’austérité ou de flexibilité au nom de " la compétitivité de ‘notre’ économie", c’est-à-dire au nom de la défense des taux de profit de la bourgeoisie belge dans la guerre de concurrence impitoyable qu’elle mène avec ses congénères, c’est la garantie d’être opposé aux travailleurs des autres pays dans une spirale sans fin de baisses des salaires, de hausses de productivité et de dégradation des conditions de vie.

Après les licenciements massifs à Renault Vilvorde, la SNCB, la Sabena, Ford Genk, DHL, Inbev ou AGFA Gevaert, avec demain peut-être Opel et, une fois de plus, la Poste, après "le pacte des générations" pour la compétitivité ou l’emploi, qui a réduit nos salaires et augmenté la flexibilité jusqu’à des niveaux effroyables, quelle perspective offre cette spirale d’austérité et de concurrence effrénée ? L’expérience des semaines passées à VW confirme ce que de plus en plus de travailleurs commencent à ressentir : l’économie capitaliste n’a rien à offrir que la paupérisation, l’insécurité et la misère sans fin.

Gouvernement et syndicats organisent la division
et instillent un sentiment d’impuissance

La soi-disant surprise de la bourgeoisie belge face à la brutale attaque à VW n’est que pure hypocrisie. Ce séisme social tombe bien à point pour elle au moment où doit se conclure un nouvel accord interprofessionnel devant fixer la " modération salariale " dans l’ensemble de l’industrie. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si, plusieurs semaines avant l’annonce des licenciements massifs, des rumeurs, savamment distillées, couraient déjà sur différents scénarios de licenciements. Aussi, dès que les chiffres se sont concrétisés, la bourgeoisie et ses syndicats étaient sur place pour encadrer la colère, diviser les travailleurs et en faire une démonstration d’impuissance pour l’ensemble de la classe ouvrière.

Dès avant l’annonce définitive, les syndicalistes socialistes pointaient du doigt les responsables : les coupables n’étaient pas le patronat ni l’Etat bourgeois, mais les travailleurs allemands et "leurs "organisations syndicales qui, pour sauver leurs emplois, auraient sacrifié VW-Forest ! Quel mensonge répugnant ! Les travailleurs allemands, comme ceux de tous les pays, sont tout autant victimes de l’agression capitaliste. Nos ennemis, ce ne sont pas nos frères de classe d’un autre pays ou d’une autre région : ils subissent les mêmes attaques sauvages sur leurs conditions de vie ou de travail. Non ! Notre ennemi, c’est le capitalisme qui engendre fatalement cette logique infernale d’exploitation accrue et de licenciements, cette logique de compétition économique et guerrière de par le monde. En réalité la bourgeoisie et ses syndicats (en Belgique comme en Allemagne) jouent un jeu crapuleux en montant les ouvriers d’un pays contre ceux d’un autre à travers un immonde chantage aux salaires et à l’emploi

En braquant les projecteurs de l’ensemble des médias sur la colère impuissante et le désarroi des ouvriers à VW, l’objectif de la bourgeoisie et des organisations syndicales est d’étaler ce sentiment d’impuissance sur l’ensemble de la classe ouvrière de Belgique. La signification du message est claire : si ce puissant contingent, qui s’est régulièrement fait remarquer par ses luttes et sa combativité (les médias se plaisent à rappeler que l’usine avait la réputation dans les années 1990 d’être une usine "gréviste ") ne peut s’opposer à de telles mesures, alors la classe ouvrière ne le pourra nulle part en Belgique.

Le développement de ce battage n’est pas innocent. Gouvernement, patronat et syndicats sont inquiets face au développement d’un sentiment de colère un peu partout dans la classe ouvrière, sentiment qui commence à se manifester par une reprise du chemin des luttes dans de nombreux secteurs. C’est pour faire barrage à cette montée des conflits que la bourgeoisie essaie de faire passer ce sentiment d’impuissance et de fatalité.

Les syndicats organisent une mascarade de solidarité ouvrière

Les organisations syndicales sont parvenues à éviter l’éclatement de la lutte à VW. Ils ont demandé aux ouvriers de rester isolés chez eux à la maison, sans informations ni perspectives, dépendant du bon vouloir des patrons et des négociations à venir. Ils ont ensuite imposé aux ouvriers non pas une lutte active, mais une grève interminable (annoncée jusqu’au 15 décembre, le jour de la notification officielle des décisions en Allemagne), où chacun est resté isolé chez soi. La seule préoccupation des syndicats est de "rester digne", de " préserver l’outil de travail", de "ne pas occuper le site" sous le fallacieux prétexte de ne pas fâcher le patronat qui, disent-ils, tiendrait compte de "cette attitude responsable"  ! Purs bobards ! Les syndicats dévoilent là leur véritable nature de défenseurs des intérêts du capitalisme contre les intérêts des travailleurs !

C’est pourquoi, afin de ne pas apparaître comme de purs et simples saboteurs, ils organisent une mascarade de solidarité autour du cas de VW. C’est une mascarade parce que ce n’est en rien une réelle solidarité dans la lutte afin de faire plier, tous ensemble, le patronat et le gouvernement, mais un simulacre de solidarité consistant à organiser une manifestation nationale sans lendemain le 2 décembre et à envoyer quelques délégations syndicales dans les autres usines automobiles pour y rencontrer leurs homologues syndicalistes et quémander leur "soutien". C’est une véritable mascarade puisque tout cela est fait dans le seul but de "négocier avec les patrons les moins mauvaises conditions de licenciements", d’appuyer le gouvernement dans son "exigence" "d’un nouveau projet industriel" et de discuter le "reclassement" des milliers de sans-emploi … aux conditions du "Pacte des générations" c’est-à-dire avec obligation d’accepter n’importe quel travail à n’importe quelles conditions sous peine de perdre ses droits aux allocations !

La seule réponse aux attaques se trouve dans la véritable solidarité ouvrière

Toute l’histoire montre aussi que seule l’extension de la lutte aux autres fractions de la classe ouvrière est capable, même temporairement, de faire reculer la bourgeoisie. Et, vu l’effervescence parmi les travailleurs de nombreux secteurs, vu les menaces de licenciements dans d’autres usines, de telles possibilités d’extension ne sont nullement imaginaires. Mais cela signifie aussi que la solidarité ouvrière et l’extension des luttes ne peuvent être réalisées que par les ouvriers eux-mêmes. Ceci exige des assemblées massives et souveraines, prises en main par les ouvriers au travers d’une participation massive de tous et de tous les secteurs en lutte. Ceci ne peut être réalisé qu’en se confrontant au sabotage syndical et sous le contrôle direct des ouvriers en lutte.

Pour cela, il nous faut prendre exemple sur les combats récents (comme les luttes contre le CPE en France, les grèves du métro de New-York en décembre 2006 ou encore celle des métallurgistes à Vigo en Espagne au printemps dernier), où sont réapparues les marques de solidarité prolétarienne, les assemblées générales sous le contrôle des ouvriers ainsi que l’exigence de négocier directement, sans la médiation syndicale.


D’après Internationalisme, organe du CCI en Belgique ( 24 novembre 2006)


Situations territoriales: 

  • Belgique [8]

Récent et en cours: 

  • Crise économique [5]

Investiture de Ségolène Royal : en costume ou en tailleur, le PS reste un ennemi de la classe ouvrière

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La campagne pour l’investiture socialiste en vue des prochaines élections présidentielles a ENFIN touché son but et the winner is… Ségolène Royal. Le 16 novembre, le beaujolais nouveau est arrivé, le candidat PS aussi !

L’éléphant accouche de sa souris mais diable que ce fût long et bruyant ! Il aura fallu presqu’un an de gestation et surtout de gesticulations pour en arriver à ce résultat. De l’éclosion à l’explosion médiatique de Madame Royal, jusqu’au bouquet final de la "guerre des 3 roses" (opposant Fabius, Royal et DSK au cours de 6 débats publics dont 3 diffusés sur les chaînes parlementaires), en passant par la capitulation de Jack Lang et celle de Lionel Jospin, l’épopée des candidats à la candidature socialiste nous aura été présentée sous toutes les coutures.

Sur le modèle des primaires américaines et italiennes, la bourgeoisie française a très clairement voulu faire de ces élections internes au Parti Socialiste un enjeu colossal ! "Mais qui sera le candidat désigné pour défendre les couleurs du PS en 2007 ?" La question n’a pas cessé de tourner en boucle sur les plateaux de télé, dans la presse et sur Internet. Depuis le mois de septembre, pas moins de 25 sondages ont été commandés et diffusés sur ce thème. Certains journaux, à l’image du Parisien, en ont tellement abusé qu’ils ont fini par décider de "lever le pied" pour ne pas donner l’impression de participer "à la canonnade sondagière".

Le soir du 16 novembre, la tension était donc fatalement à son comble… jusqu’à l’écrasante victoire du clan Royal. Evidemment, cette mise en haleine et ce suspense quasi hitchcockien ne pouvaient viser qu’un seul objectif, celui d’embrouiller les consciences en suscitant le maximum d’intérêt pour les élections présidentielles à venir. Ainsi, à la veille du vote interne, Madame Royal, savante dans l’art de faire monter la pression, déclarait solennellement dans une ultime vidéo : "Le 16 novembre c’est déjà le premier tour du vote de 2007." Rien que ça !

Monsieur Hollande (candidat plus que sérieux au titre de "première dame de France") ne s’est pas trompé en qualifiant de "belle réussite" cette "procédure inédite" de sélection du prétendant socialiste au trône élyséen.

En effet, pour la classe dominante, ce déluge médiatique est une "belle réussite" parce qu’il permet de raviver la vieille illusion selon laquelle le bulletin de vote peut être source de changement et d’avenir.

"Aux urnes citoyens !" ; la bourgeoisie découvre avec le cirque pré-électoral des primaires, un excellent moyen de polariser les esprits (bien avant l’heure) sur ce même choix pourri qu’elle nous resservira d’ici quelques mois : "Alors ? La peste ou le choléra ?"

Rien de neuf au PS, toujours le même projet…

Au cours de cette campagne interne au PS, la bourgeoisie a tenté de nous faire croire que trois gauches s’affrontaient avec trois "projets d’avenir" radicalement différents. "Laurent Fabius incarne un socialisme étatique et républicain de gauche, Dominque Strauss-Kahn une social-démocratie rénovée, tandis que Ségolène Royal prône une démocratie participative…" (Le Monde du 9 novembre 2006). Au bout du compte, ce qui devait impérativement ressortir de cette campagne, c’est l’image d’une "renaissance du PS", "plus à gauche", "plus moderne", "plus démocratique" ou "plus de n’importe quoi", peu importe pourvu que l’on fasse avaler aux travailleurs que quelque chose de neuf s’est produit à gauche et peut encore se produire pour leur propres destinées s’ils votent judicieusement pour cette "promesse d’avenir" en 2007.

"Le PS nouveau est arrivé" et il faut bien dire que le triomphe de Ségolène Royal reste l’option la plus crédible pour donner chair à cette supercherie. "Parce que c’est ELLE", comme l’a dit Jack Lang ; parce qu’ "une femme enfin est en mesure de l’emporter à la présidentielle !", d’après Libération ; "le peuple français est en train d’écrire une nouvelle page de son histoire", selon Madame Royal en personne. Voilà la nouveauté ? La belle affaire ! Une femme chef de file du PS et, peut-être, présidente. En quoi cela changerait-il la nature du PS et la face du monde ? C’est simple… en rien !

… défendre le capital national et frapper sur les ouvriers

DSK, Fabius et Royal ont eu beau faire des ronds de jambes sur le trottoir de la rue Solférino pour aguicher le chaland, on ne sait que trop bien l’odeur fétide de leur camelote.

La reconversion sur le tard de Monsieur Fabius en chantre du "socialisme vraiment social" ("si, si, cette fois c’est promis, on vous le jure !") ne fait que difficilement illusion. Il faut dire que l’animal a un pedigree plutôt gratiné.

"Pour ceux qui sont en haut du panier tout va très bien, ils ont tout […] Et les autres ?"

"Je me suis toujours senti proche des pauvres…". Ce doit être pour cela que ce bon Fabius, Premier ministre de 1984 à 1986, avec ses copains "socialos", a lancé le fameux "plan acier" en 1984. Un plan de restructuration du secteur sidérurgique (sous couvert de "modernisation" industrielle) qui a laissé sur le carreau des milliers d’ouvriers. La Lorraine se souvient encore de cette suppression massive d’emplois. Un an plus tard, il lancera les TUC (travaux d’utilité collective) rémunérés à la moitié du SMIC. Voilà le Fabius authentique, pionnier de la précarisation du travail. Alors, quand il se présente en 2006 avec pour slogan "à gauche toute", on ne peut s’empêcher de penser que sa reconversion aurait été plus simple et naturelle… sur la voie du grand comique.

Quant à Royal et DSK, ils ont un passé tout aussi remarquable en tant que têtes d’affiche de cette gauche plurielle conduite par Jospin en 1997. Une gauche qui a su nous prouver, une nouvelle fois au pouvoir, tout ce qu’elle avait de "social" à travers sa chasse aux immigrés, la flexibilisation du travail, l’intensification des cadences de production via l’instauration des 35h (inspirées par DSK alors ministre de l’économie) ou encore la réforme du système de santé entamée par Martine Aubry.

Le PS a-t-il aujourd’hui un programme différent de celui d’hier ? Peut-il proposer une autre politique que celle consistant à taper toujours plus fort sur les travailleurs ? Il est évident que non ! Le projet du PS adopté au congrès du Mans en novembre 2005, démagogique à souhait comme il se doit en ces circonstances électorales, nous laisse cependant un avant-goût des prochaines rafales qu’il réserve à la classe ouvrière. Ainsi, le programme d’entrée dans la vie active, nommé plantureusement EVA, n’augure rien moins qu’un retour du CPE… à la sauce Royal bien entendu.

Les propositions avancées par la candidate socialiste ne laissent d’ailleurs subsister aucun doute quant à la nature irrémédiablement anti-ouvrière du PS. "Il est devenu insupportable de défaire la nuit ce que Pénélope a fait le jour. Je ne déferai pas pour le plaisir ce qu’a fait la droite." (Ségolène Royal interviewée par les lecteurs du Parisien dans son édition du 23 février)

Précarité, flexibilité et flicage… le la est donné par cette autre brave Pénélope fidèle à son Parti et à sa classe, celle des exploiteurs.

Dans un entretien au Financial Times, le 2 février, Royal expliquait en effet que "Tony Blair a été caricaturé en France, cela ne me dérange pas de me référer à certaines de ses idées… il a obtenu un véritable succès en mettant en avant plus de flexibilité…"

De même, Ségolène Royal compte plus que jamais poursuivre les suppressions de postes dans le secteur public. Sa déclaration au sujet du temps de travail des enseignants lors d’une réunion socialiste à huis clos, diffusée sauvagement sur fonds de règlements de compte par le clan Strauss-Khan, est de ce point de vue très explicite : "… moi j’ai fait une proposition, par ailleurs je vais pas encore la crier sur les toits… que les enseignants restent 35h au collège…" Ne pas remplacer les départs d’enseignants, administratifs ou surveillants, implique effectivement d’augmenter le temps de présence et la charge de travail des profs. Tout ceci s’inscrit logiquement dans la politique du dégraissage, l’interminable cure d’amaigrissement des effectifs de l’Education Nationale.

Aussi, la nouvelle star du PS n’a pas oublié de s’exprimer sur le flicage de la classe ouvrière en planifiant d’ores et déjà le renforcement de l’encadrement syndical. Il faut dire que l’idée de départ de Madame Royal était ni plus ni moins que l’adhésion obligatoire aux syndicats. Enfin, la chasse aux immigrés sera toujours de mise (cela va sans dire) mais "dans le respect de la personne", les clandestins sauront apprécier cette délicate attention.

"Exploitation, ordre et sécurité", c’est tout le programme de ce "socialisme rénové" et de sa candidate. "L’ordre juste" (formule de campagne de Ségolène Royal) ou "juste l’ordre", c’est effectivement l’essence du projet de la social-démocratie et cela depuis qu’elle est passée avec armes et bagages, il y a près d’un siècle, dans le camp de la défense du capital.

Azel (18 novembre 2006)

 

Situations territoriales: 

  • Vie de la bourgeoisie en France [9]

Récent et en cours: 

  • Elections 2007 [10]

Naissance de la CSI : la solidarité des syndicats au service du capital

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Le 1er novembre 2006, à Vienne (Autriche), la Confédération Syndicale Internationale (CSI) a vu le jour en regroupant, en son sein, 330 syndicats en provenance de 156 pays. Cette jonction des forces syndicales dans une seule et même instance a été saluée par tous les médias comme un "grand événement de portée historique", mettant fin à une division syndicale héritée de la période de la "guerre froide".

En effet, cette CSI réunit désormais sous une même bannière les trois grands courants syndicaux d’obédience social-démocrate, chrétienne et stalinienne, c’est-à-dire les entreprises d’embrigadement idéologiques les plus massivement utilisées depuis un siècle contre la classe ouvrière

En France, les quatre principales centrales syndicales (FO, CGT, CFDT, CFTC) figurent désormais parmi les adhérentes de cette nouvelle structure. A côté de ces vieilles boutiques traditionnelles, ce bric-à-brac a également fait l’amalgame de syndicats plus récents qui ont particulièrement pullulé au cours des deux dernières décennies dans le "tiers-monde" face au développement international des luttes ouvrières : en Afrique, en Asie ou en Amérique latine (comme la CUT au Brésil ou le COSATU en Afrique du Sud). Puisque "la valeur n’attend pas le nombre des années", c’est tout naturellement que ces "jeunots" ont fait, partout, leurs preuves en tant que saboteurs acharnés du combat ouvrier.

La "création" du CSI nous est aujourd’hui présentée par l’ensemble de la presse comme l’émergence d’un organe "unifié" de luttes contre les méfaits de la "mondialisation"… Les objectifs de la CSI parlent d’eux-mêmes. Il ne s’agit évidemment nullement de développer la lutte de classes ni d’œuvrer au renversement du capitalisme mais de "changer la mondialisation afin qu’elle fonctionne en faveur des travailleuses et des travailleurs, des sans-emploi"… Sa première initiative serait "d’organiser une journée d’action mondiale afin de réclamer une action internationale immédiate pour formuler et mettre en œuvre l’agenda d’une nouvelle mondialisation". Plus langue de bois et plus creux, tu meurs! Et pour les plus "radicaux" de ces Messieurs (ardents défenseurs de ce regroupement) il s’agirait là, carrément, "d’une nouvelle Internationale". C’est en particulier le cas de l’organisation trotskiste LCR qui lui consacre une double page dans son hebdomadaire Rouge du 2 novembre : "Les internationalistes que nous sommes ne peuvent que se réjouir de ce mouvement. Travailler à l’unité de la classe ouvrière mondiale est bien la réponse appropriée à la phase actuelle du développement capitaliste." Quelle imposture ! En fait de "travail à l’unité de la classe ouvrière mondiale", tous ces syndicats sont ceux qui depuis des lustres travaillent sans relâche CONTRE LA CLASSE OUVRIERE, POUR SA DIVISION. C’est à eux que revient la tâche de faire gober aux prolétaires toutes les attaques comme tous les plans de licenciements décidés par la bourgeoisie et les gouvernements. Ce sont eux qui assument directement la gestion des organismes sociaux comme l’assurance maladie, les mutuelles, l’assurance chômage, les caisses de retraite et qui ont participé en première ligne au démantèlement de la protection sociale, au recul de l’âge de la retraite, aux attaques contre la sécurité sociale, à la baisse d’indemnisation des chômeurs, à la hausse des cotisations sociales, etc... Ce sont toujours eux qui, dans tous les pays, sabotent les luttes par la promotion qu’ils font de l’enfermement usiniste, corporatiste ou sectoriel, du particularisme, et de l’isolement en tout genre… Ils ont depuis un siècle partout la même fonction. Rouages parfaitement intégrés à l’appareil d’Etat, ils tentent d’encadrer la classe ouvrière et de dévoyer ses luttes sur le terrain de la gestion du capital. Pourquoi faire aujourd’hui une CSI, cette escroquerie qui ne peut que proposer une énième contrefaçon de la lutte de classe ? D’abord pour tenter de redorer le blason terni du syndicalisme. Enfin, et surtout, la bourgeoisie est contrainte d’organiser un contre-feu face à une remontée internationale de la lutte de classe qui s’affirme depuis trois ans. C’est parce qu’il existe et se développent au sein de la classe des besoins réels d’unité, d’extension, de solidarité, d’internationalisation que les syndicats cherchent à les reprendre à leur compte pour les dénaturer avec l’appui de toute la bourgeoisie.

La CSI est bien une internationale, mais elle est uniquement celle des syndicats contre la classe ouvrière. Un bel exemple de solidarité et d’entraide entre syndicats de tous les pays pour que chacun puisse profiter de l’expérience accumulée par les autres en matière de sabotage des luttes. "Ensemble, on est plus fort"… La bourgeoisie a toujours su mettre de côté ses dissensions pour faire front commun face au danger prolétarien.

Il faut se souvenir qu’il n’y a pas si longtemps, en 1980, la horde syndicale venue d’Occident accourait en Pologne afin de mettre sur pied et consolider le nouveau syndicat Solidarnosc dans le seul but d’étouffer la lutte massive que les ouvriers avaient enclenchés.

Regroupés en "Internationale" ou pas, les syndicats n’en continueront pas moins à poursuivre exactement leur sale boulot qui en font les ennemis farouches de la classe ouvrière.


W. (21 novembre)


Récent et en cours: 

  • Luttes de classe [6]

Guerre en Irak : l'enlisement des Etats-Unis dans le bourbier irakien

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Pour la population vivant en Irak, la vie quotidienne est devenue insupportable. Chaque jour apporte son lot nouveau d’attentats, de destructions et de morts. La soif de destruction ne semble plus avoir de limites. Le jeudi 23 novembre, Bagdad a connu son attentat le plus meurtrier, et de loin, depuis 2003 et le déclenchement de la guerre. La cible principale était Sadr City, l’immense quartier populaire chiite de la capitale irakienne. Voitures en flammes, cadavres calcinés, échoppes ravagées, tout le quartier offrait un air de désolation. Cet attentat, dans lequel au moins quatre véhicules bourrés d’explosifs ont été détruits, aurait fait plus de 152 morts et 236 blessés. Au même moment, une centaine d’hommes armés attaquaient le ministère de la santé, contrôlé par Ali al Chémari, partisan de Moqtada Sadr, l’imam radical chiite et chef d’une milice puissamment armée. L’Irak est en plein chaos. La guerre fait rage entre Chiites et Sunnites. Le gouvernement ne contrôle plus rien. Quant à l’armée américaine, elle est stationnée dans des camps retranchés, dont elle ne sort plus que pour mener des opérations coup de poing, qui se soldent à chaque fois par des morts supplémentaires, dans la population civile et au sein de l’armée elle-même. Pour les Etats-Unis, cette guerre est un échec cuisant. Rien ne semble pouvoir empêcher l’enlisement définitif des Etats-Unis dans ce bourbier Irakien.

Il n’ y a pas d’alternative à la politique impérialiste actuelle des Etats-Unis.

Les élections qui viennent de se dérouler dans ce pays ont donné pour la première fois depuis douze ans le contrôle des deux chambres du Congrès américain au parti démocrate. Il faut remonter à 1974 pour voir ce dernier gagner autant de sièges en une seule élection. Le président Bush lui-même a parlé d’une "raclée" infligée à son parti. Mais toute la presse bourgeoise américaine est unanime, ce rejet de Bush et du parti conservateur est avant tout : "une réaction à la guerre en Irak…" (Washington Post cité par Le Monde du 9 novembre 2006) La guerre en Irak et en Afghanistan est en train de devenir plus onéreuse que la tristement célèbre guerre du Vietnam. Depuis 2001, 502 milliards de dollars ont déjà été dépensés pour la "guerre contre le terrorisme." Sans cesse, la population américaine apprend que de tout jeunes soldats y perdent presque chaque jour leur vie. Et tout cela pourquoi ? En Irak tout le monde sait maintenant que la paix ou la stabilité sont devenues des mirages. Quant au terrorisme, il ne cesse de s’y développer. Avec cette guerre, l’affaiblissement accéléré de la première puissance mondiale s’étale au grand jour. La très grande majorité de la bourgeoisie américaine, y compris au sein du parti conservateur de George Bush, cherche à tout prix les moyens de se sortir de cette impasse. Déjà, depuis quelques mois, la bourgeoisie américaine avait tenté de réagir. Elle a créé à cet effet une commission formée de personnalités républicaines et démocrates, intitulée : "Groupe d’étude sur l’Irak". Ce groupe, co-présidé par James Baker, vieux routier de la politique internationale des Etats–Unis, réfléchissait sur les moyens de sortir le pays de cette crise. Cette éminence grise de la bourgeoisie américaine a sans contestation aucune pris de plus en plus de poids auprès de George Bush au détriment de ses conseillers habituels. Robert Gates, ami de James Baker et membre du même groupe de travail sur la question irakienne a été nommé à la place de Donald Rumsfeld, au sein de l’administration Bush. En public, James Baker a dévoilé les différentes options qui sont actuellement discutées au sein de son groupe d’étude et de l’administration américaine. Il aurait été envisagé de découper l’Irak en trois régions autonomes. Cette option surréaliste proposée par le démocrate Joe Biden, conduirait tout droit à une guerre civile permanente, totale et incontrôlable, qui serait un facteur de premier ordre pour accélérer la déstabilisation de l’ensemble de la région. La deuxième option proposée par Lawrence Korb, du "Tink tank Center for Americain Progress", consisterait à déplacer les troupes américaines vers des pays voisins, d’où ils ne se rendraient plus en Irak que pour des actions coups de poing. Cette option, en plus de la généralisation totale du chaos en Irak, se traduirait inévitablement par une accélération du discrédit du leadership des Etats-Unis dans le monde. Un tel camouflet pour une première puissance mondiale déjà mal en point, serait tout à fait insupportable. L’impasse des Etats-Unis en Irak est telle que cette même commission, par l’entremise de James Baker, affirme en accord avec une grande partie de la classe politique américaine sa volonté d’ouvrir le dialogue avec la Syrie et l’Iran. Il propose tout simplement que la diplomatie américaine s’oriente vers de nouvelles négociations régionales. Au moment-même où la Syrie et l’Iran affichent toujours plus fortement leurs propres appétits impérialistes en défiant ouvertement les Etats-Unis, cette nouvelle orientation diplomatique se révèle au niveau international comme un véritable aveu d’impuissance.

Républicains ou démocrates au pouvoir :
la politique impérialiste des Etats-Unis restera dans l’impasse

Les résultats des élections aux Etats-Unis ont été salués avec enthousiasme par la presque totalité de la classe politique américaine, démocrates et républicains confondus. Tout au long de la campagne électorale, les démocrates n’ont cessé de critiquer la politique extérieure de l’administration Bush, répétant qu’il faudrait une nouvelle orientation de la politique en Irak, sans pour cela pouvoir préciser celle qui avait leur approbation. En réalité, les Etats-Unis ne peuvent pas quitter l’Irak sous peine de perdre toute crédibilité internationale. La bourgeoisie américaine ne se fait d’ailleurs plus aucune illusion sur ce sujet : "Ce n’est pas tant que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne disposent plus d’options sur le terrain. L’ennui, c’est qu’aucune n’est bien reluisante." (The Observer cité par Courrier International le 16 novembre 2006). Quelle que soit la politique suivie dans les mois à venir, l’affaiblissement des Etats-Unis va continuer de s’étaler au grand jour, favorisant la montée des appétits impérialistes de toutes les autres puissances et la fuite en avant dans le chaos.

Rossi (26 novembre)


Récent et en cours: 

  • Guerre en Irak [11]

Déclaration internationaliste depuis la Corée contre la menace de guerre

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Fin octobre 2006, une conférence d'organisations, groupes et militants internationalistes a été convoquée en Corée du Sud par l'Alliance Politique Socialiste (SPA). Le SPA est (à notre connaissance) la première expression organisée en Extrême-Orient sur la base des principes de la Gauche communiste et cette conférence était certainement la première du genre. Le CCI lui a apporté son plein soutien en envoyant notamment une délégation pour y participer.

Peu avant la Conférence, l’Etat nord-coréen annonçait triomphalement l'explosion de sa première bombe nucléaire, déclenchant ainsi une série de manœuvres de la part d’autres différentes puissances impérialistes présentes dans la région (États-Unis, Chine, Japon, Russie, Corée du Sud). Face à cette aggravation dramatique des tensions inter-impérialistes dans la région, et après un large débat, les participants à la conférence ont adopté une déclaration défendant l’internationalisme prolétarien.

La présence d'une telle voix internationaliste en Corée est un réel pas en avant pour le prolétariat, non seulement de ce pays mais de tout l'Orient et bien au-delà encore.

En 1927, le massacre des ouvriers de Shanghai a marqué le dernier épisode de la lutte révolutionnaire qui a secoué le monde suite à la Révolution d'octobre 1917 en Russie. Les années suivantes, la classe ouvrière, et l'humanité toute entière, a subi l'horreur de la contre-révolution la plus terrible que le monde ait jamais connue. En Extrême-Orient, les masses laborieuses ont alors subi, entre autres calamités, la Seconde Guerre mondiale avec la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki, la guerre de Corée, la famine provoquée par le "Grand Bond en Avant" de la Chine maoïste, la guerre du Vietnam, etc... En Corée, les destructions causées par la guerre de 1950-53, l'occupation par les troupes américaines et leur soutien à la dictature militaire en place jusqu'en 1988, ainsi que la division en deux du pays, ont donné une coloration particulière aux expressions nationalistes du gauchisme local, caractérisé par un fort sentiment anti-américain et un soutien ouvert (ou à peine voilé) au régime stalinien qui sévit en Corée du Nord.

Ainsi, le fait qu'une telle déclaration ait pu être adoptée en Corée, dans une conférence appelée par un groupe qui s'identifie explicitement à la Gauche communiste, afin de dénoncer non seulement l'impérialisme américain mais aussi l’Etat nord coréen, désigné sans ambiguïté comme de nature capitaliste, revêt donc une importance historique toute particulière.

 



Suite à l'annonce de l'expérience nucléaire en Corée du Nord, nous, communistes internationalistes réunis à Séoul et Ulsan :


1) Dénonçons le développement d'une nouvelle capacité nucléaire entre les mains d'un autre État capitaliste : la bombe nucléaire est l'arme ultime de la guerre inter impérialiste, sa seule fonction étant l'extermination massive des populations civiles en général et de la classe ouvrière en particulier.


2) Dénonçons sans réserve ce nouveau pas vers la guerre accompli par l'Etat capitaliste de Corée du Nord qui a ainsi démontré une nouvelle fois (si cela était nécessaire) qu'il n'a absolument rien à voir avec la classe ouvrière ou le communisme, et qu'il n'est pas autre chose qu'une version extrême et grotesque de la tendance générale du capitalisme décadent vers la barbarie militariste.


3) Dénonçons sans réserve la campagne hypocrite des États-Unis et de leurs alliés contre leur ennemi Nord-Coréen qui n'est pas autre chose qu'une préparation idéologique pour déchaîner – lorsqu'ils en auront la possibilité- leurs propres frappes préventives dont les populations travailleuses seront les principales victimes, comme c'est le cas aujourd'hui en Irak. Nous n'avons pas oublié que les Etats-Unis sont la seule puissance à s'être servie des armes nucléaires, lorsqu'ils ont annihilé les populations civiles de Hiroshima et Nagasaki.


4) Dénonçons sans réserve les prétendues "initiatives de paix" qui sont en train d'apparaître sous l'égide d'autres gangsters impérialistes tels que la Chine. Ces derniers ne sont nullement préoccupés par la paix mais bien par leurs propres intérêts impérialistes dans la région. Les travailleurs ne peuvent accorder la moindre confiance aux "intentions pacifique" d'aucun État capitaliste.


5) Dénonçons sans réserve toute tentative de la bourgeoisie sud-coréenne, sous prétexte de la protection de la liberté nationale ou de la démocratie, de prendre des mesures répressives contre la classe ouvrière ou contre des militants dans leur défense des principes internationalistes.


6) Affirmons notre entière solidarité envers les travailleurs de la Corée du Nord et du Sud, de Chine, du Japon, de Russie qui seront les premiers à souffrir en cas d'un déclenchement des affrontements armés.


7) Déclarons que seule la lutte des ouvriers à l'échelle mondiale peut mettre fin pour toujours à la menace de la barbarie, de la guerre impérialiste et de la destruction nucléaire qui est suspendue sur l'humanité sous le capitalisme.


Les prolétaires n'ont pas de patrie à défendre !

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !



Cette déclaration a été signée par les organisations et groupes suivants : Alliance politique socialiste (Corée), réunion du groupe de Séoul du 26 octobre 2006, Courant communiste international, Perspective internationaliste.


Un certain nombre de camarades présents à la Conférence ont également signé la déclaration sur une base individuelle : SJ (Groupe de Séoul pour les Conseils ouvriers), MS (Groupe de Séoul pour les Conseils ouvriers), LG, JT, JW (Ulsan), SC (Ulsan), BM.


Géographique: 

  • Corée du Sud [12]

Massacres au Darfour : le capitalisme sème la mort

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Depuis l’hiver 2003, un véritable génocide se déroule au Darfour, région de l’Ouest du Soudan et limitrophe du Tchad. On compte officiellement plus de 300 000 morts et 2,5 millions de personnes déplacées dans des camps où aucune sécurité n’est assurée, tandis que d’autres sont en errance dans une zone comprise entre le Tchad et le Soudan, mourant de faim et subissant les attaques des bandes armées plus ou moins contrôlées qui gangrènent la région. Les villages sont régulièrement pilonnés par l’aviation soudanaise et la population est soumise, avec l’appui du gouvernement qui les paie, aux exactions des "janjawids", milices sanguinaires apparues en 1988 au Darfour suite à la défaite de Khadafi au Tchad et du retrait de son allié tchadien, protégé par Khartoum, dans cette région.

Ces derniers violent femmes et enfants, pillent, brûlent les villages et les champs, attaquent le bétail, menant une politique de destruction systématique.

Ce n’est qu’en juillet 2004 que l’ONU, en la personne de Kofi Annan, commencera à "s’inquiéter" de la situation, mettant en avant un conflit "ethnique et racial". Et, malgré les déclarations de bonnes intentions, les pseudo-menaces de mesures de rétorsion, les conditions n’ont fait qu’empirer. Et ce ne sont pas les quelque 7000 soldats, sans moyens, sans directives claires, envoyés par l’Union Africaine, qui pouvaient les faire changer. En janvier 2005, l’ONU parle clairement de "crimes contre l’humanité" et appelle, avec sa deuxième résolution n°1593, la Cour pénale internationale à engager des poursuites à l’encontre des responsables des crimes commis. En août 2006, le Conseil de sécurité de l’ONU vote l’envoi de 17 000 soldats et 3000 policiers que refuse Omar al-Béchir, le président soudanais, qui la considère comme une "invasion".

Aujourd’hui, alors que l’Etat soudanais accentue sa pression militaire sur les mouvements rebelles, principalement l’Armée de libération du Soudan, dont la montée a été le prétexte au déchaînement de cette violence, les exactions sur la population redoublent. Et c’est à présent au Tchad, qui soutient les groupes rebelles à Khartoum sous l’œil bienveillant de la France, qui lui-même apporte une aide aux rebelles tchadiens, et en Centrafrique, que s’exportent les tueries, tandis que l’ONU se montre toujours aussi impuissante, malgré les "discussions très bonnes et constructives" d’Addis-Abeba.

En réalité, ce panier de crabes se contrefiche des populations et les tergiversations dont il est l’objet expriment avant tout les différences d’intérêt des uns et des autres. En fait de conflit racial, le Darfour est la résultante des dissensions entre les grandes puissances. Car le Soudan et son pétrole sont particulièrement courtisés par les pays développés, ce qui lui permet de continuer et d’accentuer sa politique de terre brûlée au Darfour. Il en est ainsi des Etats-Unis, qui ont imposé pour la galerie un de ces embargos sur les armes dont on connaît l’inefficacité, et de la Grande-Bretagne qui s’est carrément opposée à toute intervention militaire. La France encore, dont les accointances déjà existantes avec le Soudan l’ont amenée à fermer les yeux. Ce n’est qu’aujourd’hui avec les risques de déstabilisation du Tchad et du Centrafrique, deux de ses derniers bastions en Afrique, que le gouvernement souhaite "stabiliser le Darfour" pour éviter un effet domino. Autrement dit, tant qu’ils crèvent au Darfour, ce n’est pas important mais qu’ils ne viennent pas semer la pagaille dans les chasse-gardées françaises !

Quant à la Chine, vendeuse particulièrement active d’armes dans le monde, elle a trouvé là une aubaine pour l’écoulement de son matériel militaire.

Et même si l’ONU envoie sa soldatesque "pacificatrice" au Darfour, on peut être sûr que ce ne sera que pour ouvrir une période de déstabilisation bien pire, car chacun des protagonistes n’aura pour but que de venir défendre ses propres intérêts, à travers le soutien à des bandes rebelles.

Voila une fois encore la réalité de ce monde capitaliste en pleine putréfaction, où l’humanité n’est que l’otage et le jouet des luttes intestines et des guerres entre cliques armées qui se multiplient sur la planète, soutenues par les puissances, petites ou grandes, qui elles-mêmes s’entredéchirent derrière leurs discours mensongers et cyniques.


Mulan (24 novembre)

 

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  • Afrique [13]

A propos d'un article de l'OCL : Emeutes de banlieue ou mouvement anti-CPE, quelles méthodes de luttes pour l'avenir ?

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L’Organisation Communiste Libertaire (OCL) a publié dans son mensuel Courant Alternatif de l’été 2006 un long dossier au titre des plus prometteur : "Les émeutes de banlieues au regard du mouvement anti-CPE". Rares sont les organisations qui aujourd’hui reviennent ainsi sur la lutte exemplaire du printemps dernier. Le mouvement des étudiants en France est pourtant une mine d’or pour l’ensemble du prolétariat mondial. Sa dynamique et ses méthodes sont autant de leçons pour développer partout la prise en main des luttes par la classe ouvrière. Vouloir comprendre les émeutes des banlieues "au regard du mouvement anti-CPE" est donc de toute première importance. Et l’OCL pose d’emblée la bonne question : "L’immense élan de solidarité dont a bénéficié au début de l’année 2006 la jeunesse scolarisée mobilisée contre le CPE […] incite à se repencher sur la révolte sociale qu’ont connu de nombreux quartiers populaires à l’automne dernier […] Pourquoi cette révolte-là a-t-elle pour sa part obtenu aussi peu de sympathie dans la population ?"

Mais pour cette organisation libertaire, cette belle déclaration d’intention n’est en fait qu’un alibi pour cracher colonne après colonne sur le mouvement du printemps et dénigrer les étudiants en lutte.

Les émeutes, une explosion de haine sans espoir ni perspective

En réalité, pas une seule fois l’OCL ne se penche sur les émeutes "au regard du mouvement anti-CPE". Pas une seule fois elle ne tente de comprendre "au regard" des Assemblées Générales (AG) ouvertes à tous les ouvriers et aux mots d’ordres unificateurs de la lutte des étudiants, pourquoi la mise à feu des quartiers les plus populaires n’a fait qu’engendrer la peur et le repli de la grande majorité des travailleurs, que faciliter le renforcement de la politique sécuritaire et des mesures répressives de l’Etat.

Au contraire, en se couvrant des oripeaux de la radicalité, l’OCL se livre à une apologie de la violence, justifiant point par point les incendies des bus, des écoles, des voitures, des gymnases… pour prouver que ce "ne sont pas des actes gratuits", que ces "cibles" représentent une révolte contre tout ce qui opprime les jeunes des cités au quotidien. La preuve nous dit-elle : "Pourquoi cibler des véhicules personnels […] ? Parce que, quand entre un tiers et deux tiers des ménages de certaines banlieues n’ont pas les moyens d’en posséder, avoir une voiture devient presque – comme un emploi stable - un truc de privilégiés pour certains jeunes." Eh bien justement, attaquer son voisin parce qu’il est un peu moins dans la misère est l’antithèse du combat prolétarien. Evidemment que la colère de ces jeunes émeutiers est légitime, que leur vie présente et à venir est insupportable et inacceptable, mais emportés par la rage du désespoir et le "no future", ils ne peuvent que s’exprimer sur le terrain pourri de la haine et de la destruction.

Ces émeutes ne pouvaient déboucher sur aucun mouvement de solidarité de la part de la classe ouvrière. Même si de nombreux ouvriers pouvaient "comprendre" la colère de ces jeunes exclus, ils en étaient surtout les premières victimes. A aucun moment, ils ne pouvaient se reconnaître dans de telles méthodes parce qu’elles n’appartiennent pas à la lutte de classe.

Les étudiants ont évité le piège de la violence des émeutes

C’est pourquoi l’Etat a multiplié les provocations lors du mouvement anti-CPE, espérant entraîner à leur tour les étudiants dans l’impasse de la violence des émeutes. L’objectif était clair : briser "l’immense élan de solidarité", briser la dynamique de développement de l’unité et de la confiance du prolétariat en faisant passer ces jeunes manifestants pour des voyous et ainsi faire peur aux travailleurs qui se joignaient à chaque manifestation toujours plus nombreux aux cortèges. Début mars, la Sorbonne fut assiégée par des troupes de CRS armés jusqu’aux dents, créant au Quartier latin une atmosphère de guerre urbaine. Les étudiants pris au piège, refusant de céder, étaient privés d’eau et de nourriture. Tout a été fait pour les faire craquer et provoquer des affrontements. Mais les étudiants n’ont pas craqué. Le 16 mars, rebelote : le gouvernement, avec la complicité des organisations syndicales avec qui sont négociés les trajets des manifestations, tend une véritable souricière aux manifestants parisiens qui se retrouvent coincés en fin de parcours par les forces de police. Mais une nouvelle fois, ils ne tombent pas dans le piège de l’excitation du face à face musclé 1 [14]. Et, une nouvelle fois, les médias travestiront totalement le déroulement de cette journée en braquant toutes leurs caméras sur les quelques centaines de jeunes des banlieues qui se livreront, à la marge du cortège, à des jets de pierres et autres violences stériles. Enfin le 23, c’est avec la bénédiction des forces de police que des bandes s’en sont pris aux manifestants pour les dépouiller ou pour les tabasser sans raison. Et ce n’est pas qu’en France, mais à l’échelle internationale que la bourgeoisie a tenté ainsi de focaliser l’attention de la classe ouvrière sur le terrain pourri de la casse et de la castagne anti-flic. En Angleterre, aux Etats-Unis… les journaleux n’avaient que le mot "riots" 2 [15] à la bouche.

A la lumière de ces faits, les prises de position de l’OCL apparaissent purement nauséabondes. Pour elle, la seule chose à retenir de positif du mouvement anti-CPE est justement cet esprit de destruction : "Une minorité active s’est efforcée de le radicaliser, à la fois par des actions violentes en marges des manifs ou des occupations sauvages." L’OCL réaffirmait plus loin : "Une minorité radicalisée d’étudiants ou de militants révolutionnaires s’est montrée décidée à en découdre avec la police et à détruire des vitrines ou d’autres symboles de la société de consommation." Et ce sont ces actes "héroïques" qui sont censés représenter une "cohabitation dans une même démarche violente" avec "ceux et celles venant des quartiers populaires". Voici enfin apparaître le vrai visage de cette solidarité envers les jeunes des banlieues tant prônée par l’OCL : reprendre à son compte les méthodes émeutières, encourager l’ensemble de la jeunesse et des travailleurs à se plonger dans cette fournaise et cette lutte sans perspective.

L’OCL ne fait donc rien d’autre que le jeu de l’Etat qu’elle proclame tant haïr. C’est justement cette "minorité radicalisée d’étudiants" et ces "militants" soi-disant "révolutionnaires" que la bourgeoisie a utilisé pour tenter de décrédibiliser le mouvement et y introduire la crainte, la méfiance et la division.

La lutte des étudiants a offert une perspective aux jeunes des banlieues

Mais l’OCL ne se contente pas de faire le jeu de la bourgeoisie, elle va plus loin encore en dénigrant sans vergogne la lutte des étudiants : "On apprécie mieux ici les graves conséquences qu’a eues pour les jeunes des cités populaires l’arrêt de la mobilisation anti-CPE : en lâchant sur ce point, le gouvernement a obtenu les coudées franches pour appliquer tels quels le reste de la loi sur l’égalité des chances et le CESEDA sur l’immigration." Il fallait oser ! Les incessantes attaques qui pleuvent aujourd’hui sur la classe ouvrière auraient été facilitées, in fine, avec la lutte de ce printemps. Plus abject encore : "La ‘victoire’ du mouvement anti-CPE a […] été obtenu en partie sur le dos des jeunes cantonnés au bas de l’échelle sociale, en sauvegardant pour d’autres l’espoir d’en gravir les échelons." Les étudiants seraient donc finalement des petits bourgeois se battant pour leur pomme, pour maintenir leurs privilèges, sans se soucier des autres travailleurs et encore moins des jeunes des banlieues, ils seraient des individus "soucieux de passer des examens pour grimper dans la hiérarchie sociale". Rien n’est plus faux ! 3 [16]

La réalité, c’est au contraire que les étudiants conscients de leur précarité présente et à venir se sont reconnus dans la classe ouvrière. Ils se sont battus massivement pour l’avenir de TOUTE la société, pour toutes les générations, pour les chômeurs et les travailleurs précaires, et donc aussi pour donner une perspective aux jeunes des banlieues et leur permettre de surmonter le désespoir qui les a poussés dans une violence aveugle en novembre 2005. La faculté de Censier à Paris a constitué une "commission banlieues" chargée d’aller discuter avec les jeunes des quartiers défavorisés, notamment pour leur expliquer que la lutte des étudiants et des lycéens est aussi en faveur de ces jeunes plongés dans le désespoir du chômage massif et de l’exclusion. Régulièrement dans les AG, des interventions retentissaient  : "En refusant le CPE, nous luttons autant pour nous que pour les plus démunis." La démonstration la plus éclatante en est sans nul doute la revendication d’amnistie pour tous les jeunes condamnés durant "l’automne chaud" de 2005. Contrairement aux mensonges colportés par l’OCL, la force du mouvement anti-CPE, la capacité des étudiants à porter dans la lutte un sentiment de solidarité a eu un résultat immédiat : celui d’embarquer dans ce combat la très grande majorité de la jeunesse des banlieues. Au fur et à mesure du développement de la lutte, les élèves des lycées des banlieues sont venus de plus en plus nombreux grossir les rangs des manifestants, laissant à la marge, minoritaires, les racketteurs et autres petits délinquants. Alors que les émeutes ne pouvaient entraîner qu’une partie des jeunes dans une hystérie de violence tandis que l’autre partie se cloîtrait apeurée, la lutte des étudiants, ses méthodes et ses buts, ont offert à la fois, une autre façon de se battre et une perspective.

C’est bien parce que le mouvement de la jeunesse scolarisée contre le CPE s’est approprié les véritables méthodes de lutte de la classe ouvrière (notamment les assemblées générales, les mots d’ordre unitaires et les manifestations de rue) qu’il a pu bénéficier de la sympathie et de la solidarité active d’un nombre croissant de prolétaires. C’est justement parce que le mouvement contre le CPE était basé non pas sur la destruction des quartiers ouvriers mais sur la solidarité entre les générations, entre tous les secteurs de la classe ouvrière, contre les attaques de la bourgeoisie, qu’il a pu attirer vers lui des milliers de jeunes plongés dans le désespoir quelques mois auparavant et constituer une force sociale capable de faire reculer le gouvernement.

Pawel (19 novembre)


1 [17] Lire l'article de ce même numéro traitant spécifiquement de la question de l’affrontement aux forces de l’ordre.

2 [18] "Riots" signifie "émeutes" en anglais.

3 [19] Il est ainsi des plus comiques de pouvoir lire dans la conclusion de ce dossier : "Il faut rechercher en priorité l’établissement d’une solidarité entre prolétaires, en faisant ressortir le lot commun de l’exploitation capitaliste et de la précarité qui menace toutes et tous, (sans pouvoir s’empêcher de rajouter) quoique à des degrés divers."

Récent et en cours: 

  • Luttes de classe [6]
  • Banlieues [20]
  • Mouvement étudiant [21]

A propos d'un article de l'OCL : la classe ouvrière face aux forces de répression

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L’OCL éprouve une véritable fascination pour la haine et la violence des jeunes des cités qui ont "appris à tendre des guets-apens qu’une police extérieure peine à déjouer, pour ‘danser avec les loups’ en se vengeant de leurs agressions permanentes et pour exprimer leur mal-être global". Mais derrière ces envolées lyriques, cette "danse avec les loups", ce sont en réalité des gamins de 14 ou 15 ans qui sont envoyés droit au casse-pipe. Ni plus ni moins.

Tous ceux qui appellent aujourd’hui, comme l’OCL, aux émeutes et à la vengeance, en se prenant pour des "révolutionnaires, des durs, des vrais" ne font en réalité que renforcer matériellement et idéologiquement les capacités de répression de la classe dominante. Sur le terrain de la violence pour la violence, de la castagne pour la castagne, la classe ouvrière ne peut que se faire écraser. Les étudiants, durant la lutte contre le CPE, ont fait preuve d’une conscience bien plus grande en refusant le piège de l’affrontement stérile et en tentant au contraire d’ébranler la conviction des CRS sur leur rôle de "maintien de l’ordre".

E effet, alors que la Sorbonne était encerclée par les forces de répression et que les étudiants allaient en être violemment expulsés, nous écrivions dans un tract intitulé "Les CRS à la Sorbonne : Non à la répression des enfants de la classe ouvrière !" : "Les étudiants et les jeunes en lutte ne se font aucune illusion sur le rôle des prétendues ‘forces de l’ordre’. Elles sont les ‘milices du capital’ (comme le scandaient les étudiants) […]. Cependant, certains de ceux qui étaient venus prêter main forte à leurs camarades enfermés dans la Sorbonne ont tenté de discuter avec les gardes mobiles : ils n’étaient pas venus pour saccager les locaux, ils n’étaient pas venus pour ‘faire la peau au flics’ ni pour s’amuser et ‘faire la fête’ comme le prétendaient les médias bourgeois. Ils étaient venus apporter des vivres à leurs camarades qui avaient faim et leur manifester leur solidarité ! Ceux qui ont essayé de discuter avec les gardes mobiles ne sont pas des naïfs. Au contraire, ils ont fait preuve de maturité et de conscience. Ils savent que derrière leurs boucliers et leurs matraques, ces hommes armés jusqu’aux dents sont aussi des êtres humains, des pères de famille dont les enfants vont être eux aussi frappés par le CPE. Et c’est ce que ces étudiants ont dit aux gardes mobiles dont certains ont répondu qu’ils n’avaient pas d’autre choix que d’obéir."

Cette attitude n’est pas nouvelle dans l’histoire du mouvement ouvrier. Au contraire, les étudiants se sont ici spontanément et intuitivement emparés du meilleur de la tradition prolétarienne. L’exemple le plus célèbre en ce sens est sans nul doute l’attitude des ouvriers russes en février 1917 à l’égard des Cosaques dont parle Trotski dans l’Histoire de la Révolution russe : "Cependant, les Cosaques attaquaient la foule, quoique sans brutalité (…) ; les manifestants se jetaient de côté et d’autre, puis reformaient des groupes serrés. Point de peur dans la multitude. Un bruit courait de bouche en bouche : ‘Les Cosaques ont promis de ne pas tirer.’ De toute évidence, les ouvriers avaient réussi à s’entendre avec un certain nombre de Cosaques. (…) Les Cosaques se mirent à répondre individuellement aux questions des ouvriers et même eurent avec eux de brefs entretiens."

Une révolution n’est possible que lorsqu’une partie significative des forces de "maintien de l’ordre bourgeois" soit manifeste sa "neutralité", c’est-à-dire qu’elle renonce à défendre les exploiteurs, soit passe carrément du côté de la classe ouvrière. Il est clair qu’un tel processus ne peut aboutir que lorsque sont données les principales conditions de la révolution mais même dans des affrontements sociaux qui ne sont pas révolutionnaires, le danger d’un manque de fiabilité des forces de répression constitue une préoccupation de la bourgeoisie. C’est ainsi qu’en 1968, il est arrivé en plusieurs endroits que les ouvriers et les CRS s’engagent dans une sorte de démarche de "fraternisation". Les CRS qui étaient basés devant l’usine d’aviation de Marignane avaient proposé aux ouvriers qui l’occupaient de venir manger à leur cantine ce qui fut l’occasion de longues discussions. Il va sans dire que cette compagnie de CRS a été déplacée au bout d’une semaine pour être installée à plusieurs centaines de kilomètres de là.

Voilà comment se manifestent la véritable force de la classe ouvrière, son organisation et sa conscience, sa capacité dans la lutte à fédérer une masse toujours plus grande à son combat !

P.


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Source URL:https://fr.internationalism.org/en/content/revolution-internationale-ndeg-374-decembre-2006

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