Interrompue depuis la fin janvier pour cause de trève électorale, la valse des journées d'action syndicales à répétition a repris dès le lendemain du second tour des municipales : le 22 mars avec les manifestations appelées par sept fédérations de fonctionnaires pour "faire pression sur les négociations salariales dans la fonction publique", le 29 mars où ce sont les syndicats de la SNCF qui appelent à une journée de grève nationale réservée aux cheminots, le 31 mars ensuite où trois syndicats, CGT, FO et CGC appellent à manifester pour les retraites et contre l'accord signé en février entre la CFDT et le patronat. Que vise cette nouvelle série de processions syndicales, après les défilés des 18, 25 et 30 janvier dernier ? Elles ont beau se succéder, elles apparaissent bel et bien comme autant de défouloirs sans lendemain, qui ne font pas reculer d'un pouce les coups qui s'abattent sur la classe ouvrière.
Si les journées d'action sont effectivement sans lendemain et ne finissent qu'à renvoyer à la classe ouvrière un sentiment d'impuissance, ce n'est pas tant, en soi, parce qu'elles ne durent qu'un jour. Il n'est bien sûr pas toujours facile en ce moment de se mobiliser au-delà d'une journée. C'est surtout qu'elles se succèdent, sans lien entre elles, convoquant un jour telle catégorie (les fonctionnaires), un autre telle entreprise publique (la SNCF), un troisième les salariés du ministère des Finances. Le tout entrelardé d'actions plus dures lancées corporation par corporation, comme dans les hôpitaux où les infirmiers anesthésistes, puis les sages-femmes ont été invités successivement à des actions séparées pour leurs revendications particulières. Quand une journée d'action prétend mobiliser autour des préoccupations sur les retraites, elle s'adresse aux ouvriers du privé et prend pour cible "l'offensive du MEDEF", tandis que la journée d'action suivante appelle à la grève pour les salaires, mais, attention, uniquement pour les ouvriers de la fonction publique, et si elle prétend s'attaquer cette fois au gouvernement, c'est au nom des seuls fonctionnaires. Tout cela en évitant soigneusement de relier entre elles les deux questions. Comme si l'offensive qui se prépare sur les retraites n'était pas l'oeuvre concertée des complices que sont le MEDEF et le gouvernement de Jospin. Et comme si la colère contre les bas salaires n'était pas générale dans toutes les parties de la classe ouvrière, du privé comme du public. Comme si également, la protestation contre la mise en place des fameuses 35 heures dans la fonction publique ne rejoignait pas profondément les raisons de la colère sur les mêmes conséquences de cette loi Aubry dans les grandes entreprises privées ou publiques, en termes de blocage des salaires et d'aggravation des rythmes de travail. Comme si, aux baisses d'effectifs dans la fonction et le secteur publics, ne répondaient pas les suppressions d'emplois en masse et les fermetures de sites dans toute une série d'entreprises.
Car l'arbre de tous ces défilés syndicaux cache surtout la forêt du foisonnement de luttes ouvrières qui, depuis plusieurs mois, montrent l'existence, un peu partout, d'une combativité montante et d'une détermination à ne plus subir en silence l'aggravation de nos conditions d'existence.
Ainsi la grève des traminots de Rouen en décembre, et en même temps qu'eux (on en a moins parlé dans les médias nationaux !) celle des travailleurs des transports publics de beaucoup d'autres grandes villes, comme Bordeaux, Grenoble ou Nancy. Les grèves à Pizza Hut, à Mac Do, et tout récemment encore à Auchan, autant d'entreprises qui n'avaient jamais connu jusqu'à présent d'actions de grèves ouvrières. Raisons de la colère dans tous ces cas : les salaires, les effectifs, les conditions de travail. On peut encore y ajouter les grèves, toujours sur les salaires, chez Peugeot, à la caisse d'Epargne, au crédit industriel d'Alsace, à la société d'embouteillage SED en Gironde, mais aussi les grèves perlées à Air France Industrie contre le blocage des salaires qui après avoir été cantonnées pendant 3 mois par les syndicats à une heure de débrayage par jour dans la seule divison des Moteurs d'Orly s'est élargie à d'autres secteurs de l'entreprise. Il faut y ajouter la lutte des ouvriers de LU soumis à un plan de licenciements massifs, ceux de Job à Toulouse, confrontés à la même situation. Et bien d'autres...
Si les journées d'action syndicales échouent à être des moments pour faire converger toute cette colère et combativité dans un front ouvrier uni capable d'imposer un rapport de force contre les attaques patronales et gouvernementales, ce n'est pas par hasard : ce n'est tout simplement pas leur but. Il ne faut pas se leurrer, les syndicats n'orchestrent ces journées d'action à répétition que pour lâcher un peu de vapeur du mécontentement et pour, en même temps, mieux renforcer leur emprise sur les luttes. Et s'ils font mine d'organiser, sinon l'unité entre secteurs, au moins la mobilisation en masse derrière une "unité entre centrales syndicales" (à géométrie variable d'ailleurs) ce n'est que pour donner une fausse réponse à un vrai besoin d'unité et de solidarité ouvrière. Et comme, évidemment, toutes ces mobilisations restent sans effet et sans lendemain, c'est la volonté de rechercher cette unité, de rompre l'isolement corporatiste et l'atomisation des luttes qu'ils cherchent à décourager.
Tant que les prolétaires hésiteront à briser l'isolement corporatiste et à rechercher l'unité avec leurs frères de classes attaqués comme eux, ils seront impuissants à faire reculer les attaques du capital. Mais, également, tant qu'ils attendront que viennent des syndicats des consignes toutes faites pour réaliser l'unité des luttes et la création d'un réel rapport de force, la classe dominante pourra tout autant dormir sur ses deux oreilles.
Par contre, ce qui est à l'ordre du jour, c'est que lorsque nous nous mobilisons, pour les salaires, contre les conséquences de la mise en place des 35h, contre les menaces sur les retraites ou contre les licenciements, cela soit autant d'occasions pour rompre réellement l'atomisation et l'isolement qui marquent les luttes actuelles. Ne laissons pas les syndicats décider pour nous : tenons des AG, discutons entre nous des moyens d'élargir la lutte, privilégions dans nos revendications ce qui nous unit avec les travailleurs des autres secteurs, envoyons des délégations vers d'autres entreprises avec des tracts appelant à se mobiliser sur ce qui nous unit. Préparons ensemble les manifestations, non pas pour défiler chacun derrière "sa" banderole, mais pour prendre contact avec d'autres prolétaires. Refusons, aussi bien le saucissonnage corporatiste au nom des "acquis de la profession" que celui qui sépare soigneusement les attaques venues du MEDEF de celles mises en place par l'Etat.
Prenons les syndicats, les partis de gauche et le gouvernement pour ce qu'ils sont : des ennemis. Ne comptons que sur nos propres forces.
PE ( 25 mars)
Avec la Macédoine, c'est une nouvelle partie des Balkans qui est à son tour au bord de l'implosion et du chaos. Après la Croatie, la Bosnie et le Kosovo, ce nouveau foyer de guerre risque de déstabiliser et d'embraser une fois de plus cette région mise à feu et à sang depuis dix ans. Et une fois de plus, les populations locales sont exposées aux massacres et à la barbarie guerrière à travers le déchaînement des affrontements de cliques nationalistes.
Le conflit oppose la police et l'armée macédoniennes à la guérilla séparatiste et nationaliste de l'UCK, nouveau bras armé de la même mafia albanaise qui sévissait déjà au Kosovo avant d'être officiellement dissout.
La Serbie s'est également mise sur pied de guerre contre d'autres milices pro-albanaises, après un an d'escarmouches sporadiques qui menaçaient le sud de la Serbie dans la vallée de Presevo et à Tanusevci, village frontalier entre la Macédoine et le Kosovo. L'OTAN et en premier lieu la Maison Blanche a même autorisé l'armée serbe à faire une incursion à l'intérieur de la zone de sécurité (zone d'exclusion terrestre) mise en place depuis juin 1999 autour de la frontière kosovare. Cette concession vise à empêcher les miliciens pro-albanais d'agir directement contre la Serbie. En contrepartie, la Serbie a présenté une "plate-forme" de négociations qui s'est conclue par un accord de cessez-le-feu sous l'égide de l'OTAN le 12 mars avec une autre fraction de la guérilla pro-albanaise (l'UCPMB). La zone de combats s'est alors déplacée et concentrée sur la Macédoine autour de Tetovo, la deuxième ville du pays, proche du Kosovo abritant une population à 80% albanophone (alors que la population d'origine albanaise compose près d'un tiers de la population de la Macédoine).
Dix ans après la proclamation de son indépendance en 1991, suite à l'éclatement de la Yougoslavie, la Macédoine se retrouve au coeur des conflits dans les Balkans alors qu'elle avait déjà été à l'origine de la plupart des guerres bal-kaniques au tournant du 19e et du 20e siècles. Elle fut d'abord le théâtre d'un soulèvement des peuples de la région contre la domination ottomane, provoquant la guerre entre la Grèce et la Turquie en 1897. Puis, après sa "libération" qui signait une étape décisive dans la désagrégation et le dépeçage de l'empire ottoman à l'issue de la première guerre balkanique en 1912, la question du partage de la Macédoine fut l'enjeu impérialiste majeur d'un second conflit meurtrier qui opposa notamment la Serbie et la Grèce à la Bulgarie. Ce fut l'un des prémices de la première boucherie mondiale. Les mêmes antagonismes que par le passé sont prêts à resurgir à la première occasion, non seulement la vieille rivalité entre Serbes et Albanais, ravivée par la guerre au Kosovo, mais le territoire macédonien est également revendiqué par la Bulgarie et par la Grèce.
Face à la récente évolution de la situation, on a assisté à un revirement spectaculaire des positions de la plupart des grandes puissances par rapport à la Serbie. Depuis le départ de Milosevic et son remplacement par Kostunica, cet Etat est devenu beaucoup plus "présentable" pour les démocraties occidentales qui ont entrepris la "normalisation" progressive de leurs relations avec la Serbie. On essaie de nous faire croire que les grandes puissances au sein de l'OTAN (avec le mandat et la présence de 42 000 soldats de la KFOR) agiraient en garants de la paix et de la démocratie et en gendarmes du monde comme grands défenseurs de la civilisation contre les déchaînements nationalistes et les abus des "méchants" quels qu'ils soient. Hier, c'étaient les Serbes qui auraient été sous l'emprise d'un dictateur accusé de vouloir restaurer une "grande Serbie", aujourd'hui ce sont les Serbes et les populations slaves de Macédoine que l'on prétend protéger et les Albanais qu'on montre du doigt en soupçonnant leur gouvernement de vouloir constituer une "grande Albanie". La "communauté internationale" prétendait pourtant il y a deux ans à peine défendre la population albanophone du Kosovo et voler à son secours. Ce prétexte humanitaire était même la justification essentielle de l'intervention meurtrière de l'OTAN. Ce prétexte n'était que pur mensonge. En déclenchant leurs opérations militaires, les forces alliées savaient très bien qu'elles poussaient ainsi Milosevic à intensifier et généraliser sa politique de déportation massive de populations locales. De plus, les bombardements au Kosovo ont transformé la région en un véritable champ de ruines. Et la partition sectorielle du Kosovo sous le contrôle de l'OTAN qui était censée porter un coup d'arrêt à l'épuration ethnique de Milosevic n'a fait que parquer les populations locales vivant toujours dans la même misère dans des ghettos barbelés en entretenant en permanence un climat de haine interethnique.
Comme dans tous les conflits balkaniques depuis dix ans, ce n'est nullement pour les raisons qu'elles avancent que les grandes puissances se mêlent de la situation et s'interposent aujourd'hui en Macédoine mais pour défendre chacune leurs propres intérêts et leurs propres positions impérialistes dans la région. Le même appétit impérialiste anime tous les Etats, des plus petits aux plus grands. Actuellement, les grandes puissances soutiennent pour l'instant toutes ouvertement le gouvernement macédonien et l'OTAN a demandé l'envoi de renforts de troupes pour faire face aux mouvements de maquisards pro-albanais entre les frontières serbes et macédoniennes. Mais, derrière l'unité de façade des grandes puissances, se dissimulent les mêmes clivages et les mêmes intérêts impérialistes particuliers qui se sont déjà affirmés dans les différents conflits qui se sont succédés depuis dix ans dans les Balkans. Chacune d'entre elles s'appuie sur des cliques et des gangs nationalistes locaux. Comme en Croatie, en Bosnie ou au Kosovo, les intérêts des grandes puissances divergent profondément et si tous apparaissent soucieux de ne pas jeter ouvertement d'huile sur le feu, au sein de la KFOR, chacun entend tirer profit de la situation au mieux de ses intérêts stratégiques. Et si l'occasion s'en présente, ces divergences d'intérêts ne manqueront pas de s'affirmer également par rapport à la Macédoine.
Ainsi, la France, après avoir été contrainte l'an dernier de participer en première ligne aux bombardements de l'OTAN sur la Serbie pour pouvoir maintenir sa présence dans les Balkans (sous la forme de troupes d'occupation d'une partie du Kosovo au sein de la KFOR), retrouve ici l'occasion de pouvoir rejouer à fond sa carte d'alliances plus traditionnelles, d'une part en se rapprochant à nouveau de son ex-alliée, la Serbie, d'autre part en apportant son soutien empressé à la Macédoine. Elle se retrouve d'ailleurs comme par le passé associée à la Grande-Bretagne dans cette entreprise. Au début des affrontements, c'est à Paris qu'a accouru le président macédonien pour réclamer de l'aide et huit jours après, le ministre des affaires étrangères faisait escale à Skopje pour annoncer : "Nous ne voulons pas laisser des groupes terroristes remettre en cause la stabilité de la Macédoine et de toute la région" tandis qu'un autre porte-parole du Quai d'Orsay déclarait "nous soutenons la politique de modération et de retenue du gouvernement macédonien".
Quant à l'Allemagne qui a poussé activement il y a dix ans la Croatie et la Slovénie vers l'indépendance encourageant ainsi dès l'origine l'éclatement de l'ex-Yougoslavie et qui a soutenu déjà activement l'UCK kosovar, son objectif ne peut qu'être toujours le même dans les Balkans : celui d'accroître l'isolement de la Serbie et surtout de tisser autour de cette dernière un réseau d'Etats germanophiles dont elle compte tirer profit ultérieurement. Car l'objectif impérialiste majeur de l'Allemagne est plus lointain, il est de déposséder la Serbie d'un accès à la Méditerranée en provoquant la sécession du Monténégro.
Le principal intérêt des Etats-Unis est de préserver au maximum l'ordre et le statu quo sur le terrain comme à la tête des forces de l'OTAN pour contenir les initiatives intéressées des autres puissances européennes et rester les maîtres du jeu dans les Balkans qu'ils ont de plus en plus de mal à contrôler.
Enfin, la Russie, en réclamant à cor et à cri une intervention militaire musclée contre les " terroristes albanais ", vise toujours à se poser en parrain impérialiste le plus sûr de la Serbie.
C'est pourquoi compter sur la "communauté internationale" et sur l'OTAN pour éviter la spirale du chaos dans les Balkans comme le mettent en avant tous les gouvernements et tous les médias relève d'une illusion complète. Déjà, les uns et les autres cherchent à tirer profit d'affrontements limités pour jouer chacun leurs propres cartes. Mais c'est aussi jouer avec le feu. Il est évident que l'extension du conflit à toute la Macédoine et son risque d'éclatement pousseraient d'autres Etats directement intéressés à son sort comme la Bulgarie ou la Grèce à intervenir plus activement. Ce serait alors une nouvelle étape dans l'escalade guerrière, le conflit débordant pour la première fois depuis 1991 des frontières de l'ex-Yougoslavie. La conscience des dangers d'un tel dérapage possible ressortait d'ailleurs dans un article du Monde daté des 18 et 19 mars : "Si la flambée de violence s'étendait à l'ensemble de la communauté albanaise et si l'intégrité de la Macédoine était menacée, il serait alors bien difficile de contenir les appétits des uns et des autres et surtout d'empêcher que (...) ne se déclenchent des réactions en chaîne." Pourquoi ? Parce que l'enfoncement inexorable du capitalisme dans la spirale de la barbarie guerrière ne connaît pas de limites. C'est une des manifestations de la faillite de ce système pour toute l'humanité. Mais cela, la presse bourgeoise ne le dira jamais.
CB (20 mars)
Non content de nous écorcher copieusement les oreilles avec leur chanson "Motivés", remake du très stalinien "Chant des Partisans", diffusé en boucle dans toutes les manifs syndicales, le groupe toulousain Zebda s'est cru autorisé à s'ériger en guide spirituel de tous ceux qui veulent "rester motivé-e-s" et faire de la politique "autrement" à l'occasion des élections municipales. A cette fin, il a parrainé la liste "Motivé-e-s" montée par l'association Tactikollectif à Toulouse. Tous au départ sont proches de la LCR trotskiste, avec qui ils avaient pensé présenter une liste commune, mais cela aurait nui à la dimension citoyenne et prétendument a-politique des "Motivé-e-s" et donc à leur capacité de rabattage vers les urnes. Car il ne faut pas chercher plus loin la fonction n°1 de ces listes "alternatives" qui à Toulouse, mais aussi à Lyon, Nantes, Rennes, Dreux, prétendent apporter aux attentes des "citoyens" une solution radicale, hors du cadre de la classe politique traditionnelle.
On sait que ces élections municipales sont particulièrement chéries par la bourgeoisie pour vanter les mérites de la "démocratie de proximité". A tous ceux, toujours plus nombreux, qui sentent qu'ils n'ont plus aucune prise sur l'évolution du monde, de la crise et des attaques qu'elle leur fait subir, la bourgeoisie aime à présenter ces élections comme le moyen pour malgré tout changer sa vie au quotidien, essayer de mieux vivre. C'est finalement l'autre face de la médaille de l'idéologie anti-mondialiste : se réfugier dans la démocratie locale, faire bouger les choses "à la base". C'est dans cette porte - ô combien étroite ! - que s'engouffrent les listes alternatives comme "Motivé-e-s".
Les ouvriers, et plus encore les jeunes ouvriers, tendent de plus en plus à déserter massivement les urnes (pour ceux qui sont encore inscrits sur les listes électorales !) et à se défier du PCF (dont l'influence électorale est en chute libre), comme nous avons pu le vérifier lors de ces élections dans les quartiers dits "populaires" des grands centres urbains, à Marseille, dans la couronne parisienne, etc. Face à ce rejet, les "Motivé-e-s", tout comme leurs grands frères trotskistes de LO et de la LCR, présentent les élections comme une arme pour la classe ouvrière (Zebda est allé chanter pour soutenir les ouvriers de Job en grève), pour le " petit peuple ", pour les quartiers, pour telle ou telle cité (en s'appuyant sur leur implantation locale comme association " sociale "), n'hésitant pas à faire preuve du plus lamentable esprit de clocher, comme dans la présentation de leur tête de liste, Salah Amokrane : "Né en 1964 à Bordeaux, il n'en demeure pas moins, et quoi qu'on en dise, un Toulousain. Il n'y a en tout cas pas que fait ses études commes d'autres candidats à la mairie" 1 [3]. Ces groupes qui éclosent comme par miracle sont là pour entretenir le cirque électoral, en semant l'illusion que leur participation au conseil municipal changera radicalement la vie des "citoyens", alors même que la situation économique générale se dégrade significativement. Ce faisant, ils détournent les ouvriers du combat de classe, de la lutte contre les attaques économiques, contre l'Etat, pour les enfermer dans le cadre mesquin de l'isoloir et de la gestion locale. Car derrière leurs litanies sur la "démocratie participative", sur la nécessité d'un "budget participatif" 2 [4], c'est bien cela qu'ils nous concoctent : faire gérer la misère par ceux qui la subissent ! Voici le budget pour le mois, débrouillez-vous entre vous pour vivre avec ça ! Car si, de leurs fonts baptismaux trotskistes, les "motivé-es" restent très marqués par le gauchisme 3 [5], c'est beaucoup plus dans la mouvance associative anti-mondialiste, sauce Bové et ATTAC, que s'inscrit ce mouvement dont le programme annonçait que "Toulouse préparera, bien sûr, le Forum Social Mondial de Porto Allegre en 2002", ville dont ils ne cessent de chanter les louanges 4 [6].
Quant à la politique "autrement" des "Motivé-e-s", on a vu ce qu'elle voulait dire lorsqu'ils se sont hâtés de fusionner, le soir du premier tour, avec la gauche plurielle PS-PCF-Verts, avec pour objectif de "battre la droite". Rabatteurs, non seulement vers le cirque électoral mais tant qu'à faire vers la gauche plurielle et sa politique antiouvrière au gouvernement.
Le soir des résultats du second tour, les bastons place du Capitole 5 [7], où Douste-Blazy a été chaudement pris à parti, sont la preuve que cette liste n'a pas rameuté que des petits bourges (les "bobos" dont parlait Chevènement) en mal de radicalisme, mais aussi des jeunes des cités qui n'ont pas compris de ne pas avoir "gagné"? puisqu'ils avaient voté.
C'est vrai que la classe ouvrière vit une situation de plus en plus misérable. C'est vrai qu'il n'y a pas de perspective pour les jeunes, qui pour la plupart n'ont toujours pas eu leur premier boulot. C'est vrai que la présence et l'attitude des flics sont insupportables. C'est vrai qu'il est tout à fait légitime de vouloir des transports gratuits, des logements décents, de meilleures chances d'éducation pour les gamins, une culture plus collective qui ne soit pas réservée à une coterie, etc. C'est vrai qu'il y a de quoi vomir cette société tous les jours. Mais s'attacher à la remorque de la démocratie bourgeoise est le plus sûr moyen que tout continue comme avant ! Changer pour de gentils élus ne changera rien quant à l'exploitation capitaliste qui est à la racine de la pauvreté, de la dégradation des conditions de vie, et du caractère de plus en plus inhumain de la vie sociale. S'engager dans le combat de classe en rejetant tout compromis avec l'électoralisme, voilà la seule perspective vraiment radicale.
BTS (22 mars)
1 [8] Le Journal n°4
2 [9]Ibid.
3 [10] Mairie de Toulouse
4 [11]Le Journal n°4
5 [12] Mairie de Toulouse
Links
[1] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/lutte-classe-france
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/35/europe
[3] https://fr.internationalism.org/ri311/motives.html#sdfootnote1sym
[4] https://fr.internationalism.org/ri311/motives.html#sdfootnote2sym
[5] https://fr.internationalism.org/ri311/motives.html#sdfootnote3sym
[6] https://fr.internationalism.org/ri311/motives.html#sdfootnote4sym
[7] https://fr.internationalism.org/ri311/motives.html#sdfootnote5sym
[8] https://fr.internationalism.org/ri311/motives.html#sdfootnote1anc
[9] https://fr.internationalism.org/ri311/motives.html#sdfootnote2anc
[10] https://fr.internationalism.org/ri311/motives.html#sdfootnote3anc
[11] https://fr.internationalism.org/ri311/motives.html#sdfootnote4anc
[12] https://fr.internationalism.org/ri311/motives.html#sdfootnote5anc
[13] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/gauchisme