Il y a 120 ans, la classe ouvrière en Russie se soulevait contre le régime tsariste. Face à l’avènement d’une nouvelle ère dans la vie du capitalisme mondial, elle développait de nouvelles formes de lutte et d’organisation : la grève de masse et les soviets (conseils ouvriers). Ces formes et méthodes de lutte allaient réapparaître à plusieurs reprises au cours des décennies suivantes, notamment lors de la vague révolutionnaire internationale de 1917-1923, qui vit la classe ouvrière russe, organisée en conseils, s’emparer du pouvoir politique et le conserver pendant une brève période.
La révolution de 1905 contient encore de nombreuses leçons pour la lutte de classe aujourd’hui et à l’avenir, et il appartient à tous ceux qui reconnaissent la nécessité d’une lutte révolutionnaire contre le capitalisme de discuter et de clarifier ces leçons à la lumière des expériences ultérieures.
C’est l’objectif des réunions publiques qui se tiendront en France, en Belgique et en Espagne. Compte tenu de l’instabilité de la situation mondiale, nous serons prêts à consacrer une partie de la réunion à d’éventuels développements majeurs.
Le 20 septembre 2025 :
– Paris : 15h à 18h au CICP 21 Ter rue Voltaire 75011 Paris
– Marseille : 14h à 17h Association Mille Bâbords 61 Rue Consolât 13001 Marseille
– Bruxelles : 14h30 à 18h PIANOFABRIEK, Rue du fort 35, 1060 Saint-Gilles (Bruxelles)
En attendant, voici quelques lectures recommandées issues d’un dossier d’articles disponibles sur notre site web :
– « Révolution de 1905 : Il y a 120 ans, surgissaient la grève de masse et les conseils ouvriers [1] »
– « 1905 : Il y a 120 ans, la classe ouvrière en Russie montrait sa nature révolutionnaire [2] »
Il y a 80 ans, l’explosion de la bombe nucléaire à Hiroshima et Nagasaki plongeaient le monde dans une horreur sans précédent. Désormais, l’épée de Damoclès qui pendait sur l’humanité prenait la forme de l’Apocalypse. Loin de disparaître avec l’effondrement de l’URSS et la fin de l’existence des blocs issus de la guerre froide, la menace nucléaire, permanente s’est accrue aujourd’hui, exprimant l’exacerbation des tensions impérialistes entre les grandes puissances et celle de la barbarie guerrière sur le sol européen même. Ce triste anniversaire se caractérise non seulement par l’exubérance verbale d’un Trump et les menaces d’un Poutine, mais également par toute une propagande présentant la tragédie des explosions au Japon en 1945 comme une « volonté » et « erreur » des États-Unis seuls, une « folie » de son armée revancharde pour défendre des intérêts géopolitiques. La reconnaissance va même jusqu’à préciser ce que le CCI a toujours défendu, que les explosions avaient valeur de démonstration pour intimider et faire reculer l’ennemi soviétique et en vue d’expérimentations scientifiques et militaire, (les victimes irradiées servant de simple cobayes).1
Alors qu’un divorce s’est opéré entre les États-unis et l’Europe, de tels propos permettent d’écorner un peu plus l’image d’une première puissance mondiale en déclin. Jamais la bourgeoisie et les media en Europe n’avaient tenu si ouvertement ce genre de « révélations ». Habituellement, ils se bornaient à la thèse officielle du camp Allié rabâchée dans les manuels scolaires : « l’usage de la bombe atomique avait permis d’épargner la vie d’un million de soldats ». La bourgeoisie française a toujours insisté sur le fait que les essais nucléaires étaient soigneusement contrôlés afin qu’il n’y ait aucun préjudice pour l’environnement. Elle révèle aujourd’hui l’ampleur des dégâts causés par les essais nucléaires dans le pacifique, notamment de Mururoa, au mépris des populations et de l’environnement. Toute cette propagande autour de l’arme nucléaire montre que la bourgeoisie savait et mentait ouvertement, manipulait les masses, comme elle continue de le faire avec un froid cynisme aujourd’hui.
Mais ces révélations sont aussi une propagande qui vise au moins deux objectifs : :
– réactiver la défense de l’idéologie démocratique en dédouanant le système capitaliste de l’horreur des conflits et de la course aux armements ;
– justifier les dépenses militaires censées « dissuader » des « tyrans comme Poutine » dans un contexte de prolifération des armes et de tensions.
Loin de toute idée de « dissuasion » (même si les apparences trompeuses de la période de « l’équilibre de la terreur » peuvent le laisser penser), le développement de l’arme nucléaire et les dépenses militaires présentent un danger et une menace croissante de destruction de l’humanité. Suite à l’effondrement de l’URSS, le CCI, conscient de l’irrationalité portée par un chaos de plus en plus sanglant, par la décomposition du mode de production capitaliste, envisageait la possibilité d’un nouvel usage de l’arme nucléaire : « La dislocation de l’URSS, par ses dimensions, sa profondeur (c’est la Russie qui est maintenant menacée de désintégration), est un facteur d’aggravation considérable du chaos à l’échelle mondiale : risque des plus grands exodes de populations de l’histoire, de dérapages nucléaires majeurs ».2
En republiant une série d’articles sur les questions touchant à l’armement nucléaire, toujours d’actualité, nous souhaitons participer à la réflexion nécessaire : sur le lien entre la crise économique, les attaques et les dépenses militaires, mais aussi et surtout sur l’absurdité du capitalisme, un système barbare et obsolète qu’il faut détruire avant qu’il n’anéantisse l’humanité.
– « 70 ans après Hiroshima et Nagasaki [4] »
– « Le capitalisme menace l’humanité d’un avenir apocalyptique [5] »
– « Le vrai père de la bombe atomique et des crimes nucléaires, c’est le capitalisme [6] »
– « Nucléaire et économie de guerre [7] »
1 Voir l’émission « Hiroshima : la véritable Histoire » sur la chaîne franco-allemande ARTE.
2 Lire sur notre site : « Notes sur l’l’impérialisme et la décomposition : : vers le plus grand chaos de l’l’histoire », 18 novembre 1991.
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Les attaques contre nos conditions de vie sont d’une brutalité extrême. Il faut remonter aux années 1930 pour trouver trace de mesures aussi violentes.
Face à cette situation insupportable, la colère est en train de gagner toute la société. Ce mécontentement grandissant se transforme de plus en plus en volonté de lutter, dans tous les pays. Au Royaume-Uni, en 2022, les travailleurs anglais se sont ainsi mobilisés massivement en scandant « Trop c’est trop ! ».
Bayrou a affirmé pendant des semaines, sur tous les plateaux télé, que la dette nous conduisait à la faillite, que nous vivions au-dessus de nos moyens, que les « boomers » étaient des égoïstes et des privilégiés, que nous devions accepter pour l’avenir de nos enfants de renoncer à nos « privilèges ». Quelle honte ! Au moment même où l’État investit des centaines de milliards pour ses dépenses militaires et que les « ultra-riches » engrangent dividendes sur dividendes.
Le gouvernement de Bayrou est tombé, Bayrou a organisé son départ avant la mobilisation d’aujourd’hui pour éviter de donner l’impression que c’est la rue qui gouverne. Mais il ne faut avoir aucune illusion, toutes ces attaques brutales, l’État va continuer d’essayer de nous les infliger, quel que soit le nouveau le gouvernement.
En Belgique, en Italie, en Espagne, aux États-Unis, partout les gouvernements imposent la réduction des budgets sociaux et des salaires, la diminution des effectifs et l’augmentation des cadences. Et tous augmentent les crédits pour la guerre, par milliards.
L’Allemagne, renommée pourtant pour sa stabilité économique, connaît une vague de licenciements sans précédent. Sous la pression directe des tensions commerciales et du fardeau de la guerre, 112 000 emplois ont été supprimés en un an, des milliers d’autres sont menacés. Le gouvernement prévoit une cure d’austérité majeure pour combler le trou de plus de 30 milliards d’euros prévu dès 2027. Et dans le même temps, Friedrich Merz promet de doter l’Allemagne de « l’armée la plus puissante d’Europe ». Le budget de la défense doit croître de 62 milliards d’euros en 2025, à 153 milliards en 2029 (contre seulement 44 milliards en 2019).
« Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », c’est ce discours de Churchill que reprennent en cœur tous les gouvernements, qu’ils soient de gauche, de droite, démocrates, d’extrême droite ou populistes. Peu importe la couleur politique de ceux qui gèrent l’État, ils défendent tous « l’intérêt national », c’est-à-dire l’intérêt de la bourgeoisie nationale. En ce moment même, les mêmes attaques sont menées en Grande-Bretagne par un gouvernement « travailliste » !
La dette qu’ils veulent nous faire payer n’est pas le symbole de nos prétendus privilèges, mais celui de la crise historique du capitalisme. Voici le seul avenir que peut offrir ce système en faillite : toujours plus de misère, toujours plus de guerre !
Face à une telle brutalité, les ouvriers ne veulent plus courber l’échine. Depuis plus de trois ans, le prolétariat en France, en Grande-Bretagne, en Suède, en Corée, aux États-Unis, au Canada, en Belgique a retrouvé et développé ses capacités à réagir. Les médias en font très peu écho, il y a un véritable black-out.
Pourquoi ? Parce que la bourgeoisie ne veut surtout pas que nous prenions conscience que le problème est global et que la réponse ne peut être que mondiale, elle ne veut pas que les exploités prennent conscience qu’ils ont partout les mêmes intérêts, qu’ils mènent partout les mêmes luttes. Elle craint plus encore qu’ils ne développent leur solidarité et leur unité internationale :
– En Belgique : depuis les « journées d’action » de décembre 2024 jusqu’aux manifestations durant l’été, la combativité ouvrière et la volonté d’unification de la lutte ne se sont pas démenties.
– Au Canada : après les grèves à Montréal, c’est aujourd’hui celles au Québec.
– Aux États-Unis : les grèves chez Boeing, dans le secteur automobile ou dans les ports se sont développées, y compris en pleine campagne électorale.
– En Chine : malgré le féroce carcan policier, des grèves ont éclaté en août dans des secteurs comme l’industrie pharmaceutique, le textile, l’emballage, les pièces détachées.
Toutes ces luttes révèlent que la classe ouvrière n’est plus prête à accepter de se sacrifier sur l’autel de l’intérêt national et de ses exploiteurs !
« Comment lutter ? » est la question qui se pose pour aujourd’hui mais aussi pour demain. Le mouvement actuel propose pour cette lutte de « tout bloquer » pour « faire pression » sur Macron, pour obtenir « une politique plus équitable et juste » du nouveau gouvernement.
Oui, il faut se battre ! Oui, il faut se battre massivement ! Oui, il faut prendre la rue ! Mais ce mouvement « bloquons tout » se conçoit comme un rassemblement des citoyens français, du « peuple », où de nombreuses catégories (petits commerçants, patrons, restaurateurs...) se mobilisent contre les mesures fiscales du gouvernement, contre l’attaque de leur statut ou privilège corporatiste. Que devons-nous attendre d’un mouvement qui veut boycotter la machine économique et nous appelle à réduire notre consommation, à bloquer les transports, à limiter l’utilisation de notre carte bancaire, à nous disséminer sur des ronds-points ? Que peut-on attendre d’un mouvement dont les mots d’ordre sont la désobéissance civile, le Référendum d’Initiative Populaire (celui des gilets jaunes), dont la logique est de se focaliser contre les élites qui gouvernent l’État. Où mène un tel mouvement ? À semer l’illusion que la solution est de faire pression sur les dirigeants et qu’un meilleur gouvernement pour le « peuple » est possible.
Ce n’est pas parce que d’autres parties de la population sont aussi victimes des attaques de la part du gouvernement que la classe ouvrière doit se mettre à la queue d’un tel mouvement où elle se perd en tant que classe. Seule la classe ouvrière, classe exploitée à l’échelle internationale, n’a pas d’intérêts nationaux à défendre. Son combat contre les effets de l’exploitation et la défense de ses conditions de vie n’est pas un combat pour l’amélioration de son statut social mais contient en germe toute la perspective de destruction du système capitaliste lui-même, l’abolition de l’exploitation, de l’État, des classes, des frontières, des nations.
Ce mouvement « bloquons tout » n’apporte pas un nouveau souffle au combat contre le capitalisme. La publicité faite au mouvement par tous les médias et les partis de gauche et d’extrême gauche a pour objectif d’attirer les ouvriers dans un mouvement de défouloir, de les diluer dans le « peuple », en tant que « citoyen en colère ». Cette campagne assourdissante monte en épingle un mouvement où sont noyées les revendications ouvrières et où les actions impuissantes ne sont pas les nôtres.
C’est utiliser les difficultés actuelles des travailleurs à se reconnaître en tant que classe pour les entraîner dans une impasse, sur la voie de l’illusion démocratique qui consiste à dire que la solution réside dans un changement de gouvernement, voire un changement de président.
Face à notre volonté de nous battre, toutes les forces politiques de la bourgeoisie nous attaquent idéologiquement, en nous divisant ou en entretenant des illusions sur le capitalisme. Ignoble, le discours de Bayrou rendant les « boomers » responsables de la dette. Ignoble, la volonté de l’État bourgeois de jouer la division entre les générations, les plus jeunes appelés à développer le combat contre le capitalisme et ceux qui, en Mai 68, ont été les acteurs de la plus grande grève de l’histoire du mouvement ouvrier, avec une expérience à transmettre à cette nouvelle génération. Mensongère, la propagande de la gauche et de l’extrême gauche qui veut faire croire que la crise n’existe pas, qu’il suffirait de prendre dans la poche des riches pour régler tous les problèmes.
Oui, leurs milliards sont à vomir face à la misère qui s’étend dans les rangs ouvriers. Mais c’est l’expression même de la logique du profit de la société capitaliste : système d’exploitation de la majorité par une minorité dominatrice. Ni en France, ni ailleurs, la lutte ouvrière ne peut avoir comme objectif une répartition « équitable » de la richesse parce qu’il n’y a pas d’exploitation capitaliste « équitable ».
L’objectif de la lutte ouvrière est d’en finir avec l’exploitation capitaliste, avec la loi du profit, pour enfin aboutir à la satisfaction des besoins de toute l’humanité.
En France, comme partout ailleurs, pour construire un rapport de forces nous permettant de résister aux attaques incessantes contre nos conditions de vie et de travail, et qui demain vont s’aggraver encore avec violence, nous devons, partout où nous le pouvons, nous rassembler pour débattre et mettre en avant les méthodes de lutte qui ont fait la force de la classe ouvrière et lui ont permis, à certains moments de son histoire, de faire vaciller la bourgeoisie et son système :
– la recherche du soutien et de la solidarité au-delà de sa corporation, son entreprise, son secteur d’activité, de sa ville, sa région, son pays ;
– l’organisation autonome du combat ouvrier, à travers des assemblées générales notamment, sans en laisser le contrôle aux syndicats, ces soi-disant “spécialistes” des luttes et de leur organisation ;
– la discussion la plus large possible sur les besoins généraux de la lutte, sur les leçons à tirer des combats et aussi des défaites, car il y aura des défaites mais la plus grande défaite est de subir les attaques sans réagir, l’entrée en lutte est la première victoire des exploités.
Nous finirons par cet exemple historique riche d’enseignement pour l’avenir : en 1980, en Pologne, les travailleurs se sont regroupés en d’immenses assemblées générales ouvrières pour prendre en main leur lutte, pour décider ensemble des revendications et des méthodes de luttes. Ils n’ont pas « bloqué le pays », mais ils se sont organisés en assemblée et en classe et c’est comme cela qu’ils ont été en mesure de créer un rapport de force avec l’État pour repousser les mesures d’austérité. Ils ont même pris à leur compte l’organisation de la production et de la vie économique pour l’intérêt et la satisfaction des besoins des grévistes et de toute la population, dans un gigantesque élan de solidarité et de développement de la conscience. Voilà l’une des graines plantées par nos prédécesseurs sur le long chemin vers la révolution, voilà l’une des graines que nous devrons faire germer dans l’avenir, voilà ce que nous devons préparer en nous rassemblant et en débattant dès aujourd’hui pour que cette lutte de classe soit possible dans le futur. Car, à terme, la seule alternative sera :
Révolution mondiale ou Destruction de l’humanité
Courant Communiste International (10 septembre 2025)
Links
[1] https://fr.internationalism.org/content/11610/revolution-1905-il-y-a-120-ans-surgissaient-greve-masse-et-conseils-ouvriers
[2] https://fr.internationalism.org/content/11620/1905-il-y-a-120-ans-classe-ouvriere-russie-montrait-sa-nature-revolutionnaire
[3] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/reunions-publiques
[4] https://fr.internationalism.org/revolution-internationale/201507/9235/70-ans-apres-hiroshima-et-nagasaki
[5] https://fr.internationalism.org/icconline/201801/9644/capitalisme-menace-lhumanite-dun-avenir-apocalyptique
[6] https://fr.internationalism.org/content/11229/vrai-pere-bombe-atomique-et-des-crimes-nucleaires-cest-capitalisme
[7] https://fr.internationalism.org/content/10243/nucleaire-et-economie-guerre
[8] https://fr.internationalism.org/en/tag/6/449/hiroshima
[9] https://fr.internationalism.org/files/fr/tract_10.9.25.pdf
[10] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/interventions
[11] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/10-septembre
[12] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/gilets-jaunes
[13] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/bloquons-tout
[14] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/blocage-leconomie