Suicides chez les policiers: le prolétariat ne tire pas sa force de la mort de ses ennemis de classe

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La police connaît depuis le début de l’année 2018 un taux de suicide record dans ses rangs. Selon l’information Service d’information et de communication de la police, 35 policiers se seraient donné la mort depuis le début de l’année 2018, un record à ce jour en France. Ce taux de suicide est supérieur de 35 % à celui qui sévit dans la population française en général.

Le prolétariat n’a pas pour habitude de se réjouir de la mort d’un être humain, même si celui-ci appartient aux forces de répression de l’État bourgeois. La classe ouvrière, seule classe révolutionnaire de la société, ne développe ni haine ni esprit de revanche. Elle est guidée par sa seule conscience qui contient à ce jour le plus haut point atteint par la morale humaine, c’est-à-dire par la morale prolétarienne. Par conséquent, la classe ouvrière exclut l’assassinat comme moyens de lutte. Certes, le prolétariat ne pourra pas faire l’économie de la violence de classe pour abattre la classe capitaliste, ses États et ses forces de répression. Mais l’histoire a montré que la classe des massacreurs, c’est justement la classe bourgeoise. Le sang des dizaines de milliers de fusillés, pendant les révolutions de 1848 et 1871 en France sont là pour le prouver. Comme l’ont été les massacres de masse en Allemagne et en Russie révolutionnaire par les armées capitalistes et les forces de la réaction des armées blanches russes. Sans oublier les pogroms de masse tout au long de l’histoire du capitalisme perpétrés par des fractions entières des couches petites-bourgeoises toujours aussi haineuses et souvent instrumentalisées par la classe bourgeoise elle-même.

Des policiers en proie à des cas de conscience

Les policiers sont les citoyens de France les plus mal-aimés. Ils sont de ce point de vue l’exact opposé du corps des sapeurs-pompiers. Cela n’est pas dû au hasard. Bien avant le mouvement des “gilets jaunes”, tel était déjà le cas. La répression permanente de tous les mouvements sociaux et de grèves ne date pas d’aujourd’hui ! Mais depuis maintenant près de six mois que dure le mouvement des “gilets jaunes”, les bavures, les provocations et la répression ont pris des proportions rarement vues en France. Il n’y a qu’à lire à ce sujet le témoignage d’un CRS publié sur notre site en date du 19 mars dernier. La pression sur les forces de l’ordre par le gouvernement et la hiérarchie policière est totale. On ne compte plus les estropiés, les blessés, et les tabassages y compris sur des personnes qui ne manifestaient même pas ! Tout cela est perpétré par des policiers touchant des salaires misérables, malgré les primes récemment octroyées par le gouvernement ! Ce niveau de répression ordonné par l’État dans une situation d’épuisement des forces de l’ordre ne pouvait que pousser une petite minorité d’entre eux à s’interroger sur le sens du sale boulot qu’on leur demande d’effectuer. Les ordres donnés, semaine après semaine, de gazer, matraquer ou tirer sur les manifestants, y compris les plus vulnérables comme les personnes âgées ou des adolescents, ne peuvent que provoquer un profond désarroi, voire de la honte qui, conjugués à un lourd épuisement, provoquent de véritables “crises de conscience” et poussent même certains policiers à se donner la mort.

La violence aveugle et les propos haineux ne profitent qu’à l’État

Les tags des casseurs en tout genre et autres black blocs, les “flics, suicidez-vous !” adressés aux policiers par des “gilets jaunes” décervelés sont tout simplement inacceptables. Ces slogans haineux, animés par le désir de se venger des bavures et de la répression violente ne sont d’ailleurs pas tombés dans les oreilles d’un sourd et ont même été largement exploités par les médias. Immédiatement et pendant des jours et des jours, ces slogans pourris ont tourné en boucle sur toutes les télévisions et ont fait la Une de tous les journaux. Bon nombre d’hommes politiques bourgeois se sont insurgés et se sont drapés d’une indignation hypocrite. Car c’est leur police qui ne fait là que son travail, celui qui consisterait à protéger les valeurs républicaines et la sacro-sainte propriété privée que l’on traiterait ainsi ! Macron, son gouvernement et son célébre ministre de l’Intérieur Castaner y sont tous allés de leurs petites larmes avec un seul mot à la bouche : il faut renforcer les moyens de notre police ainsi dénigrée et harcelée. Il faut davantage de policiers, davantage de gendarmes, de CRS, de flashballs et de blindés. La classe bourgeoise utilise donc cyniquement les comportements nihilistes d’une petite-bourgeoisie et d’un lumpen-prolétariat en voie de putréfaction pour tenter d’enchaîner la population et la classe ouvrière derrière son État et la défense de ses intérêts de classe. Voilà à quoi sert le désespoir des couches de la société en voie de décomposition, gagnées par la colère, l’impuissante et l’absence d’avenir. Face à la violence de la classe dominante, la petite-bourgeoisie réagit, elle aussi, de manière suicidaire. Tous les ouvriers qui seraient tentés de suivre ce chemin doivent savoir qu’il mène tout droit à l’impasse et à la répression étatique des luttes ouvrières.

La violence de masse, consciente et organisée du prolétariat

Plus le capitalisme est en crise, plus il attaque les conditions de vie du prolétariat et plus il renforcera son appareil répressif. C’est à une violence concentrée, organisée, spécialisée, entretenue, en constant développement et perfectionnement auquel le prolétariat aura affaire. C’est pour cela que les révolutionnaires ont toujours affirmé que la prise du pouvoir par la classe ouvrière signifiera la suppression de tous les moyens de répression de masse propre aux États bourgeois. Comme la révolution en Russie en 1917 l’a montré, ce n’est que dans les moments où le prolétariat est en mesure de monter à l’assaut du pouvoir de la bourgeoisie que des parties entières des forces de répression peuvent rejoindre la révolution en marche. Tel était le sens de l’appel de Trotsky à cette époque aux forces de répression tsariste qu’étaient les cosaques. “La lutte du prolétariat, comme toute lutte sociale, est nécessairement violence mais la pratique de sa violence est aussi distincte de la violence des autres classes et couches comme sont distincts leur projet et leur but. Sa pratique, y compris la violence est l’action d’immense masses et non de petites minorités ; elle est libératrice. l’acte d’accouchement d’une société nouvelle harmonieuse et non la perpétuation d’un état de guerre permanent, chacun contre tous et tous contre chacun”.1 Elle est la négation vivante de tous ces appels au meurtre et au suicide collectif, porteur d’une idéologie totalement déshumanisée et barbare.

Kern, 15 mai 2019

 

1 “Résolution : Terrorisme, terreur et violence de classe”, Revue Internationale n° 15, 4e trimestre 1978.

 

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Barbarie du capitalisme