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Dans ses interventions, comme pour bien d'autres personnalités, le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, disait à propos du mouvement contre la loi « Travail » de la ministre El Khomri : « on va peut-être vers un mouvement type CPE... » Cette référence au CPE est effectivement très présente dans les médias et dans certains discours de syndicalistes. Il y a tout juste 10 ans se déployait un vaste mouvement de la jeunesse ouvert aux salariés, chômeurs et précaires, contre le CPE, qui avait conduit, fait assez unique depuis des années, à un recul du gouvernement, l'obligeant même à abandonner son projet. Ce mouvement de 2006 fut un affront pour la bourgeoisie française. Depuis, elle fait tout pour en effacer les traces en dénaturant chaque fois que possible la signification de ce que fut cette lutte. Ces traces sont en effet porteuses d'expériences et ont marqué les mémoires au sein de la classe ouvrière : aujourd'hui encore, avec bonheur, ceux qui, à l'époque, y ont participé le commémore alors que les plus jeunes cherchent à savoir ce que fut cette expérience, et cela, toute proportion gardée, un peu comme pour Mai 68 qui a laissé son empreinte dans les esprits.
Il n'est ainsi pas étonnant que la référence au mouvement anti-CPE soit assortie de contre-vérités. Un tel battage publicitaire aujourd'hui, dans la bouche de nos ennemis de classe bourgeois, de ceux qui veulent cette « réforme » à l'encontre des exploités, ne sert qu'une propagande destinée à faire passer l'attaque et à dénaturer au passage les leçons de ce mouvement anti-CPE contre la conscience ouvrière.
La première contre-vérité, c'est que les conditions du développement de ce mouvement de 2016 seraient similaires à celles de 2006, que les syndicats auraient été les promoteurs combatifs du mouvement anti-CPE et qu'ils seraient finalement encore aujourd'hui les seuls garants d'une lutte « efficace » et « victorieuse ». Mensonges ! La réalité est que le mouvement anti-CPE avait spontanément été pris en main dès le début par les étudiants eux-mêmes, en dehors et contre les directives syndicales qui faisaient alors profil bas pour tenter de « prendre le train en marche » (bon nombre de jeunes bureaucrates syndicalistes, voulant animer les AG, se faisaient d’ailleurs souvent éjecter, parfois manu-militari, par les participants, sur décision des mêmes AG). En essayant de faire oublier cela et en vantant « l'exemplarité » de la lutte anti-CPE, les syndicats se présentent donc comme les véritables artisans de cette lutte, redorant frauduleusement leur image à bon compte.
La deuxième contre-vérité est celle qui consiste à faire croire qu'il serait possible, dans l'état actuel du rapport de force politique entre les classes, de faire reculer le gouvernement. Rien n'est plus faux que d'affirmer que ce dernier serait « acculé ». En réalité, l'initiative du mouvement par les centrales syndicales a non seulement pour objet de dénaturer la lutte anti-CPE, mais aussi de permettre aux syndicats de tenter faire oublier leur complicité avec le PS et le gouvernement Hollande dans toutes les attaques qui ont été menées. Contrairement à l'ère Sarkozy, où ils pouvaient jouer plus facilement leur rôle mystificateur d'opposants, les syndicats ont été jusqu'ici particulièrement discrets et bienveillants à l'égard du PS et de ses attaques contre les conditions de vie des ouvriers.
Pour ces raisons, nous jugeons important de réfléchir à nouveau sur l’expérience de 2006. Nous republions donc ici certains de nos articles qui tentaient à l'époque de tirer les premières leçons de cette lutte qui reste très importante pour le futur et la lutte de classe.
RI, 19/03/2016
France : Salut aux jeunes générations de la classe ouvrière
Solidarité de tous les travailleurs salariés avec les étudiants et lycéens en lutte contre le CPE!
Le mouvement contre le CPE en 2006 : une lutte exemplaire pour la classe ouvrière
Thèses sur le mouvement des étudiants du printemps 2006 en France