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Une fois de plus, la classe dirigeante use de toutes les ruses pour tenter de masquer la faillite de son système. Depuis le début de cet été, sur un fond de discours optimiste et rassurant quant à l’état de la finance mondiale, l’Etat français, avec Christine Lagarde sur le devant de la scène, met tout en œuvre pour nous faire croire que la crise est derrière nous. En diverses occasions ces dernières semaines, nous l’avons vue se féliciter des chiffres “enthousiasmants” de la baisse du chômage. Et quelle baisse ! – 0.2 % au deuxième trimestre 2010, établissant ainsi un taux de chômage (9,7 %) juste sous la barre du seuil psychologique des 10 %. Ce chiffre, largement commenté par les médias, économistes et politiques de tous bords, est riche de sens. Non pas sur la réalité du marché de l’emploi, qui est autrement plus délabré en réalité, mais sur les manœuvres dont la bourgeoisie dispose pour nous faire avaler une fable merveilleuse : “il était une fois la relance du capitalisme” ! Dans un contexte où les inquiétudes sur l’avenir et la déception suscitée par l’attitude des politiques attisent un sentiment de colère qui grandit, il s’agit de calmer le mécontentement par tous les moyens.
Quand la tricherie statistique devient un art
La France comptabilise actuellement 4 574 000 inscrits sur les listes des “demandeurs d’emploi” – sans compter les 300 000 de plus de 58 ans dispensés de recherche d’emploi et les 217 000 chômeurs des départements d’outremer. Le nombre total de chômeurs a augmenté de 1 150 000 sur les deux dernières années. Dans le seul mois de juillet 2010, 505 000 hommes et femmes se sont retrouvés au chômage. Du jamais vu. Une question se pose alors : comment dans de telles conditions, la bourgeoisie française peut-elle parler de “stabilisation du marché de l’emploi” ? Eh bien, tout simplement parce que simultanément à cette augmentation, 495 000 personnes ont quitté… le Pôle emploi. Cela ne signifie aucunement que toutes ces personnes ont enfin trouvé un job. Seulement 104 000 d’entre elles ont eu le “privilège” de se faire activement exploiter, la plupart à coups d’emplois précaire ou à temps partiel par le capitalisme. La situation est donc “opaque” pour 100 000 d’entre eux. Le ministère est d’ailleurs bien forcé de reconnaître lui-même que “moins de 40 % de ceux qui quittent Pôle emploi retrouvent un emploi”. Cette manœuvre de la bourgeoisie pour arranger les chiffres à sa sauce n’a rien d’exceptionnel puisque le décalage entre les données réelles du chômage et les chiffres moins catastrophiques de l’été (liés notamment aux emplois saisonniers), est régulièrement utilisé pour masquer la réalité. C’est toujours la même farce ! En général, la majorité de ceux qui quittent le Pôle emploi sont en fin de droits. Concrètement, cela signifie que cette majorité se retrouve dans la précarité la plus totale, n’ayant plus que le RMI-RSA pour survivre. Une maigre allocation qui peut être refusée si le conjoint a un revenu jugé “correct”. En deux ans, le revenu de certains couples a été divisé par deux et l’INSEE estime que cette année 400 000 ménages vont être confrontés à cette situation. C’est cette politique de “radiation” généralisée qui attend les ouvriers mis sur le carreau, jetés comme des Kleenex par leur boîte.
Une étude publiée en juillet par l’ACOSS (organisme qui reçoit toutes les déclarations d’embauche), montre que celles et ceux qui parviennent à retrouver un emploi doivent de plus en plus se contenter d’un travail très précaire. Pour 60 % des embauches, il s’agit d’un CDD de moins d’un mois. Autant dire que le problème n’est que temporairement repoussé et qu’il se reposera quelques semaines plus tard seulement.
La jeune génération est particulièrement touchée par cette précarité grandissante. Pour bon nombre de jeunes prolétaires qui arrivent sur le marché du travail, il est extrêmement rare de trouver une situation stable. Il s’agit la plupart du temps d’enchaîner les contrats de courte durée, souvent en intérim, en étant sans cesse préoccupé par la recherche d’un nouvel emploi ou d’une nouvelle mission, parce que la fin du contrat se rapproche. C’est bien à cela qu’une bonne partie des jeunes travailleurs emploient le peu d’énergie que leur laisse le capitalisme après une dure journée d’exploitation. “Quel boulot vais-je retrouver ?”, “Dans quelles conditions et où ?”, “Combien d’heures par semaines ?”, telles sont les questions que la plupart des jeunes se posent de manière presque quotidienne. Une situation très angoissante et très pesante, qui donne même l’illusion que c’est une chance d’avoir décroché un contrat payé “normalement”, ne serait-ce que pour quelques semaines.
Voilà la triste réalité qui se cache derrière les chiffres et les statistiques officiels.
Legrand (24 septembre)