Le sport, un concentré de nationalisme

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Nous publions ci-dessous la traduction de larges extraits d’un article de notre section en Turquie. Les camarades y rappellent quelques événements footballistiques de ces dernières décennies qui montrent à quel point ce sport est toujours utilisé pour exacerber le nationalisme.

En juin, la Coupe du monde de football aura lieu en Afrique du Sud. Or, le football sert souvent à la classe dominante pour encourager les sentiments nationalistes et diviser la classe ouvrière.

En Turquie, lors de la victoire de la coupe de l’UEFA du Galatasary (club d’Istanbul), en 2000, il y a eu deux morts en demi-finale et trois en finale.

Les matchs qualificatifs pour cette coupe du Monde, entre l’Égypte et l’Algérie, l’an dernier, ont eux aussi engendré une explosion de haine nationaliste. Au Caire, six supporters algériens ont été tués et 21 Algériens blessés. A Khartoum, au Soudan, 23 Égyptiens furent blessés et 14 Algériens tués. Il y a même eu des centaines de blessés en Algérie lors des célébrations de liesse d’après-match ! Un grand nombre des 15 000 ouvriers égyptiens vivant en Algérie ont été attaqués et forcés de prendre l’avion. Des milliers de supporters égyptiens se sont battus dans de véritables batailles rangées contre la police au centre du Caire, faisant 11 blessés chez les policiers et 24 chez les supporters. Certains fans, ne pouvant atteindre les supporters algériens, caillassèrent l’ambassade indienne toute proche.

En mai 1990, le match Dynamo de Zagreb/Red Star de Belgrade a joué un rôle majeur dans la marche à la guerre de l’ex-Yougoslavie. Bien sûr, les guerres ne sont pas engendrées par des matches de football. Cependant, de telles démonstrations publiques de haine nationaliste servent à la mobilisation de la clas se ouvrière vers la guerre. Ce match s’est en effet terminé par une bataille rangée entre les bandes nationalistes croates et serbes (les Serbes étaient d’ailleurs conduits par Arkan, un nationaliste recherché plus tard par l’ONU pour crimes contre l’humanité !). La police fut rapidement submergée par le plus grand nombre, mais revint ensuite avec des renforts, des camions blindés et des canons à eau pour rajouter au climat de violence générale. Une heure après, avec des centaines de blessés et plusieurs morts par balles ou à l’arme blanche ou empoisonnés par les gaz lacrymogènes, la bataille continuait encore. La guerre des années 1990-2001, dans laquelle plus de 60 000 personnes allaient trouver la mort, était prête à partir. Les Tigres d’Arkan, milice dans laquelle ont été enrôlés beaucoup de supporters du Red Star ont joué un rôle dans certains des pires cas de purification ethnique. Zvonimir Boban, qui a eu plus tard une grande notoriété dans le Milan AC, se vanta d’avoir attaqué un policier pendant l’émeute. Il affirme toujours qu’il aime la Croatie plus que tout et qu’il mourrait pour son pays. Lui, il n’a pas réellement sacrifié sa vie sur l’autel de la nation mais des dizaines de milliers de malheureux ouvriers, eux, l’ont fait !

En 1969, la course à la qualification, pour la Coupe du Monde de 1970, entre le Salvador et le Honduras, fut l’étincelle qui enflamma ce qui était déjà une situation de tension guerrière. Après le match retour, les médias des deux pays firent des reportages exacerbant la haine nationaliste de l’autre et incitèrent les ouvriers de chacun des deux pays à s’entretuer. La guerre, qui se déchaîna effectivement, fit 4000 morts en quatre jours.

Sabri