Elections régionales : l'espoir d'arrêter les attaques par le vote est un leurre

Afficher une version adaptée à l'édition sur imprimante

Nous voici, de nouveau, à l’approche d’élections. Les affiches fleurissent un peu partout, la télévision nous assomme de messages, la presse en remplit des pages entières : n’oubliez pas d’aller voter ! Il faudrait vraiment le faire exprès pour oublier. Tout au plus peut-on se demander si c’est vraiment utile. Mais la bourgeoisie multiplie aussi les enjeux pour donner un peu de substance à ces élections régionales : et si la gauche remportait toutes les régions ? Et si le Front national amorçait un retour ? Et si la gauche radicale continuait son déclin ? Comme s’il fallait justifier de l’intérêt d’élections pour une institution, la région, dont peu de monde connaît les réelles attributions et compétences. Même le NPA nourrit l’agitation médiatique avec sa candidate voilée. Tout est fait pour dramatiser la situation : “faites attention, votre vie peut changer si vous ne votez pas !”.

Mais la question n’est pas là. L’alternance du pouvoir implique tout au plus un changement dans la forme (et encore) mais le fond reste absolument le même. Les régions qui ont basculé de droite à gauche aux dernières élections n’ont pas changé la vie de la classe exploitée.

L’enjeu n’est d’ailleurs pas plus grand aux présidentielles ou aux législatives. La question n’est pas de savoir si ce vote précis est utile, mais si le vote en général, le cirque électoral bourgeois, peut permettre d’une façon ou d’une autre, de satisfaire les intérêts de la classe ouvrière.

Le mouvement ouvrier, en se fondant sur la réalité historique, a depuis longtemps tranché la question : les élections sont non seulement inutiles à la défense des intérêts du prolétariat, mais elles sont plus encore un piège pour détourner la classe ouvrière du seul terrain où sa voix peut se faire entendre, celui de sa lutte contre les attaques du capital (1). Les élections atomisent les ouvriers dans les isoloirs en créant l’illusion d’un choix collectif et d’une unité d’action. Que se soit la gauche ou la droite qui sorte vainqueur des urnes, c’est toujours la bourgeoisie qui gagne les élections. La gauche n’a aucun programme alternatif à offrir aux ouvriers. En France, comme en Espagne ou en Grèce comme dans tous les pays, la gauche n’a pas d’autre fonction que de gérer les affaires de l’État ou de la région et de faire payer la crise du capitalisme aux travailleurs.

La classe ouvrière n’a aucune illusion à avoir. Que ce soit la gauche ou la droite, qui résident à l’Elysée, à l’Assemblée nationale, dans les régions, départements ou communes, c’est toujours la classe de ses exploiteurs qui est aux commandes d’un capitalisme dont l’état délabré ne lui laisse d’autre choix que d’étrangler la classe ouvrière. Au-delà des intérêts de chapelles et de clans en son sein, qui sont réels, la bourgeoisie ne s’intéresse pas tant à qui vont aller les suffrages qu’au nombre d’ouvriers qui vont placer encore leurs espoirs dans leur bulletin de vote. Les élections sont un moyen très efficace d’étouffer l’expression de la colère ouvrière. Le prolétariat ne peut devenir une force politique que lorsqu’il se bat sur son propre terrain de classe pour défendre ses propres intérêts contre l’exploitation, le chômage, les licenciements, la dégradation de ses conditions d’existence. Il ne peut offrir une autre alternative au capitalisme en crise qu’en développant ses luttes de façon solidaire et unie et en prenant son destin en mains.

Certains se disent peut-être que ces élections sont l’occasion de laisser un message à Nicolas Sarkozy en réaction à sa politique ? Mais ce vote “utile” destiné à sanctionner la politique du chef de l’État ne changera pas la condition de la classe ouvrière. Cette mascarade électorale ne peut qu’entraîner les exploités derrière les illusions démocratiques de telle ou telle clique bourgeoise. Il ne peut que les pousser à déserter le seul chemin capable de construire un vrai rapport de force face aux attaques incessantes qu’ils subissent quotidiennement : celui de la lutte, des grèves et des manifestations massives.

GD (19 février)

 

1) A ce sujet, le CCI a récemment édité une brochure sur la question électorale : “Les élections, un piège pour la classe ouvrière” .

Récent et en cours: