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Ce mouvement est significatif et important à de nombreux égards. Il exprime en premier lieu l'inquiétude de toute une génération pour son avenir et pour ses futures conditions de vie et de travail. Car parallèlement aux suppressions de postes d'enseignants, avec des classes surchargées, des enseignants ne sachant plus où donner de la tête et prodiguant inévitablement un enseignement toujours plus médiocre, il y a aussi la création de lycées d'élite et de lycées poubelles. Le mouvement lycéen de cette année est dans la continuité des différents mouvements lycéens des années 1990 et 2000 et du mouvement étudiant contre le CPE en 2006. Il exprime en particulier un profond sentiment et un besoin de solidarité qui dépasse les "frontières" des générations. Il ne s'agit en rien d'un mouvement de lycéens qui font grève, comme on a pu l'entendre, pour ne pas aller en cours, mais du mouvement d'une génération qui a de plus en plus conscience de l'avenir pourri que lui réserve cette société capitaliste.
Les médias ont mis à plusieurs reprises en exergue, afin de mieux introduire la confusion, "l'opposition" prétendue entre les slogans étudiants de 1968 (mode oblige) comme "A bas les profs" et ceux des lycéens d'aujourd'hui qui "veulent plus de profs" et "plus d'autorité". Il y a évidemment des différences mais il existe un lien indéfectible, celui d'une génération qui a initié les vagues de luttes internationales qui ont jalonnées les années 1970 et 1980 avec une génération qui s'inscrit d'ores et déjà dans le développement actuel de luttes ouvrières au niveau international.
C'est la peur de cette jeune génération qui fait que les lycéens ont été isolés soigneusement par les syndicats lycéens et que les syndicats enseignants ont créé la confusion, appelant seulement à certaines manifestations et laissant aux enseignants l'initiative individuelle de soutenir la grève ou pas. Cela est un signe indubitable de la peur de la bourgeoisie de voir le mouvements s'élargir. En effet, la manifestation du 15 avril, à laquelle les syndicats enseignants avaient appelé, a montré une colère très forte de la part de ces derniers, en particulier dans le primaire, et les manifestations qui ont suivi ont également été des moments où ce ne sont plus que les revendications "lycéennes" qui sont mises en avant mais, chaque fois plus, des revendications sur un terrain ouvrier.
C'est bien pour ces raisons que la FIDL (Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne) et l'UNL (Union Nationale Lycéenne) se sont efforcées d'enfermer le mouvement dans une logique "lycéenne" avec des actions démoralisantes, telles que le blocage de certaines voies routières, ou encore le blocage des lycées, mais sans aucune perspective d'ouvrir la discussion ou des assemblées générales à tous, lycéens, étudiants et salariés, etc.
Cependant, devant la détermination et la combativité des lycéens, il revient aux syndicats de l'enseignement de les reprendre à leur compte en s'efforçant de mettre un terme à ce mouvement. Aussi, FSU, Unsa-Education, Sgen-CFDT, Ferc-CGT et SUD-Education ont décidé de deux journées d'action nationale les 15 et 21 mai pour demander la mise en oeuvre d'une "autre politique éducative visant la réussite de tous les élèves". Tout cela n'est que de la poudre aux yeux pour enrayer un mouvement qui se développe en profondeur au sein de la classe ouvrière et de leurs jeunes générations. Ce mouvement n'est pas que l'expression d'une lutte actuelle de lycéens en colère mais celle d'une tendance toujours plus claire chez les jeunes générations à ne pas se soumettre passivement aux conditions de travail lamentables qui sont de plus en plus celles de leurs aînés et à les entraîner dans la lutte avec eux.
Mulan (24 avril)