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La journée de mobilisation nationale des fonctionnaires appelée par tous les principaux syndicats le 24 janvier a rassemblé la moitié moins de grévistes (20 à 25 %) et de manifestants (300 000 dont 25 000 à Paris) que la précédente le 20 novembre dernier. Et pour cause : alors que le 20 novembre avait servi d'enterrement de première classe à la grève des cheminots et des traminots (voir RI n° 385, décembre 2007), cette fois les syndicats avaient pris soin d'isoler et de canaliser la combativité restant forte chez les salariés pour lesquels les "négociations" sur les régimes spéciaux s'enlisent depuis plus de deux mois en les faisant manifester en catimini à Paris 2 jours avant. Ainsi, sans aucune publicité médiatique ni syndicale, le 22 janvier, entre 16 000 (selon la police) et 50 000 (selon les syndicats) cheminots, traminots, gaziers et électriciens ont défilé entre la gare d'Austerlitz et les Invalides, derrière 5 fédérations syndicales, CGT en tête. Leur mot d'ordre était clairement "défendre la future retraite de leurs enfants" et un agent de service de l'EDF déclarait nettement "Je défends ici l'avenir de mes enfants". En même temps, la colère était très forte chez les cheminots qui en plus des régimes spéciaux se retrouvaient sous le coup d'une nouvelle annonce de 1500 suppressions d'emplois dans le secteur du fret (transport des marchandises) de la SNCF. Seuls FO et SUD, reprenant leur posture radicale lors de la grève d'octobre-novembre n'y participaient pas mais appelaient leurs adhérents à rejoindre le cortège des fonctionnaires le 24. Une nouvelle fois, la division syndicale était au service de la division des ouvriers. La "Journée nationale d'action" du 24 regroupant la fonction publique d'Etat, les collectivités territoriales et divers services publics (en particulier les hôpitaux, les agences de l'ANPE ou la Poste) était dominée par le secteur de l'enseignement (où le taux de grévistes atteignait 40 %), concernés par 11 200 suppressions de poste sur les 22 900 prévus dans l'ensemble du secteur public à la rentrée 2008 et par les heures administratives supplémentaires (et non rémunérées) qu'on leur impose désormais. Mais dans le privé, les "négociations" sur les nouveaux contrats de travail sous le signe de la "flexisécurité" signés avec l'instance patronale du Medef par 5 syndicats sur 6 (à l'exception de la CGT) constituent pour 11 millions de salariés une déréglementation complète dans le prolongement de la réforme du Code du travail adopté en douce en décembre dernier : en cas de licenciement, il s'agira "rupture de contrat à l'amiable" pour éviter de passer par les tribunaux, de généraliser des CDD "de mission" limités à 36 mois ; de périodes d'essai porté de 1 à 2 mois pour les ouvriers et employés, de 2 à 4 mois pour les cadres. Et les syndicats osent parler de "compromis équilibrés" et de "contreparties gagnantes" pour... quelques mois de prolongation de droits à une mutuelle complémentaire de santé en cas de "rupture de contrat amiable" ! Les syndicats sont non seulement à l'avant-garde de la bourgeoisie non seulement pour saboter et diviser la riposte des ouvriers mais aussi pour faire passer les attaques de la bourgeoisie. La collusion entre les syndicats, le gouvernement et le patronat est manifeste. Face à l'usure grandissante des appareils syndicaux, une duperie supplémentaire est organisée pour enfumer la conscience des ouvriers et bloquer la dynamique de leur réflexion : la négociation sur "la représentativité des syndicats" qui viennent de s'ouvrir ne peut servir qu'à occuper le terrain et faire diversion en alimentant la querelle entre les "syndicats représentatifs" accrochés à leurs intérêts de boutique et les "syndicats émergents" tels que l'UNSA et Sud-Solidaires qui se posent en nouvelles forces d'encadrement des ouvriers. Les ouvriers ne doivent compter que sur eux-mêmes pour développer leurs luttes et non pas sur les syndicats qui y feront toujours obstacle, quel que soit leur image et leur statut, officiel ou non.