Proche-Orient : une région plus que jamais dévastée par les massacres impérialistes

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Alors que la guerre qui vient de secouer le Liban est à peine terminée, après le retrait des troupes israéliennes, ce pays est à nouveau menacé de sombrer dans une nouvelle phase de chaos.

Le Liban replongé dans la tourmente impérialiste

L’assassinat du ministre chrétien de l’industrie Pierre Gemayel (sixième dirigeant politique assassiné depuis un an) plonge un peu plus ce pays dans l’anarchie et le déchirement. Ses obsèques ont permis à des centaines de milliers de personnes d’exprimer leur colère contre la tutelle syrienne. Sous l’influence directe d’autres puissances, le fossé se creuse toujours un peu plus entre les communautés, Chrétiens et Sunnites se retrouvant très momentanément alliés contre les Chiites. Depuis l’échec de l’invasion israélienne, le poids politique du Hezbollah, pro-syrien et soutenu également par l’Iran, s’est considérablement renforcé au Liban. Ce petit pays du Proche-Orient cristallise à lui seul toutes les tensions impérialistes qui traversent l’ensemble de la région. Le drame libanais, comme l’ensemble du développement des tensions impérialistes dans le monde, est directement déterminé par l’affaiblissement croissant de la première puissance mondiale, les Etats-Unis. De ce fait, l’Etat d’Israël, principal allié de l’Oncle Sam dans toute la région du Moyen-Orient, ne peut lui-même qu’étaler au grand jour ses propres faiblesses. Par contrecoup, l’Iran s’affirme toujours davantage comme une puissance régionale aux appétits féroces. Son influence en Irak, comme au Liban aux côtés de la Syrie, ne pourra laisser les Etats-Unis et Israël sans réaction. Et ceci d’autant plus que les autres impérialismes, français et italien notamment, sous couvert d’intervention pour maintenir la paix au Liban, se sont précipités militairement sur le terrain afin d’y défendre leurs sordides intérêts. Le niveau de tensions qui se développe entre la France et Israël s’est affiché au grand jour récemment lorsque des avions de combat israéliens ont survolé le Sud-Liban. Les forces armées françaises ont réagi immédiatement en disposant leurs batteries anti-aériennes en position de tir.

Face à cette accumulation de tensions impérialistes, il ne pourra plus y avoir dans ce pays, devenu quasiment ingouvernable, de période de stabilité. Cette situation de guerre permanente et de chaos est celle qui se répand inexorablement dans tout le Moyen-Orient.

A Gaza, un nouvel enfoncement dans la barbarie et le chaos

Depuis un mois, les territoires palestiniens de la bande de Gaza font de nouveau la une des médias bourgeois. Chaque jour qui passe y connaît son lot de violence et de tueries. Cette population déjà réduite à la misère la plus extrême (plus de 70% de la population se trouve au chômage) vit en permanence la peur au ventre et sa seule préoccupation est de tenter de survivre au quotidien.

Au début du mois de novembre, de nouvelles roquettes tirées depuis les territoires palestiniens de la bande de Gaza se sont abattues dans le Sud d’Israël, touchant plus particulièrement à la mi-novembre la ville de Sderot. En réponse à cette attaque, le ministre de la défense Amir Péretz a donné l’ordre à l’armée israélienne de développer une offensive aérienne et terrestre dans les territoire de la bande de Gaza. Les raids de l’aviation israélienne commencés au début du mois se sont alors multipliés. Dans la seule nuit du 15 au 16 novembre, cinq raids aériens ont été menés sur des maisons supposées abriter des militants du Hamas, dans les camps de réfugiés de Jabalia et Chatti ainsi qu’à Rafah. La bourgeoisie israélienne n’a eu aucun scrupule à proclamer cyniquement vouloir mener des opérations ponctuelles et des liquidations ciblées en bombardant des maisons en pleine agglomération. A Beit Hanoun, en un seul bombardement aérien, ce sont 19 civils palestiniens qui ont été tués. Ces raids n’épargnent évidemment personne, ni femmes, ni enfants, ni vieillards.

La bourgeoisie, quelle que soit sa nationalité, se moque éperdument des souffrances qu’elle provoque avec une violence redoublée, pour défendre ses sordides intérêts impérialistes. Quelle différence peut-il y avoir entre les attaques terroristes aveugles, perpétrées par des Palestiniens kamikazes fanatisés par la branche armée du Hamas et les raids aériens israéliens aveugles et meurtriers ? En réalité, il n’y en a aucune : chaque bourgeoisie ne fait qu’utiliser, au mépris de toute vie humaine, les moyens dont elle dispose, au mieux de ses intérêts de clique impérialiste. De ce fait, ce conflit israélo-palestinien ne peut que s’enfoncer dans la barbarie. Le retrait de l’armée israélienne de la bande de Gaza en septembre 2005, après 38 ans d’occupation militaire, ne signifiait en rien un retour au calme et encore moins une possibilité d’aller vers la paix. Depuis un an, la violence n’a fait que se développer pour connaître pendant ce mois de novembre une nouvelle accélération brutale. La dernière déclaration du ministre de la défense Amir Peretz donne le ton de ce qui va se passer dans les semaines à venir, lorsqu’il demande à l’état- major de l’armée israélienne de plancher "sur de nouvelles initiatives agressives dans la bande de Gaza." (cité par Courrier international du 17 novembre). Tandis que son collègue aux infrastructures, le travailliste Binyamin Ben Eliezer avance de son côté : "Il faut les poursuivre nuit et jour. Nous leur ferons voir ce qu’est la dissuasion. Si les tirs ne s’arrêtent pas, ils [les responsables du Hamas] n’auront pas de répit, à commencer par le premier ministre, Ismail Haniyeh, jusqu’au dernier des siens." (Idem)

Toutes les bourgeoisies sont responsables du chaos

L’Etat d’Israël, après son échec au Liban, est entraîné comme les Etats-Unis dans un processus d’affaiblissement irréversible. Cet affaiblissement du leadership américain et de son allié israélien ne peut qu’encourager toutes les autres puissances impérialistes, des plus grandes aux plus petites, à s’impliquer dans les conflits. La multiplication des affrontements au sein de l’ONU en témoigne. Ainsi, les Etats-Unis ont posé leur veto à la résolution soutenue par les membres du Conseil de Sécurité et proposée par le Qatar, et condamnant entre autres les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza. De même, "l’initiative de paix" pour le Proche-Orient prise par la France et l’Espagne a été également immédiatement refusée par Israël et froidement accueillie par Washington.

Le Liban est un enjeu de la mêlée à laquelle se livrent ces bourgeoisies à travers le conflit israélo-palestinien pour défendre leurs intérêts particuliers. Au-delà du Liban lui-même, tous ces "défenseurs de la paix" ne font en définitive que chercher à déstabiliser leurs rivaux et à pousser les fractions rivales locales à s’entre-déchirer dans la région comme dans l’ensemble du Moyen-Orient, où ils ne font qu’attiser la guerre et le chaos.


Tino (25 novembre)


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