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D’après la bourgeoisie, la classe ouvrière devrait se réjouir. Il ne se passe pas un jour, sans que ses médias journaux, radios, télévisions ne nous parlent de la bonne santé actuelle de son économie. Pour cela, elle met en avant les chiffres de la croissance. Celle-ci a augmenté au niveau mondial de 3,2% en 2005, après avoir enregistré 4 % en 2004 et moins de 2,6% en 2003. Elle prévoit tranquillement une croissance en hausse de 3,3% pour l’année 2006. Cette classe d’exploiteurs se cache à elle-même la réalité. Mais surtout, elle ment effrontément à la classe ouvrière.
Face à l’aggravation de sa crise économique, les mensonges de la bourgeoisie
Elle tente à tout prix de cacher la gravité de la situation. Pour cela tout est bon. En France, elle va jusqu’à parler d’une "réduction significatice" des chiffres du chômage, en oubliant de mentionner à quel point toutes ses statistiques sont truquées. Comment la classe ouvrière qui vit de plus en plus un chômage de masse pourrait avaler de telles balivernes ? Les ouvriers dont beaucoup sont réduits à cumuler plusieurs boulots précaires pour survivre avec un salaire de misère, savent très bien ce que valent ces campagnes idéologiques de la bourgeoisie. Depuis l’accord de l’UNEDIC en 2002, la bourgeoisie française a déjà radié de tout droit d’indemnisation 850 000 chômeurs, qu’elle a envoyés sans aucun scrupule tout droit à la misère du RMI. Mais tout ceci n’est encore rien. C’est le capitalisme mondial qui est dans la tourmente économique et avec lui toute la classe ouvrière. Pour cette classe de prédateurs, au moment où la crise impose une guerre économique de tous les instants, il ne lui reste plus que la poursuite de sa politique de fuite en avant dans l’endettement, tout en développant férocement l’ensemble de ses attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière. Au moment même où la crise de l’économie capitaliste entre dans une nouvelle phase d’accélération, faut-il que la classe ouvrière admette sans réfléchir les perspectives mensongères que nous avance la bourgeoisie ? Le prolétariat doit-il attendre passivement, sans lutter, des lendemains qu’on nous annonce meilleurs ? En fait, derrière les discours idéologiques de façade, le système économique rentre dans une nouvelle phase, qui aura des effets autrement plus dévastateurs que ceux que nous avons connus, depuis le retour de la crise ouverte à la fin des années 1960.
Le prolétariat paye la faillite de l’économie capitaliste
Cette dégradation violente de l’économie, la classe ouvrière la vit au quotidien. Les plans de licenciements massifs se succèdent sans répit. Des entreprises supposées aussi performantes que Alcatel et Intel annoncent des licenciements à la chaîne. Dans l’automobile, la bourgeoisie ne fait pas de détail. Elle prévoit tout simplement 70 000 suppressions de postes d’ici à la fin de l’année chez General Motors, Ford et Delphi. Ce chiffre donne la mesure des difficultés du secteur automobile aux Etats-Unis. La situation qui n’est pas meilleure dans le reste du monde amène les constructeurs partout à annoncer des licenciements massifs. En France, c’est au tour de Renault et de Peugeot-Citroën d’annoncer des milliers de nouveaux licenciements. Tous les secteurs de pointe du capitalisme sont dans la tourmente. La société EADS, qui vient de connaître quelques ennuis de fabrication, se voit immédiatement lourdement sanctionnée par les acheteurs potentiels du futur Airbus A380. Dans l’état de surproduction de ce secteur, aucune erreur n’est permise. Le résultat ne s’est pas fait attendre, après le constructeur américain Boeing, c’est au tour du constructeur européen d’annoncer des milliers de licenciements. A Séoul, en Corée du Sud, un des plus grands chantiers navals au monde appartenant au groupe Halla, a annoncé la suppression de 3000 postes, soit la moitié des effectifs, alors que la pratique des licenciements massifs était inconnue jusqu’à ce jour dans ce pays. Mais la classe ouvrière ne subit pas une attaque frontale que sur la question des licenciements. Ce sont toutes ses conditions de vie qui sont attaquées. En Allemagne, la bourgeoisie vient de déclarer qu’il faut repousser l’âge du départ à la retraite à 67 ans. C’est la même offensive qui est menée dans tous les pays. La bourgeoisie en pleine faillite ne peut plus payer les retraites. Après avoir sucé toute la force de travail des ouvriers, elles les jette ainsi aux ordures. "L’Etat providence" déjà fortement démantelé, ne pourra pas résister à la nouvelle dégradation économique. Tous les jours des médicaments et des soins ne sont plus remboursés. La bourgeoisie veut définitivement enterrer la sécurité sociale. Dans tous les secteurs, publics ou privés, les moyens pour les ouvriers et leurs familles de se soigner sont attaqués férocement. Le budget mis en avant par la bourgeoisie française est la concrétisation amère de toutes ces attaques. Il annonce la suppression pure et simple de 15 000 postes de fonctionnaires. La fonction publique et le secteur hospitalier sont tout particulièrement visés. Avec des salaires toujours plus bas, la classe ouvrière en est réduite à se battre au jour le jour pour se loger et pour manger. C’est exactement la même politique qui sévit en Allemagne sous le gouvernement Angéla Merkel ou en Italie avec celui de Romano Prodi. Il ne peut y avoir aucune exception à cette politique frontale anti- ouvrière, quel que soit le pays, quelle que soit la couleur politique du gouvernement en place.
L’économie capitaliste en situation potentielle de faillite
Un organisme aussi représentatif de la bourgeoisie que l’ONU par l’intermédiaire de son département des affaires économiques et sociales avance à demi-mots que la croissance mondiale ne peut que ralentir en 2006. "Dans l’avenir proche, l’éventualité de nouvelles flambées des cours du pétrole, du passage d’une crise circonscrite de la grippe aviaire à une pandémie, ou de l’effondrement du prix de l’immobilier dans les pays les plus riches font planer le risque d’un ralentissement graduel de la croissance mondiale." (Courrier International, octobre 2006). Les millions de morts d’une éventuelle pandémie de la grippe aviaire ne posent aucun problème humain à la bourgeoisie, par contre son utilisation idéologique pour faire croire qu’une brusque accélération de la crise, serait due à une catastrophe indépendante de son système pourrissant lui sert pleinement. Mais n’en déplaise à tous les organismes bourgeois, les faits finissent par être plus têtus que les mensonges. L’éclatement de la bulle immobilière a déjà commencé aux Etats-Unis. Des millions d’Américains vont se retrouver de ce fait incapables de rembourser leurs dettes. L’éclatement de cette bulle du logement va avoir de graves répercussions sur le système financier mondial comme sur l’ensemble de l’économie. Cette bulle a été financée par de l’argent "bon marché", à des taux de prêt très bas. Au cours des toutes dernières années, l’administration américaine a fait marcher à fond la planche à billets, inondant ainsi le monde et les Etats-Unis de dollars. Un article de Courrier International du 27 juillet 2006 met crûment en lumière cette politique de fuite en avant suivie par la banque centrale américaine : "En juin, l’indice des prix à la consommation à montré, s’il en était encore besoin, quelle immense erreur la banque centrale américaine à commise en matière de politique monétaire entre fin 2003 et 2005". ( Cette "erreur" est d’autant plus grave que, contrairement aux discours bourgeois, ce sont les Etats-Unis qui continuent de tirer la demande mondiale. Une crise majeure de l’économie américaine plongerait inévitablement le monde dans une récession violente. C’est en premier lieu à travers sa dépendance envers l’économie américaine que la Chine peut connaître des taux de croissance records. La Chine dépassera cette année le Mexique pour devenir le deuxième partenaire commercial des Etats-Unis, juste derrière le Canada. La Chine comme l’Inde et tous les Etats d’Asie du Sud-Est ne supporteraient pas un ralentissement trop important de la demande extérieure américaine, sans connaître eux-mêmes un violent coup de frein de leur croissance. Et c’est ce chemin que l’économie mondiale à d’ores et déjà commencé à emprunter. Les Etats-Unis se sont endettés au-delà de tout ce que l’on peut imaginer. Le déficit américain atteint 800 milliards de dollars. Il est bien évident que parmi les éléments d’une structure financière en déconfiture, le niveau d’endettement est le plus préoccupant. En 2002, suite à l’effondrement boursier dû, en partie, à l’éclatement de la bulle de la "nouvelle économie", la bourgeoisie craignait l’arrivée de la déflation. Elle a pu repousser cette échéance. Mais de l’avis de nombreux spécialistes bourgeois, ce spectre est à nouveau possible dans la situation actuelle. Cette masse incroyable de dollars en circulation aujourd’hui dans le monde peut entraîner cette monnaie dans le gouffre, avec des répercussions d’une extrême gravité sur toute l’économie mondiale. La suppression de la publication de l’indice M3 par la banque centrale américaine, indice qui permet de mesurer la masse de dollars en circulation, démontre l’impuissance croissante de la bourgeoisie à maîtriser ses déséquilibres. Elle en est réduite à la politique de l’autruche qui consiste à cacher le danger faute de pouvoir y faire face. En attendant, cette politique d’argent facile aux Etats-Unis, comme dans l’ensemble des pays développés a fait de nouveau réapparaître l’inflation. Depuis douze mois, les prix ont augmentés aux Etats-Unis, à un rythme annuel de 4,3% et depuis trois mois de 5,1%. La banque centrale américaine ne peut par conséquent, à l’image des banques centrales d’Europe ou d’Asie, que continuer à augmenter ses taux d’intérêts. A moins que dans ces temps de folie, ces banques ne décident d’accélérer leur fuite en avant en laissant filer la valeur du dollar afin de financer leurs dettes avec de la monnaie dévaluée. Dans les deux cas, le résultat pour l’économie mondiale sera le même : ce sera la récession. La montée actuelle des cours boursiers ne correspond pas à une embellie dans la marche de l’économie capitaliste, mais à son exact contraire. Ce n’est que le signe précurseur de la tempête. Une crise boursière d’ampleur guette l’économie capitaliste. Celle-ci sera plus profonde que celles que nous avons connues jusqu’à présent.
L’économie capitaliste face au chaos
Pour faire face à la crise ouverte à la fin des années 1960, le capitalisme allait avoir recours à un endettement important, tout en portant ses premières attaques frontales contre la classe ouvrière. Les pays centraux reportaient alors toute une partie de la crise sur les pays pauvres qui s’enfonçaient dans une misère et un chaos qui n’a jamais cessé de s’approfondir depuis. Pendant qu’au cœur du capitalisme c’étaient les secteurs traditionnels de l’industrie capitaliste qui étaient démantelés : mines, sidérurgie, textile, etc. La bourgeoisie pour la première fois depuis l’époque des "Trente Glorieuses" allait devoir faire appel à la planche à billets et à un niveau d’endettement inconnu jusqu’alors, afin de créer artificiellement une demande solvable. Cet endettement n’a rien à voir avec celui qui existe aujourd’hui. Celui-ci allait pourtant produire un niveau d’inflation rapidement intolérable. La bourgeoisie se devait de réorienter sa politique économique sans pousser celle-ci dans une récession trop violente. C’est ce qui fut fait au début des années 1990 et qui allait donner malgré les souffrances infligées au prolétariat encore dix années de répit au capitalisme. L’endettement privé prenait alors en partie le relais de l’endettement public. Les banques, fonds de pension, assurances, institutions financières, entreprises et "classe moyenne", notamment aux Etats-Unis, jouaient le rôle de soutien de la croissance. Cette politique, voulue par les Etats, tout au long de ces années a permis de maintenir l’activité tout en jugulant l’inflation. Et ceci d’autant plus que la bourgeoisie s’acharnait à faire baisser le coût du travail. L’éclatement de la bulle de la nouvelle économie sonnait alors le glas de cette période. Depuis lors, la fuite en avant de la politique économique a consisté à cumuler celle des années 1980 et celle des années 1990. A un endettement public inimaginable a été ajouté un endettement privé incalculable. L’éclatement en cours de la bulle immobilière aux Etats-Unis signifie, après seulement trois ou quatre ans d’usage, la fin de cette folie économique. Les déséquilibres financiers et industriels ainsi portés à des niveaux insoutenables, notamment en Amérique font inévitablement rentrer l’économie capitaliste dans une nouvelle phase, qui ne pourra être faite que de faillites boursières et industrielles, ébranlant l’économie toute entière.
La bourgeoisie n’a pas le choix. Cette nouvelle aggravation de la crise économique va l’obliger à développer, ses attaques de la classe ouvrière à un niveau bien supérieur à tout ce que nous avons déjà connu depuis le retour de la crise ouverte à la fin des années 1960. Il n’y aura aucun répit pour le prolétariat. Cependant ces attaques ne vont pas s’abattre sur une classe ouvrière abattue et amorphe. Depuis le début des années 2000, celle-ci partout dans le monde a repris le chemin de la lutte. Au moment où la classe ouvrière dans les pays centraux est en train d‘assimiler les premières leçons de cette reprise des luttes, l’accélération de la faillite de l’économie bourgeoise et la généralisation des attaques ne pourront être que des facteurs importants dans sa réflexion, sa prise de conscience et son combat.
Tino (23 octobre)