Courrier de lecteur : l'Etat n'a rien à envier au pire des patrons

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Nous publions ci-dessous le courrier d'un de nos lecteurs qui a tenu à témoigner de la précarisation des conditions de travail.

 

Camarades,

Je travaille dans l’Education Nationale et je tiens à vous envoyer un témoignage de l’intérieur sur les conditions d’embauche des personnels contractuels dernièrement recrutés par l’Etat.

Depuis cette rentrée scolaire, l’Etat a créé dans l’enseignement primaire des emplois d’ "assistant administratif au directeur d’école", financés par les Conseils Généraux, qui sont en fait des emplois polyvalents alternant travail de secrétaire et celui d’aide-éducateur. Ces emplois, réservés aux bénéficiaires de minima sociaux (Allocation de Parent Isolé et Revenu Minimum d’Insertion principalement), ont officiellement été créés en réponse à la longue grève administrative des directeurs d’école primaire ; mais, outre d’évidents motifs électoraux, cet expédient sert en réalité à faire diversion aux quelque 8000 postes de fonctionnaires de l’Education Nationale (15 000 dans toute la Fonction Publique) dont le gouvernement a annoncé la suppression pour 2007.

Ces emplois se présentent sous la forme d’un contrat de travail d’une durée de 10 mois (du 1er septembre au 30 juin) éventuellement renouvelable. Le travail est payé au SMIC horaire (8,26 € brut par heure) pour une durée hebdomadaire moyenne de 26 heures par semaine (en réalité 28 heures par semaine quand on ne compte pas les vacances scolaires) ce qui donne un salaire mensuel net inférieur à 770  €. Il ne donne droit : ni à l’assurance maladie (mais à la Couverture Maladie Universelle) ; ni aux allocations chômage (mais au RMI) ; ni à l’indemnité de fin de contrat.

Par conséquent, comme stipulé dans le contrat : en cas d’arrêt de travail pour maladie, congé maternité ou accident de travail et ce dès le premier jour d’absence, le salaire du travailleur n’est pas maintenu par l’employeur (c’est-à-dire l’Etat-patron) : dans ce cas, il a royalement droit à un trentième de RMI par jour d’absence (soit 14,44 € par jour) ; si ces contrats sont renouvelés (ce qui est probable, "grâce" aux élections), ils le seront pour la même période scolaire : ce qui signifie qu’entre la fin du précédent contrat (30 juin) et le début du suivant (1er septembre), le travailleur redeviendra un RMIste.

Mais cette précarité criante n’était pas encore suffisante pour certains politiciens bourgeois. Ainsi, dans le département du Nord : les 200 RMIstes et autres qui avaient signé en juin un contrat de travail ont appris fin août que le Conseil Général du Nord, présidé par le PS, refusait de contresigner leur contrat. Motif invoqué : l’impossibilité pour le département de financer ces emplois sans l’aide du gouvernement. Ainsi la gauche, après avoir cyniquement fait miroiter aux plus pauvres d’entre les chômeurs un emploi précaire pour la rentrée, leur a littéralement enlevé le pain de la bouche. On imagine sans mal le désespoir qu’a pu entraîner une telle décision chez ces prolétaires.

A noter que ce type de contrat est dénommé "Contrat d’Avenir"... Tant que la bourgeoisie et son Etat décideront de notre avenir, nous n’en aurons pas !

CL (septembre 2006)


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