Submitted by Révolution Inte... on
Avec l'aggravation de la crise économique, la bourgeoisie en France comme dans tous les pays n'a pas d'autre choix que de renforcer ses attaques contre la classe ouvrière. Ainsi, avec l'avalanche des plans de licenciements, le chômage est en train de connaître une montée en flèche. Rien qu'entre octobre et novembre 2001, les licenciements ont progressé de 15,6% et ce sont plus de 1000 chômeurs supplémentaires par jour qui sont enregistrés. Aux charrettes de licenciements, il faut encore ajouter les attaques contre les retraites, l'augmentation du coût de la vie (tel les tarifs de l'EDF), la flexibilité et l'annualisation du temps de travail avec la mise en place des 35 heures dans la fonction publique et notamment dans les hôpitaux, etc.
Les syndicats émiettent la combativité ouvrière
Bien que les attentats terroristes du 11 septembre et le déchaînement
de la riposte américaine en Afghanistan ait polarisé l'attention
de la classe ouvrière, celle-ci ne s'est pas laissée totalement
paralyser par les campagnes bellicistes de la bourgeoisie. Ainsi, depuis deux
mois, c'est dans tous les secteurs que les ouvriers ont manifesté leur
mécontentement et leur volonté de ne pas courber l'échine
face à la dégradation de leurs conditions de vie. C'est bien ce
dont témoigne la multiplication, ces deux derniers mois, des grèves
dans le public comme dans le privé : à l'usine de textiles DIM
à Autun contre les licenciements début décembre, chez Mc
Donald (où la grève se poursuit depuis le mois de novembre), dans
les bureaux de Postes de la région parisienne contre l'intensification
du travail avec le passage à l'Euro; à l'usine Scholtès
Thionville pour des augmentations de salaires, chez les employés du Musée
de l'Homme à Paris, dans les transports parisiens et en province, chez
les employés municipaux (telle la grève de 9 jours des employés
de la ville de Tours contre les 35 heures), chez les enseignants et les personnels
administratifs, ouvriers et de service de l'Education Nationale, dans les banques
contre la dégradation des conditions de travail, à Renault Flins
contre l'application des 35 heures, etc.
Avec le succès de la grève des gendarmes qui ont obtenu, début
décembre, 1000 francs d'augmentation de salaire et un renforcement de
leurs effectifs, la bourgeoisie a mis a profit ce mouvement hypermédiatisé
non seulement pour dénaturer la lutte de classe (voir RI n°319),
mais pour pousser une fois encore la classe ouvrière derrière
les syndicats. Dans tous ces conflits sociaux, dans le public comme dans le
privé, les syndicats exhortent les ouvriers à engager le combat
en semant l'illusion que la lutte sur un terrain corporatiste paie, et même
qu'elle peut rapporter gros, comme l'aurait démontré la grève
des gendarmes. Ainsi, par exemple, au lendemain de la "victoire" des
gendarmes, la CGT appelle à la mobilisation des ouvriers de l'usine Scholtès
Thionville en mettant en avant une revendication démagogique calquée
sur celle des gendarmes : 1000 francs par mois (ce qui représente une
augmentation de plus de 15% pour des salaires d'environ 6000 à 6500 francs
!), et une prime de fin d'année de 3000 francs.
Alors que tous les secteurs sont confrontés aux mêmes attaques,
notamment la dégradation des conditions de travail et la mise en place
des 35 heures, partout les syndicats se sont efforcés d'émietter
la combativité ouvrière, en enfermant et isolant les différents
foyers de lutte les uns des autres, en planifiant dans le temps les journées
d'action (notamment dans l'Education Nationale ou dans les hôpitaux) afin
d'éviter un mouvement massif et uni de toute la classe ouvrière.
Une fois encore, face à la montée du mécontentement des
ouvriers, les syndicats prennent les devants et occupent tout le terrain social.
Ce sont eux qui organisent, contrôlent et dirigent les grèves,
les assemblées générales et les manifestations avec comme
seul objectif de lâcher un peu la vapeur en période préélectorale.
En canalisant et défoulant la colère des ouvriers dans l'impasse
du corporatisme, leurs manoeuvres, comme toujours, ne visent qu'un seul but
: permettre au patronat et au gouvernement de faire passer leurs attaques.
Les syndicats font passer les 35 heures dans les hôpitaux
Aujourd'hui, ce sont les grèves et manifestations dans le secteur de
la santé qui font l'objet de toutes sortes de manoeuvres de la bourgeoisie.
Ainsi, alors que le protocole Guigou d'application des 35 heures dans la Fonction
publique hospitalière provoque une flambée de colère dans
ce secteur, les médias ont monté en épingle la grève
des médecins généralistes revendiquant une augmentation
de leurs honoraires. A la suite des journées "sans toubibs",
on a vu également les infirmières libérales se mobiliser
à leur tour pour le même type de revendications que celles des
médecins libéraux. Les médias ne se sont pas privés
d'étaler leur énorme combativité révélées
par des échauffourées avec les CRS lors de leur manifestation
du 23 janvier à Paris. Grâce à la médiatisation de
ces mouvements de colère de la petite-bourgeoisie libérale (confrontée
elle aussi à l'aggravation de la crise et aux restrictions imposées
par l'Etat), la bourgeoisie cherche aujourd'hui à semer la confusion
dans les rangs ouvriers en masquant l'attaque constituée par l'application
des 35 heures dans la Fonction publique. Elle cherche non seulement à
noyer la colère des travailleurs des hôpitaux dans un vaste mouvement
protéiforme de tous les "professionnels de la santé",
mais encore à saboter leur riposte contre l'application de la loi Aubry.
Ainsi, l'ouverture des négociations locales, début janvier, dans
tous les hôpitaux a permis au gouvernement Jospin de laisser toute latitude
aux syndicats pour organiser la division et la dispersion des luttes dans ce
secteur. Alors que la loi Aubry sur les 35 heures n'a qu'un seul objectif, l'annualisation
et la flexibilité du temps de travail en fonction des besoins non pas
des ouvriers mais des entreprises, leur application dans la Fonction publique
hospitalière est présentée par tous les syndicats non signataires
de cet accord (CGT, FO, CFTC, SUD) comme un "acquis social" qu'il
faudrait maintenant imposer chacun dans son coin, chacun dans "sa boîte"
en faisant pression sur les directeurs d'hôpitaux ! Depuis la fin de l'année
2001, ce sont les travailleurs de plus d'une trentaine d'hôpitaux qui
ont été appelés par les syndicats CGT, FO, CFTC, SUD à
se mobiliser pour que l'ARTT (qui ne sera effective qu'à partir du 1er
avril), "ne soit pas un leurre".
Pour enfermer les ouvriers dans "leur" hôpital et empêcher
une riposte massive et unie de tout le secteur hospitalier, le principal thème
revendicatif des syndicats (qui sont bien sûr les seuls à négocier
avec les directions) consiste à polariser les ouvriers sur le "maintien
des acquis locaux" ( jours de congés supplémentaires, intégration
du temps de repas dans le temps de travail, etc.). En mettant en avant la défense
de ces "acquis locaux", les syndicats ont organisé partout
la dispersion, l'émiettement et l'enfermement des luttes et ont défoulé
la colère des hospitaliers dans des actions locales : mise en place par
les syndicats de comité de grève et autres "collectifs de
lutte" au sein de chaque hôpital, manifestations locales y compris
dans l'enceinte-même des hôpitaux (comme au centre hospitalier Sainte-Anne
à Paris où le 15 janvier, les syndicats ont organisé une
manifestation à l'intérieur des murs de l'hôpital afin d'exiger
du directeur qu'il sorte de son bureau pour s'expliquer devant les grévistes,
etc. !
Partout, ces forces d'encadrement capitalistes sèment l'illusion qu'en
faisant pression sur les directeurs pour obtenir des effectifs supplémentaires
permettant une véritable réduction du temps de travail, en luttant
chacun dans "sa" boîte, les travailleurs pourraient éviter
de "se faire arnaquer" !
Grâce au protocole Guigou d'application de la loi Aubry, grâce aux
manoeuvres syndicales d'isolement et d'émiettement de la combativité
dans le secteur de la santé, la bourgeoisie cherche aujourd'hui à
imposer l'annualisation et la flexibilité du temps de travail en évitant
une riposte massive de toute la Fonction publique hospitalière.
En appelant à la "grève reconductible", en poussant
les hospitaliers dans des grèves longues (certains hôpitaux, comme
les CHU de Rennes et Clermont-Ferrand, sont en grève depuis plus de six
semaines), les syndicats visent à épuiser la combativité
ouvrière et à empêcher ainsi toute réflexion sur
l'attaque que représente en réalité la loi Aubry sur les
35 heures. Une attaque qui, quels que soient les protocoles de mise en application
suivant les secteurs, n'est pas spécifique aux travailleurs des hôpitaux.
C'est toute la classe ouvrière, dans le public comme dans le privé,
qui est aujourd'hui victime de l'escroquerie des 35 heures. Ce n'est qu'en développant
une riposte unie de tous les secteurs, en brisant l'enfermement et la division
organisée par ces défenseurs de l'ordre capitaliste que sont les
syndicats, que la classe ouvrière pourra lutter efficacement contre toutes
les attaques et les "arnaques" de la bourgeoisie.