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Près de 40 morts, 150
blessés, c'est le triste bilan de l'attentat meurtrier qui s'est produit début
février dans le métro de Moscou. Ce nouvel épisode sanglant vient s'ajouter aux
44 victimes d'un attentat à la bombe contre un train de banlieue dans le Sud de
la Russie en décembre 2003.
Comme en 1999 (300 morts
dans des destructions d'immeubles en banlieue ouvrière), le terrorisme vient
frapper des innocents, dans la population civile et notamment au sein de la
classe ouvrière qui emprunte ces moyens de transport pour se rendre au travail.
Déjà chair à canon dans les conflits militaires, c'est principalement les
ouvriers qui sont assassinés, mutilés, traumatisés par ces actes terroristes.
Mais le plus terrible, c'est qu'en plus, la bourgeoisie utilise ce climat de
terreur pour détruire l'unité de classe du prolétariat et instiller le poison
du nationalisme. La propagande du Kremlin désigne à la vindicte populaire la
population tchétchène comme responsable des attentats et organise une brutale
chasse au faciès caucasien, cherchant à masquer ainsi sa responsabilité
première dans ces actes terroristes. Comme en 1999 ou lors de la prise d'otages
du théâtre de Moscou en novembre 2002, l'Etat russe organise sur fond
d'élections présidentielles truquées, une ambiance propice aux agressions
racistes et à la xénophobie en désignant de façon abjecte comme bouc émissaire,
la communauté caucasienne. Avec des slogans haineux comme "Il faut virer
tous les basanés de Russie !" ou "Il faut ratisser Moscou comme elle
l'a été par les services spéciaux avant les Jeux olympiques de 1980", la
bourgeoisie russe justifie la mise sur pied d'un flicage et d'un quadrillage en
règle de tout le pays et c'est une partie de la classe ouvrière qui est
directement victime de cette répression. La presse signale que de nombreux
caucasiens sont victimes de passages à tabac, d'agressions physiques, voire de
lynchages.
Face à cette ambiance délétère et nauséabonde, il est nécessaire de dénoncer
les vrais coupables de cette terreur terroriste et policière. L'horreur
terroriste est le produit direct des tensions guerrières entre les milices
sanguinaires tchétchènes de Maskhadov et Bassaev et la barbarie guerrière de
l'Etat russe en Tchétchénie.
Comme nous l'avons souvent défendu dans notre presse[1], le
terrorisme au cours des années 1980 est devenu une arme de la guerre
impérialiste, au sens où ce sont les Etats eux-mêmes qui prennent en charge et
utilisent le terrorisme comme arme de la guerre entre Etats. Les grandes
puissances n'hésitent pas à utiliser le terrorisme et à manipuler les opinions
publiques pour justifier leurs interventions militaires comme on l'a vu en
Afghanistan avec les Etats-Unis, suite aux attentats du 11 septembre ou pour la
Russie avec la Tchétchénie en 1999. Récemment, les médias ont révélé que les
attentats à Moscou en 1999 avaient été perpétrés avec des explosifs fabriqués
par des militaires et que Poutine le chef du FSB (ex-KGB) à l'époque, en était
probablement le commanditaire. Ces attentats avaient permis de justifier la
seconde guerre russe contre les milices tchétchènes, qui fut un véritable bain
de sang pour la population. Aujourd'hui, cette nouvelle vague d'attentats
signifie que l'Etat impérialiste russe s'enlise dans le conflit tchétchène et
que la relative paix de ces derniers mois vole en éclats. C'est une nouvelle
démonstration que le terrorisme est un produit de la décomposition profonde du
système capitaliste, dont la Russie est une partie des plus atteintes[2]. En
effet, que ces attentats aient été commandités par Maskhadov le chef des
indépendantistes tchétchènes, comme l'assène Poutine, ou par les services
secrets de Moscou pour susciter l'union nationale en vue d'une accentuation de
la pression militaire en Tchétchénie, voire par d'autres, ils révèlent une fois
de plus que le terrorisme est un moyen de pression sordide dans les règlements
de compte entre fractions bourgeoises rivales. Après 4 ans de guerre en
Tchétchénie, la situation est catastrophique. Outre les milliers de morts dans
les deux camps, la population tchétchène est coincée entre les exactions de
l'armée russe et le terrorisme exercé à son encontre par les bandes tchétchènes
sans scrupule qui s'entretuent pour le contrôle de territoires et trafics en
tous genres. Avec la bénédiction des grandes démocraties occidentales, Poutine
a organisé un simulacre de référendum par lequel la Tchétchénie renonce à
l'indépendance et demeure au sein de la fédération de Russie, avec à sa tête un
président fantoche et corrompu, Kadyrov, à la botte de Moscou. Coûte que coûte,
Moscou veut empêcher l'éclatement de la Fédération russe et de leur côté, les
bandes tchétchènes négocient leur part de territoire et de zone d'influence.
Cet antagonisme irrémédiable ne peut que conduire à une accentuation de la
barbarie et du chaos en Tchétchénie et dans le Nord du Caucase. Comme le
souligne un article de la presse russe, "Inutile d'espérer une
amélioration du bien-être et de la sécurité des Moscovites tant que les
habitants de Grozny ne connaîtront pas eux-mêmes stabilité et sécurité.
Malheureusement, ce ne sont pas les milliards de roubles versés par le budget
fédéral qui suffiront à compenser les dommages de la guerre : sous le régime
tchétchène actuel, l'argent s'évapore sur le trajet entre Moscou et Grozny.
Quant au 'règlement politique' avec un Kadyrov qui, à peine élu (nommé) au
poste suprême, a commencé à réclamer des relations spéciales avec Moscou, il ne
peut qu'échouer." (Courrier International n°693, du 12 au 18 février 2004,
page 14).
Les attentats de Moscou viennent s'ajouter à la longue liste macabre des
exactions et attentats dont souffrent la population et le prolétariat dans de
nombreuses régions du monde avec pour corollaire des conflits militaires de
plus en plus meurtriers.
Face à une telle barbarie, les organisations révolutionnaires ont la
responsabilité de réaffirmer toute leur solidarité avec les prolétaires et
leurs familles victimes de ces attentats de même qu'avec leurs frères de
classe, les ouvriers caucasiens, victimes du climat xénophobe dont sont responsables
aussi bien la bourgeoisie russe que tchétchène.
Contre la terreur policière, le terrorisme bourgeois et la guerre impérialiste,
le prolétariat doit résister et réaffirmer son identité de classe. Contre les
divisions raciales, l'esprit de pogrom[3]
entretenus par la classe bourgeoise, le prolétariat doit réaffirmer son unité
et sa solidarité de classe pour faire reculer la barbarie capitaliste !
Donald (20 février)