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L’élection de Mahmoud Abbas, début janvier, à la présidence de l’autorité palestinienne a été saluée par l’ensemble de la bourgeoisie, au niveau international, comme un nouvel espoir, comme une nouvelle chance pour relancer les négociations de paix avec Israël. George Bush a même présenté ces élections "largement libres et honnêtes" comme une "nouvelle preuve que les peuples du Moyen-orient veulent la démocratie". Pour cacher ses velléités guerrières, la classe bourgeoise est prête à n’importe quel mensonge d’un cynisme sans limites. Pour les besoins de sa propagande "pacifiste", le nouveau chef palestinien devient un interlocuteur privilégié car il aurait une politique modérée, alors que ce n’est qu’un vulgaire chef de guerre, fidèle lieutenant des basses œuvres de Arafat, connu aussi sous le nom de guerre de Abou Ammar. Quant à l’enthousiasme de la population pour le scrutin électoral et la démocratie, ce ne sont encore que des mensonges !
Malgré la coopération entre gouvernements palestinien et israélien, l’aide des Etats-Unis et d’observateurs de l’ONU pour ramener la population vers les urnes, le cirque électoral n’a pas connu un réel succès. Mahmoud Abbas a été élu avec 62% des voix, "soit 30% des palestiniens résidant dans les territoires et seulement 15% de l’ensemble des Palestiniens en âge de voter (y compris les réfugiés et les expatriés). Sa majorité "locale" de 62, 32% est donc toute relative !" (revue Jeune Afrique du 15/01/05).
Si l’appel au boycott de la consultation par les islamistes du Hamas et du Djihad a eu un certain impact, la faible participation illustre surtout le désespoir, le désarroi d’une population décimée, endeuillée, terrorisée par les bombardements, par les massacres, par le lourd tribut payé quotidiennement à l’Intifada et qui ne croit plus aux discours de paix et aux promesses de meilleures conditions de vie de ses dirigeants, tous aussi corrompus les uns que les autres. Pour le prolétariat et la population palestinienne, otages de l’OLP dans sa guerre nationaliste contre l’Etat d’Israël, la misère ne cesse de s’aggraver. Alors que 130 000 palestiniens travaillaient en 2000, en Israël, ils ne sont plus que 40 000 depuis 2002. La moitié de la population vit désormais avec moins de deux dollars par jour. Au sud de la bande de Gaza, la malnutrition a même fait son apparition. Voilà la réalité épouvantable de la défense chauvine de la "cause palestinienne" !
Quant aux déclarations optimistes et rassurantes sur la possibilité de nouvelles négociations, c’est du même acabit que les discours de paix que les différents protagonistes nous servent depuis plusieurs dizaines d’années. Certes, cela arrangerait bien la bourgeoisie américaine embourbée en Irak qu’une accalmie ait lieu, de même les Européens qui cherchent à reprendre de l’influence au Moyen-Orient, mais le fragile cessez-le-feu israëlo-palestinien n’est que le prélude à de nouveaux affrontements et massacres. La nouvelle équipe Sharon, alliée à la gauche travailliste maintient la même politique qui est d’accélérer le retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza pour mieux encercler la Cisjordanie et l’isoler totalement à travers la poursuite de la construction du mur autour d’elle. Pour enlever toute légitimité à la demande de l’autorité palestinienne d’avoir Jérusalem-est pour capitale d’un Etat palestinien, Israël a réactivé discrètement un texte de loi de confiscation des biens palestiniens sans avoir à offrir le moindre dédommagement qui date de 1950. Ce texte pourrait permettre au gouvernement de s’accaparer la moitié des propriétés de Jérusalem-Est qui appartiennent aux palestiniens. Cette politique du pire ne peut que faire exploser à court terme, la fragile unité des gangsters palestiniens et engendrer une recrudescence d’attentats suicides toujours plus meurtriers pour la population israélienne et en retour une répression sanglante de la population palestinienne par le clan Sharon/Perés.
Les élections en Irak ne résoudront rien
Alors que les attentats meurtriers succèdent à des attentats toujours plus sanglants, les médias et les grandes puissances présentent les élections du 30 janvier en Irak comme un événement historique car cela fait plus de 50 ans qu’un tel processus démocratique n’a pas eu lieu. Autrement dit, si on arrivait à empêcher les actes terroristes, notamment de la nébuleuse Al-Qaida, personnifiée en Irak, par le jordanien Al-Zarkaoui, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. La réalité est tout autre ! les attentats terroristes sont directement le produit de la 2e guerre du Golfe, de l’offensive américaine dans cette région du monde qui a conduit à l’implosion de l’Irak et à ouvrir la boîte de pandore des affrontements entre cliques Islamistes, Chiites, Sunnites et Kurdes. De façon plus générale, l’Irak constitue, aujourd’hui, le point névralgique des rivalités entre puissances capitalistes, en compétition pour la défense de leur rang impérialiste dans le monde. Alors que l’armée américaine s’enlise, et commet des massacres et des bombardements systématiques des villes contrôlées par les rebelles, le chaos n’a de cesse de se développer dans l’ensemble du pays, y compris dans les zones sécurisées par les américains et leurs alliés. De fait, l’inquiétude gagne et à plusieurs reprises la question du report des élections a été posée. Mais les Etats-Unis ne peuvent se permettre de reculer. Même dans un climat de guerre, il faut que la consultation électorale ait lieu car il y va de leur crédibilité politique, d’autant plus que la justification de leur intervention militaire, à savoir les armes de destruction massives vient d’être passablement écornée. Il est reconnu officiellement qu’elles n’existaient pas. C’est pour cela que ces élections vont avoir lieu sous haute surveillance. C’est une militarisation électorale qui s’organise. Des centaines de milliers de soldats américains et anglais vont surveiller les 7000 bureaux de vote, soutenus par 100 000 agents de l’ordre irakien, avec couvre-feu, routes barrées, frontières fermées et les noms des candidats, publiés seulement cinq jours avant l'échéance. Certes, les élections vont avoir lieu et après ? Le risque d’un chaos à l’échelle du pays, avec des répercussions sur les pays voisins est réel, notamment pour la Turquie et l’Iran. Alors que les sunnites appellent au boycott des élections, que les chiites sont divisés entre pro et anti-iraniens, il existe de "nouveaux problèmes en perspective : les kurdes veulent à tout prix inclure la région de Kirkouk et ses immenses richesses pétrolières dans leur zone autonome, ce que ni les sunnites ni les chiites ne semblent prêts à accepter. Il y aura des frictions, peut-être des affrontements. L’hypothèse d’un glissement vers une partition du pays- en principe rejetée par les Etats-Unis comme par tous les voisins de l’Irak, voire d’une guerre civile n’est plus exclue"(Le Monde du 5/01).
Après la destruction de l’Irak, la guerre en Iran ?
Alors que de nouveaux massacres sont en préparation derrière les pourparlers de paix en Palestine, et que les élections irakiennes vont "accoucher" d’un nouvel enfoncement dans la barbarie, les Etats-Unis viennent de mettre en tête de la liste des pays potentiellement dangereux, l’Iran, en raison de son programme nucléaire et de son soutien au terrorisme.
Cela signifie que de nouvelles interventions militaires sont à l’ordre du jour. "Quant à l’Iran, pour le moment, il y a incompatibilité entre les positions américaine et européenne. Pour Washington, il est inacceptable que l’Iran devienne une puissance nucléaire, même s’il faut, pour l’empêcher, recourir à la force. Pour les Européens, ce qui est inacceptable, c’est l’usage de la force militaire." (ibid)
Comme pour le conflit irakien et l’ensemble des conflits en cours sur la planète, ces divergences sur l’Iran entre les grandes puissances reflètent les intérêts différents de chacun. Ne nous laissons pas prendre par les discours qui voudraient nous faire croire que certains seraient plus pacifiques que d’autres ! Ce sont tous des brigands impérialistes, dont la préoccupation est la défense de leur nation, de leurs intérêts capitalistes. La stabilité et la paix ne sont pas possibles dans cette société. "Quel que soit le motif idéologique avancé par la bourgeoisie pour affirmer ses prétentions impérialistes, celui-ci n’est toujours qu’un prétexte, la seule explication à l’aggravation des tensions et à la multiplication des conflits étant l’enfoncement irrémédiable du capitalisme dans une crise sans fin. C’est pourquoi la solution à ceux-ci n’est ni l’instauration de la démocratie, ni la recherche de l’indépendance nationale, ni l’abandon par les Etats-Unis en propre de leur volonté hégémonique, ni aucune réforme du capitalisme quelle qu’elle soit, mais bien la destruction de celui-ci à l’échelle mondiale" ( extrait de la Revue Internationale n°120).
Donald (27 janvier)