Assassinat dans les établissements solaires: Derrière les actes monstrueux, une société monstrueuse!

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Le 10 juin, en Autriche, un ancien élève, vivant «reclus à l’extrême», tuait dix personnes et en blessait onze autres dans une école de la ville de Graz. Le même jour, un collégien assassinait une surveillante du collège de Nogent-sur-Marne en France. Il n’avait que 14 ans ! Les deux sont arrivés avec des armes : le premier avec une arme à feu, tuant par balle en ouvrant le feu «sans discernement», le second avec un couteau de cuisine dans son sac, avec la volonté de planter quelqu’un. Ce quelqu’un ce sera cette mère de famille de 31 ans qui avait décidé d’exercer dans un collège pour venir en aide aux jeunes, pour les protéger. C’est d’ailleurs ce qu’elle faisait ce matin-là, au moment où les sacs étaient fouillés par les forces de l’ordre à l’entrée de l’établissement. Ces dernières années, en dehors des États-Unis, où le phénomène est devenu presque courant du fait de la circulation importantes d’armes à feu, ces horreurs se sont multipliées aussi un peu en Europe dans des écoles et universités, comme en Finlande, en République tchèque, en Croatie, en Serbie, etc.

Partout, le même no-futur qui torture l’humanité

Pourquoi de tels actes ? Parfois la haine de l’école, de cette institution de l’État qui renvoie l’image du no-futur, qui fait se sentir bon à rien, qui écrase sous le poids du désespoir, de la peur, du repli et des humiliations, les meurtriers sont eux-mêmes des mômes broyés de l’intérieur par une société violente et sans avenir, une société capitaliste qui pourrit sur pied. Bien souvent, ils ne peuvent mettre des mots sur cette rage qui les brûle et les consume jusqu’à transformer leur détresse en vengeance aveugle, et des êtres en tueurs de sang-froid. Alors ils rendent à la société coup pour coup : ils tuent comme socialement on les écrase, ils assassinent une sœur ou un frère de classe.

La société se fragmente, se délite. Partout, le chômage, la misère, les difficultés pour se loger, pour travailler, pour se soigner. Partout, les guerres qui se multiplient. Partout, la planète se détraque. Partout, le no-futur qui angoisse. L’absence de perspective est la cause la plus profonde de stress et même de profonds troubles psychiques. Par exemple, en 2025 en France, 25 % des adolescents seraient atteints de troubles anxieux généralisés, 40 % présenteraient des symptômes dépressifs et 17 % seraient susceptibles de souffrir de troubles psychologiques modérément sévères, voire sévères. [1] Et c’est la même chose dans tous les pays du monde. Le capitalisme se décompose et entraîne dans sa chute tout avenir et tout espoir. C’est l’effondrement du capitalisme sur lui-même qui pousse au nihilisme, toutes générations confondues, tous pays confondus.

En Suède, le nombre de plaintes déposées par des professeurs pour violence à leur encontre a doublé en 10 ans. [2] Au Royaume-Unis, des dizaines de professeurs sont agressés par leurs élèves chaque année, l’un des taux les plus élevés d’Europe. [3] Et les agressions par arme blanche se multiplient partout, engendrant une paranoïa croissante, que ce soit au sein de l’école ou à l’extérieur. En 2022, un rapport de l’organe de recherche du ministère de l’Éducation Américaine annonçait 93 fusillades dans l’année contre 10, dix ans auparavant. Aux quatre coins du globe, l’«épidémie» de violence fait rage et touche des adolescents de plus en plus jeunes.

Partout les mêmes réponses

Et pour y faire face, les bourgeoisies ne rivalisent pas d’originalité : caméras portatives et cours de self-défense au Royaume-Unis, caméras et portiques de sécurité aux États-Unis, voire armement des enseignants. Et les politiques de prôner une plus grande «fermeté» judiciaire. En France, juste après ces minutes d’horreur, le Premier ministre François Bayrou a proposé en vrac des portiques de sécurité, une réponse pénale plus forte, un plan «santé mentale». [4] Marine Le Pen n’a rien trouvé de plus original que prôner la condamnation des parents.

Ici où ailleurs, la seule réponse que le capitalisme est capable d’apporter à l’accroissement des violences est toujours plus de violence et de répression. On enferme un gosse de 14 ans sans réelle aide psychologique, on condamne des parents sans aide éducative, on envisage de donner des armes aux profs pour répondre aux fusillades, etc.

Alors que pour accompagner un adulte en construction, il faut des moyens humains et financiers, il faut des enseignants et des assistants d’éducation en nombre, il faut des médecins, des infirmières scolaires, des psychologues et psychiatres, des suivis individualisés, aider les familles… À la place on réprime et, face à la crise, on diminue le nombre de professionnels et les structures d’accueil.

Seule la classe ouvrière peut inverser ce phénomène

Ces jeunes meurtriers ne sont pas des monstres. Ce sont des êtres humains qui commettent des actes monstrueux. Ils ont été enfantés par une société malade, agonisante. Leur haine et leur ivresse meurtrière ont d’abord été intériorisées sous la terreur permanente que font régner les rapports sociaux capitalistes, puis ont été libérées sous la pression de ce même système en explosant, générant une série d’actes ignobles. Que l’on ait 14, 31 ou 70 ans, nous subissons tous les effets du pourrissement de la société capitaliste et de ses ravages dans le monde. Ce ne sont pas de caméras de surveillance, de sanctions ou de réforme des lois dont la jeunesse a besoin, c’est d’espoir. Et l’espoir se trouve dans la lutte pour un avenir meilleur, d’abord contre la misère, la précarité et les horreurs que nous fait subir le capitalisme et in fine lutter pour une société nouvelle, sans exploitation, sans crise ni guerre. Et lutter tous ensemble, toutes générations confondues, tous corps de métiers confondus face à la barbarie du système. Seule la lutte de la classe ouvrière a une perspective à offrir. «Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner».

Manon, 10 juillet 2025

Rubrique: 

Barbarie du capitalisme