Révolution Permanente: Une contribution permanente à la politique anti-ouvrière de l’État

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Il y a huit ans, une nouvelle organisation au nom « prometteur » de Révolution Permanente, faisait son apparition au sein du courant trotskiste, avec pour vocation de s’inscrire « dans le projet plus large de redonner une vitalité aux idées marxistes et révolutionnaires, en démontrant qu’elles n’ont pas vocation à rester confinées dans les bibliothèques, les caves ou les musées, mais gardent au contraire toute leur actualité pour comprendre le monde dans lequel nous vivons et former de nouvelles générations militantes prêtes à le transformer ».

À quoi pouvait-on s’attendre de la part de ce nouveau groupe politique trotskiste si ce n’est qu’il assume une fonction anti-ouvrière au même titre que ses pairs qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, n’ont jamais manqué une occasion de trahir l’internationalisme prolétarien. Les partis de la Quatrième International avaient alors choisi le camp de l’impérialisme de l’URSS, face à d’autres impérialismes. 1

Quant à sa déclaration d’intention « en vue de revitaliser » les idées marxistes, s’agissant d’une organisation passée dans le camp de la bourgeoise2, on devait s’attendre à ce qu’elle soit plus dynamique que les autres chapelles trotskystes, à travers un langage parfois plus radical, dans son rôle de saboteur de la lutte et de la prise de conscience du prolétariat. S’il y a quelque chose qui change par rapport au NPA, dont elle est une scission, c’est effectivement qu’avec un langage plus radical et combatif que les « anti-capitalistes » elle pourra avoir un impact encore plus négatif sur les éléments qui s’éveillent à la politique révolutionnaire, comme on l’a vu dans les manifestations en France contre la réforme des retraites.

Le groupe Révolution Permanente se présente en France comme « une organisation politique révolutionnaire » mais « avec un point de vue assumé : du côté des travailleurs, de la jeunesse, des femmes, des personnes LGBT, des quartiers populaires et de tous les exploités et opprimés ». « Révolution Permanente s’inscrit dans le projet plus large de redonner une vitalité aux idées marxistes et révolutionnaires ». Le groupe appartient d’ailleurs à une « Fraction trotskyste pour la Quatrième Internationale3 », ce qui est clair : « … nous entendons contribuer aux débats au sein de l’extrême-Gauche nationale et internationale, dans le cadre de notre lutte pour reconstruire une internationale de la révolution socialiste, la IVe Internationale4 ». Quant à son nom, il fait référence à la théorie de la « révolution permanente » de Trotsky.

Cette organisation se présente également comme faisant partie d’un « réseau international en 7 langues », qui regroupe plusieurs organisations basées dans certains pays d’Amérique du Sud et centrale, mais aussi aux États-Unis, en Italie, en Espagne et en Allemagne : « 15 journaux, 7 langues, la même voix ». Nous verrons qu’il y a quand même des nuances politiques entre ces organisations et qu’elles ne constituent aucunement une organisation internationale.

Le nouveau groupe a déjà gagné ses galons dans La lutte contre la réforme des retraites où il a été très présent.

Il a effectué au cours du mouvement de contestation de la réforme des retraites une intervention importante, dont nous avons mis en évidence la logique profonde : dans une intervention vidéo5, le candidat à la présidentielle et principal porte-voix de Révolution Permanente Anasse Kazib, se dit très « critique de l’intersyndicale et pour plusieurs raisons : la première et la plus importante, c’est parce que moi, je suis pour l’auto-organisation ; je suis pour que la grève appartienne aux grévistes, dans les assemblées générales, dans les coordinations de travailleurs, dans les rencontres interprofessionnelles » ; « intersyndicale n’est pas synonyme de victoire, au contraire, ça fait presque trente ans maintenant que le mouvement ouvrier perd systématiquement contre les réformes des gouvernements successifs » La conséquence devrait être simple : les syndicats, notamment quand ils sont unis, parce qu’ils ne permettent aucunement l’auto-organisation et de lutter victorieusement, sont en fait des outils de l’État pour saboter les luttes. Depuis longtemps déjà les syndicats sont devenus des obstacles à la lutte de classe, comme en avaient témoigné durant la révolution en Allemagne en 1919 les confrontations de la classe ouvrière à cet ultime rempart de l’ordre capitaliste et comme cela n’a cessé d’être confirmé depuis lors. En effet, ils ne peuvent échapper à leur absorption par l’État partout dans le monde. Leurs « méthodes de lutte » sont basées sur l’enfermement local et corporatiste de la lutte, non seulement ils ne permettent pas aux ouvriers de l’emporter, mais permettent à la bourgeoisie de les diviser et de détruire la principale force de la classe ouvrière : son unité.

Or par la bouche de son principal porte-voix, Révolution Permanente nous dit que « l’unité syndicale, c’est dans le combat, c’est dans la rue, c’est là où on montre l’unité syndicale, c’est lorsqu’on fait des tournées de piquets, qu’on montre qu’on est du côté des travailleurs, qu’on est opposé aux réquisitions, qu’on fait front avec les travailleurs devant les CRS pour empêcher les réquisitions. Mais mille fois oui à cette unité syndicale-là ! ».

Donc, d’un côté l’intersyndicale n’a jamais permis aux ouvriers de l’emporter, mais d’un autre côté il faut qu’elle montre qu’elle est du côté des travailleurs ! Révolution Permanente nous sert donc un discours d’apparence « critique » mais servant à masquer que l’intersyndicale ne peut qu’être un facteur de défaite systématique pour le mouvement. Autrement dit, en cachant soigneusement le fait que les syndicats sont des organes bourgeois totalement intégrés à l’appareil d’état. Elle renforce très clairement le localisme et le corporatisme dans la classe ouvrière par une série d’articles sur des luttes locales, sans jamais chercher à faire le lien entre elles : à Brest, à Toulouse, à Vulaines sur Seine, à Châtillon… La confusion orchestrée, la contradiction dans les discours ne permettent aucunement aux ouvriers en lutte de comprendre qui sont leurs véritables ennemis, que leur lutte ne peut l’emporter que par l’unité et le combat contre les diviseurs syndicaux, et de fait contribue à détruire l’unité dont le mouvement a besoin pour l’emporter. Le soutien aux caisses de grève locales6 renforce d’ailleurs clairement l’isolement des luttes et les mystifications syndicales. Il n’est d’ailleurs dans ce discours jamais question d’unité et d’autonomie de la classe ouvrière, seulement de l’unité syndicale. Révolution Permanente n’a donc aucunement pour but de faire triompher les luttes, mais plutôt de renforcer les forces d’encadrement syndicales par la division en amplifiant la difficulté pour les ouvriers de s’auto-organiser en-dehors et contre les syndicats. Comme le font déjà tous les groupes trotskystes, ajouterons-nous.

Le soutien au parlementarisme et à la démocratie bourgeoise

Le fait de présenter un candidat à l’élection présidentielle française, de constamment chercher à soutenir des candidats aux élections partout où elle est présente fait déjà de Révolution Permanente un solide défenseur de la démocratie bourgeoise7. Mais cela va plus loin : ce groupe défend bec et ongles une vision politique profondément démocratique, notamment par son soutien à l’antifascisme8 et par la dénonciation des pratiques « antidémocratiques » de Macron et de ses soutiens politiques. Dans un article de mai dernier Révolution Permanente se plaint que la bourgeoisie utilise son Parlement pour… faire passer des lois anti-ouvrières ! « A n’en pas douter, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet est tout aussi préoccupée que ses collègues macronistes par la nouvelle crise parlementaire qui l’attend le 8 juin. Mais elle est sans doute beaucoup plus lucide sur le caractère explosif des outils antidémocratiques que mobilise le régime pour faire passer en force ses mesures antisociales.9 » A aucun moment n’est invoqué ce que Lénine écrivait sur la démocratie bourgeoise : « La croissance du mouvement révolutionnaire prolétarien dans tous les pays suscite les efforts convulsifs de la bourgeoisie et des agents qu’elle possède dans les organisations ouvrières pour découvrir les arguments philosophico-politiques capables de servir à la défense de la domination des exploiteurs. La condamnation de la dictature et la défense de la démocratie figurent au nombre de ces arguments. Le mensonge et l’hypocrisie d’un tel argument répété à satiété dans la presse capitaliste et à la conférence de l’Internationale jaune de Berne en février 1919 sont évidents pour tous ceux qui ne tentent pas de trahir les principes fondamentaux du socialisme ». Effectivement, les « efforts convulsifs » de Révolution Permanente pour essayer de nous faire avaler que le Parlement serait un lieu de lutte pour la classe ouvrière montrent clairement le caractère profondément bourgeois de cette organisation. Et cette démonstration, Lénine la poursuite de façon implacable : « Tous les socialistes en démontrant le caractère de classe de la civilisation bourgeoise, de la démocratie bourgeoise, du parlementarisme bourgeois, ont exprimé cette idée déjà formulée, avec le maximum d’exactitude scientifique par Marx et Engels que la plus démocratique des républiques bourgeoises ne saurait être autre chose qu’une machine à opprimer la classe ouvrière à la merci de la bourgeoisie, la masse des travailleurs à la merci d’une poignée de capitalistes.10 » Révolution Permanente passe délibérément sous silence cette leçon authentique et précieuse des révolutionnaires du passé… et ce n’est donc pas par hasard.

Le nationalisme de Révolution Permanente

Dans un article publié sur son site où elle critique les positions prises par le NPA sur la guerre en Ukraine, Révolution Permanente nous dévoile sa vision des rapports impérialistes ; en critiquant la prise de position claire et nette du NPA qui s’est engagé dans la défense de l’impérialisme ukrainien, allié à un certain nombre de pays dont les États-Unis, Révolution Permanente se donne une apparence d’internationalisme prolétarien : c’est une « guerre réactionnaire », et « Contrairement aux regroupements de cette « gauche » pro-impérialiste, il y a urgence à commencer à regrouper les forces qui s’opposent à la guerre et qui dénoncent aussi bien le Kremlin que l’OTAN d’un point de vue de classe.11 »

Une organisation prolétarienne ne saurait mieux dire. Là où ça se gâte, c’est lorsque Révolution Permanente nous explique pourquoi elle ne soutient pas l’Ukraine ou le Kremlin dans ce conflit : « Le conflit en Ukraine n’est en effet pas comparable à ceux de la guerre d’Algérie, du Vietnam ou d’autres guerres anticoloniales et anti-impérialistes, car ce qui se joue en Ukraine ne se réduit pas juste à un affrontement entre Kiev et Moscou.12 » Pour Révolution Permanente, il y a donc lieu de soutenir un conflit guerrier qui est une « guerre anticoloniale et anti-impérialiste », et la guerre d’Algérie, celle du Vietnam ou la Guerre d’Espagne en faisaient donc logiquement partie selon elle.

Sauf que tous les conflits de décolonisation dont nous parle Révolution Permanente ont tous été des conflits de nature impérialiste . Ils ne se sont jamais réduits à un affrontement entre la métropole et sa colonie, l’implication d’autres puissances dans ceux-ci a toujours été une réalité. En quoi la guerre d’Algérie, où le FLN était soutenu à la fois par les États-Unis et l’URSS contre la vieille puissance coloniale française, ou la Guerre du Vietnam, conflit de la Guerre froide à part entière avec la participation de l’URSS et de la Chine contre les États-Unis, ont-ils été « anti-impérialistes » ? On ne le saura pas, *** la démonstration de Révolution Permanente s’arrête là. Ces conflits ont tous été des moments de l’affrontement des blocs impérialistes rivaux de la Guerre froide, le Viêt-Cong n’ayant jamais eu la capacité à lui seul d’affronter et la France et les États-Unis. De la même façon, le conflit en Algérie a surtout montré que les deux superpuissances s’étaient circonstanciellement alliées contre la France, en fournissant une aide militaire et surtout diplomatique au FLN et à ses soutiens : l’épisode de l’expédition de Suez est assez parlante à ce sujet. Quant à la Guerre d’Espagne, l’implication des grandes puissances de l’époque pour soutenir l’un ou l’autre des deux camps en présence ne permet aucun doute sur le caractère impérialiste de cet épisode, avec la lamentable trahison de l’internationalisme prolétarien par les Trotskystes à travers la défense de l’État capitaliste républicain.

En ce qui concerne la guerre en Ukraine, Révolution Permanente nous indique très clairement qu’il s’agit d’un conflit qui sert à « affaiblir la Russie (mais aussi la Chine dont la Russie est devenue le principal allié) et préserver l’ordre mondial dominé par les États-Unis. » La différence avec la guerre du Vietnam ne saute pas aux yeux à première vue, et pour tout dire la vision de Révolution Permanente d’une « guerre de libération nationale » non plus…

Le dit « droit à l’autodétermination », qui permettrait selon Révolution Permanente de faire la différence entre une guerre impérialiste et une lutte nationale contre la domination coloniale, est une idée fausse et dangereuse, bourgeoise. Si l’idée de « libération nationale »a pu être soutenue par le mouvement ouvrier, comme lors du « Printemps des peuples » en 1848/49 – au cours duquel F. Engels lui-même s’est engagé dans les combats d’Elberfeld pour l’unité allemande –, c’est uniquement dans le cadre de la phase d’ascendance du capitalisme, pour un mouvement possiblement progressiste à l’époque.. Mais cette idée de « l’autodétermination nationale », si elle a existé dans la Seconde Internationale, a été fermement combattue par toute une partie de la Gauche, notamment par Rosa Luxemburg, qui la première a montré les fondements réels de l’impérialisme dans le déclin historique du capitalisme.

Contrairement à ce que tout le mouvement trotskyste peut nous dire aujourd’hui, l’impérialisme n’est pas une caractéristique particulière à une nation, c’est – comme l’écrivait Lénine – le stade où en est arrivé l’ensemble du capitalisme depuis un siècle. Ainsi que l’expliquait Rosa Luxemburg, dans L’accumulation du Capital, aucun Capital national ne saurait se soustraire aux conditions générales du monde capitaliste. .. Dans la période actuelle le nationalisme, idéologie propre à la bourgeoisie, permet de justifier ces luttes incessantes entre bourgeoisies, qui ne concernent aucunement le prolétariat : « Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas13 », comme le disait déjà le Manifeste communiste de Marx et Engels, en… 1847 !

Toutes les nations sont impérialistes, dans un monde où il ne peut en être autrement. L’impérialisme, c’est la défense de ses intérêts propres par une bourgeoisie nationale, Face à l’impasse économique mondiale, à l’exacerbation des contradictions à tous les niveaux, chaque état national est poussée dans la fuite en avant dans le militarisme et la guerre. Ce monde de requins, Révolution Permanente le partage, même si de manière masquée, et pour cela nie son existence.

Révolution Permanente et la logique de guerre

Pour expliquer sa vision de l’impérialisme, on peut se tourner vers le « réseau international » de Révolution Permanente, par exemple le groupe allemand Klasse gegen Klasse, qui publie un texte posant clairement la question : la Russie est-elle impérialiste ?14 L’article ayant été écrit par un Américain qui défend pêle-mêle Cuba, le Venezuela et le Nicaragua contre « l’impérialisme », on sait à quoi s’en tenir sur la réponse. Klasse gegen Klasse dit ne pas partager toutes les conclusions de l’article, mais le publie quand même parce que « l’argument de base sur la question de l’impérialisme russe reste définitivement intéressant pour nos lecteurs. » En gros, KgK ne souhaite pas aller aussi loin que l’auteur, mais partage son argumentation initiale : la Russie n’est pas impérialiste.

A l’appui de cette idée, dans un article de « débat »15, Révolution Permanente développe que la Russie est fondamentalement une nation dominée, et par conséquent ne serait pas impérialiste : en fait, pour Révolution Permanente, « si certaines caractéristiques de l’État russe créent l’« illusion d’une superpuissance », elles masquent une situation en réalité très subordonnée de la Russie. » « … la Russie [agit] comme une sorte d’« impérialisme militaire » (bien qu’elle ne soit pas un pays impérialiste au sens précis du terme : elle n’a pas de projection internationale significative de ses monopoles et de ses exportations de capitaux ; elle exporte essentiellement du gaz, du pétrole et des matières premières) ». Cet article ignore d’une part que l’impérialisme n’est pas une question purement économique, concernant un pays ou un autre, mais l’ensemble du système capitaliste, et son auteur passe également sous silence, de façon intéressée, que la Russie est aussi… le second exportateur d’armes du monde. L’impérialisme n’est pas spécifiquement lié à l’exportation de capitaux, ni au fait qu’un État est plus faible que d’autres, il est la a conséquence inéluctable du développement du mode de production capitaliste au sein duquel chaque bourgeoisie n’a d’autre issue, sous peine de disparition, que la défense acharnée de ses intérêts et donc de son existence face aux rivalités économique et militaires mondiales. Et par conséquent, contrairement à ce qu’affirme plus ou moins clairement Révolution Permanente, la Russie est aussi impérialiste que ses opposants de l’OTAN. Ses interventions militaires en Tchétchénie, en Géorgie, en Ukraine, en Syrie et ailleurs le montrent amplement.

On peut d’ailleurs constater que la position de Révolution Permanente sur la guerre en Ukraine est une merveille d’ambiguïté à des fins d’enfumage ; dans un article portant une critique apparemment très dure à la position du NPA16, et qui n’accole jamais le terme « impérialiste » à la Russie, cette organisation affirme qu’elle considère « que la seule issue progressiste dans cette guerre ne peut venir que de la main de la classe ouvrière, mobilisée de façon totalement indépendante de Poutine, mais aussi du gouvernement Zelensky, des oligarques ukrainiens et des impérialistes de l’OTAN. Cela signifie que la seule façon pour l’Ukraine de retrouver une véritable auto-détermination nationale c’est à travers la révolution ouvrière et socialiste, qui pose les bases de la création d’une Ukraine socialiste et véritablement indépendante. Dans le cadre du capitalisme semi-colonial, il est impensable que l’Ukraine puisse être indépendante réellement de la Russie ou des impérialistes occidentaux. »

D’une part, on peut demander ce qu’est une « véritable auto-détermination nationale » ; le but des communistes n’est pas et n’a jamais été de créer de nouvelles nations qui permettent de diviser encore un peu plus la classe ouvrière mondiale.

D’autre part si d’un côté Révolution Permanente nous dit appeler de ses vœux une révolution ouvrière contre la guerre, et que « cette tâche ne peut pas reposer seulement sur le dos de la classe ouvrière ukrainienne. Ses premiers alliés sont les travailleurs et travailleuses de Russie », elle n’appelle nulle part au renversement de l’État russe, ni à un combat commun contre la bourgeoisie. On touche là le cœur de la réflexion de nos Trotskystes, bien digne de ce que leurs ancêtres faisaient pendant la Seconde Guerre mondiale : appeler les prolétaires allemands à se soulever contre les Nazis, oui ; faire la même chose du côté russe en appelant les prolétaires à renverser l’État soviétique, non. Et on voit que la longue habitude des Trotskystes de toujours chercher un camp à défendre dans une guerre impérialiste, y compris en nous affirmant le contraire, a encore de beaux jours devant elle…

Si la position de Révolution Permanente sur la guerre en Ukraine peut donner l’illusion d’être prolétarienne et internationaliste, le retour du conflit proche-oriental sur le devant de la scène mondiale donne à cette organisation l’occasion de se démasquer en se vautrant dans une défense claire et nette du nationalisme palestinien.

« Free Gaza17 », « Des syndicalistes anglais bloquent une usine d’armement israélienne : workers for a free Palestine18 », « Amplifions le soutien à la Palestine, tous dans la rue à Paris samedi !19», les titres des articles sur la question ne laissent aucun doute sur le soutien de Révolution Permanente à la « cause », nationale palestinienne. L’élément structurant de sa position est le soi-disant « droit à l’autodétermination du peuple palestinien »..

Surtout, Révolution Permanente montre clairement sa nature bourgeoise. Elle appelle « internationalisme » la « solidarité » avec un État palestinien qui est déjà une machine de répression contre les exploités, et qui possède proportionnellement la plus forte proportion de flics par rapport à sa population totale ! Et on doit ajouter que, de toute façon, le prolétariat palestinien de Gaza se trouve déjà sous le joug des Islamistes du Hamas, et quoi que puissent objecter les soutiens de la « cause palestinienne », ils soutiennent la répugnante oppression religieuse menée par le Hamas à Gaza, et celle des Staliniens de l’OLP en Cisjordanie. Cela n’a rien à voir avec l’internationalisme prolétarien, qui en 1914 a été porté haut par le Parti socialiste serbe, lequel a refusé de participer à l’Union sacrée contre l’offensive de l’Autriche-Hongrie contre la Serbie, et par Trotsky, pourchassé sur tous les continents pour avoir dénoncé la guerre impérialiste.

Ce que les communistes appellent internationalisme s’appuie sur l’unité de la classe ouvrière face à ses exploiteurs, quelle que soit leur nationalité. Nous, Communistes internationalistes, appelons le prolétariat israélien ET palestinien à se soulever contre la logique de guerre et à combattre les États israélien ET palestinien, c’est-à-dire refuser l’Union sacrée.

HG, le 30 octobre 2023

 

 

12Ibid.

16https://www.revolutionpermanente.fr/Guerre-en-Ukraine-Le-NPA-a-la-remorque-de-la-gauche-pro-OTAN. Il peut être utile de rappeler que le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) est l’organisation dont Révolution Permanente a été exclue.

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Le trotskisme contre la classe ouvrière