Guerre au Proche-Orient: À la logique de mort du capitalisme, le trotskisme répond présent!

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La défense intransigeante de l’internationalisme et de son vieux mot d’ordre : « Les prolétaires n’ont pas de patrie ! », est plus que jamais la clé du combat du prolétariat, une frontière de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie.

Nombre de groupes de la gauche de l’appareil politique de la bourgeoisie, les trotskistes, les anarchistes ou les maoïstes se targuent depuis des décennies d’être les défenseurs de la cause prolétarienne et de son combat contre le capitalisme. Alors que les tueries entre Israël et le Hamas font rage, leur pseudo-internationalisme s’est révélé, une nouvelle fois, n’être qu’un bluff et une mystification ! Alors le déluge de feu de Tsahal répond à la sauvagerie sans limite du Hamas, toutes leurs prises de position aboutissent à un même résultat : pousser les ouvriers à choisir un camp impérialiste contre un autre. En clair, ils ne sont que des rabatteurs sur le terrain du bourbier nationaliste !

Le trotskisme, nationaliste encore et toujours !

Une partie des gauchistes, un peu partout dans le monde, n’a pas hésité à glorifier les actes ignobles du Hamas après leur attaque sauvage du 7 octobre. Les néo-maoïstes français de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire (LJR) ont ainsi titré : « Le déluge d’Al Aqsa est un glorieux phare dans la nuit qu’est l’impérialisme ». Un summum dans l’ignominie guerrière ! Il en est de même du groupe trotskyste espagnol El Militant-Izquierda Revolucionaria qui n’a pas hésité à brandir triomphalement le « droit du peuple palestinien à l’autodéfense armée » pour se féliciter des exactions de cette bande de gangster et d’assassin qu’est le Hamas ! Idem, en Grande-Bretagne, où le trotskiste Socialist Workers Party a lancé sans aucune vergogne son cri de guerre : « le peuple palestinien a parfaitement le droit de répondre comme bon lui semble à la violence de l’État israélien ».

Mais derrière cette coterie de va-t-en-guerre éhontés, d’autres groupes gauchistes, dans une parfaite répartition de la sale besogne idéologique, ont promu des formes beaucoup plus sournoises de nationalisme.

Dans d’autres groupes trotskistes, les propos sont un peu plus subtils mais la logique est la même : derrières leurs slogans « résolument internationalistes », comme l’affirme, par exemple, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), la défense d’un camp impérialiste contre un autre est indéfectible. Ils persistent et signent dans leur nationalisme putride : « depuis des décennies, (et avant lui la LCR), le NPA défend que, comme les autres peuples du monde, les Palestinien(ne)s ont des droits, nationaux et démocratiques, reconnus par l’ONU ».

Ces « droits », ce sont ceux de la nation et son État (démocratique ou non), expressions par excellence de la dictature de la classe dominante, celle qui imposent au prolétariat palestinien et à la population en général, d’être la chair à canon de ses velléités impérialistes depuis plus de cinquante ans !

Le nationalisme palestinien, qu’il se présente comme « marxiste », « laïque » ou « islamiste », s’est toujours mis au service des forces impérialistes en présence. Le Hamas est, de fait, une clique à la tête d’un État, une faction de la bourgeoisie palestinienne qui exploite et impose sa dictature sur la population de Gaza, sur le prolétariat palestinien. Il traite ses travailleurs comme n’importe quel autre régime capitaliste. L’une des plus grandes ironies de ce cauchemar est que le Hamas doit dans une large mesure son existence à Israël qui a initialement encouragé son développement pour faire contrepoids à l’OLP.

Les défenseurs de la barbarie… mais démocratiquement !

Révolution Permanente (RP), organisation scissionniste du NPA qui tend à développer des liens avec d’autres groupes trotskystes en Europe, comme le Klasse gegen Klasse en Allemagne, en remet une couche avec une sidérente mauvaise foi : « L’aventurisme, les exactions et massacres du Hamas contre des civils sont à la hauteur de l’impasse qu’il constitue pour la cause palestinienne, parce qu’il ne porte pas de véritable programme social et démocratique […]. Et pourtant, le Hamas, à la différence de Daech et d’Al Qaida, a une assise populaire, quand bien même l’absence d’élection et de tout cadre démocratique […] empêche de mesurer exactement le degré de soutien du Hamas à Gaza et ailleurs dans les territoires ».

Quelle hypocrisie éhontée pour faire accepter l’inacceptable et justifier les massacres barbares du Hamas ! Assise populaire ? Les exactions du Hamas seraient donc plus légitimes si des élections étaient venues les entériner ? Est-ce sur la base de son « assise populaire » qu’en septembre 2006, quelques mois après son accès au pouvoir, des grèves massives et des manifestations ont été organisées pour exiger que le gouvernement du Hamas règle plusieurs mois de salaires impayés ?

Voilà une belle illustration de la mystification démocratique ! Sous couvert d’un discours « critique », les va-t-en-guerre du NPA utilisent le « label démocratique » pour mieux justifier les massacres perpétrés par la soldatesque d’un camp impérialiste.

L’ignominie de la propagande trotskiste n’a donc pas de limites et vire souvent à l’insoutenable. Mais la sauvagerie et les atrocités de ce conflit sont telles qu’elles gênent parfois aux entournures certains de ces groupes et les amènent à prendre un peu de « distance » avec les propos de leurs « camarades ».

De telles expressions de contorsions radicales se retrouvent, ainsi, dans un des groupes trotskistes les plus sournois, expert en double langage et faux-fuyants, l’inénarrable organisation trotskiste française : Lutte Ouvrière (LO), qui s’est fendue tout dernièrement d’un article très critique vis-à-vis du NPA et de Révolution Permanente. LO leur reproche un discours nationaliste trop outrancier qui ne percevrait pas « la nature de classe, bourgeoise, du Hamas, ni sa politique nationaliste et réactionnaire […]. Qualifier le Hamas de principale organisation de la résistance palestinienne est un abus de langage, pour ne pas dire une escroquerie ».

Diable ! LO dénoncerait donc la barbarie de toutes les factions bourgeoises et renoncerait à sa logique de défense des « luttes de libération nationale » ?… Sûrement pas ! « Si une partie des masses palestiniennes font confiance au Hamas, lui en tout cas ne leur fait pas confiance […] le Hamas agit et décide hors de tout contrôle de la population palestinienne et des plus pauvres. Ses méthodes ne visent pas à permettre aux révoltés de prendre conscience de leur force, de s’organiser et de faire un apprentissage politique. L’attaque du 7 octobre a été lancée par sa direction hors de tout contrôle et de toute discussion ». En clair, la sauvagerie peu démocratique du Hamas a « déçu » LO ! Rien de moins !

Ah ! Si seulement des « discussions démocratiques » avaient pu avoir lieu avant le 7 octobre pour planifier l’attaque du Hamas, les atrocités auraient pu avoir un profil plus présentable à en croire LO. Au royaume du sordide, la « subtile » Lutte Ouvrière détrône les plus outranciers des groupes trotskistes pour vendre sa camelote nationaliste et guerrière.

Quelle perspective pour le prolétariat selon le trotskisme ?

Laissons parler à nouveau Révolution Permanente : « En perspective, il ne faut pas penser la mobilisation contre la guerre, la lutte de libération nationale palestinienne et la perspective de la révolution prolétarienne comme des voies séparées. Elles peuvent et doivent au contraire s’entretenir l’une l’autre ». Ça a au moins le mérite d’être clair !

Non seulement le prolétariat palestinien doit continuer à servir de chair à canon pour la cause nationaliste de sa bourgeoisie mais plus largement la lutte prolétarienne doit « entretenir » et nourrir les luttes de libération nationale. Il y avait belle lurette que l’internationalisme de pacotille des trotskistes avait été jeté par la fenêtre, mais ils assument là ouvertement leur rôle de sergents recruteurs pour la cause nationale.

Quelles que soient les contorsions alambiquées ou non des organisations trotskistes, elles demeurent des rabatteurs indéfectibles de la bourgeoisie dans ses confrontations sur le terrain national.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, le trotskisme est définitivement passé dans le camp de la bourgeoisie en contribuant à embrigader le prolétariat dans la guerre contre le fascisme. Depuis, ces groupes bourgeois ont, partout dans le monde, méthodiquement incité les ouvriers à choisir un camp impérialiste contre un autre. Pendant la guerre froide, ils ont confirmé leur soutien inconditionnel à l’URSS et ses prétendues « luttes de libération nationale » (Cambodge, Vietnam, Cuba…) contre les États-Unis. Lors de la guerre en Irak, ils ont déterminé que le « bon camp » était… « le camp du peuple irakien face aux agresseurs anglo-américains » !

Plus récemment, plusieurs groupes trotskistes n’a eu de cesse de dénoncer « la Russie de Poutine » dans la guerre en Ukraine, appelant le « peuple ukrainien » à se faire massacrer dans les tranchées. D’autres officines trotskistes, comme LO fidèle à son dogme d’une Russie qui ne serait pas impérialiste, n’hésitent pas à subtilement soutenir Poutine en suggérant que le seul impérialisme qui vaille la peine d’être dénoncé est celui de l’OTAN et de Biden.

Le trotskisme, parce qu’il est une idéologie bourgeoise, pousse donc inéluctablement la classe ouvrière dans les bras des prétendues luttes de libération nationale, en réalité la défense d’un camp impérialiste contre un autre : le camp des « agressés » face aux « agresseurs », le camp de la démocratie face au fascisme, le camp des « pays pauvres » face aux « pays riches », précédemment le camp de la « patrie socialiste soviétique » face à l’impérialisme occidental, etc.

Il n’y a pas de solution aux bains de sang sans fin au Moyen-Orient et dans le monde entier en dehors de la lutte des classes internationale et de la révolution prolétarienne mondiale. Toutes les formes de nationalisme, tous ses défenseurs, y compris les plus radicaux, sont des ennemis mortels de la classe ouvrière et de sa perspective révolutionnaire.

Stopio, 5 décembre 2023

 

 

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Le trotskisme contre la classe ouvrière