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Le tremblement de terre qui a frappé le Maroc, le 8 septembre derniers, et les inondations spectaculaires suite à la rupture de deux barrages en Libye, peu de temps après, nous confrontent de nouveau à l’horreur quotidienne et à la folie meurtrière du capitalisme.
La responsabilité du capitalisme
Après la Turquie, où la terre a tremblé cet hiver, faisant 46 000 victimes et déplaçant deux millions de personnes dans des tentes de fortune, c’est au tour de la Libye et du Maroc de plonger dans le deuil. Le tremblement de terre très violent au Maroc, d’une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter, s’explique par le fait d’une région traversée par des lignes de failles où les secousses d’ampleurs peuvent se produire en faisant de nombreux dégâts et victimes. Dans les années 1960, la ville d’Agadir au Maroc avait déjà été détruite a plus de 70 % et plus de 12 000 personnes avaient péri au cours de ce grand séisme. En 2004, plus de 600 morts avaient été déplorés à Al Hoceïma. Tout comme les pluies diluviennes qui se sont déversées en Libye, ces phénomènes sont toujours présentés par la bourgeoisie comme de simples conséquences des caprices de la nature. L’humanité paraît ainsi comme impuissante face à ce qui ressemble à une fatalité, exposée à d’implacables lois de la nature.
Mais si tous ces phénomènes sont bien naturels, les catastrophes qu’ils engendrent ne le sont nullement ! Non seulement elles se multiplient et s’accumulent du fait du réchauffement climatiques ou d’infrastructures vétustes, mais elles transforment toujours davantage ces situations en véritables catastrophes sociales. Ainsi, en Libye, le chiffre des inondations impressionne et donne le vertige : dans la ville du Nord-est de Derna, l’OMS évoque un chiffre, jugé très en deçà de la réalité, proche des 4 000 morts. Une véritable hécatombe ! Et la responsabilité de la bourgeoisie dans la catastrophe est nettement plus visible qu’au Maroc. Elle saute clairement aux yeux ! La terrible destruction de Derna n’est pas uniquement due à la tempête Daniel, mais essentiellement au fait que les deux barrages qui se sont effondrés n’ont pas été entretenus malgré les avertissements désespérés sur leur état de délabrement. L’effondrement de l’État libyen et l’absence totale de toute forme d’infrastructure opérationnelle et d’une réponse coordonnée ont très fortement aggravé l’impact de la catastrophe.
Ces événements constituent un nouveau réquisitoire contre le capitalisme. Ce sont les populations les plus pauvres qui sont exposées et sacrifiées sur l’autel du profit et de lois, non pas « naturelles », mais liées à la logique marchande propre au capitalisme et à sa dynamique mortifère. Dans la province d’Al Haouz, au sud-ouest de Marrakech, c’est dans les quartiers populaires ou dans les zones rurales pauvres excentrées et délaissés que les victimes et les destructions ont été les plus nombreuses. Les constructions à étages souples, meilleur marché, se sont systématiquement effondrées. Non seulement les bâtiments construits au rabais sont légions, mais les normes antisismiques datant de 2002 restent sans effets dans ces périmètres aux bâtis vétustes. Or c’est ici que vit la grande majorité des prolétaires et des couches populaires, en contraste avec les beaux quartiers beaucoup moins affectés, voire épargnés. Il en va de même pour les espaces inondés de Libye où les plus pauvres étaient les plus exposés. La monstruosité d’un mode de production obsolète et chaotique provoque des souffrances sans fin et des destructions massives.
Le cynisme de la bourgeoisie
La corruption et l’incurie de la classe dominante, l’absence de prévention et d’anticipation, les populations doivent désormais supporter le cynisme et l’abandon au profit de la débrouille individuelle. Les enfants eux-mêmes sont mis à contribution dans les décombres ! Alors que lors des guerres, comme en Ukraine, les moyens de destruction déployés avec une logistique impressionnante et une organisation millimétrée sont sans commune mesure, les secours proposés aux populations victimes des catastrophes paraissent indigents. Le chaos et la cacophonie sur les lieux des sinistres (quand il y a des secours !) révèlent encore et toujours le vrai visage du capitalisme et de la classe dominante.
Le piège serait de voir un élan de « solidarité » véritable dans les propositions d’aide des différents États et structures internationales humanitaires. Il s’agit, au contraire, d’une « ingérence » à peine masquée, d’une couverture permettant aux pays impliqués dans les secours d’étendre leur influence, de renforcer leurs positions pour défendre leurs sordides intérêts : ce que l’on appelle pudiquement le « soft power ». Durant les années 1990-2000, il faut se souvenir que c’est au nom d’interventions « humanitaires », sous la couverture de l’ONU et des ONG complices que les grandes puissances impérialistes avançaient leurs pions dans des zones géostratégiques, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Cela, au plus grand bénéfice du « hard power » que sont les armes ! Les combats pour les marchés de la reconstruction sont, au fond, secondaires. Les mensonges et l’hypocrisie de la bourgeoisie en matière humanitaire n’ont d’ailleurs plus de limites !
De l’autre côté, il existe une rhétorique chauvine et nationaliste répugnante qui refuse « l’aide étrangère » au motif que « le Maroc peut se débrouiller seul ». Le refus de l’aide française au profit d’autres pays comme le Qatar relevait très explicitement d’une rivalité impérialiste. Et tant pis pour le bon peuple de Sa Majesté qui crèvera en silence pour la « grandeur » du Royaume marocain !
Avec l’accélération de la décomposition du système capitaliste, tous ces phénomènes destructeurs seront de plus en plus fréquents et amplifiés par le contexte de chaos croissant, de crise économique aiguë où les conflits guerriers, comme celui qui sévit en Ukraine, vont se développer. A, 29 septembre