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Le 13 juillet, le Parlement adopte définitivement le projet de « loi de programmation militaire » (LPM) qui prévoit, pour 2024-2030, un budget colossal de 413 milliards d’Euros, en hausse de 40 % par rapport à 2019-2025. Tout le beau monde des élus s’est félicité de l’esprit démocratique qui a régné dans les débats. Lecornu, ministre de la Défense, devait apporter comme cadeau à Macron pour le 14 juillet, l’accord largement majoritaire des députés et des sénateurs, y inclus du Parti socialiste… sauf des écologistes, qui se sont abstenus, de LFI et du PCF qui ont voté contre. Quiconque aurait pu penser que tous ces partis, qui prétendent défendre les ouvriers, se seraient élevés contre un tel budget qui va nécessiter des attaques brutales contre la classe ouvrière. Que nenni ! Ce qu’ils remettent en cause, ce n’est pas la loi elle-même, son budget faramineux, mais les choix du gouvernement.
La gauche du capital pour le renforcement de l’économie de guerre
Quelles critiques portent-ils au gouvernement ? Le groupe écologiste au Sénat, dans son communiqué de presse du 29 juin, « salue les progrès du texte lors de son examen parlementaire, notamment en matière de contrôle parlementaire sur l’exécution de la LPM et surtout sur le contrôle des exportations d’armes de la France. Il est parfaitement conscient du besoin impérieux de reconstituer nos stocks stratégiques pour continuer à aider l’Ukraine et ne conteste pas l’effort qu’engage la Nation en faveur de sa Défense ». Au moins, c’est très clair ! ! Par contre, les sénateurs écologistes auraient souhaité que les plus aisés contribuent plus à l’effort de guerre et que les moyens humains et capacitaires des forces conventionnelles, en particulier de l’armée de terre, soient renforcés. Et pour rajouter un vernis écologiste, les sénateurs demandent à Macron que les mêmes efforts budgétaires soient aussi faits pour assurer la sécurité climatique. Oui pour la guerre, mais… de manière écologique !
Pour le PCF, il faut se libérer de l’OTAN pour se consacrer exclusivement à la défense de la nation et tous les territoires d’outre-mer. Pour ce parti stalinien, il faut une armée forte afin de « sécuriser nos zones économiques exclusives », c’est-à-dire défendre l’impérialisme français face aux autres nations impérialistes. « C’est la raison pour laquelle toutes les dépenses permettant à nos armées de disposer des meilleurs matériels, à la pointe des nouvelles technologies et à nos soldats d’être bien équipés, bien formés, mieux entraînés et mieux rémunérés sont pleinement justifiées. Face au contexte de guerre et de tensions internationales, il fallait augmenter le budget des armées, mais certainement pas le doubler ! » Appréciez la nuance : « il fallait augmenter le budget des armées mais certainement pas le doubler ».
Sur son site où est publiée sa vision de la LPM, LFI emboîte le pas du PCF, en soutenant le principe d’une défense « souveraine » et « indépendante », hors de l’OTAN et de l’Europe, avec la nationalisation des principaux secteurs industriels au service du militaire, avec, cerise sur le gâteau : la suppression du SNU pour la création d’une conscription citoyenne obligatoire socle d’une « Garde nationale citoyenne », d’une durée de 9 mois. Quel est le projet de LFI ? Des jeunes, de 18/25 ans, rémunérés au SMIC, qui auront une formation militaire initiale au maniement des armes et aux manœuvres et des formations ponctuelles dans d’autres secteurs régaliens (aux côtés des effectifs professionnels de la police, gendarmerie, sécurité civile, pompiers, agents des eaux et forêts, premiers secours). Cette période de formation militaire pourrait être prolongée sur la base du volontariat, dans la limite des besoins des armées et des autres secteurs accueillant les recrues ; comporterait un volet d’éducation civique et de formation aux enjeux géopolitiques. Selon LFI, il s’agit pour cette jeunesse de connaître quelles zones de l’impérialisme français défendre. Cette conscription constituera le socle d’une « Garde nationale » renouvelée, ouverte sur la base du volontariat à chaque jeune ayant effectué son service. Elle remplacera le dispositif actuel des réserves de l’armée, de la police et de la gendarmerie, majoritairement composées d’anciens professionnels et donc coupées de la nation. Plus fort que Macron et son SNU ! Embrigadement général de la jeunesse pour défendre la nation et pour en faire des flics !
Et la NUPES peut compter sur le soutien des trotskistes. Des lambertistes du POI (Parti ouvrier indépendant, courant de la FI depuis sa création en 2017) jusqu’à Lutte ouvrière (de manière « critique »), en passant par le Nouveau parti anticapitaliste et la Tendance marxiste internationale, les trotskistes sont un soutien indéfectible de la NUPES et de son programme de militarisation de la société et d’embrigadement du prolétariat. De véritables sergents recruteurs pour les guerres impérialistes.
La gauche et l’extrême gauche aux avant-postes des guerres impérialistes
Depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine, toutes les nations capitalistes ont augmenté considérablement leur budget militaire. Les tensions impérialistes sont arrivées à un tel degré que le risque accru de guerre devient de plus en plus palpable, avec en toile de fond une concurrence exacerbée et un développement débridé du chacun pour soi. Tous les États capitalistes sont pris dans cet engrenage infernal, tous les partis bourgeois sont prêts à défendre leurs intérêts par les armes. Pas seulement les fractions de droite, mais aussi celles de gauche et d’extrême gauche comme l’histoire nous l’a appris. La NUPES, avec le PS en son sein qui a voté la LPM, et leurs larbins d’extrême gauche, sont pleinement impliqués dans la défense du capitalisme comme ils l’ont été dans le passé. Pour donner quelques exemples :
– En 1914, les sociales démocraties européennes ont appelé les ouvriers à s’entre-massacrer dans la première grande boucherie mondiale ;
– A la veille de la Deuxième Guerre mondiale, le Front populaire et son homologue corollaire, le Frente popular en Espagne, ont enrôlé le prolétariat dans la lutte contre l’antifascisme en 1936 puis dans la deuxième grande boucherie mondiale, avec le soutien des trotskistes et des anarchistes ;
– le démocrate Roosevelt, quelques années après, a entraîné les États-Unis dans cette même boucherie ;
– les staliniens, avec leurs alliés trotskistes et certains anarchistes, ont été les ardents défenseurs du capitalisme à la sauce « coq gaulois » à travers la Résistance et lors de la Libération de Paris, en août 1944, leurs milices hurlant : « à chacun son boche » ;
– c’est un ministre cdu Parti communiste qui envoie l’aviation massacrer des milliers d’algériens à Sétif, en 1945, au moment de la commémoration de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Dans d’autres localités d’Algérie, des milliers de nationalistes furent sommairement exécutés par les ministres de gauche sous le gouvernement de De Gaulle ;
– durant la période de la guerre froide, les partis socialistes européens se préparaient à affronter le bloc adverse à travers la défense de la politique atlantiste, alors que dans le même temps, les États-Unis, avec à leur tête les démocrates, perpétraient des massacres au Vietnam en enrôlant la jeunesse américaine ;
– dans les années 1990, ce sont les partis socialistes (Mitterrand, Tony Blair) qui, sous le diktat des États-Unis, se sont vautrés dans la barbarie de la première guerre du Golfe contre l’Irak ;
– et les trotskistes ont aussi leur part de défenseurs des brigands impérialistes, dans les différentes « luttes de libération nationales » au nom de la défense de l’URSS contre le grand méchant américain, et aujourd’hui encore en défense soit de l’Ukraine pour le NPA ou de la Russie pour Lutte ouvrière.
La classe ouvrière ne doit pas se faire d’illusion sur la NUPES et ses acolytes trotskistes. Ce sont des partis bourgeois, des défenseurs de l’ordre capitaliste et de l’impérialisme. Dans les luttes que le prolétariat mène sur son propre terrain pour défendre ses conditions de vie, et qu’il sera obligé de développer dans les semaines, les mois et les années à venir, du fait qu’il va subir des attaques de plus en plus violentes, il lui faudra démasquer tous ces partis qui se prétendent être ses défenseurs alors qu’ils sont ses pires ennemis toujours au service de l’État.
André, 25 juillet 2023