Pandémie de Covid-19: Pour la bourgeoisie, promettre le meilleur c’est préparer le pire!

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La pandémie de Covid-19 continue de faire des ravages avec la fulgurante propagation du variant Omicron partout dans le monde. Nul ne sait actuellement ce qu’il en sera demain, tant les lignes de conduite de tous les États face à la contagion sont chaotiques, contradictoires et, en définitive, irresponsables.

Il y a deux ans, face aux confinements destinés à contrer le Covid-19, tous les espoirs reposaient sur l’élaboration d’un vaccin. Selon les dires de l’ensemble de la bourgeoisie, une course de vitesse était engagée pour produire un vaccin à même d’enrayer, à l’échelle de la planète, ce virus dévastateur. Dès 2020, la communauté scientifique était mobilisée, plus de 200 vaccins candidats étaient en cours de développement, aboutissant à l’homologation d’un certain nombre d’entre eux comme le vaccin de Pfizer/BioNTech, premier à être validé par l’OMS. La sous-directrice générale de l’OMS chargée de l’accès aux médicaments se félicitant de cette prouesse : « C’est une très bonne nouvelle pour l’accès mondial aux vaccins […] les efforts mondiaux doivent s’intensifier […] afin de répondre aux besoins des populations prioritaires partout dans le monde […] Il est indispensable que nous garantissions l’approvisionnement essentiel pour tous les pays du monde afin d’endiguer la pandémie ». Par la suite, la bourgeoisie nous a asséné jusqu’à plus soif, pendant des mois, que la vaccination mettrait fin à la pandémie et désengorgerait une bonne fois pour toutes les hôpitaux.

Un an plus tard, la pandémie a officiellement tué plus de 5,5 millions de personnes dans le monde. L’OMS, estime, quant à elle, en prenant en compte les statistiques de surmortalité, que le bilan de la pandémie pourrait être deux à trois fois plus élevé, soit de 10 millions à 15 millions de morts ! Ces chiffres, à peine imaginables il y a un an, sont pourtant la triste réalité d’aujourd’hui.

Le capitalisme est responsable de l’aggravation de la pandémie !

Cette hécatombe est-elle le résultat d’un manque de vaccins, de l’échec de la mobilisation scientifique de par le monde ? Bien évidemment, non ! Si les campagnes de vaccination ont abouti à des taux de vaccination gigantesques, avec près de 8 milliards de doses administrées dans le monde, elles l’ont été en priorité dans l’ensemble du monde occidental et industrialisé. Mais dans les pays périphériques du monde capitaliste, seulement 2 % de la population a reçu à ce jour un schéma vaccinal complet ! Avec une telle disparité, l’hypocrisie et l’incurie de la bourgeoisie face à l’évolution de la pandémie sautent aux yeux : les mutations du virus se poursuivent, les zones peu vaccinées du monde constituant un terrain fertile à leur propagation. Les contaminations explosent désormais dans de nombreux pays, la très grande contagiosité du nouveau variant Omicron entraînant davantage d’hospitalisations et de morts en valeur absolue.

Pour cacher la responsabilité du mode de production capitaliste, toutes les bourgeoisies nationales font porter le chapeau de cette énième vague de Covid à une partie de la population : les uns présentent les non vaccinés comme des bouc-émissaires engorgeant les services de réanimations, les autres pointent du doigt les populations occidentales « égoïstes » qui se réserveraient la primeur de la vaccination pour conserver la « qualité » de leur mode de vie.

D’où les plates évidences répétés à plusieurs reprises dans les médias : « les pays riches accumulent les vaccins au détriment des États plus pauvres ». Mais cette opposition faussement indignée entre « pays riches » et « pays pauvres » n’est qu’une pirouette visant à masquer la responsabilité du capitalisme comme un tout et la logique marchande sur laquelle il repose. Le vaccin n’échappe pas à la loi de l’offre et de la demande et donc à la concurrence acharnée entre les différents États pour se l’approprier. Contrairement à toutes les sottises propagées ces derniers temps, dans le monde capitaliste, le vaccin ne pourra jamais être un « bien commun ». Il est condamné à demeurer une marchandise comme une autre, que seuls les plus offrants peuvent s’accaparer. Par conséquent, les appels des grandes démocraties à l’accès aux vaccins dans les zones du monde les plus démunies ne sont rien d’autre que de belles promesses et de grossiers leurres.

En fait, la campagne mondiale de vaccination est un exemple caricatural de l’absence quasi totale de cohésion et de coopération des États capitalistes. La « gestion » de la pandémie a mis en pleine lumière le règne du chacun pour soi et la désorganisation totale de la société capitaliste, aggravée par l’incurie exacerbée de chaque État bourgeois et leur incapacité à contenir les effets de plus en plus dévastateurs de la crise historique du capitalisme. (1) D’où une cacophonie exacerbée : ici on reconfine totalement, là on laisse tout ouvert jusqu’à mettre en œuvre, comme en Afrique du Sud, une politique ignoble consistant à laisser le virus se répandre librement sous prétexte que le variant Omicron serait moins mortel que la souche d’origine. Dans plusieurs pays européens (Royaume-Uni, France…), bien que moins ouvertement, la bourgeoisie laisse aussi le variant Omicron se répandre afin de préserver coûte que coûte les intérêts de chaque capital national. Et tant pis pour les morts qui se compteront par milliers parmi les exploités et dans les couches les plus fragiles de la société !

Mais dans ces conditions, les bourgeoisies des pays centraux craignent malgré tout qu’une nouvelle « vague » ne désorganise tous les secteurs stratégiques des économies nationales, ne vienne davantage fragiliser le climat social et perturber l’appareil productif : la distribution alimentaire, la sécurité, les transports, les communications et, bien sûr, la santé, secteur déjà sur la corde raide.

Car un autre aspect que tente de masquer soigneusement la bourgeoisie, c’est la détérioration inexorable des systèmes de santé et de protection sociale, les attaques contre les conditions de travail, et ce dans la même logique « d’économies » et de « rentabilité » du capitalisme dans de nombreux pays, y compris les plus « développés ».

La classe ouvrière ne se résigne pas malgré les difficultés

Le désordre économique bien réel et l’inflation galopante, touchant de plein fouet les conditions de vie de la classe ouvrière, accroissent la colère et le mécontentement face à tous ces États, apprentis sorciers qui nous vantent « l’intérêt général » et agissent comme de vulgaires boutiquiers.

Ainsi, depuis quelques mois, des luttes commencent à se faire jour de par le monde comme aux États-Unis cet automne, (2) en Espagne à Cadix dernièrement, mobilisant par centaines, par milliers, des ouvriers de tous secteurs qui tentent enfin de sortir la tête de l’eau. Mais la bourgeoisie s’empresse de mobiliser ses chiens de garde syndicaux et gauchistes pour diviser la lutte, la mener à l’impasse, la stériliser et, bien sûr, en dissimuler l’existence à tous les autres prolétaires du monde entier !

Dans d’autres pays, la colère du personnel de santé et d’autres secteurs face à des conditions de travail critiques ont pu s’exprimer à travers des journées de manifestation. Mais ces réactions sont également stérilisées par les syndicats, entretenant aisément la division et l’isolement. À cela, s’ajoute une immense colère dévoyée sur le terrain pourri des mouvements anti-pass sanitaire (voire anti-vax) au nom des « libertés fondamentales », comme on a pu le voir aux Pays-Bas, en Autriche ou, dernièrement, en Guadeloupe.

C’est donc la perspective de la lutte autonome de la classe ouvrière, sa confiance en ses propres forces pour mener une lutte d’ampleur sur ses propres revendications qui est sabotée, foulée aux pieds, par tous les pompiers sociaux aux ordres de l’État bourgeois. Pour tenter de déjouer les multiples pièges tendus par la classe dominante, la classe ouvrière doit renouer avec les méthodes de luttes qui ont fait sa force et ont permis, à certains moments de son histoire, de faire vaciller la bourgeoisie et son système :

– la recherche du soutien et de la solidarité au-delà de « son » entreprise, de « son » secteur d’activité, de « sa » ville, de « sa » région, de « son » pays ;

– la discussion la plus large possible à propos des besoins de la lutte, quels que soient l’entreprise, le secteur d’activité ou le pays ;

– l’organisation autonome de la lutte, à travers des assemblées générales notamment, sans en laisser le contrôle aux mains des syndicats et des autres organes d’encadrement de la bourgeoisie

Seule la mise en œuvre de l’unité et de la solidarité à l’échelle internationale, de l’autonomie de la lutte sont des jalons indispensables permettant à la classe ouvrière de s’armer pour préparer les luttes de demain.

Stopio, 30 décembre 2021

 

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