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La bourgeoisie ne manque pas d’air. A l’heure où les principales puissances sont sur le point de déchaîner au Moyen-Orient une tuerie plus meurtrière que toutes celles qui ont ensanglanté la planète depuis la seconde guerre mondiale, elle ose nous jouer, à grands renforts médiatiques, la répugnante comédie de la "paix" et du "désarmement". La fameuse "Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe", ce ramassis de salopards regroupant 34 Etats aujourd’hui sur le pied de guerre, qui vient de se tenir à Paris, est un summum du cynisme et de l’hypocrisie de la classe dominante.
On veut nous faire croire, une fois de plus, qu’avec l’effondrement du bloc de l’Est, avec "la fin de la guerre froide", s’ouvre "une nouvelle ère de démocratie, de paix et d’unité" dont les participants à la conférence seraient les garants et l’exemple à suivre pour le reste du monde.
Bel exemple en effet, quand les USA viennent de décider d’expédier 200.000 hommes supplémentaires sur le théâtre du massacre qui se prépare, quand le gouvernement britannique, tout "dé-thatcherisé" qu’il soit, annonce le lendemain même de la conférence, qu’il double lui aussi ses effectifs sur le terrain, et quand tout ce beau monde se met enfin d’accord, dans les couloirs du sommet, pour l’adoption d’une résolution de l’ONU autorisant le déchaînement de la tuerie.
Mensonges et poudre aux yeux que ce "traité de désarmement" signé par les 34 participants et qualifié d’"historique" par Mitterrand, quand il s’agit pour l’essentiel de mettre à la casse le stock d’armements désuet et désormais inutilisable du défunt bloc impérialiste russe, tandis que la puissance de feu des principales puissances occidentales, Etats-Unis en tête, n’est nullement remise en cause et que chaque jour qui passe voit s’accumuler dans le Golfe une armada particulièrement efficace et meurtrière prête à être utilisée.
Cinéma enfin, que ces belles déclarations, la main sur le cœur, annonçant des relations entre Etats "désormais fondées sur le respect et la coopération", quand dans la réalité, tous ces truands, hier encore relativement solidaires et disciplinés lorsqu’ils obéissaient à leurs chefs de bande respectifs, se livrent aujourd’hui entre eux à une véritable foire d’empoigne et laissent libre court à l’affirmation de leurs intérêts respectifs (voir article ci-dessous).
Ce que révèle au contraire la situation présente, c’est à quel point, loin d’ouvrir une "ère de coopération et de sécurité", l’effondrement des anciennes alliances impérialistes, ouvre la porte au déchaînement tous azimuts des rivalités entre brigands impérialistes, à une guerre économique à outrance entre les Etats, à une situation où, plus que jamais dans toute l’histoire du capitalisme, chaque capital national est prêt à tout pour faire valoir ses intérêts contre les autres. Et, loin de s’engager à "régler les différends par des moyens pacifiques", le capitalisme n’aura d’autre réponse à ce chaos grandissant que le militarisme et la guerre.
Pour les prolétaires, il ne peut pas être question de se laisser endormir par les discours de la classe dominante. Moins que jamais, ils ne peuvent se voiler les yeux devant la gravité de la situation présente.
Ils ne peuvent se voiler les yeux ni devant le bain de sang qui s’apprête à transformer en cadavres des milliers de leurs frères de classe au Moyen-Orient, ni devant les enjeux historiques gravissimes que cette situation révèle pour l’avenir de l’espèce humaine. La guerre du Golfe ne fait qu’annoncer le déchaînement d’autres massacres toujours plus meurtriers impliquant de plus en plus les grandes puissances capitalistes et la plongée de la planète dans un chaos sanglant qui menace de la détruire totalement.
Seule la lutte de la classe ouvrière comme classe est capable d’opposer un frein à cette logique meurtrière. En premier lieu, c’est sa mobilisation comme classe, sa détermination à refuser les sacrifices économiques que lui impose le capitalisme en crise qui peuvent empêcher ce système de mort de lui imposer le sacrifice suprême de l’embrigadement pour la guerre. Et surtout, cette lutte elle-même est la seule qui, en s’opposant aux fondements même du capitalisme, l’exploitation salariée, peut s’opposer à la logique guerrière qui est devenue le mode de vie même de ce système.
Une responsabilité énorme pèse sur les épaules de la classe ouvrière des pays centraux du capitalisme. C’est de son combat de classe, et de sa capacité à le mener jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au renversement du capitalisme, que dépend le sort de l’humanité.
Face aux massacres présents et à venir, face à la misère grandissante que lui impose le capitalisme, la classe ouvrière se doit de développer avec encore plus de détermination ses combats de classe. Contre tous ceux qui tentent de l’endormir avec des discours pacifistes et de la paralyser en lui faisant croire que les attaques toujours plus féroces que lui fait subir le capitalisme n’ont rien à voir avec les menaces guerrières, elle doit au contraire faire front contre ces attaques, en comprenant que chaque combat mené contre elles, est aussi une préparation au renversement du capitalisme. C’est la seule voie possible.
PE (24.11.90)