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Alors que le monde connaît un répit précaire et fragile du point de vue sanitaire, la bourgeoisie et ses médias aux ordres profitent de la situation pour mettre en place une vaste campagne idéologique visant à faire croire que la pandémie mondiale dans laquelle le monde est plongé depuis plus d’un an va permettre, en quelque sorte, au capitalisme de se régénérer. Le « monde d’après », prétendument plus social, affichant le faux espoir d’une gouvernance politique plus « vertueuse » et « responsable », comme se plaisent à le dire ceux qui voient par exemple en Joe Biden l’artisan d’un monde meilleur et l’incarnation même de cette sorte de « new deal vert ». Bobards et mensonges ! Ce « monde d’après » sera et ne pourra être que dans la continuité de celui « d’avant »… en bien pire !
De fait, la réalité du cauchemar capitaliste vient se charger de tempérer ces chantres ridicules, même si l’on ne peut pour le moment les empêcher d’entretenir ces illusions grotesques.
D’abord parce que la pandémie n’est pas derrière nous : on est en passe d’atteindre les 4 millions de morts dans le monde ! Le Covid-19 poursuit donc son œuvre dans des conditions sanitaires toujours aussi dégradées. En effet, les retards de la vaccination, en France comme ailleurs, les clusters persistants et la progression du variant Delta dans de nombreux pays en Europe et dans le monde engendrent déjà de nouvelles restrictions, comme c’est le cas, par exemple, au Portugal qui a dû reconfiner certaines villes, mais aussi en Afrique, en Indonésie, etc. Les manques criants de personnels et de matériel, les carences au niveau des politiques sanitaires, aggravant même la pénurie dans des hôpitaux exsangues, tout cela ne fait qu’exprimer la réalité d’une crise bien plus longue et même bien plus grave que prévue et que la propagande des États tente de masquer. Pour autant, une « quatrième vague » de contamination ne semble pas être à exclure pour cet automne !
De fait, le contexte de décomposition dans lequel s’inscrit la pandémie de Covid-19 n’a pas disparu et ne fait au contraire que s’amplifier.
Ainsi, les bonnes résolutions des Sommets réunissant les grands États et celles des COP successives ne sont que de la poudre aux yeux, tout comme la politique de « développement durable » initiée, par exemple, en France, notamment sous couvert de la Convention citoyenne, une vitrine bidon donnant un alibi pour des « mesurettes » ridicules qui ne trompent personne. Cela, au moment même où un projet de rapport du GIEC, très alarmant, souligne déjà qu’un réchauffement global limité à 2° C aurait des conséquences « cataclysmiques d’ici à 2050 ».
La situation alimentaire mondiale s’est également considérablement aggravée puisque près de 60 millions de personnes supplémentaires ont souffert de la faim ces cinq dernières années selon un récent rapport de l’UNICEF. Une hausse constante depuis 2014 !
De même, la situation impérialiste est marquée par une extension du chaos guerrier à l’image de l’exacerbation des tensions au Moyen-Orient avec la relance du conflit israélo-palestinien ou encore en Afrique où la fin éventuelle de l’opération Barkhane de l’impérialisme français, pourrait déstabiliser davantage la situation dans cette région et ouvrir la voie à davantage de barbarie guerrière.
Aucune illusion, non plus, à avoir avec l’« embellie » de l’économie soulignée par les médias, du fait du rebond en effet enregistré après la chute vertigineuse du PIB mondial au printemps 2020. Derrière l’euphorie momentanée autour des différents « plans de relance », se profilent les inquiétudes face à une paupérisation grandissante et de nouveaux licenciements. L’imminence de la facture salée à payer pour le « quoi qu’il en coûte » annoncé par Macron en France, ne peut qu’engendrer d’inévitables faillites et un cortège de nouveaux laissés-pour-compte.
Toute la situation mondiale, sur différents plans, vient confirmer le fait que la pandémie a bien généré une accélération du pourrissement sur pied du capitalisme. Et tôt ou tard, la bourgeoisie n’aura pas d’autre possibilité que de faire encore payer sa crise aux travailleurs en leur portant des attaques toujours plus douloureuses. C’est tout le sens du nouveau « ballon d’essai » du gouvernement français sur la réforme des retraites et l’allongement de l’âge de départ pour recevoir une pension à taux plein, de même que sur celle de l’assurance-chômage rognant et limitant fortement les droits des ouvriers.
Si les résistances du prolétariat aujourd’hui restent modestes, dispersées, isolées, enfermées dans le corporatisme et très difficiles au vu du contexte, on peut percevoir néanmoins un fort mécontentement et la potentialité toujours réelle de s’affronter au capitalisme, comme le montrent les luttes qui se déploient actuellement. C’est le cas, par exemple, des luttes à Roissy et Orly pour les personnels des aéroports, à la SNCF sur le réseau transilien, mais aussi en Grèce dans le secteur des transports et des services publics, contre la nouvelle « loi travail ». On a vu en Allemagne, au mois de mars, 60 000 métallurgistes se battre pour des augmentations de salaire. Plus récemment, un conflit chez Amazon et une grève sauvage chez les coursiers de Gorilla se sont déclenchés.
Face aux nouvelles attaques programmées qui vont finir par pleuvoir, le prolétariat devra se battre en allant rechercher la solidarité des salariés d’autres entreprises ou d’autres secteurs et ainsi étendre la lutte et pousser à l’organisation d’assemblées au sein desquelles les exploités auraient enfin la possibilité de discuter de leurs conditions de vie et de travail, de remettre en cause la société dans laquelle ils vivent et de s’unir pour la combattre.
Cette lutte du prolétariat sur son propre terrain est indispensable pour permettre à terme d’ouvrir une perspective révolutionnaire et afin de relever le défi d’un impératif majeur pour sortir de l’impasse totale que réserve ce système agonisant : celui de détruire de fond en comble la société capitalisme et ouvrir la voie au plein épanouissement de la civilisation humaine où l’exploitation de l’homme par l’homme serait reléguée au musée des antiquités.
WH, 2 juillet 2021