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Le capitalisme a de plus en plus de mal à gérer sa propre crise économique et cela se répercute dans tous les secteurs de l’économie mondiale : l’endettement s’accroît, le travail précaire est de plus en plus massif, les délocalisations d’usines vers des pays avec des coûts de production moindre augmentent, etc. En outre, la crise oblige la bourgeoisie à prendre de nouvelles mesures pour restructurer la production, mesures dont les ouvriers sont systématiquement les principales victimes.
La restructuration et la grève de General Motors (GM) ne peuvent à ce titre être comprises que dans le cadre de l’analyse de la crise mondiale et historique du capitalisme. Le 15 septembre 2019, après deux mois de négociations infructueuses entre l’entreprise automobile et les syndicats, 850 ouvriers de la zone de maintenance de cinq usines de GM aux États-Unis se mirent spontanément en grève. Le jour suivant, face à cette situation qui menaçait de devenir incontrôlable et à la pression émanant du reste de ses adhérents, le syndicat United Auto Workers (UAW) déclara la grève de près de 50 000 ouvriers. Bien que GM n’ait pas connu de grève aussi massive depuis 2007, les attaques contre les conditions de vie et de travail des ouvriers de cette entreprise ne sont pas sorties de nulle part et elles ont également eu lieu dans d’autres pays.
Auparavant, GM avait dû fermer une usine de moteurs au Mexique, une autre d’assemblage au Canada et autre dans l’Ohio. Dans ces deux dernières, fin septembre 2018, respectivement 3 200 et 500 ouvriers furent “temporairement” licenciés (ce que les patrons appellent “mise au chômage technique”) et en octobre, la société proposa à quelque 18 000 travailleurs des départs volontaires. En outre, le 26 novembre 2018, GM annonça un plan de “grande restructuration”, comprenant notamment le licenciement de 14 000 ouvriers, la fermeture de trois usines aux États-Unis en 2019, à Oshawa au Canada, et celle de Gunsan en Corée du Sud d’ici fin 2019-début 2020, entraînant le licenciement de plus de 6 000 ouvriers.
Les revendications des ouvriers du GM se situaient clairement sur le terrain de la classe ouvrière : la sécurité de l’emploi, empêcher la baisse des salaires, l’amélioration de la couverture médicale et des primes. Il est important de noter l’existence de revendications qui démontrent la solidarité et l’esprit d’unité des ouvriers : ils ont exigé des contrats fixes pour les intérimaires, la réouverture des usines inactives et le refus de nouvelles fermetures d’usines avec la perte d’emplois qui en résulte. Toutefois, le syndicat ne s’est pas focalisé sur la défense de ces revendications.
Le syndicat sabote la lutte des travailleurs
Selon les médias, le gouvernement et le patronat, les défenseurs des intérêts des travailleurs sont les syndicats. Pourtant, les ouvriers eux-mêmes, de par leur expérience quotidienne, ont compris que la réalité est différente. Cela s’est vérifié une fois de plus lors de la grève chez GM. Cette réalité est présente depuis déjà plus d’un siècle : “Le syndicalisme est apparu au XIXe siècle. Leur approche n’est pas de détruire le capitalisme mais d’obtenir, dans le cadre des rapports de production, les meilleures conditions de vie possible pour les travailleurs.
Lorsque le capitalisme ne s’était pas encore implanté dans tous les pays et toutes les sphères économiques (XIXe et début du XXe siècle), le syndicalisme pouvait encore jouer un rôle favorable pour les travailleurs. Mais avec l’entrée du capitalisme dans sa phase de décadence, le syndicat ne peut plus obtenir que de rares miettes et tombe dans les filets de l’État et dans la défense du capitalisme.
Le syndicalisme ne peut pas remettre en question les infrastructures de production de l’économie capitaliste que sont l’entreprise, l’industrie et la nation. Au contraire (à l’instar des partis de la gauche du capital), il figure parmi ses défenseurs les plus fidèles. D’après les syndicats, le développement de la nation serait bénéfique à l’ensemble de la population, puisque tout le monde aurait une plus grande part du gâteau. Marx, dans “Salaires, prix et profits”, a combattu ces fantaisies des syndicalistes anglais en prenant comme exemple une soupière : les syndicalistes disaient que si la soupière était plus grande, il y aurait plus de soupe à distribuer, Marx leur a réfuté que le problème n’était pas la taille de la soupière mais la taille de la cuillère avec laquelle les travailleurs mangeaient et que celle-ci avait tendance, historiquement, à devenir de plus en plus petite”. (1)
Les syndicats dénaturent les revendications ouvrières pour mieux défendre l’entreprise et la nation
Le syndicat a mené les négociations avec l’entreprise à huis clos (2). Ceci est une nécessité pour les syndicats, car, dans ce type de négociation, ils examinent avec l’entreprise la façon dont préserver les profits qu’elle réalise au détriment des conditions de vie des ouvriers, en délaissant les revendications les plus importantes de ces derniers, en mesurant la capacité de réaction et la force que ceux-ci opposent, tout en convenant de la manière dont les épuiser. L’intérêt pour l’avenir de l’entreprise au détriment de l’avenir des travailleurs est à 100 % partagé par les syndicats. “Les dirigeants du syndicat UAW allèguent un manque d’intérêt des patrons pour le sort de leurs ouvriers, malgré le fait que l’année passée, l’entreprise a gagné plus de 8 000 millions de dollars” (3). Ainsi, d’après les syndicats, si l’entreprise réalise des bénéfices, elle devrait en laisser quelques miettes pour les ouvriers. Mais, que se passera-t-il si l’entreprise ne fait pas de bénéfices ? Pour les syndicats, les ouvriers doivent se sacrifier, renoncer à nourrir leurs familles pour sauver l’entreprise, comme il y a douze ans lors de la crise de 2008 pendant laquelle tous les syndicats de GM, dans divers pays, avaient demandé l’appui inconditionnel des travailleurs afin de pouvoir sauver l’entreprise : “L’UAW s’est plaint que les ouvriers, après avoir aidé General Motors des années durant à réaliser des millions de bénéfices, n’avaient pas reçu quoi que ce soit de plus pour subvenir au besoin de leurs familles. Terry Dittes, vice-président de l’UAW, a mis cette question au premier plan : il y a dix ans, pendant la crise financière, les dirigeants syndicaux ont accepté une diminution des avantages sociaux et un gel des salaires… Nous avons défendu GM quand elle avait le plus besoin de nous, maintenant nous sommes solidaires et unis pour nos membres, leurs familles et les communautés dans lesquelles nous vivons et travaillons”. (4) L’hypocrisie du syndicat s’est à nouveau révélée lors des nouveaux accords conclus avec l’entreprise où les revendications des ouvriers ont été tout simplement abandonnées.
De la même façon, le syndicat change les revendications des travailleurs par d’autres qui vont impacter certains d’entre eux : “Le syndicat réclame des augmentations de salaire par heure travaillée, ce que l’entreprise n’accepte pas. En outre, ils exigent une garantie que de nouveaux modèles [de véhicule] seront attribués aux usines américaines”. (5) L’exigence de “nouveaux modèles attribués aux usines américaines” est-elle une revendication de la classe ouvrière ? NON ! Cette approche est la même que celle de l’America First de Trump. De fait, Trump, dans le cadre de sa guerre commerciale, avait demandé à la présidente de GM, Mary Barra, de transférer la production du Mexique et celle de la Chine à Detroit. Les syndicats, fidèles serviteurs de la bourgeoisie nationale, ne cherchent qu’à détruire la solidarité entre les travailleurs de différents pays en leur inoculant le poison du nationalisme, en exigeant une production uniquement destinée aux Américains du Nord ; semant la division, ils veulent que les travailleurs se considèrent comme des citoyens américains avant tout et non comme des membres de la classe ouvrière internationale, les obligeant à se dissocier de ce qui arrive à leurs frères et sœurs de classe au Canada, en Chine, en Corée du Sud ou au Mexique, qui sont touchés par les mêmes licenciements, les mêmes conditions de vie. La solidarité et l’unité que les syndicats encouragent sont uniquement celles de l’entreprise et de la nation.
Les syndicats promeuvent des luttes longues et isolées
Certains grévistes ont dit qu’ils étaient prêts à se battre jusqu’au bout. Ils ont estimé que le moment était approprié pour défendre leurs revendications. Cependant, une des manœuvres des syndicats pour empêcher la victoire des mobilisations a été la prolongation de la grève, en maintenant les ouvriers enfermés sur eux-mêmes, dans leur secteur, afin que la grève ne prenne pas plus d’ampleur et que les travailleurs soient épuisés économiquement, physiquement, moralement et cèdent plus facilement. Ainsi, Jason Watson, leader de l’UAW, a par exemple déclaré : “J’ai environ 500 jeunes gens, avec une faible ancienneté salariale qui ont très, très peur”. (6) Leur objectif était non pas l’extension de la lutte mais la prolongation d’une grève isolée jusqu’à Noël : “En ce qui me concerne, la compagnie a fait marche arrière sur son offre et moi et mes membres sommes prêts à rester ici aussi longtemps que nécessaire”. (7)
Enfermés dans cet isolement total, les travailleurs ont été soumis à la pression morale de la bourgeoisie et des syndicats, qui les ont tenus pour responsables de tout ce qui était possible : de la défense de leurs “privilèges”, du retard de la sortie de la Corvette 2020, des pertes par millions des “pauvres employeurs” (près de deux milliards de dollars, soit 25 % de leurs juteux bénéfices, alors que les travailleurs en grève ont cessé de percevoir, pendant la grève, jusqu’à 75 % de leur salaire), de la fermeture d’usines dans d’autres branches et pays, de l’aggravation de la pollution pour éviter la reconversion vers la production de voitures électriques, du ralentissement de l’économie du Michigan, et même d’accélérer la récession dans le pays ! Il a s’agit de culpabiliser et de démoraliser d’une façon infâme. En effet, ces visions font croire aux ouvriers qu’ils sont des “citoyens de la nation”, occultant ce qu’ils sont en réalité : une classe sociale historique qui se bat pour ses intérêts et pour l’avenir de l’humanité. Lorsque les travailleurs luttent pour améliorer leurs salaires ou éviter les licenciements, cette lutte doit les amener à la conclusion qu’une société différente de celle que nous avons aujourd’hui peut exister. Dans la société actuelle, le profit, l’accumulation du capital et la guerre impérialiste sont primordiaux. Une société où les besoins de l’humanité toute entière sont satisfaits en premier lieu, voilà ce à quoi il faut aspirer. “(…) ils se doivent de protester contre la baisse de salaire et même contre la nécessité de la baisse, parce qu’ils doivent expliquer qu’eux, en tant qu’hommes, n’ont pas à se plier aux circonstances, mais que bien au contraire, les circonstances doivent se plier à eux, qui sont des êtres humains ; parce que leur silence équivaudrait à une acceptation de ces conditions de vie, une acceptation du droit de la bourgeoisie à les exploiter pendant les périodes économiques favorables et à les laisser mourir de faim dans les mauvaises périodes”. (8)
Les syndicats divisent et dressent les travailleurs les uns contre les autres
Les manœuvres du syndicat ne se limitent pas à entraver et à éroder les revendications des travailleurs. Leur principale préoccupation est d’isoler les ouvriers et de semer la division dans leurs rangs : par entreprise, par secteur, par région et par nation. Ainsi, par exemple, lorsque dans l’usine de Villa de Reyes (dans la municipalité de San Luis Potosi au Mexique) une des trois équipes de travail a été supprimée, un des leaders du syndicat canadien a déclaré : “c’est une bonne nouvelle pour nous, parce nous ne sommes pas les seuls à perdre cette fois-ci… puisque les ventes commençaient à baisser”. Autrement dit, pour les syndicats, il faut qu’il y ait de la concurrence entre les travailleurs, pas de la solidarité.
Voici un autre exemple, significatif, de la façon dont le syndicat empêche la solidarité : “Douze travailleurs mexicains de l’usine General Motors à Silao, Guanajuato, ont publié une déclaration en solidarité avec la grève de leurs pairs de l’autre côté de la frontière. (…) Ces douze ouvriers ont été licenciés de la manière la plus crapuleuse qui soit, l’un d’eux a été accusé d’être un toxicomane, bien qu’un test ait été négatif. (…) Ce n’était que le premier parmi les douze, tous ceux qui ont fait front face au syndicat mexicain et ont affiché leur soutien aux ouvriers de l’UAW avaient beaucoup d’ancienneté”. (9).
De la même façon, les syndicats nord-américains se sont plaints que “les pourparlers pour relancer l’emploi seraient entravés par les préoccupations des travailleurs, qui s’inquiètent de la production croissante de GM au Mexique”. Aux États-Unis comme au Canada, le message était le suivant : “les ouvriers mexicains volent notre travail parce qu’ils coûtent moins cher à l’entreprise et qu’ils acceptent de travailler dans de pires conditions”. Au Mexique, le message était à l’opposé : “les ouvriers des États-Unis, dans le but de maintenir leurs acquis, font grève et à cause de cela ils nous portent préjudice”. Autrement dit, les syndicats de part et d’autre de la frontière ont décidé de diviser et de monter les ouvriers les uns contre les autres.
Cette division et cette confrontation s’est étendue jusqu’aux ouvriers fabriquant les pièces pour l’industrie automobile. Les syndicats de GM ont oublié ces collègues dont le travail est indispensable à la production dans les usines de la multinationale. Les syndicats des entreprises sous-traitantes ont déclaré aux ouvriers qu’à cause de la grève, ils étaient moins bien payés, que c’est pour cette raison qu’ils se retrouvaient au chômage technique et qu’ils risquaient de perdre leur emploi. C’était un vil mensonge : aucune grève n’avait eu lieu depuis 2007. Pourtant GM, au Mexique, a décrété de nombreux chômages techniques en raison de la chute des commandes, de la fin d’anciens modèles, de la restructuration en vue de créer de nouveaux modèles, etc. Les ouvriers ne sont pas responsables des chômages techniques, c’est le Capital qui l’est.
C’est en tirant les leçons de cette défaite que l’on pourra préparer les victoires futures
Ces manœuvres syndicales visaient à briser la grève, et elles ont réussi. Le 25 octobre, près de dix jours après sa signature, le syndicat a ratifié la nouvelle convention collective de quatre ans avec à peine plus de 50 % des voix de ses membres, et 850 travailleurs d’Aramark qui n’en voulaient pas non plus. La société a accordé une augmentation dérisoire de 3 et 4 % pour les quatre prochaines années, un bonus qui couvre à peine ce que les ouvriers des 33 centres de production et des 22 centres de distribution de GM aux États-Unis ont perdu. Rien, en revanche, pour les milliers d’ouvriers au Canada, au Mexique et dans d’autres pays qui ont participé à quarante et même cinquante jours de grève durant lesquels ils ont été épuisés, trompés, divisés et démoralisés. De plus, il n’y a eu aucune amélioration du système de soins et trois usines aux États-Unis ont été fermées : l’usine d’assemblage de Lordstown, en Ohio, et deux usines au Michigan et au Maryland. Cela signifie la mise a pied immédiate de plus de 2 000 travailleurs, qui subissent des pressions pour prendre leur retraite ou bien démissionner. D’autre part, “le vice-président de l’UAW a remercié les employés de GM pour leur “sacrifice” durant cette grève de 50 jours, qui a fait perdre aux ouvriers des centaines de millions de dollars en salaire non perçu”. (10) De plus, il ajoute que “de nombreux points ont été négligés, notamment en ce qui concerne le système de santé, les salaires, la main-d’œuvre intérimaire, les emplois qualifiés et la sécurité de l’emploi, pour ne citer que ceux-là”. En réalité, toutes les revendications des ouvriers ! Les analystes bourgeois, quant à eux, font peu de cas des conséquences pour les ouvriers : “L’accord définitif n’est pas si catastrophique que ça pour les travailleurs, mais c’est loin d’être une victoire. “Personne ne va se précipiter pour reprendre le travail, enthousiaste à propos de ce qu’il a obtenu. Mais c’est quelque chose avec lequel tu peux vivre”. La grève est survenue après une décennie de frustration des employés envers l’entreprise, qui a sévèrement diminué les avantages sociaux et les salaires pendant la Grande Récession. Les employés se sont sentis abandonnés lorsque le constructeur automobile a commencé à réaliser d’importants bénéfices. Le nouvel accord ne change pas grand-chose à cette dynamique, mais il fait quelques pas dans la bonne direction”. (11)
Bien que la grève chez GM ait échoué, de nombreuses leçons sont à tirer de cette défaite, et c’est le plus important. Cette grève est un exemple récent des terribles coups qu’est en train d’asséner la bourgeoisie du monde entier :
– c’est la grève la plus massive de ces cinquante dernières années, et la première qui a eu lieu aux États-Unis en douze ans, après une période où la classe ouvrière ne s’est guère mobilisée au niveau international.
– Elle montre clairement, contrairement à ce que prétend la bourgeoisie, que la classe prolétarienne existe et qu’elle est prête à répondre sur son terrain de classe, même dans une situation globale de grande faiblesse et de confusion, exploitée par les entreprises et les syndicats.
– Elle montre à nouveau que les syndicats font partie intégrante de l’État capitaliste, avec comme rôle celui de contrôler les ouvriers et d’empêcher leur véritable lutte autonome.
– Elle montre comment les coups portés aux conditions de vie et de travail prennent de plus en plus un caractère international, et que cela augmente les raisons de l’extension de la lutte à d’autres secteurs et à d’autres pays.
Par ailleurs, les travailleurs de GM ont déclaré que la compagnie ne les formait plus et qu’ils ne pouvaient plus apprendre des ouvriers les plus anciens parce qu’ils ont pris leur retraite ou ont été licenciés. Tous les travailleurs devraient se rappeler que les “anciens” ont non seulement une expérience sur le lieu de travail, mais aussi dans la lutte contre l’exploitation capitaliste. En 1965-1967, d’importantes grèves chez GM ont eu lieu, comme dans d’autres entreprises automobiles de Detroit, dont un grand nombre hors des syndicats, où les ouvriers ont lutté de manière unie, faisant tomber les barrières de l’entreprise. À cette occasion, l’entreprise a cédé en quelques jours, contrairement à cette grève-ci, pourtant la plus longue du secteur automobile depuis cinquante ans. Cette expérience, comme celle que les travailleurs de GM ont désormais un demi-siècle plus tard, est précieuse pour la classe ouvrière. Elle est particulièrement utile pour comprendre ce qui s’est réellement passé lors de la grève des travailleurs de GM et pour savoir quoi faire lors des luttes futures, que la classe ouvrière finira sûrement par mener.
Dans ce sens, les ouvriers doivent se réapproprier les leçons des précédentes luttes pour éviter de nouvelles défaites comme celle-ci. Par exemple, il est à noter que le syndicat UAW comptait frapper sur une partie des ouvriers du secteur automobile pour les empêcher de se joindre à la lutte : “Le syndicat a annoncé qu’il se concentrera désormais sur l’obtention d’une nouvelle convention collective pour les ouvriers de Ford. Le syndicat avait mis en veilleuse les négociations avec Ford et Fiat Chrysler tout en cherchant à obtenir l’accord avec GM. (…) Le syndicat utilisera l’accord avec GM comme base de négociation avec les autres constructeurs automobiles de Detroit”. (12)
Deux leçons essentielles laissées par cette grève, et qui proviennent des grandes luttes de 1905 en Russie et dans d’autres pays (13) sont que :
1) la lutte doit être lancée, organisée et étendue par les ouvriers eux-mêmes, hors du contrôle syndical, au travers d’assemblées générales et des comités mandatés et révocables à tout moment ;
2) la lutte ne pourra aboutir si elle reste prisonnière des murs de l’entreprise, du secteur, ou de la nation. Au contraire, elle doit s’étendre, en abattant toutes les barrières que le capital impose et qui les relient à lui.
Revolución Mundial,
section du CCI au Mexique,
21 novembre 2019.
1 Voir sur notre site en espagnol l’article complet : “Lucha aislada lucha perdida” (7 février 2013).
2 Jason Watson, président de la section 2164 de la UAW, a déclaré, se vantant que ses affiliés étaient impatients de connaître l’issue des négociations : “Étant moi-même quelqu’un qui, depuis quinze ans, a mené des négociations, je sais que c’est comme une partie de poker, et un bon joueur ne dévoile jamais ses cartes. Nos membres se montrent curieux des détails, mais ils comprennent pourquoi ceux-ci doivent rester confidentiels”. Face à des négociations secrètes où deux ou trois éléments du Capital et de son État conspirent contre les travailleurs (Gouvernement, patronat et syndicats), la première chose que la grève de masse de 1980 en Pologne a fait, portée par les assemblées générales, fût d’exiger que toutes les négociations entre les représentants des ouvriers et le gouvernement soient enregistrées et rendues publiques aux assemblées. Voir : “Un an de luttes ouvrières en Pologne” Revue Internationale n° 27 (4e trimestre 1981).
3 Telesur (19 septembre 2019).
4 Idem.
5 Expansión (15 septembre 2019).
6 Detroit Free Press (08 octobre 2019).
7 Idem.
8 Engels, La situation de la classe laborieuse en Angleterre (1845).
9 Humberto Juárez, économiste mexicain, dans un’article paru dans Sputnik (17 octobre 2019).
10 EFE (26 octobre 2019)
11 Vox (25 octobre 2019).
12 CNN (25 octobre 2019).
13 Voir sur notre site le premier article de la série : Le communisme n’est pas un bel idéal, il est à l’ordre du jour de l’histoire, intitulé : “1905 : la grève de masse ouvre la voie à la révolution prolétarienne”. Revue Internationale n° 90 (3e trimestre 1997).