TRACT D'UN COMITE DE LUTTE

Afficher une version adaptée à l'édition sur imprimante

A tous les électriciens et gaziers

A tous les travailleurs et chômeurs

Nous sommes un groupe de travailleurs des agences mixtes de la banlieue Sud de Paris. Nous avons décidé de nous coordonner et de nous regrouper en COMITE DE LUTTE pour défendre nous-mêmes nos intérêts.

Nous avons applaudi à la lutte des cheminots en décembre 86, et à leur capacité d'étendre la lutte nationalement malgré l'avis de tous les syndicats qui étaient contre. Au début de cette grève, comme lors de la grève EDF à Paris fin 86. Ce sont des non-syndiqués qui ont été à l'origine de la grève.

Le contrôle des cheminots sur leur lutte nous a éclairés:

  • fonctionnement sur la base des Assemblées générales,
  • élection de comités de grève révocables;
  • élection de délégués pour la coordination des différents dépôts.

MAIS LES CHEMINOTS SONT RESTER ISOLES DANS LE CORPORATISME

Comme les travailleurs des autres secteurs, nous, électriciens et gaziers, nous n'avons pas su nous mettre en grève au même moment que les cheminots ni établir des contacts directs avec eux. Les cheminots n'ont pas compris non plus la nécessité, urgente dès le début, de venir nous trouver en délégations massives.

Quand 1'isolement dans la corporation SNCF a été patent, en janvier, les syndicats -CGT en tête- ont bien parlé d'extension Mais c'était une extension bidon : nous en avons fait l'expérience à Montrouge, à Massy, à Sceaux, à Bourg la Reine, etc. Nous avions toutes les raisons de nous mettre en grève comme les cheminots car nous subissons corme eux les attaques du gouvernement et nous voyons de plus en plus notre pouvoir d'achat diminuer mais la charge de travail augmenter. Qu'est-ce que les syndicats ont fait ?

Ils nous ont cantonnés à la "garde" de nos agences.

Ils nous ont déconseillé de contacter nos camarades en grève de la RATP et de la SNCF ou d'autres secteurs.

Ils ont manœuvré pour que nous n'allions pas chercher la solidarité à l'extérieur ni sérieusement informer la population

Ils ont organisé des coupures de courant n'importe comment, sans nous consulter, ce qui a eu pour conséquence grossière de monter contre nous les ouvriers du privé, et de ridiculiser des coupures de courant nécessaires pour faire savoir qu'on est en grève (mais qui peuvent être moins brutales et pas aux heures où les autres ouvriers partent travailler) ...

Leurs permanents ont menti comme d'habitude d'une agence à l'autre, avec une parodie de consultation, cachant bien d'où ils tenaient leurs ordres pour nous pousser à faire grève... justement au moment où la grève des cheminots était en train d'échouer!

Ces professionnels des grèves sur commande nous ont fait lanterner, garder le centre de Bagneux pour la frime contre des attaques fictives des commerçants d'extrême-droite, tout cela pour nous distraire de toute réelle EXTENSION assurée et contrôlée par nous-mêmes aux autres secteurs.

Quand nous leur avons demandé des comptes en AG, ils ont affirmé de façon arrogante avoir gagné... 200 cartes CGT! Nous n'avons pas fait grève pour des prunes! C’est se moquer du monde, quand en plus on sait qu'il y a eu pas mal de cartes rendues ou même déchirées!

IL FAUT FAIRE CIRCULER LES INFORMATIONS SUR CE QUI S'EST PASSE :

De même qu'à la SNCF les syndicats nous avaient poussés à des journées d'action bidon, en 86, de même, c'est à une semaine d'inaction qu'ils ont essayé de nous entraîner. Mais dans plusieurs agences beaucoup d'entre nous n'avons pas marché ni "obéi" aux chefs et sous-chefs syndicaux, d'autres ont cessé au bout de quelques jours, en pleurant de rage, cette nouvelle grève presse-bouton pour redorer le blason terni des syndicats.

A Montrouge, la grève s'est pourtant terminée en comité avec la volonté de ne pas se laisser démoraliser, et plusieurs d'entre nous avons déchiré nos cartes syndicales ou allons le faire.

A Vanves, les gars ont refusé majoritairement de se laisser manœuvrer, non par passivité, mis parce qu'on ne veut pas faire grève n'importe cannent et n'importe quand aux ordres de gens qui veulent décider à notre place; la CGT a, là, violé la décision de l'AG en appelant en douce ses adhérents à faire deux heures de grève! Voilà la division à l'œuvre!

NE NOUS LAISSONS PAS PARQUER COMME DANS DES ETABLES

Beaucoup d'entre nous avons perdu pour rien plusieurs jours de grève et avons le goût amer de la défaite. Mais nous ne sommes pas découragés de lutter, malgré toutes les magouilles syndicales.

Nous vous appelons, syndiqués et non syndiqués, à nous rejoindre pour préparer la lutte à venir. Voici la vérité: le gouvernement et les syndicats, chacun à leur place, nous attaquent et veulent nous empêcher de réaliser NOTRE UNITE, garantie de notre force.

Plus nous resterons mobilisés et groupés, plus nous garderons en mémoire les leçons de la SNCF et la fausse extension des syndicats en ce début janvier 87. Il y en a marre des magouilles syndicales, ensemble PREPARONS LA LUTTE.

Pour les prochaines luttes, établissons des contacts, directement à l'EDF et avec les autres secteurs:

  • FAISONS CIRCULER ET VERIFIONS NOUS-MEMES LES INFORMATIONS SUR NOS LUTTES ENTRE LES DIFFERENTES AGENCES, LES DIFFERENTS CENTRES ET LES AUTRES SECTEURS;
  • PREPARONS L'UNITE LA PLUS GRANDE POSSIBLE DES SYNDIQUES ET DES NON-SYNDIQUES sans se faire d'illusion sur les intersyndicales:
  • IMPOSONS LE FONCTIONNEMENT EN ASSEMBLEES GENERALES, L’ELECTION DE COMITES DE GREVE ET L'ELECTION DE DELEGUES REVOCABLES AUX COORDINATIONS;
  • ASSURONS NOUS-MEMES L'EXTENSION AUX AUTRES SECTEURS;
  • ASSEMBLEES GENERALES ET COMITES OUVERTS A TOUS LES OUVRIERS ET CHOMEURS QUI VEULENT LUTTER AVEC NOUS.

POUR UNE FOIS, FAISONS QUELQUE CHOSE DE CONCRET, RASSEMBLONS-NOUS ! UNISSONS-NOUS!

Le 20 janvier 1987, Comité de lutte

Rubrique: