Il y a 30 ans, la chute d'Allende au Chili : Dictature et démocratie sont les deux visages de la barbarie capitaliste

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Le 11 septembre 1973 un coup d'État militaire dirigé par le général Pinochet renversait dans un bain de sang le gouvernement de l'Unité Populaire de Salvador Allende au Chili. La répression qui s'est abattue sur la classe ouvrière fut terrible : des milliers de personnes (1), pour la plupart des ouvriers, furent systématiquement massacrés, des dizaines de milliers furent emprisonnés et torturés. A cette barbarie effroyable se sont encore ajoutées plusieurs centaines de milliers de licenciements (un ouvrier sur dix au cours de la première année de la dictature militaire). L'ordre qui régnait à Santiago (et qui s'est installé avec le soutien de la CIA) (2) n'était rien d'autre que l'ordre de la terreur capitaliste dans sa forme la plus caricaturale. A l'occasion du trentième anniversaire du renversement du gouvernement "socialiste" d'Allende toute la bourgeoisie "démocratique" a mis à profit la commémoration de cet événement pour tenter une fois encore de dévoyer la classe ouvrière de son propre terrain de lutte. Une fois encore, la classe dominante cherche à faire croire aux ouvriers que le seul combat dans lequel ils doivent s'engager, c'est celui de la défense de l'Etat démocratique contre les régimes dictatoriaux dirigés par des voyous sanguinaires. C'est bien le sens de la campagne orchestrée par les médias consistant à faire le parallèle entre le coup d'État de Pinochet le 11 septembre 1973 et l'attentat contre les Tours jumelles à New York (voir le titre du journal Le Monde du 12 septembre : "Chili 1973 : l'autre 11 septembre").

Et dans ce choeur unanime de toutes les forces démocratiques bourgeoises, on trouve au premier plan les partis de gauche et les officines gauchistes qui avaient pleinement participé, aux côtés du MIR (3) chilien, à embrigader la classe ouvrière derrière la clique d'Allende, les livrant ainsi pieds et poings liés au massacre (voir notre article dans RI nouvelle série n° 5 : "Le Chili révèle la nature profonde de la gauche et des gauchistes"). Face à cette gigantesque mystification consistant à présenter Allende comme un pionnier du "socialisme" en Amérique Latine, il appartient aux révolutionnaires de rétablir la vérité en rappelant les faits d'armes de la démocratie chilienne. Car les prolétaires ne doivent jamais oublier que c'est le "socialiste" Allende qui a envoyé son armée "populaire" pour réprimer les luttes ouvrières et a permis ensuite à la junte militaire de Pinochet de parachever le travail. Nous publions ci-dessous un article adapté du tract diffusé début novembre 1973 par "World Revolution" ainsi que le tract diffusé peu après le coup d'État par "Révolution Internationale", c'est-à-dire les groupes qui allaient constituer les sections du CCI en Grande-Bretagne et en France.

TRACT DE WORLD REVOLUTION (organe du CCI en Grande-Bretagne)

Au Chili comme au Moyen Orient, le capitalisme a montré une fois de plus que ses crises se paient du sang de la classe ouvrière. Tandis que la Junte massacrait les travailleurs et tous ceux qui se sont opposé à la loi du capital, la "gauche" du monde entier s'unissait dans un même ch�ur hystérique et mystificateur. Les résolutions parlementaires, les glapissements de "Cassandre" des partis de gauche, la fureur des trotskistes criant : "Je vous l'avais bien dit", les grandes manifestations, tout cela n'était qu'un rabâchage soigneusement préparé par la gauche officielle et les gauchistes. Leur partenaire chilien, le défunt gouvernement de l'Unité Populaire d'Allende a préparé le massacre après avoir désarmé, matériellement et idéologiquement les travailleurs chiliens pendant trois ans. En considérant la coalition d'Allende comme celle de la classe ouvrière, en l'appelant "socialiste", toute la "gauche" a essayé de cacher ou de minimiser le rôle réel d'Allende et aidé à perpétuer les mythes créés par le capitalisme d'État au Chili. La nature capitaliste du régime d'Allende Toute la politique de l'Unité Populaire consistait à renforcer le capitalisme au Chili. Cette large fraction du capitalisme d'État, qui s'est appuyée sur les syndicats (aujourd'hui devenus partout des organes capitalistes) et sur les secteurs de la petite bourgeoisie et de la technocratie s'est scindée pendant quinze ans dans les partis communiste et socialiste. Sous le nom de Front des Travailleurs, FRAP ou Unité Populaire, cette fraction voulait rendre le capital chilien arriéré compétitif sur le marché mondial. Une telle politique, appuyée sur un fort secteur d'État, était purement et simplement capitaliste. Recouvrir les rapports de production capitalistes d'un vernis de nationalisations sous "contrôle" ouvrier n'aurait rien changé à la base : les rapports de production capitalistes sont restés intacts sous Allende, et ont même été renforcés au maximum. Sur les lieux de production des secteurs public et privé, les travailleurs devaient toujours suer pour un patron, toujours vendre leur force de travail. Il fallait satisfaire les appétits insatiables de l'accumulation du capital, exacerbés par le sous-développement chronique de l'économie chilienne et une insurmontable dette extérieure, surtout dans le secteur minier (cuivre) dont l'État chilien tirait 83% de ses revenus dans l'exportation. Une fois nationalisées, les mines de cuivre devaient devenir rentables. Dès le début, la résistance des mineurs contribua à détruire ce plan capitaliste. Au lieu d'accorder crédit aux slogans réactionnaires de l'Unité Populaire :"Le travail volontaire est un devoir révolutionnaire", la classe ouvrière industrielle du Chili, particulièrement les mineurs, a continué à lutter pour l'augmentation des salaires, et a brisé les cadences par l'absentéisme et les débrayages. C'était la seule façon de compenser la chute du pouvoir d'achat pendant les années précédentes, et l'inflation galopante sous le nouveau régime qui avait atteint 300% par an à la veille du coup d'État. La résistance de la classe ouvrière à Allende a débuté en 1970. En décembre 1970, 4000 mineurs de Chuquicamata se mirent en grève réclamant des augmentations de salaires. En juillet 1971, 10 000 mineurs du charbon se mirent en grève à la mine de Lota Schwager. Dans les mines d'El Salvador, El Teniente, Chuquicamata, La Exotica, et Rio Blanco, de nouvelles grèves s'étendirent à la même époque, réclamant des augmentations de salaire. Allende déchaîne la répression contre les ouvriers La réponse d'Allende fut typiquement capitaliste : alternativement, il calomnia puis cajola les travailleurs. En novembre 1971 Castro vint au Chili pour renforcer les mesures anti-ouvrières d'Allende. Castro tempêta contre les mineurs, et les traita d'agitateurs "démagogues" ; à la mine de Chuquicamata, il déclara que "cent tonnes de moins par jour signifiait une perte de 36 millions de dollars par an". Alors que le cuivre est la principale source de devises du Chili, les mines représentent seulement 11% du produit national brut, et emploient seulement 4% de la force de travail, c'est-à-dire environ 60 000 mineurs du cuivre. Quoi qu'il en soit, l'importance numérique de ce secteur de la classe est tout à fait hors de proportion avec le poids que les mineurs représentent dans 1'économie nationale. Peu nombreux mais très puissants et conscients de l'être, les mineurs obtinrent de l'État l'échelle mobile des salaires et donnèrent le signal de l'offensive sur les salaires qui surgit dans toute la classe ouvrière chilienne en 1971. Toute la presse bourgeoise était d'accord pour affirmer que "la voie chilienne au socialisme" était une forme de "socialisme" qui a échoué. Les staliniens et les trotskistes bien sûr ont acquiescé, en conservant leurs différences talmudiques. De ces derniers, le capitalisme d'Allende a reçu un "soutien critique". Les anarchistes n'ont pas été en reste : "La seule porte de sortie pour Allende aurait été d'appeler la classe ouvrière à prendre le pouvoir pour elle-même et de devancer le coup d'État inévitable" écrivait le Libertarian Struggle (octobre 1973). Ainsi Allende n'était pas seulement "marxiste". C'était aussi un Bakounine raté. Mais ce qui est vraiment risible, c'est d'imaginer qu'un gouvernement capitaliste puisse jamais appeler les travailleurs à détruire le capitalisme ! En mai-juin 1972, les mineurs ont recommencé à se mobiliser : 20 000 se mirent en grève dans les mines d'El Teniente et Chuquicamata. Les mineurs d'El Teniente revendiquèrent une hausse des salaires de 40%. Allende plaça les provinces d'O' Higgins et de Santiago sous contrôle militaire, parce que la paralysie d'El Teniente "menaçait sérieusement l'économie". Les managers "marxistes", membres de l'Unité Populaire ont vidé des travailleurs et envoyé des briseurs de grève. 500 carabiniers attaquèrent les ouvriers avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau. 4000 mineurs firent une marche sur Santiago pour manifester le 14 juin, la police les chargea sauvagement. Le gouvernement traita les travailleurs d'"agents du fascisme". Le PC organisa des défilés à Santiago contre les mineurs, appelant le gouvernement à faire preuve de fermeté. Le MIR, "opposition loyale" extraparlementaire à Allende, critiqua l'utilisation de la force et prit parti pour la "persuasion". Allende nomma un nouveau ministre des mines en août 1973 : le général Ronaldo Gonzalez, le directeur des munitions de l'armée. Le même mois, Allende alerta les unités armées dans les 25 provinces du Chili. C'était une mesure contre la grève des camionneurs, mais aussi contre quelques secteurs ouvriers qui étaient en grève, dans les travaux publics et les transports urbains. Pendant les derniers mois du régime d'Allende, la politique à l'ordre du jour fut celle des attaques généralisées et des meurtres contre les travailleurs et les habitants des bidonvilles, par la police, l'armée et les fascistes. A partir de ce moment, le cheval de Troie du capitalisme, l'Unité Populaire avait tenté de renforcer son électorat dans toutes sortes de "comités populaires" hiérarchisés, comme les 20 000 environ qui existaient en 1970, dans ces "comités de soutien au peuple" (JAPS) et finalement dans ces cordons industriels si vantés, que les anarchistes et trotskistes présentaient à l'époque comme des types de "soviets" ou de comités d'usine. Il est vrai que les cordons étaient dans la majorité des cas, l'�uvre spontanée des travailleurs, de même que beaucoup d'occupations d'usine, mais ils finirent par être récupérés par l'appareil politique de l'Unité Populaire. Comme un journal trotskiste l'admettait lui-même : "en septembre 1973 de tels cordons avaient surgi dans tous les faubourgs industriels de Santiago et les partis politiques de gauche poussaient à leur instauration dans tout le pays" ("Red Weekly", 5 octobre 1973). Les cordons n'étaient pas armés et n'avaient aucune indépendance par rapport au réseau des syndicats de l'Unité Populaire, des comités locaux de la police secrète etc. Leur indépendance n'aurait pu s'affirmer que si les travailleurs avaient commencé à s'organiser séparément et contre l'appareil d'Allende. Cela aurait signifié ouvrir la lutte de classe contre l'Unité Populaire, l'armée et le reste de la bourgeoisie. En décembre 1971, Allende avait déjà laissé Pinochet l'un des nouveaux dictateurs du Chili, se déchaîner dans les rues de Santiago. L'armée avait imposé des couvre-feux, la censure de la presse, et des arrestations sans mandat. En octobre 1972, l'armée (la chère "armée populaire" d'Allende) fut appelée à participer au gouvernement. Allende avouait par là l'incapacité de la coalition gouvernementale à mater et écraser la classe ouvrière. Il avait durement essayé mais avait échoué. Le travail dut être continué par l'armée sans fioritures parlementaires. Mais au moins l'Unité Populaire avait permis de désarmer les travailleurs idéologiquement : cela facilita la tâche des massacreurs le 11 septembre 1973. La gauche et l'extrême-gauche mystifient les ouvriers En réalité, Allende a pris le pouvoir en 1970 pour sauver la démocratie bourgeoise dans un Chili en crise. Après avoir renforcé le secteur d'État de façon à rentabiliser la totalité de l'économie chilienne en crise, après avoir mystifié une grande partie de la classe ouvrière avec une phraséologie "socialiste" (ce qui était impossible aux autres partis bourgeois) son rôle était terminé. Exit the King. L'aboutissement logique de cette évolution, un capitalisme totalement contrôlé par l'État, n'était pas possible au Chili qui restait dans la sphère d'influence de l'impérialisme américain et devait commercer avec un marché mondial hostile dominé par cet impérialisme. La "gauche" et tous les libéraux, humanistes, charlatans et technocrates se lamentèrent sur la chute d'Allende. Ils encouragèrent le mensonge du "socialisme" d'Allende pour tenter de mystifier la classe ouvrière. Déjà en septembre 1973, à Helsinki, les sociaux-démocrates de tous bords qui représentaient 50 nations s'étaient réunis pour "chasser" la junte chilienne. On a ressorti le slogan pourri de l'anti-fascisme, pour détourner la lutte de classe, pour cacher que les prolétaires n'ont rien à gagner en luttant et mourant pour une quelconque cause bourgeoise ou "démocratique". En France, Mitterrand et le "Programme Commun de la Gauche", tous les curés progressistes et les canailles bourgeoises ont entonné le ch�ur antifasciste. Sous couvert de l'"antifascisme" et de soutien à l'Unité Populaire, les divers secteurs de la classe dirigeante tentèrent de mobiliser les travailleurs pour leur replâtrage parlementaire. Face à cette nouvelle "brigade internationale" de la bourgeoisie, la classe ouvrière ne peut que montrer du mépris et de l'hostilité. Les fractions de l'"extrême gauche" du capitalisme d'État ont joué (évidemment !) le même rôle dans ce concert que le MIR dans celui d'Allende. Mais (quel subtil mais !) leur soutien était "critique". La question n'est pas "parlement contre lutte armée", mais capitalisme contre communisme, antagonisme entre la bourgeoisie du monde entier et les travailleurs du monde entier. Les prolétaires n'ont qu'un seul programme : l'abolition des frontières, l'abolition de l'État et du parlement, l'élimination du travail salarié et de 1a production marchande par les producteurs eux-mêmes, la libération de l'humanité tout entière amorcée par la victoire des conseils ouvriers révolutionnaires. Tout autre programme est celui de la barbarie, la barbarie et la duperie de la "voie chilienne au socialisme".

TRACT DE REVOLUTION INTERNATIONALE (organe du CCI en France)

A BAS LA "VOIE CHILIENNE" AU MASSACRE !

C'est par milliers que la racaille militaire massacre les ouvriers au Chili, Maison par maison, usine par usine on traque les prolétaires, on les arrête, on les humilie, on les tue. L'ordre règne. Et l'ordre du capital, c'est la BARBARIE. Plus horrible, plus révoltant encore, c'est que les travailleurs sont acculés, qu'ils le veuillent ou non à se battre dans un combat, où ils sont vaincus d'avance sans aucune perspective, sans qu'à aucun moment ils puissent avoir la conviction de mourir pour leurs propres intérêts. La "gauche" crie au massacre. Mais cette pègre armée, c'est le gouvernement d'Union Populaire qui l'a appelée au pouvoir. Ce que la "gauche" tait soigneusement, c'est qu'il y a dix jours, elle gouvernait encore avec ces mêmes assassins, qu'elle qualifiait "d'Armée Populaire". A ces criminels, ces tortionnaires, elle donnait l'accolade au même moment où DEJA ils commençaient à arrêter des ouvriers, perquisitionner dans les usines. Une chose doit être claire. Depuis trois ans de gouvernement de gauche, JAMAIS les ouvriers n'avaient cessé d'être trompés, exploités, réprimés. C'est la "gauche" qui a organisé l'exploitation. C'est elle qui a réprimé les mineurs en grève, les ouvriers agricoles, les affamés et sans-logis des bidonvilles. C'est elle qui a dénoncé les travailleurs en lutte comme des "provocateurs", c'est elle qui a appelé les militaires au gouvernement, Jamais l'Union Populaire n'a été autre chose qu'une façon particulière de maintenir l'ordre en trompant les travailleurs. Face à la crise qui s'approfondit à l'échelle mondiale, le capital chilien particulièrement en difficulté, devait d'abord avant de la régler à sa manière, mater le prolétariat écraser sa capacité de résistance. Et pour cela, il fallait procéder en deux temps. En premier lieu le mystifier. Cette mystification accomplie, on a amené les travail1eurs embrigadés derrière les drapeaux bourgeois de la "démocratie", pieds et poings liés au peloton d'exécution.

La gauche et 1a droite au Chili comme ailleurs, ne représentent que les deux aspects d'une même politique du Capital : écraser la classe ouvrière. On utilise les cadavres des ouvriers chiliens pour mystifier les ouvriers français La gauche et les gauchistes ne se contentent pas d'avoir amené les travailleurs au massacre. Mais de plus, ici en France, ils ont le culot d'utiliser les cadavres des prolétaires chiliens pour entamer une opération de DUPERIE à grande échelle : ils n'attendent même pas que le sang qui coule à Santiago ait séché pour appeler les ouvriers à manifester, à débrayer pour défendre la "démocratie" contre les militaires. Ce faisant, les Marchais, Mitterrand, Krivine et Cie se préparent déjà à jouer en France le même rôle que les Allende, le P.C. et le MIR gauchiste au Chili. Car en France, comme dans le monde entier, avec l'approfondissement de la crise, se posera le problème de briser le prolétariat.

En organisant la tromperie "démocratique" sur le Chili, la gauche se prépare déjà à prendre en main l'opération qui consistera a embrigader les ouvriers derrière les drapeaux des "nationalisations", de la république" et autres niaiseries, pour les clouer sur un terrain qui n'est pas le leur et les livrer à l'écrasement. Et en refusant de dénoncer la gauche, pour ce qu'elle est, les gauchistes se placent, eux aussi dans le camp du capital. La leçon Au Chili, la crise a frappé plus tôt et plus vite qu'ailleurs. Et avant même que le prolétariat ait vraiment engagé le combat, son propre combat, toutes les forces de la gauche, ce cheval de Troie de la bourgeoisie parmi les travailleurs, se sont employées à le museler pour l'empêcher d'apparaître comme force indépendante sur son propre terrain, avec son programme, qui n'est pas une quelconque réforme "démocratique", ou étatique du capital, mais la révolution sociale. Et tous ceux qui, comme les trotskistes, ont apporté la moindre caution à cette castration de la classe ouvrière, en soutenant ne serait ce que du bout des lèvres et de façon "critique" ces forces, portent aussi la responsabilité du massacre. Ces mêmes trotskistes en France prouvent qu'ils sont du même coté de la barricade que la fraction de gauche du capital, puisqu'ils polémiquent avec elle sur les moyens "tactiques" et militaires d'arriver au pouvoir et reprochent a Allende de ne pas avoir mieux embrigadé les ouvriers derrière lui !

Depuis la France en 1936 jusqu'au Chili en passant par la guerre d'Espagne, la Bolivie, l'Argentine, la même leçon s'y est dégagée des dizaines et des dizaines de fois.

Le prolétariat ne peut passer aucune alliance, ne faire aucun front avec les forces du capital, même si celles-ci se parent du drapeau de la "liberté" ou du socialisme. Toute force qui contribue à lier aussi faiblement que ce soit les ouvriers à une quelconque fraction de la classe capitaliste se situe de l'autre côté. Toute force qui entretient la moindre illusion sur la gauche du capital est un maillon d'une chaîne unique dont l'aboutissement est le carnage des ouvriers. Une seule "unité" : celle de tous les prolétaires du monde. Une seule ligne de conduite : l'autonomie totale des forces ouvrières. Un seul drapeau : la destruction de l'État bourgeois et l'extension internationale de la révolution. Un seul programme : l'abolition de l'esclavage salarié.

Quant à ceux qui seraient tentés de se laisser duper par les belles paroles, les discours creux sur la "république", les rengaines éc�urantes de l'"Unité Populaire", qu'ils regardent bien l'image horrible du Chili. Avec l'approfondissement de la crise, une seule alternative : reprise révolutionnaire ou écrasement du prolétariat !

Révolution Internationale, 18 septembre 1973

 

(1) Les chiffres officiels sont de 3000 morts mais les associations d'aide aux victimes parlent de plus de 10 000 morts et disparus.

(2) Il faut noter que les États-Unis ne sont pas les seuls à avoir apporté un soutien aux "gorilles" sud-américains. Ainsi, la junte qui a pris le pouvoir en Argentine quelques temps après, qui a fait pour sa part 30 000 morts et qui a coopéré activement avec celle du Chili dans le cadre de l'Opération "Condor" pour assassiner des opposants, a reçu un soutien "technique" précieux d'experts militaires français qui lui ont enseigné leur "savoir-faire" acquis pendant la Guerre d'Algérie dans le domaine de la lutte contre la "subversion".

(3) MIR : "Mouvement de la Gauche Révolutionnaire"

 

 

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