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Des attaques anti-ouvrières d'une ampleur similaire à celles de la France sont à l'ordre du jour un peu partout pour les bourgeoisies européennes, comme dans l'ensemble des Etats les plus industrialisés.
Pour faire passer de telles attaques, la grande manoeuvre réussie par la bourgeoisie française enthousiasme et inspire ses consoeurs. Tous les médias se sont fait l'écho complaisant de la "grande grève ouvrière française" et de ses "risques de contagion" qui font la "une" de la presse européenne ; ainsi, le "Corriere délia Sera» émet l'idée que "le malaise français pourrait se propager dans toute l'Europe, et naturellement en Italie". Et ce sont bien sûr les syndicats et les partis de gauche qui sont en première ligne pour inviter les ouvriers à "suivre l'exemple donné par les travailleurs français", selon l'expression du secrétaire général du PC espagnol, Anguita. D'ailleurs, le congrès du PCE votait dans la foulée une résolution pour "appuyer, féliciter et encourager les salariés de France". En Allemagne, la puissante centrale syndicale DGB "assurait de sa sympathie les grévistes qui se défendent contre une grande attaque au droit social" tandis que le syndicat des postiers leur adressait un message de soutien, et que PIG-Metall affirmait que "la lutte des Français était un exemple de résistance contre les coups portés aux droits sociaux et politiques". De même, les trois principaux syndicats italiens "saluaient et soutenaient" en choeur cette "lutte massive". En Grèce comme en Italie, des meetings et des manifestations autour de la lutte en France sont animés par des groupes gauchistes. En Allemagne, une manifestation appelée le 14 décembre à l'initiative de collectifs étudiants et de la "gauche alternative" à Berlin sur la défense des immigrés et des "initiatives sociales" s'est transformée en "manifestation de solidarité avec ce qui se passe en France", accordant la vedette à un cheminot français gréviste.
De fait, les syndicats ont aussi d'ores et déjà sauté sur l'occasion pour tenter d'entraîner des secteurs entiers de la classe ouvrière dans le même piège qu'ici, et dans la défaite, en embrayant l'organisation d'une série de grèves et de manifestations "sur le modèle français". L'exemple le plus significatif est celui de la Belgique où, après .une manifestation d'étudiants et d'enseignants à Liège qui s'est terminée par un affrontement violent avec la police et les gendarmes à cheval, et une grève d'un mois des salariés d'Alcatel face à des licenciements, les syndicats ont organisé une manifestation unitaire en défense des services publics le 13 décembre, rassemblant entre 40 et 50 000 personnes dans les rues de Bruxelles, et mettant en première ligne les cheminots de la SNCB (après une grève tournante de trois jours qui avait paralysé l'ensemble du trafic ferroviaire) et les salariés de la Sabena qui avaient également perturbé les transports aériens. La propagande de la bourgeoisie oppose le caractère "bien canalisé" de la manifestation par les deux principaux syndicats étroitement liés à la coalition au pouvoir responsable des attaques gouvernementales à la pseudo-» organisation par la base des luttes en France". Elle ne fait ainsi que tendre un piège qu'elle s'apprête à refermer sur les ouvriers en Belgique lors de l'annonce du projet de "réforme" de la Sécurité sociale qui sera rendu public en janvier prochain.
"Révolution Internationale" n°252 Janvier 1996