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Au moment et au lendemain de la lutte contre le CPE en France, on a vu l'étal des libraires envahi par une profusion de pavés (la plupart écrits par des journalistes) dressant des portraits bien peu flatteurs de tel ou tel homme politique ou de tel ou tel prétendant à la présidence de la République. Ces ouvrages constituent une vulgaire récupération commerciale de la crise politique de la bourgeoisie française. Parmi cette "foire aux livres", émergent quelques "best-sellers" : "La Tragédie du Président" du journaleux du Figaro (journal "de droite"), F. -O. Giesbert, transfuge du Nouvel Observateur (journal "de gauche"), "Place Beauvau, la face cachée de la police " par un trio O. Recasens, J. M. Décugis, C. Labbé qui se présentent eux-mêmes comme des "journalistes d'investigation" à l'hebdomadaire Le Point ou encore une autre "enquêtrice" tirant à boulets rouges sur le maire "socialiste" de Paris, B. Delanoë. Aucun de ces prétendus "témoins de l'actualité" n'ont participé aux assemblées générales des étudiants et n’ont rendu compte de la réalité de leur mobilisation contre le CPE. . Pour eux, la "politique" se joue dans un monde clos, les allées du pouvoir, qu'ils fréquentent avec assiduité. Et leur étiquette de "journalistes politiques" n'est qu'un alibi pour la chasse au "scoop", faisant flèche de tout bois, du moindre ragot, de l'anecdote la plus "croustillante" pour alimenter les commérage sur la vie intime ou les traits psychologiques de nos gouvernants et "témoigner" de leurs sordides règlements de compte. On n'ignore plus rien des frasques amoureuses de la femme de Sarkozy avec un riche industriel, de la fragilité mentale d'une fille de Chirac (dont on révèle même l'adresse ou encore le nom de son médecin traitant), on fait son miel avec les coups les plus tordus de la rivalité sans merci entre Sarkozy et Villepin au ministère de l'Intérieur par guerre des polices interposées (alors que leurs relations à couteaux tirés sont devenues depuis longtemps des secrets de polichinelle). Le seul vernis politique de toute cette presse « people » est tout au plus d'expliquer les rivalités entre tel ou tel ministre par des "goûts" et des "tendances" qui portent les uns ou les autres vers le "libéralisme" ou vers "l'autoritarisme" au service de leur ambition personnelle.
Cela n'est pas nouveau, ce genre de "littérature" fait fureur et assure à leurs auteurs la garantie de bonnes ventes auprès des lecteurs habituels de Gala, Voici, Paris-Match mais aussi d'un plus large public alléché précisément par l'étiquette plus sérieuse de "journalisme politique". D'ailleurs, ces mêmes "auteurs" (et bien d'autres) ont réalisé en d'autres temps, notamment sous l'ère Mitterrand, des bouquins sur le cancer non avoué ou sur Mazarine, la fille alors cachée du défunt président. Déblatérerrer à longueur de pages sur la vie « privée » de Mitterrand servait aussi à l'époque à mieux masquer la politique ouvertement anti-ouvrière du PS au gouvernement.
Si ces "dessous de la politique" sont exhibés sur la place publique au moment où le pouvoir de la bourgeoisie vient d'être secoué par un puissant mouvement social, c'est parce que tous ces journalistes veulent divertir le lecteur et non pas l’amener à réfléchir aux causes véritables de la crise de l’Etat démocratique. . Sous couvert de « révélations », c'est une entreprise de décervelage et de dépolitisation, destinée à conforter la mystification selon laquelle les "ratés" de Chirac, Villepin ou Sarkozy seraient dus au profil psychologique de ceux qui nous gouvernent. Moralité : il suffit de nettoyer au karcher le gouvernement, de remplacer le vieux Chirac incompétent par un "bon" chef d’Etat avec des ministres " propres" pour que tout baigne dans l’huile (du moins jusqu’à ce que l’on découvre les vices cachés des nouveaux élus !).
Ce n'est pas un hasard si en même temps aujourd'hui, ressort un autre "scandale" à la une de l'actualité des médias avec la contre-enquête du ministère de l'Intérieur sur "l'affaire Clearstream" après qu'un "corbeau" (probablement chiraquien) haut placé ait tenté il y a déjà plusieurs mois de compromettre le clan Sarkozy dans une affaire de blanchiment d'argent sale. Même si certains ont plus de casseroles aux fesses que d’autres, tous les politiciens de droite comme de gauche qui se retrouvent au sommet des Etats sont des « ripoux », menteurs, tricheurs, "tueurs" professionnels : même les "Guignols de l'info" ont bâti depuis des années leur spectacle quotidien de marionnettes et leurs caricatures autour de cette évidence. Les règlements de compte entre fractions bourgeoises sont une donnée permanente des mœurs de voyous de la bourgeoisie décadente. C'est la publicité qui leur est donnée et leur déballage à certains moments sur la place publique qui est la manifestation la plus édifiante de leur manipulation médiatique.
Cette littérature "people" qui va chercher dans les égouts du pouvoir des arguments de vente, plutôt que de combattre la politique du gouvernement a une fonction idéologique précise. Elle invite à regarder l'actualité politique par le petit bout de la lorgnette (et par le trou de la serrure) pour empêcher le lecteur de comprendre que les mœurs de la bourgeoisie décadente ne sont qu’ une illustration de la faillite de la société capitaliste. Et ces plumitifs qui arpentent les alcôves du pouvoir pour jouer alternativement les "fayots" et les mouchards au gré de leurs intérêts mercantiles ne font que singer et refléter la pourriture des anti-héros dont ils font leur modèle.
W. (23 avril)
Cela n'est pas nouveau, ce genre de "littérature" fait fureur et assure à leurs auteurs la garantie de bonnes ventes auprès des lecteurs habituels de Gala, Voici, Paris-Match mais aussi d'un plus large public alléché précisément par l'étiquette plus sérieuse de "journalisme politique". D'ailleurs, ces mêmes "auteurs" (et bien d'autres) ont réalisé en d'autres temps, notamment sous l'ère Mitterrand, des bouquins sur le cancer non avoué ou sur Mazarine, la fille alors cachée du défunt président. Déblatérerrer à longueur de pages sur la vie « privée » de Mitterrand servait aussi à l'époque à mieux masquer la politique ouvertement anti-ouvrière du PS au gouvernement.
Si ces "dessous de la politique" sont exhibés sur la place publique au moment où le pouvoir de la bourgeoisie vient d'être secoué par un puissant mouvement social, c'est parce que tous ces journalistes veulent divertir le lecteur et non pas l’amener à réfléchir aux causes véritables de la crise de l’Etat démocratique. . Sous couvert de « révélations », c'est une entreprise de décervelage et de dépolitisation, destinée à conforter la mystification selon laquelle les "ratés" de Chirac, Villepin ou Sarkozy seraient dus au profil psychologique de ceux qui nous gouvernent. Moralité : il suffit de nettoyer au karcher le gouvernement, de remplacer le vieux Chirac incompétent par un "bon" chef d’Etat avec des ministres " propres" pour que tout baigne dans l’huile (du moins jusqu’à ce que l’on découvre les vices cachés des nouveaux élus !).
Ce n'est pas un hasard si en même temps aujourd'hui, ressort un autre "scandale" à la une de l'actualité des médias avec la contre-enquête du ministère de l'Intérieur sur "l'affaire Clearstream" après qu'un "corbeau" (probablement chiraquien) haut placé ait tenté il y a déjà plusieurs mois de compromettre le clan Sarkozy dans une affaire de blanchiment d'argent sale. Même si certains ont plus de casseroles aux fesses que d’autres, tous les politiciens de droite comme de gauche qui se retrouvent au sommet des Etats sont des « ripoux », menteurs, tricheurs, "tueurs" professionnels : même les "Guignols de l'info" ont bâti depuis des années leur spectacle quotidien de marionnettes et leurs caricatures autour de cette évidence. Les règlements de compte entre fractions bourgeoises sont une donnée permanente des mœurs de voyous de la bourgeoisie décadente. C'est la publicité qui leur est donnée et leur déballage à certains moments sur la place publique qui est la manifestation la plus édifiante de leur manipulation médiatique.
Cette littérature "people" qui va chercher dans les égouts du pouvoir des arguments de vente, plutôt que de combattre la politique du gouvernement a une fonction idéologique précise. Elle invite à regarder l'actualité politique par le petit bout de la lorgnette (et par le trou de la serrure) pour empêcher le lecteur de comprendre que les mœurs de la bourgeoisie décadente ne sont qu’ une illustration de la faillite de la société capitaliste. Et ces plumitifs qui arpentent les alcôves du pouvoir pour jouer alternativement les "fayots" et les mouchards au gré de leurs intérêts mercantiles ne font que singer et refléter la pourriture des anti-héros dont ils font leur modèle.
W. (23 avril)