Soumis par Internationalisme le
Pour voir comment répondre aux attaques, il est important d'observer d'abord des mouvements qui ont été capables de repousser de telles attaques. Certes, il faut être conscient qu'au sein du système capitaliste, chaque victoire est temporaire et ne restera valable qu'aussi longtemps que les travailleurs sont vigilants et réagissent lorsque le patronat remet en question les promesses faites. Celui-ci est mû par l'appât du profit et par le besoin d'exclure les concurrents et pour ce faire, il doit comprimer les dépenses sur le dos des travailleurs. Cela, c'est sa logique.
Notre logique est basée sur les expériences qui renforcent notre solidarité. Ainsi, la ‘victoire' (80€ net, payés en chèques-repas) des éboueurs du Centre et de Mons-Borinage n'a été possible que parce qu'ils ont pu compter sur la solidarité de travailleurs d'autres secteurs : les travailleurs communaux ont refusé d'assumer des tâches des grévistes et la tentative de faire assumer la récolte des déchets par une entreprise privée a également échoué. Malgré la menace d'opérer une retenue de 50% sur le salaire des grévistes, il faut constater que le mouvement de grève a réussi grâce à la solidarité des autres travailleurs.
Il est étonnant de relever avec quelle rapidité patrons et syndicats peuvent arriver à un accord lorsque les travailleurs organisent leur lutte d'une telle manière: cela a également été le cas lors du dernier mouvement de grève en Grande-Bretagne. Lorsque les chauffeurs de camion de Shell ont refusé de forcer les piquets des postiers, que des chauffeurs d'autres entreprises leur ont emboîté le pas en refusant de forcer les piquets de Shell, que des employés communaux exprimaient lors d'assemblées générales leur solidarité avec la grève des enseignants du 24 avril, patrons et syndicats se sont tellement inquiétés de cette solidarité qu'ils ont conclu en toute hâte un accord.
La solidarité ne peut se faire via les syndicats
Comment expliquer que des succès peuvent être obtenus au moyen de grèves de solidarité spontanées et pas via les actions et grèves syndicales? C'est une question que se posent aujourd'hui de nombreux grévistes. Pourquoi les ‘actions de solidarité' des syndicats contre les conditions d'embauche pour le nouvel hypermarché de Bruges ne payent pas? Pour répondre à cette question, il faut examiner de quelle manière les syndicats ‘(dés)organisent la lutte': tout d'abord, ces organisations agissent au sein du cadre national et légal (des lois capitalistes); ils siègent dans les comités paritaires qui doivent veiller à la ‘position concurrentielle' de l'économie nationale (une fois de plus selon les normes capitalistes). Lorsque la pression de la base devient trop forte et que le mécontentement des militants ne peut plus être contenu dans ce cadre de cette gestion paritaire, ils organisent des ‘actions' qu'ils maintiennent soigneusement dans les limites de l'atelier ou du secteur. Ils argumentent toujours dans le sens de conditions ‘spécifiques' à l'entreprise en question qui n'auraient rien en commun avec ce qui se passe dans d'autres entreprises. C'est un mensonge! Les syndicats sont parfaitement conscients du ras-le-bol au sein de la classe ouvrière et ils font tout pour garder la lutte sous contrôle. Les travailleurs en ont souvent conscience mais ont des difficultés à prendre en main la direction des luttes parce que les syndicats occupent le terrain social et avancent des actions pour canaliser la lutte et pour la désamorcer.
Les travailleurs ne peuvent développer leur force pour échapper à cette logique qu'en se réunissant avec d'autres travailleurs, qu'en s'unissant au-delà de toute division sectorielle ou syndicale afin de discuter de la meilleure manière de s'opposer aux attaques. Il faudra donc prendre en main les luttes et ne pas abandonner leur organisation à des ‘spécialistes', de sorte que tous les travailleurs puissent participer aux décisions sur la manière de développer le mouvement. Il est donc fondamental de s'unir avec d'autres travailleurs qui luttent contre les mêmes attaques dans d'autres entreprises ou secteurs industriels en envoyant des délégations massives vers d'autres assemblées, piquets ou manifs. C'est la seule façon de renforcer le mouvement et de faire avancer la lutte. La solidarité est notre oxygène!
Voilà la seule perspective qui peut nous permettre de défendre nos conditions de vie et de développer notre confiance pour remettre en question ce système capitaliste qui n'a rien d'autre à nous proposer que des crises économiques, des guerres et des catastrophes écologiques et certainement pas un futur digne. Seule la classe ouvrière en se basant sur ses propres forces peut assurer un futur à l'humanité.
KS / 11.11.08