La “Transition écologique”, un alibi pour attaquer les ouvriers en continuant de détruire la planète

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La mesure phare de la “transition écologique” du gouvernement Macron, qui prévoyait l’augmentation des taxes sur le diesel, prétendument pour lutter contre la pollution aux particules fines, a déclenché un vent de colère dans toute la population. Avec cette énième attaque, la population a vu “jaune” et a exprimé son ras-le-bol de la précarité et de la pauvreté croissante en bloquant les ronds-points et les péages. Face à cela, quelle fut la première réponse de Macron ? Rien de moins que la culpabilisation cynique : “Les mêmes qui râlent sur la hausse du carburant, réclament aussi qu’on lutte contre la pollution de l’air parce que leurs enfants souffrent de maladies” ; “Vouloir traiter l’urgence sociale en renonçant à l’ambition écologique, c’est maintenir les Français dans une mauvaise situation”. Autrement dit, si les petites-gens préfèrent “regarder leur nombril” et leurs “fins de mois”, le gouvernement, lui, s’occupe avec son “grand cœur” de l’avenir de la planète et de l’humanité. Quelle ignoble hypocrisie !

La vérité, c’est que le capitalisme, les ravages du profit et le pillage industriel génèrent les catastrophes et la destruction de la planète. C’est ce système économique barbare qui fait que sept millions de personnes meurent tous les ans à cause de la pollution de l’air, notamment les particules fines (selon une étude de l’OMS publiée en 2018). Les émissions de CO2 contribuent au réchauffement climatique et entraîneront dans leur sillage une montée des eaux d’un mètre d’ici 100 ou 200 ans selon la NASA, des inondations de terres habitées ou agricoles (comme au Bangladesh ou au Pays-Bas), des phénomènes climatiques dévastateurs. Tout cela conduit à de véritables drames humains comme des déplacements de population, le développement des famines, l’éclosion des maladies, la disparition des forêts telles que l’Amazonie d’ici 2150 ou les forêts primaires brésiliennes d’ici 2070 ! Ces quelques exemples montrent bien que la bourgeoisie continue de régner en maître absolu, d’exploiter les hommes et la nature pour son seul profit. Si la classe ouvrière est incapable d’offrir une autre perspective, l’état de la planète va empirer au point de devenir invivable pour tous les grands mammifères, l’espèce humaine comprise.

La bourgeoisie a bien conscience qu’elle doit faire un minimum pour préserver notre environnement. Elle sait que le changement climatique est à terme une entrave à la production, que les dégâts provoqués coûtent chers, que les déplacements de population à venir vont être sources de conflits et de dépenses.

Incapable de limiter “la casse”, elle se console au mieux en tentant d’amuser la galerie avec ses COP 21, 22, 23 et COP 24. Mais justement, lors de ces réunions internationales au sommet, toute la nature destructrice du capitalisme ressort : chaque État y lutte âprement pour défendre l’intérêt de sa nation, les règlements écologiques deviennent des armes de guerres commerciales pour favoriser le développement de tel pays ou entraver celui de tel autre. Les États-Unis veulent limiter la pollution… chinoise. L’Europe… la pollution américaine, etc. À bas le diesel ! À bas le charbon ! À bas la déforestation ! À bas le nucléaire ! Selon que le principal concurrent exploite le pétrole, le charbon, le bois ou l’atome fissuré. Très loin d’une quelconque préoccupation écologique, ces négociations sont un autre moyen de maintenir les tensions impérialistes pour chaque grande puissance. L’avenir de la planète et de l’humanité n’a pas sa place ici. Hors des caméras ne reste que la défense des sordides intérêts nationaux. Un seul exemple : tous les gouvernements s’inquiètent du réchauffement climatique et de la fonte des pôles, et tous ces mêmes gouvernements en même temps fourbissent leurs armes, affûtent leurs arguments légaux et diplomatiques, appareillent leurs bateaux pour participer à la course à l’exploitation des nouvelles voies maritimes et aux nouvelles ressources “enfin” libérées des glaces.

La bourgeoisie française et son État ne font pas exception. Aujourd’hui, Macron se drape de vert pour justifier ses taxes. Il pointe du doigt les “gaulois réfractaires” et insensibles à l’avenir de la planète. Pendant ce temps, pour maintenir la compétitivité de l’agriculture française, des tonnes de glyphosate et autres désherbants, pesticides sont déversés partout. Et la “population égoïste” de développer cancer, troubles endocriniens et autres joyeusetés. Quid des grandes entreprises françaises : Total, L’Oréal, Danone pourtant parmi les plus grands pollueurs et empoisonneurs de la planète ? Sans parler de l’un des secteurs de pointe de la nation française : l’armement. Quoi de mieux pour l’humanité et la nature que de vendre à travers le monde mines, bombes, avions de guerre, quand ce n’est pas directement l’armée française qui déverse ses tapis de bombes au nom de la défense des valeurs démocratiques et du drapeau tricolore dans ses “missions de paix”.

Mais la bourgeoisie française pousse le vice encore plus loin. Même ses actes dits écologiques, officiellement pour financer la “transition” ne sont que pure escroquerie. Les recettes de la principale taxe écologique (TICPE ou taxe carbone) sont en réalité versées pour moitié dans le budget de l’État et il est impossible d’identifier ce qu’elles financent. Comme le rappelait le rapporteur de la commission des Finances du Sénat, le 7 novembre : “il n’est pas honnête de dire que la TICPE aidera les Français en matière de conversion énergétique”. Ainsi donc, même les euros volés sur le dos des plus pauvres au nom de la transition écologique n’iront pas… à la transition écologique ! Pire, dès la création de cette taxe, il était prévu qu’elle serve à financer le CICE, crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi, à l’attention… des entreprises, y compris les plus polluantes. Décidément, oui, comme l’affirmait une banderole de la marche pour le climat du 8 décembre à Paris : “Fins du monde, fins de mois. Mêmes coupables, même combat”. Mais cela, à condition de bien comprendre que le vrai coupable est le capitalisme.

Près de trente ans après la signature du protocole de Kyoto, après vingt-quatre conférences des parties (COP), tous les indicateurs environnementaux sont au rouge. Les exploités ne doivent pas se faire berner : le sort de l’humanité et de son environnement est uniquement dans les mains de la classe ouvrière.

Elise, 6 janvier 2019


 

 

 

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