La presse révolutionnaire est une boussole politique et une arme de combat

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Avec plus de cinquante ans d’existence et son numéro 500, notre publication Révolution internationale poursuit son combat révolutionnaire de façon déterminée. Ce chiffre rond, marquant une longévité remarquable, pourrait paraître au premier abord celui d’un anniversaire transformé en vulgaire marronnier, le sujet d’un simple prétexte à écriture ritualisée. En réalité, ce numéro est pour nous la marque symbolique d’une trajectoire de lutte, d’un effort constant de construction et d’engagement militant. Ceci est d’autant plus important à souligner que ce numéro, un peu particulier par le temps et la durée de travail qu’il célèbre, s’inscrit dans un contexte international totalement inédit et imprévisible, d’une extrême gravité.

D’un côté le capitalisme en décomposition menace de manière accélérée l’humanité de destruction. De l’autre, le renouveau de la lutte de la classe ouvrière permet d’entrevoir à terme la perspective révolutionnaire. Jamais les enjeux n’auront été aussi cruciaux pour les organisations prolétariennes et pour la presse révolutionnaire que ceux du temps présent.

Pour notre presse et notre journal RI, une telle situation constitue un véritable défi, tant sur le plan théorique que pour assurer une intervention régulière. Nous sommes donc, avec la classe ouvrière, un peu à la croisée des chemins. Plus que jamais, il est important de savoir d’où vient notre presse et vers quoi elle s’oriente.

À ses débuts, dans le feu de la vague internationale des luttes de Mai 68, Révolution Internationale allait faire ses premiers pas en avançant à tâtons et sans expérience, sans lien organique avec les organisations du passé. Le seul fil qui nous permettait d’établir une continuité avec ce passé était assuré par la solide expérience de notre camarade Marc Chirik et par ses efforts patients pour transmettre une méthode de travail et un esprit militant.

Notre publication était au départ une revue ronéotée presque « artisanale », tirée à la main, vendue en librairie, dans les marchés, les manifs et devant les usines. Elle était l’expression du groupe « Révolution Internationale » qui deviendra plus tard la section en France du CCI.

Ce qui allait faire sa force, comme pour tout notre Courant, c’était bel et bien d’inscrire son activité sur le long terme, dans les pas de nos prédécesseurs et de leurs publications héroïques, avec le souci de réappropriation et d’examen critique, avec une ferme volonté d’ancrer notre combat dans toute la tradition du mouvement ouvrier. Notre source d’inspiration fut naturellement celle des bolcheviks, mais aussi et surtout, l’expérience essentielle de Marc Chirik et son legs inestimable puisé dans le combat de la Gauche communiste dans les années 1930.

Avec le développement des luttes ouvrières, notre travail d’écriture et de publication s’est peu à peu intensifié. De 1968 à 1972, notre publication « ancienne série » s’établissait à sept numéros. Fort de cette première expérience et de ces premiers pas, nous nous sommes engagés dans un travail de plus grande ampleur. En 1973, d’un pas plus assuré, « nous lançâmes la seconde série, toujours sous la forme revue, de notre organe. Cela était également le résultat d’un effort de regroupement des forces révolutionnaires, puisque cette nouvelle série devenait l’instrument d’une organisation française élargie par fusion de trois groupes. De 1973 aux derniers mois de 1975, les quelques quinze numéros de RI qui sortirent en moins de trois années, traduisent indubitablement, par rapport à l’époque précédente, l’accélération de notre solidification organisationnelle. La régularité de l’effort, test imparable pour des groupes révolutionnaires prétendant tenir leur rôle dans la classe ouvrière, étant acquise, nous passâmes d’un rythme bimestriel de notre revue à une fréquence mensuelle. Cette adaptation annonçait une mutation plus importante encore, la transformation de la revue en journal. Un journal en effet suppose une plus profonde implication politique par rapport à la marche de la lutte des classes. Cette mutation intervint en février 1976, elle sanctionnait chez nous une prise de conscience des tâches révolutionnaires à notre époque ». (1) Ces progrès allaient s’accompagner d’une mise à l’épreuve durant les trois vagues de luttes internationales au cours des années 1980. Notre journal était alors notre principal outil d’intervention, indispensable pour développer toute une analyse et propagande révolutionnaire au sein même des lieux de combats ouvriers, accompagnant à l’occasion toute agitation militante : dans les manifestations, les AG, les comités de lutte et les cercles de discussions qui avaient émergé de cette dynamique ouverte après 1968. Partout où cela était possible et selon ses forces, le CCI se donnait les moyens d’être présent avec le journal RI pour diffuser et combattre.

À l’aube des années 1990, suite au piétinement des luttes et à l’effondrement du bloc de l’Est, un nouveau défi se présentait à notre organisation : résister dans la durée au recul de la conscience et de la lutte dans la classe et à l’immense battage médiatique, celui d’une prétendue « mort du communisme ». Face à ce rouleau compresseur idéologique, contre vents et marées, notre journal a défendu le combat ouvrier, la perspective révolutionnaire en poursuivant le combat à contre-courant. Ce combat pour le communisme permettait à d’infimes minorités de la classe de résister face à un véritable bourrage de crâne planétaire, au plus grand mensonge de l’histoire consistant également à tirer un trait d’égalité entre stalinisme et communisme. C’est au cours de ces années difficiles que notre journal a su résister et que notre site web est passé au premier plan de notre travail de publication. Par la suite, RI est ainsi passé à un rythme bimestriel (fin 2012) puis trimestriel (printemps 2022), mais cela ne nous a pas empêché de continuer à intervenir dans les luttes avec le journal et nos tracts comme outils d’intervention.

Aujourd’hui, alors que le prolétariat reprend le chemin du combat au niveau international après plusieurs décennies d’atonie, dans un contexte de plus en plus imprévisible, dangereux et menaçant, notre journal papier reste plus que jamais une boussole essentielle, un outil d’intervention irremplaçable, comme il l’a été, par exemple, lors des grandes manifestations en France contre la réforme des retraites en 2023 où nous l’avons diffusé systématiquement.

Ce journal matérialise et incarne bel et bien le caractère vivant de notre organisation, preuve en elle-même de ce qui la distingue nettement de tous les bavards et autres blogueurs. Mais bien au-delà des luttes immédiates, RI reste un véritable outil de réflexion pour les éléments en recherche des positions de classe et de clarté politique révolutionnaire, de même que pour l’ensemble du milieu politique prolétarien.

Naturellement, notre journal ne serait pas totalement ce qu’il est sans nos lecteurs. Nous tenons au passage à les saluer chaleureusement et à les encourager tant pour leur soutien politique et financier que pour le sens critique dont ils ont su faire preuve à différentes occasions. Même si dans nos articles nous pouvons parfois commettre des erreurs, notre état d’esprit est de compter sur leurs critiques fraternelles comme de celles de tous les groupes politiques ouvriers sérieux. Certains de nos sympathisants ou contacts n’ont d’ailleurs pas hésité à s’adresser à nous par courrier pour émettre des critiques ou pour contribuer par des analyses. À chaque fois que possible, nous avons répondu, en alimentant quand nous le jugions opportun notre rubrique « courrier des lecteurs » ou par des polémiques avec les autres organisations révolutionnaires. Certains sympathisants ont également participé à la rédaction et traduction d’articles. Nous les remercions et les encourageons à poursuivre.

Aujourd’hui, RI lutte avec détermination, en complémentarité avec nos autres publications et notre site web. Notre journal poursuit son œuvre, participe à tout l’effort que nous souhaitons développer pour alimenter un véritable débat international. À l’instar des mots de Lénine, il reste « une arme de combat » que nous devons soutenir et défendre.

CCI, 10 janvier 2024


1 Voir Révolution internationale n° 100 (août 1982).

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“Révolution internationale” n°500