La bourgeoisie est incapable d’endiguer le dérèglement climatique

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L’année 2023 a une nouvelle fois démontré l’ampleur du désastre environnemental dans lequel la bourgeoisie entraîne toute l’humanité. Les feux de forêt dévastateurs au Canada comme à Hawaï, les inondations en Asie, les pénuries d’eau potable en Uruguay ou en Afrique, les tempêtes dévastatrices aux États-Unis, la fonte inéluctable des glaciers… toutes ces « catastrophes naturelles » ont un lien direct avec le phénomène de réchauffement climatique.

Une catastrophe à l’échelle mondiale

Non seulement le réchauffement climatique est réel, mais il s’accélère de façon vertigineuse et catastrophique. Ce mois de juillet 2023 a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète. Le mois d’août a connu la journée la plus chaude jamais enregistrée sur cette période. Les prévisionnistes indiquent que l’année 2024 pourrait bien dépasser ces tristes records. L’effondrement du système de courants marins comme le Gulf Stream, régulateur essentiel du climat sur la planète, pourrait, s’il se confirmait, bouleverser le climat sur Terre et considérablement fragiliser l’espèce humaine à l’horizon de quelques décennies. Une nouvelle menace qui reste à confirmer mais qui pourrait se rajouter à toutes celles qui pèsent déjà sur l’humanité !

La bourgeoisie ne peut plus nier cette réalité, bien qu’elle ait volontairement cherché à diminuer, voire à dissimuler les risques pendant de nombreuses années pour protéger ses profits ! (1) Mais l’accélération et l’accentuation des conséquences du dérèglement climatique ne lui permet plus de dissimuler la vérité : le climat mondial évolue vers une situation catastrophique qui rendra de plus en plus de zones inhabitables sur la planète. Outre les « climato-sceptiques » totalement irrationnels comme Trump ou l’extrême droite européenne, les chefs d’État les plus « responsables » promettent tous, la main sur le cœur, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, pour développer une économie plus respectueuse de l’environnement. Bien entendu, ces engagements ne sont jamais tenus ou sont très en deçà des enjeux, voire parfaitement risibles (interdiction des pailles en plastique, des tickets de caisse…).

Alors la bourgeoisie change son fusil d’épaule et commence à nous préparer à vivre l’invivable en prenant des mesures « d’adaptation ». Dernier en date, mais sûrement pas pour longtemps, le nouveau ministre de la santé français, Aurélien Rousseaux qui, face à une nouvelle canicule frappant la moitié du pays au mois d’août, n’a rien trouvé de mieux à déclarer que : « On doit s’habituer à vivre avec ces chaleurs extrêmement fortes ». Il est inutile de préciser que, comme pour les pandémies passées ou à venir, la bourgeoisie fait preuve d’une incurie inqualifiable et ne se prépare pas sérieusement à affronter la catastrophe. Derrière ces prétendues « adaptations », la classe dominante prépare surtout les esprits à l’austérité et aux pénuries au nom de la « transition écologique ».

La bourgeoisie n’a aucune solution face à la crise environnementale

Sous couvert d’une « adaptation » aux conditions climatiques de plus en plus insoutenables, la bourgeoisie commence à réorienter son économie… mais certainement pas pour préserver la planète ! Plusieurs pays envisagent, en effet, de réactiver les centrales au charbon ou (comme la France) trafiquent sans scrupule les quotas pour éviter de les arrêter ! Le gouvernement français est tout près d’autoriser de nouveaux forages pétroliers en Gironde, symboliquement situés à l’endroit-même où des forêts ont été dévastées l’année dernière ! Les États se bagarrent pour éviter de trop contraindre leurs économies et se servent de l’écologie comme d’une arme impérialiste pour vilipender l’inaction des uns et des autres, protéger leur marché, tenter d’affaiblir des concurrents avec, par exemple, les procès retentissants contre telle ou telle marque de voiture concurrente ayant enfreint les règles environnementales… Ainsi la loi européenne sur la protection de la nature, adoptée le 12 juillet, contient une disposition instaurant une clause de sauvegarde économique : si l’économie souffre des dispositions prévues hypocritement par la loi, on les annule ! Pour le capital, il ne devrait y avoir aucune contrainte à l’expansion et à l’intensification de son économie. La destruction de l’environnement passe après.

À côté de cela, les dispositions préventives ne sont pas prises, au risque évidemment d’accélérer toujours plus l’ampleur des catastrophes. Ainsi, les incendies à Hawaï étaient incontrôlables parce que les lignes électriques ne sont toujours pas enfouies : le risque que les lignes aériennes propagent les feux ont amené les autorités à couper l’électricité, ce qui a éteint immédiatement les pompes alimentant les lances des pompiers. En Asie, le manque de médicaments contre le paludisme et la dysenterie ont largement contribué à aggraver le bilan humain des inondations. En Uruguay, faute d’avoir les capacités de fournir suffisamment d’eau potable aux robinets des habitants, on y a ajouté de l’eau salée ! À Mayotte, département français d’outre-mer, rien n’a été prévu pour anticiper une sécheresse privant la population d’eau potable.

La préservation de l’environnement n’est pas rentable…

Il ne s’agit nullement de « choix » ou de « manque de volonté politique », mais de la logique même de l’accumulation capitaliste qui interdit toute remise en cause de la dynamique ultra-polluante de la société bourgeoise. Car c’est bien le capitalisme qui est responsable de ces dérèglements, c’est lui qui oblige chaque capitaliste à produire toujours plus et à moindre coût quand bien même cette production entraînerait plus de pollution et de danger sanitaire. Pour le capitalisme il faut « vendre ». Et c’est tout ! Une démarche anarchique et à court terme. Une démarche suicidaire même. Vendre, ce n’est pas satisfaire des besoins humains, c’est uniquement profiter de besoins solvables.

Il est donc inutile et mystificateur d’imaginer que ce système soit capable de s’inventer, tout d’un coup, une vision à long terme et une organisation raisonnée : il n’en est pas capable et ne le sera jamais. Si la concurrence acharnée qui le caractérise a pu, à sa naissance, constituer un puissant moteur de progrès pour les forces productives, arrivé à la limite des besoins solvables, autrement dit des marchés, cette concurrence acharnée s’est transformée en machine de guerre : guerre économique, guerre militaire, pour la domination du monde et à tout prix, au prix de la destruction de la nature, donc.

Aujourd’hui la recherche et le développement de l’appareil de production sont bien davantage mises au service de l’industrie militaire que de la protection de l’environnement et la satisfaction des besoins humains. Les dépenses militaires mondiales dépassent les 2 000 milliards de dollars et n’ont jamais été aussi importantes depuis la fin de la guerre froide. Ces dépenses sont un pur gâchis, elles n’ont pour but que de détruire et tuer ou, au mieux, rouiller dans un hangar. Elles mobilisent des milliers de cerveaux pour détruire, répandre le chaos et la mort. L’accélération des tensions impérialistes depuis justement la fin de la guerre froide laisse facilement imaginer que cette tendance est encore loin d’avoir atteint son apogée.

Seul le communisme peut offrir un avenir à l’humanité

Sauver la planète ne passera pas par la « sobriété » ou la « décroissance » qui ne sont qu’un aveu d’impuissance, voire un fantasme de retour aux temps pré-capitalistes. Non, sauver la planète passera par l’abolition consciente de l’économie capitaliste et de ses rapports de production devenus obsolètes, par l’édification d’une société capable de produire pour les besoins humains, de façon raisonnée et soucieuse des besoins de la nature tout entière. Seul le prolétariat peut mettre fin au capitalisme parce qu’il est la seule force sociale qui, ayant entre ses mains l’essentiel de l’appareil de production mondial, subit de plein fouet la crise et l’exploitation et n’a, de ce fait, aucun intérêt à ce que ce système se perpétue.

Le temps ne joue clairement plus en faveur de l’avenir et le capitalisme pourrait, à terme, considérablement compromettre l’existence de la civilisation, voire de l’humanité tout entière. Mais les moyens humains et matériels existent pour réorganiser à l’échelle mondiale une production respectueuse de l’environnement et de la vie humaine. Les possibilités inexploitées de la science et de la technique sont encore immenses.

Seul le prolétariat, lorsqu’il aura pris le pouvoir à l’échelle mondiale, pourra libérer les forces productives des contraintes capitalistes qui les enserrent. Lui seul est capable de concevoir, décider et mettre en œuvre à l’échelle internationale une politique qui permettra de libérer ce monde des lois du profit et de reconstruire une société sur les ruines que le capitalisme est en train de léguer à l’humanité. En mettant fin à la concurrence capitaliste qui pourrit le monde, il libérera les forces productives de la domination de la sphère militaire qui oriente tout le génie humain vers une œuvre de destruction. Il pourra aussi les libérer du gâchis permanent de la production capitaliste : surproduction inutile et polluante, obsolescence programmée, dépenses improductives liées au chômage de masse, à l’espionnage industriel, etc. Il pourra enfin élever les consciences et l’esprit humain par le développement d’une éducation non plus tournée vers le profit immédiat mais vers l’émancipation des hommes et un rapport harmonieux à la nature. Comme l’écrivait Engels dans Le Rôle du Travail dans la Transformation du singe en homme : « Nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu’un qui serait en dehors de la nature, mais nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau, nous sommes dans son sein, et toute notre domination sur elle réside dans l’avantage que nous avons sur l’ensemble des autres créatures, de connaître ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement ».

Guy, 28 août 2023

 

1 La bourgeoisie avait pleinement conscience du réchauffement climatique dès les années 1970. En 1972, le « Rapport du club de Rome » alertait sur la gravité de la situation. Pendant des décennies, la bourgeoisie a globalement cherché à dissimuler cette réalité ou à la noyer sous un torrent de mystifications idéologiques, dont le rapport lui-même, prônant une « croissance limitée » (parfaitement contraire à la réalité de l’économie capitaliste) est une évidente illustration.

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Rubrique: 

Crise environnementale