“Dialogue social” et “démocratie” contre la conscience de classe

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Depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites en France, l’attitude des syndicats est qualifiée d’exemplaire part de larges parties de l’appareil politique et des journalistes. Le plus ancien député de l’Assemblée nationale, Charles de Courson, a même rendu hommage aux syndicats pour être parvenus à « tenir le mouvement ». Alors, pourquoi de si grands éloges de la part de la classe des exploiteurs ?

En se montrant tous unis au sein de l’intersyndicale, inflexibles vis-à-vis de l’âge de départ à 64 ans, les syndicats se présentent, aux yeux d’une grande partie des travailleurs, comme leurs véritables représentants et comme une force indispensable pour faire reculer le gouvernement. Bien sûr, au vu de la colère, de la massivité et de la combativité s’exprimant depuis près de trois mois, ils ne peuvent que continuer à occuper le terrain en appelant toutes les semaines à des journées de mobilisation.

Dans le même temps, ils n’ont de cesse de déplorer l’ignorance du gouvernement à leur égard, eux, les « partenaires sociaux » de l’État qui restent des garants de la « cohésion sociale » (donc de l’ordre capitaliste), comme le soulignait le secrétaire du syndicat UNSA, dernièrement. Depuis des semaines, les syndicats n’ont de cesse de tendre des perches à Macron et son gouvernement pour tenter de calmer la colère et trouver une issue à cette « crise démocratique » (Laurent Berger, secrétaire de la CFDT).

D’ailleurs, comme ils le disent tous, les choses n’en seraient pas arrivées là si un « vrai dialogue » et de « vraies négociations » avaient eu lieu et si « un vrai compromis » avait été trouvé. Comme on pouvait s’en douter, la décision du Conseil constitutionnel, survenue le 14 avril, consistant à valider pour l’essentiel la réforme, n’offre absolument pas de porte de sortie au gouvernement. Cela va toutefois permettre aux partis d’opposition et aux syndicats de continuer à crier au « déni de démocratie » ou encore à appeler, comme LFI, à la formation d’une « nouvelle République ».

De même, les syndicats et les partis de gauche ont sorti dernièrement une autre mystification de leur chapeau : le référendum d’initiative partagée. Cette nouvelle supercherie de la « démocratie directe », consistant à faire croire qu’il serait possible de gagner par l’alliance des « représentants du peuple » et des « citoyens », ne visent ni plus ni moins, qu’à vouloir détourner les travailleurs du terrain de la lutte pour les rabattre sur celui des Institutions républicaines !

C’est donc cette habileté à « tenir le mouvement », à éviter qu’il leur échappe, à essayer de l’enfermer dans le piège de la « démocratie » que saluent ouvertement les fractions de la bourgeoisie soucieuses qu’une issue soit rapidement trouvée.

Si ce coup-ci, les syndicats ne semblent pas en mesure de saper le mouvement par leurs tactiques classiques (telles que l’épuisement des secteurs les plus combatifs ou la division à travers la rupture du front syndical), ils parviennent par d’autres moyens à jouer leur rôle de saboteurs des luttes et de défenseur de la démocratie bourgeoise.

Vincent, 14 avril 2023

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Lutte de classe